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Critiques de Jean-Laurent Del Socorro (603)
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Royaume de vent et de colères

A la suite de la lecture de nombreuses critiques positives je me suis décidée à découvrir l'écriture de Jean-Laurent Del Socorro avec son Royaume de vent et de colères. En l’occurrence nous voici réunis à Marseille en 1596, l'armée du roi Henri IV est aux portes de la ville. Les soldats et les miliciens se préparent à défendre la cité.

Nous voici plus précisément à l'auberge de la Roue de la Fortune tenue par Axelle, ancienne capitaine d'une compagnie de mercenaires à la solde de la Ligue. On y fait connaissance de Gilles son compagnon, Gabriel ancien noble huguenot converti au catholicisme suite à la St-Barthélémy où il a perdu toute sa famille, il y a aussi Armand l'Artbonnier en fuite avec son compagnon, ainsi que Victoire, vieille femme au passé et au présent violent et tourmenté.

Tout ce petit monde fait partie de la petite histoire et leurs destins croisés sont contés au présent et au passé. A chaque personnage, un chapitre. A travers leur regard et expériences on assiste aux mêmes faits mais sous des points de vue différent mais qui se complètent.



Quand la petite histoire rencontre la grande histoire j'adore. Ce roman m'a aussi donné l'envie de connaître ces faits. On en découvre tous les jours ;-) . Je savais qu'Henri IV avait eu du mal à se faire reconnaître roi par tous les français surtout les ligueurs, mais je ne connaissais pas ce contexte de Marseille qui a voulu devenir une république avant l'heure.

C'est aussi une atmosphère particulière, étrange que l'on rencontre à travers ce livre, on sent que le destin de chacun est déjà scellé et que tous vont vers un même but.

Une belle plume que celle de Del Socorro, j'en redemande. C'est fluide, entraînant, des chapitres courts qui donne une sorte d'urgence au déroulement des faits. De l'Histoire, un peu de magie quoique l'Artbon pourrait être assimilé à un outil scientifique. Des personnages très attachant et complexes. Tout pour me plaire.

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Boudicca

Trop court ! Beaucoup trop court... C'est son seul défaut. J'en aurais bien pris 200 pages de plus, à dire vrai, tellement c'était bien.

Tellement cette Boudicca résonne en moi, avec son humanité, ses souffrances, ses silences, ses rebellions.

Oh, à mon petit niveau, hein. Je suis pas une meneuse d'hommes... Et ça ne me fait pas rêver.

Mais je connais la bataille, même si moins sanglante. D'ailleurs hier il s'est passé un tas de choses qui m'ont rappelé mes combats, mes blessures, mes cicatrices sont redevenues sensibles.

La synchronicité à la Jung a encore frappé.



« Je préfère encore ma folie qui ME rêve la tête haute à ta raisonnable soumission qui TE courbe l'échine ».



Si vous aimez les histoires de gens qui ne courbent pas l'échine, ce livre formidablement bien écrit, aux personnages forts, est fait pour vous.

Même si trop court.



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Le vert est éternel

Je suis bien content d'avoir réussi à lire cette nouvelle qui vient agréablement compléter le roman Royaume de vent et de colères. C'est mon premier écrit lu avec une appli numérique. Champagne !



Jean-Laurent del Socorro se concentre ici sur la compagnie de mercenaires dite « du Chariot » et autrefois commandée par Axelle, l'une des narratrices du roman principal. Un an est passé et la compagnie accompagne les armées d'Henri IV dans la reconquête totale de son royaume. le nouveau commandant du Chariot, N'a-qu'un-oeil (j'adore les noms évocateurs des mercenaires), raconte le siège d'Amiens (1597) de son point de vue. La Grande Histoire est absolument respectée : on retrouve toutes les phases du siège contées dans la nouvelle, par exemple sur Wikipedia. L'auteur introduit une histoire annexe – l'arrivée de la chroniqueuse du roi, Fatima, d'origine espagnole et musulmane, joignant la compagnie pour sa protection et dont N'a-qu'un-oeil tombera amoureux – qui vient remplir les blancs de l'Histoire et même la réinterpréter.



Oh certains éléments m'ont un peu gêné. Je trouve par exemple que N'a-qu'un-oeil est beaucoup trop bien informé des complots qui se trament autour de la personne d'Henri IV (les manoeuvres du maréchal de Biron par exemple, qui commande le siège d'Amiens et trahira effectivement le roi quelques années plus tard) alors qu'il est trop loin dans la chaine de commandement pour avoir accès aux secrets des dieux. Il est aussi trop tendre pour un mercenaire dont la compagnie doit surtout vivre de combats et de pillages. Je ne le vois pas écrire « on ne tue pas des gens juste parce qu'ils ont la tête dans les étoiles et qu'ils dessinent ». Même Axelle paraissait moins empathique.

Mais la peinture des horreurs que les hommes de l'époque étaient capables de réaliser pour des questions de religion est impeccable. C'est un regard moderne, dégoûté, que porte Jean-Laurent de Socorro sur cela. Je suis persuadé qu'il pense aussi que les hommes d'aujourd'hui n'ont guère changé et sont aussi inventifs pour tuer qui ne partage pas leurs croyances ; les infos nous le montrent tous les jours.



La fantasy est encore plus légère que dans le roman. Elle passe à la vitesse d'une balle de mousquet. Qu'importe !



Même si on voit venir la conclusion, je trouve la réinterprétation de l'origine de l'édit de Nantes, telle que je l'ai comprise, ATTENTION ÉNORME SPOIL tout simplement parfaite. Dune élégance somptueuse. Malheureusement l'Histoire nous apprend que le pouvoir d'éternité de la couleur verte n'est pas si puissant, puisqu'en 1685 cet édit sera révoqué par Louis XIV.



Je remercie Nadou38 qui m'a appris comment je pouvais lire cette nouvelle. C'est vrai que les e-livres ont bien des avantages : annotations, surlignages… plus besoin de prendre des notes sur un carnet.

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Je suis fille de rage

J’ai été franchement impressionnée par la somme de travail qu’ont dû être les recherches pour aller au-delà des faits historiques connus.



J’ai trouvé le côté fantastique trop peu présent, La Mort de temps en temps mais d’une manière relativement classique et malgré les chapitres courts qui représentent des courriers pour la plupart j’ai eu du mal à m’intéresser totalement à son contenu.



Je m’attendais à du fantastique et en fait c’est plutôt un roman historique qui fait quelques écarts dans l’éther, même si le côté historique est traité avec beaucoup d’humour, il a manqué quelque chose pour que j’accroche réellement !



