Julia Thévenot

Au début, tout est surprenant, que ce soit l’univers ou la plume. Mais j’ai tout de suite été conquise par le style de l’autrice. L’écriture est pétillante, juste mais aussi originale – en somme, elle s’accorde parfaitement à l’univers qu’elle dépeint et nous y emporte avec délice.



Cet univers, justement, est à la fois superbe et décalé. Il n’a pas été sans me rappeler ceux toujours surprenants de Miyazaki, avec ses différents Plans (comme des mondes parallèles), ses Esprits, le Lac, les Transparents… Dès les premiers chapitres, on sent l’imagination resplendissante de l’autrice surgir de partout, on en prend plein les yeux et on a sans cesse envie de comprendre, d’en savoir plus. Et c’est ce que font nos deux personnages principaux en se lançant à la découverte de Bordeterre. Une fois partie avec eux, je n’en ai pas décroché jusqu’à la dernière page, le cœur pincé de devoir quitter Bordeterre alors...


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De la haute voltige en pays imaginaire, avec des mots qui virevoltent, des personnages qui jouent les équilibristes et notre coeur qui se laisse dompter de bonheur :)

Bordeterre est un roman surprenant, avec un univers très original. On en prend plein les mirettes dès le début. Par moment, j’avais l’impression d’être dans du Miyazaki. J’ai vu, après coup, que je n’étais pas la seule à penser cela. Les Transparents, les Cordistes, le Lac zéro, les Chants, le quartz, les Fléreurs, les Gardiens, l’Eau d’oubli,… ça fuse de partout, et ça fait un bien fou. Très vite, on a envie d’en savoir plus. Tout est tellement inattendu, qu’on est dans l’attente de la prochaine invention de l’autrice.



Dans cet univers surprenant, les personnages que l’on découvre le sont tout autant. On ne pourra pas dire qu’ils manquent de personnalité ! Bien au contraire ! Il y en a beaucoup, et tous ont eu la chance d’être vraiment bien développés. Du coup, on s’attache très vite à eux. Là encore, l’écriture incroyable de Julia Thévenot y est pour beaucoup. Elle a une manière complètement inattendue de retranscrire les émotions de ses personnages. Après la surprise, les images utilisées paraissent d’une telle évidence que l’on se demande pourquoi personne jusque là n’a eu l’idée de les utiliser.



Bon, vous l’avez compris, l’univers et les personnages de Bordeterre m’ont complètement conquise. Mais il n’y a pas que cela.



A Bordeterre, il y a une scission franche entre les Châtelains qui s’approprient les richesses, dictent leurs ordres, répriment violemment les plus faibles. Et les autres, les plus pauvres, les Débordés. Des êtres humains débarqués du Second plan, reconnaissables à leur transparence (transparence qui disparaît au fil des générations). Souvent des enfants qu’il est facile de réduire en esclavage, qui sont utilisés jusqu’à la corde puis remplacés quand trop usés. Bref, quelque chose sent mauvais en Bordeterre.

Les plus riches exploitent les plus pauvres, maintenus dans la misère par leur condition de Transparents, de Débordés. Mais comme dans toute société injuste et violente, des révolutionnaires naissent. Des êtres qui tirent de leur misère une profonde colère et qui se lancent sur le chemin de la guerre pour renverser la situation.



Bordeterre est sans contexte un gros coup de cœur. C’est original, surprenant, pétillant. Mais surtout, ça m’a embarquée, baladée, comme seuls les grands romans savent le faire. Vous savez, ces romans que vous finissez, mais qui vous gardent en eux. Vous refermez le livre, mais vous êtes encore dans l’univers, dans l’histoire. Parce que les mots vous ont happés tellement fort, tellement loin, que vous avez fait partie de l’aventure. Et comme les personnages, vous êtes sonnés et il vous faut un moment pour atterrir, pour redescendre. Bordeterre coche toutes les cases.
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Un roman jeunesse original, déjanté et un peu gore ! Ortie est une sorcière qui perd son Nord, après avoir fait des tests avec sa magie. Elle évolue dans une ambiance bizarroïde, où se mêlent sang (beaucoup de sang), amour, humour, règles tacites, interdits, et quête de soi. Une chouette lecture, qui donne envie de continuer cette série ! Vivement le tome 2

Le roman nous parle d'une jeune sorcière, Ortie, de sa famille et de sa quête initiatique. Julia Thévenot déploie dans ce roman un univers très original ainsi que des personnages attachants et hauts en couleur ! J'ai apprécié le style de Julia Thévenot mais j'ai parfois eu du mal à ne pas perdre le Nord dans ce livre...

