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Critiques de Kei Miller (57)
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By the rivers of Babylon

Une lecture qui débute avec une proposition du narrateur (?....) de planer avec lui dans les cieux, tel un oiseau, avec une vue spectaculaire sur la Terre.....afin de suivre l'histoire qu'il va nous raconter ....magnifique sensation qui nous fait déjà pressentir la magie de ce qui nous attend.

Nous voici en compagnie de Ma Taffy, dans sa communauté à Augustown, un quartier pauvre de la banlieue de Kingston, Jamaïque, dans les années 80. Une Calamity Jane vieillissante, quasi aveugle, assise dans sa véranda quelque soit le temps, sa cigarette au cannabis au coin des lèvres. Une Rasta lady qui vit avec sa nièce Gina et le fils de celle-là, Kaia, un garçonnet de six ans. Dans ce pays de misère, ou les gangs sévissent, où Babylon ( la police ou autre agent de contrôle ici en l’occurrence les Blancs, qui "assurent le maintien" de l'injustice structurelle sociale ) régit avec ses propres lois, où l'individu normal est condamné à survivre, Ma Taffy incarne la sagesse et la mémoire de la communauté. Une communauté « libérée de ses chaînes », dont les rastafaris, qu'on va découvrir à travers son histoire et ses récits, et la fameuse légende du “Prêcheur volant “.

Une étrange atmosphère présageant l’autoclaps ( Suite inattendue et désagréable provoquée par un incident, à un problème considéré deja clos, réglé, ici dans le contexte de l’histoire des Rastas de la Jamaïque ) est déclenchée par un professeur haineux qui coupe les dreadlocks ( tresses) de Kaia, sacrilège absolu pour un Rasta.....

Navigant entre passé et présent, Ma Taffy, entourée de personnages haut en couleur, Maas Bilby, son feu beau-père petit délinquant " respectable", aux principes rigoureux ( il se rachète en faisant don d'une partie de ses vols à l'église ), son "petit-fils" Kaia, victime du terrible sacrilège , sacrilège qui coûtera la vie à d'autres, Gina, sa nièce, le seul personnage du livre incarnant l’espoir , Soft-Paw, l'ado-Superman, chef de l'Angola gang, qui cache ses armes chez elle, Ian Moody, le petit laveur de voitures, chef rasta, .....elle raconte l’histoire d’Augustown, ville emblématique du mythe de l’émancipation de la Jamaïque (1838).

Des gens pauvres dont la seule richesse est leur croyance, leur seul trésor qu'ils peuvent garder au fond de leurs cœurs et même cela, Babylone leur arrachera.

Une communauté qui se mue, mais où les armes remplace l’obeah (la magie occulte), et où les descendants des asservies n’arrivent pas à se libérer du joug de la misère,de la violence et de leur complexe racial.



Une fable moderne pleine de surprises, dont je préfère le titre original "Augustown “.

Lu en v.o., une langue magnifique, poétique, colorée qu’on déchiffre très vite malgré le vocabulaire patois jamaïcain.

Une lecture émouvante et magique à l'humour discret ! Ne ratez pas la procession des bobos shanties et l’expérience unique de planer, ce serait dommage !



Thank you Sister !



« ...tiny moments change wide futures,....small axes fell big trees,... »









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By the rivers of Babylon

A Kingston, Jamaïque, un grand drame est survenu : l’instituteur a coupé les dreadlocks du petit Kaia. On ne coupe pas les cheveux d’un rastafari. Jamais !

Et Ma Taffy, la grand-mère, sait que c’est un jour de malheur, un jour où l’autoclapse va advenir.

Aussi, en attendant l’arrivée de la mère du petit et la menace qui gronde, et aussi pour sécher les larmes de celui-ci, elle entreprend de lui raconter l’histoire de Marcus Garvey, celui à qui on a aussi coupé les cheveux, puis celle du révérend Bedward qui s’est mis à s’envoler vers le ciel...

« c’est juste une histoire comme plein d’autres dans cette foutue île de Jamaïque ; juste un homme qui lutte et que ce maudit pays a décidé de mettre à terre. »



Ce sont tous les faits marquants qui ont fondé ce quartier de Kingston (depuis ce premier août 1838) qui prennent place ici. Mais c’est aussi la discrimination entre noirs et blancs, entre riches et pauvres, qui y est révélée, ainsi que la tension palpable qui règne entre les habitants et les forces de l’ordre.

