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Critiques de Jérôme Soligny (30)
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David Bowie

Biographie de Jérôme Soligny. À lire avec les albums de l'artiste à portée d'oreille ! Pour ceux qui auraient manqué l'info, j'ai redécouvert David Bowie en début d'année après une grande période de désert musical et je n'écoute que lui, que lui.



Avant d'être le talentueux et fabuleusement beau David Bowie, David Robert Jones est né à Londres en 1947, un mercredi. Passionnément attaché à son demi-frère, Terry, il découvre grâce à lui des artistes qui le marqueront. Très tôt, David sait qu'il veut faire de la musique mais à aucun prix il ne sacrifiera son originalité. Il a faim d'expériences et de découvertes. À ses débuts, il va de groupes en groupes. Peu à peu, il se fait un nom. David Bowie attire les foules mais pas toujours pour sa musique : "on commence à parler de Bowie comme d'un phénomène qui décontenance et qui dérange. Si le public se presse à ses concerts, c'est plus par peur de manquer un évènement que parce qu'il apprécie sa musique."(p. 44) Artiste prolifique et travailleur acharné, David Bowie s'investit dans sa musique, la vit passionnément. C'est ainsi qu'il endosse les costumes des personnages qui animent ses albums : Major Tom, Ziggy Stardust et ses Spiders from Mars, Aladdin Sane, Halloween Jack et ses Diamond Dogs et Thin White Duke sont autant de masques qu'il porte jusqu'au bout d'expériences musicales intenses. Si les costumes et les maquillages sont extravagants, derrière ces masques, il ne cache pas, il donne le meilleur de lui-même. Artiste caméléon et protéiforme, David Bowie se nourrit de ses personnages pour se construire et s'imposer en génie musical et artistique.



Autour de David Bowie gravite une foule d'artistes et de collaborateurs : producteurs, agents, avocats, chacun veut sa part du gâteau Bowie. Mais l'artiste est intransigeant et intelligent. Ses attachements les plus puissants vont aux artistes qui, comme lui, font l'expérience d'un nouvel art, souvent musical : Andy Warhol, Lou Reed, Mick Jagger, John Lennon et Iggy Pop sont autant des mentors que des partenaires. David Bowie est incapable de se fermer des portes et il aurait eu tort de le faire : il s'essaie aux planches et au cinéma avec succès, il fait des incursions remarquées dans le monde de la peinture. De toutes ses expériences, il nourrit sa musique, doué d'un don visionnaire qui lui fait explorer des territoires encore vierges."Il est un sculpteur de vérité. Avec l'aplomb de ceux qui avancent avec dignité, jeune comme seuls certains vieux peuvent l'être, il continue de démontrer que l'anticipation reste la principale composante de son art rock génialement maîtrisé."(p. 191) Pop ou glam rock, les appellations ne manquent pas pour qualifier l'art de David Bowie. Ce qui est certain, c'est qu'il a forgé une nouvelle musique en déconstruisant des genres, en déplaçant leurs limites et en balayant leurs codes pour mieux les réécrire.



Avec intelligence et discrétion, Jérôme Soligny insère dans la biographie des témoignages d'amis, d'artistes ou de collaborateurs ou encore des extraits de presse. Mais le plus percutant, c'est quand il laisse la parole à David Bowie : plutôt que de surinterpréter un acte ou un instant, il transcrit les mots de l'artiste et tout est dit. Le biographe sait ici transmettre toute la passion qu'il a pour l'oeuvre de l'artiste. Mais son texte n'est pas la compilation d'un fan halluciné qui cherche le détail le plus sordide de la vie de son idole. Jérôme Soligny fait découvrir David Bowie au travers de ses albums et de ses chansons. La vie de Bowie traitée comme une discographie animée, c'est original et ça évite le voyeurisme toujours écoeurant des biographies soit-disant exhaustives. C'est à peine si Jérôme Soligny évoque les épouses (Angie et Iman) ou l'addiction à la cocaïne. Personne ne les ignore et sa biographie n'est pas le lieu pour en discuter encore. Parlons musique, voilà tout, c'est que fait le biographe, pour mon plus grand plaisir.

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David Bowie

Je n'ai pas lu ce livre, ni aucun ouvrage sur David Bowie, mais aujourd'hui est un nouveau jour de deuil.

Cet homme caméléon, avec cette voix si particulière, avec cette volonté de se remettre à l'ouvrage pour de nouvelles sonorités, pour nous offrir des chansons, des albums exceptionnels. J'ai entendu son tout dernier album, un peu fusion rock-jazz et l'ai tout de suite aimé, beaucoup aimé, même s'il nous avait rarement amenés sur ces terrains-là.

Bien sûr il laisse une trace majeure dans la musique pop-rock et que ses albums traverseront les décennies à venir.

Nous continuerons à l'écouter, à penser à lui, à le remercier pour ce qu'il nous a offert.

