AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Kent Haruf (308)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Nos âmes la nuit

La nuit, c’est l’antre de la petite mort, c’est le noir qui angoisse et fait pleurer les enfants, la nuit, je mens, je m’en lave les mains, j’ai dans mes bottes des montagnes de questions. La nuit, certains dorment quand d’autres font l’amour comme tant d’autres ont mal, les yeux ouverts dans le gouffre de la nuit.



Chercher une âme ouverte, une âme, juste une âme pour avoir moins froid, pour éloigner la peur du silence et celle de la solitude. Addie et Louis, deux maisons voisines, des rides qui

tracent les sillons de leurs 70 années, deux cœurs refroidis par le deuil, par la mort du temps qui passe et ne reviendra plus. Venez dormir avec moi murmure Addie à Louis. Juste dormir, pas de sexe, mais vous savoir là à côté de moi dans ce lit trop grand... Une proposition attachante, troublante, pudique à laquelle Louis répond oui, bien sûr.



Pas d’âge pour la tendresse.

Des nuits qui brillent quand elles sont partagées.

Un peu de jour dans la nuit, joue contre joue.

Un peu de rose sur les joues.

Fuir les quand dira t’on.

Juste la nuit qui s’étend à rallonge dans le jour.

Un peu de tendresse pour émoustiller la vieillesse, un peu d’amour, quelques confidences pour apprivoiser deux solitudes.

Puis, ça change tout, un peu de tendresse. Le ventre devient chaud, la tête bourdonne, le cœur palpite.



Un très beau roman comme je les aime. De petits chapitres, des phrases courtes. Une ligne droite sans accroc vers nos âmes la nuit.



🎶 La nuit se traîne

La nuit n'en finit plus

Et j'attends que quelque chose vienne

Mais je ne sais qui je ne sais quoi

J'ai envie d'aimer, j'ai envie de vivre... 🎶
Commenter  J’apprécie          14246
Nos âmes la nuit

Avec ce livre, j’ai tout de suite été touché par la grâce.

Addie et louis sont deux vieilles personnes bientôt arrivées au bout du long chemin de leur vie. Ils habitent dans deux maisons voisines, et se côtoient sans réellement se connaître.

C'est Addie qui fera le premier pas en proposant à Louis de venir dormir dans son lit. Simplement dormir. Simplement sentir une présence, un corps, une respiration à ses côtés. Et puis parler, et repousser dans les recoins de la chambre cette solitude qui, au cœur de la nuit, devient vite insupportable.

Ils se raconteront leur vie, la vraie, quand le masque est tombé. Ils se chuchoteront leurs rêves enfuis, leurs moments de grands bonheurs, leurs trahisons, et leurs douleurs secrètes. Ils riront de cette longue routine, paisible et courtoise, qui leur a pourtant permis de tenir tout ce temps. Ils parleront de ces enfants, loin de chez eux, mais tellement présents dans leur cœur, pour qui ils ont tout donné sans que cela soit pour autant suffisant. Dans le silence de la nuit, ils sentiront autour d’eux la présence obsédante de leurs conjoints disparus.

Puis vient le moment où ces rencontres nocturnes leur donnent le feu sacré. Addie et Louis se rendent compte presque par hasard, malgré le qu’en-dira-t-on, malgré le jugement des enfants, qu’ils ne sont pas complètement desséchés dans leurs corps et leurs esprits.

Quelle belle histoire empreinte de douceur, de dignité et d’espérance. Un récit relaté avec des mots d’une désarmante simplicité.

Un livre rare.







Commenter  J’apprécie          13510
Nos âmes la nuit

A quoi rêve " nos âmes la nuit" ?

Quand on se retrouve seul dans ce trop grand lit. Addie une dame de 75 ans est seule. Prenant son courage à deux mains elle va faire une étrange proposition à Louis son voisin.

" Je me demandais si vous accepteriez de venir chez moi de temps en temps pour dormir avec moi".

Se moquant des ragots d'une petite ville, Louis tous les soirs son pyjama et sa brosse à dent dans un sac va retrouver Addie.

Un rituel s'installe, une bière pour lui un verre de vin pour elle. Et puis le moment de se mettre au lit.

Kent Haruf nous raconte une belle histoire, celle de deux personnes qui voulaient se sentir vivant, à un âge où le corps se fait rebelle et l'esprit toujours aux aguets prêt à saisir ces instants de bonheur.

" Nos âmes la nuit" est une pépite pleine de douceur et de tendresse.

Je trouve que le troisième âge n'est pas un sujet suffisamment abordé en littérature dommage.

Il n'y a rien de choquant dans "nos âmes la nuit" juste l'histoire de Addie et Louis qui voulaient faire un bout de chemin ensemble.
Commenter  J’apprécie          10810
Nos âmes la nuit

Que font nos âmes la nuit ? Que font nos âmes pour traverser le fleuve inquiétant de la nuit, pour passer de la rive du soir à la rive de l'aube ? Au mieux, sont-elles emportées par le clapotis des rêves, bercées par la cascade de l'amour, parfois entaillées par les roches noires des cauchemars, noyées par les larmes des regrets, en tourbillon dans les souvenirs s'élèvant tels des cailloux à fleurs d'eau, trempées par la sueur de l'insomnie, glacées par les fantômes, gelées par la mort, tapie, qui rôde.



