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Critiques de Laura Vazquez (42)
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La semaine perpétuelle

Je n'aime plus les romans. Les intrigues qui s'entrecroisent pour perdre le lecteur dans les arcanes d'un suspense cuisiné selon des recettes maintes fois utilisées. Je n'aime plus les romans. Je leur préfère la poésie contemporaine. La poésie qui invente. La poésie qui émeut avec seulement quelques mots. La poésie qui va plus loin. Qui nous emporte bien plus loin.



Et Laura Vasquez est de ces poètes qui possèdent un vrai style, une vraie créatrice qui invente ses propres recettes. Ses propres jeux d'écriture qu'elle partage sur son site internet https://www.lauralisavazquez.com/ et dans sa revue Muscle.



Ce livre dit tellement de choses. Tellement plus qu'une simple histoire... Et dans le bandeau rouge, Chloé Delaume dit que ce roman est "follement inventif". C'est exactement pour cela que j'aime les romans écrits par des poètes.

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Le Livre du large et du long

�hronique🔥



« À qui pourrait-t-on dire tu es ma douleur?





Je m’avance et dit

Ceci est une épopée

Ce long poème est beaucoup trop stylé

Beaucoup trop vivant

Il me semble normal

Puisque mon corps s’est ouvert

Aux vers

De m’appliquer à vous dire

Que j’ai une fleur incandescente

Qui m’entaille le cœur

Le livre du large et du long

Fais un fracas terrible

Je n’ai pas cessé de regarder

La vie, le sol, les femmes, la douleur

La maladie, les paroles, les préjudices

Les mères, la folie, la nature, les ciels

Et pendant tout ce temps

De long en large et de large en long

Il m’est venu des questions, des désespoirs

Des sensations, la conscience de mes organes

Des cascades d’émotions et puis l’inquiétude

Elle a coulé comme de l’eau, cascade ininterrompue

« L’inconnaissance nous recouvre »

T’as beau faire ce que tu veux

Elle est comme une poudre

Qui se pose sur tout le corps

En surface comme à l’intérieur

Et t’auras beau explorer

Le sens, l’anatomie, les pensées

Elle est là, partout, sur toutes les vérités

Et encore plus que les mensonges

Elle est là sur le monde, nos liens

Nos invraisemblances, nos limites

Et t’auras beau faire

Un ou cinq livres

Elle reste là, avec son aura indélébile

Je me réveille, je dessine

Sur ce livre, je vois le monde

Dans les yeux, les veines, les mots

D’une autre femme, une poétesse

J’ai dû être loin, parfois parallèle

J’ai dû être douleur et miette

J’ai voulu l’aventure

Mais je vais revenir encore et encore

Incapabl

De résister à la plume sublime

De Laura Vazquez

C’est incompréhensible

Mais la souffrance me transperçait

J’étais vulnerabl

A son lyrisme, autant qu’à la lumière

La mort jamais aussi proche

La vie humaine ainsi flamboyante

Je m’y suis risquée

Seule et blessée

Je me suis transformée

De large en long

J’ai entendu de tous mes sens

La poésie dans chaque chose, chaque atome

La poésie dans le large et le travers

La poésie dans son long et ses revers

Tant qu’à être vivante

Alors j’aime qu’elle pèle le monde

Quand moi je me sens squelette

Calme ou vieille

A peine si j’existe

La neige recouvrant mon esprit

Au secours

Je le jure

Un sentiment me vient

De l’outre tombe ou du creux de mon ventre

La vague est trop forte

C’est un coup de cœur

Qui me pousse, qui grandit

Comme l’incendie

Ne sois pas terrifié.e

Ce n’est pas grave

Au contraire, c’est si large et si long

Que ce n’est que du bonheur!
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Le Livre du large et du long

