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Critiques de Joris Mertens (169)
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Nettoyage à sec (BD)

Contre mauvaise fortune...



La vie de François est simple et routinière. En attendant de toucher le gros lot, il joue au Lotto et comble sa vie de célibataire avec quelques pintes de bière et l'espoir jamais racorni de trouver l'amour et la paix d'un foyer.

Splendide graphisme pour une histoire touchante et sombre nimbé de l'humour du désespoir.

Drôle et grave, une vraie réussite !



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Nettoyage à sec (BD)

Alors là je suis carrément bluffé ! Sous le charme de la première à la dernière planche de cette fabuleuse BD de 150 pages (un roman graphique donc ?).

Pour parler de cette BD, je vais préférer le très court résumé de la fiche Wiki de l'auteur, bien moins bavard que celui que vous lirez plus haut :

"Nettoyage à sec", met en scène « un modeste employé quinquagénaire qui sert de chauffeur à la blanchisserie Bianca » dans « une Bruxelles fantasmée, au milieu des années 1970 ».

Pour commencer, il y a un environnement graphique très réussi, des dessins somptueux bien que plutôt sombres, il faut dire qu'il pleut tout le temps dans cette histoire. La balance entre dessins et dialogues est largement en faveur des images qui se révèlent en fait plus parlantes pour exprimer les états d'âme de François, notre livreur "de la blanchisserie Bianca » qui semble vivre à côté plutôt qu'avec ce qu'il aime le plus.

J'ai aimé admirer les nombreuses doubles pages de ce Bruxelles nocturne sous la pluie, j'ai beaucoup souri en remarquant que François avait la "clope au bec" dans trois bulles sur quatre, j'ai apprécié aussi le "running gag" du parapluie oublié. En fait tous les dessins contribuent à instaurer une ambiance particulièrement réussie qui mettent en relief le fait que François mène une vie insipide et terne, son seul rayon de soleil est sa visite quotidienne au kiosque tenu par Maryvonne qui élève seule sa fille malade, son espoir le plus fou est de gagner au Lotto (on est en Belgique) et de leur offrir une maison au soleil.

Ce scénario est parfait dans le sens où il prend le temps de nous imprégner de tout un tas de choses du quotidien, la routine, les rapports humains, les espoirs.

S'il existe des romans noirs, on peut dire sans hésiter que nous avons ici une "BD noire", car le scénario va se révéler finalement bien cruel, injuste et pas franchement attendu, une fin... Mais je n'en dirai pas plus.

J'ai adoré cette BD qui est à ce jour l'une de mes préférées, il n'y manque rien, elle est parfaite :)
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Nettoyage à sec (BD)

Un ciel plombant et triste, une pluie incessante... À la fenêtre de son appartement, la radio diffusant un bulletin météo guère réjouissant pour les prochains jours, François fume une cigarette, toussote et, un coup d'œil à sa montre, s'empresse de tout refermer. Il sort de chez lui à la hâte, sans parapluie, s'engouffre dans la foule matinale, s'arrête vite fait pour fumer une autre cigarette puis fait une halte devant le kiosque de Maryvonne pour s'acheter le Journal des sports et, comme d'habitude, sa grille de Lotto. Comme toutes les semaines, il jouera ses numéros fétiches et promet à Maryvonne un bel appartement à la mer, pour elle et sa fille, ainsi qu'une grande maison de la presse sur la digue. Il continue sa route pour rejoindre le café Monico où Léo lui sert une pinte, comme d'habitude. Ils discutent de la grande cagnotte du Lotto puis François repart. Enfin arrivé, trempé, à la blanchisserie Bianca où il officie en tant que chauffeur, il salue les employées, récupère son parapluie et est interpelé par le contremaître. Ce dernier lui présente Alain, le neveu de la patronne, qui, venu renforcer l'équipe, va l'accompagner quelque temps afin qu'il puisse le former. La liste des clients du jour en poche, les deux hommes s'en vont à bord de la camionnette....



Après nous avoir charmé avec l'envoûtante Béatrice, Joris Mertens met, cette fois-ci, sur le devant de la scène, François. Un quinquagénaire lambda, un brin renfrogné et triste, qui vit dans un petite appartement et dont la vie est routinière, pour ne pas dire ennuyeuse. Un boulot pas des plus réjouissants à la blanchisserie, une vie de célibataire. Ses seuls rayons de soleil : Maryvonne avec qui il aimerait partager des moments plus intimes et la cagnotte du Lotto qu'il rêve de décrocher. Pendant les 2/3 de l'album, l'on suit les traces de François jusqu'à ce qu'un événement vienne perturber sa journée. Pour autant, l'on ne s'ennuie pas un seul instant tant Joris Mertens réussit à nous plonger au cœur d'une Bruxelles, personnage à part entière, grouillante, dégoulinante, tout à la fois grise et inondée de lumière, mais aussi à nous rendre particulièrement attachant le personnage de François. Avec cette narration singulière et immersive, Joris Mertens nous offre une nouvelle fois un album remarquable et surprenant. Graphiquement, son trait très expressif et souple se révèle d'un incroyable réalisme. Ses scènes urbaines sont tout simplement grandioses. Il joue avec la verticalité, nous plonge dans des pleines ou doubles-pages magnifiques, et la pluie, omniprésente, fait se refléter, avec un superbe jeu de lumière, les phares et les lumières des grands magasins sur les pavés trempés... Un graphisme vraiment remarquable et c'est peu dire que l'on attend impatiemment son prochain album !
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Béatrice