C'est cependant encore un pan de notre jeunesse qui s'en va (il y a eu Joe Cocker, Lou Reed, j'ose ajouter Demis Roussos, tout récemment Michel Delpech). Certes, je ne me fais plus très très jeune, mais quand même !

Adieu et à demain, Monsieur David Bowie.
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David Bowie : Rainbowman

Il faudrait pouvoir attribuer plusieurs notes à un livre:

La première, pour la qualité de la documentation, serait certainement de 5.

La seconde, pour la pertinence de cette information... c'est là où le bât blesse: je suis absolument passionné de musique, de Bowie, de rockumentaires et consorts.

Mais savoir que (j'invente mais je ne suis pas loin) le 17 janvier 1972 il a donné un concert dans les caves de tel établissement, en jouant sur sa 12 cordes accompagné par Machin à l'orgue Hammond C-3 modifié, ça devient trop pour moi.

Et je ne suis pas sûr que ça intéresse un public autre que les professionnels du secteur.

C'est bien dommage, parce que au milieu de tout cela, on retrouve des anecdotes réellement - à mon sens - intéressantes, qui permettent de mieux cerner l'homme qu'était Bowie, et son immense talent multi-facettes.

Alors désolé, je me ferai peut-être assassiner par les puristes pour cette opinion, mais l'ouvrage est peu digeste pour le monsieur-tout-le-monde que je suis.
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David Bowie : Rainbowman

Beau, oui, comme Bowie faisait chanter Gainsbourg à Adjani, vêtue de son petit pull marine.



Beau, oui, comme Bowie cet époustouflant ouvrage qui faisait partie de mes cadeaux de Noël 2020.



Beau, oui, comme Bowie ce titanesque travail accompli par l'auteur dont j'avais déjà une ancienne biographie de Françoise Hardy coecrite avec un certain Étienne Daho (autre cadeau, d'anniversaire celui-là et il y a fort longtemps)



Des l'avant propos, Jerome Soligny prévient que ce que l'on a entre les mains, et qui pèse son poids, n'est pas une biographie comme les autres, seul le domaine artistique est ici abordé et plus précisément encore, l'oeuvre musicale.

Découpé en chapitres consacrés chacun à un album, 33 tours, évidemment, l'ouvrage conséquent (587 pages) déroule la carrière de Bowie, de 1967 à 1980, la suite faisait l'objet d'un second tome, c'est dire le travail!



Chanson après chanson, disque après disque, la production du musicien est disséquée, analysée et racontée avec moult détails qui ne peut que forcer l'admiration.



Bien sûr, on évoque les déclarations fracassantes, les incartades cinématographiques ou les addictions du chanteur, mais c'est pour mieux contextualiser le sens des écrits musicaux.



Les personnages du major Tom, de ziggy, d'Aladin Sane, du thin wihte dune accompagnent son créateur dont la discographie est détaillée toujours de la même façon :

-Des propos de Bowie

-Une description de Soligny

-La transcription d'interviews de collaborateurs (guitariste, pianiste, bassiste...iste)



Un pavé, certes, agrémenté de photos et d'illustrations, mais une bible pour les amateurs qui ne peuvent que se replonger dans l'univers de son génial créateur dont on aura un peu mieux appréhendé la personnalité, un créateur pointilleux, attentifàson art, mais qui sait laisser s'exprimer ceux dont il a choisi de s'entourer!!!



Vivement la fête des pères pour le second tome !!
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David Bowie : Rainbowman

J'ai déjà relu plusieurs fois la première biographie que le musicien et journaliste Jérôme Soligny a écrite sur David Bowie. L'ouvrage que voilà est bien plus que cela : c'est un livre choral. La voix principale est évidemment celle de Jérôme Soligny qui montre à nouveau combien il connaît l'artiste. Suit celle de Bowie lui-même, qui inaugure chaque chapitre. Viennent enfin celles, innombrables, émues et sincères, d'autres chanteurs, artistes, producteurs, musiciens, proches, journalistes, etc. Tous prennent la parole pour mieux faire résonner celle de David Bowie. « On ne va pas apprendre, à la lecture de ce livre, que David Bowie est un génie. Ça, on le sait déjà. En revanche, Rainbowman permet de comprendre à quel point il était comme une sorte d'aimant et combien il était capable de galvaniser ses équipes. » (p. 18)



Cette biographie musicale est chronologique et chaque chapitre est consacré à un album. Chacun est agrémenté de magnifiques portraits couleur de Bowie. Plus qu'exhaustive, cette monographie est méticuleuse, génialement maniaque, pour le plus grand plaisir de la fan que je suis. Je ne savais pas le dixième de ce que j'ai lu et Rainbowman va devenir un de mes livres de chevet, vers lesquels je tends la main quand rien d'autre ne me tente et dans les pages desquels je sais trouver réconfort et passion.