J'avais vraiment plutôt aimé La semaine perpétuelle, je me suis jetée sur celui-là après avoir lu l'article du Monde des livres... et quand même, j'ai l'impression qu'on m'a arnaquée... c'est une lecture très laborieuse, ce n'est pas vrai qu'on est pris dans la narration, il y a un effort conséquent à fournir pour suivre le fil du texte, on ne peut pas juste "se laisser porter", ensuite la référence à Ovide est quand même tirée par les cheveux, et les ressorts narratifs sont quand même un peu artificiels, quand au "vers libre", si à la mode, ici, j'ai quand même un peu de mal à comprendre la façon dont il est utilisé, et pourquoi on le qualifie de "vers"... donc bon, il faut saler l'ambition et l'originalité, le courage de sortir hors des sentiers battus littéraires, mais je ne trouve pas que ce soit le "coup de génie" dont la presse fait l'apologie...
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La semaine perpétuelle

La lecture de « La semaine perpétuelle », de Laura Vazquez, vous débarrasse des idées préconçues et des artifices dans lesquels la société nous baigne. L’autrice balaye les conventions. Elle déterre une part de notre innocence avec des questionnements que nous n’osons pas ou plus nous poser. Autour de ses différents personnages, Laura Vazquez compose un véritable vertige littéraire où l’insouciance vient percuter les formes de fatalité.



Ce roman choral résonne comme une symphonie où les partitions des personnages frappent le monde littéraire d’une réelle inventivité dissonante et captivante. À travers une écriture aussi frénétique que poétique, les personnages sont de multiples voix singulières qui surinvestissent le champ de leurs pensées et les interrogations sur la vie, pour tromper la mort.



Ce jeu de miroirs aux multiples facettes conduit le lecteur dans une œuvre sensible qui n’est pas sans évoquer une forme de surréalisme ; l’humour décalé et la bizarrerie croisent la philosophie. L’œuvre dépasse tous les cadres existants par son écriture subtile et envoutante. Les tournures parfois vous aspirent littéralement dans une spirale contemplative. Laura Vazquez nous conduit à interroger notre société et notre vie derrière le prisme des écrans, qui reflètent bien plus que les préoccupations des personnages.



C’est aussi un roman où la poésie des mots s’attache à la beauté. Poésie de la pensée, beauté de la contemplation, poésie de la banalité, beauté du vulgaire, poésie du tragique, beauté de la laideur, poésie de la peur et beauté de ce qui fait horreur. En exaltant la beauté dans son écriture, Laura Vazquez prouve que le roman peut se réinventer.



Sans concession son roman offre une nouvelle forme d’énonciation qui agit comme un tourbillon, une véritable révolution sur soi et pour la littérature elle-même.

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Vous êtes de moins en moins réels

Une grande déception, un manque d'exigence évident. Très médiatisée et pourtant, cette poétesse est tellement en dessous des belles découvertes que j'ai pu faire dans la poésie contemporaine (plutôt riche). Surtout connue pour sa capacité à déclamer, je constate qu'à l'écrit sa poésie ne tient vraiment plus la route, des mots sans queue ni tête, grande pauvreté du langage, l'émotion aussi est absente, je ne vois rien à sauver malheureusement. Je suis un peu dure car je me dis qu'il y a tellement d'auteurs à valoriser et qui eux sont réellement en recherche, qui portent une voix neuve à promouvoir plus largement...
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La semaine perpétuelle

Une écriture décapante

Un univers voguant entre loufoque et désespoir

Une forme hybride très inspirante et attachante

Caustique et tendre

Une expérience contemplative de fiction plutôt inédite.



Pour faire pont : Voir la revue « Muscle » créer par la poétesse et son dernier recueil « Vous êtes de moins en moins réel », Anthologie aux éditions du Seuil.

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La semaine perpétuelle

La dernière page de la Semaine perpétuelle est tournée. Quelque chose ne veut pourtant pas finir. J'aimerais me lover dans la poésie de Laura Vazquez, qui va inévitablement m'échapper. Se brouiller. Je fais déjà un effort pour appréhender totalement cette prose, les souvenirs que j'en ai, mais une sensation de flou me panique.