Challenge ABC 2021/2022

Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge MAUVAIS GENRE 2021

Challenges PAVES 2021

Challenge ATOUT PRIX 2021

Pioche dans ma PAL juin 2021 : par Jacline
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Je suis fille de rage

J'ai fini ce livre il y a quelques temps déjà.

Mais la vie veut que la mort, qui en fait partie, m'a touchée de très près il y a 10 jours.

Je n'ai plus suffisamment le livre en tête pour en faire une critique détaillée.

Je me souviens que j'ai apprécié qu'on voit un Lincoln plutôt réaliste (raciste, malgré ce qu'on pourrait croire, son action était uniquement à but politique), qu'on voit l'horreur de la guerre de près, qu'on voit qu'au final, on n'en finit pas de payer les effets de ce qu'ont fait nos ancêtres, car aujourd'hui encore ils se font sentir, aux USA, et partout ailleurs.

Je me souviens que je l'ai lu très vite en une période où je ne lisais plus tellement, et rien que cela est parlant.



Il y a un général (McClellan je crois bien mais je ne me souviens plus trop), qui mérite des baffes, à longueur de roman je me suis demandé pourquoi Lincoln l'avait gardé si longtemps. Cela a du être aussi une question permanente dans l'esprit des autres généraux de Lincoln... M'enfin bon...



Bref, c'est un excellent roman historique, extrêmement bien documenté, comme toujours avec Mossieur del Socorro, et j'ai beaucoup apprécié sa présentation, sous différents points de vue.

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Royaume de vent et de colères

La roue de fortune, Une auberge où l’on peut croiser des personnes avec de grandes destinée. Une tenancière d’auberge ancienne capitaine de mercenaires, un chevalier ancien protestant, une cheffe de guilde d’assassin,..

Marseille, 1596, un combat se joue la fin ou la continuité de la rébellion républicaine.

Chaque homme a son rôle à jouer.



Un royaume de vent et de colère de Jean-Laurent del Socorro



Premier roman de l'auteur. Celui ci nous plonge fin XVIe siècle, Henri IV, Roi de France, fraîchement convertie au catholicisme, se bat contre Marseille, en consulat. Afin de faire valoir son pouvoir et d'asservir son pouvoir, le roi n'a que d'autre solution que d'éteindre la révolution. Assassinât, trahison, complot, combat et une dose de magie assez discrète, L. del Socorro nous fait découvrir une période sombre de l'histoire de France, « les guerres de religions » avec une touche de fantaisie. Au travers de personnage plus ou moins charismatique comme Axelle, le capitaine de mercenaire, Victoire de la guilde de la savonnière,...

Le livre est divisé en 3 parties avec un ordre particulier, cela permet de créer une attache entre le lecteur et les personnages.

Ce livre est intéressant et enrichissant, et pourrait intéresser un jeune lectorat.

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Morgane Pendragon

La légende d’Arthur, une histoire d’hommes ? Un peu beaucoup, non ? Si les femmes y apparaissent, elles n’ont que rarement un rôle principal. Sauf quand il s’agit de semer la confusion dans les esprits ou ourdir des plans maléfiques. On peut alors se demander : et si Morgane était l’élue ? Et si Arthur avait échoué à retirer l’épée de la pierre ?

Cette version d’une légende connue, au moins en diagonale, de la plupart d’entre nous, risque de faire grincer quelques dents. Sans doute sera-t-elle accusée par certains d’être dans l’air du temps et de céder à un courant qui consiste à remettre en question la « tradition » au nom d’une pseudo-égalité. Si je doute, pour ma part, que Jean-Laurent Del Socorro ait voulu transmettre un message (du moins, en premier lieu), je le remercie pour ce vent frais qu’il fait souffler sur un mythe que je trouvais un peu poussiéreux. La puissance et la force d’une histoire sont visibles au nombre d’œuvres auxquelles elle donne naissance. Et à leur variété. Morgane Pendragon est donc un hommage à la vivacité de cette histoire qui franchit les siècles avec aisance.



Alors, quoi de neuf ? Pas mal de choses. Mais, surtout, la place de la femme dans la société : ici, elle peut devenir chevalier, elle peut devenir reine, elle peut épouser une femme. Elle peut vivre, non comme bon lui semble, car ses devoirs la limitent, comme partout, mais avec bien davantage de libertés que cela ne fut le cas. Et donc, elle peut être l’héroïne d’un récit essentiellement masculin jusque-là. Mais attention, tout n’est pas merveilleux pour autant. Loin de là. Certains hommes regrettent la plus faible domination de la société par leur sexe : « Les hommes n’essayent pas seulement d’écarter les femmes du pouvoir, ils veulent aussi les contraindre à douter d’elles-mêmes. » Et l’église approche : elle prend pied sur l’ile et cherche à développer son influence. Avec elle, une moindre tolérance à l’égard de l’homosexualité et de la magie. Avec elle, le risque de disparition de tout un monde au profit d’un autre, plus rigide.



Pas de crainte, ceux qui connaissent le mythe d’Excalibur ne seront pas dépaysés. L’auteur connaît les personnages, connaît les lieux, connaît les classiques. Il les intègre de façon très intelligente à son cadre revisité. On croise aussi bien le Roi pêcheur que Viviane, aussi bien Merlin que Lancelot. Le résultat est assez bluffant par son côté bien ficelé. Tout s’enchaîne merveilleusement et, si l’on parvient à laisser de côté certains réflexes (Kay méchant, Arthur héros, …) on se laisse porter par une histoire dure mais passionnante.



Je dis « dure » parce que Jean-Laurent Del Socorro ne recule pas devant la noirceur du monde. La cruauté et la traîtrise sont bien présentes dans son récit. Comme les scènes de bataille, très réussies par leur fluidité, mais aussi par leur réalisme : on entend le choc des lames, on glisse sur la boue, on triomphe ou on chute avec les combattant.e.s. Et, même si l’auteur lui-même nous rappelle que cette version n’est pas la plus classique, à travers des clins d’œil glissés sous la forme de réflexion d’Arthur qui regrette de n’avoir pu retirer l’épée du rocher (« Se peut-il qu’il n’y ait pas qu’une seule version du monde, mais une infinité toujours recomposée au fil du temps qui s’égrène ? »), on ne met pas en doute la crédibilité de cette histoire. On se glisse avec facilité dans la peau de Morgane ou d’Arthur (chaque chapitre, en alternance, nous offre le point de vue d’un de ces deux protagonistes).