Que font nos âmes la nuit lorsque nous sommes confrontés à la solitude, celle du petit enfant dans une famille en crise ou celle de la personne âgée devenue veuve ? Ces âmes-là ont-elles dans leurs bottes des montagnes de questions où surgissent encore leur égo…mentent-elles effrontément ? S'en lavent-elles les mains ?



Le remède pour la vaillante Addie, veuve de 75 ans, est d'oser aller voir son voisin, Louis, également septuagénaire et veuf, pour lui faire une proposition. Elle lui demande de venir chez elle de temps en temps pour dormir avec elle. Pas une question de sexe, le rassure-t-elle, pas une question d'amour non plus, mais histoire d'avoir quelqu'un à ses côtés pour passer ce cap si difficile de la nuit, de partager une complicité, une forme d'intimité et de tendresse faite de discussions, de présence, de silence complice, de mains qui se serrent. Une façon d'apaiser leurs âmes respectives. Une façon d'allumer une veilleuse, pour cette traversée. de retrouver ce moment important, le rituel du coucher, comme pour les enfants, qui, de même, ont besoin qu'on leur raconte une histoire. Se moquant des ragots, des rumeurs, habituelles dans cette petite ville de banlieue où tout le monde se connait, dans cette Amérique puritaine, Louis tous les soirs va retrouver Andie, son pyjama et sa brosse à dent dans un sac.



De ce petit rituel sage, empreint de discussions, de découvertes, de gestes tendres qu'ils vont peu à peu réapprendre, retrouver, de respirations rassurantes, va émerger une forme d'amour, un amour serein, simple, basé sur la volonté de faire un petit bout de chemin ensemble. Un amour qui dépose un peu de rose aux joues et qui redonne goût à la vie. Un amour qui repousse la mort, qui éloigne l'assèchement des corps et des esprits, qui donne de nouveau des changements et des émotions fortes. Un amour qui permet d'aller à deux en pleine nature et de gouter ensemble quelques bonheurs simples : « Louis retira sa chemise, son pantalon et son caleçon puis alla les déposer sur l'herbe. Revenant dans l'eau, il s'inonda le corps et s'assit dans le ruisseau. Bon, si tu veux jouer à ça. Addie ôta sa robe par le haut, retira ses sous-vêtements et s'accroupit dans l'eau fraîche à côté de lui. Et puis je m'en fiche si quelqu'un nous voit, décréta-t-elle. Ils demeurèrent face à face avant de s'allonger dans l'eau, tous deux très pâles à l'exception de leurs visages, leurs mains et leurs bras. le ventre un peu trop plein, ils étaient rassasiés, comblés. Ils sentaient le courant qui faisait glisser de petits doigts de sable sous leurs corps. »





Un très beau roman, rare, où Kent Haruf met à l'honneur, avec pudeur et délicatesse, l'amour des personnes du troisième âge. J'ai été happée par la grâce et la lumière de ce récit. Par sa bonté. Lu d'une traite. Je finis avec quelques larmes aux yeux.





Commenter  J’apprécie          9236
Le chant des plaines

Sincèrement, c'est un sacré Roman. Il y a un mot anglais qui me vient pour le décrire c'est : »Short cuts».

C'est une sorte de file de personnages dans un huit clos géographique .Un village sous un soleil éclatant où la vie est dure à perte de vue .Se dessine ainsi un lieu où se tissent des liens entre les « habitants » victimes et objets de solidarité et de générosité. Mais c'est une sociabilité aussi intelligente et attentive que parcimonieuse et sans effusions. Ces figures densément animées sont souvent au bord du drame à cause d'un certain dénuement et du fait d'épreuves assommantes qui sans être tragiques sont significativement à la limite du drame.

L'auteur mobilise ces réalités avec une sorte franchise réaliste et pudique et comme avec une modération éloquente. le temps s'étire. Il est comme suspendu et en correspondance avec une nature monotone aux actions lancinantes et peu bénéfiques comme la vie des personnages.

Il y a une coloration et une identité culturelle qui suinte très fort de ces pages où la générosité est théorisée par l'exemple et par la pratique endurante. La générosité est présentée comme exigeant autant de retenue que de pertinence avec de la franchise distante pour aider sans blesser. En somme elle est un art.

C'est avec une approche narrative minimaliste que les personnages sont décrits. Pourtant leur présence est palpable et intense au possible. Les paysages lumineux et l'environnement en général font partie du langage de l'auteur et les gens qui arpentent ces pages les découvre à chaque instant, comme le lecteur le fait.

Il y a beaucoup de sens et peu d'action et une sorte de langueur plane accompagnée par quantité de regards et par beaucoup de silences éloquents ,qui font beaucoup de bruits finalement.

L'univers ,l'environnement brossé dans ce texte est une expérience émouvante quasiment métaphysique assez exigeante et dure où le bien et le mal sont clairement dissocié et posé avec peu d'atermoiements, trop peu ?

En tous cas aucun pathos et rien de plaintif ,de dénonciateur ou de racoleur.



Commenter  J’apprécie          8111
Le chant des plaines

Pour aborder Le chant des plaines, j'ai choisi de vous présenter son épigraphe:

"Plain-chant: musique vocale à l'unisson utilisée par l'Eglise chrétienne à l'aube des temps; n'importe quel air ou mélodie simple et sans ornement."



