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Critiques de Ji-young Gong (133)
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Nos jours heureux

Voici un très beau roman coréen qui m'a beaucoup émue pour les multiples questions sur l'amour qu'il suscite comme les ravages d'une enfance dépourvue d'amour et la rédemption à travers la peine de mort.



Yujeong n'est plus que l'ombre d'elle-même, la mort l'obsède tant sa vie lui semble vaine. Après une énième tentative de suicide, sa tante Monica lui propose à l'alternative d'une hospitalisation en psychiatrie, de l'accompagner à la Maison d'arrêt de Séoul voir un condamné à mort, Yunsu.

Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'elle accepte mais sa tante Monica compte tant pour Yujeong.



Quand elle rencontre Yunsu, quelque chose lui est familier chez cet homme, la souffrance éveille les signaux chez ceux qui la connaissent. Les deux écorchés, à force d'écoute, de réflexions, d'empathie vont tisser un lien qui doucement leur apprendra à pardonner.



L'écriture de l'auteure est une petite merveille, un temple où se côtoient poésie et douleurs.



Une juste réflexion est aussi portée sur la peine de mort avec une immersion auprès d'un prisonnier menotté nuit et jour, traité comme un insecte avec une explication évidente de la transformation latente d'un innocent en monstre.

Quant a Yujeong, c'est le poids d'une enfance piétinée qui est au centre où l'amour n'avait pas sa place.



Un roman qui happe, sonne juste et nous rappelle que nous ne naissons pas tous égaux, que derrière chaque coups mortels se cache un être qu'on a étranglé trop jeune, à qui il ne lui aura pas été appris à aimer.
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Nos jours heureux

Bon sang quelle rencontre ! Ce livre est une véritable pépite, j'ai rarement été transporté à ce point.

Pour commencer il me faut dire que je suis loin de mes lectures habituelles, ma première expérience en littérature Coréenne, ma première rencontre avec Ji-young Gong et un thème un peu particulier puisqu'il sera question de prison et de peine de mort.

"Yujeong a le cœur en miettes lorsque sa tante Monica, qui est religieuse, l’emmène à la Maison d’arrêt de Séoul visiter un condamné à mort", c'est le point de départ d'un récit envoûtant et transcendant au sens propre du terme.

Réflexions sur le mal de vivre, sur la perception du malheur et de l'injustice, cette rencontre entre une "fille de bourgeois" et un meurtrier pourrait tomber dans les travers du cliché ou de la caricature mais ce ne sera pas le cas ici car ce qui fait la force et la beauté de ce récit est son extraordinaire justesse de ton, sans "pathos" aucun.

La construction de cette histoire est d'une maîtrise rare, sa progression est subtile et surtout cohérente.

Si j'ai vécu cette lecture de façon intime, c'est qu'en suivant la transformation de ces deux êtres qui vont devoir "s'ouvrir" pour grandir, je me suis ouvert moi-même à des questionnements qui m'ont passionné et remué comme je n'aurai pas pensé l'être.

La peine de mort étant abolie en France depuis 1981, il s'agit d'un thème de réflexion qui m'était inconnu, ce livre m'a permis de me forger une idée précise tant les arguments sont forts et évocateurs.

Je vais m'arrêter là avec le regret de ne pas trouver les mots qui conviendraient vraiment pour exprimer toute l'émotion que m'a procuré cette lecture.

J'ai juste envie de dire, lisez-le ! Je pense que vous ne le regretterez pas.

Il me reste à remercier Anne (Bruidelo) pour m'avoir fait découvrir ce très beau livre.



"Voilà, j’avais enfin compris pourquoi tante Monica allait dans cette prison depuis trente ans..."
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Ma très chère grande soeur

“Maintenant que j’y pense, la première personne à avoir vu mon visage quand je suis venue au monde, c’est elle, Bongsun. C’est elle aussi qui a donné à ma mère la nouvelle décevante que le nouveau-né était malheureusement une fille, elle encore qui a sacrifié son sommeil pour bercer le nourrisson à la place de ma mère.....Elle n’avait que douze ans.” C’est Jjang-a, écrivaine ( l’auteur ?),qui raconte quarante ans plus tard.

Le père de la narratrice est parti étudier aux Etats-Unis, en laissant une femme et trois enfants sans moyen financier dans une vieille bicoque d’un bidonville d’un quartier de Séoul. Dans la famille il y a une autre petite fille abandonnée, réfugiée chez eux et dans ce milieu de misère faisant fonction de domestique, Bongsun. Elle est la “ma très chère grande sœur” qu'un lien particulier lie à la narratrice , “Elle était pour moi une mère, une grande sœur, en même temps qu’une amie et le premier être humain que j’ai vu en arrivant dans ce monde.”. Bongsun est aussi une conteuse hors pair, une conteuse d’histoires terrifiantes...un peu trop 😊.

Mais les choses n’en resteront pas là, tout va radicalement changer.....