C’est un récit très oralisé avec un parler de la Caraïbe qui prend toute sa place et toute sa force ici, et qui rend toutes les anecdotes vivantes et colorées. C’est un cri contre les injustices, la pauvreté, l’oppression. C’est aussi un hymne à l’amour et aux croyances populaires.



By the rivers of Babylone....

« Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion », fait référence aux racines bibliques du rastafarisme.

Si vous avez en tête la musique disco de Boney M, au titre éponyme, essayez plutôt de l’effacer et de la remplacer par la musique reggae de Bob Marley et son titre Babylon System « We refuse to be, what you wanted us to be ».

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L'authentique Pearline Portious

Adamine Bustamante vous dira qu'elle est née en Jamaïque dans une léproserie où sa mère Pearline Portious a vécu.

Celle-ci tricotait des napperons multicolores qui peu à peu ont servi de bandage aux habitants de la léproserie. Elle a mis au monde sa fille et elle est décédée. Mman Lazare, déjà âgée s’occupa de Adamine jusqu'à ses cent cinq ans.

L'histoire nous est contée par Adamine, crieuse de vérité de Jamaïque, et par l'écrivain qui veut raconter sa vie.

Leur récit s’entremêlera et alternera. Adamine raconte son histoire et rouspète après l'écrivain dans une sorte de français créole et c'est un des points forts de ce livre. Elle nous livre des morceaux très drôles avec cet écrivain.

J'ai beaucoup aimé ce récit alterné par ces deux voix nous apportant chacun une partie de l'histoire.

Un beau livre et une belle langue qui invite à voyager dans son univers.

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By the rivers of Babylon

1982, dans la ville fictive d'Augustown (comprenez Kingston, capitale de la Jamaïque), la tranquillité apparente du quotidien de plusieurs habitants est bouleversée. Suite à un évènement qui pourrait sembler "mineur", la cohabitation et l'équilibre entre les communautés blanches (aisées) et noires (pauvres) sont mis à mal. En effet, Kaia, un écolier rentre chez lui en pleurant car son instituteur lui a coupé ses dreadlocks.



Cette première découverte de littérature jamaïcaine pour moi est une véritable réussite ! Comme beaucoup d'autres lecteurs j'ai été charmée par l'écriture aussi fluide et poétique "qu'un cours d'eau", ces portraits hauts en couleurs, recherchés et vifs de ces personnages, comme Ma Taffy, la grand-mère de Kaia mais pas seulement. Et lire ce roman en anglais permet aussi d'avoir le texte "brut" avec les inclusions du dialecte jamaïcan, ce qui donne une saveur "exotique" en plus à cette lecture.



D'un point de vue littéraire, ce roman est très intelligemment construit. Les personnages servent en réalité à créer une cartographie aussi bien historique, sociale, religieuse et culturelle des habitants qui peuplent cet espace. Cette histoire permet aussi d'en apprendre davantage sur la religion et la culture rastafari - bien loin des clichés qu'on pourrait en avoir. Kei Miller utilise notamment une histoire allégorique fréquente dans la littérature afro-américaine (dans le Chant de Salomon de Toni Morrison, par exemple) et afro-caribéenne qu'est celle d'un personnage noir qui parvient à voler : métaphore qui annonce la libération des noirs de l'oppression des blancs.

Ici aussi les personnages de Kei Miller cherchent à s'affranchir de leurs conditions, et malgré la poésie de l'écriture, la réalité décrite n'en reste pas moins dure.



Une très belle lecture qui me donne envie d'en explorer davantage.
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L'authentique Pearline Portious

Pearline Portious est une jeune jamaïcaine qui se fait embaucher dans une léproserie où elle ramène avec elle vie et couleur. Mais elle décède en couches et c'est Mman Lazare, déjà 90 ans au compteur, qui va élever la petite Adamine. C'est elle qui raconte son histoire, elle la Crieuse de Vérité, et l'écrivain bien sûr, qui cherche à remettre les éléments du puzzle de sa vie dans le bon ordre...



