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Citations de Laurence Rees (56)


(...) Mengele à Auschwitz : il pouvait faire aux êtres humains ce qu'il lui plaisait. Rien ne limitait le champ ni l'étendue de ce qu'il appelait ses "expériences médicales". Rien ne contenait son pouvoir de torturer et d'assassiner afin d'assouvir sa curiosité sadique.
(...) Mais Mengele (...) avant d'arriver à Auschwitz n'avait montré aucun signe de sadisme; tous les témoignages indiquent qu'il avait combattu avec bravoure sur le front de l'Est, sauvant deux soldats d'un char en feu; auparavant, après ses études à l'université de Francfort, il avait eu une carrière médicale relativement ordinaire. Ce sont donc les circonstances d'Auschwitz qui firent surgir le Mengele que le monde devait connaitre - ce qui nous rappelle combien il est difficile de prédire qui, dans des situations exceptionnelles, deviendra un monstre.
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(...) Toivi Blatt, qui, forcé par les nazis de travailler à Sobibor, risqua sa vie pour s'évader : "Qu'avez-vous appris ? me demandent les gens. Je crois bien n'être sûr que d'une chose. On ne se connait jamais. Ce brave type, dans la rue, vous lui demandez où est North Street, et il vous accompagne un petit bout de chemin pour vous l'indiquer. Il est gentil. La même personne dans une situation différente pourrait être le pire des sadiques. On ne se connait pas. On pourrait tous être des braves gens ou des sales types suivant les situations. Parfois, quand quelqu'un est vraiment gentil avec moi, je me demande comment il se serait conduit à Sobibor."

Ce que ces survivants m'ont appris (et, si je suis franc, je l'ai également appris des bourreaux), c'est que le comportement humain est fragile et imprévisible, souvent à la merci de la situation. Naturellement, chacun garde le choix de son comportement, mais le fait est simplement que pour beaucoup la situation est un déterminant crucial.

(...) Adolf Hitler lui-même (...) est largement le résultat d'une interaction entre le Hitler de l'avant-guerre - qui était une épave - et celui de la Grande Guerre, qui fut un conflit mondial sur lequel il n'avait aucune prise. Je ne connais aucun spécialiste digne de ce nom pensant que Hitler aurait pu accéder au premier plan sans la transformation subie au cours de la guerre et l'amertume profonde qu'il conçut de la défaite de l'Allemagne. (...) "Sans Première Guerre mondiale, jamais un individu ne serait devenu le Hitler que l'histoire connait." Et alors que Hitler, bien entendu, a décidé par lui-même de son comportement (et, ce faisant, a accompli une série de choix personnels par lesquels il a parfaitement mérité l'opprobre dont il est recouvert), seule cette situation historique spécifique l'a rendu possible.
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Je n'arrivais pas a comprendre,explique Tavor,comment six ou huit soldats allemands pouvaient faire monter cent cinquante personnnes,dans des vehicules et les emmener.Je crois que j'en aurais sans doute agresse un avant de les laisser me tuer et en finir
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"Une fois le boulot terminé, alors que déjà on les sortait des chambres à gaz pour les brûler, je me suis dit, je m'en souviens, que c'était une belle nuit étoilée... très calme... Trois mille personnes sont mortes. Il ne s'est rien passé... Les étoiles sont à la même place".

Témoignage de Toivi Blatt, à Sobibor
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Le soir, Stresemann lança la conversation sur Hitler et dit : "C'est l'homme le plus dangereux d'Allemagne. Sa rhétorique est diabolique. Il a comme nul autre la connaissance instinctive de la psychologie des masses. Quand je prendrai ma retraite, je sillonnerai l'Allemagne et je nous débarrasserai de cet homme." Il y avait ce soir-là avec nous quelques hommes du ministère. Nous ne comprenions pas Stresemann. Nous disions : "Ce petit parti ? Laissez donc vociférer ce type !"