La narratrice, nous raconte avec beaucoup de délicatesse, sa petite enfance (0-6 ans) solitaire, celle d’une enfant sensible, intelligente, espiègle et éveillée dans un pays, la Corée du Sud, dans les années 60. Un pays englué dans la misère et dont le fossé entre les classes sociales sont des ravins. En toile de fond la triste histoire de Bongsun, une vie sans famille où elle vit avec ses instincts et ses pulsions, un destin laissé aux bons soins du bon Dieu et de la mère de Jjang-a. La petite fille apprendra par son biais, très jeune,les dures réalité de la vie.

C’est triste, dur et émouvant, mais l’affection réciproque de la petite fille pour Bongsun, la finesse et la subtilité des divers détails dont celles des coutumes coréennes ( "Elle portait un hanbok blanc en signe de deuil"), et de très belles réflexions sur la Vie, en font une belle histoire, beaucoup plus profonde qu'elle ne paraît.



Je dois dire que la photo de couverture du livre a été décisive pour mon achat, si vous y jetez un coup d’œil vous m’en donnerez raison . Mais la petite Jjang-a est beaucoup moins innocente que la petite fille de la photo 😊, mais IRRESISTIBLE,

comme elle.....

C’est un livre qui vient de sortir, une prose aiguisée et subtile, une très belle traduction,un livre poignant qui en vaut le détour !
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Ma très chère grande soeur

Une petite fille, une autre à peine plus âgée qui lui procure soins et affection ; à travers le regard d’une enfant, l’auteur nous décrit la situation des gamines «adoptées» de Corée du Sud transformées en bonnes à tout faire.

Pierre-Romain Valère dans Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
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Nos jours heureux

Yujeong trimballe son mal-être avec l’«envie de jeter sa vie tout entière à la poubelle et de crier au monde : Oui, je suis une merde, j'ai tout raté... je suis un cas désespéré...». Après une nouvelle tentative de suicide, plutôt que d’aller à l’H.P., elle accepte d’accompagner sa tante, la seule personne avec qui elle a une relation sympa, dans ses visites à un condamné à mort. Et c’est une thérapie qui va plutôt bien lui réussir.

On a une double narration qui nous donne accès, en plus du point de vue de Yujeong, au témoignage de Yunsu, le condamné - et son cahier bleu, c’est du lourd, avec un tableau d’une dureté sociale terrible.

Au début, l’alternance des narrateurs empêche peut-être une totale plongée dans l’univers romanesque, mais finalement ça marche bien, très bien même. Gong Ji-Young nous raconte avec beaucoup de finesse une vraie, une très belle rencontre entre ces deux personnages de milieux sociaux bien différents. Une relation forte, avec ses jeux de miroir et des émotions, des sentiments puissants subtilement évoqués, qui va leur permettre de s’attaquer à leur prison intérieure.
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Nos jours heureux

Je viens de refermer ce livre et je ne sais que dire !!

2 personnes que tout oppose. Et pourtant...

Ce livre n'est pas un playdoyer pour ou contre la peine de mort.

Je dirais que c'est un livre qui permet à chacun de s'ouvrir à l'autre... Apprendre à ne pas juger. Chaque personne est à chaque moment de sa vie différente, chacun évolue.

La gentillesse, la méchanceté, la tendresse, la violence, l'amour, la haine, le pardon, l'hypocrisie. Ce livre est un ensemble qui regroupe tous ces sentiments...

Je n'ai pas de mots pour qualifier ce que je ressens, excepté que j'ai été touchée au plus profond de moi...
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Nos jours heureux

-"Euh...à propos de l'exécution... vous êtes avertis à l'avance ?

- Oui, la veille au soir... Quand la nouvelle tombe, nous les éducateurs, on est obligés de boire pour la faire passer. Ce sont des criminels, au début on les déteste... mais en les accompagnant un bout de chemin, on finit par s'attacher. À lire la presse, ce sont des bêtes, mais quand on les connaît, ce sont des êtres humains comme nous. Et les hommes sont à peu près tous pareils finalement. Après l'exécution, pendant encore un mois à peu près, on ne peut pas vivre sans alcool. Tenez, il y a quelqu'un qui a dit, quand on est témoin d'un meurtre, on devient partisan de la peine de mort, quand on a été témoin d'une exécution, on devient partisan de l'abolition de la peine de mort... Enfin, ni le meurtre ni la peine de mort ne sont vraiment acceptables. Je vous ai dit tout à l'heure que j'étais content de travailler ici, mais après une exécution, j'ai vraiment envie de tout laisser tomber. Il y a beaucoup d'anciens éducateurs de prison qui se mettent à faire du prosélytisme chrétien ou deviennent moines bouddhistes. C'est assez compréhensible, en fait."



Je crois que ce passage donne bien le ton, reflète assez bien le propos du roman best-seller bouleversant de Gong Ji-Young, écrivaine et militante féministe, activiste engagée dans les années 80 contre la dictature militaire et pour la démocratisation de son pays.



Ce roman a pour thèmes centraux la libération de l'individu à travers le cheminement obligé vers l'amour, le pardon, la rédemption.