J'ai vraiment cru pendant une bonne centaine de pages (la première partie en fait) de Kei Miller ferait un doublé, cumulerait 2 must-read sur 2, une première en 11 ans de lectures pour moi. Car ce poète a une écriture douce, sensible, chatoyante, réjouissante ; car ses histoires sont un mélange de féérie dans un monde brut et brutal. J'ai été embarquée par l'histoire de Pearline Portious dans cette léproserie, les interventions de sa fille Pearline Portious, alias Adamine Bustamante, qui tente de remettre les pendules à l'heure quand l'écrivain part dans de grandes envolées historiques.

Mais j'ai commencé à moins être accaparée quand la première Pearline nous quitte et que le récit se concentre sur la vie pour le moins étrange d'Adamine qui voit les esprits et devient prophétesse. Certes, le récit est toujours aussi bien mené par l'auteur, mais Adamine, par sa force surprenante sans doute et son anticonformisme bourru, est beaucoup moins attachante que sa paisible mère qui vivait sur un arc-en-ciel vraiment apaisant.

L'intrigue que suit l'auteur, dont le grand mystère est révélé petit à petit dans les derniers chapitres, a un goût étrange qui colle moyennement avec l'ambiance installée dans le début du récit, se concentrant au fur et à mesure des pages sur une filiation perdue née d'un viol et de conditions de vie abusives. Adamine est aussi envoyée en Angleterre où elle va être prise pour folle parce qu'on n'y a pas les mêmes croyances qu'en Jamaïque en matière de superstitions et prophéties. C'est dans ce fait que le lecteur français lui-même européen se sent sûrement déconnecté de la magie qu'un tel personnage peut dégager dans les Caraïbes. La fin, attachée à ce point, m'a du coup carrément laissée de marbre et je me suis sentie éloignée du propos, non sans une certaine frustration, d'autant plus que la fin est longue à se mettre en place.

Néanmoins, ça reste un roman à lire, moins fort toutefois que son petit frère By the Rivers of Babylon. Kei Miller est un auteur incroyable avec un énorme talent de conteur et un style vrai et vivant. On ne peut s'empêcher de s'impatienter de voir un troisième roman publié...
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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By the rivers of Babylon

L'histoire que nous conte Kei Miller prend sa source dans une vallée jamaïcaine où les esclaves affranchis se réfugièrent le matin de l'émancipation en 1838. Ce qui fut jadis un paradis verdoyant est devenu un ghetto de la banlieue de Kingstown où vivent des petites gens qui, s'ils ont été débarrassés des chaînes de l'esclavage, restent toujours victimes des clivages ethniques et sociaux marqués par les persécutions policières.

En fait, plusieurs histoires s'entremêlent dans ce récit qui navigue entre deux époques. Le fil d'Ariane guidant le lecteur à travers elles est tenu par une vielle femme rasta portant des locks et fumant de la ganja.

En racontant à son petit neveu l'incroyable exploit du pasteur Alexander Bedward, elle remonte le temps jusqu'à son enfance, quand elle n'était qu'une "tifi "( petite fille en créole) qui a vu de ses propres " zyeux "celui qui, par son pouvoir de lévitation entendait libérer le peuple du joug colonial. C'est en quelque sorte la naissance du mouvement rastafari en Jamaïque qu'elle évoque. En parallèle se noue une tragédie, un mystérieux "autoclapse", créant dès le début une tension dramatique intense, tension qui ne se relâche jamais. Le procédé est efficace et ferre impitoyablement le lecteur qui ne peut plus abandonner cette histoire.

J'avais quelques craintes avant d'entamer ma lecture car je me suis plusieurs fois cassé les dents sur des textes publiés par ma maison d'édition préférée. Elles se sont vite évanouies devant la simplicité de l'écriture de Kei Miller et la saveur des dialogues, pimentée et colorée, qui fleure bon la Caraïbe.

Le titre de ce roman, tiré du Livre des Psaumes ( "Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion"), fait référence aux racines bibliques du rastafarisme. Si malheureusement il nous rappelle un vieux tube disco, l'ambiance du roman est plutôt proche de celle des chansons de Bob Marley qui invitent le peuple à se battre pour ses droits à travers des thèmes aussi fondamentaux que la politique, l'esclavage, la religion et la pauvreté.
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By the rivers of Babylon

Dans la ville d'Augustown en Jamaïque, le petit Kaia se voit couper ses dreadlocks par son professeur. Toucher aux dreads, c'est attaquer l'identité des rastafaris. Ce geste inconsidéré va être à l'origine d'une succession d'évènements malheureux...



