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Pierre-Emmanuel Dauzat (Traducteur)
EAN : 9782253120964
475 pages
Le Livre de Poche (14/03/2008)
4.33/5   81 notes
Résumé :
Le 27 janvier 1945, l'armée Rouge pénètre dans le camp de concentration d'Auschwitz et libère les derniers survivants. Le monde découvre un système d'une barbarie inouïe et jamais vue dans l'histoire de l'humanité : la " Solution finale ", les chambres à gaz et les fours crématoires. S'appuyant sur les meilleures sources historiques et sur une centaine d'entretiens inédits avec d'anciens bourreaux et des rescapés, Laurence Rees nous permet de comprendre de l'intérie... >Voir plus
Que lire après Auschwitz : Les nazis et la 'solution finale'Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Auschwitz, les nazis et la « Solution finale » est un livre « s'appuyant sur les meilleures sources historiques et sur une centaine d'entretiens inédits avec d'anciens bourreaux comme avec des rescapés ».

C'est un livre véritablement captivant, très instructif et accessible.

Il nous permet de comprendre que la Solution finale est l'aboutissement, la conséquence de multiples décisions dont les retombées et l'ampleur ont échappé aux nazis notamment sur le plan « organisationnel ». Auschwitz n'a donc pas été conçu dès le départ comme une industrie de la mort. L'auteur nous apprend aussi que sans les initiatives de l'ensemble des nazis, même au plus bas de l'échelle, ce massacre n'aurait pu être orchestré avec une telle efficacité destructrice. Rudolf Höss, qui avait déjà l'expérience de l'organisation du camp de Dachau, lui-même, s'est montré d'une implacable et froide inventivité pour que la mécanique de cette machine infernale – littéralement de l'enfer - tue avec le meilleur rendement possible.

Laurence Ress, auteur du documentaire et livre « La séduction du diable – Adolf Hitler », dont je ne manquerai pas d'en faire la lecture, nous fait prendre conscience aussi que les nazis, de par les interdits imposés aux juifs ou les conditions dans lesquelles ils les ont placés abondaient dans le sens de leurs préjugés antisémites. Ainsi, ne pouvant posséder des terres, les juifs étaient urbains et marchands ce qui corroborait au cliché du juif avide d'argent ; en les avilissant, en les affamant et en les acculant à des actes de survie, les nazis entretenaient l'idée qu'il s'agissait de sous-hommes (en vérité moins que cela, ils étaient vus comme des bacilles, de la vermine) qui se comportaient comme des animaux, etc.

Entre autres analyses, l'auteur nous en livre une tout à la fois dérangeante et porteuse de réflexion : même s'il appartient à chacun de poser des choix et d'en être responsable, les circonstances par nature exceptionnelle peuvent pousser l'homme lambda à devenir un monstre. Cette conclusion il la tire autant des rescapés que des bourreaux. Alors, même s'il m'est inimaginable de concevoir que je pourrais être un Mengele ou un Hitler, je songe que si des conditions cataclysmiques devaient survenir et engageaient ma survie, je serais sans doute capable de choses qui en d'autres temps m'horrifieraient. Cette réflexion ne manque en tout cas pas de susciter une remise en question de sa personne. Je reste néanmoins convaincue que si par désir de protection de soi ou d'un être aimé « on » pourrait être capable – peut-être – du pire, il reste que contrairement à ces monstres, ce ne serait pas de sang-froid et pour nourrir une idéologie aux fondements abjects.

Des aspects généralement assez peu abordés figurent aussi dans ce livre remarquable, comme le « bordel » (composé d'esclaves sexuelles) et la piscine d'Auschwitz (élément qu'aiment à brandir les négationnistes) et qui montre toute la complexité de ce camp de concentration qui, parallèlement, faisait cohabiter ces incongruités avec les pires atrocités.

Vous l'aurez compris, ce livre m'a passionnée de bout en bout et je compte ne pas en rester là avec cet auteur. Je vous le conseille vivement !
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Ce livre retrace les débuts du centre de concentration d'Auscwitz et la mise en place de la solution finale mise en place par les Nazis.
C'est juste abominable , les souffrances , les douleurs, les familles explosées, les 6 millions de mort tout cela par qu'ils étaient juif. L'idéologie des nazis voudraient que c'est la seule cause de la défaite de l'Allemagne en 14-18. Nombre de soldats allemands qui ont péri, décoré, blessé pensant le 1 er conflit de religion juive , l'idéologie ne tient pas ..L'amertume de la défaite et du traité de Versailles en 1919 semble plus crédible ( le coup de poignard dans le dos des français, anglais et américains).
Mais pourquoi en vouloir autant au juif ? Pourquoi les anéantir à ce point ?
Mais il n'y a pas qu'eux qui ont péri dans les camps de la mort ( Belzec , treblinka, sobibor et d'autres unités plus petite )tzigane , homosexuels, opposant au régime, russes...
Avec beaucoup de témoignages de survivant qui une fois la guerre finie n'ont jamais pu trouver la paix, ni leurs maisons...
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(9/03/2013)

Le titre est parfaitement représentatif du contenu du livre, Auschwitz, les nazis, et la solution finale.

