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Critiques de Julián Ríos (9)
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Pont de l'Alma

Julián Ríos fait peut-être un peu peur. Avoir en main son chef-d'oeuvre « Larva » peut rapidement entraîner des comparaisons avec Joyce, ou autres écrivains « avant-gardistes », et le cantonner dans ces quartiers brillants mais reculés de ces impénétrables intellectuels…

Sa bibliographie traduite en français se partage entre les éditions José Corti et Tristram, pour abonder dans ce sens… Et il est relativement peu lu chez nous… alors qu'il réside en région parisienne depuis un bail, proche selon lui de l'ombre de Flaubert…



Première approche pour moi, avec son dernier livre en date, revenant une bonne décennie plus tard sur un événement médiatique (historique pour certains…) majeur de la fin du siècle : la mort de Lady Di.



Une couverture assez astucieuse, où chacun comprend instantanément de quoi il est question ; le temps (et donc le kitsch) étant passé par là, ce Pont de l'Alma pourrait à nouveau rimer avec son zouave, mais une effigie façon Barbie — nous rappelant le caractère totémique de Diana Spencer — la rattache encore (in)consciemment à ce lieu plutôt morne de la capitale.



Une dernière chose avant de parler du texte (mon petit plaisir « bibliophile »), cet exemplaire provient d'une « sortie des collections » de la bibliothèque municipale « centre-ville » de St-Brieuc.



Ce roman est bien l'oeuvre d'un auteur immensément cultivé : il nous parle de peinture, de littérature, d'histoire, y établissant multiples correspondances, à la manière de ces gens dont l'intellect déborde de culture, au point que chaque image, lieu ou instant les renvoient automatiquement vers d'ad-hoc références.

Son centre de gravité éponyme, avec un narrateur principal installé à proximité, dans l'année qui a suivi le drame, observant au quotidien la flamme de la liberté devenue chapelle ardente spontanée, racontant l'histoire de ces personnages la fréquentant avec assiduité, caressant les délires et les larmes, les fleurs et les messages, y braquant sa plume sur l'un, pour mieux s'en échapper, vers d'autres histoires, nées de ces coïncidences qu'il recherche avec avidité.

Car c'est là le coeur du texte : parler de ces destins à la manière d'un biographe, entre quidam imaginé et figures historiques, points de rencontre réalité / fiction, vapeurs complotistes permettant de refuser les hasards, comme éternelle recherche de sens.



Le caractère assez éclaté du texte s'inscrit logiquement dans cette recherche littéraire ; dite par différentes personnes, nous contant l'histoire intime d'autres, à la manière de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours, envoyant s'encastrer le lecteur parfois mal concentré, quelquefois lassé de cette surabondance de « significatif » au milieu de cette infinité humaine, comme si une armée de paparazzi suivait chacun de nous, avec la même assiduité que pour « La Lumineuse ».

Bien-sûr, l'érudition n'est pas à brocarder, mais elle ancre un peu trop cette histoire dans une forme de catalogue, déroulant les vies, de Céline à Braque, de Daguerre à Pynchon ; voyageant du Chabanais à Varangeville, du bordel au cimetière, sans oublier, bien-sûr, la famille Al-Fayed.



Texte d'une grande richesse de sous-entendus, de jeux de langue plutôt bien traduits, d'une structure circulaire assez déroutante, avec quelques reproductions photographiques et graphiques, ainsi qu'une certaine parenté avec l'univers de Roberto Bolaño.

Tous ceux venus pour un livre sur l'imbroglio gallois en ressortiront forcément déçus, bien que Rios réussisse joliment à leur poser des questions…

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Cortège des ombres

Oeuvre de jeunesse de l'auteur dont le talent était déjà très abouti à 26 ans.



"Le cortège des ombres" évoque des épisodes de vie personnelles ou collectives souvent tragiques survenus durant les années 60 au siècle dernier dans le petit village catalan fictif de Tamoga (il existe bien un village de ce nom, mais très loin en Galicie). Proche de la frontière pyrénéenne, il n'en est pas moins, comme toute l'Espagne d'alors, écrasé sous la botte franquiste. La proximité de la liberté , à quelques kilomètres, n'allège en rien la sensation d'oppression qui se dégage de ces nouvelles.



Le style de Julian Rios est sobre, comme le quotidien terne et triste qu'il dépeint et où soudainement se déchaînent les forces obscures du destin, sous la forme de la maladie, de la mort, de l'amour et des règlements de comptes sous couvert politique.