Une épigraphe qui prend tout son sens une fois la lecture du roman de Kent Haruf achevée.



Il s'agit bien d'écouter une douce mélopée émise par de belles âmes pour la plupart:

des âmes généreuses à l'image de celles des frères Mc Pheron, de Maggie Jones,

des âmes en peine ou en difficulté comme celles de Tom Guthrie et Victoria Roubideaux.

Des âmes fortes... qui malgré les tracas quotidiens et les aléas de la vie tendent toutes à retrouver un équilibre qu'elles ont perdu ou oublié.



Un chant harmonieux, une musique jamais triste et monotone mais vibrante.

Un roman d'espérance.



Nous sommes à Holt, Colorado, petite bourgade perdue du Colorado à quelques heures de Denver, la grande ville dévoyée.

Ici tout le monde se connait, et les gens causent dans ce coin d'Amérique

profonde.

Mais les nombreux protagonistes sous le ciel pur du Colorado ont tous une bonne étoile.

Ce roman construit comme une partition que le lecteur déchiffre page à page en écoutant les voix qui s'élèvent à l'unisson, est l'occasion de cheminer dans l'intimité de leur quotidien.

Une écriture coulante, épidermique et caressante pour entrevoir des jours meilleurs.

Un roman qui nous enveloppe, grâce à la sensibilité de l'auteur et à l'authenticité de son écriture, comme un plaid chaud et élimé sous un ciel étoilé.

J'ai beaucoup aimé, c'est tendre et chaleureux malgré les nuits glacés...

Belle découverte.



Commenter  J’apprécie          750
Nos âmes la nuit

Un livre époustouflant qui vous entraîne dans le sillage d'Addie et Louis, dans une petite ville du Colorado. J'ai tout aimé. L'histoire improbable de ces deux-là. La façon dont elle est racontée. Les dialogues qui permettent de comprendre le passé de chacun des protagonistes.

Pour les réfractaires à l'anglais mais qui auraient envie de s'y remettre, un texte sans fioritures avec du vocabulaire très accessible.

Et puis, surtout la trame d'un magnifique film avec Jane Fonda et Robert Redford tout en retenue.
Commenter  J’apprécie          730
Nos âmes la nuit

Elle s'appelle Addie et lui s'appelle Louis. Ils sont voisins. À eux deux ils doivent totaliser pas loin de cent cinquante printemps... Ils sont veufs.

Leurs existences sont pour une large part derrière eux et cependant pour une part infime qu'ils ne savent ni l'un ni l'autre mesurer, ils s'accordent sur l'importance, le sens à donner à ce temps qu'il leur reste à vivre...

Pour autant ce n'est pas un désespoir de fin de vie qui les tenaille, ni la peur de la mort, ils sont encore en très bonne santé, non c'est quelque chose qui touche davantage à leur quotidien : le soir et plus tard au bord de la nuit, le sommeil tarde à venir, il y a quelque chose qui repousse le sommeil, c'est cela leur angoisse, pas la peur de mourir, mais la nuit qui vient, oppressante, étouffante presque, rappelant à chaque pas de son ombre, qu'ils sont désormais seuls, chacun seul, à franchir ce voyage qui mène du crépuscule au matin... C'est comme une barque qu'on passe d'un rivage à l'autre inlassablement...

Le fleuve au milieu semble terrible de solitude...

Tout comme les enfants qui ont peur de s'endormir, ont besoin d'être un peu rassurés, demandent une histoire à raconter, demandent à ce qu'il y ait un peu de lumière qui reste, les personnes âgées ont sans doute des angoisses qui ressemblent à cela... Mais qui sera là désormais pour leur raconter une dernière histoire avant qu'ils ne s'endorment lorsqu'ils sont déjà seuls...? Qui sera là pour leur tenir la main ? Eux aussi demandent qu'il y ait une petite lumière qui veille...

C'est Addie qui fait le premier pas vers Louis. Voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour se parler, se tenir compagnie ?

Louis accepte la proposition.

À eux deux ils vont faire mentir la nuit, percer une brèche, ouvrir une porte pour faire entrer un rai de lumière dans leurs vies, des mots, des regards, c'est la barque qui revient brusquement vers un rivage moins hostile, déchirant l'hésitation, les maladresses, les conformismes...

Il n'est pas question de sexe ici, même pas forcément d'amour dans cette invitation... L'amour, on n'y pensera après, déjà soyons moins seuls, ne soyons plus seuls, hantés par l'antre gigantesque de la nuit...

Addie et Louis s'apprivoisent, ils ont besoin de cela, même s'ils se connaissent un peu... Imaginez-vous un peu traverser un soir la rue et aller chercher votre voisin ?! Il faut un peu d'audace au départ et puis, rappelez-vous la parole du Petit Prince : « chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près ». S'apprivoiser, réapprivoiser des gestes perdus, oubliés...

Est-ce plus dur à cet âge-là ? Je ne sais pas. Selon ma mère qui a vécu cette expérience insolite après un veuvage d'une douzaine d'années, et à l'âge qu'ont les personnages du roman, si elle était encore de ce monde, elle me répondrait : pas du tout.