Un récit poétique à la limite du conte, un cri d'injustice qui se perd encore dans l'immensité de l'espace... Quel roman riche, beau et implacable à la fois, une petite pépite insoupçonnée, dans laquelle l'auteur fait montre de beaucoup de talent et finesse dans l'écriture !

Ce livre raconte une histoire en 1982 qui aurait tout aussi bien pu se situer à notre époque actuelle. En Jamaïque, le colorisme divise la population, étant à l'origine de discriminations sociales flagrantes. A cela se rajoutent les divergences religieuses et le mouvement rastafari que "la haute société" (à savoir les Blancs et plus largement les Noirs à la couleur de peau claire) perçoit comme de la racaille sale, inférieure et mal éduquée. Les rastas voient le monde des Blancs comme le système, Babylone, qui est responsable de toute l'injustice qu'ils subissent et dans laquelle ils sont forcés de vivre. L'épisode du petit Kaia à qui on coupe ses dreads est la provocation de trop qui ne fait que mettre le feu à ce qui couvait déjà depuis longtemps. Et honnêtement, on peut sans problème dresser un parallèle avec le mouvement BLM actuel aux Etats-Unis suite à une série de morts injustifiée de Noirs par des policiers Blancs presque partout dans le pays. Le mouvement BLM, c'est la prise de conscience des Blancs naïfs de la présence d'un racisme systémique toujours en vigueur malgré l'évolution de la société, tout comme d'un racisme latent qui n'a malheureusement toujours pas disparu. Le respect d'autrui est loin d'être acquis dans le monde, et ce roman, grâce à un récit habilement mené et des personnages touchants, rappelle ce fait dans le "microcosme" d'une île toujours fortement marquée par son passé colonial, elle-même touchée par un racisme ambiant.

La philosophie rasta et le concept de Babylon peut être assimilé à une fome d'extrémisme anti-social (mais ça, ça ne vient pas de l'auteur), mais ce livre montre des vérités dures et bien réelles et constitue une très belle découverte. Il me tarde de lire le premier publié par Kei Miller.
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L'authentique Pearline Portious

Qui est vraiment Pearline Portious ?



Au fil du récit, mêlant les voix d’un narrateur enquêteur, qui veut connaître le fin mot de l’histoire de Pearline Portious, et d’une vieille femme qui lui raconte contre mauvaise fortune bon cœur cette histoire, se reconstituent des vies, banales, heureuses comme tragiques, menées par une intrigue qui oscille entre vérité et invention, racontées par une plume dense, à la rythmique travaillée pour de la prose – cela se ressent en effet déjà grandement avec la traduction –, au langage multiple qui syncrétise traditions jamaïcaines et culture occidentale.



Derrière cette histoire, c’est aussi toute la littérature, et la création littéraire, qui sont questionnées, dans leur capacité, ou non, à raconter la réalité des évènements, sans à aucun moment les modifier, que ce soit dans un but moral, ou plus encore esthétique.



Moi qui avais adoré By the rivers of Babylon, j’ai encore une fois été séduite par ce roman de Kei Miller, le premier publié en France. Je vais essayer de me procurer ses œuvres poétiques en VO, elles m’interpellent en effet grandement.
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By the rivers of Babylon

Un professeur qui coupe les dreadlocks d'un gamin de 8 ans, en pleine classe, sert de catalyseur à ce roman qui prend bien souvent l'apparence du conte.



Kei Miller nous propose plusieurs histoires imbriquées les unes dans les autres, entrecroisant le destin de plusieurs personnages, pour nous initier à la complexité de la société jamaïcaine. C'était ma première immersion en Jamaïque, dont je ne connais pas l'histoire et pour laquelle seuls quelques clichés qui ont la vie dure me venaient à l'esprit.

A travers un récit poignant, dur parfois et teinté d'onirisme, l'auteur m'a donné l'envie d'aller plus loin dans la découverte de cette île et de ses habitants.



La construction du roman est en elle-même surprenante et agréable. Le lecteur traverse les époques, des années 20 aux années 80, dans le désordre, un peu comme des sauts aléatoires dans le temps. Il en va de même pour l'accompagnement des personnages. Rien n'est linéaire, mais tout a du sens; même si parfois on n'en découvre le sel que plus tard dans le récit.