Paris, 1972. Comme tous les matins, c'est la cohue dans les rues et dans les métros. Et pourtant, parmi la foule, Béatrice, ce matin-là, en se rendant à son travail, remarque un sac rouge, posé contre un pilier de la gare. Après sa journée aux galeries La Brouette, au rayon des gants pour dames, elle reprend le métro pour rentrer chez elle. Et quelle n'est pas sa surprise de revoir à nouveau le sac. Le lendemain soir, de nouveau intriguée par la présence du sac, elle s'en empare, bien décidée, une fois chez elle, à regarder ce qu'il contient, sans se douter que sa vie allait basculer...



Quel magnifique album ! Joris Mertens nous plonge dans Paris, grouillante de monde, vivante, florissante et illuminée, dans les années 70 et 30. De superbes planches, dont les pleines pages, qui illustrent à merveille ce récit muet. L'on fait la connaissance de Béatrice, une jeune célibataire, discrète, rêveuse, timide, souriante et qui travaille dans un grand magasin. Pour pimenter sa vie quelque peu routinière, elle vole un sac rouge abandonné et se retrouve bientôt embarquée dans une autre époque. Cet album onirique, incroyable original, fait montre d'un travail artistique étonnant et maîtrisé. Et ce, pour un premier album ! En effet, le trait rough et les couleurs monochromes (excepté la couleur rouge) sont du plus bel effet. L'on savoure l'ambiance parisienne, le métro, les immeubles, les publicités, les cages d'escaliers, la cohue de la foule, les gares... pour un rendu à la fois lumineux et nostalgique.

Impressionnant !
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Béatrice

♥ COUP DE COEUR ♥

*

Vie par procuration

*

Je vais vous parler d'un petit bijou de dessin. Un scénariste/coloriste/dessinateur belge qui a travaillé pour le cinéma et la télévision et cela se voit dans son 1er album. Je ne peux que saluer son magnifique travail. Il a imaginé une histoire basée sur un album photo qu'il a trouvé dans un terrain en friche. Son parti pris de ne pas insérer de texte et plutôt de suggérer par le visuel est une riche idée. En tout cas, il a eu un énorme effet sur moi !

*

La première double-page plante le décor : un milieu urbain (Paris fictive?) , gros plan sur un Grand Magasin grouillant de vie. Une lumière chaude rasante de fin d'après-midi. Deuxieme case: zoom avant, gros plan sur un détail: la foule qui se presse, une fin de journée ordinaire de travail. Tout est gris, excepté la tête d'une jeune femme colorisée en rouge. Bam! Le dessinateur m'a ferré !

Nous allons suivre cette demoiselle dans sa triste et morne vie d'employée du grand magasin.

Aparté: elle ne vous rappelle pas Denise, la frêle héroine du Bonheur des Dames d'Emile Zola?

Et puis c'est également l'histoire d'un sac rouge abandonné le long d'un pilier de métro. Béatrice s'approprie son contenu. Le fameux album-photo.

Telle Amélie Poulain (encore une référence à un film iconique tout en sépia), elle va partir à la quête d'une trace de ces deux amoureux de l'album.

Nous la suivons dans des quartiers méconnus (les années 70 je dirais, au vu des enseignes) telle une exploratrice urbaine.

Flash-back sur les années 30, ce couple heureux qui fréquente des lieux mythiques. Béatrice se surprend à rêver, à se mettre à la place de cette femme amoureuse....Et puis....

*

Cette narration extrêmement visuelle est tout simplement surprenante et vivante (l'effet "caméra" est très bien exploité). Découpée comme une story-board, elle multiplie les champs, les effets d'optique, les juxtapositions de formats (photos, portraits, agrandissement de détails). La couleur rouge a une importance capitale (luxe, chaleur, l'amour). Le monochrome est utilisé pour les flash-backs et apporte la touche nostalgique.

*

J'ai vraiment été emportée par le mélo-dramatique de ce récit. L'épilogue est très réussi et conclut cette histoire d'amour, de solitude et de "vie par procuration". Faut-il laisser le passé au "passé" ou au contraire le fantasmer, l'embellir, le magnifier?

*

Un album lumineux, élégant et émouvant. L'auteur nous en a mis "plein la vue" (à prendre au sens littéral, les images fourmillent de détails).

Romantique, fantastique, historique et social. Tout cela à la fois !

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Nettoyage à sec (BD)

Joris Mertens m'avait déjà très agréablement surpris sur le titre « Béatrice » paru également aux éditions « rue de Sèvres ». Il s'agit d'un photographe belge reconverti dans la bande dessinée ce qui est une très bonne idée.