Je ne suis pas un spécialiste de la légende arthurienne, même si j’en connais l’essentiel. Et, surtout, je ne suis pas tellement passionné par cette légende que la moindre parution à son propos me mettrait en transe. J’ai donc accueilli la nouvelle de la parution de ce roman avec un intérêt sincère mais sans excès. J’ai même abordé sa lecture avec une certaine appréhension : peur de m’ennuyer un peu, en fait. J’en ressors d’autant plus ravi car je ne m’attendais pas à entrer avec une telle facilité dans l’histoire ni à en ressentir les enjeux avec une telle force. Les personnages me sont rapidement devenus familiers et j’ai vibré avec eux, ressenti leurs doutes et célébré leurs victoires. Morgane Pendragon m’a beaucoup plu, tout simplement.
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Boudicca

Après un premier roman prometteur mettant en scène la ville de Marseille à l'époque des guerres de religion (« Royaume de vent et de colère »), Jean-Laurent del Socorro opte à nouveau pour un cadre historique et met cette fois en avant le personnage de Boudicca. Il est assez délicat de faire la critique d'un livre pour lequel on a servi de relecteur (mon affection pour le personnage ne vous aura sans doute pas échappé^^), mais la version présente est finalement si différente de celle que nous avons eu entre les mains au tout début de son écriture que je pense malgré tout être à même d'en parler sans être taxée de parti pris. Un mot, d'abord pour présenter le personnage qui donne son nom au roman : Boudicca est une reine celte célèbre pour s'être révoltée en 61 après J.-C. contre les légions romaines cantonnées sur l’île de Bretagne dont elle faillit bien réussir à les expulser. On ne connaît finalement pas grand chose de ce personnage pourtant fort célèbre en Angleterre (vous avez peut-être eu l'occasion de contempler sa statue à proximité de Big Ben...), si ce n'est ce que quelques auteurs romains ont pu rapporter (à savoir quelques lignes sur les causes de la révolte, le nom des villes prises et brûlées et l'écrasement de la rébellion). L'originalité du roman tient au fait qu'au lieu de se focaliser sur cette partie justement moins floue de la vie de l’héroïne, Jean-Laurent del Socorro choisit plutôt de s'interroger sur ce qui a pu lui arriver avant, ce qui l'a forgé et lui a donné la force et le pouvoir de s'opposer de manière aussi vigoureuse aux Romains.



Le roman est découpé en trois parties bien distinctes, trois temps qui correspondent chacun à un statut occupé par l'héroïne à différents moments de sa vie : fille de roi, d'abord, puis épouse et mère, et enfin reine et chef de guerre. La narration est à la première personne et reflète finalement assez bien le caractère du protagoniste : l'auteur opte pour un style direct et dynamique, sans fioritures, sans superflus, à l'image de cette reine guerrière volontaire et plus à l'aise avec les armes que les mots. L'un des principaux points forts du roman vient justement de cette héroïne qui connaît une évolution intéressante au fil des chapitres, passant d'une enfant chicaneuse en mal d'amour paternel à une reine fière sincèrement soucieuse du bien-être de son peuple. Sans pouvoir véritablement être qualifiée de sympathique (un peu trop arrogante à mon goût), la Boudicca dépeinte ici force malgré tout le respect et parvient à plusieurs reprises à émouvoir, notamment par son incapacité à exprimer ses sentiments aux divers membres de son entourage. Pour ce qui est de la reconstitution historique, l'auteur ne s'embarrasse pas vraiment de détails mais les scènes chargées de mettre en avant le mode de vie celte de l'époque et les relations entretenues entre les chefs de tribu et les Romains reposent sur une solide documentation. Jean-Laurent del Socorro ne commet d'ailleurs pas l'erreur d'adopter une vision manichéenne du conflit et tente au contraire de le dépeindre dans toute sa complexité. L'ouvrage s'achève par une nouvelle intitulée « D'ailleurs et d'ici » mettant en scène l'un des plus célèbres événements de la fin du XVIIIe : le début du Boston Tea Party. Un avant-goût de ce que l'auteur nous réserve pour son prochain roman...



Avec ce nouvel ouvrage, Jean-Laurent del Socorro rend un bel hommage à cette héroïne celte célébrée en Angleterre et revient avec succès sur deux moments de révolte inattendus qui ont marqué l'histoire (le tout enrobé dans une superbe couverture !). Si vous souhaitez poursuivre votre découvert du personnage, je vous encourage fortement à découvrir la superbe tétralogie « La reine celte » dans laquelle Manda Scott propose elle aussi une biographie romancée de Boudicca.
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Peines de mots perdus

Jean-Laurent del Socorro est connu pour ses romans ancrés dans les guerres de religion en France et dans les romans Royaume de vent et de colères, du roi je serai l'assassin ou La Guerre des trois rois. Je n'en ai lu aucun. En fait, je ne connais la plume de cet auteur qu'à travers Morgane Pendragon, sa réécriture du mythe de la Table ronde. Cela ne m'a pas empêché de profiter pleinement des aventures d'Axelle, une jeune femme pétillante et pleine de ressources, agile aussi bien par l'esprit que par l'épée.



Et pourtant, Peines de mots perdus s'inscrit directement dans cette série. La personnage principale, Axelle, est déjà apparue dans au moins un autre livre (La Guerre des trois rois, d'après les résumés que j'ai compulsés, mais vous, lecteurices de Jean-Laurent del Socorro, vous pourrez me le confirmer et me dire si on la retrouve dans d'autres textes) et d'ailleurs, il est souvent fait référence, de façon détournée à ce qui s'est déroulé dans d'autres pages. Mais l'auteur se débrouille bien et cela ne m'a aucunement gêné pour l'immersion dans les histoires ni la bonne compréhension des intrigues.



J'ai écrit « histoires » et « intrigues » au pluriel, car ce roman n'en est pas tout à fait un. Il s'agit plutôt du regroupement de trois nouvelles, trois récits qui se suivent, séparés par des entractes qui résument les évènements se déroulant dans les années qui se sont écoulées entre deux histoires. Car, si le premier texte, « Noir est le sceau de l'enfer » (qui se trouve être un développement d'une novella portant ce titre parue 2022 chez Didaskalie, puis proposée gratuitement par Albin Michel imaginaire à l'occasion de la sortie de Morgane Pendragon) a pour base l'année 1593, le suivant, « La Couleur des donjons », n'intervient que dix ans plus tard, en 1603. le dernier, « Et l'École de la nuit » est encore plus éloigné : il se déroule en 1621. Cette division est une force et une faiblesse. La force tout d'abord : puisque ce sont des nouvelles, le rythme est vif, voire endiablé. On passe de ville en ville, de péripéties en péripétie. Pas le temps de s'ennuyer, on est directement plongé dans le bain. La faiblesse ensuite : sur la fin, j'ai ressenti comme un goût de trop peu. J'aurais bien aimé me poser davantage avec certains personnages, d'autant que l'auteur en lance dans l'aventure en pagaille. Et parmi eux nombre de célébrités.