Ce roman fait partie des romans que j'aimerais déjà relire à peine terminés car je suis certaine d'y détecter d'autres niveaux de lectures.

J'ai aimé les personnages, j'ai aimé la plume de l'auteur, j'ai aimé qu'on me jette dans ce petit coin de Jamaïque un peu comme dans une fosse aux lions, j'ai aimé lever le voile sur une société complexe qui m'était jusque là inconnue...

Bref, j'ai vraiment aimé ce roman !
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By the rivers of Babylon

Quelle écriture poétique et puissante, portée par cette richesse linguistique née du métissage forcé, pour raconter cette île de Jamaïque qui m'a fait penser à la Barbade rencontrée dans L'île de l'éternel retour, et raconter en particulier le rastafarisme d'avant Bob Marley !

"Certains jours comptent plus de routes que d'autres", c'est le cas de cet après-midi d'avril 1982 qui regroupe du passé, du présent et de l'avenir, dans les voix de Ma Taffy et Gina, leurs histoires et celles des autres autour.
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By the rivers of Babylon

Une lecture un peu spéciale, je m'attendais pas du tout à cela, un peu de mal à rentrer dans le récit et le langage du terroir.

Je pense que ce livre doit être lu avec lenteur pour s'approprier les lieux, l'ambiance, bien reconnaître les personnages aux noms ou surnoms peu communs. Une deuxième lecture donc s'impose à moi, car il n'y a que sur la fin que je suis parvenue à lire sans me demander qui est qui etc. un peu compliqué à vrai dire. Pour autant, j'ai apprécié ce récit, qui nous plonge au coeur de la Jamaïque, nous dévoile la misère d'un peuple exploité et maltraité. L'esclavage n'est pas encore très loin, il plane l'ombre de cette hideuse bête et fait encore des ravages, par chemins détournés, mais elle est là encore tapie prête à bondir et dévorer, sa pauvre victime.

Beaucoup de couleurs, de chaleurs, malgré tout, des chants, des croyances, un tout à découvrir.

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By the rivers of Babylon

Les dreadlocks d'un petit garçon sont le déclencheur de ce roman, qui a coupé les dreads de Kaia et que dit cette poignée de dreads sur le sol... Peu importe l'histoire finalement, il faut se laisser prendre par le rythme de la voix de Ma Taffy, vieille femme d'Augustown, semi-aveugle pour découvrir une Jamaïque pauvre, sale, violente, insolente, fière et ensorceleuse et entendre avec elle l'arrivée de l'autoclapse.



Joli texte qui a le charme des contes et des légendes mais aussi la cruauté de la réalité.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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L'authentique Pearline Portious

Ce roman est incroyable, l'histoire comme le style m'ont beaucoup marquée !

La langue utilisée par Kei Miller est tellement vivante et colorée, elle nous dépayse. Un grand bravo d'ailleurs à la traductrice qui a réussi à retranscrire les paroles d'Adamine en une sorte de créole jamaicain. Il faut noter que la lecture n'en est pas pour autant difficile, au contraire elle est fluide et pimentée par cette langue si ensoleillée.

Hormis le langage, j'ai également beaucoup aimé la double narration, et le fait qu'Adamine se joue de Monsieur gratte-papyè derrière son dos, nous rendant complice de son espièglerie.

Parlons maintenant de l'histoire, si atypique. Elle débute dans une léproserie aux couleurs de l'arc-en-ciel dans une Jamaïque inondée de soleil. Avez-vous déjà vu un début aussi original ? Kei Miller par la suite nous décrit certaines coutumes locales à travers le destin de l'authentique Pearline Portious et dans un récit très vivant.

J'ai été très intriguée par le revivalisme, qui semble être un mélange de religion et de pratiques vaudous, ainsi que par les "crieurs de vérité" sur lesquels j'aimerais me renseigner davantage.

Kei Miller souligne un point intéressant : l'Angleterre a catalogué un peu facilement certaines coutumes et pratique locales comme folie, n'essayant pas de comprendre leur religion et leur croyance.

Je ne rends malheureusement pas assez honneur à mon goût à ce roman qui m'a transporté. J'ai hâte de me lancer dans un autre livre de cet auteur !
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By the rivers of Babylon

Première rencontre avec l'auteur jamaïcain Kei Miller, à laquelle il est difficile de demeurer de marbre !