Cette quête, ce cheminement vont être incarnés par deux naufragés de la vie que sont Yujeong, une jeune trentenaire célibataire, violée à quinze ans par un de ses cousins, rejetée par sa mère pour ne pas mettre en péril le statut social de la famille, et par Jeong Yunsu, un criminel de vingt-sept ans au parcours "Dickensien" (j'aurais pu choisir une autre référence... il y en a tant...), en attente d'être exécuté après avoir commis deux féminicides, dont un viol sur une mineure de dix-sept ans...

Ces deux êtres à la dérive, qui n'ont apparemment en commun qu'un attrait morbide pour la mort, vont s'apprivoiser et commencer à apprendre à vivre.



En dehors de l'intrigue proprement dite, le roman de Gong Ji-Young, outre le fait de nous offrir quelques personnages d'envergure, nous permet d'approcher une Corée, que par méconnaissance, beaucoup associent à une démocratie idyllique... en opposition à sa turbulente "frangine" du nord, incarnée depuis 1953 par la dynastie des Kim.

Or le background dans lequel évoluent les personnages de l'oeuvre montre qu'il n'en est rien...



Comme je l'ai dit précédemment, j'ai trouvé cette lecture bouleversante. Pour trois raisons.

D'abord parce qu'elle l'est, ensuite parce que j'ai voulu m'affranchir de toute velléité "psychologisante".... Et que pour finir, j'ai refusé de me laisser aller à la tentation de "la ficelle est un peu trop grosse"...





J'ajoute que le style de l'auteure coule,fluide, limpide, simple, naturel, fort et efficace...



Si vous souhaitez faire connaissance avec une certaine Corée du Sud, superbement illustrée par les personnages et l'histoire écrite par Gong Ji-Young. Si vous voulez vivre de belles et fortes émotions, ce roman vous comblera.

Roman d'amour, roman "policier", roman sociétal et social, roman "militant" au sens noble du terme, on comprend pourquoi on dit de Gong Ji-Young qu'elle a révolutionné le genre.
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Ma très chère grande soeur

Bongsun n'avait rien, elle est venue se réfugier chez nous. Nous non plus n'avions pas grand-chose, papa était parti étudier aux Etats-Unis, maman travaille au marché de Séoul. Bongsun n'a comme atout que son humeur égale, son sourire, ses histoires … dont je raffole. Elle m'emmène partout sur son dos, elle nous aide de son mieux s'occupant de moi avec gentillesse et bienveillance. Lorsque papa rentre et trouve un emploi Bongsun comprend qu'elle ne fera jamais parti de la famille ...

Un livre qui nous permet de découvrir la Corée des années soixante au travers des yeux d'une très jeune fillette. La vie est dure et pas toujours très juste mais plutôt que se révolter Bongsun aborde sa destinée sans haine ni violence. Les mots sont choisis, la toile qui se manifeste à nos yeux apparait par petites touches.

Est-ce une autobiographie ? Le récit le laisse à penser … mais rien ne nous le prouve.

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L'échelle de Jacob

Sous le regard de la lune, pleine et bleue, contemplant le silence, je me remémore la vie de Frère Jean. Il y a des vies que l'on n'oublie pas, comme des instants de bonheur venus éclaircir votre horizon. Frère Jean est là devant moi, dans sa robe monacale. Il est vieux maintenant, plus le genre à monter sur une échelle. Pourtant, il a encore la mémoire vive et les souvenirs douloureux. Oui l'amour fait mal. Il cogne, il frappe quand on ne l'attend pas. Il fait se poser des questions, puis il disparaît le jour, un jour, pour revenir chaque nuit, une vie.



Frère Jean me plonge dans ce monastère bénédictin près de Daegu, en Corée du Sud. Avec quelques moines allemands venus délivrer la parole de Dieu, il y sera question de foi et de choix, d'amour et de guerre, et beaucoup de silence. Le silence et l'amour sont étroitement liés, comme la lune et le sourire d'une femme. A chaque livre ouvert, il y a ce silence et ce sourire. A chaque bière bue, il y a ce silence et ce sourire. Aujourd'hui une Paix Dieu brassée les nuits de pleine lune, pour communier avec Frère Jean, avec le sourire de cette femme qui a bousculé sa vie, avec ce monastère. Et avec la littérature.



Oh oh vertige de l'amour. La fidélité à Dieu. Yeah vertige de l'amour. Dieu avait mis un kilt. Et la Corée se déchire, se divise. La rouquine carmélite. Et mon errance littéraire dans les couloirs froids de ce monastère, l'cœur transi reste sourd, quelques bouteilles de vin à vider. En Corée.