Il continue dans un hommage à une Bruxelles disparue qui ravive des souvenirs nostalgiques des années 70. Que dire de la toute première double page qui est simplement magistral tant cela en jette. On commence très fort en atteignant une perfection graphique presque inégalé. Qu'est-ce que j'adore l'élégance de ce dessin qui met notre capitale en valeur ! C'est un vrai régal de lecture !



La particularité est que la narration n'est point muette cette fois-ci et la magie opère toujours car l'auteur a su installer une certaine ambiance. Il est vrai que ces couleurs chaudes dominées par le rouge donnent le plus bel aspect à cet album malgré un temps souvent pluvieux, humide et gris.



Le thème est celui de la chance, de l’inattendu qui peut changer complètement la vie d'un homme, un simple livreur de blanchisserie, ce qui ne veut pas dire que les véritables ennuies ne vont pas commencer. L'originalité ne sera pas de mise mais c'est suffisamment prenant pour nous embarquer. Dommage que la fin soit si expéditive et que le personnage principal assez sympathique aurait une petite ressemblance avec un certain Eric Zemmour...



Au final, un album magnifique et de très bonne facture mais c'est véritablement la mise en image qui contribue à procurer tout le charme. Bon, je vous recommande ce nettoyage à sec mais choisissez bien votre blanchisserie auparavant.
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Nettoyage à sec (BD)

Dans les années soixante-dix (ou plutôt septante), François est le modeste employé d'une entreprise de nettoyage à sec, Bianca. Il en effectue les livraisons dans sa petite camionnette avec laquelle il sillonne les rues de Bruxelles et de ses alentours. Il approche de la retraite ; on lui adjoint le neveu de la patronne, une espèce d'imbécile maladroit mais pas méchant. Un jour, une livraison va réserver à François de grandes surprises… ● Cette bande dessinée délectable vaut surtout par ses dessins absolument somptueux et ses atmosphères urbaines, pluvieuses, nocturnes, pleines d'éclairages artificiels (lampadaires, phares, enseignes lumineuses…). Vraiment, dans ce genre, on ne peut guère faire mieux. ● La pluie est omniprésente et joue du reste un rôle clé dans le scénario. Cela donne une ambiance humide et oppressante qu'on ressent presque physiquement tant elle est superbement rendue. Bruxelles est à la fois le royaume de la pluie et des embouteillages. ● le scénario n'est pas en reste car il est très bien construit et réserve son lot de surprises. ● La vision de la vie n'est guère optimiste dans cet album où tout semble se liguer contre l'anti-héros. ● Une grande réussite ! Je vais incessamment me plonger dans le premier album du même auteur, Béatrice, tant j'ai aimé celui-ci, qui est son deuxième.
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Nettoyage à sec (BD)

Il pleut sur la ville…

Et François se morfond, rêve aussi, entre un boulot routinier et une vie sentimentale inexistante.

Mais l’inattendu surgit parfois, au détour d’un chemin…

Graphisme superbe, dessins troublants de réalisme, histoire convaincante (et étonnante) : cette BD, doucement mélancolique, a un joli charme suranné.

J’ai adoré 😍
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Béatrice

Histoire sans paroles.



Béatrice, c'est un petit bonbon acidulé.

Un récit intimiste, flirtant avec le fantastique, au rendu visuel particulièrement hypnotique.



Béatrice vit seule.

Son taf, vendeuse de gants aux galeries La Brouette, car il s'y passe toujours quelque chose.

Métro, boulot, dodo, comme leitmotiv, entrecoupé de quelques pages de lecture en guise d'échappatoire.

Puis, le grain de sable, bêta, un sac rouge, comme son trench préféré, repéré chaque jour, semblant abandonné et lui susurrer de l'adopter.

Ni une, ni trois, c'est ce qu'elle fit, versant alors dans la quatrième dimension.



Béatrice semble vivre en retrait du monde qui l'entoure malgré les cohortes de gens croisés matin et soir.

Béatrice semble décalée dans cette époque de surconsommation où les pubs pullulent, vous incitant toujours et encore à cracher du biffeton par liasses de douze.

Béatrice est une rêveuse.

La beauté qu'elle ne trouve pas ici-bas, elle la crée, la modèle, la façonne.



Ce récit, ode à une nostalgie idéalisée, est un ravissement des yeux et de l'âme.

D'une sobriété absolue et d'une élégance folle, il magnétise la rétine qui ne sait plus vraiment où se poser face à tant de détails superbement crayonnés.



Béatrice, un pur délice...
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Nettoyage à sec (BD)

- Merde la pluie ! -





Bruxelles, ma belle,

Tes pavés, ta pluie,

tes lumières, ton gris





Bruxelles, ma belle,

Tragi-comédie

Parfums seventies

L'ennui des jours.

et la pluie toujours.





Qu'elle soit néon ou goutte d'eau, la lumière fait briller ciel et pavés





Bruxelles ma belle sont des maux qui glissent sur son crâne lisse. François, sans imper sans parapluie, c'est "merde la vie", "merde la pluie".