Gustav Stresemann fit une crise cardiaque et mourut le 3 octobre 1929, quelques jours avant le krach boursier de Wall Street. Pris dans la tourmente de cette nouvelle crise économique, des millions d'Allemands se retrouvèrent pour la toute première fois réceptifs à la proposition charismatique d'Hitler de les diriger. Désormais, quand Hitler vociférait, le peuple écoutait.
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Le racisme étant une religion de substitution pour Hitler les médecins étaient donc presque des prêtres.
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"Nous sommes libres ! Nous sommes libres ! Nous sommes libres ! "Eva courut à la porte, mais on ne voyait rien dans la neige. Il lui fallut quelques minutes pour repérer des soldats de l'Armée rouge dans leur tenue blanche de camouflage. "Nous avons couru jusqu'à eux, ils nous ont serrés dans leurs bras et nous on donné des biscuits et du chocolat. On était si seuls que ces bras-là représentaient plus qu'on ne saurait l'imaginer, parce que ça remplaçait cette chaleur humaine dont nous avions si faim. Nous n'avions pas seulement faim de nourriture, mais aussi de gentillesse, et c'est cela que l'Armée rouge nous a donné. En vérité, une des choses qui m'a le plus manqué après la guerre, quand on est rentrées, ce sont des embrassades et des baisers dont j'avais désespérément besoin et que je n'ai jamais eus. "
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Il se peut que l'armée allemande n'ait pas eu la force d'empêcher l'avancée des Alliés, ni même d'empêcher la défaite de l'Allemagne, mais ce qui était en son pouvoir, c'était d'assurer que la défaite ne ressemblerait en rien à l'humiliation de la Premiére Guerre mondiale.
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Ce qui nous rappelle combien il est difficile de prédire qui, dans des situations exceptionnelles, deviendra un monstre.
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De fait, sur les quelque 6 500 SS qui ont travaillé à Auschwitz entre 1940 et 1945 et qui auraient survécu à la guerre, environ 750 seulement ont jamais été condamnés.
(...) Près de 85% des SS qui servirent à Auschwitz et survécurent à la guerre ne furent jamais punis.
Quand Himmler décida de la construction des chambres à gaz pour soulager les SS du "fardeau" psychologique d'avoir à abattre des hommes de sang-froid, il n'aurait guère pu prévoir ce bénéfice supplémentaire pour les nazis. Cette façon de tuer a permis à l'immense majorité des SS ayant servi à Auschwitz d'échapper au châtiment après la guerre en prétextant qu'ils n'avaient pas directement pris part à l'extermination.
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Cette histoire est d'une grande importance. Car les exemples d'émotions grossières et de brutalités - meurtre, viol, vol et trahison - sont monnaie courante à Auschwitz. Les histoires d'amour sont infiniment plus rares. Et le fait qu'un amour ait pu s'épanouir dans de telles circonstances, entre une Juive et un SS connu pour sa férocité, ne laisse pas d'étonner. Comme tant d'épisodes de la vie d'Auschwitz, on refuserait d'y croire dans une oeuvre de fiction.
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(à propos des massacres des Einsatzgruppen)

Friedrich* reconnait avoir lui-même tué des Juifs dans ces massacres. Il prétend n'avoir pensé à "rien" en voyant ses victimes debout, juste à quelques mètres de lui : "Je me suis simplement dit "Vise bien, ne manque pas ton coup." Voilà à quoi j'ai pensé. Quand vous en êtes arrivé là, debout, avec une arme prête à tirer... il n'y a qu'une chose à faire, une main calme, pour ne pas rater son coup. Rien d'autre." Les meurtres qu'il a commis ne lui ont jamais posé de problèmes de conscience. Jamais de mauvais rêves. Jamais il ne s'est réveillé en pleine nuit ni ne s'est interrogé sur ce qu'il a fait.

