Bah voilà... Lire les traductions de Jean Renaud de "Ragnars saga lodbrokar" (j'ai pas les lettres islandaises, lol, donc pas d'accents), "Pattr af Ragnars Sonum" et "Krakumal", ça m'a donné envie de regarder la série Vikings (sur laquelle j'ai jamais réussi à dépasser l'épisode 2 (ou 3, je ne sais plus). Il va falloir que je m'accroche un peu plus, d'autant qu'une de mes séries favorites, The Last Kingdom, est en quelque sorte sa "suite".
Ce petit bouquin est très bien fait.
On commence par un lexique phonétique des lettres spéciales norroises, histoire de savoir comment se prononcent tous ces noms "barbares", lol !
Ensuite, la note avant qu'on commence la saga proprement dite, resitue Ragnarr Lodbrokar par rapport aux chansons de geste précédentes, puisqu'elle vient à la suite de la "Volsunga Saga", et nous offre un petit résumé des épisodes précédents...
Ensuite on entre dans le vif du sujet. Comme il y a du texte en prose, on n'est pas tout à fait dans la chanson de geste (entièrement versifiée, normalement). Ici, seuls certains dialogues (où les héros, rois etc parlent) sont versifiés. Evidemment la traduction peine à retranscrire le rythme et les rimes, mais on a un bon aperçu du style métaphorique des scaldes nordiques.
Cela donne aussi une mesure de la "sauvagerie" (vu d'ici) de ces hommes du nord, qui avaient vraiment une culture du sang et de la bataille qui parait réellement barbare et exagérée, mais est absolument passionnante. du coup, cela aide à la compréhension de certaines réactions des personnages vikings dans "The last Kingdom" (où l'on retrouve certains des fils de Ragnarr Lodbrok), et peut-être serais-je un peu plus attentive lors de mon prochain visionnage de "Vikings" (l'histoire de Ragnarr lui-même, donc), qui, semble-t-il, ne cède pas du tout à une quelconque sensiblerie ni "purge" de cette violence, une fois passés les premiers épisodes où je m'ennuie et qui m'ont fait arrêter de la regarder, lol.
Evidemment, "les dits des fils de Ragnarr" (version danoise) répète la première traduction (version islandaise), avec quelques menues différences. le chant de Krakaa, lui, est vraiment intéressant, différent, puisque le scalde fait parler Ragnarr, tout en vers.
Ensuite à la fin nous avons un récapitulatif des réalités et recoupements historiques (et différences mythologiques) vraiment très très intéressant, j'avoue que cette période me fascine.
coup de coeur !
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Après avoir regardé la série Vikings j'ai voulu me documenter sur cette civilisation que je connais mal et j'ai commencé par ce livre. Il s'agit de 2 sagas islandaises sur le légendaire Ragnar et ses fils. La lecture est un peu ardue car la langue norroise, les noms de lieu et de personnage sont très éloignés de nos habitudes. Mais j'ai appris beaucoup de choses grâce aussi à la postface très intéressante et le livre est court.
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La femme prit la harpe et voulut l'ouvrir. Mais elle n'eut pas d'autre choix que de la casser. Quand elle eut ouvert la harpe, elle aperçut une fillette comme elle n'en avait jamais vue auparavant.[...]
L'homme reprit : "mais qu'allons-nous faire de cet enfant ?"
La femme répondit : "je sais ce qu'il convient le mieux. Nous dirons que c'est notre fille et nous l'élèverons."
- Personne ne le croira, dit l'homme. Elle est beaucoup plus jolie que nous. Nous ne sommes pas beaux ni l'un ni l'autre, et on trouvera invraisemblable que nous ayons une telle fille, vu notre laideur à tous les deux."
Hvitsekr était son nom,
il ne lui seyait pas de fuir ;
il a brûlé sur un bûcher de têtes
d'hommes tués pendant la bataille,
ainsi a-t-il choisi de mourir,
le valeureux roi, avant de tomber.
[...]
Il a fait entasser les crânes sous lui
pour que le feu chante
au-dessus du bûcher
fait de guerriers morts ;
quelle meilleure couche
un combattant pouvait-il choisir ?
Un chef a causé sa perte,
mais il est tombé avec les honneurs.
[Le Dit des fils de Ragnarr]
Après la Flandre, Ragnarr guerroie dans les îles britanniques : au large d'Englanes, puis dans le Firth of Tay et aux Orcades. Il revient en Northumbrie avant de gagner les Hébrides, puis l'Irlande : Waterford, la pointe de Lindiseyrr. Les dernières batailles sont livrées à Vikaskeid et Alasund (impossibles à situer) et à l'île d'Anglesey. Lire le poème, c'est comme assister à une expédition viking qui n'en finirait pas, puisqu'il n'est jamais question de retours au Danemark !
[Le Chant du Kraka - note du traducteur Jean Renaud à la 21ème strophe]
Nous avons frappé avec l'épée.
Pourquoi la mort doit-elle guetter
le combattant du premier rang
dans la tempête de neige des lances ?
Souvent il a de quoi se plaindre de sa vie,
celui qui jamais ne nourrit
les aigles au jeu des épées ;
on dit qu'il est dur d'exhorter les lâches ;
le cœur d'un timoré
ne lui est d'aucun secours.
Nous avons frappé avec l'épée.
Je dis qu'il n'est que juste
qu'un homme en affronte un autre
dès lors qu'ils ont pris les armes.
Le brave ne recule pas devant le brave,
c'est depuis longtemps sa noblesse ;
le bourreau des cœurs doit toujours
être valeureux dans le tumulte des glaives.
[Le Chant de Kraka - 22ème et 23ème strophes]
Nous avons frappé avec l'épée.
A cinquante et une reprises
le messager du ping [bataille] des lances
a conduit de grandes batailles.
Jamais je n'ai imaginé
qu'il puisse se trouver un autre roi
plus capable que moi,
qui tout jeune rougissais les pointes d'épieu ;
les Ases nous accueilleront,
il n'y a pas à se désoler de la mort.
Maintenant j'ai hâte d'en finir,
elles m'appellent, les Dises
qu'Odinn m'a envoyées
depuis la halle de Herjan [La Valhöll].
Joyeux, je vais sur le haut siège
boire la bière avec les Ases ;
tout espoir de vie a disparu,
en riant je mourrai.
[Le Chant de Kraka - 28ème et dernière strophes]