La dernière nouvelle, dénommée "le fleuve sans rive", l'une des plus brève du recueil, est impressionnante : le vécu, le souvenir, le rêve et la prescience s'y enchevêtrent de telle sorte qu'on ne voit plus la frontière entre le réel et l'imaginaire.



Ce livre m'a un peu fait penser à "Pedro Páramo" du mexicain Juan Rulfo.



De la vraie littérature hispanique.
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Cortège des ombres

C 'est toujours la même chose. Une lecture, c'est une rencontre à un moment donné. Alors peut être le moment était il mal choisi. Pas vraiment d'intérêt ce recueil de nouvelles. L'écriture est belle mais le contenu m'a paru très faible, comme une assiette quasi vide alors que la faim vous tenaille (...) Ces Petites histoires simples de personnages habitant le même village n'ont rien réveillé en moi, si ce n'est ce sentiment, sous couvert de littérature et "d'intellectualisme", de participer au bal des salons parisiens.
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Nouveaux Chapeaux pour Alice

Curieuse entreprise de séduction que celle du Chapelier Fou : pour gagner les faveurs d’Alice, il lui propose des chapeaux-histoires afin de lui faire « perdre la tête ».



A chaque chapitre, un chapeau, et autant de micro-balades à travers la littérature : Melville, Shakespeare, Kafka, Tanizaki se mêlent à la Florence du XVe siècle, à la Ruritanie d’Anthony Hope, au Grand Ouest des westerns et au Londres de Mary Poppins.



On lit cette déclaration d’amour (autant à Alice – le personnage et l’absurde carrollien- qu’à la littérature, bien sûr) comme on déguste une poignée de bonbons, s’amusant à retrouver les références, à se laisser traîner de mini-récits jubilatoires en instantanés frappants, lisant avec plaisir les trouvailles de mise en scène et de style de Ríos, savourant chaque écho…



Quand la dernière page retombe, on quitte le livre avec une furieuse envie de relire la bibliothèque universelle que l’on vient de feuilleter… et de s’abîmer dans la contemplation d’un album qui peut lui offrir un joli écho, la Chapellerie pour dames de cœur, chats bottés & enfants songes de Frédéric Clément, qui, par la grâce de sa plume, de ses pinceaux et de ses collages, nous transporte dans un univers similairement fantasque.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Pont de l'Alma

Il ne fallait pas être grand clerc pour voir, à peine sa mort annoncée, que Diana Spencer était en passe de devenir un mythe. Certains de nos grands sages ont quand même mis quelques années : ainsi, Valéry Giscard d’Estaing vient tout juste de comprendre que miser sur la légendaire cuisse légère de la défunte princesse pouvait mener au jackpot. Prions pour le bel homme qu’il ne vienne pas trop tard. Plus proche de nos soucis littéraires, Julián Ríos s’est quant à lui rendu compte de l’avenir de la dite Di au lendemain de l’accident, alors qu’il passait par la flamme du pont d’Alma, improvisée mémorial de celle qui était devenue de Galles un matin de juillet 1981. C’est ce temple à la nouvelle déesse qui le lança dans ce qui allait se transformer en son nouveau roman, Puente de Alma.(...)
Lien : http://fricfracclub.com/spip..
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Nouveaux Chapeaux pour Alice

L'idée était pourtant originale, excellente :

Un chapelier fou qui pour séduire Alice lui propose un chapeau et une histoire qui lui fasse perdre la tête.

A chaque nouveau chapitre, un nouveau chapeau, une nouvelle histoire.

Mais c'est dommage, j'ai été déçue par toutes ces histoires peu palpitantes. J'attendais toujours le petit plus, le grain de folie qui allait tout emporter.



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Cortège des ombres

Des nouvelles courtes,un personnage croqué,décrit,avec finesse,humour ,verve, par un auteur espagnol contemporain ,dans la pure tradition des auteurs latinos, Marquez, Vargas Llosa,Sepulveda, Carpentier.
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Monstruaire

« Monstruaire », après être paru dans l’excellente maison d’édition José Corti, a été publié chez Tristram, qui s’est fait connaitre au début des années 2000 grâce à une nouvelle traduction du gros livre de Laurence Sterne dont est tiré son nom. « Monstruaire » se trouve dans cette lignée de livres très inventifs auxquels appartient également « La vie et les opinions de Tristram Shandy ». On imagine que les traductions de ces livres doivent être de vrais casse-têtes et qu’il doit être impossible d’en respecter l’esprit sans paradoxalement les trahir. Aussi, peut-être, devrait-on parler de recréations dans une autre langue, plutôt que de traductions.