By the rivers of Babylon est un roman chorale où s'entremêlent passé, présent, pressentiment et prophétie...On égrène au fil des chapitres contes, souvenirs, discours rapportés, rêveries ou mystique rastafari : ces récits bercent le lecteur pris dans les rets d'une île des Caraïbes aussi bouillonnante que violente.



J'ai trouvé la lecture déroutante à ces débuts, sans pour autant que ce soit négatif : il faut du temps pour appréhender les concepts rastafari et les croyances associées, et pour prendre conscience de ce que subissent certains des personnages, et la haine qu'ils peuvent déclencher chez les autres. Chaque récit et chaque personnage ajoute sa touche à l'édifice d'une société jamaïcaine déchirée par les inégalités sociales et économiques, et un système basé sur la couleur de peau drastiquement ancré chez tout un chacun. Pour faire face à un destin oppressant, les classes sociales les plus pauvres se tournent alors vers un message d'espoir porté par une religion qui leur promet que leurs souffrances s'estomperont bientôt...



Ce charivari tantôt sage, tantôt conteur, tantôt prédicateur esquisse une société opprimée qui gronde et menace d'exploser ; les thèmes abordés m'ont fait penser à mes lectures d'auteurs haïtiens, où l'on retrouve la même fatalité face aux évènements, et la même tendance à se retourner vers la part spirituelle de l'être humain pour échapper à la violence quotidienne.



Une très belle découverte de la Jamaïque, avec un petit regret pour le rythme du récit, qui s'essouffle par moment au gré des souvenirs et des chapitres.
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L'authentique Pearline Portious

« Dans not’monde, y a connaissance à foison, assez pour que t’en prennes et que t’en laisses. Si t’as envie, tu peux refuser de croire plein de choses et pas t’occuper de comment ces choses-là sont vraies-vraies. Je sais des choses que tu connais pas, et que tu connaîtras jamais. »



Et si ce livre était arrivé devant mes yeux comme une prophétie ? De celle qui prédit une lecture prenant possession de toute mon attention , sans temps mort tant ces deux voix sont envoûtantes. Je me suis posée sur le toit de la léproserie , y ai détricoté chaque page afin de ne pas en perdre un fil tant la couleur de ce roman est saisissante de beauté. Je me suis employée à profiter de chaque ligne tant l'écriture de Kei Miller est distinguée et éclatante , me suis nourrie de cette histoire délicieuse mettant en face à face le créole d'Adamine , précipice de lyrisme qui évoque le folklore et les rites de Jamaïque, face à un Occident hermétique , emprisonné dans un gouffre d'obstination bornée et arrogante. J'ai lu ce pouvoir des mots , celui qui sans détours nous procure un immense plaisir de lecture , y ai croisé le choc des cultures, dressé et inapprivoisé , retranscrit par cette découverte à ne pas laisser de côté. L'authentique Pearline Portious est une petite merveille et je baille pas des paroles en l'air...

Ainsi s'est arrêté mon immersion, là, à la dernière page , j'ai regardé une dernière fois Adamine se retirer , l'histoire est terminée , elle défilait encore dans ma tête alors que mon regard enregistrait Monsieur Gratte-Papyè , « Kei Miller»...



Un énorme coup de cœur !



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L'authentique Pearline Portious

J’ai franchement été emballée par ce livre, et, du coup, ce n’est pas franchement facile de dire pourquoi. Je vais quand même tenter de débroussailler le sujet.

Le ton, d’abord, qui ne s’embarrasse pas d’être poli, ou plutôt policé. Je tire mon chapeau à Nathalie Carré, la traductrice, qui a restitué un parler coloré, vivant dans toute sa vigueur, sans pour autant que le lecteur ait l’impression que l’auteur ait été écrit ainsi simplement pour faire « couleur locale ». Non, c’est à la création d’un personnage dans toute sa justesse à laquelle nous assistons.

Parce que, pour être « juste », il faut aussi prendre le risque de croiser les regards, celui d’Adamine mais aussi celui de Monsieur Gratte-Papyé, l’écrivain venu retracer la vie de « L’authentique Pearline Portious ». Qui était-elle, d’ailleurs ? La mère, morte en mettant au monde sa fille, ou la fille, à qui on a donné le nom de sa mère par erreur – les joies de l’état civil jamaïcain. Et pourtant, la filiation est importante, plusieurs mères, déjà, ont guidé les pas de Pearline, plusieurs mères veilleront sur Adamine, et que toutes deux vivront des situations inimaginables, comme un conte de fée inversé.