Au fil des disques, des succès et des échecs, Jérôme Soligny retrace la première moitié de la carrière du grand Bowie. Le travail de compilation est titanesque, et celui de traduction réalisé par Sophie Soligny n'est pas moins impressionnant. David Bowie Rainbowman détaille la genèse de chaque album, les rencontres, les expérimentations, les inspirations et les heureux hasards de la création. Les longues notes de fin de chapitre sont aussi passionnantes que le contenu des chapitres.



Petit plus qui fait toute la différence : en exergue d'un chapitre, Jérôme Soligny donne un extrait de La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao, fabuleux roman dont je ne cesse de conseiller la lecture.



Pour finir, ma réponse à une question qu'on me pose souvent : quels sont mes titres préférés de David Bowie. Voici mon top 5, dans le désordre :



The Bewlay Brothers

Moonage Daydream

Cygnet Committee

Velvet Goldmine

Ashes to Ashes



Mais avec cette imposante lecture, j'ai chanté à chaque page. Et j'attends impatiemment le deuxième volume pour continuer à donner de la voix !
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David Bowie : Rainbowman

Musicien, écrivain et journaliste musical, Jérome Soligny écrit depuis depuis de nombreuses années sur David Bowie qu'il a régulièrement interviewé. Son ouvrage précédent, "David Bowie ouvre le chien", qui comprenait les textes de deux conférences données à l'occasion de l'exposition "David Bowie Is" à la Philarmonie en 2015 se focalisait notamment sur les rapports de l'artiste avec la France et sa culture. Tout autre est cet imposant "Rainbowman" d'ores et déjà appelé à devenir une référence dans la conséquente bibliographie consacrée à Bowie . En 565 pages ( et ce n'est que le Tome 1 !), "Rainbowman" relève le défi de raconter Bowie le musicien en donnant la parole à ceux qui ont croisé son chemin étoilé et participé de près ou de loin à son oeuvre discographique et scénique. Chaque chapitre correspondant à un album, l'auteur remet d'abord sa conception dans son contexte biographique, évoque chaque chanson enregistrée, la réception du public etc...puis laisse la place aux intervenants qu'ils soient musiciens (ayant joué avec Bowie ou non), ingénieurs du son, photographes... Si l'on y lit des témoignages de stars comme Iggy Pop (évidemment) , Brian May ou David Gilmour, ceux issus de personnalités peu connues du public ne sont pas moins passionnantes et c'est une avalanche d'informations précieuses qui va enchanter le fan même très averti. Préfacé par le grand Tony Visconti (qui intervient régulièrement, nous faisant profiter de ses souvenirs précis et précieux), producteur fétiche du Maître, "Rainbowman" donne le sentiment au lecteur d'assister à l'édification d'une oeuvre géniale (ô combien...), installé discrètement dans un coin du studio, fasciné par l'ébullition créatrice d'un artiste unique et donne l'envie de tout réécouter à l'aide de ces éclairages nouveaux. Cet ouvrage est définitivement un must et prouve qu'on en aura jamais fini avec l'oeuvre de David Bowie. Tant mieux.
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David Bowie : Rainbowman, 1983-2016

Un an et des poussières (d'étoiles) après la parution du premier tome, arrive enfin "David Bowie Rainbow Man 1983-2016" qui couvre la période allant du best-seller "Let's dance" jusqu'à l'ultime "Blackstar". S'appuyant sur plus de 500 témoignages de musiciens et de collaborateurs, cet ouvrage impressionnant, fourmillant d'infos, d'anecdotes édifiantes mais aussi de vérités rétablies (le cas "under pressure"...) cerne au plus près la conception de tous les albums de David Bowie durant la période pré-citée. Il est généralement de bon ton d'estimer que les "Golden years" de Bowie se situent dans les années 70 (il est vrai qu'elles constituent pour lui un sans faute artistique indiscutable) et de négliger (voire mépriser) la suite, pourtant tout aussi passionnante même si elle l'est de manière différente. Ce livre revient notamment sur les albums mal aimés ("Tonight", "Never let me down" les deux Tin Machine...) et les remet en perspective, incitant par là même à passer outre leur "mauvaise" réputation et à les réécouter de façon plus attentive. Autre passage captivant: la genèse du tortueux et génial "Outside" (album cher à l'auteur de ces lignes) est ici remarquablement détaillée et permet de s'immerger dans le processus de création de cette oeuvre folle. Parmi les témoins interrogés, on est heureux de retrouver le grand Reeves Gabrels, guitariste et co-compositeur qui fut le compagnon de route de Bowie pendant plus de 10 ans, ce qui donne une idée de son importance. Son témoignage, humble et précieux, est d'une grande élégance. Si le final consacré à "Blackstar" (le plus épais chapitre dulivre) est bien sûr le plus émouvant, les splendides illustrations de Lisa et Margaux Chetteau (qui enchantaient déjà le précédent volume) apportent une touche poétique bienvenue. Les 1200 pages (les deux tomes confondus) de ce "Fantastic voyage" à travers l'oeuvre de David Bowie font donc de "RainbowMan" le complément idéal d'une discographie qu'on ne se lassera jamais d'explorer.
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David Bowie : Rainbowman, 1983-2016