Réapprendre les gestes oubliés, abandonnés, ceux auxquels on ne croyait plus. Oui, la tendresse d'abord... La tendresse avant tout. le reste, ce sera une autre affaire, on verra après...

Addie et Louis vont vivre des nuits peuplés de souvenirs partagés, de paroles, de moments cocasses et maladroits, d'une générosité furieuse dans ces instants fragiles...

Et puis, comme toujours, comme je ne sais plus dans quelle chanson de Brassens, il y a des gens aigris qui regardent de travers le bonheur, l'amour des autres, et puis il y a le voisinage, le qu'en-dira-t-on, et si ce n'était pas assez, les enfants s'en mêlent, ces cons ! les enfants d'Addie et de Louis... Nous sommes dans l'Amérique puritaine bien que contemporaine, le droit à l'amour est encore régenté là-bas où peut-être ici aussi finalement, par des codes aussi absurdes que les murs, les barbelés, un pays républicain fondé sur des libertés, mince !...

Nos âmes la nuit est un roman qui m'a touché à plus d'un titre. Kent Haruf, auteur que je découvre à l'occasion, a écrit ici un récit sensible, émouvant, épris de justesse.

J'ai pensé aux dernières années qu'a vécu ma mère avec celui qu'elle a aimé, qui l'a rejoint un an plus tard de l'autre côté du paysage... Je me suis souvenu que dans ma famille, cela avait un peu choqué. Je me souviens aussi que ma mère, dans l'euphorie de cette nouvelle histoire, était venue témoigner lors d'une émission de France-Inter, tard dans la nuit, une émission animée par Macha Béranger... Elle s'en était confiée auprès de moi un peu plus tard et, parait-il, l'audience avait fait un tabac, sur ce thème de l'amour entre personnes âgées...

À son enterrement, religieux je dois préciser, prenant la parole pour lui rendre hommage, j'avais évoqué ce fait que je trouvais beau à rappeler. Apparemment j'ai divisé l'assistance en deux, y compris dans ma famille, certains ont été choqué que j'évoque cela dans une église. D'autres personnes, à la sortie de la cérémonie religieuse, sont venues au contraire me remercier de ce témoignage... Mais sans doute, la plus belle reconnaissance vint de Jean, son ami, son compagnon des dernières années, des derniers jours, des dernières heures... Un taiseux... S'essuyant rapidement les larmes de ses yeux, il me demanda : « Bernard, j'aimerais que tu m'offres le texte que tu as lu tout à l'heure aux obsèques de Suzanne parce qu'il m'a plu... »

Il est parti un an plus tard. Après le décès de mon père, je suis heureux qu'il ait pu continuer de rendre un peu heureux ma mère, même s'il n'est pas mon père... Ils n'habitaient pas ensemble, sauf sur les toutes dernières années, mais l'essentiel de leur union ressemble de très près à celle d'Addie et de Louis.

La nuit je mens,

Mais je voudrais qu'elle mente elle aussi,

Où qu'elle s'éventre enfin,

Délivrant de ses entrailles des chemins ici où là-bas,

Je voudrais prendre des trains des chemins caresser les ronces,

La vieillesse des autres, de nos proches, la nôtre peut-être à venir, ressemble à celle qui ne nous attend pas...

J'aime les ronces par-dessus tout,

Par-dessus tout...

PS : merci à Marie (mosaïque92) de m'avoir donné envie d'aller vers ce texte si beau.
Commenter  J’apprécie          7231
Nos âmes la nuit

Qu’y a t-il de mal à ne plus vouloir être seule ? À espérer se coucher le soir avec, à nos côtés, quelqu’un qui nous souhaiterait bonne nuit, nous embrasserait doucement. Fermer les yeux à la nuit tombée, en sachant que le lendemain, nous les ouvrirons à nouveau sur un visage aimé, nous offrant là, au petit matin, le premier sourire et « bonjour » de la journée ? Est-ce trop demander, quand on a passé les soixante-dix années et que la vie nous a laissé veuve, avec la peur, la nuit, pour toute compagne, que de ne plus vouloir rester seule dans son lit ?



Voilà ce que nous raconte ce si beau livre, Nos âmes la nuit. Voilà ce qui pousse Addie à frapper à la porte de son voisin pour lui proposer ce marché.



"Nous sommes seuls tous les deux. Ça fait trop longtemps que nous sommes sans personne. Des années. La compagnie me manque. À vous aussi, sans doute. Je me demandais si vous accepteriez de venir dormir avec moi certaines nuits. Discuter."



Louis réfléchit : se donner le temps pour répondre. Et puis se dire « pourquoi pas ! »



Les nuits et petit à petit les jours vont se construire avec et non plus sans !

Ce livre est un hymne à l’amour et la tolérance, sans mièvrerie ni ridicule, et à la fois une mise en lumière de notre étroitesse d’esprit, de l’emprise des convenances dans nos vies et de la manière dont on aborde le sujet de l’amour et de la solitude passé un certain âge.



"Et on ne fait même pas ce que les gens s'imaginent qu'on fait. Tu voudrais ? Demanda Addie."