Inversé, parce que nous ne sommes pas dans un joli château, nous sommes dans une léproserie, que certains ont connu, ou pas, mais dont nul ne conteste la présence de pensionnaires à temps pleins, ignorés de tous ou presque, abandonnés par leur famille, quand elle ne s’est pas (un peu) servi d’eux. Les moments de joie, ou simplement de répit ne durent guère, même les bandages multicolores de Pearline ne sauraient assurer qu’un peu, juste un peu d’apaisement dans un monde qui ne le leur permet même pas.

Inversé, parce que la révélation que subit la jeune Adamine la conduit non pas vers le bonheur, mais vers un état qui n’est pas si facile que cela à définir. Bien sûr, pour les occidentaux, le mot « folie » est celui qui convient. Pour les Jamaïcains, c’est toute autre chose, du moins, pour ceux qui vivent en Jamaïque. En Angleterre, là où certains vont pour accomplir un rêve, changer de vie, d’autres ne trouvent que la vie en Angleterre, telle qu’elle pouvait être en ces temps-là – et le constat est tout sauf optimiste.

S’il faut chercher un vent d’espoir d’ailleurs, il est plutôt dans les derniers chapitres, dans les paroles de monsieur Gratte-Papyè, qui redéfinit les fonctions de l’écriture et le rôle de l’écrivain. Les derniers mots du roman sont d’une grande force, et laissent une impression tenace. L’authentique Pearlin Portious ou un roman qui laisse espérer d’autres traductions d’oeuvres de cet auteur.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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By the rivers of Babylon

L'auteur m'a littéralement embarquée dans un univers qui m'a pris dans son cocon de langage et de couleurs, en famille bienveillante. Paradoxalement aux évènements cruels et bêtement humains - la coupe sauvage des dreadlocks, la répression aveugle, le repentir délirant du maître - Le rêve éveillé, la foi en l'espoir persistants, résistants, comme si j'étais restée tout au long de cette lecture, enfouie bien en sécurité dans la chaleur confortable de ma couette...
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By the rivers of Babylon

Lorsque le petit Kaia 6 ans rentre de l'école en pleurant, Ma Taffy sa grand-tante qu'il considère comme sa grand-mère sent la catastrophe arriver.

En ce jour d'avril 1982 à Augustown, Jamaïque, l'instituteur a coupé les dreadlocks de Kaia le petit rastafari.

La pire chose qui pouvait lui arriver, ce geste va être considéré comme une nouvelle attaque de Babylone (le pouvoir blanc et sa police) contre ce petit peuple noir et pauvre de l'île.

Ma Taffy qui elle aussi porte des dreads et fume la ganja va essayer de consoler Kaia en lui contant l'histoire du Prêcheur volant et celle de Clarky deux rasta à qui Babylone avait rasé le crâne.

Mais bien vite tous les rasta vont savoir ce qui est arrivé à Kaia, et ils vont se regrouper devant l'école pour demander justice, et le pire va se produire

Une belle écriture toute en poésie et avec ses expressions créoles il est à peine besoin de fermer les yeux pour se croire en compagnie de Kaia, Ma Taffy et les autres là-bas à Augustown, Jamaïque.

Un roman touchant qui nous plonge au coeur des croyances et des conditions de vie des rastafaris.

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By the rivers of Babylon

Prix Carbet des Lycéens 2019.

Prix Pierre-François Caillé de la traduction 2018.

Prix Les Afriques 2018.

Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2017.

OCM Bocas Prize for Caribbean Literature 2017.



Kei Miller est un écrivain jamaïcain, romancier et poète de langue anglaise, qui parle de son île pays et raconte un peu de son Histoire ; ici, c'est à travers celle de Rastafari et en particulier d'une famille constituée d'un enfant le jeune Kaia, de sa mère Gina et de la vieille tante qui a élevé Gina, Ma Taffy ; Ma Taffy a maintenant perdu la vue, mais elle continue de sentir dans tout son être ce qui se trame à Augustown, petit quartier pauvre occupant une vallée, sorte de ghetto noir non loin de Kingstown.