* membre de la 1ère brigade d'infanterie SS
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Mes parents avaient des opinions très arrêtées sur Adolf Hitler. Pour avoir tous deux vécu la guerre - outre que le frère de mon père a été tué dans les convois de l'Atlantique -, ils pensaient qu'il était l'incarnation du Mal. Mais je me rappelle m'être demandé, alors que je n'étais pourtant encore qu'un enfant, comment, si Hitler était le Démon dans un corps d'homme, il avait pu obtenir de tant de personnes qu'elles obéissent à ses ordres. C'est d'une certaine façon une question à laquelle je n'ai cessé de penser depuis, et c'est à elle que je tâche de répondre dans cet ouvrage.
Adolf Hitler était, à première vue, le dirigeant le plus improbable pour un État sophistiqué au coeur de l'Europe. Il était incapable d'entretenir des relations amicales normales ou d'accepter un débat intellectuel : rempli de haine et de préjugés, dépourvu de toute aptitude à aimer, c'était avant tout un homme «seul». Il était, indubitablement, «en tant qu'être humain, lamentable». Et pourtant, il joua un rôle déterminant dans trois des décisions les plus dévastatrices jamais prises : celle d'envahir la Pologne - qui conduisit à la Seconde Guerre mondiale -, celle d'envahir l'Union soviétique et enfin celle d'assassiner les Juifs.
Cependant Hitler ne fut pas à lui seul l'auteur de toute cette horreur, et à côté de ses nombreuses insuffisances personnelles, il possédait à n'en point douter de grands pouvoirs de persuasion. «Toute ma vie, dit-il en 1942 en une formule marquante, se résume dans mes efforts incessants pour persuader autrui.» Et j'ai pour ma part rencontré bien des personnes ayant vécu cette période qui m'ont confirmé ce jugement. Quand je les pressais de me dire ce qu'elles trouvaient de si convaincant dans une personnalité tellement étrange, elles me citaient une myriade d'éléments tels que les circonstances de l'époque, leurs peurs, leurs espoirs, etc. Mais elles étaient également nombreuses à évoquer simplement le puissant attrait qu'Hitler exerçait sur elles - un phénomène qui fut bien souvent imputé à son «charisme».
Mais qu'est-ce exactement que le «charisme» ? Le terme provient d'une racine grecque signifiant une grâce ou une faveur octroyée par une divinité, mais le «charisme», dans l'acception que nous donnons aujourd'hui à ce mot, n'est pas un don «divin», il est «axiologiquement neutre» - bons et méchants peuvent le posséder à la même enseigne. La signification originaire implique également que le charisme est une qualité absolue qui existe - ou n'existe pas - dans un individu spécifique. Mais la séduction charismatique d'Hitler n'était pas universelle. Elle n'existait que dans l'espace entre lui et les sentiments de son auditoire. Quand deux personnes rencontraient Hitler en même temps, il pouvait arriver que l'une le trouve charismatique, mais que la seconde le prenne pour un fou.
Notre compréhension moderne du concept de «charisme» commence avec les travaux du sociologue allemand Max Weber qui écrivit des pages célèbres sur la «domination charismatique» au tournant du siècle dernier. Sans doute le fit-il bien avant qu'Hitler ne devienne chancelier du Reich, mais ses réflexions sont toujours très pertinentes pour quiconque s'intéresse à l'étude du nazisme en général et d'Hitler en particulier. Là où la contribution de Weber est capitale, c'est en ce qu'il examine la «domination charismatique» comme un type particulier d'exercice du pouvoir - plutôt que comme une qualité personnelle qu'une pop-star peut posséder au même titre qu'un homme politique. Pour Weber, le chef «charismatique» doit posséder un fort élément «missionnaire» et il est plus proche d'une figure quasi religieuse que d'un homme d'État démocratique ordinaire. Les partisans d'un tel chef recherchent autre chose qu'une amélioration matérielle de leur sort - bénéficier d'impôts moins élevés ou d'un meilleur système de santé -, car ils poursuivent un but plus général, presque spirituel, de rédemption et de salut. Il est difficile, dans des structures bureaucratiques normales, de voir émerger un chef «charismatique», poussé en avant par le sens qu'il a de sa destinée personnelle. Hitler, selon cette définition, est l'archétype du «chef charismatique».
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Entre 1929 et 1933, on vit des millions d'Allemands rompre leurs allégeances avec tel ou tel parti et décider de soutenir Adolf Hitler et les nazis- et ils le firent en sachant parfaitement qu'Hitler avait l'intention de détruire le système démocratique allemand et qu'il encourageait des actes de violence criminelle.
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"Bien entendu, je suis médecin et je souhaite préserver la vie, expliqua Fritz Klein, un médecin nazi. Par respect de la vie humaine, je retirerai l'appendice gangrené d'un corps malade. Le Juif est cet appendice gangreneux dans le corps de l'humanité. "
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Il est l'homme le moins exceptionnel que vous puissiez rencontrer. C'en est presque effrayant. Après avoir été quelques années prisonnier de guerre, il décrocha un poste de directeur du personnel dans une verrerie, où il travailla paisiblement jusqu'à l'âge de la retraite. La seule anomalie dans sa vie par ailleurs on ne peut plus normale, c'est son temps de service à Auschwitz.
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Quant aux Allemands, ils avaient apparemment des objectifs contradictoires : tout en voulant contrôler la France, ils désiraient une présence physique aussi réduite que possible : au total, les deux zones comprises, moins de 1500 officiers et fonctionnaires dans l'ensemble du pays. Autrement dit, leur domination dépendait dans une large mesure du concours des fonctionnaires français et de leur système administratif.
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Les premiers détenus gazés d'Auschwitz ne furent donc pas tués dans le camp, mais transportés en Allemagne, et ils ne furent pas tués parce que Juifs, mais parce qu'ils ne pouvaient plus travailler.
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Höss et Himmler avaient tous deux été fermiers. Tous deux avaient un attachement émotionnel, presque mystique, à la terre. L'idée de développer Auschwitz de manière à faire progresser les connaissances agricoles avait tout pour les séduire.
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La structure et les systèmes du parti étaient maintenant bétonnés - et tous regardaient dans une seule et même direction, à savoir Hitler en dirigeant qui "ne laisserait jamais à son auditoire la liberté de penser que quelque chose d'autre est juste".
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