Variation à 6 chiffres autour d'un sac rouge et d'une décision qui peut tout changer le jour où le diable frappe à la porte.





En noir. blanc, gris, côté drame social ou en feu d'artifice, les couleurs s'invitent aussi bien sur la scène de crime que dans la ville.





Nettoyage à sec, histoire bavarde, économe en mots mais pas des maux, frappante de réalisme, expressionniste & très cinématographique, avec des pages doubles et pleines splendides, valant à elles seules la lecture et la découverte de Bruxelles mode 70ies, témoignage d'une époque.





C'était au temps où Bruxelles ruisselait:

"Les néons, les Léons, les noms de Djeu, sublime décadence, la danse des panses, ministère de la bière, artère vers l'enfer, Place de Brouckère, ----- (*)" résonnent dans l'atmosphère et l'ambiance superbement reconstituées par Joris Mertens





Totale projection. le vieux fusil passait à l'Eldorado, mythiques, jamais pu oublier Romy, Piccoli et la petite, ni ce cinéma avant qu'il n'avale la Scala.





'Merde la pluie', cette pluie omniprésente rythme le récit au point de devenir un personnage à part entière, tout comme la ville Bruxelles, au côté de l'anti-héros François, désabusé et gris de lassitude, de Maryvonne rayonnante avec sa petite Romy, du pas très fûté collègue Alain de la blanchisserie Bianca, ou du patron du café Monico (surprise des visages belges connus reproduits),

"Merde la pluie" --- son destin ?





Pour François, 50 ans et plus beaucoup de cheveux, c'est la vie qu'il rêve de partager avec Maryvonne et sa petite Romy, ailleurs qu'à Bruxelles sous des cieux plus cléments - ambiance musicale, au choix, Brel ou Arno -

"moi, je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas" (Ostende, une maison à eux, un magasin de journaux sur la digue) - qui le fait tenir dans l'existence terne et solitaire qui est la sienne en cette grande ville dont il ne voit même plus toute la beauté derrière le gris.





François, souris grise anonyme, remplit chaque semaine sa grille loto au kiosk de Maryvonne. Il essaie autant d'échapper à la pluie qu'à sa routine.





Cloper Fortuna,

Boire Stella,

Solo la séance cinéma,

Bosser à la blanchisserie Bianca

c'est pas une vie.

Alors François, déprime, ronchonne mais se tait

et s'il rêve encore, c'est de moins en moins fort,

jusqu'au jour où ___

En frappant à une porte pour y déposer les vêtements du pressing qui l'emploie comme chauffeur, la fortune semble enfin lui sourire: un sac rouge bourré de billets sur une scène de crime.





(clin d'oeil à Béatrice, album précédent, variation au féminin sur les mêmes thèmes: ville, solitude, diable de destin, rayon fable fantastique).





Cruel dilemme: prendra/prendra pas ? la décision quelle qu'elle soit changera à jamais sa destinée. Fortuna ou pas Fortuna ?



(Moment pub - pour rappel - fumer est mauvais pour la santé et la Stella est à boire avec modération).





Les feuilles mortes de l'automne bercent son coeur d'une langueur monotone et l'eau de s'infiltrer jusqu'au dernier pore de son corps. Il a dû rêver trop fort. Bruxelles, ma belle, pourquoi es-tu si cruelle ?





L'histoire de 150 pages se clôture en zoom sur un joli dessin d'enfant,

'nique au destin', 5 8 24 12 10 52 et l'album par un carnet de croquis N/B.





# Lisez vous le belge ? Bulles de Novembre # LIBREL





Bruxelles sous la pluie ? Ironie & nostalgie, aux parfums 'Seventies', une tragi-comédie, fable sur le hasard, les choix, le destin, et --- la pluie.

Prix Rossel 2022.





Peut-être temps de passer au pressing, déposer vos petites affaires, les remiser hiver pour les ressortir printemps après un bon nettoyage à sec ?



- Je regarde par la fenêtre : "Merde", il pleut ! -



Bruxelles, ma belle, c'est pas grave, je t'aime quand même.





Ambiances photos

Expo, Schieven Regards, à découvrir, un regard différent sur Bruxelles



https://bruxellespixels.be/schieven-regards-v-eric-ostermann-bruxelles-je-theme/



Ambiances musicales

https://www.youtube.com/watch?v=Cd5725HpKK0, Dicky, Bruxelles

https://www.youtube.com/watch?v=i2wmKcBm4Ik, Jacky, les perles de pluie

https://www.youtube.com/watch?v=iVS_5R7JwKs, Ostende et Arno
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Béatrice

Béatrice, tel est le prénom de la protagoniste de cette bande dessinée et on ne saura pas grand-chose de plus à son sujet.

Elle vit dans une grande ville qui ressemble à Paris, elle habite seule, travaille et aime lire.

Cette bande dessinée a la particularité d’être sans texte, mais l’histoire n’en sera que plus belle, tout se joue au niveau du dessin et d’un traitement des couleurs somptueux, le rouge étant la couleur emblématique de cet album.

