Et on a souvent remarqué que celui qui s'obstine dans une violence injustifiée trouve une fin peu glorieuse.
[La Saga de Ragnarr lodbrok]
Puis Bjôrn Flanc de Fer déclama :
Le courage et le cœur
suffiront dans la poitrine
d'un homme hardi
même s'il ne dit rien;
nous n'avons dans les yeux
ni serpent ni vipère,
mais jamais mes frères,
je n'ai oublié tes beaux-fils.
Les pages qui précèdent donnent à connaître la légende, déclinée de diverses façons, de Ragnarr aux braies velues et de ses fils. Mais ces récits ont eux aussi une histoire, et les héros qu'ils célèbrent sont bel et bien issus à la fois de périodes historiques singulières et de traditions littéraires diffuses. Il est ainsi possible de reconnaître ou d'identifier les événements et les personnages -des figures historiques de la conquête de l'Angleterre au IXe siècle pour la plupart- qui ont progressivement conduit à la genèse d'une légende, elle-même, à son tour, à l'origine de la fascination pour le mythe Viking en Occident.
Chaque fois qu'ils [les Vikings] décident de s'implanter, à plus ou moins long terme, ils influencent ou dynamisent ces sociétés [celtes] et deviennent un élément essentiel de leur histoire. (p.155).
Les Vikings ont servi, malgré eux, la formation d'une Bretagne indépendante: leurs assauts contre le royaume franc ont favorisé la volonté des Bretons de s'affirmer au Xè siècle en tant qu’État celtique. (p.134).
Leurs premiers succès [aux Vikings] à la fin du VIIIè et au début du IXè siècle peuvent s'expliquer par l'effet de surprise et, s'ils persévèrent, c'est en profitant de la faiblesse de leurs adversaires, de leur désorganisation et de leurs rivalités. (pp. 76-77).
Non contents de guerroyer et de commercer, et tout en restant très minoritaires, les Varègues ont été capables de contrôler des territoires s'étendant pratiquement du golfe de Finlande aux abords de la mer Noire. (p.65).
Le Viking qui pille, tue et brûle croise le "Viking pacifique", ou plus exactement le marchand scandinave, sur les mêmes routes maritimes. Il ne fait aucun doute que les Scandinaves, à cette époque, se soient livrés à ces deux types d'activité. (pp.53-54).
De nos jours, le mythe de Ragnarr lodbrock, à l'image de celui des Vikings en général, est de plus en plus confronté à une appréciation historique documentée et réfléchie qui s'efforce de rétablir la vérité. Mais il est évident qu'il continue de hanter notre imagination, qu'il continue de nous faire rêver : car sa personnalité légendaire est liée au "romantisme" de toujours, celui où le courage, l'insouciance et l'amour de la liberté demeurent la principale tonalité.
[Postface par Jean Renaud, traducteur]