Le narrateur, Emil Alia, qu’on suppose écrivain ou quelque chose comme ça, raconte des épisodes de la vie de son ami Victor Mons, artiste peintre. Il est surtout question, au début et à la fin, d’une période où Victor Mons créa une série d’œuvres sur les monstres, qu’il intitula Monstruaire. D’une manière générale, le sujet de ce livre est la création, avec ses obsessions, ses passions, ses angoisses.

Il y a, dans ce livre, un nombre incalculable de références culturelles, artistiques et littéraires, plus ou moins explicites, mais si l’on voudrait rapprocher le travail effectué par Julian Rios d’autres écrivains du vingtième siècle, on pourrait évoquer en particulier Joyce, certains aspects de Perec ou les amusements de Duchamp sur le langage. Tout est basé sur la ou les langues. « Monstruaire » est une accumulation de jeux de mots, parfois douteux, parfois merveilleux, d’homophonies plus ou moins bien senties, de néologismes pas toujours heureux, d’associations d’idées incongrues ou inspirées. Tout est fait pour déstabiliser le lecteur, c’est un livre qui demande donc beaucoup d’attention. Mais ce n’est pas une écriture lourde, au contraire, elle est plutôt sautillante. On change constamment de temps, on navigue un peu partout en Europe occidentale et on finit par en perdre tout repère chronologique ou spatial. Résultat, si « Monstruaire » est savoureux par certains aspects, car certains passages sont véritablement poétiques et certaines idées passionnantes, il mentirait celui qui, après s’être réjouit de l’existence de ce genre de textes, n’avouerait pas que c’est également difficile à digérer.

Peut-être que dans cinq cents ou mille ans, une sorte d’archéobibliologue acharné redécouvrira par hasard « Monstruaire » et trouvera là une œuvre non pas typique mais représentative de la fin du vingtième siècle. Une drôle d’époque, en conclura ce perspicace savant, où les hommes entrèrent dans la mondialisation, crurent à la fin de l’Histoire, perdirent leurs traditionnels repères temporels et spatiaux, cherchèrent à abrutir leurs nerfs dans les divertissements, les jeux, et où la créativité se noya dans un flux constant de produits culturels. Mais dans l’immédiat, l’avenir de ce livre semble, malheureusement, bouché et réservé à quelques rares lecteurs.
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Quichotte et fils : Une généalogie littéraire

Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire



Dans la lignée de Chez Ulysse, son mode d'emploi romancé de l'Ulysse de Joyce, Julián Ríos continue son exploration des chefs-d'oeuvre totalisants de la littérature européenne avec ces huit essais placés sous les auspices du Quichotte, « ce roman de romans, cet immense roman-fleuve sans rives », qui a selon lui engendré le meilleur de notre modernité. Commode, l'index placé à la fin du livre, avec ses noms d'oeuvres et d'auteurs par dizaines, est à lui seul un résumé de la méthode Ríos : plutôt qu'attaquer les oeuvres de face et les regarder isolément, il les replace dans un réseau et les met en résonance - technique bibliomaniaque et antiacadémique qui rappelle celle de son compatriote Vila-Matas. Brasser les références et les anecdotes, se laisser surprendre par les coïncidences, ne jamais reculer devant une digression, suivre les veines hypertextuelles du « bois de la littérature » et déambuler au hasard des faits et des souvenirs de lecture, voilà pour lui la meilleure manière - la seule possible au demeurant - de lire les maîtres encyclopédiques abordés ici : Sterne, Schmidt, Mann, Joyce, Cortázar, Machado de Assis ou Nabokov. Chez ce dernier, Ríos est fasciné par le célèbre professeur Kinbote, l'anti-héros de Feu pâle, à cause d'un trait de caractère qu'ils ont en commun : « la manie des références - ou apophénie, pour recourir au terme psychologique désignant la perception de connexions et de significations entre des choses et des phénomènes qui n'entretiennent pas de relation entre eux ». Dans cette éblouissante série d'investigations, Ríos montre précisément le contraire : il y a entre les grandes oeuvres mille et une connexions généalogiques invisibles, y compris là où nous n'en voyons ordinairement pas.
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