Rouge comme le manteau de Béatrice, rouge comme le sac qu’elle va trouver par hasard dans une gare, rouge comme l’endroit où elle travaille, rouge comme la solitude, rouge comme l’émotion qui nous envahit et nous monte aux joues à la lecture de cette bande dessinée magnifique.

J’ai été subjuguée par cette très belle histoire pleine de charme et de poésie.

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Nettoyage à sec (BD)

Béatrice, du même auteur, m'avait fascinée de par ses dessins. Avec ce nettoyage à sec, toujours de la haute qualité au niveau graphisme. Je dirais qu'ils sont presque trop beaux. Ce qui m'empêche de me pencher vraiment sur l'histoire, du moins au début. François, chauffeur de blanchisserie, a une vie banale alors il rêve de gagner au loto en jouant toujours les mêmes numéros. Qui sait ? Peut-être qu'il proposera quelque chose à Maryvonne ? Lors d'une livraison, il entre dans une pièce où gisent plusieurs personnes assassinées. Règlement de compte ? Un sac plein d'argent est là à portée de main...



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Nettoyage à sec (BD)

Une bande dessinée magnifique avec des illustrations sublimes et une histoire qui met en avant des "petites gens", ceux qui triment dans l'ombre et qu'on ne voit pas.

J'ai été émue par la vie de François, qui est le chauffeur-livreur d'une blanchisserie et qui a des plaisirs simples, comme boire une bière au café, si possible quand une certaine Maryvonne y est aussi.

La vie de François va basculer en une fraction de seconde, et à sa place, je ne sais pas comment j'aurais réagi.

J'ai été extrêmement touchée par cette histoire, par ce personnage qui peut sembler terne au premier abord et qui dégage une telle humanité.
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Béatrice

Quel magnifique album ! J'ai vraiment un coup de coeur. Chaque planche est un régal pour les yeux, chaque vignette est à elle seule un tableau . Tout est parfait le trait , les couleurs, vraiment tout.

Cette histoire sans parole est très expressive, tout y est, les émotions sont d'un réalisme époustouflant.

Béatrice est une jeune femme qui comme tant d'autres , vit seule parmi une foultitude de personnes. Elle travaille dans un grand magasin et vit dans une époque où la surconsommation est devenue le modèle, la norme. Le titre du livre qu'elle lit "Bonjour tristesse" résume ce que l'on ressent , mais la découverte d'un sac rouge qui traîne négligemment depuis plusieurs jours sur son chemin attire son œil puis son bras , et voilà le sac entre ses mains .

A l'intérieur un album photos qui va l'amener à rêver à ce couple des années 30.

Cet album entraîne Béatrice dans un autre monde, un monde qui semble meilleur, un monde où l'amour ponctue les jours, les événements. Rêverie, nostalgie et peut-être aussi idealisation du passé.

Cet album est une petite merveille.

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Béatrice

Ultra moderne solitude



L'histoire se déroule à la fin des trente glorieuses comme nous l'apprennent un néon publicitaire qui vante l'arrivée de la collection hiver 1972 aux galeries La Brouette , les façades des cinémas qui passent « le Cercle rouge » avec Montand et Delon et les Renault 4 et 16, Peugeot 404 et 504, et autres Citröen DS qui sillonnent les rues. Elle prend place dans une ville imaginaire emblématique qui mélange certaines caractéristiques de Paris et de Bruxelles. La Tour « Glouglou » avec son néon circulaire qui se détache sur fond de ciel nocturne rappelle l'ancienne tour du centre international Rogier surmontée du logo d'un célèbre apéritif italien ; le « Café Faust » évoque, quant à lui, les célèbres cafés bruxellois « Falstaff » et « Cirio » avec les miroirs, les hauts plafonds et les splendides vitraux du premier et les célèbres banquettes rouges, colonnes dorées et lustres ouvragés aux motifs floraux du second. On retrouve également le monumental escalier des galeries Lafayette dans celui des galeries La Brouette, les immeubles haussmanniens en pierre de taille, la gare de Lyon rebaptisée « gare centrale » (comme celle de Bruxelles), le jardin des Tuileries et les minuscules appartements avec vue sur les toits de Paris .



Dès la première (double) page en plongée, où les passants grouillants sont réduits à de simples bonhommes filaires hâtivement crayonnés au milieu du flot ininterrompu de voitures toutes semblables, on comprend que, dans cette métropole, règnent la frénésie et le consumérisme. « On nous fait croire/ Que le bonheur c'est d'avoir/De l'avoir plein nos armoires/Dérisions de nous dérisoires» comme le rappellera quelques décennies plus tard une chanson mélancolique. La ville ne dort jamais et est comme défigurée par tous les messages publicitaires qui saturent l'espace et qui scintillent dans la nuit dans une débauche de néons et d'électricité. Les galeries La Brouette sont le temple de la consommation et les nombreuses pages qui y sont consacrées ne sont pas sans rappeler les descriptions qu'effectuait Zola dans « Au Bonheur des dames » mais tout cela dans une succession de vignettes muettes !