Julia Thévenot nous livre une pépite qui laisse sans voix. Repris comme un roman jeunesse, ce roman est beaucoup plus imagé et gore que ce que j'en attendais et c'est une véritable surprise. Ortie et ses sœurs sont fascinantes. Hâte de connaître leurs prochaines aventures. Et de voir où cela va nous mener

Millepertuis: Herbe ou arbuste (hypéricacée) ornemental dont les feuilles, opposées, sont presque toujours parsemées de glandes transparentes, ressemblant de loin à de petits trous.



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Ortie, 15 ans, est une sorcière. Elle remonte le fil de son enfance via ses souvenirs.

Sa magie prend de plus en plus de place. Ce qui n’est pas facile pour cette adolescente. Entre ses pairs et les communs (les gens normaux) on la verra évoluer, grandir, se poser tant de questions. Elle nous fera découvrir sa famille (un peu intriguante), elle nous donnera envie de partir à l’aventure avec elle!



J’ai ADORÉ chaque page de ce roman.

Il se lit tellement facilement.

L’auteure nous fait passer par un panel de sentiments via ce livre très bien écrit. La plume nous transperce par sa fraîcheur. C’est drôle. Touchant. Et peu commun et décalé.

Et ça, c’est fabuleux.

On ne parle pas d’une histoire à la Harry Potter, oubliez tout ce que vous connaissez.



Certaines scènes peuvent être difficiles à aborder, mais il y a toujours de la bienveillance (et parfois de l’humour) derrière.



Une lecture plus que parfaite pour l’automne qui arrive! Il s’agit d’un premier tome et j’ai hâte de lire la suite (enfin je vais attendre.. celui ci est paru le 31/08/23 😭).

Ortie est une sorcière et elle grandit avec ses sorcières de sœurs : Ronce et Épine. Mais aussi avec sa sorcière de mère et ses sorcières de Tantes qui lui apprennent l'art de la sorcellerie. Lorsqu'elle était toute jeune, Ortie a fait quelque chose dont elle ne soupçonnait pas la portée. Quelque chose qui va changer sa vie à tout jamais.

On la suit donc évoluer au fil des ans, au fil des rencontres et des événements qui vont lui arriver.



Quel roman ! J'ai pris une sacré claque. Comment restituer tout ce que je pense de lui ? Je dirais que c'est un roman fantastique bien sûr, rempli de magie mais pas forcément celle qu'on s'imagine. De la magie plus créative, plus contemporaine, plus tirée par les cheveux. C'est un livre rempli d'amour familial, un livre sur les sœurs en général. D'ailleurs je suis amoureuse de Ronce et de tante Vivi, pour moi ces personnages sont épatants, drôles, touchants, bref tout ce que j'aime !

C'est un roman qui parle de l'adolescence, de l'interdit, de sujets plus sérieux, mais aussi de sujets légers. C'est un gros roman que j'ai pris un plaisir infini à savourer parce qu'il est énormément imaginatif, bourré de petites tournures drôles et parfois très cruel (oui c'est tout et son contraire).

Je n'avais jamais lu quelque chose de semblable et merci, merci beaucoup d'avoir égayé mes lectures Madame Thévenot, ça fait plaisir de lire quelque chose qui sort de l'ordinaire et j'ai désormais hâte de connaître la suite !

📚Pénélope est en terminale. Entre la musique et le lycée, pas beaucoup de place pour l'amour. Même si elle fantasme sur Côme, un camarade de son cours d'art, son quotidien est plutôt basé sur l'amitié musicale qu'elle entretient avec Jobs et Dudley au sein des Moonatics.