Après avoir fermé David Bowie - Raimbowman 1967-1980, j'ai attendu avec impatience la parution de la deuxième partie de la monumentale biographie de cet artiste que j'admire tant. Et une fois que je l'ai eue en main, j'ai attendu. Pas loin de 6 mois. Parce que commencer cette lecture, c'était en quelque sorte finir un long voyage. Et qui voudrait retrouver son quotidien banal alors qu'il peut suivre les traces d'un météore ? « Cet homme était un comble. Aménagé et pas très bien isolé. » (p. 578)



Ici encore, les nombreuses interviews donnent à voir un David Bowie intime, complet, complexe, voire contradictoire. Et les abondantes notes de fin de chapitre précisent, affinent et recadrent tout en ouvrant des mondes d'exploration. Évidemment, les photographies sont des preuves directes de l'art du grand Bowie, mais les illustrations de Lisa et Margaux Chetteau sont aussi de brillantes interprétations du design unique créé et incarné par l'artiste. Je retiens surtout le dessin en plusieurs pages d'une enfant qui trace une étoile noire...



La pagination de ce deuxième volume ne commence pas à 0, mais reprend à la fin de celle du premier tome, dans une continuité évidente. L'ouvrage est lourd, dense, riche. Seul bémol, les pages vert fluo : mon cerveau de migraineuse a serré les dents pour poursuivre la lecture...



Voilà, j'ai refermé la biographie de David Bowie par Jérôme Soligny. Il faudra évidemment que je la reprenne, que je reparcoure ses pages, ses entretiens et ses images. Le voyage n'est peut-être pas fini...
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David Bowie : Rainbowman, 1983-2016

Sans être une inconditionnelle de Bowie, je peux vous dire que je le classe parmi les plus grands artistes que ce siècle et le précédent aient connus. J’ai toujours été impressionné par sa capacité à se renouveler sans jamais perdre de sa singularité. Lorsqu’on parle de « beau livre », ici, ce n’est pas qu’une appellation. L’objet est magnifique. Je prête assez peu d’attention aux couvertures, tant qu’il y a des mots à lire… mais c’est un point qui doit être souligné.



Cet ouvrage révèle un travail titanesque. Ce qui m’a attirée, c’est l’envers du décor, la possibilité d’un passage en coulisses. Mes attentes ont été comblées. Plus qu’une simple biographie, c’est une bible sur David Bowie qu’a réalisée Jérôme Soligny. Avec un décryptage de chacun de ses albums, il lance une invitation à réécouter son œuvre autrement – gageons qu’elle traversera d’autres décennies encore. Les photos et les illustrations sont superbes, les témoignages recueillis sont passionnants, les anecdotes surprenantes, et le dernier chapitre (« Blakstar », les dernières années de la vie de David) est particulièrement touchant. Je ne saurais vous résumer plus de 1 000 pages (!) en quelques lignes. Plongez-vous dans ce livre sans hésiter pour découvrir la personnalité, le personnage, le génie qu’était Bowie.



Pour les fans, et pour tous les amoureux de musique.



« À voir David évoluer sur scène, on comprenait tout de suite qu’il ne laissait rien au hasard. C’était un maître dans la gestion d’une forme de théâtralité et, chose surprenante, il avait ce talent que possèdent certains acteurs qui consiste à agir comme s’ils savaient exactement ce que les gens pensent d’eux. »

Lenny Pickett

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David Bowie : Rainbowman, 1983-2016

Fan de Bowie, je me suis régalée à la lecture de ce superbe livre ! En parallèle, je me suis replongée dans son univers musical et artistique !

Un vrai régal ! De belles découvertes parfois et le regret de ne pas l'avoir vu sur scène !!

Mais il reste présent à tout jamais !
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David Bowie ouvre le chien

A l'occasion de l'exposition David Bowie Is à la Philharmonie de Paris en 2015, Jérôme Soligny deux conférences, l'une sur David Bowie et la France, l'autre sur les guitaristes de David Bowie. Ces deux conférences sont réunies dans « David Bowie Ouvre Le Chien » de deux interviews et de textes divers.



Le texte de la première conférence s'intéresse aux passages de David Bowie dans les studios d'enregistrement du château d'Hérouville dans le Val d'Oise. Jérôme Soligny évoque les enregistrements de Pinups, Low et The Idiot (d'Iggy Pop), trois albums ayant ce lieu en commun. Les motivations pour venir travailler à cet endroit sont diverses : l'isolement, la qualité de l'équipement, la fiscalité particulière pour les anglais. On croise beaucoup de monde dans cette conférence, Brian Eno, Tony Visconti, Twiggy, d'autres. On perçoit fort bien toute l'effervescence autour de Bowie.