En effet, aucun texte, aucun phylactère, aucune légende dans cette œuvre de 112 pages hormis les titres des cinq chapitres qui le constituent et les mots des affiches de cinéma, des panneaux publicitaires et des néons. Ce parti-pris est assez rare en bande dessinée : on pourrait évoquer « Un océan d'amour » de Panaccione et Lupano, bien sûr, récit muet pétillant de malice, mettant en scène un duo improbable ( un vieux marin malingre et sa matrone imposante ) dans des situations cocasses et un rythme échevelé empruntant au burlesque. Mais, dans l'album de Mertens, cette absence de paroles ne relève ni du comique de l'œuvre précédente ni de l'exercice de style gratuit. Elle acquiert, au contraire, une fonction dramatique. Dans cette fourmilière, magistralement évoquée dans la double page inaugurale citée plus haut mais aussi dans de grandes cases en plans d'ensemble et en plongée, les gens sont littéralement « écrasés » par les bâtiments et le flot des humains se déplace de façon machinale sans aucune expression sur les visages (passage en plan rapproché), les yeux baissés. Personne ne se parle, ni même ne se regarde ! Dans ces pages au trait presque rough, « malgré la chaleur des foules/ dans les yeux divers/ c'est [donc] l'ultra moderne solitude ».



La vie par procuration



Alors, pour trouver un peu de réconfort, pour sortir de sa routine abrutissante, Béatrice se plonge dans les livres : une bibliothèque est l'un des seuls meubles que l'on trouve dans son appartement mansardé et on la voit lire à chacun de ses longs trajets. Elle dévore ainsi « Bonjour Tristesse » de Françoise Sagan et part alors loin de la pluie parisienne dans les landes d'été des années 1950 où elle peut mener comme la jeune héroïne Cécile la rebelle une vie trépidante qui n'est pas la sienne. Elle vit, encore, les aventures sentimentales du chirurgien exilé Ravic et de sa jeune amie Jeanne la petite chanteuse d'origine roumaine à l'aube de la guerre 1939-45 dans le roman « Arc de triomphe » d'Erich Maria Remarque.



Elle ne choisit jamais des romans contemporains et plonge déjà vers le passé. La découverte de l'album photo va être un tournant dans sa vie. En contemplant ces souvenirs d'un amour parfait dans les années 30, Béatrice va - version réaliste - pousser sa faculté d'identification à son comble , se fantasmer en alter ego de la femme des photos et tomber amoureuse du compagnon de cette dernière ; ou bien - version fantastique- Mertens nous donne une réinterprétation du pacte avec le diable, à la Buzzati, avec un album de photos à la place du « veston ensorcelé » comme le laisserait à penser le nom du café -Faust- où tout bascule.



Quelle que soit la version que l'on souhaite privilégier, l'album intrigue et fait rêver l'héroïne ainsi que le montre le montage alterné : cases en couleurs au présent avec des gros plans sur les réactions de Béatrice mélangées avec la présentation des clichés en N&B. Elle va donc se lancer sur la piste du jeune couple , un peu comme la protagoniste solitaire et introvertie mais pleine de fantaisie du film de Jeunet « Amélie Poulain » se mettait en quête de retrouver l'adulte qui avait caché enfant ses trésors dans la boîte en métal qu'elle venait de découvrir derrière une plinthe descellée de sa salle de bains. Les deux protagonistes ont le même visage lunaire et expressif et l'on observe dans la bande dessinée les mêmes teintes sépias que celle choisies par le cinéaste avec seulement quelques touches de couleurs vives : le rouge. Ici il s'agit de celui du manteau de Béatrice ou du sac renfermant le précieux album. La narration est extrêmement visuelle : le lecteur est « happé » par ces taches rouges et, cherchant Béatrice au milieu de la grisaille monochrome des passants, s'élance à sa suite. Elle qui empruntait toujours le même chemin rassurant va dévier de sa route et s'aventurer dans des quartiers qu'elle ne connaissait même pas sur la foi des maigres indices qu'elle trouve sur les photos. Les rues prennent alors des couleurs et dans sa quête , elle découvre sa ville et se découvre elle-même ….



Et, si les pages deviennent ensuite paradoxalement en noir et blanc, c'est là qu'elle vit vraiment pleinement pour la première fois. Ces cases si vivantes forment alors un vibrant hommage aux films muets, comme le film à succès « The Artist » : on retrouve l'équivalent de la grammaire cinématographique d'antan dans l'alternance rapide de petites vignettes où l'on passe d'un personnage à l'autre en champ/contrechamp comme s'il y avait un dialogue mais dans lequel le message ne passe que par les visages exagérément expressifs. Les personnages semblent devenir comme des acteurs des années 1930 dont il prennent les poses tandis que leurs voyages ou leurs occupations sont présentés selon les codes des affiches de cinéma de l'époque avec polices spéciales, juxtaposition de plans, et médaillons. Mertens qui a travaillé pour le cinéma et la télévision en tant que directeur artistique et storyboarder réalise ici des planches au découpage très innovant. Il est aussi photographe et semble rendre hommage dans son histoire au côté consolateur de cet art qui fixe l'éphémère.



