Pour ce nouveau rendez-vous de « Rends la joie », la poétesse Kiyémis reçoit l'autrice réalisatrice et slammeuse Joëlle Sambi.
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Combien de morts en Méditerranée ? Combien de familles exposées, combien d'expulsés ? De maisons rasées ? De tours érigées ? De zodiaques trafiqués, d'avions affrétés ? Combien de cris dans la nuit? Combien de travailleurs "cancrelats", d'enfants maltraités, de femmes violées, de vieux au garage, de pauvres méprisés, d'immigrés exploités ? Combien de fers pour nous marquer ? De kilogrammes pour peser sur la conscience ? Combien de Taser décharges homologuées ? Combien de menaces pour nous faire ramper ? De bâillons et de coussins pour nous étouffer ? Combien de matraques pour nous frapper ? Combien de marques, de croix gammées ? Combien de tombes doit-on creuser ? Combien de larmes, combien de deuils, combien de noir, combien de blanc pour nos vêtements ? Combien de violets faut-il amasser ? Combien de billets pour nos pensions ? Combien de blé, de flouze, de tunes, d'oseille, de 'mopatasse' et de pognon ? A combien c'est assez ? Combien de feuilles à tomber ? Combien de livres à écrire ? Quelles sont les pages que je vais brûler ? Combien de spams à réciter ? Sur quelle corde encore tirer ? Ça a quelle gueule une bonne immigrée ? Ça a quelle gueule ? Ça a quelle gueule, une bonne intégrée, une bonne évoluée ?
Parce que nous avons compris que le silence
ne nous protégera pas.
Parce que se taire, c'est accepter.
Parce que nous sommes.
Ce n'est pas mourir qui me dérange, c'est de crever
comme un chien à l'indifférence royale du monde
Même les chiens meurent en paix.
Ce n'est pas partir qui me fait peur, c'est de ne jamais
sentir sur ma peau le souffle léger du vent qui tourne
face à l'impossible
La solitude n'est pas l'absence d'amour et de cul, c'est l'absence de regards.
Ce n'est pas passer qui fait frémir de froid. Ce n'est pas frémir mais l'oubli.
Mourir c'est oublier.
Ce n'est pas mourir qui est effrayant, c'est de vivre seul.
La solitude n'est pas l'absence d'amour et de cul,
c'est l'absence des regards.
Il ne peut être question de paix sans justice
La paix est une illusion en Belgique
La justice, une inconnue
Que dire de l'amour, alors ?
De quoi avons-nous besoin aujourd'hui?
Congolaise? Belgo-Congolaise ? Belge d'Afrique du Nord?
Racisée vivant en Belgique ?
que ça pète; Que ça explose.
Que la rouille oxyde les chaînes du racisme,
de l'antisémitisme, du capitalisme, du sexisme, de la lesbophobie.
NOUS,
nous avons la mémoire aussi longue
que la multitude des violences sur nos corps.
La question qui me taraude est : où est-on lorsqu'on n'est pas là ?
Ce n'est pas passer qui fait frémir de froid mais l'oubli.
Aimer c'est plonger ses doigts dans ses propres faiblesses,
construire son malheur, volontairement. C'est bâtir ses
contradictions comme sa potence. Mais elle avait choisi
de l'aimer, de perdre la bataille et la guerre.