AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Pierre Le Goff (64)


Malgré les apparences, cet individualisme émotionnel et sentimental n’est pas si tolérant : il ne l’est que pour autant que l’autre lui ressemble ou le laisse vivre comme il l’entend. Persuadé que son comportement et son mode de relation aux autres incarnent le bien-vivre en société, il ne comprend pas et s’étonne que d’autres puissent penser et vivre autrement. Aussi a-t-il tendance à rejeter comme naturellement réactionnaire, arriéré et « ringard » tout ce qui vient contredire ses valeurs et son mode de vie particuliers. S’il se montre ouvert et tolérant envers les autres peuples et les autres cultures du monde, dont il se fait volontiers le promoteur et le défenseur attitré, il n’hésite pas, en revanche, à donner des leçons de morale et à dénoncer ses compatriotes qui n’en font pas autant.
p. 37

Le nouvel individualiste est en fait un « faux gentil » qui ne supporte ni la contradiction ni le conflit, non plus que le tragique inhérent à la condition humaine et à l’histoire. Il s’est construit un monde à part où il vit, se protège de l’épreuve du réel et se conforte avec ses alter ego.
p. 38
Commenter  J’apprécie          210
Jean-Pierre Le Goff
.
Il est de plus en plus difficile d'être de gauche, surtout quand on n'est pas de droite.
Commenter  J’apprécie          174
Mes grands-parents ont vécu dans une seule pièce située au premier étage d’une maison. Le confort y était sommaire : un robinet d’eau froide pour la cuisine et la toilette (ce qui constituait déjà un progrès par rapport à la pompe du jardin), une cuisinière à bois et à charbon qui chauffait la pièce, un lit dans un coin, une table, une armoire, sans oublier le chat, qui « était bon pour les souris », et les puces qui sautaient sur le plancher.
Commenter  J’apprécie          120
La démocratie suppose une "éthique de responsabilité" qui prend en compte les effets indésirables de ses paroles et de ses actes dans une situation donnée. S'y ajoute une exigence d'intégrité qui a valeur d'exemple auprès des citoyens. Depuis des années ces principes éthiques et politiques qu'incarnent nombre d'hommes et de femmes politiques ont été bafoués par une série d'affaires et de scandales à répétition
p.258
Commenter  J’apprécie          100
Pour les enfants, les rues du village étaient le lieu où l’on découvrait un monde fascinant avec ses ombres et ses lumières, ses cris, ses bruits et ses odeurs.
Commenter  J’apprécie          100
... un autre trait du nouvel individualisme : la primauté accordée à l'émotion et aux sentiments, considérés comme la marque d'une "authenticité" première et singulière qui s'érige en critère de vérité face à un monde des idées trompeur et impersonnel. Dans le débat public, l'expression émotionnelle a valeur d'autorité contre le travail intellectuel et les convictions sensées. Soupçonnés d'être une pure rationalisation et le masque d'une infrastructure sentimentale qui les détermine, ils sont déconsidérés au profit d'un "ressenti individuel" qui balaie tous les arguments.

p. 35
Commenter  J’apprécie          84
Les jeunes ont non seulement le droit, mais le devoir de s’amuser. À vrai dire, le mot devoir n’est pas forcément le plus approprié : « On estime, en effet, écrit-il, qu’un adulte qui n’a pas profité de sa jeunesse a quelque chose d’anormal. Il inspire de la pitié et même une certaine méfiance. » Ceux qui n’ont pas pris le temps de s’amuser quand ils étaient jeunes en portent les marques tout au long de leur vie : Ils ont gardé en eux des passions inassouvies qui risquent d’exploser un jour. Ils ne sont pas normaux, prévisibles et sains.
Commenter  J’apprécie          80
Selon un "micro-trottoir" réalisé par la presse locale, les ménagères semblaient être unanimes pour saluer l'utilité de cette dernière nouveauté [le lave-vaisselle], sauf l'une d'entre elles qui regrettait le lavage à la main : celui-ci procurait un moment d'échange avec le mari devant l'évier de la cuisine quand celui-ci essuyait gentiment la vaisselle.
Commenter  J’apprécie          70
Cette nouvelle condition de l'"enfant du désir" influe directement sur la formation de sa personnalité. "Dans sa rareté, par le choix qui est fait de lui, il représente ses auteurs, il incarne l'alliance de ses auteurs" et, de ce fait, il est un être surinvesti d'attentes, un être sacralisé, une "sorte de petit dieu vivant" qui fait l'objet d'une "glorification de l'être unique qu'il recèle, témoignant du désir unique et spécifique dont il est le fruit."
...
Poussant plus loin son analyse, Paul Yonnet décrit la "constitution psychique" de cet "enfant du désir", conçu, élevé et éduqué dans ces nouvelles conditions. Celle-ci est marquée par une fragilité interne et une sourde angoisse sur son identité d'être désiré, choisi et unique. Cherchant continuellement à se faire remarquer, il "guette en permanence dans l'échange symbolique de la relation quotidienne un élément possible de réponse à cette question : 'Ai-je vraiment été désiré ?'". Les parents, et plus particulièrement la mère, se doivent de répondre à ce questionnement permanent et, ce faisant, ils se placent eux-mêmes dans une situation où leur autorité devient difficile à assumer : "Comment, en effet, faire comprendre son affection, son amour, en s'opposant à ses enfants (...) ? S'opposer aux désirs des enfants, n'est-ce pas risquer de faire apparaître que ses enfants ne sont pas des enfants du désir ?" ; la relation de l'enfant à l'autorité s'en trouve tout autant affectée : "Si tu m'as tant désiré, pourquoi t'opposes-tu à mon désir ?" s'interroge l'enfant, tandis qu'à l'inverse les parents, et plus particulièrement la mère, peuvent se poser la question : "Mais pourquoi est-ce que je m'oppose à son désir, puisque je l'ai désiré ?" L'avènement du désir d'enfant est ainsi porteur d'une crise structurelle de l'interdit et de l'autorité : "Il y a une sorte de légitimité introuvable à vouloir s'opposer aux désirs des enfants, puisqu'on les a désirés."