Le roman et les personnages de Laura Vazquez ont une beauté évanescente : ils sont leurs pensées. Ils sont les flux de pensées qui les traversent, et ces flux de pensées forment le tissu de la Semaine perpétuelle.

Certains parleront de roman choral. Je leur laisse le soin de la définition. D'autres diront qu'au coeur de ce roman, la pensée ne s'arrête jamais, qu'elle se déploie, qu'elle ricoche, qu'elle pulse et coule. Oui, Laura Vazquez a l'amour de la pensée, de l'idée menant à une idée, perpétuellement. Elle a l'amour des êtres traversés continuellement par les idées qui se forment dans leur esprit à leur contact du monde. Personne n'illustre mieux que Laura Vazquez l'image de la pensée comme d'une chaîne nous reliant aux autres et à la vie dans une logique infinie.



Contrairement à ce que j'ai pu entendre dans une émission de radio, La Semaine perpétuelle ne se moque pas du rapport de Salim, Sara et Jonathan à leur portable. Internet et les réseaux ont la forme tentaculaire de la pensée. Par ces intermédiaires, les personnages expriment leur amour de la beauté, leur amour du monde et du mystère. Toutes choses que Laura Vazquez nous donne à voir par un renversement du regard au moyen d'une sorte de focalisation sur l'invisible, sur les phénomènes ténus du vivant, ceux qui nous entourent mais que nous finissons par ne plus voir. Ceux que nous n'avons même jamais connus, la vie se déployant dans un mille feuilles vertigineux.

Dans le retrait de la vie sociale, Salim, Sara et Jonathan accèdent paradoxalement aux plis de l'existence, aux interstices où se cache une autre réalité, celle des requins vieux de 400 ans, celle "de tous les êtres dans le monde, les tigres, les mouches sur les carreaux", celle où "rien n'est dégueulasse en ce bas monde, car de la putréfaction naît le pur".



La Semaine perpétuelle est une expérience de lecture déconcertante et bouleversante.
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La semaine perpétuelle

Dans ce récit captivant de Laura Vazquez, Salim et Sara vivent avec leur père, sorte de Shiva armé de mille éponges : la saleté l’obsède !

Jonathan et son colocataire squattent un appartement irrigué par une fuite au plafond. Rien de bien spectaculaire, seulement des gouttes sporadiques qui tombent dans leur assiette, pour affadir leur repas.

Leur voisin du dessus séquestre sa ribambelle d’enfants, à qui il flanque des torgnoles dès qu’ils lèvent le petit doigt. Aucun plombier ne sera en mesure de colmater cette foutue fuite au plafond. Intarissables, les gouttes d’eau s’écrasent comme des larmes sur la tête de Jonathan et du colocataire.

Laura Vazquez possède un art consommé des raccourcis poétiques. Et son écriture sensible exprime une empathie dénuée de sentimentalisme. Pour les enfants, en premier lieu. Aucun de ceux qui peuplent La Semaine Perpétuelle n’est épargné par le mauvais sort. La plupart des mères se sont volatilisées dans la nature – au sens propre pour celle de Salim et Sara.

Le coloc de Jonathan, plus âgé, joue les grand-frères, mais en mode écorché vif. Il ne faut pas le chercher : il aime se battre et mettre le feu. En attendant l’étincelle qui pourrait le faire exploser, il ronge son frein en s’adonnant à la lecture minutieuse des fiches techniques des meubles vendus par Amazon. A l’envers, bien évidemment, c’est tellement plus fun. Il aime « ne pas comprendre ».

Le sort s’est également acharné sur le père de Salim et Sara, torturé durant sa propre enfance. Dans la même veine, quelques pages relatent l’enfer vécu par un collégien, martyrisé par ses « camarades » avec un sadisme de tous les instants. Tout le collège lui crache et lui marche dessus. Loin de se plaindre, le harcelé en redemande. C’est un martyr exemplaire, il tendrait une troisième joue s’il en avait une.