Ce chapitre sur la France est complété par une première interview, Nicolas Godin du groupe Air ; puis une seconde, d'un homme de l'ombre, le tourneur Alain Lahana. Ce dernier travaille avec Bowie depuis Tin Machine. Son interview est intéressante, d'abord parce qu'on donne rarement la parole à ces personnes, ensuite parce que le portrait qu'il brosse de Bowie est tout en finesse, élégance, et, a priori, d'une belle sincérité.

Un abécédaire clôt cette première partie du texte. De Adjani, pour débuter, à zane zane zane ouvre le chien pour terminer. C'est ici que l'explication de ce dernier vers de All The Madmen est donnée par Bowie.



Ronson, Gabrels, Frampton, Hutchinson, Belew font partie des nombreux guitaristes avec qui Bowie a travaillé, en studio ou à la scène ; J. Soligny retrace brièvement le parcours musical de David Bowie à travers eux. Cette conférence est un bel hommage à ces musiciens qui ont richement contribué à l'élaboration des albums et au son des tournées. Dire de David Bowie qu'il a toujours su s'entourer est un cliché, mais c'est surtout une vérité.



Un cahier photo en noir et blanc complète le livre. Ces photos sont l'oeuvre de Fabrice Demessence lors des concerts parisiens de 1996 et 1999. Elles donnent à voir la théâtralité, la générosité et le plaisir de David Bowie d'être face à son public.

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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

JE SUIS MORT IL Y A VINGT CINQ ANS DE JERÔME SOLIGNY

editions la table ronde



Petit récit d’un peu plus d’une centaine de pages qui nous replonge au début des années 80. Une histoire vraie, romancée en quelques pages. Une vie qui bascule. La vie d’un jeune homme qui aime la musique, les amis, les verres de bière pris au bar. « La douleur partout, le corps en feu qui ronge. Gangrène de violence. Plaqué au sol sous un ciel d’ardoise. » Cette histoire toute simple, c’est l’histoire du SIDA avant qu’on ne sache qui il était, avant qu’on ne sache quels ravages il allait provoquer. C’est l’histoire de l’incompréhension, de l’impuissance de la médecine à guérir. Mais aussi l’histoire de l’amitié et de l’amour.

On se promène au Havre, Deauville, New York, on se balade dans le temps, les années passées du narrateur, les musiques des années 80. Lecture sympathique, le ton n’est pas larmoyant bien au contraire.

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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Son récit d'outre-tombe emprunte autant à l'énergie rock qu'au nihilisme punk pour faire revivre une fratrie et l'exaltation de la jeunesse. Un très bel hommage à l'amitié, à la vie... à la mort
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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

"Je n'ai jamais su comment s'appelait cette gamine, aux grands yeux tristes qu'elle n'a pas fermés une seule fois lorsque je lui ai fait l'amour, en échange d'une pomme, en Angola." (pp.34-35)

Cette phrase terrible, arrivée assez tôt dans le livre, me sidère et me glace.

La "gamine" est à peine une silhouette dans le roman de Jérôme Soligny.



Roman remarquable par ses thèmes : Bowie, les années 80, le cinéma, la jeunesse, l'amitié et par son style : rapide, imagé, d'un humour parfois potache mais délicat ; il a tout pour me plaire et me laisse pourtant une épine dans le cœur.



Le héros et narrateur, un jeune français, nous livre ses souvenirs, ses pensées intimes, sa déchéance physique et surtout sa rage face à une mort inéluctable. Dans ce récit il perd plus que des plumes et des cheveux, emporté par l'effroyable ravage causé par ce qu'on vient juste de nommer : le SIDA.

Cependant, ma lecture achevée, son destin passe au second plan. Il y a des absences qui provoquent des vacarmes "assourdissants" (pléonasme ?) comme dirait l'auteur. Cette gamine en Angola, ce personnage de papier, sans nom, sans bouche, sans voix*... qui racontera son histoire ?



*"Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouches.

Ma voix la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir."

Aimé Césaire, "Cahier d'un retour au pays natal", Présence Africaine



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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Un jeune homme nous raconte d’outre-tombe ses derniers mois. De passage à New York, il fait un malaise sur la plage Coney Island chère à Lou Reed. On lui diagnostique une nouvelle maladie rarissime qu’il aurait contracté en Afrique et qu’aux Etats-Unis on appelle AIDS. En France on ne l’appelle pas encore ; on l’assimile à un cancer du sang, on tente de la traiter à coup de chimiothérapies et de transfusions sanguines, mais on n’en guérit pas. Nous sommes au début des années quatre-vingt.