(citations de Paul Yonnet, "Le recul de la mort. l'avènement de l'individu contemporain").

p. 75 sq.
Commenter  J’apprécie          70
La citoyenneté de la jeunesse est devenue une affaire de spécialistes. leur activisme donne lieu à de nombreuses réunions et à toute une littérature insipide, composée de multiples projets, rapports, comptes rendus et bilans que masquent la réalité par une nouvelle langue de bois et une "ingénierie méthodologique" apprises en formation. Les animateurs de ce genre de projets sont devenus les techniciens, plus ou moins dociles, d'une fantasmagorie de la citoyenneté de l'enfance et de la jeunesse promue par des politiques en mal de modernité.
Commenter  J’apprécie          60
Quand les animateurs culturels s'adressent aux enfants, ils les font avec un bonne volonté et une gentillesse déconcertantes ; ils n'en diffusent pas moins en douceur des représentations , des idées et des modèles de comportements qui correspondent à leurs idéaux. Les animations ne relèvent pas seulement de la f^te ou de la mise en spectacle des droits de l'homme. La parole des enfants et des adolescents se mêle à celle des adultes pour exprimer une sombre vision du monde et l'expression de bons sentiments.
Commenter  J’apprécie          60
(p.33)
Pour ceux qui, comme moi, se sont engagés sans demi-mesure dans l'activisme groupusculaire de l'extrême gauche après mai 68, la fin des illusions et la critique du totalitarisme ont constitué une sérieuse leçon de réalisme et d'humilité. À l'époque, la lecture des ouvrages de Claude Lefort, qui avait été l'un de mes professeurs à l'université, m'a beaucoup aidé : elle m'a amené à m'interroger sur les raisons d'un aveuglement, sur les mécanismes idéologiques et les modes de fonctionnement auxquels j'ai moi-même participé ; elle m'a mis en garde contre ceux qui prétendent faire advenir “le meilleur des mondes” en étant persuadés d'en détenir les clés.
Commenter  J’apprécie          50
La grande machinerie de l'information en continue s'alimente aux faits divers, à l'émotion, elle joue sur les images, les formules chocs, les commentaires, les débats à n'en plus finir dans un processus de zapping permanent qui entraîne l'individu dans un tourbillon sans fond. Ces "essoreuses à idées" n'ont plus grand chose à voir avec la "presse d'opinion" dont parlait Tocqueville. Elles en paraissent même l'exact opposé.
Commenter  J’apprécie          50
La personnalité de Pierre Rabhi, les pratiques et les associations qui s'inspirent de la stratégie du colibri et de l'agroécologie, ne sauraient faire oublier cet incroyable prêchi-prêcha mystico-écologique baignant dans un magma de bons sentiments. Dans ses écrits et ses déclarations disparates, Pierre Rabhi incarne une forme de spiritualité tourbillonnante et agnostique qui déconcerte mais qui n'est pas sans rapport avec le relativisme et l'éclectisme religieux propres à l'individu contemporain.