🖊Lettre à toi qui m'aimes est un court roman percutant et qui sonne juste. Julia Thévenot donne coeur, chair et voix à une Pénélope bien loin des clichés adolescents. Une Pénélope qui prend en main ses sentiments et assume ses choix. Quitte à ce que cela pique un peu. Parce qu'Yliès n'est pas Roméo et qu'elle n'est pas Juliette. Parce qu'elle veut écrire sa propre histoire d'amour, avec celui qu'elle a choisi et non celui qu'on lui destine.



Féministe, tendre et drôle, à la fois déconstructeur et plein de respect et d'espoir, Lettre à toi qui m'aimes fait exploser les codes de l'histoire d'amour, en répondant par la voix de celle à qui l'on n'a rien demandé.



👩 Chronique complète :
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Au moment de ma lecture je l'ai trouvé très ennuyant : rien n'était intéressant. Les personnages ne sont pas attachants : je n'ai pas éprouvé le moindre sentiment. Je l'ai quand même fini pour voir où ça allait nous emmener : quelle déception ! Certaines personnes diront que c'est très poétique, cependant, je n'ai pas senti la beauté de cela. Je ne suis peut-être pas la bonne personne pour ce livre.

Pénélope, surnommée Penny, est lycéenne et chanteuse dans un groupe de rock. Lorsqu'un des musiciens tombe malade, c'est Yliès qui va le remplacer. Dès que ce dernier croise le regard de Penny, il est attiré puis tombera amoureux d'elle. Problème : Penny apprécie Yliès en tant qu'ami et ne veut pas plus. Tout au long du roman, on suit les pensées et les interrogations de Penny : a-t-elle été trop proche d'Yliès ? S'est-elle jouée de lui ? Va-t-il réussir à tourner la page ?

Mi-prose mi-vers libres, Julia Thévenot, nous propose un récit original et une thématique peu abordée en littérature adolescente : l'amour à sens unique. Cette longue "lettre" au style musical nous invite à nous interroger sur nos propres relations amicales et amoureuses.

Yliès aime Pénélope, pourtant elle ne ressent rien pour lui. Que faire ? Que dire ? Comment réagir ? Qui sera le plus blessé ?

L’histoire est originale, manque un peu d’entrain mais m’a tout de même beaucoup plus par son authenticité et sa plausibilité. Que des réflexions intéressantes sur nos rapports entre humain liés à nos émotions.

Récit nécessaire, les filles peuvent aussi dire non les mecs !

« Évidemment que tu es dégoûté. Ce n’est pas de ta faute, c’est celle du ciné.

On t’a menti; tu as fait tout ce qu’il fallait et je ne me suis pas laissé aimer - vaste escroquerie. »

Complètement indépendant du Tome 1 : Si on chantait !. Sont conservés uniquement le concept et une partie des auteurs.

Ici l'histoire de Prunille qui en a sa claque de n'entendre parler que des problèmes d'adultes en ces temps d'élections, et de prendre les choses en mains. Et ni une, ni deux, la voilà propulsée à la tête de l'état avec des propositions telles que : Commencer les cours à dix heures ou Arrêter de fabriquer des armes. Mais attention : beaucoup ne sont pas prêts à partager le pouvoir et dans un roman à treize mains, tout peut arriver !

C'est drôle et rythmé et on se prend à jouer avec les auteurs qui, ça se sent, ont pris plaisir et se sont amusés dans l'écriture de ce roman.

En bonus : une petit mise en abîme dans le dernier chapitre qui fait bien sourire !

Les romans d'amour, c'est courant. Les romans avec des personnages amoureux, des personnages qui déclarent leur flamme, des couples qui se forment. Lettre à toi qui m'aimes prend le contrepied de toutes ces histoires d'amour. Pénélope écrit une longue lettre à Yliès. Yliès son ami, amoureux d'elle. Pénélope aurait pu, elle-aussi, tomber amoureuse. Mais non. Ces choses-là ne se calculent pas.



Alors Pénélope écrit sa lettre, pour expliquer, pour se justifier, pour que les choses passent plus facilement avec Yliès.



Un texte original, tant dans la forme que dans le fond. Une lettre comme un grand monologue de Pénélope qui revient sur les étapes de leur rencontre, de leur amitié et des sentiments d'Yliès.



