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EAN : 9782809710243
336 pages
Editions Picquier (22/08/2014)
4.3/5   166 notes
Résumé :
Yujeong a le cœur en miettes lorsque sa tante Monica, qui est religieuse, l’emmène à la Maison d’arrêt de Séoul visiter un condamné à mort. Rien ne semble pouvoir rapprocher une jeune désespérée de bonne famille d’un triple meurtrier, et pourtant…
Au fur et à mesure de leurs rencontres, ils vont se raconter avec sincérité leurs « vraies histoires », affronter les ténèbres et découvrir les lumières éblouissantes au sein de ces ténèbres, réparer leurs âmes meu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un très beau roman coréen qui m'a beaucoup émue pour les multiples questions sur l'amour qu'il suscite comme les ravages d'une enfance dépourvue d'amour et la rédemption à travers la peine de mort.

Yujeong n'est plus que l'ombre d'elle-même, la mort l'obsède tant sa vie lui semble vaine. Après une énième tentative de suicide, sa tante Monica lui propose à l'alternative d'une hospitalisation en psychiatrie, de l'accompagner à la Maison d'arrêt de Séoul voir un condamné à mort, Yunsu.
Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'elle accepte mais sa tante Monica compte tant pour Yujeong.

Quand elle rencontre Yunsu, quelque chose lui est familier chez cet homme, la souffrance éveille les signaux chez ceux qui la connaissent. Les deux écorchés, à force d'écoute, de réflexions, d'empathie vont tisser un lien qui doucement leur apprendra à pardonner.

L'écriture de l'auteure est une petite merveille, un temple où se côtoient poésie et douleurs.

Une juste réflexion est aussi portée sur la peine de mort avec une immersion auprès d'un prisonnier menotté nuit et jour, traité comme un insecte avec une explication évidente de la transformation latente d'un innocent en monstre.
Quant a Yujeong, c'est le poids d'une enfance piétinée qui est au centre où l'amour n'avait pas sa place.

Un roman qui happe, sonne juste et nous rappelle que nous ne naissons pas tous égaux, que derrière chaque coups mortels se cache un être qu'on a étranglé trop jeune, à qui il ne lui aura pas été appris à aimer.
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Bon sang quelle rencontre ! Ce livre est une véritable pépite, j'ai rarement été transporté à ce point.
Pour commencer il me faut dire que je suis loin de mes lectures habituelles, ma première expérience en littérature Coréenne, ma première rencontre avec Ji-young Gong et un thème un peu particulier puisqu'il sera question de prison et de peine de mort.
"Yujeong a le coeur en miettes lorsque sa tante Monica, qui est religieuse, l'emmène à la Maison d'arrêt de Séoul visiter un condamné à mort", c'est le point de départ d'un récit envoûtant et transcendant au sens propre du terme.
Réflexions sur le mal de vivre, sur la perception du malheur et de l'injustice, cette rencontre entre une "fille de bourgeois" et un meurtrier pourrait tomber dans les travers du cliché ou de la caricature mais ce ne sera pas le cas ici car ce qui fait la force et la beauté de ce récit est son extraordinaire justesse de ton, sans "pathos" aucun.
La construction de cette histoire est d'une maîtrise rare, sa progression est subtile et surtout cohérente.
Si j'ai vécu cette lecture de façon intime, c'est qu'en suivant la transformation de ces deux êtres qui vont devoir "s'ouvrir" pour grandir, je me suis ouvert moi-même à des questionnements qui m'ont passionné et remué comme je n'aurai pas pensé l'être.
La peine de mort étant abolie en France depuis 1981, il s'agit d'un thème de réflexion qui m'était inconnu, ce livre m'a permis de me forger une idée précise tant les arguments sont forts et évocateurs.
Je vais m'arrêter là avec le regret de ne pas trouver les mots qui conviendraient vraiment pour exprimer toute l'émotion que m'a procuré cette lecture.
J'ai juste envie de dire, lisez-le ! Je pense que vous ne le regretterez pas.
Il me reste à remercier Anne (Bruidelo) pour m'avoir fait découvrir ce très beau livre.