Il y a des bouquins dont vous ne soupçonnez pas leur portée avant d'avoir tourné la dernière page. Comme pour les histoires d'amour. Au mot FIN, vous essayez d'ouvrir un nouveau chapitre de votre vie, comme pour les histoires d'amour, mais clairement vous vous en sentez incapable, parce que trop ancré en vous. "L'échelle de Jacob" est ce roman, avis totalement personnel, je ne parle toujours qu'en mon nom propre pour ne pas m'imposer dans la vie des lecteurs, qui marque une vie, la mienne. Il me rappelle d'ailleurs, dans le même registre - ce n'est peut-être donc pas un hasard, "Au col du mont Shiokari". Jamais je n'oublierai les mots de l'auteure, comme le sourire de cette femme ou le clair de lune qui illumine mes lectures comme mes musiques, mes nuits.
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Ma très chère grande soeur

Écrire sur l'enfance, et en particulier sur la sienne, est plutôt une garantie de succès littéraire. On est particulièrement touché par les héros enfants, sans doute parce qu'ils nous renvoient tous à une expérience personnelle ou aux enfants qui nous entourent, fils, filles, neveux, nièces. Pourtant quand on pense à sa propre enfance, on a toujours un doute : mes souvenirs sont-ils réellement les miens ou le mélange savant des anecdotes qu'on m'a raconté et des images marquantes qui imprègnent ma mémoire comme des flashs, mais sans la consistance d'un souvenir précis qui me permettrait de bien le raconter. Par exemple je sais que j'ai goûté pour la première fois à l'alcool en récupérant une goutte sur la table de chevet de mon arrière-grand père malade, dans la maison de repos où il a fini ses jours. Je le sais parce que j'ai le souvenir flash de ce goût écoeurant et d'un très vieux monsieur malade sur un lit et que ma mère a fait le lien avec les visites régulières qu'elle faisait avec moi quand j'étais très petit (3-4 ans). Mais de là à réellement me rappeler ce que j'ai pensé à l'époque, ce que j'ai pu observer, le chemin est long.



Pourtant c'est à cette tâche que s'attelle Gong Ji-Young dans ce livre. En effet, elle décrit son enfance de 4 à 6 ans, en tentant réellement de recréer cette période le plus possible à partir de ses propres souvenirs. Elle indique régulièrement quand les souvenirs s'appuient sur ce que sa mère lui a raconté, sur les photos d'un évènement, mais son récit est surtout constitué du regard de cette petite fille sur les adultes, un regard très mature (et que l'on peut donc supposer aussi forcément reconstruit à partir de ce que l'auteure est aujourd'hui) mais finalement un regard également très original, notamment dans le rapport entre ce que les adultes pensent des enfants et ce que les enfants comprennent de ce qui se joue entre les adultes. Elle décrit notamment très bien ce doute qu'ont les adultes quand les plus jeunes enfants sont témoins de choses qu'ils n'auraient pas du voir... puis ce moment rassurant où ils se disent "Mais non, voyons, elle est trop jeune pour comprendre tout ça !". L'auteur nous donne son point de vue assez simple "Méfiez-vous, ils comprennent vraiment tout... avec leurs grilles du moment, mais ils enregistrent tout".



Au-delà de l'exercice narratif d'un point de vue enfantin le plus sincère possible, le but du livre est également de nous parler de la tradition des bonnes en Corée du Sud, ces jeunes filles que des familles "adoptent" et qui partagent le quotidien de la maison comme si elles étaient une enfant supplémentaire... mais bien avec le rôle de participer avant tout aux différentes tâches ménagères et de garder les enfants les plus jeunes et la maison quand tout le monde est parti. Cela m'a fait penser en miroir à la kafala musulmane qui fonctionne principalement sur le même modèle, loin de nos adoptions occidentales qui cherchent à donner un statut égal à tous les enfants. L'attachement de l'auteure pour cette soeur qui s'est plus occupée d'elle que sa mère et avec qui elle entretient un rapport de sororité à la fois puissant et étrange est vraiment au coeur du livre et explique d'ailleurs tout simplement le titre.



Pour un lecteur occidental, le livre est forcément également le lieu de la découverte du mode de vie coréen, d'autant que l'auteure a pu dans son enfance vivre la pauvreté profonde puis la montée dans l'échelle sociale après le retour du père parti faire des études aux Etats-Unis. On assiste donc aux questionnements d'une toute petite fille face à toutes les différences sociales et elle nous décrit dans le même temps ce qui constitue son quotidien et sonne si "exotique" à nos oreilles. La construction d'une identité, d'une personnalité face à tous ces bouleversements est vraiment intéressante à observer.



Enfin, j'ai trouvé aussi que, contrairement à ce que j'avais pu constater chez beaucoup d'auteurs asiatiques, souvent dans la retenue et la pudeur au niveau de l'expression des sentiments et des relations amoureuses, j'ai découvert ici un ton plus direct et décontracté. L'auteure est très reconnue dans le pays pour ses combats menés pour la défense de la démocratie, le droit des minorités, et elle est je pense une voix à suivre pour mieux comprendre la Corée d'aujourd'hui.



