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Citations de Jürgen Habermas (46)


Cet univers produit par les mass media n'a que l'apparence d'une sphère public; comme il est tout aussi illusoire de croire que s'est maintenue intacte la sphère privée qu'elle devait par ailleurs garantir à ses consommateurs.
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Ce qui est soumis au jugement du public acquiert de la Publicité.
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Le progrès quasi autonome de la science et de la technique dont dépend effectivement la variable la plus importante du système, à savoir la croissance économique, fait […] figure de variable indépendante. Il en résulte une perspective selon laquelle l'évolution du système social paraît être déterminée par la logique du progrès scientifique et technique. La dynamique immanente à ce progrès semble produire des contraintes objectives auxquelles doit se conformer une politique répondant à des besoins fonctionnels. Or, une fois que cette illusion s'est effectivement bien implantée, la propagande peut invoquer le rôle de la science et de la technique pour expliquer et légitimer les raisons pour lesquelles, dans les sociétés modernes, un processus de formation démocratique de la volonté politique concernant les questions de la pratique "doit" nécessairement perdre toute fonction et céder la place aux décisions de nature plébiscitaire concernant les alternatives mettant tel ou tel personnel administratif à la tête de l'État. C'est la thèse de la technocratie, et le discours scientifique en a développé la théorie sous différentes versions Mais le fait qu'elle puisse pénétrer aussi, en tant qu'idéologie implicite, dans la conscience de la masse de la production dépolitisée et avoir un pouvoir de légitimation me paraît plus important.
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Les règles linguistiques ne doivent pas être assimilées à des "coutumes" ; toute langue bénéficie, en effet, d'une certaine autonomie par rapport à son arrière-plan culturel et aux pratiques sociales de la communauté qui la parle.
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Les nouvelles technologies nous imposent une discussion publique sur la compréhension qu’il faut avoir des formes de vie culturelles en tant que telles. Or les philosophes n’ont plus de bonnes raisons pour abandonner un tel objet de controverse à des bioscientifiques et à des ingénieurs exaltés par la science-fiction.
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Les assassins déterminés au suicide, qui transformèrent des appareils de transport civils en projectiles habités pour les lancer contre les citadelles capitalistes de la civilisation occidentale, étaient, à ce que nous ont appris depuis le testament d’Atta et les déclarations d’Oussama Ben Laden, motivés par des convictions religieuses. Pour eux, les emblèmes de la société moderne globalisée incarnent le Grand Satan. Mais nous également, qui par la télévision avons été l’universel témoin oculaire de l’événement « apocalyptique », avons été submergés, à travers le ressassement masochiste de l’effondrement des tours jumelles de Manhattan, par des images bibliques. Et la langue du talion dans laquelle notamment le Président américain a réagi à l’inconcevable avait elle aussi des consonances vétéro-testamentaires. Un peu comme si cet attentat aveugle avait frappé une corde religieuse au plus intime de la société séculière, partout dans le monde, les synagogues, les églises et les mosquées se sont remplies.
(…)
En dépit de son langage religieux, le fondamentalisme est un phénomène exclusivement moderne. En ce qui concerne les islamistes qui ont commis les attentats, ce qui frappe immédiatement c’est la non-contemporanéité des mobiles et des moyens. Elle est le reflet de cet autre décalage temporel entre culture et société, que l’on put observer dans les pays d’origine de ces islamistes dès l’instant où une modernisation accélérée a profondément porté atteinte à leurs racines. Ce qui, chez nous, dans des circonstances plus heureuses, a tout de même pu être éprouvé comme un processus de destruction créatrice, n’a laissé entrevoir dans ces pays aucune compensation tangible pour les peines causées par le déclin des formes de vie traditionnelles.
(…)
La « guerre contre le terrorisme » n’est pas une guerre, et ce qui s’exprime aussi dans le terrorisme c’est le choc, funeste dans son caractère aphasique, entre des mondes qui, par-delà la violence muette des terroristes et des missiles, sont mis en demeure de développer un langage commun. Face à la globalisation qui s’instaure par le truchement de marchés sans frontières, beaucoup espéraient un retour du politique sous une autre forme — non sous sa forme hobbesienne originelle d’un État sécuritaire globalisé, privilégiant la police, les services secrets et le militaire, mais sous celle d’une capacité à valoriser la civilisation à l’échelle mondiale. Au stade où nous en sommes, il ne nous reste guère qu’à espérer une ruse de la raison — et que l’on fasse preuve d’un peu de réflexion. En effet, cette faille aphasique divise aussi notre propre demeure. (chapitre IV)
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Ne sachant pas quelle position ils occuperont un jour dans la société qu'il leur faut ordonner, ils se voient, ne serait-ce qu'en fonction de leur propre intérêt, amenés à réfléchir à ce qui est également bon pour tous.