Le narrateur ne s’appesantit pas sur la mystérieuse maladie dont il souffre. Il évoque davantage des bribes de sa vie au Havre et la famille qu’il s’est choisi : Sa mère, sa copine Gwen, mais aussi et surtout son grand ami Christophe.



Christophe et lui sont tous deux passionnés de musique rock. En la matière, Christophe a une belle culture dont il s’enorgueillit, a joué dans un groupe et compose. Il se démène pour décrocher l’opportunité qui lui permettra de faire carrière dans ce domaine. Et le narrateur est le premier convaincu de son talent.



Dans leur sillage il y a toute une bande de copains, Valentin, Jean-Claude, Yann… Ils ont la vingtaine et gravitent à l’orée des milieux artistiques et culturels, entre la Normandie, la Bretagne, les concerts à Londres et surtout les virées à Paris. Le personnage de Yann dont la carrière démarre n’est pas sans évoquer un chanteur pop français qui si vous avez passé un petit peu de temps en France ces vingt-cinq dernières années (et qui plus est si vous avez été amené à me côtoyer) ne devrait pas vous être complètement inconnu.



Mais alors que les projets des siens avancent, le narrateur se rend compte impuissant que lui va rester à quai, qu’il est au bout de son parcours.



On connaissait Jérôme Soligny le compositeur-interprète, le critique rock ou bien encore le biographe. On découvre avec ce premier roman que le personnage n’usurpe pas l’appellation d’écrivain.



Je suis mort il y a vingt-cinq ans n’est pas tout à fait une fiction et pas tout à fait non plus une autobiographie. L’auteur y adopte un point de vue peu commun, en mettant en scène à la troisième personne un personnage qui lui ressemble (sans autocomplaisance aucune), et en empruntant à la première personne la voix d’un tiers, celle de l’ami décédé.



Le récit se veut être écrit dans une langue orale, celle du narrateur. Cela contribue à un texte vif, aux phrases souvent courtes et percutantes. Du reste, il n’y a je pense pas une phrase en trop dans le livre. Et – ce qui n’est pas si courant pour un texte ayant recours au langage parlé – on sera sensible à la richesse de la plume de Jérôme Soligny, aux images qu’il convoque, à la poésie qui perce ça et là dans le texte.



Il y a là le reflet d’une époque – où se profile l’ombre des années sida – et d’une génération de jeunesse provinciale. On appréciera les nombreuses références culturelles qui émaillent le texte, et notamment en ce qui concerne le domaine de prédilection de l’auteur, celles qui composent la bande son de cette histoire.



Mais Je suis mort il y a vingt-cinq ans est aussi et surtout un récit intime conté avec pudeur et autodérision. S’il est teinté de mélancolie il n’en n’est pas moins résolument tourné vers la vie. C’est un bel hommage et à l’ami proche et à cette jeunesse (encore) insouciante et (presque) invincible, à laquelle tous les possibles sont permis. Un hommage qui interrogera peut-être le lecteur sur ses propres rapports au deuil, à l’amitié et au temps qui passe.



Enfin, à noter, une jolie et pertinente préface signée Kent.




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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Tout d’abords, avant de parler du contenu, je veux m’arrêter sur la couverture. Cela peut paraître anodin mais j’ai beaucoup aimé ce mélange de cian et de gris. Cela donne un effet assez classieux, propre, peu habituel. J’ai aussi beaucoup apprécié la texture de la couverture.





Concernant le livre en lui même, il est court et se lit rapidement avec un grand plaisir malgré une thématique qui ne prête pas forcement à sourire. Le narrateur va nous parler de sa vie, ou plutôt de ses derniers instants, à travers des moments passés avec ses amis et ceux qu’il a aimé. Finalement, parler des autres ça en dit aussi long sur soi.



Au début tout se mélange, le temps, les lieux (Coney Island, Le Havre, Paris)…puis se mettent peu à peu dans l’ordre. Et là, les choses s’éclairent. Celui qui nous parle est mort ou en train de mourir, du SIDA plus exactement. A l’heure où l’on ne savait pas encore trop ce que c’était…et le voilà seul notre héros, face à la maladie. Malgré les virés entre copains qui vivent de musique et d’eau fraîche en espérant percer un jour…Malgré les souvenirs, le soutient, le bon temps passé ensemble…Il est seul. Seul face aux médecins français qui ne savent pas trop gérer cette affaire là et préfèrent traiter un cancer. Seul face au désarroi des américains qui prennent ça avec des pincettes voir avec dégoût. Après tout n’est ce pas un juste retour de bâton après ces années de libération sexuel et une juste punition divine contre les homosexuels ? Une bien terrible façon de payer un écart de conduite, un jour en Afrique. Et tout ça, à cause d'une pomme...



