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Citations de Jean-Pierre Le Goff (64)


Malgré nos apparences d’enfant et d’élève obéissant, nous gardions un rapport à nous-mêmes qu’ils ne pouvaient maîtriser. Cette liberté intérieure était un secret bien gardé qui était partagé seulement avec quelques amis qui nous ressemblaient comme des frères. Quelles que soient les contraintes, la sévérité de la discipline et des punitions, nous n’étions pas, malgré les apparences, des enfants soumis et serviles.Les interminables grand-messe où, comme le disait Bernanos, on « ne saurait rien partager avec Dieu que l’ennui », permettait de rêver et de voyager dans un autre monde plus joyeux et plus coloré, tout en donnant le change de l’apparence de la docilité et de la piété par des paroles et des gestes convenus. Le silence et l’ennui stimulaient l’imagination.
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Tous ces péchés n’étaient pas des péchés mortels mais leur accumulation permettait peut-être de s’en rapprocher. En fin de compte, l’abbé finissait toujours par poser la question. : « As-tu eu de mauvaises pensées ? As-tu regardé avec plaisir de vilaines choses ?»
En d’autres termes, « le vilain péché » était lié à la sexualité naissance et à la masturbation. Certains curés avaient les mains baladeuses, c’est du moins ce qui se disait parmi les élèves, mais, bien que m’étant confessé à l’un d’eux de, je n’ai jamais eu affaire à ce genre d’attouchement. L’abbé se contentait de me prendre la main ou de mettre la sienne sur ma joue de temps à autre comme un signe d’affection. Cela me gênait un peu, d’autant plus que je trouvais qu’il « puait la Gauloise », marque de cigarette brune très connue à l’époque, et que sa soutane ne sentait pas bon.
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Cet essai d'ego-histoire n'est pas seulement intellectuel, il est tout autant existentiel et événementiel en opérant un va-et-vient entre le passé et le présent.
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« L’expression s’affirme en dehors des règles de la raison et de la logique, n’intériorise plus la référence à un tiers qui la contient et la canalise. Elle est proche du défoulement, s’exprime sur un mode où se mêlent la souffrance et l’agressivité, la plainte et la dénonciation. Telle nous paraît être une des formes exacerbées de l’héritage impossible. ...Nouvelle posture de l’individualisme, celle de « victime ayant des droits » considérant le pouvoir et les institutions comme de purs instruments de domination tout en leur adressant des demandes d’assistance
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On se tromperait grandement en considérant que cette attitude préfigurait la valorisation de la jeunesse à laquelle on assiste aujourd’hui. Quand des anciens me disent qu’ils n’ont pas « attendu mai 68 » pour se libérer, ils soulignent un trait spécifique des mœurs de la région.
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La frontière entre se limiter et se résigner peut paraître mince, mais la distinction aide à comprendre une mentalité qui semble avoir disparu. La résignation implique renoncement et soumission, la limite mesure le seuil à ne pas dépasser, sinon au prix d’une mise à l’écart d’une condition commune.
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Quand on ne sait plus quoi dire, on cherche à détourner la conversation…
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L’important c’est le plaisir d’être ensemble à boire et manger, le soir, dans la chaleur de l’été. Ici la tristesse ou la délectation morose ne sont pas de mise, malgré les éternelles lamentations. On oublie les soucis et l’on revit en se rencontrant et en se parlant.
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PARENTS GAUCHISTES vs ENFANTS WOKISTES


(...) Ces années folles ont constitué le creuset premier et bouillonnant d’un gauchisme qui a connu un curieux destin. Alors qu’il avait les traits d’une contre-culture portée par la révolte d’un peuple adolescent, il a fini par former un nouvel air du temps. De minoritaire, voire marginale dans ses formes les plus extrêmes, cette contre-culture s’est répandue dans la société, a pénétré les partis de gauche et les institutions, devenant culturellement dominante dans le secteur de l’éducation, de la culture, du journalisme devenu militant, et même du showbiz s’érigeant en nouveau donneur de leçons.

L’anticonformisme d’antan est devenu un nouveau conformisme drapé sous les habits de l’ancien, la transgression et les risques en moins. Que peut encore signifier la révolte contre les tabous, l’autoritarisme, le moralisme d’une autre époque dans une société nouvelle devenue permissive ?

Ayant été éduqués dans l’ancien monde où l’histoire, la littérature, la philosophie occupaient encore une place importante dans l’enseignement, nous étions, à notre façon, des « héritiers rebelles », en rupture, mais des « héritiers quand même », malgré nous, tout au moins pour la frange la plus cultivée de notre génération. Nous disposions d’acquis intellectuels qui ne s’effacent pas si facilement.

Les élites au pouvoir de l’époque se sont trouvées confrontées à une révolte de jeunes lettrés nourris par la même culture et nous étions encore considérés comme les futures élites de la nation. Contrairement à la légende noire d’une répression sauvage entretenue par les soixante-huitards et leurs descendants, elles ont fait preuve d’une relative tolérance et mansuétude à notre égard.

Quand ils sont devenus adultes et ont commencé à vieillir, les gauchistes soixante-huitards se sont trouvés dans une situation paradoxale : comment assumer clairement une position d’autorité, tout particulièrement dans l’éducation des enfants, quand les repères traditionnels de l’autorité ont été mis à mal ? Quel héritage culturel transmettre aux nouvelles générations quand celui-ci a été rejeté ?

En guise d’héritage, nombre de soixantehuitards ont laissé derrière eux les ruines de l’ancien monde et leurs désillusions révolutionnaires sans comprendre ce qui s’était passé et sans souci de reconstruction. Leurs héritiers en mal de filiation reprirent à leur compte une posture faite de provocation et de dérision dans une société marquée par l’« ère du vide » des années 1980. (...)