J'avais déjà rencontré, il y a peu, John Dee et son miroir magique dans le Silex et le miroir de John Crowley. Mais si le personnage et son aura magique et inquiétante restent les mêmes, l'ambiance de ces deux oeuvres est totalement différente. Celle de l'Américain m'a semblé hermétique, empreinte de mystères et tributaire de la bonne connaissance de cette période historique par ses lecteurices. Au contraire, celle du Français est virevoltante, aisée d'accès et claire dans son contenu historique (même quand elle s'en écarte volontairement). Car l'auteur n'hésite pas à prendre quelques libertés avec ses personnages, que ce soit, donc, John Dee, mais aussi Shakespeare ou Marlowe. Il a cependant l'honnêteté de nous en prévenir en fin d'ouvrage et de donner des précisions quant aux changements opérés. Ce procédé de faire intervenir des invités connus n'est pas nouveau. Je pense par exemple à Johan Heliot qui est un spécialiste de l'exercice (par exemple dans La Fureur des siècles ou Guerre & Peur). Et c'est un procédé qui me plait bien quand il est bien utilisé. Ce qui est le cas ici. Les personnages « réels » s'intègrent parfaitement dans le récit.



Ensuite, quelques mots sur le ton. Je sais qu'il est facile et sans doute réducteur de penser, à chaque fois que je lis un roman de style cape et épées à Alexandre Dumas, mais Jean-Laurent del Socorro veut distraire son lecteurice. Et il y parvient tout à fait. Sans rien lâcher sur le plan historique (les repère sont précis et permettent de s'y retrouver sans lourdeur), il fait évoluer ses personnages dans des intrigues rythmées, qui les promènent d'une ville à une autre, d'un pays à un autre. Pas de longues digressions sur les paysages ou le décor. Ce dernier est planté en quelques mots, marquants, qui permettent de bien distinguer les différentes étapes. Et enfin, l'auteur revendique lui-même cette paternité, puisqu'il cite le créateur des Trois mousquetaires à la fin de son ouvrage.



Est-ce pour s'adresser davantage à un public féminin ou parce que le contexte actuel tente de réparer un peu les si nombreuses années où les femmes ont été écartées du pouvoir et de l'action par des hommes méprisants, en tout cas Jean-Laurent del Socorro s'est permis quelques libertés avec l'histoire. Déjà dans Morgane Pendragon, il féminisait considérablement une société essentiellement masculine. Ici, je dois avouer que cela m'a laissé un peu dubitatif. le contour historique en a pâti, au moins au début. Par exemple, la compagnie que dirige Agnès de Loignac, les Quarante-Cinq, était de une compagnie composée exclusivement d'hommes. Ici, seules des femmes en font partie. Mais je peux comprendre ce parti pris. Et une fois l'histoire lancée, je n'ai plus fait attention à ce qui est alors juste un détail. Et cela a donné lieu à quelques scènes bien vivantes, avec langage fleuri et réparties bien méritées. Cela m'a fait sourire, et c'est bien là l'essentiel.



Bon moment de lecture que ces plus de trois cents pages. Enfin un peu moins pour les aventures d'Axelle, car les dernières sont réservées à la traduction d'une oeuvre pour le moins savoureuse d'une femme en colère contre une certaine partie de la population masculine : je vous laisse découvrir le pamphlet, il vaut son pesant de cacahuètes et méritait largement cette exposition. Pour en revenir aux récits de Jean-Laurent del Socorro, ils m'ont séduit et je sens que je vais rattraper mon retard et me plonger dans les affres de cette période terrible en lisant les romans précédents. Et ainsi, découvrir d'autres moments de la vie de la si attachante Axelle.
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Morgane Pendragon

L’épée est retirée de la tombe d’Uther Pendragon. Et contrairement aux espérances de Merlin, Morgane devient la nouvelle Reine de Logres.



Tous les ingrédients des légendes arthuriennes sont réunis, mais cette fois-ci, la légende appartient aux femmes, avec à sa tête Morgane Pendragon, suzeraine du royaume de Logres. Nous y trouvons bien évidement la table ronde et ses épées, dont Arthur fera parti, comme duc de Tintagel et amant de Morgane. Un livre qui se veut profondément féministe, évitant les clichés des femmes écrasant les hommes, mais au contraire, qui s’allient.



L’écriture de Jean-Laurent Del Socorra est belle, même addictive. J’ai pris mon temps pour cette lecture, et je ne le regrette pas, voulant profiter de ce récit livré avec beaucoup de justesse. Les descriptions, les sentiments, tout est parfaitement dosé, et en font un récit qui vous emporte, dans lequel vous avez envie de rester aussi longtemps que possible. Les intrigues y sont menées intelligemment et j’avoue ne pas avoir vu arriver certaines actions. J’ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman. Je vais me pencher de plus prêt sur la bibliographie de cet auteur, qui mérite d’être lu.



Et pour ne rien gâcher, le roman est livré avec une magnifique couverture signée Didier Graffet.
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Je suis fille de rage

Tout comme Guy Gavriel Kay, le français Jean-Laurent Del Socorro n’aime rien davantage que d’entremêler faits historiques et imaginaire.

Mais là où le canadien transpose le réel dans un univers fantasmé, Jean-Laurent, lui, préfère saupoudrer la vérité historique d’un soupçon presque invisible d’élément(s) fantastique(s).

Après Royaume de vent et de colères, un premier roman remarquable autour de la volonté d’indépendance de la ville de Marseille, et après Boudicca consacré à la révolte des Celtes contre l’Empire Romain, l’auteur change totalement d’époque à nouveau avec Je suis fille de rage, énorme pavé de plus de 500 pages à propos de la Guerre de Sécession américaine.

Projet à la fois ambitieux et prometteur, la dernière oeuvre de Jean-Laurent Del Socorro impressionne et secoue son lecteur.



Prélude aux charniers

Avant de vous causer du roman, quelques mots sur le conflit qui occupe le centre du récit de Je suis fille de rage.

La Guerre de Sécession américaine commence en 1861 et s’achève quatre ans plus tard en 1865 avec la reddition du général confédéré Robert E. Lee.

Elle oppose les états dits du Nord ou de l’Union, gouvernés par Abraham Lincoln, et les états dits du Sud ou Confédérés, gouvernés par Jefferson Davis.

Pourquoi cette guerre ? Pour une raison politique, celle de l’esclavage et de son abolition, souhaitée par Abraham Lincoln mais violemment rejetée par la Confédération dont l’économie florissante doit beaucoup à la main d’oeuvre bon marché représentée par les esclaves noirs des champs de cotons du Sud.