L’écriture de Kent Haruf est d’une grande beauté, toute en délicatesse et retenue…



Ces « petits vieux » qui s’aiment, c’est comme ces jeunes enfants qui s’amourachent l’un de l’autre à la maternelle et qui ne veulent plus se quitter : c’est attendrissant, c’est drôle, c’est curieux… mais ça ne peut pas durer ! Ce n’est pas de leur âge. Addie et Louis, eux, vont en décider autrement.



"Apprendre à bien connaître quelqu’un à un âge aussi avancé. Découvrir qu’on aime bien cette personne et s’apercevoir qu’on n’est pas complètement desséché en fin de compte.

Ça semble surtout gênant.

Pour qui ? Pas pour moi.

Mais les gens sont au courant.

Bien sûr que oui. Et je m’en fiche pas mal."



Y aura-t-il un moment dans nos vies aussi, où aimer ne sera plus « de notre âge » et où il faudra rester seul(e) ou sage, en attendant la mort ? Combien de Louis rêvent d’avoir leur Addie ? Et combien d’Addie se désespèrent de ne pas avoir encore trouvé un Louis avec qui partager toutes ces nuits de solitude et toutes ces journées d’ennui ?



Nos âmes n’ont pas d’âge.

La nuit. Le jour.

Ou plutôt, elles ont l’âge que nous voulons bien leur donner...
Lien : http://page39.eklablog.com/n..
Commenter  J’apprécie          7018
Le chant des plaines

Le roman a beau se dérouler au milieu des beuglements du bétail, Kent Haruf ne transforme pas le Colorado en Far West. Il préfère faire vibrer les cordes les plus sensibles d'une poignée de personnages de la petite ville de Holt, se distinguant par leur manière de faire face aux difficultés de la vie avec une humilité et une générosité qui renforcent notre confiance dans le triomphe de la bonté.

L'histoire est à l'image des personnages, simple, sans fantaisie, sans dramatisation. Ce qui intéresse Kent Haruf, c'est la petite musique qui rythme la vie de chacun de ses personnages. Avec une précision et une minutie brutes, l'auteur dévoile leur quotidien avec une économie de mots comme s'il ne voulait pas qu'ils entravent les sentiments qui circulent entre ces individus. Il nous laisse sans distance possible pour être au plus près des personnages muets face à la douleur et qui jamais ne se dérobent face aux coups durs, ils ne cherchent pas autre chose que de consentir à une existence simple, avec amis, famille, maison.

Il n'y a donc pas de sentimentalité mais une douceur et une bienveillance qui se propagent tout au long du texte malgré l'abandon, la solitude, la maladie, le sentiment de perte.



Habité par la maternité sous toutes ses formes, Le chant des plaines est dépourvu de toute prétention littéraire, il n'y pas d'exercice introspectif, d'analyse dense ou de lyrisme faulknérien. L'écriture est rudimentaire mais ça se lit pour la tendresse que peuvent susciter les personnages, et pour la célébration de valeurs de dignité et de solidarité qui font d'une petite communauté rurale une famille résiliente.

À lire si vous désespérez de la nature humaine.
Commenter  J’apprécie          680
Nos âmes la nuit

Elle lui propose de passer la nuit avec lui.

Une banale histoire de drague, direz-vous?



En fait, c'est tout autre chose.

Ils sont voisins, veufs, portent allègrement leurs plus de 70 ans, et vivent dans une petite ville conventionnelle américaine où les cancans et mesquineries vont bon train.



Addie désire juste dormir avec Louis, combler la solitude des nuits en se racontant la vie passée, les conjoints disparus, les enfants, les souvenirs, les drames et les désirs ratés. Apprendre aussi à se connaître et de se détacher du regard des autres. Que peut-on attendre de la vieillesse si ce n'est une relation directe, honnête et simple? Un plaisir de vie qui va scandaliser les enfants de ces amoureux peu ordinaires. Il s'agira d'y mettre bon ordre!



Un bien joli livre sans artifice, à l'écriture originale par les bavardages insérés dans le texte descriptif, pimenté d'un clin d'oeil d'écrivain du comté de Holt et qui s'invite en quelques lignes dans la narration.

Un pas de deux sur la vieillesse et la solitude, qui parle d'amitié, de tendresse et de sérénité, en marge d'une société aigrie, intolérante et étroite d'esprit concernant le grand âge.



La dernière petite musique littéraire de Kent Haruf qui a malheureusement tiré sa révérence après ce livre.

Commenter  J’apprécie          620
Le chant des plaines

Qu'il est beau ce chant des plaines qui frôle la poussière de la terre, d'une caresse, par les mots sortis tout droit d'un auteur qui sait magnifier les sentiments humains.



Tout est bien orchestré, chaque chapitre, chaque protagoniste a sa partition.



Notes de musique, tantôt dures, tantôt douces, mais à l'unisson des sentiments remplis d'humanité qui courent de page en page.



Je me suis laissée bercer par ce chant qui fait siffler le vent, dans le bruissement des éoliennes au coeur d'un bled perdu du Colorado.



Très beau roman puissant et délicat à la fois.
Commenter  J’apprécie          552
Le chant des plaines

Une écriture dépouillée, simple, sans artifices pour faire partager au lecteur des vies simples, leurs joies, leurs peines, leurs errements, le bien, le mal, dans le Colorado profond, avec la vie d'une bourgade, d'une ferme et de tout un environnement magnifique qui est le cadre de ces histoires.