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L'empirisme répète sur le terrain de la théorie analytique de l'action des batailles livrées depuis longtemps ; il y est encore question du rapport entre l'esprit et le corps (idéalisme contre matérialisme), des raison et des causes (volonté libre contre déterminisme), du comportement et de l'action (description objectiviste versus description non objectiviste de l'action), du statut logique des explications de l'action, de la causalité, de l'intentionnalité, etc. Pour le dire dans une pointe, la théorie analytique de l'action travaille dans une perspective nouvelle les problèmes vénérables de la philosophie de la conscience pré-kantienne, sans avancer dans les questions fondamentales d'une théorie sociologique de l'action.
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Nous comprenons un acte de parole si nous savons ce qui le rend acceptable.
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Pour éviter le fondamentalisme des droits de l'homme, il ne faut pas renoncer à toute politique visant à les réaliser, mais - au nom du droit cosmopolitique - transformer l'état de nature entre les Etats en état de droit.
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L'usage que le public des lecteurs faisait de sa raison tend à s’effacer au profit des simples "opinions sur le goût et l'attirance" qu'échangent des consommateurs; et même le fait de parler de ce qu'on a consommé, cette "contre-épreuve des expériences du goût", est intégré au processus de consommation même.
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Les citoyens peuvent alors considérer que la constitution est un projet collectif visant la réalisation toujours plus complète d’un système de droits fondamentaux déjà établi. Les citoyens prenant part à ce projet commun peuvent, de manière cohérente, militer en faveur de l’amélioration des conditions autorisant un accès adéquat et une participation effective à la politique délibérative, tout en pouvant, d’un point de vue rationnel, compter sur la mise en œuvre de règles assurant le respect des normes.
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Nous qui sommes des êtres faillibles, certes sur le monde vécu, n'avons en effet, d'autre voie possible, pour nous assurer de ce qui est vrai, que celle d'une discussion à la fois rationnelle et ouverte sur l'avenir.
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Qui est vraiment prêt à tirer les leçons de la crise bancaire ? [...] Qui est prêt à se battre pour cela ?

P.47
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La Presse cependant fut tout de suite et systématiquement mise au service des intérêts du pouvoir. En mars 1769 encore, un décret sur la Presse, pris par le gouvernement de Vienne, renseigne sur le style de cette pratique : "Afin que les journalistes puissent savoir quelle sorte de décrets, de dispositions concernant le pays et autres événements, il convient de livrer au public, ces nouvelles feront chaque semaine l'objet d'un résumé de la part des autorités et seront ainsi transmises aux rédacteurs des journaux."
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D'inspiration romantique, le concept de nation, qui voit dans celle-ci une communauté de culture et de destin ancrée dans le peuple considéré comme race et pouvant prétendre à une existence étatique indépendante, alimente toujours des convictions et des positions qui font problème; c'est l'appel à un prétendu droit à l'autodétermination nationale, le rejet symétrique du multiculturalisme et de la politique des droits de l'homme, ainsi que la méfiance à l'égard du transfert des droits de souveraineté à des institutions supranationales. Or, ceux qui font l'apologie du peuple-nation oublient que les conquêtes historiques prestigieuses de l'État-nation démocratique et ses principes constitutionnels de type républicain peuvent précisément nous apprendre comment aborder les problèmes actuels du passage inévitable à des formes postnationales de socialisation.
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[L]es exemples de sociétés multiculturelles telles que la Suisse ou les États-Unis montrent qu'une culture politique dans laquelle les principes constitutionnels peuvent prendre racine ne doit pas forcément s'appuyer sur une provenance commune, ethnique, linguistique et culturelle, de tous les citoyens. Une culture politique libérale n'est que le dénominateur commun d'un patriotisme constitutionnel qui aiguise en même temps le sens de la diversité et de l'intégrité des différentes formes de vie qui coexistent dans une société multiculturelle. Dans un futur État fédéral européen aussi, les mêmes principes juridiques devront être interprétés, du point de vue de traditions nationales différentes et d'histoires nationales différentes. La tradition à laquelle on appartient doit chaque fois être appropriée d'un point de vue relativisé par les points de vue des autres, afin qu'il soit possible de l'intégrer à une culture constitutionnelle partagée au niveau supranational. Un ancrage particulariste de ce type-là ne priverait d'aucune façon la souveraineté populaire et les droits de l'homme de leur sens universaliste. C'est un fait établi : la citoyenneté démocratique n'est pas nécessairement enracinée dans l'identité nationale d'un peuple; mais, quelle que soit la diversité des différentes formes de vie culturelles, elle requiert la socialisation de tous les citoyens dans le cadre d'une culture politique commune.