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La détente et ce qu'on appelle désormais le loisir n'était pas totalement séparés du travail et opposés à lui. Il n'était pas simplement un temps nécessaire à la «reproduction de la force de travail », ou encore, comme c'est le cas aujourd'hui, un temps "d'épanouissement personnel" paradoxalement meublé d'activités multiples .
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L'ancien villageois ou le communiste ces deux identités ne semblent faire qu'une seule et même réalité. Le passé du village paraît d'autant plus attachant qu'il est ressenti comme l'image inversée d'un présent qui paraît de plus en plus marqué par l'égoïsme.
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Le communisme était étroitement lié aux anciens rapports de solidarité villageoise.

Si j'ai besoin de toi, tu me rends service et si tu as besoin de moi tu me rends service... C'est ça le vrai communisme.
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Apparaît alors une réalité qui se manifeste hors du champ mental de la majorité des élites et des cadres dirigeants : une partie des français sont fatigués, non pas de la modernité , mais du modernisme entendu comme une fuite en avant appliquant des sacrifices et des efforts incessants, qui mènent le pays où on ne sait où et le défigure de manière telle qu'il devient impossible pour eux de se retrouver.
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citant Pompidou sur mai 68
« Quoi d'étonnant enfin si le besoin de l'homme de croire à quelque chose, d'avoir solidement ancrés en soi quelques principes fondamentaux, se trouve contrarié par la remise en cause constante de ce sur quoi l'humanité s'est appuyée pendant des siècles (…) Je ne vois pas de précédent dans notre histoire qu'en cette période désespérée que fût le XVème siècle, où s'effondraient les structures du Moyen Age et où, déjà, les étudiants se révoltaient en Sorbonne. »
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citant Raymond Aron sur mai 68
« Etudiants et ouvriers conserveront, une fois de plus, un souvenir radieux de ces jours de grève, de fête, de cortèges, de discussions sans fin, d'émeutes, comme si l'ennui de la vie quotidienne, l'étouffement par la rationnalisation technique ou bureaucratique exigeait, de temps à autre, un soudain défoulement, comme si les Français ne sortaient de la solitude que dans le psychodrame révolutionnaire. »
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« Les soixante-huitards sont à la fois les orphelins d'une France passée et les enfants de la dynamique de la modernité de l'après-guerre. Leur révolte est inséparable d'une rupture générationnelle dans une situation de mutation rapide à laquelle les élites et les adultes peinent à donner un sens qui dépasse le registre de la gestion technocratique, de la consommation et des loisirs. La désarticulation des sociétés démocratiques avec l'histoire, la fin des grands récits et des idéologies s'amorcent dans cette période.  Malgré les efforts du gaullisme pour maintenir le fil, le progrès scientifique et technique, économique et social, trouve difficilement à s'insérer dans le creuset humaniste et le récit historique qui, jusqu'alors, avaient constitué l'identité du pays, qui le distinguait des autres nations en lui conférant une place particulière en Europe et dans le monde. »
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« L'adolescent devient un modèle type d'individu qui fait de l'intensification du présent un mode de vie qui a tous les traits d'une fuite existentielle et du divertissement pascalien. La bohème et la contre-culture jusqu'alors confinées à des cercles restreints et aux étudiants contestataires vont se répandre et se banaliser dans l'ensemble de la société. Dans l'imaginaire du gauchisme, la France entière est supposée se mettre à l'heure du Quartier latin. La fracture déjà présente en mai-juin 68 avec la classe ouvrière et une partie de l'opinion va se développer en étant de moins en moins visible dans les médias convertis au gauchisme culturel. »
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(p.342)
En France, il existe une perte de confiance et une mésestime de soi qui concernent moins les domaines scientifique, technique et économique - encore que les "déclinistes" ne manquent pas -, que les ressources politiques et culturelles liées à sa propre histoire. À vrai dire, la mise à mal de l'histoire nationale a été poussée assez loin. Un nouvel "air du temps" a versé dans une "mémoire pénitentielle" et un règlement de comptes qui n'en finit pas, entretenus par des minorités qui s'érigent en justiciers du passé et encouragent le ressentiment. Les enseignants doivent désormais faire face à cette sous-culture pour laquelle l'absolutisme, l'esclavagisme, le colonialisme, Pétain et la collaboration constituent le résumé succinct de l'histoire de la France, à quoi s'ajoute désormais la vision d'une humanité prédatrice de nature et de l'environnement. Si la jeunesse est bien l'"avenir du monde", elle se trouve soumise à un nouvel endoctrinement, souvent par ceux-là mêmes qui ne cessent d'appeler à son autonomie et à sa créativité, à sa capacité de révolte et d'indignation. Ces réactionnaires d'un nouveau genre bouchent l'horizon de la jeunesse en cherchant vainement la répétition d'une histoire dont ils voudraient demeurer les héros. Le pathétique rejoint le dérisoire au moment même où la dynamique de contestation post-soixante-huitarde qui les a portés est épuisée. Nous sommes arrivés à un point limite où la dénonciation et la réécriture de l'histoire sous l'angle du moralement correct participent d'une détestation mortifère.
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Décréter la fin du travail, c'est développer une utopie stérile qui favorise le développement du désarroi dans les milieux ouvriers et populaires.
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Quand un « solitaire » boit plus que de coutume et incommode, « si, à mesure qu’il boit, il se radoucit, on reste gentil avec lui et on lui parle comme à un enfant qui n’aurait pas encore appris à se contrôler ». Mais si l’alcool le rend agressif, « on se détourne de lui », « le patron refuse de le servir et lui dit de rentrer se coucher ».
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