Cependant on ne tombe jamais dans le pathos ou le larmoyant. Notre jeune dandy prend avec humour son cas, parfois de manière sarcastique voir un peu noire. Mais il vaut mieux en rire non ? Il nous parle même jusque dans la tombe, même après la mort et les années qui passent où il ne reste que les souvenirs et un brin d’imagination. Il nous parle de cette jeunesse qui semblait libre et insouciante. Une vie pas forcement exceptionnelle, avec ses défauts, ses morceaux abîmés, ses coins cornés...mais animée d'une lueur que seule ce souvenir d'une jeunesse sublimée pouvait lui donner. Un mort qui se raccroche à la vie. Ca peu paraître ironique mais jamais pathétique. C’est un mort qui n’aura pas tellement vécu mais qui voudrait bien qu’on se souvienne un peu de lui, alors il nous raconte pour nous dire comment tout cela a fini et commencé. Ainsi la boucle est bouclée.





Jérôme Soligny me parle d’une jeunesse que je n’ai pas connu mais que je peux imaginer avec ses titres musicaux en fond.

Je suis mort il y a vingt-cinq ans est donc un livre qui se lit rapidement et facilement mais qui laisse un petit quelque chose une fois refermé. Un récit sobre et intime. Et où mes pensées se sont attardées comme un moment de recueillement


Lien : http://outsitoutsi.over-blog..
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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Le talent de Jérôme Soligny on a pu le découvrir mille fois. Il y a quelques jours encore, le rock-critique décrochait ses photographies d'une exposition à Villerville alors qu’il signait comme chaque mois ses articles pour Rock&Folk dont il constitue aujourd’hui l’une des plus belles plumes. On l’imagine même peaufiner, entre deux et trois heures du matin, des chansons à la guitare et mettre un peu d'ordre à Writing on the Edge, son anthologie d'articles qu'il faudra bien sortir un jour. Si on connaissait également son talent de biographe et de traducteur, on ne se doutait pas que cela lui laisserait le temps d'écrire un roman, fut-il en partie autobiographique. Alors on a entendu parler de ce roman au fil du temps... on en a connu les péripéties de publications et c'est avec une certaine fébrilité que l'on tint la première fois le livre dans la main : Quel territoire de la vie et l'œuvre du Rock-Critique normand allait-on découvrir ?



« Je suis mort il y a vingt-cinq ans. A vingt-cinq ans. D'une mort pas belle. D'abord tombé, le bec dans le sable, sur la plage de Coney Island»



En ouvrant le livre on tombe tout d’abord sur une très jolie préface de Kent, autre artiste protéiforme, autre esthète survivant. Que Kent préface Jérôme Soligny, cela vient comme une évidence tant ces deux là ont des choses en commun.



Les premiers mots ne laissent planer aucun doute. Le titre de ce roman n'est pas une métaphore. C'est un beau titre mais, on le découvre vite, c'est aussi un titre terrible qui annonce une histoire qui ne l'est pas moins. Celle de "Christophe", de "Yann" -certains retrouveront peut-être les vrais noms de ces deux personnes qui ne sont pas tout à fait n'importe qui...-, de Claire, de Valentin et de bien d'autres qui forment un groupe d’amis au cœur des années 1980. Un groupe d'amis vu à travers les yeux d'un narrateur qui se meurt. Six pieds sous terre, le narrateur se remémore en effet ses derniers jours alors que résonnent les mélodies de son enfance.



« Les gens qui vivent dans un port le savent tous : les aspirations y sont plus grandes qu’ailleurs. »



Le roman est ainsi constitué de tranches de vies normandes éclatées dans tous les hauts lieux de la musique rock. Les amis, les amours, les premiers succès musicaux, les virées à Paris, tout s'enchaine en de brefs chapitres où le style de vie a autant a voir que la vie elle-même. On parle d’art de vie, on parle de lieux de vie : Le Havre, qui demeure le théâtre principal de cette histoire, New-York, Paris, Londres mais aussi, hélas pourrait-on dire, l’Afrique. Hélas dis-je, car berceau de la maladie nouvelle, encore inconnue, attrapée au milieu des années 1970 par le narrateur. Mais en lieu et place d’une triste chanson sur le sida, il s’agit ici d’une célébration de la vie, de l’amitié, d'une jeunesse perdue mais sublimée. Célébration de la vie mais également, forcément, récit de cette bataille inégale contre la maladie.



Ce narrateur fut un ami proche de Jérôme Soligny qui se glisse ici dans sa peau, quelques années après comme pour rendre un ultime hommage. Inutile de chercher le vrai du faux nous disait-il il y a peu pour une interview sur ce roman mais impossible de faire abstraction, impossible de mettre de côté la sincérité qui se dégage du récit. Rien ne sonne faux, inventé ou déplacé. Il y a des passages à vous transpercer le cœur et à vous faire réfléchir sur le vrai sens de l’amitié et de la vie sans que cela ne soit jamais lourd ou redondant. On faisait confiance à la plume de Jérôme Soligny pour cela : c’est un pari gagné.



