Citations de Ji-young Gong (184)
Ce n’est pas parce qu’on est habitué à être trahi qu’on ne souffre pas à chaque trahison, ce n’est pas parce qu’on tombe souvent qu’on se relève facilement une fois encore.
Si la tristesse ne porte pas de masque, elle a quelque chose de mystérieux, de sacré et de sincère. Et cette tristesse très personnelle est parfois la clé qui permet d’ouvrir la porte de l’autre.
....j’ai pensé aussi que le destin d’une personne pouvait être influencé inéluctablement par une si petite chose et que rien n’était insignifiant dans la vie....Mais par la suite, j’ai changé d’avis......car j’ai compris la raison pour laquelle rien n’est insignifiant dans la vie : quand une personne fait face à un choix, même dérisoire, c’est la totalité de son vécu qui en décide ; aussi, l’important n’est pas la rencontre elle-même mais l’ensemble du vécu qui l’oriente.
Combien de fois tombera la neige et soufflera le vent
avant que les feuilles repoussent et que les fleurs se fanent ?
Ce jour-là, j’aurais dû comprendre qu’il est inutile de faire confiance et d’accorder le bénéfice du doute à des gens qui, parmi tant de sentiments possibles, ne manifestent que de l’hostilité. Mais même en sachant dès le début que telle personne va forcément agir dans le mauvais sens, on se dit toujours « on ne sait jamais… », c’est plus fort que nous, c’est comme le poison addictif de l’espoir......
Mais j’en suis au même point aujourd’hui, après tant d’années. J’ai eu souvent ce genre d’expériences depuis cette première fois, pourquoi faut-il que je m’acharne à croire que les méchants finiront par être bons et les règles à être impartiales ?
- Oui, avec le temps, on vieillit. De tout ce qu'on possède, rien n'est éternel. Et puis on meurt... quoi qu'on fasse... on meurt.
Les feuilles du platane se détachaient et s’envolaient. Je pensai que ce serait bien que les humains fassent eux aussi un long sommeil comme la mort une fois par an avant de se réveiller. Ce serait vraiment bien de recommencer de zéro avec de petites feuilles vert clair et des fleurs roses.
Ce n'est pas parce qu'on est habitué à être trahi qu'on ne souffre pas à chaque trahison, ce n'est pas parce qu'on tombe souvent qu'on se relève facilement une fois encore.
Dans une échoppe de nouilles, de longs spaghettis blancs accrochés sur une corde comme des linges étaient en train de sécher en vibrant légèrement dans la brise du soir. C’était une nuit de printemps.
Tenez, il y a quelqu'un qui a dit, quand on a été témoin d'un meurtre, on devient partisan de la peine de mort, quand on a été témoin d'une exécution, on devient partisan de l'abolition de la peine de mort... Enfin, ni le meurtre ni la peine de mort ne sont vraiment acceptables.
Peu importe la religion qu'on a. Et puis d'ailleurs peu importe qu'on en ait ou pas. Vivre humainement chaque jour... c'est ça qui est important.
Les êtres humains refusent de voir les choses telles qu'elles sont ; ils n'acceptent que ce qui se conforme à leur vision des choses; quand ils prennent la route avec une carte qu'ils ont dessinée à l'avance et tombent sur un chemin allant dans un sens différent de ce qu'ils avaient prévu, ils préfèrent changer le chemin pour l'adapter à leur carte, et rares sont ceux qui acceptent de modifier leur dessin.
Qu'est-ce qui fait le plus souffrir les être humains ? C'est le doute. Surtout celui qui laisse pressentir un grand malheur. Si les hommes redoutent la mort, c'est aussi parce qu'elle est source de doutes et qu'aucun de nous ne sait ce qu'il y a après. Il en est de même quand quelqu'un est porté disparu, sa famille en souffre plus que si cette personne était morte, car cet état de latence empêche de se résigner et de cesser d'espérer.
Pour moi qui n'avais même pas terminé le primaire, la prison était une école pleine d'enseignements. J'y ai appris des techniques criminelles, la haine et la vengeance. Il y avait plusieurs milliers de professeurs qui nous enseignaient comment devenir encore plus teigneux, encore plus infâmes sans ressentir la moindre culpabilité.
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Une bonne sœur nous avait expliqué au catéchisme pourquoi le suicide était un meurtre.
Elle avait commencé par demander « ceux qui sont nés en pensant que c'était l'heure de naître, levez la main », puis « ceux qui ont décidé eux-mêmes de naître fille ou garçon, levez la main », et enfin « Ceux qui pensent qu'on peut mourir quand on veut ... »
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- Euh... à propos de l'exécution [des condamnés à mort, en masse, en Corée du sud]... vous êtes avertis à l'avance ?
Il hésita un instant avant de répondre :
- Oui, la veille au soir... Quand la nouvelle tombe, nous les éducateurs, on est obligés de boire pour la faire passer. Ce sont des criminels, au début on les déteste... mais en les accompagnant un bout de chemin, on finit par s'attacher. A lire la presse, ce sont des bêtes, mais quand on les connaît, ce sont des êtres humains comme nous. Et les hommes sont à peu près tous pareils, finalement... Après l'exécution, pendant un mois à peu près, on ne peut pas vivre sans alcool.
(p. 282-283)
Tout le monde vit des moments inoubliables, de ces moments qui restent en mémoire parce qu'ils sont douloureux, parce qu'ils sont beaux ou parce que la blessure est encore à vif. S'il m'arrive de repenser à cette époque, j'ai l'impression que poussent des champignons blancs et froids dans mon cœur qui bat la chamade.
La Corée que j'avais retrouvée au bout de sept ans avait beaucoup changé. Elle semblait plus luxueuse, plus riche et plus affairée, mais quand je marchais dans les petites rues derrière ces bâtiments si hauts qu'ils en cachaient presque le ciel, le vent qui soufflait était plus fort et plus froid qu'avant.
Tout le monde vit des moments inoubliables, de ces moments qui restent en mémoire parce qu'ils sont douloureux, parce qu'ils sont beaux ou parce que la blessures est encore à vif. S'il m'arrive de repenser à cette époque, j'ai l'impression que poussent des champignons blancs dans mon cœur qui bat la chamade.
Les rapports entre les gens sont vraiment étranges. Une fois que chacun a pris un rôle- ce qui se produit souvent dès le départ-, il le conserve quoi qu'il arrive.Par exemple, si dans ma relation avec quelqu'un je commence par écouter ses soucis, lors de nos rencontres suivantes, je serai pour lui une oreille bienveillante. Si, au contraire, c'est moi qui me confie à lui, je chercherai toujours à le voir quand j'aurai des problèmes. Avec les autres, je pouvais être agresseur ou victime, mais dans notre trio, Michaël était toujours l'agresseur, Angelo la victime, et moi j'étais entre les deux.
( Picquier , 2019, p.50)