En conclusion, je rapporte ici sa réaction après que le parti conservateur coréen ait réclamé contre elle des enquêtes afin de mieux connaitre ses activités politiques . Elle a écrit alors sur Twitter "Merci au Grand Parti national pour m'avoir rendu populaire à l'international", consciente que l'Occident ne pouvait que s'intéresser à une écrivaine qui remettait en cause le dogme du Parti au pouvoir.
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Nos jours heureux

Rencontre, confrontation puis communion de deux êtres que tout sépare, l’origine, la condition sociale le sexe même mais que l’épreuve d’une dureté souvent insoutenable dans une société dénuée de toute humanité finira par réunir dans le cadre de l’univers carcéral Coréen. Ils sont tous les deux à la peine,

Elle jeune fille de bonne famille mais psychologiquement en miette, lui incarcéré souffrant en cellule les atrocités ayant cours pour le condamné à mort qu’il est se sont rencontrés à l’initiative d’une religieuse, tante de la jeune désespérée. Commence alors au fil des visites un bouleversement de sa vie.

A travers cette rencontre, l’auteure pose question sur la peine de mort mais aussi sur la culpabilité, le repentir et la possibilité du pardon.

Malgré la dureté du sujet j’ai ressenti à la lecture de ce livre une grande sérénité et beaucoup de douceur dues sans doute à l’écriture toute en finesse de GONG Ji-Young.

Ouvrir un livre des éditions Picquier est toujours pour moi qui suis une amoureuse de l’Asie la promesse d’un voyage littéraire de qualité.

Je voudrais souligner également l’esthétisme de la couverture représentant un visage de jeune fille derrière un rideau de pluie… ou de larmes ?

N’hésitez pas à lire ce livre bouleversant, émouvant et tout simplement beau.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Picquier.





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Nos jours heureux

Issue d'une riche famille séoulite, Yujeong n'y a pas trouvé sa place. Marquée par un drame intime, elle est en rébellion depuis ses quinze ans et s'oppose particulièrement à sa mère qui ne l'a jamais soutenue. A 30 ans, elle vient de faire une troisième tentative de suicide, encore un appel à l'aide ignoré par les siens, sauf par sa tante, religieuse catholique qui office sous le nom de Soeur Monica. La vieille femme lui propose de soigner son mal-être en se frottant à la vraie misère en l'accompagnant à la Maison d'arrêt de Séoul lors de ses visites. C'est ainsi que, bon gré, mal gré, Yujeong rencontre Yunsu, un prisonnier condamné à mort pour un triple meurtre. Comme elle, il est jeune mais il attend la mort, il la souhaite même pour mettre fin à une vie de souffrances. Confrontée à cet homme dont elle se sent si proche alors qu'ils n'ont rien en commun, Yujeong, qui jusque là vivait recroquevillée sur elle-même, s'ouvre à l'autre, le découvre, se sent capable de s'attacher à un autre être humain.



Située en 1996, au moment où la Corée exécutait encore ses condamnés à mort, l'histoire de Yujeong et Yunsu raconte plus la rédemption que la mort. La jeune fille de bonne famille qui se déteste, cherche à se détruire et le prisonnier qui n'a connu que la violence et la misère se retrouvent une fois par semaine dans une petite pièce, sous le regard protecteur d'un religieuse et la surveillance d'un gardien silencieux. Réticents au départ, ils finissent par s'apprivoiser et se livrer. Celui qui a survécu aux coups d'un père alcoolique, à l'abandon d'une mère, à la perte d'un petit frère aveugle, aux brimades de l'orphelinat, au froid de la rue s'interroge sur un destin qui semblait tout tracé pour le conduire entre ses murs, enchaîné comme une bête, à attendre la pendaison qu'il pense mériter. Elle avait tout pour être heureuse, la beauté, l'argent, tous les atouts pour s'accomplir professionnellement et trouver un mari tout aussi nanti qu'elle. Mais une agression sexuelle a mis un terme à son envolée et l'a plongée dans une dépression telle qu'elle veut en finir avec la vie.

De leur rencontre naîtra la pureté d'une relation basée sur la confiance, l'amour, le pardon et la foi.

Poignant mais aussi optimiste, ce récit n'est pas un plaidoyer contre la peine de mort, plutôt une interrogation sur la façon dont la Corée traite ses condamnés et leur impossible rachat. Dans une prison coréenne, le condamné est enchaîné jour et nuit, lape plutôt qu'il ne mange la soupe insipide qu'on lui sert, ne dispose d'aucun argent, d'aucun chauffage, son seul droit est un conseiller religieux de la confession de son choix. Certains acceptent leur situation grâce à leur foi et trouvent le chemin de la rédemption et du pardon. Mais il ne leur est pas accordé de seconde chance. Jusqu'en 1997, la Corée pendait les condamnés à mort, depuis, bien que la peine de mort soit toujours inscrite dans constitution, elle les laisse vivoter en cellule.

Un livre très émouvant, même si les considérations religieuses peuvent irriter par moment. Il faut en faire abstraction et ne retenir que la beauté de ces parcours de vie qui convergent dans l'amour. Une lecture bouleversante.
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Ma très chère grande soeur

Tel un chat qui quitte des maîtres négligents pour se trouver un nouveau toit, Bogsun, maltraitée et affamée par sa famille d'accueil, a choisi la famille de Jjiang-a pour fuir ses bourreaux. Chez Jjiang-a on est pauvre mais généreux. le père poursuit ses études aux Etats-Unis, la mère travaille au marché, la famille vit en location dans un sombre sous-sol mais Bogsun y reçoit chaque jour sa part de riz.