Car ce sont quelques destinées qui vont se croiser ou se perdre, cheminer ensemble ou s'en aller, telle cette vieille dame, vers une mort solitaire, soudaine, sans doute paisible.



Deux très jeunes frères, encore des enfants, deux vieux frères, paysans bourrus prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes, simples dans leur existence, dans leur approche de la vie, du destin, des souvenirs préservés, leur père enseignant, et une très jeune fille, enceinte, sont les principaux protagonistes de ce roman.



Chacun d'eux porte son histoire, les jeunes en découvrant les choses de la vie, le bien et le mal, souffrant de l'éloignement volontaire de leur mère, les vieux découvrant autre chose que les vaches et leurs veaux, et surtout la fille qui va les réunir peu à peu, épaulée par une autre enseignante. Ces destinées vont se croiser quasiment le temps d'une gestation -- durée identique pour vache et femme -- qui enrichira leurs existences.



Les dialogues sont ceux de la vie quotidienne, ils ne s'encombrent pas de mots inutiles, l'essentiel étant toujours dit, sans détour. C'est probablement les échanges entre les deux garçons et entre les deux vieux qui portent la plus grande charge émotionnelle de ce court texte. La fille doit se déterminer seule dans ses choix et ses renoncements.



Et puis, un cadre : celui des grandes plaines du Colorado, de l'élevage des bovins, avec les éoliennes grinçantes, témoins immobiles de la vie qui s'écoule à leurs pieds. Quelques descriptions de tout cet ensemble avec quand même le regret de n'avoir pas suffisamment entendu, de la plume de l'auteur, le chant des plaines.
Commenter  J’apprécie          501
Les gens de Holt County

Je n’avais pas trop envie d’écrire une critique sur ce livre pas bien folichon à mon goût . Mais comme les critiques sont toutes élogieuses et que c’est important, le pluralisme, je me sens obligée de m’y coller.

C’est vrai, il y a de jolis passages, des personnages auxquels j’aurais pu m’attacher si le livre avait été moins éclaté, s’il avait évité de trop nombreuses platitudes. Et la deuxième moitié du livre est meilleure que la première. Il y a de la justesse dans cette évocation de la vie (pas marrante) dans les hautes plaines du Colorado des nombreux personnages mis en scène par Kent Haruf, des vies pas reluisantes. Sans doute ça a le mérite de la sobriété, de la simplicité.

Mais tout est très estompé, comme une volonté de gommer les aspérités, tout ce qu’il pourrait y avoir de saillant. Il y a dans cet univers comme un ciel blanc, sans lumière, qui ne fait rien ressortir.

À mon avis, quand on manque de souffle romanesque, de puissance de l’imaginaire, de capacité à construire des personnages dont l’épaisseur et la complexité séduiront le lecteur, c’est bien de faire preuve de finesse ou de poésie, de créativité stylistique, je ne sais pas moi, mais là je n’ai rien trouvé qui me fasse décoller, et je me suis un peu ennuyée, j’ai failli abandonner.

Bref, les amis, malheureusement, je suis clairement passée à côté de ce qui vous a tant plu.
Commenter  J’apprécie          498
Nos âmes la nuit

Dévoré d’une traite, ce court roman de moins de 200 pages et une vraie pépite. Il nous entraine dans une petite ville du Colorado, où Adie et Louis vivent tout deux seuls après la mort de leur mari / femme depuis plusieurs années. La solitude leur pèse beaucoup et Adie propose alors à Louis de venir passer la nuit avec elle. Il n’est pas question de sexe, juste d’avoir une présence, un peu de réconfort et surtout quelqu’un à qui parler. Petit à petit, ils s’apprivoisent et vivent une très jolie histoire, jusqu’à ce que leurs enfants interviennent et les pousse à rompre.



C’est magnifiquement bien écrit, avec beaucoup de pudeur et de poésie. Adie et Louis sont vraiment très attachants et on regrette juste que le roman soit si court car il est difficile de leur dire au revoir. J’ai adoré leur histoire que j’ai trouvée très belle. Je suis malgré tout choquée que leurs enfants soient si durs, si choqués des ragots, mais c’est peut-être différents aux Etats-Unis où les mentalités sont sans doute plus puritaines que chez nous.



C’était ma première rencontre avec l’auteur et je suis curieuse de découvrir un peu plus son univers car il a conquis mon cœur de lectrice avec ce roman. Je me demande aussi ce que peut donner ce roman sur grand écran puisqu’il a fait l’objet d’une adaptation avec les grands Robert Redford et Jane Fonda. Malgré tout, je reste sur mes gardes et je me demande comment toute la pudeur du récit a bien pu être retransmise au cinéma. Mais par curiosité, je pense visionner le film dans les semaines à venir.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
Commenter  J’apprécie          494
Nos âmes la nuit

Un petit roman délicieux, de tendresse, de délicatesse, de grâce et de vie... de ces quelques moments de vie où la vie s'efforce d'éclairer de toute sa lumière les derniers mètres du chemin auquel mettent fin les ténèbres.

À l'initiative d'Addie, une belle septuagénaire, veuve de son état, Louis son voisin, professeur de lettres à la retraite, veuf et seul aussi, va accepter la proposition de sa jolie voisine : partager chastement son lit. Traverser ensemble ces nuits peuplées d'ombres et de lourds silences.

