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3.77/5 (sur 105 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Norfolk, Virginie , le 29/06/1924
Mort(e) à : Fairbanks, Alaska , le 02/03/2011
Biographie :

John Meade Haines est un poète américain.

Il a étudié l'art et la peinture à la National Art School (1946-1947) et à l'American University (1948-1949).

En 1947, il acquiert une propriété de 160 acres à côté de Fairbanks, en Alaska, pour y installer son atelier. Après avoir étudié à la Hans Hofmann School of Fine Arts à New York (1950-1952), il s’installe en Alaska en 1954.

Quand la température fait geler ses peintures, Haines se tourne vers l'écriture. Il a également enseigné l'anglais à l'Université de l'Alaska de Fairbanks.

En 1969, John Haines déménage à San Diego, en Californie. Il a vécu dans plusieurs autres villes avant de retourner en Alaska. Il a enseigné à l'Université de l'Ohio, à l'Université George Washington et à l'Université de Cincinnati.

Auteur d'une quinzaine de recueils de poésie, d'essais et de récits, il a reçu de nombreux prix, dont ceux de la fondation Guggenheim et de l'Académie des arts et lettres.

Son expérience de trappeur, vivant de chasse en solitaire au cœur de l'Alaska, a modelé son œuvre.

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John Haines_ At Home in Alaska


Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Tout le pays se couvre d'ombres. Ombres montées du sol, de la poussière et des ossements désordonnés de la terre. Ombres des arbres qui hantent les paysages boisés de notre enfance, la peur au bout des branches. Ombres des pierres dans le désert, ombres des nuées sur la mer et les collines d'été, porteuses d'eau. Jeux d'ombres dans les étangs et les sources, formes vagues dans la lumière jaune sable.
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Pour qui vit dans la neige et l'observe jour après jour, elle se lit à ciel ouvert. Les pages se tournent au souffle du vent, les lettres ne tiennent pas en place, forment de nouvelles alliances, de nouveaux sens dans un langage qui pourtant reste le même. Langage obscur, parlé par tout ce qui s'en va pour revenir un jour. Le même texte s'écrit là depuis des milliers d'années même si je n'étais pas là, ne serai pas là les hivers prochains pour le lire. Ces parcours d'apparence arbitraire, ces sentiers, ces creux, ces empreintes, ces petites pelotes rondes et dures dans la neige: tout cela fait sens. Il s'y écrit peut-être des choses obscures, d'autres vies s'y manifestent, disent leurs courses et leurs histoires, leurs peurs et leurs morts. Les pattes fines d'une musaraigne ou d'un campagnol dessinent un tracé bref et erratique sur la neige, et voici le trou où disparaît le petit animal. Et là passe la trace d'une hermine, vive et curieuse, qui disparaît à son tour dans l'ombre blanche de ce trou.
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Eteignez toutes les lumières d’une ville, et voyez combien la vie se hâte de retourner aux ombres, à quelle vitesse la crainte ancestrale nous revient des arbres sans lumière et des porches silencieux, tandis que la nuit s’emplit une fois de plus de mufles et de chuchotements, d’ailes râpeuses et de corps pesants qui se heurtent.
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Il m'est impossible de piéger et de tuer sans pensée ni émotion, et il se peut que chaque mise à mort m'inflige à moi aussi une blessure légère, peut-être fatale. La vie ici se partage entre le soleil et le givre, entre le sang vif et la sève des choses, entre leur déchéance et leur mort soudaine.
Tout ceci est parfois dur et cruel mais ne nous voilons pas la face. Je mets à mort une bête dans mon seul intérêt, comme le lynx tue le lapin, la martre l’écureuil, la belette le mulot. La vie est pleine de contradiction, confuse et hésitante au cœur de l'homme, sinon elle vole droit au but comme une flèche.
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Prendre la piste sans un regard en arrière. A pied, en raquettes, en traineau, s'enfoncer dans les collines de l'été dont l'ombre est encore tiède. Un grand feu, une empreinte dans la neige donneraient a voir ma course. Au reste de l'humanité de me trouver si elle pouvait.
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Voici déjà un moment que dans les bois, loin du soleil, dans les creux et ravins où le sol est d'ordinaire humide, la terre a noirci et qu'elle est devenue froide et dure. Les mousses épaisses se raidissent sous les ombres, et des petits cristaux de glace parsèment leur surface velue.
L'eau a baissé dans les flaques des sentiers. Sur les hautes pistes des crêtes, les petites fondrières sont cerclées d'un filet de glace transparent, parfois couvert d'échardes blanches lorsqu'un animal de passage y a laissé sa trace. Un anneau de glace alourdi de feuilles entoure une flaque d'eau laissée par la rivière qui coule en contrebas.
Les eaux se glacent. Des hauts-fonds plantés de roseaux jusqu'au centre des flaques au bord de la route: de la glace noire, claire et dure, avec des bulles blanches. Des plaques de glace opaque qui se brisent facilement sous le pied. Les derniers canards qui hantaient le centre de ces bassins tant qu'il y avait de l'eau ont disparu. Des mottes d'herbe rêche s'y dressent, profondément enracinées, jetant leur ombre sur la glace du soir.
A présent que le gel s'installe, je songe à la rivière. C'est le moment de se promener sur les barres de sable et les îlots tant que la neige y est encore éparse. On est fin octobre, il y a longtemps que les petits cours d'eau de cette grande rivière aux multiples affluents ont cessé de couler, laissant derrière eux des flaques qui ont gelé. Plus loin, derrière la grande île boisée, il reste un bras de rivière qui charrie l'eau. Le son de cette eau, quoique lointain, est puissant, il parcourt cette terre sèche saupoudrée de neige. Un son profond, étouffé, comme si la rivière avait un glaçon dans la gorge.
Un après-midi, je descends le sentier escarpé qui mène à la rive. Je franchis des barres de sable et de glace poussiéreuse pour accéder à la grande île, je longe des piles de bois flottant blanchi par le froid, je passe entre des saules et des aulnes qui m'arrivent à la taille, et j'accède enfin à la rive caillouteuse, semée de neige, où coule l'eau profonde. Je chemine un temps sur la rive couverte de glace où je reste à contempler l'eau. Un petit vent parcourt la grande rivière et les barres gelées, il sent l'hiver.
Libérées de la boue charriée durant l'été, les eaux sont claires dans les hauts-fonds, d'un bleu profond, inouï, au milieu du courant. La glace chevauche l'eau en monceaux qui se bousculent, sombrent dans les rapides en aval et viennent racler les pierres du fond. C'est ici, où le courant ralentit en s'élargissant, que l'eau se fait plus lourde et plus lente sous la glace, toujours plus de glace.