Outre son importance dans l’histoire des États-Unis (c’est encore à l’heure actuelle le conflit le plus meurtrier devant la Seconde Guerre Mondiale pour le peuple américain), la Guerre de Sécession symbolise d’une certaine façon le passage à la guerre « moderne » où les batailles à grande échelle produisent des massacres sans commune mesure avec ce qui s’est vu par le passé et, surtout, qui s’enracine sur des propos idéologiques forts.

Plus important encore, ce conflit jette les bases de certaines tactiques et concepts que l’on retrouvera par la suite sur le sol Européen et les grandes boucheries des deux guerres mondiales : la guerre totale qui mobilise industrie, journaux, ressources humaines et politiques, mais aussi la guerre éclair où l’armée se déplace trop rapidement pour que l’ennemi puisse se réorganiser efficacement, un concept brillamment mis en oeuvre par le général confédéré Nathan Bedford Forrest.

Autant dire que le choix de Jean-Laurent Del Socorro n’a rien d’innocent…surtout que cette époque rassemble toutes les obsessions de l’auteur depuis ses débuts !



Lutter, encore et toujours

Je suis fille de rage offre en réalité une synthèse des idées et de l’oeuvre de Jean-Laurent Del Socorro.

À nouveau, le récit romance l’Histoire en confrontant des personnages historiques tels qu’Abraham Lincoln, Robert E. Lee, Ulysses Grant ou encore William Sherman à des gens du commun sortis de l’imagination fertile de l’auteur.

Parmi eux, Caroline, fille d’une famille confédérée qui a décidé de combattre avec l’Union, Minuit, une ancienne esclave Noire qui s’est engagée dans les rangs des abolitionnistes ou encore la capitaine Halliburt, contrebandière confédérée farouchement indépendante.

En mélangeant petite et grande histoire, Jean-Laurent fait ce qu’il aime le plus et parle, évidemment, de tout ce qui l’obsède : la volonté d’indépendance, la lutte contre l’injustice raciale, l’égalité homme-femme, la cruauté des puissants, la nécessité de se battre…vous l’aurez compris tout y est !

Je suis fille de rage incarne la somme des combats de son auteur et tente d’imbriquer le tout dans une histoire dense et ambitieuse qui, si elle boîte parfois au départ (on pense aux rares pages à visée humoristique totalement loupées), finit par payer grassement par la suite.

Pour asseoir cette épopée, Jean-Laurent structure son récit en très courts chapitres où se succèdent événements romancées, traduction de lettres historiques, gros titres de journaux d’époque, extraits de textes de lois… Ce melting-pot un peu foutraque aurait pu très mal finir mais l’auteur a la brillante idée d’adapter la forme du texte à sa démarche littéraire en utilisant des repères aussi simples qu’efficaces en guise d’entête : drapeaux confédérés ou unionistes, alignement vers la gauche ou vers la droite selon le front, chronologie minutieuse et même mini-carte pour situer l’action pour le lecteur.

Mieux encore, Jean-Laurent utilise des personnages point-de-vues nommés comme des héros de fables : Le Brigadier qui n’est le majordome de personne, Le Sorcier qui invoque le Dragon, Le Général qui ne compte pas ses morts… un procédé curieux au départ mais qui paye rapidement en donnant une originalité quasi-théâtrale aux personnages historiques tout en interpellant également le lecteur de façon à lui faire mieux retenir qui parle et qui agit dans le chapitre correspondant.

Si Je suis fille de rage réussit aussi brillamment sur le plan narratif, c’est certainement grâce à ces astuces simples mais particulièrement efficaces.



Moderniser l’ancien

Outre la synthèse thématique proposée par ce troisième roman, Je suis fille de rage s’appuie sur une guerre préfigurant les massacres guerriers du XXième siècle pour en retirer les propos politiques, sociaux et économiques.

Avec habilité et ne perdant jamais de vue son histoire globale, Jean-Laurent offre un panorama des préoccupations de l’époque pour nous rappeler que, finalement, l’histoire a quelque chose de cyclique.

On retrouve dans ce sanglant conflit des éléments modernes comme le racisme, la volonté d’oppresser l’autre au nom d’un Dieu ou d’un principe, l’insignifiance des femmes ou encore le rôle central de l’économie.

Plus remarquable, le récit explique parfois la position des Confédérés tout en relativisant la supposée sainteté du Nord qui, lui aussi, a commis bien des choses discutables durant le conflit. Jean-Laurent arrive à nuancer son propos, à en tirer des conclusions sociales intéressantes mais aussi à exposer au lecteur que la simple relecture des faits ne suffit pas, il faut chercher à comprendre pour pouvoir ne plus reproduire les mêmes erreurs. C’est d’ailleurs là le propre de l’Histoire et le français l’a bien compris.

Au cours de 500 pages de sa peinture romanesque, Jean-Laurent utilise de façon très discrète le fantastique en confrontant Lincoln à la Mort comme dans une pièce de théâtre macabre, un théâtre ô combien important pour le président américain. Son explication cryptique de la véritable signification du terme « Maison Blanche » ainsi que sa constante volonté de montrer Lincoln dans ses bons et mauvais côtés font de Je suis fille de rage un récit passionnant bien au-delà des événements guerriers qui le parsèment.

Mais ce sont finalement les petits personnages, inventés mais cruellement authentiques, qui donnent la véritable mesure du roman.



Nous sommes fil(le)s de rien

Derrière les nombreuses figures historiques et leur brillante relecture par Jean-Laurent, ce sont encore et toujours les beaux personnages discrets issus de l’imagination de son auteur qui offre à Je suis fille de rage son côté émouvant et authentique.

Caroline, Minuit, Kate, Jenny… autant d’acteurs qui n’ont rien à faire dans ce théâtre sanglant à première vue. Et pourtant…

Pourtant, une nouvelle fois, Jean-Laurent nous la joue à la Rome pour offrir une autre perspective au conflit des grands. Il explore à travers ces petites gens les conséquences du racisme et de l’intolérance, de la violence et du rejet.

Ce n’est que par leur destin que le roman peut véritablement illustrer le propos de la guerre et les conséquences de toutes ces grandes manœuvres sur le peuple lui-même.

Témoins de l’époque, témoins des champs de bataille, témoins des rêves échoués, les acteurs secondaires de Je suis fille de rage lui donne une âme humble et poignante qui ajoute la dernière pierre à cette oeuvre-somme de Jean-Laurent Del Socorro : celle des fil(le)s de rien qui ont pourtant tout enduré.