J'ai beaucoup aimé ce petit roman. Il est facile à lire. Par contre on me l'a donné pour le CDI mais personnellement je l'aurai réservé à un CDI de lycée. Les élèves sont en terminal, ils se posent des questions de "grands", qui ne seront pas forcément adaptées aux collégiens.
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Julia THEVENOT nous propose un roman destiné à la jeunesse très prometteur, j’ai été conquise par la trame de cette histoire.



Une fratrie, Ines, 12 ans et Tristan, 16 ans, vont, à l’occasion d’une promenade où apparait devant eux un château et une petite ville là où il n’y a que prairie habituellement, passer dans un univers parallèle : Bordeterre.



Tout un univers complexe est présenté, avec son système politique bien particulier, des créatures provenant d’un troisième plan de réalité, un chant quasi magique utilisé par les habitants comme par les dirigeants…



L’intrigue est bien développée. Tout au long de l’ouvrage je me suis répétée que cette histoire totalement originale était une belle découverte, que je mettrais avec plaisir entre les mains de ma fille de 12 ans. ..



Mais voilà, tout dérape à la fin, avec une montée de violences fortes voir gratuites, des scènes insoutenables à mon sens pour de jeunes adolescents. Je n’ose imaginer une mise en image… Pourquoi tant de violences ??



De la même façon, deux autres points ne m’ont pas paru adaptés au public visé :

- L’auteur parle, toute en suggestion, de relations sexuelles entre adolescents avec une de ces conséquences : une grossesse. Mais le propos n’est que suggéré. De ce fait, je ne sais si un adolescent comprendrait à la lecture ce qu’il se passe entre les protagonistes…

- Tristan est décrit comme un jeune homme autiste. Il y a bien sûre de nombreuses formes d’autisme, mais Tristan présente un trouble de l’élocution avec un bégaiement et un rejet du contact avec autrui, difficultés qu’il surpasse petit à petit au fil de l’histoire. J’ai trouvé peu réaliste la description de ce handicap et de son évolution…



Bref, une histoire et un univers tout à fait originaux et intéressants mais un final peu adapté à de jeunes adolescents qui me font donner un avis très mitigé. Je ne mettrai pas ce livre entre les mains de ma fille de 12 ans… dommage

Inès, 12 ans, s’est toujours sentie investie d’un devoir de protection envers son grand frère, Tristan, 16 ans, adolescent autiste en décalage constant avec son monde. Lorsque tous deux basculent tout à coup dans une dimension parallèle où tout leur étranger, la petite fille se croit plus responsable que jamais de ce grand frère doux et rêveur. A Bordeterre, nom du territoire où ils ont débarqué, tout est intense, hostile, sublime et inquiétant. Les êtres humains fraîchement débarqués, dits de première génération, y sont transparents, tandis que d’autres, dont les parents ou grand-parents vivaient déjà ici, sont d’apparence normale. La plupart des Bordeterriens sont meuniers ou paysans, tandis que les plus puissants vivent dans un château, où Tristan et Inès sont hébergés, comme tous ceux qui surgissent du Second Plan (nom donné aux Bordeterriens à notre monde, tandis que le leur est désigné comme le Premier Plan). Echappant à tout ce qu'ils croyaient savoir du monde, les lois de Bordeterre les bousculent, mettent en danger, et fascinent surtout. Difficile pour de tout petits humains comme eux de trouver leur place dans ce lieu où l'on pêche des quartz dans un lac mystérieux où seuls les dénommés Cordistes sont habilités à plonger, où l'on Chante pour invoquer des objets, des biens, des forces motrices, mais où pratiquer cette magie en-dehors des normes régies par la loi expose les habitants à l'intransigeance des Fléreurs, petites créatures à trois yeux chargés de réguler le Chant coûte que coûte.