Premièrement, l'aspect"Auschwitz" : le fonctionnement et la "vie" du camp sont décrits de façon détaillée.
Deuxièmement, l'aspect "les nazis" : les changements dans la gestion et la conception du camp en fonction de l'évolution de la politique nazie sont très bien expliqués.
Troisièmement, l'aspect "et la solution finale" : l'étude du camp d'Auschwitz est inscrite dans une observation globale et résumée de la plupart des aspects de la Seconde Guerre Mondiale, à savoir les ghettos, les camps, la stratégie militaire et politique, le contexte d'émergence du fascisme et du nazisme, la fin de la guerre.

Le tout est exposé de façon claire et captivante, et est émaillé de nombreux témoignages qui rendent l'exposé encore plus intéressant.
Ce que je n'ai pas apprécié, c'est le fait que l'auteur ait toujours besoin de rappeler à quel point ce qui est décrit est terrible, atroce, ou à quel point les nazis sont inhumains, et incohérents de surcroît, à la longue ça nuit à la réflexion personelle sur les faits qu nous sont présentés, aisser le lecteur réfléchir tout seul passe aussi par la forme de l'exposé et un ouvrage historique se doit d'être le plus neutre possible, quelque soit le sujet présenté, point.
A un moment, ce manque de distance, de neutralité, est tel que l'auteur se permet de donner son appréciation sur le témoignage d'un prisonnier russe qui raconte qu'il a étouffé un prisonnier qui ne voulait pas lui rendre sa place assise. En substance ça donne :"quand même c'est grave qu'un prisonnier qui a souffert se mette lui-même à en tuer un autre". Ce n'est pas un livre sur la psychologie des prisonniers face à l'épreuve de la survie et de la détention et je pense que l'analyse de ce témoignage mérite un propos un peu plus complexe que ce jugement péremptoire ...
Bref, il faut rester dans le sujet de son livre, pour le reste il faut être neutre, l'analyse personelle ne doit transparaître que sur base d'une analyse détaillée des faits pertinents pour comprendre le sujet du livre. Cet impératif n'est pas toujours respecté dans ce bouquin.

A part ces quelques égarements qui ne nuisent pas à la substance de l'exposé, le livre permet d'avoir une approche générale de la problématique des camps de concentration via l'étude détallée du camp d'Auschwitz et une description suffisament complète du contexte historique. Bien adapté pour les lecteurs qui n'ont pas approfondi le sujet du fonctionnement "technique" des camps et de leur inscription dans la politique nazie.
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Quand on entame la lecture d'un ouvrage dont le titre contient contient les mots "Auschwitz, les nazis et la solution finale", on ne s'attend pas à prendre du plaisir. Et persiste toujours le risque de voir le récit sombrer dans un sentimentalisme déplacé.
Rien de tout cela ici : Laurence Rees est historien, et son livre est un documentaire, d'abord extrêmement documenté, ensuite gardant le cap littéraire de l'historicité.
Rees suit la chronologie de la création du camp de la mort, en la contextualisant, en suivant ses "acteurs", victimes ou bourreaux, avant et après. le plus grand mérite de l'auteur est bien de donner une incarnation à chacune des histoires dans L Histoire.
En ressortent des analyses globales, des explications générales, partant de ces témoignages nombreux, fouillés, et parfois remis en question ; les diverses questions polémiques, également négationnistes, sont traités avec finesse et psychologie, toujours argumentées.
Jamais Rees, contrairement à ce que j'ai pu lire dans une autre chronique, ne porte de jugement, sinon à travers quelques mots utilisés à l'encontre des nazis et de leurs exactions, mais qui pourrait en juger autrement ?
Son travail peut faire office de référence, par sa qualité de compilation, mais aussi par son écriture.
Le film documentaire dont il est issu, dont Rees est également le réalisateur, est désormais pour moi la prochaine étape.
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Que dire qui ne l'ait déjà été ? Sinon quelques qualificatifs et noms communs : horreur, abomination, terreur, monstruosité, peur, effroi, calvaire, indicible, inhumanité, génocide, mass-murder, épouvante, courage, détermination, espoir, survie, apocalypse, meurtre, assassinat, expérience, croyance, religion, criminel, pouvoir, devoir, survie, faim, rampe, triage, four, maladie, train, famille, ghetto, dictateur, guerre.
Je ne peux m'empêcher, lorsque je lis des récits du génocide de la seconde guerre mondiale, de m'imaginer à leur place.
Je n'aurais pas tenu 1 seule seconde !
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Dans ses Mémoires, Rudolf Höss souligne combien il importait que tout se déroule dans le plus grand calme pour que puisse s'accomplir un meurtre d'une telle ampleur. [le Bunker 2 avait été transformé en centre d'extermination avec la capacité de tuer près de 1 200 personnes en même temps] Mais, rapporte Höss, qu'un membre du groupe approchant des chambres à gaz parlât "d'asphyxie et d'extermination" et une sorte de panique s'empara[it] immédiatement du convoi", rendant la tuerie bien plus difficile. Dans les convois ultérieurs, on devait tenir à l'oeil les individus jugés susceptibles de créer ainsi des ennuis. Au premier signe de perturbation de l'atmosphère de docilité créée par les nazis, on éloignait discrètement les "trublions" pour les abattre avec une arme de petit calibre assez peu bruyante pour que les gens qui se trouvaient à proximité n'entendissent rien.
Il est presque impossible d'imaginer le tourment des mères qui soupçonnaient ce qui allait leur arriver au moment de marcher vers la mort avec leurs enfants alors que "les arbres fruitiers qui entouraient la maison étaient en fleurs", précise Höss. Un jour, rapporte ce dernier, une femme passa devant lui en chuchotant : "Comment pouvez-vous prendre la décision de tuer ces beaux petits enfants ? Vous n'avez donc pas de coeur ?" Une autre fois, il vit "une femme s'efforcer de faire sortir ses enfants au moment où l'on fermait les portes. Elle criait dans ses sanglots : "Au moins, sauvez la vie de mes enfants chéris !" Ces "scènes bouleversantes" ébranlaient certes un peu le commandant, mais, si l'on en croit ses Mémoires, une bonne promenade à cheval au galop ou quelques verres, et c'était oublié.
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(...) Toivi Blatt, qui, forcé par les nazis de travailler à Sobibor, risqua sa vie pour s'évader : "Qu'avez-vous appris ? me demandent les gens. Je crois bien n'être sûr que d'une chose. On ne se connait jamais. Ce brave type, dans la rue, vous lui demandez où est North Street, et il vous accompagne un petit bout de chemin pour vous l'indiquer. Il est gentil. La même personne dans une situation différente pourrait être le pire des sadiques. On ne se connait pas. On pourrait tous être des braves gens ou des sales types suivant les situations. Parfois, quand quelqu'un est vraiment gentil avec moi, je me demande comment il se serait conduit à Sobibor."