Jean-Laurent achève son projet d’union romanesque. Fusionnant historique et fantastique, faits et fantasmes, humanité et cruauté, guerre et paix, Je suis fille de rage explore un conflit primordial aux implications morales, sociales et politiques indéniables. Construit de façon brillante, narré de manière fascinante, Je suis fille de rage fait entrer le profane dans l’Histoire avec un grand H et le fait sortir par la porte du fond, juste à gauche du cœur.

Simplement passionnant.
Lien : https://justaword.fr/je-suis..
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Royaume de vent et de colères

1596. Déchiré comme le reste de l'Europe par les guerres de religion opposant catholiques et protestants, le royaume de France se fait peu à peu à l'idée d'avoir pour souverain un ancien protestant désormais converti en la personne d'Henri IV. Au sud, la ville de Marseille continue toutefois à tenir tête à l'autorité royale qui finit par ne plus pouvoir le tolérer et entreprend de mettre la fière cité portuaire au pas. Voilà l'épisode dont Jean-Laurent del Socorro a choisi de s'inspirer pour son premier roman qui mêle la grande histoire à une petite, mais crédible, touche de fantasy. Si je n'irai pas jusqu'à employer les propos ô combien élogieux utilisés par Ugo Bellagamba dans la préface du roman (et qui me paraisse quelque peu exagérés...), « Royaume de vent et de colères » nous fait malgré tout passer un bon moment de lecture. L'ouvrage se lit vite et bien et nous permet, l'espace de quelques heures, de nous plonger dans le quotidien d'une ville en totale effervescence car encore incertaine quant au sort qui sera le sien une fois que les troupes royale en auront terminé avec elle. Le fait que l'intrigue se déroule dans une zone géographique et un laps de temps très limité (vingt-quatre heures, sans tenir compte des flash-back) ne nuit en rien au dynamisme du récit qui demeure très rythmé du début à la fin du roman. Peut-être un peu trop, d'ailleurs...



Le principal reproche que l'on pourrait opposer au livre concerne en effet sa brièveté et la hâte que cela implique concernant la présentation de l'intrigue et des différents acteurs. Le roman se compose ainsi de petits chapitres n’excédant souvent pas une page et dans lesquels on découvre chaque fois le point de vue d'un personnage différent. Personnages auxquels il est difficile de véritablement s'attacher comte tenu du peu de temps que l'on passe en leur compagnie avant de sauter à un autre protagoniste. La plupart des acteurs de la tragique pièce qui s'apprête à se jouer à Marseille sont cela dit plutôt convaincants, qu'il s'agisse du chevalier solitaire hanté par son passé, de l'ex mercenaire reconvertie en tenancière, ou encore du « mage » fuyant son ordre en compagnie de son amant. Ma préférence va cela dit aux deux membres de la guilde des savonniers : Victoire, aujourd'hui vieille femme étant parvenue à se hisser à force d'efforts et de ruses à la tête de la plus célèbre guilde d'assassins de la ville ; et Silas, son compère, qui n'a malheureusement que peu de chapitres à son actif mais dont la gouaille et le ton volontiers blagueur rendent le lecteur non seulement curieux à son sujet mais aussi davantage soucieux de son sort que de celui des autres personnages.



Jean-Laurent del Socorro signe avec « Royaume de vent et de colères » un premier roman prometteur dans lequel la fantasy se fait plutôt discrète, sans que cela soit dommageable au récit. On suit les aventures de chacun des protagonistes avec à la fois plaisir et curiosité, et ce malgré la regrettable brièveté de l'ouvrage qui aurait, à mon humble avis, bénéficié de davantage de développements concernant le contexte historique ainsi que l'histoire des personnages eux-mêmes. Attendons maintenant de découvrir ce que l'auteur nous réserve pour la suite...
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Morgane Pendragon

Un vent de féminisme souffle sur ce récit.

Morgane a retiré l’épée du rocher, sous le nez de son amant Arthur, et devient la souveraine légitime de Logres, sous les applaudissements de ses chevalières et le froncement de sourcil de certains chevaliers.

L’auteur réinvente une légende et met les femmes au premier plan.

Dans la société d’abord où elles occupent un statut équivalent aux hommes. Ici on sert indifféremment du messire et du messœur, on est chevalier et chevalière.

La Table Ronde accueille tous les sexes.

Le récit dépeint une société bienveillante où le choix de la religion et de ses préférences sexuelles est libre et accepté.

L’auteur colle à certains principes pour mieux en libérer d’autres. Ainsi le mariage est toujours affaire de politique mais il est possible d’épouser une personne du même sexe. De quoi imaginer de nouveaux triangles amoureux.

Là où certains seraient tentés de voir une énième adaptation, je dirais qu’il s’agit véritablement d’une transformation, avec beaucoup d’originalité et d’adresse.

On retrouve pour autant et avec bonheur les éléments clés de la Matière de Bretagne, Camelot, la Table Ronde et les batailles, le tout bien adapté à une nouvelle histoire.

Le plus marquant reste assurément les personnages dont les rôles ont été entièrement ré-écrits avec beaucoup de finesse et se révèlent rafraîchissants.

L’alternance de chapitre du point de vue de Morgane et d’Arthur permet de mieux cerner les différences de ce changement d’univers sur le caractère des protagonistes.

J’ai beaucoup aimé la place occupée par l’ancienne religion. La confrontation christianisme et paganisme est extrêmement marquée dans le roman et le Graal tient une grande place.

La Faërie renaît en même temps que l’avènement de Morgane au rang de reine. L’auteur met à l’honneur beaucoup de légendes celtes.

J’ai apprécié cette lecture de bout en bout même si je lui ai trouvé une fin un peu précipitée.
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Boudicca

Boudicca, la guerrière insoumise jusqu'au sang. Quelle belle histoire que celle de cette reine, mère et guerrière aux aspérités touchantes, qui ne s'accomplira totalement que dans son combat face à l'envahisseur romain. Si l'on connaît le destin de ce personnage fort de l'histoire celte, l'auteur laisse libre cours à son imaginaire pour nous offrir l'épopée révoltée de la reine des Icènes. La plume directe et poétique porte ce récit ponctué d'une touche d'onirisme et nous immerge dans le cœur et l'âme d'une des premières figures feministes de l'histoire. Nous naviguons entre combats et introspection, coupés néanmoins par de nombreux dialogues parfois pesants , mais l'ensemble reste très prenant. Cependant, ce roman est selon moi, moins percutant et nerveux que Royaume de Vent et de colères et lui aussi beaucoup trop court. À lire pour Boudicca, l'insolente, profondément humaine, devenue légende. Très bon moment de lecture.
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Je suis fille de rage