Après s'être fait inoculer une potion d'amnésie, frère et sœur sont séparés. Inès, prise pour un garçon par un jeune seigneur local, Philadelphe Saint-Esprit, se voit rebaptisée Ignace, et devient par un concours de circonstance apprentie Cordiste, plongeuse d'élite chargée de récolter les précieux quartz qui permettent de Chanter. Tandis que Philadelphe (surnommé Adelphe), s’occupe de l’éducation d’Ignace, nouvelle coqueluche de Bordeterre, Tristan est ballotté de rencontre en rencontre jusqu’à devenir proche d’une petite poignée de rebelles, de réfractaires et de vagabonds à la tête d’un journal clandestin, désireux de renverser un régime corrompu bâti sur d’insupportables injustices. L’élite locale, qui détient le monopole de la récolte et de la vente des quartz, pratique des tarifs exorbitants qui aliènent les travailleurs et lui garantissent un contrôle social implacable. En réaction à cette situation, les rebelles s’activent pour faire de leur journal, Le Débordement, l’élément déclencheur d’une grande révolution. Commence pour Ignace une impressionnante mission de double espionnage, qui la verra se battre, grandir, s'affirmer, tandis qu'autour d'elle, Bordeterre tout entière connaît un féroce mouvement d'émancipation, de révolte, et qui sait, peut-être même de libération.



Bordeterre est un roman extrêmement dense, géométrique même dans sa structure, à l’intrigue linéaire bien menée, très rythmée, avec une clarté et une fluidité d’autant plus remarquables que les péripéties sont nombreuses et les scènes d’action très agitées. Le ton est vif, animé, enlevé, les péripéties sont diverses et toujours divertissantes, les décors sont rendus avec beaucoup de détails convaincants et la mythologie de Bordeterre, ses lois et son univers constituent tout un monde parallèle extrêmement plaisant, au système magique certes un peu flou dans sa caractérisation, mais par lequel on se laisse embarquer avec enthousiasme. Le roman adopte une narration très visuelle, très cinématographique, et multiplie les scènes et symboles mémorables : créatures magiques, Lacs d’outre-tombe, paillettes incrustées sur la peau, palais, pierres précieuses magiques, il y a là de quoi créer tout un imaginaire, pictural et sensoriel, à la croisée des univers de Philip Pullman, Christelle Dabos, Miyazaki et Tolkien.



La plume est pétillante, les images convoquées par l'autrice servent le récit sans jamais l'alourdir, et participent à l'élaboration d'une atmosphère fantastique irréelle, éthérée, à la frontière entre le conte, le merveilleux et la fantasy. Sur le plan du style, du souffle du récit, le texte bénéficie indéniablement de son humour, des piques que s'échangent les personnages, du contraste entre la candeur de certains et la roublardise d'autres, de l'énergie au cordeau des dialogues. L'autrice a cela dit recours à quelques effets de style parfois un peu aléatoires (notamment des retours ligne qui peuvent sembler un rien arbitraires ou artificiels), mais qui ne sont pas non plus déplaisants et contribuent à nourrir le sentiment d’étrangeté, d’émerveillement, propre à l'histoire.



Petit bémol peut-être sur la caractérisation d’Inès et Tristan : la maturité d’Inès est très fluctuante, et la petite fille se comporte tantôt comme une vraie femme, tantôt comme une adolescente impulsive, tantôt comme une enfant. Tristan, quant à lui, est certes présenté comme autiste, mais cela ne se traduit presque que par des bégaiements et une aversion au contact des physiques, des traits qui ont de plus tendance à s’estomper après les premiers chapitres. Tous deux restent bien sûr attachants, mais ils ne sont pas vraiment les figures les plus marquantes du récit, servent surtout de prétexte au déclenchement des péripéties, et pourraient gagner en solidité et en cohérence pour concrétiser leur potentiel, réel, de protagonistes à part entière. De façon générale, c'est peut-être du côté des personnages que le récit manque parfois un peu d'équilibre : certains personnages au potentiel romanesque très intéressant (Aïssa, Ruphaël, Tristan) peinent à trouver leur rôle dans l'intrigue au-delà de quelques interventions ponctuelles et souvent un peu instrumentales, sans que, cela dit, cela n'empêche le lecteur de suivre leurs péripéties avec plaisir et curiosité. En parallèle, des personnages comme Adelphe, Inès et Alma prennent énormément de place, empiétant sans doute sur l'espace dont auraient pu jouir d'autres protagonistes aux problématiques et dilemmes différents, qui auraient pu créer des contrastes avec les atermoiements amoureux et familiaux d'Adelphe ou le côté petit espion d'Inès.