A la recherche du temps perdu



En effet, alors qu'elle se lance dans son enquête, Béatrice se heurte au passage irrémédiable du temps : les lieux qu'elle recherche ont disparus : ainsi, la patinoire « Pôle Nord », désaffectée, va être rasée et laisser place à un complexe immobilier. On remarquera même une distorsion avec la réalité pour souligner la perte: si l'adresse « 30 rue neuve » est bien celle du cinéma Métropole (et non Métropolis) à Bruxelles et s'il a bien été transformé en magasin de confection d'une grande enseigne espagnole bon marché, cette reconversion a eu lieu dans les années 1990 et non 1970. Mertens accélère ainsi cette évolution pour montrer la disparition du passé heureux des années folles.



Tout comme « Amélie Poulain » et « The Artist », « Béatrice » est une œuvre nostalgique. Mertens nous place souvent en caméra subjective : ainsi , quand il choisit de mettre deux portraits du couple des années 1930 en vis-à-vis et en pleine page, il semble que nous ne tenions plus l'album de bande dessinée entre nos mains mais bien l'album photo. Nous sommes donc à la place de l''héroïne et nous éprouvons ses sentiments. Ces pages muettes nous rendent actifs : nous devons combler les vides, faire le lien, créer l'histoire. En même temps, cette absence de texte loin d'appauvrir le sens le rend plus riche : les interprétations se multiplient et l'album se mue en poème. Les années 70 qui y sont décrites deviennent nos années 30 dans cette mise en abyme. La nostalgie nous étreint à notre tour : ne dit-on pas que cette période était «une parenthèse enchantée » prospère et sans chômage et n'effectuons-nous pas à la vue de lieux d'autrefois aujourd'hui disparus ( la tour Martini et la Tour Lotto par exemple) notre propre voyage dans le temps ?



L'épilogue se déroulant de nos jours, comme l'indiquent à nouveau les véhicules (Mini Cooper, Renault Captur, l'ambulance belge …) n'en devient que plus saisissant et poignant par son apparition dans une rupture de construction. Il orchestre dans ce final sublime tous les thèmes abordés : la solitude, l'amour, la nostalgie, la vie par procuration et même la vie qui continue malgré tout grâce à l'épanadiplose douce-amère !



Joris Mertens prend le pari fou de créer sa première bande dessinée à 52 ans, une bande dessinée muette qui plus est ! Il était inconnu mais ne devrait pas le rester : son premier essai est un coup de maître. Il crée un véritable petit bijou au charme fou : le découpage, les cadrages, la colorisation et même le floutage sont les rouages essentiels de l'ensemble. Ces pages vous laisseront … sans voix !

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Nettoyage à sec (BD)

Joris Mertens nous présente un homme ordinaire, qui mène une vie ordinaire, qui fait un boulot ordinaire… Voilà l’histoire de François, déclinée en sept chapitres. Ce célibataire modeste rêve d’offrir à Maryvonne, qui tient le kiosque à journaux, une vie meilleure. Pour ça, il joue au loto, toujours les mêmes numéros. Il travaille comme chauffeur-livreur pour un pressing où il donne toute satisfaction. Pourtant, on lui demande de former Alain, un jeune, le neveu de la patronne. Ça l’inquiète, forcément. Et puis, il n’est pas très malin, le nouveau. Un jour de pluie comme les autres, la vie de François bascule…

***

Dès la couverture, j’ai su que ça me plairait… Le dégradé de couleurs produit par le reflet des néons sur les pavés mouillés, le plan en plongée qui fragilise le personnage encore plus que ne le faisaient déjà son air hagard, ses épaules basses et sa cigarette qu’on devine foutue puisqu’il pleut des cordes, l’humour du titre : Nettoyage à sec, paradoxal sous cette pluie battante, bref, j’étais séduite avant même d’ouvrir ce beau roman graphique de Joris Mertens, auteur belge d’expression flamande. On doit la traduction à Maurice Lomré. Cet album magnifique révèle de vraies beautés à chaque page. La ville, la pluie, les personnages qui sont ceux que l’on croise tous les jours, l’oubli sans cesse réitéré du parapluie, l’ambiance des années 70, l’omniprésence de la cigarette, la fragilité des personnages rendue évidente malgré les attitudes qui veulent faire croire le contraire, les embouteillages, autant de détails qui enrichissent cette ambiance particulière. Les quelques croquis présentés en fin d’album (exempts de pluie !) laissent entrevoir la qualité des recherches et du travail préparatoires. À lire, à regarder et à savourer.

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Béatrice

Remarquable. Magnifique. Étonnant…



Quels qualificatifs accoler à cette BD sans aucun texte, vibrante de sentiments ?



Béatrice est vendeuse dans un grand magasin. Peu de surprises dans sa vie jusqu𠆚u jour où elle repère un sac rouge apparemment abandonné dans le hall de la gare qu𠆞lle fréquente tous les jours. Va t-elle s𠆞n emparer ? Que contient le sac ?