Finaliste du PLIB et gagnant du Prix Babelio Imaginaire, « Je suis fille de rage » est un ouvrage qui a fait énormément parler de lui sur la toile ainsi que sur les réseaux sociaux. Or, si la thématique de la Guerre de Sécession ne m’attirait que moyennement, les avis hyper enthousiastes de Plumes de Lune, Léna Bubi, Light and Smell ont définitivement réussi à me convaincre de l’acheter pour le découvrir à mon tour. Hélas, si je salue le travail titanesque de Jean-Laurent Del Socorro ainsi que la beauté du livre-objet, je n’ai malheureusement pas réussi à apprécier ma lecture. Chose rare, j’ai même abandonné à l’annonce de l’année 1863, soit au bout de 260 pages…



Dans un fond historique avec un léger soupçon de fantastique, l’auteur propose un roman polyphonique, avec plus d’une vingtaine de narrateurs neutres ou appartenant aux deux camps. Civils, esclaves, membres de l'armée, etc. La palette de personnages est foisonnante ! Pour aider le lecteur à se situer, il a proposé une mise en page spécifique mentionnant aussi bien la date, le lieu (avec une carte des États-Unis et un petit point pour se situer) ainsi que le camp grâce à un drapeau (Nord/Union ou Sud/Confédération). Il est donc facile de se repérer et de voir l’avancée de la Guerre au fil des jours. Cependant, cette choralité n’a pas été évidente pour autant ! Il était difficile de se repérer parmi les personnages, même si certains noms revenaient souvent, comme c'est le cas avec un père de famille qui s’est enrôlé avec son fils, un soldat écrivant à son épouse et ses enfants, Caroline ou encore Abraham Lincoln qui discute avec la Mort. Caroline est celle que j’ai préférée, car ses convictions étaient louables (elle a fui la demeure familiale avec les esclaves et a intégré l’armée adverse). Je prenais plaisir à la suivre aux côtés du Général McClean. Globalement, ce sont les personnages que j’ai retenus et qui éveillaient ma curiosité. L’idée du Président échangeant avec la Mort était également intéressante, tandis que celle de noter les morts était glaçante ! Hélas, j’avais l’impression que les chapitres dédiés à ces narrateurs étaient noyés par d’autres personnes prenant la parole. De ce fait, j’avais du mal à progresser dans ma lecture.



Dans certains avis neutres ou négatifs, j’ai constaté que des lecteurs s’attendaient à davantage d’imaginaire. Or, je dois avouer me ranger à leur ressenti. Bien que bon, il est vrai, le concept de la Mort personnifiée n’est pas vraiment innovante : beaucoup de fictions, que ce soient des films ou des livres, l’ont employé. De plus, en faire un narrateur, comme dans « La voleuse de livres » n’est pas novateur. Ceci dit, cela fait toujours son petit effet ! D’ailleurs, les échanges entre Lincoln et cette Grande Faucheuse étaient parfois percutants ou glaçants (ex : le décès du fils du Président ou certains passages narrant l’avancée de la Guerre). Toutefois, cela n’est pas suffisant. Je pensais qu’il y aurait bien plus d’éléments fantastiques…



Finalement, « Je suis fille de rage » est principalement un roman historique. Jean-Laurent Del Socorro s’est d’ailleurs très bien documenté sur le sujet ! Il est impressionnant de pouvoir suivre de façon aussi pointue l’avancée des combats. Plusieurs véritables documents historiques sont intégrés au récit, lui-même basé sur des faits réels, mais expliqués de façon romancée. En outre, les personnes souhaitant approfondir le sujet pourront le faire grâce aux nombreuses pages présentant bibliographies, films et sites web sur la période. J’ai été très admirative de tous ces éléments ! On apprend énormément de choses sur le sujet, le contexte ou encore des personnalités importants ayant existé. J’ai aussi aimé le fait que l’auteur retranscrive avec brio la barbarie de la Guerre. Toute cette montée en puissance de la haine, le racisme, l’esclavage, la boucherie des combats, les batailles dans certaines villes, les réactions des soldats ou des gradés, ... On s’y croirait ! Hélas, je ne cours pas après ce type d’ouvrages. Et, malgré les nombreuses qualités de ce titre, j’ai rapidement constaté que je devais m’accrocher pour avancer dans ma lecture. Le fait que je sois également perdue par la narration polyphonique n’a pas aidé… Mais, j’ai essayé ! Au moins, j’aurais tenté de me forger mon propre avis en lisant la moitié de ce joli pavé… Si vous êtes un adepte des romans historiques mettant en scène des champs de bataille bien détaillés, alors vous devriez apprécier ce roman choral.
Lien : https://lespagesquitournent...
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Royaume de vent et de colères

Dévoré en quelques jours. Cela faisait un sacré bout de temps que je voulais découvrir cet auteur et quel premier roman !!!

5 personnages centraux, un pour chaque doigt. Axelle, aubergiste ancienne mercenaire. Gabriel, vieux soldat aux coriaces démons intérieurs. Victoire, chef émérite de la guilde des assassins. Armand, mage artbonnier en fuite avec son compagnon. Silas, assassin turc poète et mangeur de pommes.

Le schéma de ce roman choral est très particulier mais présente un charme indéniable à mes yeux. On ne s'ennuie pas une seconde, le style est vif, les dialogues fluides comme la pointe des rapières. L'intrigue se déroule dans une journée tourmentée narrant la chute de la "république" marseillaise sous le règne d'Henri IV. Ne connaissant pas plus que ça les détails de cette période, je ne pourrais dire ce qui relève de l'Histoire et ce que les histoires de chacun ont parsemé pour les besoins de cet univers presque identique au nôtre à ceci près que l'art magique de l'Artbon influence les batailles.

Enchâssés dans cette terrible journée, se succèdent la vie passée de chaque protagoniste, pour un dénouement flamboyant !

En somme, tant dans le style, les personnages, l'atmosphère, le rythme, l'intrigue (ou plutôt les intrigues car les enjeux et le contexte politique et religieux joue un grand rôle dans ce roman), tout m'a emballée, à tel point que je l'ai trouvé bien court ce roman, 100 pages de plus n'auraient pas été de trop. J'ai beaucoup aimé les personnages secondaires : Gilles, Gabin, Roland sans oublier la joyeuse bande de mercenaires avec une mention pour le médecin

Je n'ai même pas assez de mots pour dire à quel point ce livre m'a transporté sur le port de Marseille à boire une chope à la table d'Axelle. L'impression de connaître les personnages depuis des années et de partager leurs aventures, c'est ce que j'attends d'un roman de fantasy, surtout si ces personnages sont loin de la caricature et recèlent des contradictions qui les font presque sortir du papier.

