Citations de Juno Dawson (83)
Qui a besoin d'un réveil quand il y a un coq à proximité ?
J'en viens à détester mon portable. Avant, j'avais toujours un message, ne serait-ce qu'un emoji, de Ferdy. A présent, la plupart du temps, je n'ai aucune notification. C'est comme transporter un minuscule cadavre carré.
J'ai fait une interview avec Victoria Secret, et ils ont été surpris de découvrir que j'avais un accent londonien. J'ai compris que c'était parce que je ne m'étais presque pas exprimée en sept ans. Enfin, "Parce que je le vaut bien .", c'est quand même pas du Shakespeare, hein ? Comment se fait-il que le monde entier sait à quoi je ressemble, mais que personne n'ait jamais entendu ma voix ?
- Sois belle et tais-toi ?
Je me souviens. Je suis allongée sur la méridienne. Je me souviens. Kurt a enfoncé l'aiguille dans mon bras. Je ne le fais jamais moi-même, évidemment, c'est trop flippant. Je me souviens, j'ai regardé par la fenêtre et j'ai vu toutes les lumières, les minuscules lumières de Londres. Ambre or et paillettes. Des bateaux sur la Tamise, des phares, le Shard à l'horizon. Tout s'est brouillé, tout était lucioles.
Lucioles...
Je rêve de lucioles.
Les échecs ? C'est très facile une fois que tu sais comment se déplacent les pièces. Le but du jeu est de protéger le roi.
- Quelle surprise !
- A vrai dire, la dame est tactiquement plus utile : elle peut se déplacer dans toutes les directions sur n'importe quel nombre de cases tandis que le roi ne peut bouger que d'une case à la fois.
- Comme d'habitude, la femme travaille deux fois plus pour moins de reconnaissance.
Et puis soudain je l'ai vu, accoudé à une extrémité du bar, parfaitement à l'aise. Ses cheveux tombaient dans les yeux, ses manches retroussées presque jusqu'aux épaules dévoilaient une peau qui grouillait de sirènes, d'ancres et de krakens. Oh, purée, vous savez quoi ? C'est lui qui a été mon premier opium. Il était une volute de fumée bleue qui s'enroulait autour du bar, se transformait en index me faisant signe d'approcher. J'ai su dés que je l'ai vu.
Je vais être orpheline. Orpheline ! Comme Oliver Twist ou Annie. Comment est-ce possible ? Je ne pensais même pas que ça arrivait dans la vraie vie.
- Comment tu t'appelles ?
- Laurel Ross.
- Eh bien, Laurel, t es vraiment une très jolie fille. Mais tu mesures combien ?
- Un mètre soixante-cinq. (Elle baisse la voix. ) Mais plus avec des talons !
Il lui retourne un sourire compatissant.
- Pour être honnête, on ne recrute personne en dessous du mètre soixante-douze.
- Kate Moss fait un mètre soixante-dix...
Tom sourit.
- Kate Moss, c'est Kate Moss.
- Dites-moi, Lexi, êtes-vous croyante ?
- Je crois dans le pouvoir des chaussures.
[ Défilé de mode/ backstage]
Quelqu'un enfonce mon pied dans une bottine, alors qu'on m'ébouriffe les cheveux tout en me repoudrant le nez. On m'attache des boucles d'oreilles. J'avale une goulée de laque. J'ai l'impression d' être palpée par un calmar géant. Des mains, des mains, des mains, partout sur mon corps.
Ma tête a beau savoir qu'il n'est pas pour moi, ça ne m'empêche pas de le vouloir. Je sais que ce n'est pas bien, mais a-t-on déjà demandé à un nuage d'arrêter de pleuvoir ?
A St Agnes, j'étais plutôt moyenne, mais ici, je suis en tête de classe. Je ne crois pas que mes profs du privé étaient meilleurs, c'est juste que dans mon ancien lycée, nous n'étions que dix-sept par classe. Ici, on est trente-deux.
Vous saviez dés l'inscription que cette classe préparatoire nécessitait un investissement total. Et il semblerait que votre emploi de mannequin vous prenne tout votre temps également. Vous allez devoir choisir , Jana.
Oh, non.
Il me faudrait un Retourneur de temps.
Heather Daley s'approche de notre table en compagnie de Lily McCoy et Emily Potter. Je sais que ce n'est pas très féministe, mais je déteste cette bande de connasses mesquines. D'un autre côté, il serait sans doute plus facile de les apprécier si elles étaient un peu moins connes et moins mesquines.
Je presse mes paupières et laisse l'obscurité m'enrober comme si j'étais un rouleau de printemps.
Qu'est-ce qui est pire ? Ne jamais avoir quelque chose ou l'avoir puis le perdre ?
Je comprends, maintenant. Ce n'était pas une histoire à la Cendrillon. Ça n'a jamais été le cas. C'était Le Petit Chaperon rouge. Ou plutôt, des TAS de petits chaperons rouges, et des tas de grands méchants loups.
- Je peux te laisser mon numéro ? Je lui ai demandé en enfreignant ma règle personnelle : ne surtout pas donner l'impression de faire le premier pas.
- Bien sûr, a t-il répondu d'un air détaché.
Je sais reconnaître un manque d'enthousiasme.
- Je ne suis pas celle que tu crois. Je ne suis pas une gamine.
Il a haussé un de ses épais sourcils pour manifester son incrédulité.
- Tu as quel âge ?
- En années de mondanités ? Environ vingt-huit ans.
Il a ri.
C'est peut-être ça devenir adulte : cesser de se sentir en sécurité.
- Allez, Storm, tu en es capable. On en est capable. Tu es un raté, moi aussi, ensemble on s'annule. C'est parti !