"Voilà, j'avais enfin compris pourquoi tante Monica allait dans cette prison depuis trente ans..."
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-"Euh...à propos de l'exécution... vous êtes avertis à l'avance ?
- Oui, la veille au soir... Quand la nouvelle tombe, nous les éducateurs, on est obligés de boire pour la faire passer. Ce sont des criminels, au début on les déteste... mais en les accompagnant un bout de chemin, on finit par s'attacher. À lire la presse, ce sont des bêtes, mais quand on les connaît, ce sont des êtres humains comme nous. Et les hommes sont à peu près tous pareils finalement. Après l'exécution, pendant encore un mois à peu près, on ne peut pas vivre sans alcool. Tenez, il y a quelqu'un qui a dit, quand on est témoin d'un meurtre, on devient partisan de la peine de mort, quand on a été témoin d'une exécution, on devient partisan de l'abolition de la peine de mort... Enfin, ni le meurtre ni la peine de mort ne sont vraiment acceptables. Je vous ai dit tout à l'heure que j'étais content de travailler ici, mais après une exécution, j'ai vraiment envie de tout laisser tomber. Il y a beaucoup d'anciens éducateurs de prison qui se mettent à faire du prosélytisme chrétien ou deviennent moines bouddhistes. C'est assez compréhensible, en fait."

Je crois que ce passage donne bien le ton, reflète assez bien le propos du roman best-seller bouleversant de Gong Ji-Young, écrivaine et militante féministe, activiste engagée dans les années 80 contre la dictature militaire et pour la démocratisation de son pays.

Ce roman a pour thèmes centraux la libération de l'individu à travers le cheminement obligé vers l'amour, le pardon, la rédemption.

Cette quête, ce cheminement vont être incarnés par deux naufragés de la vie que sont Yujeong, une jeune trentenaire célibataire, violée à quinze ans par un de ses cousins, rejetée par sa mère pour ne pas mettre en péril le statut social de la famille, et par Jeong Yunsu, un criminel de vingt-sept ans au parcours "Dickensien" (j'aurais pu choisir une autre référence... il y en a tant...), en attente d'être exécuté après avoir commis deux féminicides, dont un viol sur une mineure de dix-sept ans...
Ces deux êtres à la dérive, qui n'ont apparemment en commun qu'un attrait morbide pour la mort, vont s'apprivoiser et commencer à apprendre à vivre.

En dehors de l'intrigue proprement dite, le roman de Gong Ji-Young, outre le fait de nous offrir quelques personnages d'envergure, nous permet d'approcher une Corée, que par méconnaissance, beaucoup associent à une démocratie idyllique... en opposition à sa turbulente "frangine" du nord, incarnée depuis 1953 par la dynastie des Kim.
Or le background dans lequel évoluent les personnages de l'oeuvre montre qu'il n'en est rien...

Comme je l'ai dit précédemment, j'ai trouvé cette lecture bouleversante. Pour trois raisons.
D'abord parce qu'elle l'est, ensuite parce que j'ai voulu m'affranchir de toute velléité "psychologisante".... Et que pour finir, j'ai refusé de me laisser aller à la tentation de "la ficelle est un peu trop grosse"...


J'ajoute que le style de l'auteure coule,fluide, limpide, simple, naturel, fort et efficace...