Mon premier gros coup de cœur de l'année que je conseille aux amateurs d'Histoire, de fantasy, de bons mots et de personnages que l'on suivrait au bout du monde.
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Boudicca

Boudicca...



Je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler de ce personnage historique avant de voir passer plusieurs critiques sur ce roman éponyme. Cette lecture était donc un bon moyen d'y remédier, et comme j'ai bien fait ! Merci Babelio, vraiment, je l'adore ce site...



Nous sommes au début du 1er siècle après JC, les romains poursuivent leurs conquêtes de territoires par l'invasion progressive des différents royaumes du sud de l'île de Bretagne (nommée Brittania par les romains). Boudicca est la fille d‘Antédios, roi des Icènes qui cherche à préserver tant bien que mal la paix avec les Aigles. A la mort de celui-ci, Boudicca devient reine à son tour et doit faire face à une pression romaine chaque jour plus étouffante et humiliante. C'en est trop pour cette reine guerrière qui va refuser cette soumission indigne et mener la rébellion, lance à la main et bouclier au bras...



«Nous avons le droit d'échouer mais pas celui de renoncer.»



Un magnifique roman de Jean-Laurent del Socorro qui donne la parole à Boudicca pour raconter son histoire. Si l'auteur s'appuie sur des faits historiques pour guider le fil de son roman (biographie présentée en fin de livre qui atteste de ses recherches), il garde néanmoins une liberté artistique certaine pour nous présenter une version très onirique de Boudicca... pour mon plus grand plaisir !



J'ai trouvé passionnant de suivre le destin de ce personnage charismatique et pourtant si fragile. Je me suis également beaucoup attachée aux personnages secondaires, qu'ils aient existé ou pas (je pense à Tanki le guerrier discret, Ysbal la guerrière aux trois maris ou encore le druide Cenios qui m'a bien fait rire). Et puis j'ai aimé l'écriture de l'auteur qui m'a permis de m'immerger immédiatement et facilement dans la culture et les croyances de cette époque lointaine.



Une excellente lecture qui me donne envie d'en apprendre plus sur ce personnage symbolique.
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Morgane Pendragon

Me voilà (re)plongée dans les légendes arthuriennes avec ce roman épique de Jean-Laurent Del Socorro.

Si j'ai été un peu désarçonnée au départ par le choix fait par l'auteur, je me suis finalement laissée tenter par cette idée audacieuse et me suis laissée porter par ce scénario rebondissant.



C'est une relecture de la légende d'Arthur connue de tous que nous propose ici l'auteur.

Et si c'était Morgane, la fille cachée d'Uther Pendragon, et non pas Arthur, qui parvenait à extraire l'épée de l'ancien souverain du royaume de Logres et qui devenait ainsi la nouvelle reine ?



J'avoue qu'en temps ordinaire, je me perds facilement parmi tous les personnages et les versions différentes des légendes de la fameuse Table Ronde. Alors, inutile de vous dire que là, j'étais encore plus perdue.



Mais, la magie envoûtante a agi sur moi et j'ai fini par ne plus chercher à savoir le vrai du faux et le pourquoi du comment.



C'est juste une belle histoire qui donne la part belle aux femmes. Elles sont reines, chevalières, combattantes, siègent à la Table Ronde, épousent qui elles veulent, repoussent les créatures de la Faerie, partent à la quête du Graal au même titre que les hommes et avec autant de bravoure et de courage.



Del Socorro a fait de Morgane Pendragon un roman féministe et redoutablement moderne tout en puisant au cœur des légendes celtes et en remettant à l'honneur l'âme libre et combative des guerrières celtes comme il l'avait déjà fait avec Boudicca.



J'ai beaucoup aimé cette nouvelle version des légendes arthuriennes mais ça me donne une terrible envie d'approfondir le sujet.
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Je suis fille de rage

L'auteur retrace, par ordre chronologique, les quatre années de la guerre de sécession américaine, en suivant plusieurs personnages, des deux côtés du conflit.

Qu'il s'agisse d'une soldate combattant dans la partie adverse de celle de sa famille, d'une maîtresse femme installée sur une île à l'abri ou de célèbres officiers du Nord comme du Sud, les protagonistes sont dépeints à grands traits et les actes qui les caractérisent évoqués brièvement. Par un subtil artifice, l'auteur fait converser la mort avec le Président Lincoln, avant son assassinat. J'ai apprécié la petite carte au début de chaque court chapitre qui situe l'action.

Je n'ai pas réussi à m'intéresser complètement à ce récit un peu froid à mon avis (sauf l’épisode de la jeune femme et du soldat) mais qui plaira aux historiens spécialistes de ce pan de l'histoire des États-Unis. Cependant, il conviendrait à un film (il est écrit comme un scénario). D'ailleurs, il est fort documenté, avec des extraits de missives envoyés par les protagonistes à leurs proches. Je pense que mon ressenti provient de l'horreur que j'éprouve à lire des récits de combat.

Une nouvelle, écrite dans une chronologie horaire cette fois et concernant la fuite d'un esclave par le chemin de fer souterrain (cf. le profond roman "The underground railroad") sauve l'ensemble en nous faisant ressentir l'angoisse de l'homme caché dans une malle durant de longues heures pour échapper à son sort.

De toutes façons ce livre entier est un plaidoyer contre le racisme qui, malgré la lutte pour l'abolition de l'esclavage, n'a pas disparue des mentalités des yankees du Nord (bien vu par la femme de l'île).

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Je suis fille de rage

Whaou encore une fois Jean-Laurent Del Socorro m'embarque complètement dans son récit alors qu'en ouvrant ce roman, ce n'était pas gagné. J'ai en effet eu du mal au début à me faire à la forme du récit : de très courts chapitres sur un personnage à chaque fois, certains meurent assez vite, d'autres vont être présents jusqu'au bout et donc il faut quelques pages pour identifier et retrouver le personnage en question. Mais une fois qu'on maitrise ça, on est plongé dans la guerre de Secession au côté de personnages qui ne sont pas manichéens et qui sont ultra attachants à leur façon, qu'ils soit du nord ou du sud, l'auteur ne prend pas parti dans son récit et nous laisse juge de leur histoire. Difficile de s'en sortir sans une larme de ce magnifique récit, de cette belle plume, dure et poétique, juste et poignante. J'ai complété un peu mes informations en lisant à côté quelques biographies de ces généraux de la guerre de sécession et l'auteur semble vraiment maitriser son sujet sur le bout des ongles.

Un récit historique bouleversant, avec une pointe de fantastique, à lire absolument !

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