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Geneviève Duchêne (Traducteur)
EAN : 9782907681803
182 pages
Tristram (07/01/2010)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Monstruaire, ou les mille aventures qui jalonnent la vie et l'oeuvre de Victor Mons - génial " peintre de monstres " et lui-même plus monstrueux encore que ses créatures. Des cafés et des squats du Berlin des années 1980 aux rues de Paris, des hôtels de passe de Londres à l'Hôtel Majestic de Barcelone, Juliàn Rios nous entraîne dans les dérives nocturnes de ce terrible personnage - avec ses modèl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Monstruaire », après être paru dans l'excellente maison d'édition José Corti, a été publié chez Tristram, qui s'est fait connaitre au début des années 2000 grâce à une nouvelle traduction du gros livre de Laurence Sterne dont est tiré son nom. « Monstruaire » se trouve dans cette lignée de livres très inventifs auxquels appartient également « La vie et les opinions de Tristram Shandy ». On imagine que les traductions de ces livres doivent être de vrais casse-têtes et qu'il doit être impossible d'en respecter l'esprit sans paradoxalement les trahir. Aussi, peut-être, devrait-on parler de recréations dans une autre langue, plutôt que de traductions.
Le narrateur, Emil Alia, qu'on suppose écrivain ou quelque chose comme ça, raconte des épisodes de la vie de son ami Victor Mons, artiste peintre. Il est surtout question, au début et à la fin, d'une période où Victor Mons créa une série d'oeuvres sur les monstres, qu'il intitula Monstruaire. D'une manière générale, le sujet de ce livre est la création, avec ses obsessions, ses passions, ses angoisses.
Il y a, dans ce livre, un nombre incalculable de références culturelles, artistiques et littéraires, plus ou moins explicites, mais si l'on voudrait rapprocher le travail effectué par Julian Rios d'autres écrivains du vingtième siècle, on pourrait évoquer en particulier Joyce, certains aspects de Perec ou les amusements de Duchamp sur le langage. Tout est basé sur la ou les langues. « Monstruaire » est une accumulation de jeux de mots, parfois douteux, parfois merveilleux, d'homophonies plus ou moins bien senties, de néologismes pas toujours heureux, d'associations d'idées incongrues ou inspirées. Tout est fait pour déstabiliser le lecteur, c'est un livre qui demande donc beaucoup d'attention. Mais ce n'est pas une écriture lourde, au contraire, elle est plutôt sautillante. On change constamment de temps, on navigue un peu partout en Europe occidentale et on finit par en perdre tout repère chronologique ou spatial. Résultat, si « Monstruaire » est savoureux par certains aspects, car certains passages sont véritablement poétiques et certaines idées passionnantes, il mentirait celui qui, après s'être réjouit de l'existence de ce genre de textes, n'avouerait pas que c'est également difficile à digérer.
Peut-être que dans cinq cents ou mille ans, une sorte d'archéobibliologue acharné redécouvrira par hasard « Monstruaire » et trouvera là une oeuvre non pas typique mais représentative de la fin du vingtième siècle. Une drôle d'époque, en conclura ce perspicace savant, où les hommes entrèrent dans la mondialisation, crurent à la fin de l'Histoire, perdirent leurs traditionnels repères temporels et spatiaux, cherchèrent à abrutir leurs nerfs dans les divertissements, les jeux, et où la créativité se noya dans un flux constant de produits culturels. Mais dans l'immédiat, l'avenir de ce livre semble, malheureusement, bouché et réservé à quelques rares lecteurs.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’insondable inanité du cyberespace infini m’effraie, pascalisait Pécuchet. Bouvard soutint qu’on ne pouvait trouver meilleur espace pour donner à connaître et préserver des œuvres censurées ou supprimées par les censures. Pécuchet souligna que la censure majuscule était désormais dans le commercialisme à outrance, qui non seulement ne laisse pas naître et croître, par exemple, les romans qui assurent la rénovation et la perpétuation du genre, mais qui en plus les remplace par des succédanés à succès en les faisant passer pour littérature. Bouvard assurait qu’il n’y avait ni temps ni espace à perdre et il proposa de scanner ces romans méritoires épuisés ou oubliés ou dignes d’être republiés parce qu’exemplaires. Pécuchet refusa le scanner et préféra taper lettre à lettre les livres choisis, car il voulait prêcher par l’exemple : qui écrit lit deux fois.

Leur critère de sélection excluait en premier lieu ces romans qui racontent ce que l’on peut dire par d’autres moyens et qui étaient en réalité de mauvaises imitations imprimées du cinéma ou de la télévision. Bouvard avait parfois la main trop généreuse et il proposait de copier des œuvres dont on aurait pu se passer ; mais Pécuchet, à l’exemple de son collègue américain Bartleby, le coupait d’un « Je préférerais ne pas.
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Là, étendue immobile sur le carrelage noir et blanc, alors que les dîneurs, juste embarrassés au début, continuaient et continuaient et oui nous continuions de mastiquer. L’appétit revient en mangeant… Nous crûmes, en effet, qu’elle était morte. La brune, très jeune, restait auprès d’elle. Jusqu’à ce que l’ambulance arrive. Mais auparavant vinrent de drôles d’oiseaux et damoiselles de mauvais augure, funèbres, et aussi très pâles, tous vêtus de noir, qui ne passèrent pas la porte du restaurant et paraissaient à l’affût, griffant la vitrine dans mon dos, éraflures de doigts griffus qui me donnent encore des frissons. Les démons – comme Mons les appela – et je me rappelle que nous en vînmes à débattre si le plus grand monstre c’était le démon ou Dieu. Comme le démon ne peut être Créateur, attribut divin, Dieu lui permet de posséder les artistes, ces parodies minuscules du Créateur. Qui est comme Dieu ? songe le démon qui aurait bien voulu être le plus grand des monstres. Démonstrations de Mons, théo-hérétique, devant la gisante au corps trop présent.
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Si une oreille de taureau est la récompense pour une excellente prestation du torero, le peintre – qui est dans l’arène de sa toile blanche à la fois taureau et torero – se primait aussi pour sa prestation, faisant preuve au passage de son courage. Dans ce cas, lui disait Mons, Van Gogh aurait dû se couper les deux oreilles. Pour ne pas parler de la queue…
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