Toute cette petite histoire est délicatement amenée, avec des dessins remarquables, et des choix de couleurs qui participent à l𠆚vancée de l’intrigue. Les cadrages sont très travaillés ; certaines images s’étalent pleine page. Mertens réussit sans aucun mot à nous plonger dans le quotidien de Béatrice et à donner forme à ses rêves.



Une grande réussite, quasi poétique.
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Nettoyage à sec (BD)

Comme dans son précédent album, Béatrice, on retrouve ici un grande ville grouillante d'activités, Paris, Bruxelles ou Hambourg, un mélange des trois et de quelques autres encore, dans une ambiance des années 70. Il y a beaucoup de grandes illustrations très urbaines, des couleurs sombres, celles du mauvais temps, de l’hiver humide, et les néon rouge et jaune criards se reflètent dans le sol mouillé par cette pluie incessante mettant une lumière assez désagréable mais totalement en adéquation avec le récit. Nettoyage à sec nous fait évoluer dans le milieu du travail, terne et routinier, François, est livreur pour la blanchisserie Bianca, il vit sa petite vie étriquée, il joue au loto, c’est presque son seul loisir, mais là, il doit se farcir le coéquipier boulet à former, le neveu de la propriétaire. François ne gagne pas très bien sa vie, mais il a envie de s’en sortir, le loto, c’est l’objectif, mais qui sait, peut-être que le destin lui réservera des surprises.

C’est déjà une gageure redoutable d’avoir placé un mot qui colle si bien à l’histoire et pourtant si antinomique à son atmosphère : à sec, alors qu’il pleut des cordes tout le long de l’intrigue. Le titre est idéal, comme si l’objectif de l’auteur avait été de l’illustrer, on va vivre un véritable nettoyage à sec sous une pluie diluvienne, et sans parapluie.

Il y a une différence fondamentale avec Béatrice, ici, pas de fantastique, et par contre les dialogues sont présents, on dérive vers le fait divers, dans une ambiance glauque, pour histoire sordide et désespérante, mais troublante et touchante. Un traitement audacieux et courageux, avec une ambiance si intense que l’effet nous frappe, c’est un superbe moment de lecture qui comblera aussi bien les amateurs de suspense et les amateurs d’atmosphères fortement marquées.
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Béatrice

L’univers de la ville, des grands magasins, des gares bondées, ça ressemble à Paris, mais c’est un monde imaginaire qui nous est présenté. Béatrice est une employée d’un grand magasin, “La Brouette”, qui a un petit air de Galeries L… elle y travaille au rayon des gants et maroquinerie. C’est un récit sans paroles. Dans la première partie, on découvre cette vie, solitaire dans la foule et l’effervescence. Cette effervescence urbaine est superbement présentée par le graphisme, le dessin est grouillant, avec de grandes illustrations pleine page ou le trait est grouillant, fait de coups de crayons bruts, avec une forte présence de l’architecture Haussmanienne. Et il y a ce mystérieux sac rouge oublié à la gare, rouge comme la tenue de Béatrice, qui se démarque dans la foule. Elle va découvrir dans ce sac un album photo retraçant la vie d’un couple idéal, ces photos vont la faire voyager, en rêve… dans la passé, le récit devient alors fantastique, je ne vous en dit pas plus. Le choix du récit sans parole nous laisse faire notre propre interprétation, mais parmi les titres des chapitres, il y en a un qui s’intitule “Faust”... Pas besoin d’en dire plus, la démonstration est forte, marquante, romantique et tragique, on est littéralement embarqué dans cette étrange histoire. J’ai adoré la fin, bouleversante, magnifique qui comble aussi bien les amateurs de romance, de fantastique, de science fiction et de romans naturalistes, une grande histoire avec si peu de mots...
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Béatrice

Le travail de Joris Mertens est remarquable par l'originalité de son sujet,par le fait qu'il n'y ait aucun texte mais avant tout pour la beauté de ses planches qui transmettent parfaitement l'ambiance des années 30 la morosité de Béatrice ainsi que toutes les émotions qu'elle va vivre.

Seule colorée avec son manteau rouge elle est perdue dans la foule anonyme d'un quotidien qui se répète sans éclat. Sa tristesse s'impose sans équivoque. Elle a repéré un sac rouge, abandonné dans la rue et elle cède à la tentation de l'emporter avec elle. Il faut dire qu'il semblait l'attendre...Elle y découvre un album photos d'un couple des années 30,resplendissant de bonheur. L'identification à la jeune femme est immédiate. Béatrice se lance sur les traces de ce couple et malgré le temps qui a détruit certains lieux, c'est au café de Faust que le sort va s'opérer.

Mais le bonheur s'estompe. Lorsqu'on la retrouve morte, vieille femme,elle tient à la main l'album photo. le lecteur observe alors qu'une femme,dans la rue , embarque à son tour le sac rouge...

C'est un album très triste qui m'a un peu déstabilisée.

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