Elle avait 12 ans à la naissance de Jjiang-a et c'est tout naturellement qu'elle a pris la petite en charge, la promenant sur son dos, la nourrissant et l'endormant au son de ses histoires. Jjiang-a grandi avec cette soeur qu'elle suit partout, partageant son lit, ses secrets et ses escapades nocturnes. Pourtant, avec le retour au pays du père, la situation change. A mesure que la famille prospère, déménage dans un meilleur quartier, devient propriétaire, Jjiang-a prend conscience que Bogsun n'est pas vraiment sa soeur, plutôt une domestique que l'on tolère par pure bonté, pour finir par devenir une charge indésirable...



Quelque quarante ans plus tard, Jjiang-a, auteure reconnue, engagée contre la dictature, raconte sa ''très chère grande soeur'' dont le sourire et l'optimisme ont illuminé son enfance. Et pourtant, comme le reste de la famille, elle s'en est détachée, allant jusqu'à l'effacer de sa mémoire. Compagne de misère, Bogsun en est aussi le témoin gênant et ne saurait les suivre dans leur ascension sociale. C'est aussi ce que décrit Jjiang-a : la Corée du Sud des années 60, la pauvreté extrême, la solidarité, l'ambition de s'en sortir et la perte des valeurs de ceux qui s'enrichissent.

Une écriture simple pour dire l'insouciance et l'amour inconditionnel de l'enfant, mais aussi le rejet, la honte et la culpabilité de l'adulte. Beaucoup de profondeur et de sentiments pour cette auteur qui sait toujours toucher au coeur. Même s'il n'a pas la puissance de Nos jours heureux, Ma très chère grande soeur est un beau roman au ton doux-amer. Bogsun, durement marquée par la vie mais toujours solaire et souriante restera longtemps dans l'esprit du lecteur.
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L'échelle de Jacob

Quelques dix ans après les faits, frère Jean se souvient des évènements qui ont ébranlé sa foi. Dans la sérénité d’une abbaye bénédictine proche de Daegu, il avait décidé de consacrer sa vie à Dieu. Il était alors un jeune novice de vingt-neuf ans, inséparable des frères Angelo et Michaël et rencontrait So-hui, la nièce de l’abbé.



Avec la sensibilité qu’on lui connait, Ji-young Gong nous introduit dans l’intimité d’un novice dont la foi vacille lorsqu’il rencontre une jeune fille et en tombe amoureux. Prêt à quitter les ordres pour vivre pleinement cette histoire, il est aussi fortement perturbé par la mort de deux de ses compagnons. Le doute s’installe alors dans son esprit et les questions abondent. Est-ce Dieu qui a mis So-hui sur son chemin ? Pour éprouver sa foi ou pour l’aimer ? Et pourquoi a-t-il rappelé à lui deux cœurs purs et idéalistes ? Qu’ont-ils fait pour mériter de mourir si jeunes ? C’est auprès du père Thomas que Jean, tourmenté et indécis, reprend confiance en sa vocation. Le vieil homme, d’origine allemande, lui confie les épreuves subies durant la guerre de Corée et sa détention inhumaine dans un camp au nord du pays. Il ne sera pas le seul à lui parler de cette guerre fratricide dont la Corée conserve encore les douloureuses cicatrices. Sa propre grand-mère cache bien des secrets concernant cette période troublée.

Ainsi l’autrice mêle les petites histoires à la grande Histoire et dévoile un pan du terrible passé d’un peuple qui a beaucoup souffert. Cependant, c’est un livre rempli de bonté et d’amour qui parle de foi, de deuil, de pardon et de résilience.

Malgré son ancrage dans un monastère bénédictin, L’échelle de Jacob parlera à tout un chacun grâce à sa dimension universelle. Beau et émouvant.

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Nos jours heureux

Gros coup de coeur

Beau, émouvant, bouleversant éprouvant, je cherche les mots pour qualifier ce livre. Je l'ai terminé en larmes mais avec une très grande satisfaction de l'avoir lu.

La rencontre entre Yujeong, jeune femme en mal de vivre, sa tante Monica, religieuse et Yunsa, condamné à mort est d'une incroyable force.

Ces pages passées avec eux remuent et font réfléchir sur la peine de mort, les blessures, le pardon, et la vie.

Ces thèmes sont abordés avec beaucoup de sensibilité et d'amour.

Je vous le conseille, vous passerez un moment intense.
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L'échelle de Jacob

Absolument sublime !

La couverture était douce et le résumé prometteur, mais je n’aurais pas cru que ce roman serait aussi beau.

L’écriture est magnifique, empreinte de douceur, de poésie et de retenue dans les sentiments.

L’histoire, bien que Coréenne, est à l’image des poupées russes, une intrigue principale donne naissance à une intrigue secondaire, qui elle-même nous entraîne dans une troisième histoire, laquelle permet de révéler des secrets en lien avec l’histoire principale.