Chaque enfant est donc livré à lui-même, dans le meilleur des cas. Salim ne se rend plus au collège. Et il ne veut plus se rendre nulle part, du reste. Avec son pote Jonathan, il se pose d’innombrables questions – sur des sujets farfelus ou existentiels, les enfants se fichent pas mal des hiérarchies et des cases.

Faute d’espérer tirer une quelconque réponse de leurs proches, ou de leur environnement réel, ils fouillent les forums d’Internet, partagent et visionnent quantité de vidéos, interagissent avec mille inconnus dans l’espoir de se frayer un chemin dans ce maquis anarchique.

Est-ce parce qu’ils se méfient du réel et des êtres que Salim et Jonathan préfèrent se cramponner à leur écran, y compris lorsque Salim se décide enfin à remettre le nez dehors ? Leur immersion dans le monde virtuel est peut-être d’époque, mais leur quête est intemporelle.

Contrairement au coloc, ils aimeraient comprendre – au moins un peu. Malgré leur jeunesse, ils sont obsédés par la mort. Ils s’interrogent sur le nombre astronomique de morts accumulés depuis des siècles. La supériorité numéraire des morts sur les vivants serait-elle uniquement numéraire, ou l’illustration que l’instant du vivant et le présent pèsent bien peu face aux legs et palimpsestes du passé ?

Les TOCs carabinés du père, notamment cette névrose spongieuse autour de la propreté absolue, portent-ils la trace de sa lointaine enfance de souffre-douleur, du départ brutal de son épouse, et des déboires qui ont abrégé sa vie professionnelle ? Difficile de savoir quelle utopie se cache derrière cette quête d’immaculé. Quelle baleine blanche melvillienne ce Capitaine Achab poursuit-il ? Le père possède-t-il une éponge à baleines, susceptible de neutraliser Moby Dick ?

Le père est largué. Par ses enfants, et le vaste réel, qui ose résister à ses éponges pourtant vaillantes. Cela ne l’empêche pas d’aimer ses enfants, et de tenter de les guider, à l’aide d’adages de son cru, qu’il leur envoie par mail.

Quand il troque ses éponges pour une poêle, afin de préparer un « savoureux » repas en famille, il fait danser les saucisses au-dessus de la gazinière, sous le regard impavide de la grand-mère, qui agonise en douce auprès de ses petits-enfants. Nouvelle récurrence de la proximité entre les vivants et les morts.

Autre scène burlesque très maîtrisée : un collège se retrouve intégralement barbouillé de peinture blanche, tandis que les membres du personnel et les élèves revêtent un uniforme blanc, suite à de mystérieuses instructions de supérieurs hiérarchiques. Caricature de l’obéissance aveugle, écervelée. Critique des cadres (institutionnels ou conceptuels). Parodie des directives débiles parfois appliquées le petit doigt sur la couture, car « elles émanent du plus haut niveau » !

Souvent, dans l’imaginaire singulier de Laura Vazquez, un dérèglement bouscule la norme. Au début ça n’a l’air de rien, une personne en mord une autre… Mais l’épidémie se répand comme une traînée de poudre, et les mordeurs et mordus se multiplient. Ces événements insensés sont contés avec détachement, comme si tout cela était normal, d’une banalité confondante : « 32 morsures aujourd’hui, super ambiance au bureau. »

Laura Vazquez excelle dans la construction implacable de ces scènes surréalistes, teintées d’un humour flegmatique. Au fil de longs paragraphes, son art consommé de la reprise, de l’écho entêtant et de la variation fait merveille. Certains leitmotivs créent un comique de répétition. Robert ne parle pas, sauf pour dire le chiffre 18. Il aurait pu figurer dans le sketch Télémagouilles des Inconnus. Il aurait répondu 18 à chaque question, au lieu de « Stéphanie de Monaco ». Bien sûr, il est systématiquement à côté de la plaque, Robert, avec son perpétuel 18, jusqu’à ce que quelqu’un lui pose enfin la bonne question : Robert, combien font 9 et 9 ?