Un dernier mot sur les nombreux fantômes qui traversent le récit. Pas de Name-dropping, pas d’artifices pour mettre le lecteur en confiance, juste des ombres que l’on croise au détour d’une avenue ou d’une affiche : Françoise Sagan dont on cherche l’appartement dans Paris, The Smiths que l’on écoute dans la décapotable, cheveux au vent et la certitude d’avoir la vie pour soi. Sauf qu’on ne l’a pas toujours. Ce livre est un hommage à ceux là. Ceux qui ne l’ont pas toujours mais qui ont autre chose : des héros et parfois des amis plus forts que tout.
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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Un tout petit livre de rien du tout par le nombre de ses pages, mais un hommage à un ami d'une grande force que nous propose Jérôme Soligny. Une histoire où se mêlent réalité et fiction, celle de ce jeune homme victime de son amour de la vie et de ses plaisirs.. Un bel et vibrant hommage avec pour fil conducteur la ZIK, celle qui permet à ce livre de ne point sombrer dans le pathos....



Gros coup de coeur...
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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Le Havre, début des années 80. Parce qu'il a couché avec une Africaine en Angola, Thierry a attrapé le virus du sida. C'est une des premières victimes, et le corps médical est bien démuni... Le titre le précise : il ne survivra pas.



Je n'ai rien de particulier à reprocher à ce court roman, ce n'est juste pas le genre d'histoire que j'aime lire. Je n'ai pas accroché au style, très saccadé avec ses phrases courtes, et ses va-et-vient sans transitions entre présent (l'hospitalisation) et passé (sa vie, ses amours, ses amitiés).

Je n'ai pas vraiment accroché aux personnages non plus (les amis de Thierry) ni à l'ambiance musicale. Musicien et journaliste pour "Rock & Folk", Jérôme Soligny fait de nombreuses références à des chanteurs de l'époque (comme Bowie et Prince), et le meilleur ami du narrateur, Christophe, est à l'aube d'une carrière dans le milieu. On trouve également plusieurs allusions à des œuvres littéraires ou cinématographiques.

Par contre j'ai bien aimé la fin quand, une fois Thierry mort, il continue de raconter ce qu'il voit : le chagrin de ses proches, son enterrement, et même qui lui rend visite au cimetière (ou pas). L'ensemble est un brin désabusé, même si le ton final tourne à l'humour.



Bref je ne suis pas fan, mais la profession a plutôt bien accueilli ce roman !
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Je suis mort il y a vingt-cinq ans

Il y a sept ans, une de mes amies est morte, de trop de sexe, de drogue, et de rock'n'roll. Si j'écrivais l'histoire des derniers mois de sa vie en quatre-vingt pages, ça n'intéresserait personne. Pourquoi ? D'une part, personne ne connait mon amie et son histoire n'est pas exceptionnelle. D'autre part, je n'aurais pas assez de quatre-vingt pages pour lui donner vie, afin que chacun ressente intensément le vide qu'elle a laissé.

Je trouve que Jérôme Soligny s'est heurté au même problème et ne l'a pas surmonté. Il raconte, plutôt bien, dans une sorte d'écriture cut faite de phrases courtes, souvent nominales, les derniers mois de la vie de son ami, l'un des premiers malades français du SIDA, à une époque où la maladie n'a même pas vraiment de nom. Il parle pour son ami, et nous fait pénétrer son angoisse et son incompréhension. Mais, dans "Je suis mort il y a vingt-cinq ans", on voit mourir quelqu'un dont on ignorait qu'il fut vivant, et l'auteur, par choix, ne s'est pas donné assez d'espace pour le faire vivre. On se sent, de fait, détaché de cette histoire qui est celle de l'auteur mais ne devient jamais celle du lecteur. En lisant je pensais au Malcolm X de Spike Lee. Dans ce film de presque quatre heures, la première est consacré à la jeunesse de celui qui allait devenir Malcolm X. A la première vision du film, on trouve cette partie un peu longue ; on est venu voir un leader politique et Spike Lee nous donne un petit voyou noir de Boston sans grande profondeur. Et pourtant, c'est l'avant qui donne valeur et sens à l'après. Le petit voyou éclaire le porte-voix charismatique de la Nation of Islam. Dans "Je suis mort il y a vingt-cinq ans" le narrateur est largement réduit à son état de malade. Il apparait ex nihilo, malade, puis finit par succomber à sa maladie, et les quelques flashbacks ne suffisent pas à lui donner chair. Le texte est sûrement émouvant pour ceux qui connaissaient le narrateur ou connaissent l'auteur, mais je ne crois pas que que l'intérêt puisse dépasser ce cercle. Ce petit roman est le cri de quelqu'un qui voulait raconter un moment bouleversant de sa vie et rendre hommage à un ami mort. C'est éminemment respectable, et c'est pourquoi je répugne à dire que je ne l'ai pas aimé. C'est pourtant le cas.
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