"Les oiseaux sont des bioindicateurs de la qualité de nos écosystèmes", affirme Jean-Noël Rieffel
L'omniprésence du chant des oiseaux à la belle saison nous fait presque oublier que cet orchestre singulier perd, chaque printemps, plusieurs de ses solistes. Des oiseaux qui s'éteignent, ce sont comme des proches qui s'en vont. Un deuil ! ... Le jour où le monde sera dépeuplé de ses oiseaux chanteurs, l'humanité aura perdu l'un de ses plus grands trésors.
Avant, on disparaissait, on savait se faire oublier, par la force des choses. L'absence donnait de l'épaisseur à nos vies, convoquait le silence. Nous avions du temps : la part des anges, la montée des souvenirs, du poids des rêves, le lent bourgeonnement de nos émotions et de la contemplation.
La huppe fasciée porte bien son nom, elle est incontestablement le plus huppé de tous nos oiseaux! Sa huppe érectile, sorte de coiffe de plumes d'un roux ferrugineux, qui tressaille, s'étale et se replie, semble avoir été empruntée aux rois mayas.
Le mouvement naturel d'un être humain isolé dans la nature, sans aucun repère de civilisation - et d'autant plus la nuit - est de fantasmer à mort, dans un délire né de rien, sinon de rêves vagues, de chimères et de ces mythes, ces légendes multiples qui sous-tendent notre culture.
La sensibilité d'être mû et ému par la nature devient essentielle. L'exceptionnelle crise de la biodiversité que nous traversons, la "sixième extinction de masse" est avant tout "une crise de la sensibilité" selon le philosophe Baptiste Morizot, c'est à dire " une extinction de l'expérience de la nature". Les oiseaux sont des guides qui nous exhortent à combattre cette crise de la sensibilité, à vivre cette expérience par l'art de l'attention. Ils nous amarrent au vivant !
Je revois notamment ce mimosa ....................
Ses mille grappes d'or
Perles de soleil
Et murmures d'abeilles
Dans l'étoffe de son ombrage
Couronne le paysage
Des splendeurs de son or.
En définitive, le premier confinement aura révélé notre attachement viscéral à la nature.