L’auteur nous relate l’histoire d’un homme qui a fait le choix de s’engager auprès de Dieu, mais dont les convictions vont brutalement être remises en cause par un tsunami émotionnel.



Frère Jean est aspirant à la prêtrise dans un monastère en Corée du Sud.

C’est lui qui nous raconte un épisode de sa vie, survenu dix ans plus tôt.

En l’espace de quelques semaines, il va être confronté à la rencontre bouleversante avec une femme, à la mort de deux compagnons et à un secret de famille.

Le tout baigne dans une ambiance qui oscille sans cesse entre la sérénité qui règne au sein du monastère, et les vagues successives et dévastatrices qui ravagent le cœur et l’âme des personnages.

Certains éléments de l’Histoire de la Corée sont évoqués et apportent un éclairage nouveau à des tragédies personnelles.



Ce roman est atrocement émouvant mais sans aucune niaiserie, les protagonistes semblent ballotés par l’Histoire, comme de vulgaires pions, mais les choix qu’ils feront, parmi lesquels celui d’accepter la mort ou de choisir une certaine forme de vie, leur confèrent une dignité et une force incroyable.

Nul besoin d’être croyant pour se plonger dans ce roman, même si la plus grande partie se déroule au sein des murs du monastère.

J’ai beaucoup aimé découvrir ce qu’impliquaient la foi et l’engagement auprès de Dieu, confrontés aux passions des hommes et aux réalités politiques et sociales d’un pays.



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L'échelle de Jacob

Voilà un roman bien complexe, il renferme quasiment plusieurs romans à lui tout seul. Il y a d'abord l'histoire de Frère Jean et son questionnement sur la vie au monastère et son engagement auprès de Dieu. Il y a ensuite sa romance avec So-hui et l'histoire de la Corée. Tout ça s'emboîte pour donner L'échelle de Jacob, un roman dense et riche qui demande du temps. C'est une lecture qui ne se dévore pas au contraire il s'agit de ce genre de roman qu'il fait prendre le temps de lire pour l'apprécier à sa juste valeur.



C'est ici ma première rencontre avec l'auteure coréenne, sans doute plus connu en France pour Nos jours heureux (que je n'ai pas encore lu d'ailleurs !) et je dois dire que je suis conquise par sa plume qui est magnifique. Pleine de pudeur comme beaucoup d'écrivains asiatiques, pleine de poésie, on pourrait relever un tas de citation tant son écriture est belle. Le livre est documenté, elle nous raconte l'histoire de la Corée, la pauvreté, les coutumes en toile de fond de l'histoire de Frère Jean.



Frère Jean justement est un personnage très attachant qui nous raconte son histoire. Il se livre sur sa vie au monastère, son engagement, ses doutes parfois et sur son histoire d'amour avec So-hui que j'ai eu du mal a cerner.

"- Vous ne voulez voir les religieux que comme des êtres en manque de relations sexuelles. Franchement, cette idée m'offusque. Un homme amoureux d'une femme et qui lui jure fidélité est un héros romantique, tandis que nous, qui faisons serment de consacrer notre existence à la recherche de la vérité et donc à Dieu, sommes toujours considérés comme un objet d'étude et de curiosité, le symbole même de l'interdiction et de l’inhibition sexuelles, et je déteste cette réalité. "



La vie monacale est magnifiquement décrite, l'auteure a su trouver les mots justes pour la décrire.

"Pour expliquer la vie au monastère, il faut avant tout mentionner le silence. Pendant mes années passées ici, j'ai appris que le silence n'était pas seulement le calme ou l'absence de bruit. Au contraire, il s'agit plutôt d'une écoute très attentive. Le silence est nécessaire pour percevoir le bruit au-delà du bruit, la sensation au-delà de la sensation."



C'est un très beau roman qui mérite d'être davantage connu et il me tarde maintenant de lire Nos jours heureux.
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Ma très chère grande soeur

Jjang-a, écrivaine, apprend par sa mère que Bongsun a disparu après avoir suivi un homme dont elle était amoureuse...Enfant la jeune Jjang-a avait développé dès sa naissance des liens très forts avec Bongsun qu'elle côtoyait et considérait comme sa mère. Cette dernière peu maternelle, rudoyait souvent la jeune fille, s'immisçant et régentant sa vie de façon autoritaire. En grandissant, Jjang-a se rend compte de cette situation et comprend qu'en fait, la jeune fille n'est pas sa sœur mais la petite servante, recueillie par la famille et maintenue dans une relation d'infériorité et de servitude...Bongsun, docile ne prend pas ombrage de ce traitement, acceptant cette place spécifique, mais, naïve, se laisse séduire par un jeune homme avec qui elle s'enfuit, une première fuite qui va se renouveler près de trente ans plus tard . 