Ce que ces survivants m'ont appris (et, si je suis franc, je l'ai également appris des bourreaux), c'est que le comportement humain est fragile et imprévisible, souvent à la merci de la situation. Naturellement, chacun garde le choix de son comportement, mais le fait est simplement que pour beaucoup la situation est un déterminant crucial.

(...) Adolf Hitler lui-même (...) est largement le résultat d'une interaction entre le Hitler de l'avant-guerre - qui était une épave - et celui de la Grande Guerre, qui fut un conflit mondial sur lequel il n'avait aucune prise. Je ne connais aucun spécialiste digne de ce nom pensant que Hitler aurait pu accéder au premier plan sans la transformation subie au cours de la guerre et l'amertume profonde qu'il conçut de la défaite de l'Allemagne. (...) "Sans Première Guerre mondiale, jamais un individu ne serait devenu le Hitler que l'histoire connait." Et alors que Hitler, bien entendu, a décidé par lui-même de son comportement (et, ce faisant, a accompli une série de choix personnels par lesquels il a parfaitement mérité l'opprobre dont il est recouvert), seule cette situation historique spécifique l'a rendu possible.
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La mort prévisible de 30 millions de gens n'aurait pas seulement un avantage immédiat pour l'avancée de l'armée allemande en URSS ; à long terme, elle profiterait aussi à la population du Reich.

Moins de bouche à nourrir en URSS, c'était la possibilité d'acheminer davantage de vivres à l'Ouest et cela faciliterait aussi la germanisation rapide des territoires occupés.

30 millions était aussi le chiffre estimé de " bouches " inutiles à nourrir, ce fameux excédent démographique.
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Dans une communication de Bayer aux autorités d'Auschwitz, on peut lire :

" Le convoi de 150 femmes est arrivé dans de bonnes conditions. Nous n'avons pu cependant obtenir de résultats concluants parce qu'elles sont mortes au cours des expériences. Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous envoyer un autre groupe de femmes, en même quantité et au même prix ".

Ces femmes coutèrent chacune 170 Reichsmarks à Bayer.
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Hitler avait annoncé son désir d'un " jardin d'Eden " allemand à l'Est.

Dès lors, l'exécution des femmes et enfants fut à l'ordre du jour, la persécution des juifs par les nazis entre dans une phase conceptuelle entièrement différente.

Il n'était pas possible de prétendre qu'un bébé représentait une menace.

Désormais, un soldat allemand allait viser un petit enfant et appuyer sur la détente.
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