Alors quand Kaia rentre de l'école en pleurant parce que son maître d'école Mr Saint-Josephs, un Noir qui se prend pour un Blanc, a coupé ses dreadslocks, elle pourtant toujours imperturbable, sait que, ce 11 avril 1982, un autoclapse va se produire...



Mais la première chose dont il faudrait parler, c'est la surprise dès l'ouverture du livre : l'écriture - qui bénéficie d' une excellente traduction - est d'une poésie, d'une finesse et d'une originalité tout à fait étonnantes ! Les façons de parler, les expressions ti-gars, toute une marmaye, au tan-lontan, les bouches-cancans, font sourire malgré la tension qui se dégage du récit ; il y a une puissance, une beauté du style qui émerveillent.



Très vite, on comprend que les habitants de ce quartier sont malmenés par les Babylones, les policiers qui se croient tout permis " on a entendu à la radio la belle histoire que Babylone nous conte à chaque fois : celle qui dit que ses hommes sont venus à Augustown pour arrêter un criminel recherché qu'a ouvert le feu. Qu'ils ont dû se défendre et qu'ils l'ont tué." (p 26)

En attendant que la mère de l'enfant rentre, Ma Taffy va lui conter l'histoire du Prêcheur volant :

Extrait : " Souvent, les souvenirs lointains nous happent de manière violente - comme un écho qui échappe à sa propre fugacité et prend une ampleur telle si rapidement que nous glissons dedans sans y être préparés. Il s'accompagne alors d'un coeur qui s'emballe, d'yeux écarquillés, d'une bouche figée dans un Oh de surprise. A l'époque du Prêcheur volant, Ma Taffy avait le même âge que Kaia. Ce n'est pas le souvenir d'avoir été petite qui prend la vieille femme au dépourvu mais de mesurer combien d'années la séparent de ce moment. Au tan-lontan, y avait une église ici à Augustown commence Ma Taffy... " (p 32)



Voyages dans le temps pour raconter l'histoire d'Alexandre Bedward que Ma Taffy se souvient d'avoir vu s'élever dans le ciel, la marche silencieuse des Bobo Shanti qui rappelle celle des esclaves libérés en 1838, l'enfance et la jeunesse de la très intelligente Gina capable d'aller dans une université américaine et enfin l'autoclapse, la catastrophe apocalyptique qui fait tellement peur à Ma Taffy...



Très bon livre, porté par une écriture magnifique ! Intelligent et captivant, un texte à ne pas manquer !
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L'authentique Pearline Portious

Comment aborder la double question de la différence culturelle et cultuelle ? Comment évoquer l'Angleterre brumeuse et stricte et la Jamaïque ensoleillée et paillarde ? Comment lier Pearline Portious et Adamine Bustamente ? Comment retisser le lien mère-fille incisé dès la naissance ?

C'est un même geste, l'enfant remplace les parents et tout se trouble dans un délire de personnalité. Adamine Bustamente va passer sa vie à revendiquer qui elle est et se heurter d'emblée à l'Etat Civil. Erreur de ligne ou de case, erreur administrative, sur ses papiers Adamine sera Pearline, et la crieuse de vérité, passerelle entre le monde des esprits et le monde des hommes en oubliera parfois jusqu'à son vrai nom.

Qui est-on ?

Lorsqu'on est jamaïcaine et qu'on débarque dans l'austère Angleterre ? Qui est-on lorsqu'on est revivaliste et que cet art est ici une folie, là-bas un don ? Qui est-on lorsqu'on crie les paroles de Dieu tout haut et qu'ici, c'est l'asile, là-bas le respect infini ?

Adamine va voyager pendant tout le roman et l'écrivain jouer avec elle, et nous. En chapitrant son livre en parties distinctes, d'abord au style direct, façon confession et ensuite par le recueil malin des paroles d'Adamine, Kei Miller brouille la perception. Il propose un récit aussi tarabiscoté que l'esprit de son personnage et montre combien le trouble de l'esprit est une souffrance infinie.

L'authentique Pearline Portious est un roman délicat dont l'écriture, fortement évocatrice, renvoie le lecteur à sa propre attention. Chaque mot pèse et chaque anecdote peut se révéler capitale par la suite.

Un dernier mot sur l'objet, quelle belle collection ! Format, couverture, papier, tout est parfait ! Bravo à Zulma pour ça, et merci pour le livre Masse Critique.
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