Si vous souhaitez faire connaissance avec une certaine Corée du Sud, superbement illustrée par les personnages et l'histoire écrite par Gong Ji-Young. Si vous voulez vivre de belles et fortes émotions, ce roman vous comblera.
Roman d'amour, roman "policier", roman sociétal et social, roman "militant" au sens noble du terme, on comprend pourquoi on dit de Gong Ji-Young qu'elle a révolutionné le genre.
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Yujeong trimballe son mal-être avec l'«envie de jeter sa vie tout entière à la poubelle et de crier au monde : Oui, je suis une merde, j'ai tout raté... je suis un cas désespéré...». Après une nouvelle tentative de suicide, plutôt que d'aller à l'H.P., elle accepte d'accompagner sa tante, la seule personne avec qui elle a une relation sympa, dans ses visites à un condamné à mort. Et c'est une thérapie qui va plutôt bien lui réussir.
On a une double narration qui nous donne accès, en plus du point de vue de Yujeong, au témoignage de Yunsu, le condamné - et son cahier bleu, c'est du lourd, avec un tableau d'une dureté sociale terrible.
Au début, l'alternance des narrateurs empêche peut-être une totale plongée dans l'univers romanesque, mais finalement ça marche bien, très bien même. Gong Ji-Young nous raconte avec beaucoup de finesse une vraie, une très belle rencontre entre ces deux personnages de milieux sociaux bien différents. Une relation forte, avec ses jeux de miroir et des émotions, des sentiments puissants subtilement évoqués, qui va leur permettre de s'attaquer à leur prison intérieure.
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Je viens de refermer ce livre et je ne sais que dire !!
2 personnes que tout oppose. Et pourtant...
Ce livre n'est pas un playdoyer pour ou contre la peine de mort.
Je dirais que c'est un livre qui permet à chacun de s'ouvrir à l'autre... Apprendre à ne pas juger. Chaque personne est à chaque moment de sa vie différente, chacun évolue.
La gentillesse, la méchanceté, la tendresse, la violence, l'amour, la haine, le pardon, l'hypocrisie. Ce livre est un ensemble qui regroupe tous ces sentiments...
Je n'ai pas de mots pour qualifier ce que je ressens, excepté que j'ai été touchée au plus profond de moi...
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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
Rappelle-toi ce Choe prétendument coupable d'avoir fait exploser une bombe sur l'un des ponts du fleuve Han, on l'a tué par erreur. Et la célèbre affaire d'O Hwiung et ces gens qui étaient censés appartenir au parti Inhyeok, un parti politique monté de toutes pièces par le gouvernement, et tous ces gens que la Cour suprême était sur le point de condamner à mort mais qui ont été libérés au dernier moment parce qu'on a fini par arrêter le vrai coupable. Et ces vrais coupables, s'ils sont arrêtés, c'est presque toujours par hasard.
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Elle murmurait parfois que la pauvreté des gens riches était encore plus terrible.
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Eunsu et moi avons été envoyés dans un orphelinat. Ma vie s'est mise à ressembler à celle d'un mercenaire errant, je ne pouvais pas dormir tranquille une seule nuit, j'étais comme une sentinelle. Au retour de l'école, je retrouvais mon frère aveugle couvert de bleus et les autres enfants lui avaient volé son repas. Je cherchais les coupables, je les tabassais jusqu'à ce qu'ils aient le nez en sang. Après quoi, c'était le surveillant qui me frappait jusqu'à ce que j'aie le nez en sang. J'étais le mauvais garçon de l'orphelinat, un vrai dur à cuire. Le lendemain, pendant que j'étais à l'école, Eunsu subissait la vengeance de ceux que j'avais frappés la veille, au retour de l'école, je le vengeais de nouveau, puis le surveillant me frappait encore plus fort. Trois catégories d'êtres humains passaient donc leurs jours à punir et à se venger. Pendant cette période, on aurait dit que j'exerçais le sang que j'avais hérité de mon père, que je m'entraînais à la violence, au cri, au mensonge, à la révolte et à la haine. J'étais devenu une bête. Sinon, je n'aurais pas su comment continuer. Si je n'étais pas devenu une bête, je n'aurais été rien du tout.
(p. 85-86)
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- Euh... à propos de l'exécution [des condamnés à mort, en masse, en Corée du sud]... vous êtes avertis à l'avance ?
Il hésita un instant avant de répondre :
- Oui, la veille au soir... Quand la nouvelle tombe, nous les éducateurs, on est obligés de boire pour la faire passer. Ce sont des criminels, au début on les déteste... mais en les accompagnant un bout de chemin, on finit par s'attacher. A lire la presse, ce sont des bêtes, mais quand on les connaît, ce sont des êtres humains comme nous. Et les hommes sont à peu près tous pareils, finalement... Après l'exécution, pendant un mois à peu près, on ne peut pas vivre sans alcool.
(p. 282-283)
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Ce n’est pas parce qu’on est habitué à être trahi qu’on ne souffre pas à chaque trahison, ce n’est pas parce qu’on tombe souvent qu’on se relève facilement une fois encore.
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Video de Ji-young Gong (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ji-young Gong
Née en 1963 à Séoul, Gong Ji-young est une romancière très populaire en Corée. Elle participe aux luttes étudiantes contre la dictature des années 80, pour défendre la démocratie et les droits des exclus de la société. Ecrivaine engagée, elle est appréciée pour ses œuvres qui traitent de la condition des femmes et des travailleurs, des maltraitances dont sont victimes les handicapés, de la répression sexuelle… A l'occasion de la Nuit des Idées 2021, elle s'est entretenue avec Choi Mikyung, traductrice coréenne. Sous-titres en Français
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