Citations de Joseph Agostini (30)
"La chanson est une arme à manipuler avec précaution tant elle peut tuer d'un coup de langue celui qui l'écrit ou la fredonne."
Elle m'a écrit: "J'ai besoin de te voir." Un truc tout con, laconique. J'ai couru. Il était vingt-deux heures deux. Je suis arrivé chez elle treize minutes plus tard. Ses enfants étaient chez leur grand mère, on a fait l'amour comme la première fois dans mon cabinet. Comme si tous ces jours d'attente trouvaient leur finalité dans cet acte au fond de sa cuisine, au milieu du lait, de la farine et des casseroles (elle venait de manger une purée). On a baisé trois, quatre fois dans la nuit. Elle en redemandait. Mon portable était sur silencieux. Il est resté sur une petite table en inox jusqu'au matin. Vers sept heures, j'ai vu les sept appels manqués de ma mère. J'ai entendu sa voix chevrotante sur la messagerie. J'ai compris direct. J'ai appelé, elle m'a dit que papa était mort.
"Le miracle de la rencontre n'est pas à négliger dans nos vies. La rencontre, qu'elle soit amoureuse, amicale, professionnelle, révolutionne, coupe court avec nos habitudes, nos peurs, nos sentiments d'échec. Elle vient accomplir nos rêves, donne le corps à des pensées parfois restées des années en latence, nichées au fond de la psyché."
"Ma jolie anglaise, tu me fis penser au petit chaperon rouge qui allait traverser la forêt peuplée de loups pour visiter sa grand-mère...Les plateaux de cinéma sont aussi hostiles que des forêts, ce sont des jungles, dans lesquelles on enfonce te doigts délicats, tous les coups sont permis, on lutte pour la survie et la reproduction de l'espèce, et s'il faut être sans pitié, ce ne sera donc pas le remords qui le guettera, cet Alain sait ce qu'il vaut et il sait aussi ce que tu peux valoir en un coup d’œil, combien d'actrices sont tombées dans ses filets, dix, vingt, cent ?"
L’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas.
"J'étais fasciné par sa logique mortifère, son jusqu'au-boutisme exalté, allant à chaque fois plus loin, vers l'apocalypse, se foutant de son existence, et paradoxalement, me demandant de me calmer sur la picole car j'allais moi aussi trop loin, voilà, c'est comme ça, nous allions volontairement risquer de nous emplâtrer contre un mur à 15 km/h avec des freins fonctionnant une fois sur deux, on jouait à la roulette russe, et ce que les autres ne comprenaient pas, ou comprennent trop mal, contrairement à toi, c'est que flirter avec la mort nous permet de nous sentir vivants comme jamais, car une fois le danger écarté la vie nous shoote comme aucune drogue ne l'a jamais fait dans nos veines et dans nos âmes, il faut retrouver cette adrénaline pure, absolue, naturelle, sans passer par tout ce jeu morbide, l'enfant réussit ça [...]."
Vous aimez être aimé, même si on vous demande plus souvent La gadoue que La javanaise...Mais c'est mal vous connaître que de croire que vous avez vendu votre âme.
Vous la perdez à intérêt élevé, mais elle s'appelle reviens.
Vous composerez pour Dutronc, Cassel, Chamfort. Et même quand vous vous adonnez à la guimauve, vous y fourrez à (presque) chaque coup, une dissidence insoupçonnée par les interprètes eux-mêmes.
La psychanalyse à toujours établi un pont entre la mélancolie et la sublimation. Être artiste, c'est avoir la capacité de sublimer son noyau mélancolique, ce face -à-face avec l'innommé. Pour cela, il faut descendre dans les soutes de la conscience, au de la des défenses névrotiques qui nous protègent de l'étrangeté en nous-mêmes, mais qui sont autant d'obstacles sur les chemins de la lucidité.
- C’est quoi le soleil ? demande Nina à Samira.
- Le soleil, c’est la chose qui t’aveugle quand tu t’en approches mais qui te rend sourd quand tu t’en éloignes.
Fabienne pensait alors aux blagues salaces au sujet d'Auschwitz ou du petit Grégory. Elle eut un mouvement d'effroi. Le temps passant, l'événement le plus monstrueux, le plus aberrant, devenait communicable. Parodiable même. Les mots prenaient l'horreur dans leur sillage. Ils la relativisaient, la tanaient, la rendaient comestible.
La peinture, elle, est dans le vrai. Elle te montre ce que tu es, elle en dit plus sur le monde que n'importe quelle chanson engagée. C'est toute la différence entre les arts majeurs et les arts mineurs, et la chanson est un art mineur. Es ce n est pas parce que Guy Bé-Art à ce mot dans on patronyme que cela suffit à dire que la chanson, c'est noble. Je n'ai pas du lui laisser un super souvenir. ...Assumé. Quoi ? Moi, provoc ?
Mais c'est lui qui a commencé. La chanson ne nécessite aucune initiation, impossible de la mettre au même rang que la peinture ou la sculpture. Tu crois que l'eau vive exige une initiation au même titre que la Partie de cartes de Fernand Léger ? Fallait pas s'etonner que je t'apostrophe, c'était quand même le nom de l'émission.
Tu sais quoi, ma petite ? On se ressemble plus que tout le monde voudrait bien le croire, moi le premier. Tout ceci n'est qu'un jeu de dupe. Tu joues l'idiote, je joue le parolier, à nous deux on forme un beau duo de faussaires, c'est à qui bernera le plus de crétins, tout ça pour quoi au fond, pour se prouver quelque chose, pour leur prouver à eux, qu'on joue sans problème tel ou tel personnage parce que ça marche, parce que c'est ce que vous demandez, et du coup, on s'en met plein les poches, à défaut de nourrir l'âme, on nourrit le porte-monnaie, c'est pas plus sale après tout, qui sont les coupables au fond, ceux comme nous qui se glissent dans la brèche, où se comme eux qui s'en foutent de savoir qui on est réellement ?
Il y a deux syllabes distinctes qui font naître un écart entre le bébé et le monde : Maman... Et c'est tout le clivage intérieur /extérieur qui s'ordonne, à travers un défilé de mots.
Je suis la seule qui me soit indispensable.
Freud comparait la psyché humaine à un diamant. "Quand un diamant se brise, pensait-il, il éclate en morceaux dont la délimitation était définie à l'avance". Nous sommes tous des minéraux cristallisés.
L'effondrement montre les lignes de faille qui existaient avant la brûlure, mais qui se révèlent seulement quand le diamant explose. On les voyait à peine avant. Ainsi, Gainsbourg cachait Gainsbarre le félé, l'eclopé, mais il a fallu attendre son entrée dans la cinquantaine pour le voir apparaître au grand jour.
Les petits plaisirs du quotidien sont presque inaccessibles à celui qui est maltraité par la vie et dont le monde interne est obstruée par des angoisses sans nom.
Du jeu du foulard au saut à l'élastique, l'existence est alors parfois considérée comme un escape game géant, dans une dérision maniaque qui parvient même à annuler la portée tragique de la mort.
"Le déclin et la fin sont vu comme contre nature, à une époque où tout serait remédiable."
"Le prêt à consommer et le zapping sont rois. On switche d'un partenaire à l'autre comme on zappe de série en série sur Netflix ou d'article en article sur Google. Cette course dope nos désirs de parler, de découvrir, d'innover, mais n'a pas de fonction limitante".