Ji-young Gong évoque avec ma très chère grande soeur, la vie des jeunes filles, souvent arrivées de la campagne, placées par leurs parents dans des familles pour y travailler comme servante, une situation dans lesquelles les jeunes filles ont peu de libre arbitre, peu d'éducation et qui peuvent se laisser berner dès les premiers signes d'attention, de compassion ou d'un regard bienveillant de la part du premier venu. Une présence dans la famille souvent discrète mais qui marque les enfants qu'elles éduquent, ayant le rôle de mère de substitution et c'est ce que décrit Jjang-a, une fois adulte, au moment de la disparition de Bongsun avec un amant de passage. Ma très chère grande sœur est le point de vue de la petite fille, qui découvre et comprend au fur et à mesure, l'attitude de celle qu'elle considère comme une grande sœur et qui en prend la défense par rapport à une mère insensible, qui reste dans le jugement sans essayer de comprendre la jeune servante.

Un roman d'apprentissage sensible et qui dévoile l'intimité d'une jeune servante dans le regard d'une petite fille.
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Nos jours heureux

*****



Yujeong a par trois fois chercher à en finir avec sa vie. A l'issue de sa dernière tentative de suicide, elle a le choix entre une thérapie ou rester aux côtés de sa tante Monica pendant un mois. Celle-ci est religieuse et voue son temps et son énergie à visiter les pauvres et les condamnés à mort. C'est donc ainsi que Yujeong va faire la rencontre de Yunsu, un homme accusé de meurtres et de viol. Les heures qu'ils vont passées ensemble à se raconter vont être pour chacun comme une renaissance...



Lors de sa parution en 2005, et depuis toutes ces années, malgré son succès, je n'avais jamais entendu parler de ce roman coréen. C'est donc une véritable découverte et un vrai coup de cœur...



Yujeong est une jeune femme blessée, meurtrie dans son corps et dans son âme. Alors qu'elle a subi un terrible traumatisme durant son adolescence, elle n'a jamais été épaulée par sa famille. Aucun soutien, aucune compassion... Les mots tendres sont choses rares, voir inexistantes. De ce manque de chaleur va naître un dégoût de soi, une totale transparence...



Quant elle rencontre Yunsu, condamné à mort dans la maison d'arrêt de Séoul, c'est avant tout pour suivre sa tante. Elle ne croit pas aux mots, aux paroles, au pardon. les gens bons ne sont que des hypocrites qu'elle a en horreur. Mais de leurs heures enfermées, menotté pour l'un, recroquevillée pour l'autre, va germer une lueur de vie.



C'est un roman poignant sur l'amour, la mort, le pardon et la rédemption. C'est également une plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort, à juste titre dénoncée comme une vengeance, une autre forme de meurtre. Elle n'apporte pas grand chose, si ce n'est un peu de douceur sur des plaies à vif, mais une douceur bien fugace et surtout irréelle...
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Nos jours heureux

Corée du sud, 1996.

Yujeong et Yunsu ont envie de mourir.

Yujeong, parce qu'elle est dépressive ; elle vient de faire sa troisième tentative de suicide.

Yunsu, parce qu'il est dans les couloirs de la mort, alors autant en finir, vite. D'autant que le système sud-coréen est particulièrement pervers : les condamnés ne connaissent pas à l'avance la date de leur exécution.



Yujeong et Yunsu se rencontrent, par l'intermédiaire de la tante religieuse de Yujeong, visiteuse de prison. A la prison de Séoul, les condamnés à mort sont obligatoirement suivis par un conseiller religieux - ils ont le choix entre bouddhisme, protestantisme et catholicisme.



Yujeong et Yunsu ont à peu près le même âge, une trentaine d'années, ils ont vécu jusqu'alors dans des univers totalement opposés. Elle dans un milieu d'intellectuels nantis, dotés "de belles situations" ; lui dans la misère, sous les coups d'un père alcoolique et puis il a dû survivre à l'orphelinat, dans la rue et protéger son petit frère de la violence des caïds.



J'attendais beaucoup de cet ouvrage, l'idée de confronter une personne suicidaire et un condamné à mort est intéressante. Je suis déçue. Les propos sur la peine de mort m'ont semblé superficiels ; j'ai lu d'autres ouvrages, vu des films qui m'ont davantage bousculée et fait cogiter sur la question (pour, contre, oui mais...). Cela dit, il faut placer les réflexions de l'auteur dans leur contexte, ce genre de propos est probablement audacieux en Corée du Sud au début des années 2000 (lieu et période de la publication originale).

L'aspect religieux m'a dérangée également, j'y ai vu une démarche prosélyte. Je ne suis pas certaine que ce soit l'intention de l'auteur, mais les références appuyées à l'amour de Jésus ont tendance à me faire décrocher.

J'ai trouvé les courts extraits du cahier de Yunsu bouleversants, en revanche les états d'âme de Yujeong m'ont trop souvent agacée. Sa souffrance est palpable, mais le côté vilain petit canard immature, bof...

Dernier reproche personnel : j'adopte difficilement le rythme et le ton de la littérature asiatique...



Lecture décevante, qui m'a peut-être trop rappelé 'La dernière marche' (film de Tim Robbins, 1995, adapté du témoignage de Sœur Helen Prejean), que j'ai préféré.

Je suis désolée de m'être ennuyée en lisant cet ouvrage, dont je conseille quand même la découverte. Fiez-vous aux autres avis sur Babelio !
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