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Dans les systèmes industriels les plus avancés, il faut de nos jours faire un effort énergique pour prendre en main de façon consciente une médiation du progrès technique et de la pratique vécue des grandes sociétés industrielles qui jusqu'à présent n'a fait que s'imposer avec tous les traits d'une histoire naturelle (naturgeschichtlich). C'est n'est pas le lieu ici de discuter des conditions sociales, économiques et politiques dont devrait nécessairement dépendre une politique centralisée de la recherche à long terme. Il ne suffit pas qu'un système social remplisse certaines conditions de rationalité technique. A supposer même que le rêve cybernétique d'une autostabilisation pour ainsi dire instinctive soit réalisable, c'est qu'on aurait en chemin réduit le système des valeurs à de simples recettes de maximisation concernant puissance et bien-être, à un équivalent de la valeur biologique de base représentée par la survie à tout prix, c'est-à-dire l'hyperstabilité. De par les conséquences socio-culturelles imprévues du progrès technique, l'espèce humaine s'est elle-même mis au défi non seulement de provoquer la destinée sociale qui est la sienne mais encore d'apprendre à la maîtriser. Et il n'est pas possible de relever ce défi lancé par la technique avec les seules ressources de la technique. Il s'agit bien plutôt d'engager une discussion, débouchant sur des conséquences politiques, qui mette en rapport de façon rationnelle et obligatoire le potentiel dont la société dispose en matière de savoir et de pouvoir techniques avec notre savoir et notre vouloir pratiques.
D'une part, une telle discussion pourrait éclairer les acteurs de la vie politique, dans le cadre de ce qui est techniquement possible et "faisable", sur la conception que les intérêts auxquels ils sont affaire se font d'eux-mêmes, telle qu'elle se trouve déterminée par la tradition. D'autre part, à la lumière des besoins ainsi articulés et ré-interprétés, ils pourraient juger par rapport à la pratique dans quelle direction et dans quelle mesure nous désirons développer notre savoir technique dans l'avenir.
Cette dialectique du pouvoir et du vouloir s'opère actuellement de façon non réfléchie, en fonction d'intérêts dont on n'exige pas qu'ils aient de justification publique, par plus qu'on ne les y autorise. Ce n'est qu'en assurant avec conscience politique cette dialectique que nous pourrions reprendre en main une médiation du progrès technique et du monde vécu social qui jusqu'à présent s'est imposé à la façon d'une histoire naturelle (naturgeschichtlich). Dans la mesure où cela est l'affaire de la réflexion, cette médiation ne relève pas plus cette fois-ci de la compétence de tel ou tel spécialiste. Le pouvoir de disposer techniquement des choses ne suffit pas à dissoudre la substance de la domination ; elle peut même au besoin se retrancher derrière lui. L'irrationalité de la domination qui a pris maintenant les proportions d'un danger mortel collectif ne pourrait être surmontée que par la formation d'une volonté politique, liée au principe d'une discussion générale et exempte de domination. Il n'est permis d'espérer une rationalisation de la domination que d'une situation où serait développée la puissance politique d'une pensée liée au dialogue. La force libératrice de la réflexion ne peut être remplacée par un déploiement de savoir techniquement utilisable.
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En vérité, la théorie morale paie très cher la division du travail avec une éthique qui est spécialisée dans les formes de la délibération existentielle sur soi-même. Elle brise par là en effet le lien qui seul fournit aux jugements moraux la motivation à agir comme il faut. Les intuitions morales n’obligent effectivement la volonté que dès l’instant où elles s’inscrivent dans une compréhension éthique de soi qui attèle le souci que l’on a de son propre bien-être à l’intérêt pour la justice.
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La pratique du récit ne sert du reste pas seulement aux besoins triviaux d'intercompréhension de membres d'un groupe ayant à coordonner leur travail ensemble ; elle a aussi une fonction de compréhension de soi pour les personnes qui ont à objectiver leur appartenance a monde vécu dont elles font partie, en leur qualité actuelle de participants à la communication. En particulier, elles ne peuvent forger une identité personnelle qu'à condition de reconnaître que la succession de leurs propres actions constitue une histoire vécue susceptible d'être mise en récit. Les groupes atteignent leur identité seulement si les représentations que se font ses membres de leur monde vécu se recouvrent suffisament et se condensent en convictions profondes qui n'ont plus rien de problématique.
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