Jacques Perry-Salkow est pianiste et auteur. Il est diplômé de la Dick Grove School of Music de Los Angeles, et il est un passionné de littérature à contraintes. Il a publié, avec Étienne Klein,
Anagrammes renversantes ou le Sens caché du monde (Flammarion, 2011) ; avec
Sylvain Tesson,
Anagrammes à la folie (Équateurs, 2013 ; Pocket, 2015) ; avec
Raphaël Enthoven,
Anagrammes pour lire dans les pensées (
Actes Sud, 2016) et avec
Karol Beffa,
Anagrammes à quatre mains (
Actes Sud, 2018). Il vit en Touraine.
Conférence : L'anagramme est-elle un art de la déconstruction-reconstruction ?
1er juillet 2022, 14h30 - 15h15 Amphi 34B
« Chaque mot porte en lui un secret, un surcroît de sens, quelque chose de plus grand que sa définition », écrit
Sylvain Tesson. L'anagramme est l'art de faire apparaître ces messages insoupçonnés, enfouis dans la matrice orthographique. Elle est une reconstruction porteuse d'un sens caché.
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Dans une lettre du 9 juillet 1911 à Carlo Calusetti, Puccini écrit : "À première écoute, le drame peut empêcher d’écouter la musique, mais à la deuxième ou troisième audition, l’action est familière et les surprises n’ont plus la même intensité ; alors on peut écouter la musique. C’est toujours ce qui se passe avec des livrets captivants."
Kurt Weill ne considérait pas le jazz comme une musique facile : "La musique de jazz, a-t-il écrit, ne se résume pas à une mesure syncopée à 2/ 2. La musique nègre qui est à l’origine du jazz est d’une complexité rythmique, d’une subtilité harmonique, d’une richesse de modulation que la plupart de nos orchestres de danses sont tout simplement incapables de reproduire."
Il va de soi que l’écriture musicale ne peut pas seulement « venir des tripes ». Elle requiert un niveau supérieur de sophistication.
Comme je l'ai encore défendu récemment, la contrainte est, à mon avis, une incitation et non une limitation à la créativité.
KB: Et s'il ne fait pas de grosses multiplications, que fait donc un mathématicien de ses journées ?
CV: D'abord, il évite les multiplications, parce que le plus souvent il est moyen, voire médiocre, en calcul. Le temps des grands mathématiciens calculateurs, comme Euler, Gauss ou Ramanujan, est révolu. Le mathématicien contemporain se concentre sur ce qui fait l'essence de son métier: le raisonnement. Il passe beaucoup de son temps à préparer des arguments, des preuves, des démonstrations, des théories, des hypothèses. On peut comparer un mathématicien à un avocat ou à un détective, qui prépare une plaidoirie ou une enquête. Il faut que tout s'enchaîne de manière parfaitement logique et fluide, pour entraîner l'adhésion. Un mathématicien est aussi un mécano des concepts. Ces concepts abstraits, il faut les manipuler comme des objets, les emboîter les uns sur les autres, les emmancher; les visser et les étirer: À la fin, cela doit démontrer ou prouver quelque chose. Le plus souvent. tout se joue dans l'articulation des concepts, qu'il s'agisse de modèles (qui font le lien entre une observation réelle et un objet mathématique), de théorèmes, ou encore d'algorithmes, qui permettent à un ordinateur de faire tel ou tel calcul.
"à son âme" Pierre de Ronsard, orchestration de Maurice RAVEL
[...]
Tu descens là bas foiblelette,
Pasle, maigrelette, seulette,
Dans le froid Royaume des mors :
[...]
Ne trouble mon repos, je dors.
Mozart est un exemple particulièrement pertinent quand on veut évoquer les rapports entre les metiers d'improvisateur, d'interprète et de compositeur : en son temps, ils semble qu'il ait dû sa notoriété en premier lieu à son talent d'improvisateur, ses talents de compositeur et de pianiste ne venant qu'en second.
Der Zauberlehrling et Fanfares méritent donc toutes deux d'être qualifiées de clocks. À l'inverse, Cordes à vide, Arc-en-ciel ou encore En suspens baignent dans un climat clouds. Les analyser sous l'angle de la problématique clocks and clouds permet de s'extraire des dichotomies trop marquées et un peu simplistes établies plus haut. En effet, il me semble que cette problématique subsume les oppositions envisagées antérieurement : Bartók / Debussy, constructivisme / impressionnisme, vif/lent, continu / discontinu. Se positionnant sur un plan multidimensionnel, elle paraît mieux saisir la complexité des Études et plus généralement de la production de Ligeti. N'établissant pas une coupure irréductible entre deux pôles qui seraient véritablement antinomique, elle permet notamment de rendre compte des possibilités de transmutation de l'un dans l'autre.
Le mathématicien contemporain se concentre sur ce qui fait l'essence de son métier : Le raisonnement. Le savoir en mathématique ne peut être validé que par le raisonnement logique, pas par des expériences, si nombreuses soient elles.
Ce fut ma LEÇON DE TÉNÈBRES et de raison en ces temps de détresse. C'est dans le passé glorieux et ces réminiscences de Couperin que j'ai cherché un point d'appui face aux tragédies que nous vivons. Si dans cette œuvre j'ai pu juguler la douleur, le désarroi n'en a pas moins rongé bien des créations de l'époque. Ainsi ce que j'avais conçu comme une apothéose de la valse s'est peu à peu imprégné de l'atmosphère crépusculaire de l'apocalypse mondiale [1914].