Appelons cela une bouillie de glace, ou une galette de glace. Elle se forme de nuit et pendant les jours de froid, dans l'eau traînante des remous et des hauts-fonds: une gadoue froide qui prend forme, se fait pesante. Dérivant et tourbillonnant dans le courant principal et charriée en aval.
A présent, sur cette eau lourde, de grandes platées de glace arrivent, elles se brisent et se reforment, dérivant au long du courant ralenti: des beignets de glace hirsutes, des fragments carrés ou oblongs aux bords déchiquetés par les chocs de virage en collision, des îlots de glace parmi des lacs d'eau bleu sombre. Poussés tous ensemble vers la rive par le courant, ils raclent la glace de la berge avec un long "shsss" lorsqu'ils y adhèrent avant de reprendre leur chemin. Et avec chaque contact abrupt, un peu de cette gadoue glaciale adhère au bord extérieur de la rive gelée. La glace conquiert du terrain par strates, par crêtes blanchies, elle s'épaissit avec chaque nuit de gel, avec chaque petite vague qui déferle sur elle.
En scrutant les hauts-fonds, je vois se former la glace du fond, une masse spongieuse, informe, gluante qui recouvre les grosses pierres rondes peu éloignées de la surface: la rivière gèle aussi de bas en haut. De temps à autre, un noyau de glace, à force d'absorber l'eau, se détache pour remonter à la surface, ballotté par le courant. C'est une glace sale, grise et chargée de sable, de petites pierres et de débris végétaux.
A hauteur des rapides, eau et glace gagnent de la vitesse et font entendre un fracas rude et vaguement menaçant. Dans les jours à venir, à mesure que le froid augmentera et que le jour s'exilera, la glace flottante se fera plus dure et plus épaisse, ce fracas se changera en un grincement et un crissement plus agressifs. A présent, dans le courant lent qui passe sous mes yeux, j'entends surtout ce "shsss" continu, bouillonnement sonore qui recouvre un son plus ténu, comme de nombreux petits verres se heurtant les uns aux autres.
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Je repose mon ouvrage: la lumière est trop basse, je tends l'oreille. Une voiture passe lentement avant de disparaître de l'autre côté de la colline. Elles ne sont pas si nombreuses en fin d'année.
Les saisons, les années. Le soleil se lèvera sur la colline au printemps prochain, le froid reviendra, il tombera plus ou moins de neige. Si je reste assez longtemps dans ce pays, je pourrai peut-être observer une nouvelle migration des peuplades d'Asie. Ici, plus bas, il y a ce long corridor de terre qui donne accès au continent, un accès encore ouvert jusqu'à ce que la glace le recouvre à nouveau.
Je suis seul, dans ma trente-troisième année, étranger à moi-même et aux quelques hommes que je fréquente ici. Dans ce silence et cette solitude qui ne connaissent pas de bornes, mon enfance me paraît aussi lointaine que cette ère où vivaient mastodontes et paresseux, mais elle demeure vivante en moi, dans cette vie que j'ai choisi de vivre. Je suis ici et nulle part ailleurs.
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La pêche et la chasse, les baies sauvages, les pièges, le bois pour le feu et la nourriture, tout cela nous est offert par ce pays. Une fourrure de martre est ravissante quand on la regarde à la lumière en la tournant pour la mettre en valeur. Et la viande d’élan est un bienfait, elle nous repaît et nous réchauffe, je n’ai pas à l’acheter chez un boucher. Mais il m’est impossible de piéger et de tuer sans pensée ni émotion, et il se peut que chaque mise à mort m’inflige à moi aussi une blessure légère, peut-être fatale.
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Je fais demi-tour pour regagner la rive dont j'aperçois à un demi-mile au nord les grandes falaises jaunes, encore dépourvues de neige. Je retrouve mon chemin par où je suis venu en traversant des barres de sable poussiéreuses, des vieux cours d'eau, des buissons de saules. Le soleil froid d cette fin d'après-midi perce sa couverture de nuages, parsemant de raies claires le sable gris mêlé de neige.
Comme elle n'a cessé de baisser ces dernières semaines, la rivière a laissé derrière elle de nombreuses flaques déjà couvertes de glace. En m'approchant de la grande berge, j'approche de l'une d'entre elles non loin de la rive boisée. La neige ténue d'il y a quelques jours s'est déjà dispersée, la glace polie est suffisamment large pour que j'y pose les deux pieds. J'en vois le fond sans difficulté, comme à travers un verre épais et sombre.
Je me penche, observant les débris pris dans cette strate de glace noire et translucide: je vois quelques brindilles et de nombreuses feuilles. Des feuilles d'aulnes en dents de scie, à moitié vertes encore, des feuilles de bouleaux et de trembles plus délicates, de grandes feuilles lisses qui proviennent des marronniers, et les feuilles étroites des saules. Elles sont là, éparses ou tassées selon qu'elles sont tombées de l'arbre en douceur ou que le vent les a chassées dans l'eau glacée. Certaines ont gardé leurs belles couleurs, un jaune ou un orange luisant. D'autres sont piquetées de gris et de brun. Quelques feuilles plus âgées gisent, noires et creuses sur le lit fangeux de la rivière. Ca et là, un galet de quartz miroite sous l'eau. Mais rien ne bouge. Univers froid et figé, un peu comme la nuit, doté de ses planètes et de ses étoiles immobiles.
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Où vont ces peuples de neige? Sans doute un grand danger les poursuit-il. Ils courent, chutent et, le vent dans le dos, se relèvent pour repartir.

 

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