Apprendre ensemble à apprivoiser ces ombres et opposer aux doutes, à l'angoissement du silence, leurs échanges, leurs confidences, leurs souvenirs.

À tâtons, Louis va se glisser dans le lit d'Addie, et peu à peu, entrer dans sa vie.

Le voisinage va céder la place à la complicité, la complicité va devenir amitié et de l'amitié va naître l'amour.

Certains qu'à leur âge, ils n'ont pas de temps à perdre pour accorder un quelconque intérêt aux qu'en-dira-t-on, ces porte-voix de la bien-pensance sociétale, ils affichent leur relation en public.

Mais ils n'ont pas à se défaire que des codes et préjugés de la communauté.

Chacun des deux a un enfant.

Une fille pour Louis.

Un fils et un petit-fils pour Addie.

Et c'est de leur morale à eux dont va dépendre le devenir de leur relation.

À vous la suite !

De très courts chapitres.

Une écriture et un narratif épurés, pour offrir au lecteur le factuel, l'essentiel.

Les dialogues ont également cette qualité du "droit-au-but"...du " pas-de- temps-à-perdre."

Car là est tout l'enjeu de cette jolie histoire : le temps.

Un temps parcimonieux que rien ne doit gâcher ou entraver.

Une lecture agréable, comme un dernier souffle de jeunesse avant...
Commenter  J’apprécie          476
Nos âmes la nuit

Lorsque la solitude devient lourde et le besoin de parler impérieux, Addie, 75 ans se rend chez son voisin Louis et lui demande de partager ses nuits, simplement pour être ensemble et égrener le fil des souvenirs, des bonheurs et des chagrins en partageant quelques heures de sérénité.

Même si cette démarche pour le moins inattendu déstabilise un instant le vieil homme, c’est très rapidement qu’il accepte.

Et peu à peu l’habitude s’installe, malgré les commérages des voisins, une sorte de bonheur paisible jusqu’à ce que les enfants s’en mêlent.



C’est avec beaucoup de pudeur et de sensibilité que Kent Haruf dépeint la renaissance de deux personnes qui au soir de leur existence pensent qu’elles sont passées à côté de beaucoup de choses.

Pour Addie l’envie de profiter de ses dernières années est tellement forte qu’elle décide de faire fi du qu’en-dira-t-on et de vivre chaque nouvelle expérience avec l’intensité des premières fois.

Les discussions et les confidences de la nuit deviennent des instants volés, des pépites de joie dans une existence jusque-là sans surprise.

Ce roman empreint de délicatesse montre qu'à tout âge, on peut choisir sa vie. Kent Haruf nous entraîne dans une belle histoire d'amour, nourrie d'une réflexion sur la liberté, magnifiée par la présence d’un enfant, le petit fils d’Addie qui fait preuve par sa malice et sa naïveté d’une émouvante complicité.

L’écriture simple, élégante, sans fioriture apporte un charme supplémentaire à cette parenthèse joyeuse et triste, comme la vie.

Un coup de cœur.

Commenter  J’apprécie          473
Nos âmes la nuit

Un être humain a généralement deux grandes craintes : la mort et la solitude. Pas la solitude du penseur romantique sur la montagne contemplant la mer de nuage, non ; la vilaine solitude de celui ou celle qui, jour après jour traverse la foule au regard étranger, rentre dans son petit logement vide, où il trompe son ennui en attendant que la nuit tombe… Or de nos jours, le fait est qu’au moment d’approcher de la première on se trouve souvent confronté à la seconde.



Qu’y-a-t-il de plus difficile dans la solitude ? Manger seul, se promener seul, rester devant la télévision seul ? Dormir seul, d’après les personnages de ce livre. Il faut dire que tous deux sont veufs. Tous deux ont habité à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre pendant des années, se connaissant comme on connait un voisin. Ont connu le mari de l’une, l’épouse de l’un. Ne savent pas tant de chose de l’autre, mais savent que c’est une bonne personne. Pourquoi ne viendrais-tu pas le soir, propose-t-elle un jour. On boirait un verre. On discuterait. Et puis on s’allongerait cote à cote, et on s’endormirait sans sentir le lit remplit d’absence à ses côtés…



En douceur, une relation se tisse. Chacun découvre l’autre. Quand aux ragots, le plus simple est d’assumer, voir d’aller au devant, même si tout reste platonique. Un jour, elle reçoit un coup de fil de son fils. Ses affaires vont mal, et sa femme l’a quitté. Pourrait-elle prendre son petit-fils le temps d’un été ?



Le style se démarque par sa grande sobriété, sa simplicité et son élégance – exactement ce qui semble avoir disparu de la littérature française ces derniers temps. Croyez-le ou non, mais ça fait un bien fou. Surtout quand quelqu’un vous a concocté la bonne playlist pour aller avec !
Commenter  J’apprécie          454
Le chant des plaines

L'émotion m'a prise par surprise…

Durant les premières pages, je pensais que « le chant des plaines » de Kent Haruf était un roman de bonne facture, certes, mais qui n'allait pas me captiver plus que cela.

