Si, au Bélial', on aime la science-fiction, cela ne nous empêche guère de faire des détours par la fantasy, comme en témoignent les deux séries Noon de L.L. Kloetzer et Mille Saisons de Léo Henry.
Le deuxième tome de Noon, intitulé La première ou dernière, est sorti fin mars tandis que La Géante et le Naufrageur, inaugurant Mille Saisons, est sorti début juin.
Cela vaut bien une discussion avec les auteurs, pour aborder les origines de leurs projets respectifs, la question des cartes et des illustrations, leur rapport à la fantasy, entre autres choses !
Animation : Erwann Perchoc
Illustration : Philippe Gady
https://www.belial.fr/legacy/a/leo-henry/la-geante-et-le-naufrageur
https://www.belial.fr/legacy/a/l-l-kloetzer/la-premiere-ou-derniere
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Il n'est jamais bon de mêler les sentiments et les relations de travail. J'ai été embauché jadis par un seigneur de guerre, un homme au verbe haut, à la parole exaltante, qui voulait que nous adhérions de tout notre cœur à sa cause. J'ai crié comme les autres lorsqu'il passait à cheval devant notre ligne, et j'ai frappé mon bouclier du pommeau de mon épée en un roulement de tonnerre. Mais je n'ai jamais oublié l'enjeu le plus important de la bataille à venir : ma propre vie.
Il lâche le mot comme ça, penché au-dessus de l'eau, sorcellerie, comme s'il disait cordonnerie ou vannerie, et que ça n'avait pas plus d'importance.
La haine est si ardente entre ces deux-là que ses braises pourraient mettre le feu au quartier.
« Qu’est-ce que vous avez fait ? Tout est en train de nous tomber dessus !
— Je suis magicien ! Pas architecte ! »
La ville est un creuset, un chaudron où bouillonnent lentement les intrigues à grosses bulles chaudes et acides.
Le port est l'endroit que je préfère de toutes la ville. J'en aime les sons et les odeurs. Les mâts qui craquent, les cris des mouettes, les parfums de goudron résineux, d'iode et de poisson, les chants traînants des galériens rejoignant en file leur embarquement. Les fritures de poulpe et les grands pots de bière qu'on sert au "Kraken", mon lieu d'échouage favori de ce coin du monde. Sans le port, la ville s'étiole et meurt.
La frontière est fine entre reconstituer le passé et y projeter ses obsessions, et je l’ai passée plusieurs fois, dans les deux sens.
Un des chefs de gang lâche une rafale vers le ciel gris et noir, vous prenant tous au dépourvu, les chevaux paniquent et s'élancent, quelques cavaliers tombent, pas toi, ton cheval cauchemar se lance, roule des yeux fous, tu t'accroches debout sur tes étriers de fer, tu accompagnes le galop, tu jouis de la vitesse, de la puissance, tu le ménages, tu prendras une meilleure position dans quelques centaines de mètres, quand les plus jeunes se seront épuisés.
Il vous faudra de l'imagination. Il faudra vous plonger dans une époque qui est devenue largement étrangère à vos contemporains. Et pour moi, il faudra des preuves. Je veux être émerveillé, je veux être convaincu. Je veux la vérité.
La Tour sans fins se visse dans les nuages, songe merveilleux de verre et d’acier tiré entre terre et ciel, elle s’illumine pixel par pixel comme les employés du groupe arrivent à leurs postes de travail. A l’intérieur règne une clarté homogène, accordée aux rythmes biologiques, compensant les insuffisances du soleil automnal : le système Skylife lutte contre la dépression et favorise l’éveil.