Bordeterre est dans l’ensemble un roman réussi, plein de promesses remplies et de belles surprises. L’intrigue, très dense, pourrait sans doute gagnée à être encore clarifiée, notamment en rationnalisant un peu les rôles des différents personnages, dont les arcs ont parfois tendance à s’éparpiller, mais le tout fait néanmoins preuve d’une remarquable créativité, d’une belle fraîcheur et d’un vrai enthousiasme dans l'écriture et la façon de présenter les multiples facettes de l'univers créé ici. Julia Thévenot se pose en véritable conteuse, avec un profond et très appréciable sens du détail marquant, une narration visuelle irréprochable et une grande capacité à mêler l'humour au romanesque. Une belle découverte !
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Belle écriture mais l'histoire ne m'a pas touchée/émue plus que ça. Je l'ai lu d'une traite car il est court et on ne voit pas les pages tourner. C'est mon premier de l'autrice et j'ai beaucoup aimé sa plume. Un bon moment de lecture mais rien de fou.

Une dystopie pétillante !



Pétillante par l'écriture de Julia Thévenot et l'excentricité de son univers. D'abord enchanteur (avec une magie basée sur le chant, comment peut-il en être autrement ? ), il devient rapidement tout à fait angoissant. Angoissant par ses catégories sociales fondées sur la transparence des corps (oui, oui, la transparence) ; angoissant par ses créatures blanchâtres et cafteuses à trois yeux ; angoissant par son interdiction de "chanter" ; angoissant par son obligation d'oublier le passé ... Mais le dynamisme des personnages nous ancre à Bordeterre , tout comme le besoin de découvrir les rouages de celle-ci . D'autant plus que la légèreté du texte et ses multiples traits d'esprit nous font inlassablement tourner les pages .



Pour conclure, "que la terre vous soutienne" et "que le bord vous retienne". Il vous faudra au moins ça si vous ne voulez pas rester prisonnier.ère de Bordeterre.

Prêts à basculer dans le monde étrange de Bordeterre ?



Mon avis :

Un petit pageturner jeunesse très sympa dans un monde fantasy plein de mystères.

Ce que j'ai préféré, c'est le duo Tristan et Inès, leur évolution tout au long du récit. D'enfants brimés car à part (Inès, petite sœur surprotectrice et bagarreuse et Tristan, jeune homme autiste qui manque cruellement de confiance en lui), ils se retrouvent séparés, livrés à eux-mêmes, dans une ville où gronde la révolution et dont ils vont devenir, malgré eux, des acteurs majeurs.

Même si certaines répliques un peu trop familières m'ont un peu fait mi-grimacer, mi-rigoler, ce livre est définitivement bourré de qualités et se laisse dévorer avec plaisir !

Pénélope revient sur sa rencontre avec Yliès, alors qu’il passe une audition pour intégrer son groupe de rock comme guitariste. Il est tout de suite accroché par elle, regard aimanté ! Elle, elle ne sait pas trop… Charmée, flattée au départ, elle minaude même un peu jusqu’à ce qu’elle prenne conscience qu’il « lui plaisait presque, mais pas. » À partir de là c’est l’esquive pour ne briser ni l’amitié ni le groupe, car ce garçon même s’il ne lui plaît pas en tant que petit ami est néanmoins très sympathique et elle le voit parfaitement en très bon pote.

Le premier roman de Julia Thévenot était déjà très réussi, possédant son univers propre et assez original. Le thème de ce dernier livre est lui aussi inédit et très bien vu, il s’agit d’amour, mais d’amour non réciproque ou pour une fois c’est la personne qui est aimée qui s’exprime. La forme et le fonds sont donc très différents du premier, mais encore une fois c’est très réussi et je dirais même virtuose. J’admirais déjà la plume de l’autrice sur son blog de critiques, mais là j’ai été encore davantage soufflée. De plus, c’est vraiment un bel objet que ce roman réalisé par Sarbacane, il est tout simple, mais il tranche un peu sur les autres livres, que ce soit au niveau du format ou du papier choisis et il y a une vraie recherche sur la mise en page (comme ça avait déjà été le cas pour Songe à la douceur de Clémentine Beauvais par exemple). Le roman est très court mais les personnages bien campés, complexes comme la situation, très humains avec leurs défauts et leur envie de bien faire. Bref, une vraie petite gourmandise, très fine, que j’ai pris plaisir à déguster !