Les personnages parlent sans guillemets. Et leur parole sans camisole est cousue à même le tissu narratif. La langue est épurée, limpide, comme si le père l’avait récurée avec l’une de ses éponges abrasives. Dans La Semaine Perpétuelle, oralité et narration s’entremêlent subtilement. De page en page, la voix de Laura Vazquez se propage, portée par un indéniable sens du rythme et de la musicalité.

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La Main de la main

C’est sans connaître l’auteur que j’ai lu ce recueil de poésie et j’ai vraiment bien aimé. Le choix des thèmes est intéressant de la nature, du corps et de l’âme c’est un voyage que j’ai aimé faire.

C’est vraiment très peu commun la façon dont l’auteur à mêler l’organique ou physique . La langue est belle, les mots sont bien choisis et j’ai fini le livre bien trop tôt , j’aurai bien repris un peu de pages supplémentaires.

Très contente d’avoir découvert une poétesse touchante et sensible et une petite maison d’édition qui fait du travail de qualité et généreuse.



VERDICT



A offrir aux fans de poésies et de beaux mots ou se faire offrir.
Lien : https://lilacgrace.wordpress..
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Le Livre du large et du long

c'est juste un grand livre un texte monde un recueil du souffle pour les à bout de souffle pour que les à bout de souffle retrouvent le souffle pas étonnant que certains y perdent leurs repères et comme dit l'autre pour se (re)trouver il faut accepter l'idée de pouvoir se perdre je n'ai pas aimé me perdre avec ce grand texte de Laura car je me perds encore l'ayant ouvert lu j'aime m'y reperdre y perdre mes mots les e muets ou pas oui à bout de souffle respirer respirer respirer il y a des livres comme ça qu'on sait ni fait pour la voix haute ni fait pour la voix basse mais juste pour la voix qui résonne. Un livre monde. Ouvrez le et n'écoutez que votre respiration... A la limite, lisez le en fermant les yeux.
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Le Livre du large et du long

Bienvenus ailleurs.

Ici un livre bien débridé, d’une folle ambition. Autant dire qu’il ne se laissera pas enfermer par un résumé.

Ici tout un monde bâti à force d’étrangetés. Une voix décomposée-recomposée pour mieux organiser le vacarme.

Ici l’absurde comme métaphysique monstre. Ce qui se voit vit. Chairs, matières et pensées pullulent malmenées. Ce qui se voit a forcément des choses à dire. Et parfois c’est gore à entendre.

Certes, à force d’éclats, on peut s’y perdre. Tant mieux.

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La semaine perpétuelle

Un texte malaisant et déroutant de prime abord car il prend la forme d'un flot de pensées intrusives et d'associations d'idées incohérentes, souvent dérangeantes tant par le style que par le contenu.



Cette forme abrupte parvient toutefois à aborder avec force des problématiques propres à notre époque : le harcèlement, la fin de vie, les hikkomoris, les ruptures familiales, les réseaux sociaux. Ces thématiques traversent les existences des quatre personnages principaux qui forment une configuration familiale "dysfonctionnelle" comme la qualifie l'assistance sociale - entendre par là une famille pauvre avec les problèmes qui en découlent. Le récit dévoile la densité et la complexité des liens sociaux dans notre société, menacés et affaiblis.



Mais le cœur de l'ouvrage me semble être une interrogation sur la communication, ses formes et ses obstacles. Aux tentatives échouées de dialogues réels se substituent des flux de données virtuelles comme autant d'efforts désespérés pour instaurer une compréhension mutuelle.



Je ne dirais pas que cette lecture est agréable mais elle a le mérite de faire émerger des émotions incomodantes qui donnent à méditer.