Bienvenue à Hold, une petite bourgade du Colorado où on suit le la vie de quelques habitants, les problèmes de tout un chacun, peut-être quand même un peu plus important pour certains. Et en posant le décor en plein coeur de l'Amérique, les grandes plaines, les chevaux, les ranchs ne sont jamais très loin…



On fait tout d'abord la rencontre avec les membres de la famille Guthrie. La mère semble en dépression, alitée constamment, tandis que ses deux petits garçons Ike et Bobby sont comme beaucoup de petits garçons de leur âge, à la recherche de moments à passer auprès d'elle, inquiets aussi pour sa santé, avec des petits actes pour elle plutôt touchants. le mari Tom est professeur dans un lycée et a des difficultés avec un des élèves.

Une jeune adolescente Victoria, annonçant à sa mère qu'elle est enceinte, se fait virer de chez elle. Elle finit par demander de l'aide à Maggie Jones, travaillant également au lycée. Cette dernière est incroyable, avec son caractère dynamique, le coeur sur la main et la tête sur les épaules.



Ainsi, je les suivais sans déplaisir mais sans non plus avoir le coeur palpitant….

Mais arrivée au tiers du roman, par l'initiative de Maggie, la jeune fille va aller s'installer chez un duo de vieux frères fermiers – Harold et Raymond McPheron. Ils tiennent un ranch et s'occupent de vaches et de chevaux. Ils ne sont jamais mariés, vivent assez loin de la ville, et sont un peu à côté de la plaque question quotidien avec une jeune fille. Normal qu'ils aient alors quelques appréhensions à accepter l'intrusion de Victoria dans leur vie…

Et, là, le coeur chamallow qui sommeille en moi a fondu… Il a suffi de ce moment, des interrogations des 2 vieux (assez croustillantes), de la rencontre entre la jeune fille et les 2 frères pour que je me fasse harponner par l'histoire et les évènements, heureuse de ce rendez-vous que j'avais tous les soirs avec ces protagonistes. J'étais avec eux, avec ces êtres touchants, simples, solidaires, bienveillants.

Bien sûr, certains ont des défauts, d'autres font des choix qui ne sont pas des plus judicieux, mais ça nous ressemble quand même beaucoup. Si j'ajoutais qu'il y a aussi des êtres plus vils, plus mesquins et égoïstes dans l'histoire pour contrebalancer ces personnages, peut-être donnerais-je alors une image fausse de ce roman. On aurait tort de croire qu'il s'agit d'un roman qu'on nomme ‘'feel good'', un peu mièvre, même si, au final, ce récit fait quand même sacrément du bien.



Par sa belle plume sans fioriture, en laissant parfois de la place au silence, à travers son amour de la nature, le Colorado, les personnages qu'il dépeint (qu'il aime je crois tout autant que nous), ajoutés à une pointe d'humour qui n'est pas pour me déplaire, l'auteur parvient à faire entrer une certaine poésie dans ce quotidien, une poésie qui n'est pas sans rapport avec les liens qui se tissent...

Kent Haruf nous plonge dans une histoire du quotidien emplie d'émotions. Il installe dans notre tête une petite musique, ce petit chant des plaines (similaire au chant des sirènes en ce qui me concerne), et instille en nous un peu de chaleur qui croisse au fur et à mesure des chapitres…

Peut-être tout simplement parce qu'on ressent comme « un tout petit supplément d'âme » à travers ces pages, je n'ai pas pu le lâcher, le finissant en pleine semaine à trois heures du matin avec une pointe de tristesse à quitter ces personnages, cette ambiance… et ce petit supplément d'âme qui permettrait de nous sauver…



J'avais déjà lu de cet auteur « Nos âmes, la nuit » il y a quelques années, mais sans conteste, « le chant des plaines » me marquera plus durablement. Merci, entre autres, à Kent Haruf et aux frères McPheron de réussir à nous donner un peu d'espoir et de sourire…

Commenter  J’apprécie          432
Nos âmes la nuit

J'ai eu envie de lire ce roman après avoir découvert le commentaire de berni_29. Je vous invite à aller consulter son texte, il est aussi émouvant que le livre.

*

Pour revenir au roman.... Il s'agit d'un roman d'amour. Les deux héros ont la particularité d'avoir plus de 75 ans. Addie est veuve, Louis aussi.

Elle se sent seule surtout la nuit. Elle va donc faire une proposition étonnante à Louis, seul aussi : passer leurs nuits ensemble, parler, discuter, dormir ensemble.

C'est touchant et mignon.

Mais évidemment le côté touchant et mignon ne va pas aller avec le "qu'en dira-ton". Même leurs enfants respectifs ne veulent pas de cette histoire.

*

Progressivement, apprenant à se connaître, ils vont s'aimer. Pourquoi ne pas accepter qu'on puisse s'aimer à 75 ans ? qu'on puisse avoir envie de ne pas être seul(e) ?

La réaction de leurs enfants en devient si violente....

*

C'est un très joli texte, touchant, qui fait réfléchir.

Chose exceptionnelle, je serai assez tentée de voir le film tiré de ce roman.

Commenter  J’apprécie          4214




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Kent Haruf (1061)Voir plus

Quiz Voir plus

SF, fantasy ou fantastique ? (facile)

"Le Fantôme de Canterville" d'Oscar Wilde ?

Science-fiction
Fantasy
Fantastique

15 questions
1267 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fiction , fantasy , fantastique , imaginaireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}