Partager peut tout changer : Laurent de Cherisey présente son livre
Commander le livre "Partager peut tout changer" aux Editions Salvator : https://editions-salvator.com/fragilite-sociale/3009-partager-peut-tout-changer-laurent-de-cherisey.html
Défi majeur pour notre société, la solitude impacte surtout les jeunes et les personnes handicapées. Et si le fait de partager cette solitude pouvait tout changer ? Cest lexpérience passionnante que nous livre Laurent de Cherisey qui, à la suite de laccident de sa sur Cécile, a cofondé vingt-cinq maisons partagées entre personnes handicapées et jeunes valides.
Inspiré par les « Passeurs despoir » rencontrés aux quatre coins de la planète, il témoigne de cette innovation sociale : souvent présentés comme « les vraies maisons des intouchables » (en référence au film Intouchables), ces lieux de vie ont contribué au développement de lhabitat inclusif en France.
Lassociation Simon de Cyrène réunit des milliers de personnes qui sengagent pour construire une société fondée sur la solidarité et le partage. Laurent de Cherisey sen fait ici le porte-parole. Un témoignage despérance qui invite chacun de nous à devenir acteur du monde à venir.
Pour en savoir plus : https://www.simondecyrene.org/
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À l’hôtel, nous découvrons que nous avons oublié tout le matériel de prise de son dans le taxi qui nous ramenait. Autant dire que nous pouvons faire une croix dessus ! Marie-Hélène, fatiguée et l’humeur assombrie, voit dans cette perte le signe qu’il faut stop-per toute notre aventure médiatique ! Tout s’entre-mêle dans une confusion désagréable.
Objectivement, nos déplacements avec notre petite armée d’enfants sont souvent complexes à gérer. A chacun, à chaque étape, nous reposons inlassablement la même question : « As-tu bien ton sac, ta polaire, ton blouson ? » On se mélange entre les affaires des uns et des autres, avec nos quatre-vingt-dix kilos de bagages, quatre gros sacs, sept moyens et trois petits. Il est permis d’espérer qu’à la fin du tour du monde, chacun sera parfaitement autonome ! Pour l’heure, c’est loin d’être le cas.
(...) nous voulons pointer du doigt la société du mensonge dans laquelle nous évoluons. Nous sommes continuellement enjoints à répondre et à nous maintenir à des critères très élevés de performance, de beauté, de jeunesse, d'invincibilité, voire d'immortalité. Ces pressions induisent une angoisse constante, car, même si nous avons la chance de ne pas être confronté au handicap, nous savons, au plus profond de nous-même, que le propre de notre condition humaine est la fragilité.
Pourtant nous sommes bombardés de messages qui occultent notre vulnérabilité. La société aurait-elle si peur de nous rappeler que nous sommes fragiles?
Le monde nous apparaît comme un extraordinaire champ de bonnes pratiques, et je rêve d'une société qui sache moissonner tout cela.
Il y a quelque chose qui se passe au fond de nous lorsque nous touchons le corps de l'autre, dans le respect, et qui qui débouche sur une relation vraie. La compréhension de l'autre ne vient pas seulement de l'intelligence mais aussi de tout le corps.
J’avais la certitude que mon projet ne fonctionnerait que dans la mesure où je parviendrais à l’implanter là où vivent les gosses. Je me suis renseigné et j’ai découvert que, même dans cet enfer, il existait de petits havres de paix.
Nous sommes des impatients dans une société impatiente. Nous nous dénions le temps d'apprentissage et de maturité qui soutient notre croissance personnelle et nous permet de faire aboutir des projets de longue haleine. Dans une culture d'impulsivité, du " tout, tout de suite", le décalage éventuel entre l'énoncé de son désir et sa satisfaction entraîne une frustration intolérable. Nous "zappons" d'un désir à l'autre, sans en recueillir les fruits, sans en digérer l'enseignement. (...) Énervement et impatience caractérisent la société individualiste.
Les trajets sont une dimension du voyage. Si les traversées nous semblent parfois longues, nous savons que c'est aussi la route vers l'inconnu, la route vers l'autre. L'avion nous propulse dans une autre culture et ce plongeon est toujours fascinant, magique ! Les transports terrestres nous font pénétrer dans les secrets du pays par petites touches, pourvu qu'on aime regarder par la fenêtre pour enregistrer ce grand film du monde qui se déroule sous nos yeux.
Les personnes atteintes de handicaps ne sont peut-être pas toujours compétentes pour répondre aux critères de la société, sur le plan de la production, de l'action ou de l'intelligence, néanmoins elles ont une soif incroyable de relation et d'amitié.
Les adultes qui ont des préjugés ou des opinions négatives sur le handicap projettent leurs propres peurs sur leurs enfants.
Il faut accepter que le handicap nous dérange et nous interpelle, afin de dépasser notre vision négative.
La détresse morale s'atténue lorsque l'isolement est rompu. Le handicap ne rend pas heureux, mais génère sa propre richesse que seules les relations avec l'Autre permettent de vivre.