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La semaine perpétuelle

La folle danse langagière des soupapes de sûreté d’un monde qui écrase, réduit et in-signifie, transformant les vies en spectaculaires obsessions de l’instant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/09/25/note-de-lecture-la-semaine-perpetuelle-laura-vazquez/



Microcosme, monde en petit, société réduite aux acquêts, soigneusement entretenue (même si la désinvolture semble y être une culture essentielle) par les obsessions de chacune et de chacun, sous des formes mutantes et inquiétantes, dès qu’on les observe de près. La mère décédée, le père ivre de nettoyage préventif et de conformité pour éviter d’attirer l’attention du pouvoir, quel qu’il soit, et les ennuis qui iraient fatalement avec. Le fils Salim, poète instagrammatique du quotidien, pour qui tout est matière à coq-à-l’âne, à tentative de réenchantement, à télescopage spectaculaire (marchand d’une autre espèce), à mise en scène permanente du minuscule et du dérisoire qu’il s’agit de hausser chaque fois au niveau d’une préoccupation fondamentale et signifiante, au prix de contorsions intellectuelles inimaginables de prime abord (« Salim aima deux images dans son téléphone »), avec l’aide au rebond de son ami Jonathan, à la névrose encore plus visible, ou mieux dissimulée, selon le point de vue adopté. La fille Sara tente parfois désespérément de maintenir quelque sens dans la danse frénétique des instants sans lendemain véhiculée par les millions de voix solipsistes d’internet (« Parfois, Sara se demandait si c’était réel »). Quelques voisines ou voisins, fantomatiques ou ponctuellement incarnés, quelques (peut-être nombreux – qui sait vraiment ?) followers enthousiastes à l’attention si fugace malgré leur omniprésence, surtout lorsque l’un d’entre eux s’incarne en colocataire, des accidents de parcours à recycler séance tenante et incessamment, une logorrhée à tous niveaux essentielle qui doit faute de mieux faire tenir ces vies, si ce n’est debout en tout cas en vacillement non létal.



Avec cette « Semaine perpétuelle », publiée en août 2021 aux éditions du Sous-Sol, Laura Vazquez nous offre une impressionnante plongée, accompagnée de tourbillons et de vertiges, dans l’enfer d’un vide contemporain comblé à toute force par les obsessions envahissantes, érigées en systèmes de vie – ou de survie, systèmes diablement claudicants malgré leur vocation à marquer leurs micro-territoires sur les réseaux. Mobilisant sous forme de flashes lancinants, doucereux ou aveuglants, des dizaines d’instants magiques et sordides, absurdes et décalés, cette poésie de l’accumulation mixe avec une frénésie communicative des motifs pénétrants parfois aperçus dans des compagnies littéraires aussi diverses que Perrine Le Querrec (« La ritournelle », 2017), Gary Shteyngart (« Super triste histoire d’amour », 2010), William Kotzwinkle (« Fan man », 1974), Antoine Brea (« Roman dormant », 2014), Pierre Barrault (« L’aide à l’emploi », 2019), Alexander Dickow (« Le premier souper », 2021), Arno Calleja (« La mesure de la joie en centimètres », 2020), ou encore Frédéric Arnoux (« Merdeille », 2020). En forgeant ce langage-là, elle est capable de confronter les métaphores littéraires les plus imaginatives et sophistiquées à la boue des clichés les plus ordinaires, et d’examiner de près ce qui en résulte. Là où un Jean-Marc Agrati (« Le chien a des choses à dire », 2004) pratique avec un brio extrême, dans ses nouvelles, une terrifiante et hilarante ascèse de la perte de sens, Laura Vazquez organise au contraire la danse frénétique des soupapes de sûreté de cette insignifiance généralisée, largement portée à son degré de combustion spontanée par les miroirs grossissants enchevêtrés des réseaux dits sociaux, pour nous offrir une dantesque coulée volcanique de poésie de la profusion, de l’accumulation et de la tentative d’échappée explosive (ou d’une formidable poétique de l’idiotie comme l’évoque Lucien Raphmaj dans son superbe article de Diacritik, à lire ici).
Lien : https://charybde2.wordpress...
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La semaine perpétuelle

Il y a Salim. Et Sara, et Jonathan.

Il y a le père. Et le colocataire. Et l’assistant social.