p. 225
Commenter  J’apprécie          50
Le vrai communisme, on ne peut pas l’appliquer, parce que c’est réellement vivre en commun. Je ne suis plus communiste, je ne peux plus l’être maintenant. Pourquoi ? Parce qu’il faut toujours donner, mais jamais qu’on nous donne. Quand on demande un service, plus personne ne vous le rend, même s’ils se disent communistes. C’est fini parce que tout le monde veut tout pour soi, les gens ne veulent plus rien partager. L’homme est une bête qui soi-disant réfléchit, mais qui veut toujours manger l’autre.
Commenter  J’apprécie          50
(p. 279)
En ce sens, la droite se trompe en parlant de nouveau "totalitarisme", même si l'on peut estimer que la gauchisme culture en a quelques beaux restes. En réalité, ce dernier s'inscrit pleinement dans le contexte des "démocraties post-totalitaires" : il puise dans différentes idéologies du passé en décomposition, qu'il recompose à sa manière et fait coexister sans souci de cohérence et d'unité, n'en gardant que des schémas de pensée et de comportement. À ses pointes extrêmes le gauchisme culturel combine la rage des sans-culottes et le sourire du dalaï-lama.
Commenter  J’apprécie          42
Le problème est que, même si vous ne voulez pas d'ennemi, c'est l'ennemi qui vous désigne" : "Et s'il vous choisit vraiment comme ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles prestations d'amitié. Du moment qu'il veut que vous soyez ennemi, vous l'êtes. Et il vous empêchera de cultiver votre jardin". Afficher partout et de toutes manières de nobles sentiments : l'amour contre la haine, la fraternité contre la division, l'humanité contre la barbarie...n'y changera rien.
Commenter  J’apprécie          40
« S’amuser » relève en fait d’une pulsion de la vie qu’il paraît vain de renier, sinon au prix d’un refoulement qui appauvrit et rigidifie la personnalité. Mais la transgression des règles n’était nullement tenue pour un absolu ; elle était relative et considérée comme un moment de passage indispensable dans la formation d’un adulte « normal et sain ».
Commenter  J’apprécie          40
Lieu « machiste » par excellence, le bar est l’endroit où l’on ne craint pas de parler entre hommes de choses qu’on n’oserait pas forcément dire ailleurs. Les relations amoureuses et les performances sexuelles, plus ou moins fantasmées, les histoires grivoises y tiennent une place de choix. Les allusions sont constantes et les habitués devinent à demi-mot les situations et les personnages visés.
Commenter  J’apprécie          40
(p.99-100)
Dans "L'anti-Œdipe", Gilles Deleuze et Félix Guattari réinterprètent l'inconscient dans une problématique de renversement de toutes les valeurs et le chargent ainsi d'une fonction subversive à l'égard de l'ordre établi. Les artistes maudits, les schizophrènes, les délinquants et les marginaux sont alors considérés comme les figures types de ce renversement. Ces acteurs sociaux d'un nouveau genre rejoignent la notion de "plèbe" développée à la même époque par Michel Foucault. Cette "plèbe" renvoie aux bandes de jeunes dans les banlieues, aux délinquants, aux prisonniers de croit commun... qui refusent l'ordre, la morale et les lois. Ces "nouveaux plébéiens", souligne alors Foucault, prennent désormais la parole et dénoncent les conditions qui leur sont faites. Du même coup, la marginalité et la délinquance prennent une signification politique.

Au début des années 1970, Foucault pousse au bout la critique : ce sont les notions mêmes de norme, de bien et de mal, d'innocence et de culpabilité qui sont en question. "Évidemment, n'hésite-t-il pas alors à déclarer, les vieux n'ont aucune tendresse particulière pour un type, un jeune délinquant qui leur vole leurs dernières économies parce qu'il veut acheter un Solex. Mais qui est responsable du fait que ce jeune homme n'a pas assez d'argent pour acheter un Solex et, deuxièmement, du fait qu'il a tellement envie d'en acheter un ?" Si le prolétariat est lui aussi victime de la délinquance, sa mésentente avec la "plèbe non prolétaire" semble en fait orchestrée par la bourgeoisie qui craint par-dessus tout l'action directe et violente, comme à tous les moments révolutionnaires de l'histoire passée. Les jeunes délinquants, indique Foucault, sont parfois de jeunes ouvriers, mais ils n'en sont pas moins en rupture avec l'"idéologie do prolétariat". En fait, la critique de cette "idéologie" se confond avec celle du mouvement ouvrier institutionnalisé, qui, comme tel, serait devenu perméable aux idées bourgeoises.
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-Pierre Le Goff (226)Voir plus

Quiz Voir plus

Fleurs, fruits, livres, chansons 🌸🍓📘🎶

Quelle chaleur!😓 Heureusement, j'ai gardé une ... pour la soif.

pomme
poire

10 questions
356 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..