Il y a le vieux aussi.

Et le temps qui s’écoule lentement, si lentement.

Dans cette maison lavée, récurée, épongée sans cesse par le père.

Sur les réseaux sociaux où les vidéos de Sara font fureur.

Où Salim tente de communiquer, lui qui ne doit pas aller à l’école.

Car il faut aller pas à pas, dit le père.

Et la mère dans tout ça ?

On ne sait ce qu’elle a fuit. Son mari ? Pourtant ils s’aimaient au début.

Ses enfants ? Alors c’est peut-être de leur faute ?



Avec une langue lancinante et profonde, Laura Vazquez m’a fait petit à petit lâcher prise, oublier mes repères, mes attentes pour finir par me laisser submerger par ce texte tout sauf facile. Une prouesse, une expérience qu’il faut tenter… !
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La semaine perpétuelle

Sarah, Salim, Jonathan. S’ils étaient japonais, on dirait d’eux qu’ils sont hikikomori. Mais ce sont juste trois post-adolescents d’une petite ville du sud de la France, qui ont chacun à leur manière lâché l’affaire avec la réalité. Le monde virtuel des likes et des followers s’entrelace profondément avec la réalité du père, qui passe son temps à éponger le passé et ne sait plus communiquer avec ses enfants, et de la grand-mère qui a complètement arrêté de parler, peut-être la plus grande preuve de sagesse dans ce monde de l’hyper-communication.

La jeune poétesse Laura Vasquez, petite-fille de Joyce et de l’Oulipo, nous offre avec La semaine perpétuelle un des livres les plus originaux de l’automne 2021. L’intrigue de ce premier roman s’efface derrière un style flamboyant, un flux de mots où le vocabulaire internet des millenials s’intègre et se mélange à la vie d’une façon assez inédite dans la littérature française. “Il posa le téléphone en équilibre sur son front et il leva les jambes en l’air. Il dit : Tu crois qu’on pourra faire des captures d’écran dans les rêves plus tard? Tu crois qu’on aura internet quand on sera mort?”
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La semaine perpétuelle

Le jeune Salim, sa soeur Sara. Le père. L'ami Jonathan. La mère disparue. La grand-mère mourante. Et les flux. Les flux du réseau les afflux de questions. Une histoire en forme de quête poétique, une langue qui ressasse qui chante qui hante ; un objet littéraire unique, élégant et brutal.
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Le Livre du large et du long

Nous avons là un livre qui se veut spécial pour son style d'écriture et pour l'audace de ses mots mais qui a lamentablement échoué à l'être véritablement.



Ces bouts de phrases ne font aucunement sens. Ces mots emputés de leur identité saignent laissant le vide prendre place là où la beauté de la langue aurait dû s'installer.



C'est donc cela oui, le livre du vide et du non-sens.
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Le Livre du large et du long

Dans l’écriture, dit-elle, elle est “prête à mourir”. Laura Vazquez se donne entièrement à son art. Elle publie “Le Livre du large et du long”, un nouveau poème-fleuve détonnant.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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La semaine perpétuelle

Perpétuellement ennuyeux... rien de bien neuf sous le soleil de cette poésie convenue, dommage car j'ai vu l'auteure en performance en bibliothèque et c'était assez convaincant (bien qu'une fois encore un peu banal), mais là ça ronronne et puis c'est énervant ces photos où l'auteure tire la gueule (genre poète maudit ?). On ne trouve rien de l'énergie d'une Cécile Coulon par exemple, c'est mou.
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La Main de la main

Laura Vaz­quez a besoin de presque rien pour com­men­cer à écrire. Un mor­ceau de pain, une chaise et un ordi­na­teur. Très vite, elle entend « gré­siller les four­mis » de sa tête et elle n’a plus d’âge. Sœur du Gré­goire Samsa de Kafka, elle fut cafard : c’est un avan­tage lorsqu’on veut faire plier la langue, la réduire en molé­cules et la faire avan­cer à petits pas...
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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