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Critiques de Léopold Sédar Senghor (50)
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Chants d'ombre Hosties noires

Leopold Sédar Senghor, une oeuvre qui célèbre la civilisation et les valeurs du continent noir.

Toute sa poésie repose sur la célébration de la beauté de sa terre natale, dont la femme africaine symbolise à la fois la puissance, la sensualité et le rayonnement.

La double culture africaine et française de Senghor, puisqu'il a étudié et enseigné en France, en plus de son rôle politique en France et au Sénégal, lui a inspiré une oeuvre marquée par un désir de réconciliation et un grand humanisme.

C'est la foi dans la "civilisation de l'universel". Une oeuvre qui évoque les forces de la terre et les valeurs ancestrales du pays natal.
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Chants d'ombre Hosties noires

Deux recueils qui font bien ressentir la négritude, si chère à Senghor : l'évocation de l'Europe et de l'Afrique s'y mêle: une France où Senghor se trouve physiquement car il y étudie, car il y fait la guerre, un pays dénoncé : il asservit l'Afrique , il humilie les tirailleurs sénégalais venus se battre pour elle : c'est une "France qui n'est pas la France , ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France" (Prière de Paix); il ne reconnait "plus les hommes blancs, (ses) frères/ Comme ce soir au cinéma perdus qu'ils étaient au-delà du vide fait autour de (sa) peau " (Lettre à un prisonnier) .

Et l'Afrique se lit dans ses poèmes: on y voit des femmes "ma Lionne, ma Beauté noire, ma Nuit noire" " Femme nue, femme noire ,/ Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel/ avant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie" (Femme Noire), des mères "on m'écrit que tu blanchis comme la brousse à l'extrême Hivernage" (Ndessé), des dieux. On l'entend aussi, cette Afrique, dans les sonorités de Senghor : " soifs éternelles de mon sang dans son désert de désirs " " Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés/ Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots.".

Lisez, écoutez vous aussi balafongs et koras !

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La belle histoire de Leuk-le-lièvre

Qui est le plus intelligent des animaux de la brousse? Leuk-le-lièvre, bien sûr! Et pour agrandir sa sagesse, il commence à parcourir le monde, jusqu'à la mer. Et parmi ses plus intéressantes découvertes, il y a l'homme. Ami ou ennemi? Difficile à dire. Voici Leuk lancé dans une succession d'aventures, où il va obtenir la protection d'une fée, échapper par ruse à la famine, punir de ses crimes son compère et ennemi Bouki-l'hyène et même confier aux lions un enfant d'homme, Samba-Nouveauné.

Dans ma découverte des contes africains, nouveauté au programme de sixième depuis un ou deux ans, je me suis intéressé à ce petit livre recommandé par l'éducation nationale et signé par une des plus grande figure de la littérature africaine francophone. Leuk-le-lièvre, c'est le Renart des Africains, qui joue toutes sortes de tours à ses compagnons, qui mérite autant la pendaison que l'admiration, et qui ne cesse de martyriser Bouki-l'hyène qui n'a rien à envier à Ysengrin. Quel plaisir, encore, de constater que les schéma des contes sont les mêmes partout sur la planète, et de retrouver ces histoires que l'on connaît par coeur, mais dans un nouveau décor. On y croise au passage des légendes pour expliquer le monde, des devinettes et des énigmes, mais aussi des réflexions sur la liberté, le bien et le mal ou encore l'homme et l'animal. Un bon petit moment de lecture, destiné surtout aux jeunes lecteurs mais une belle découverte à tout âge, puisqu'on connaît finalement mal la culture africaine qui est pourtant en partie francophone. A noter que tous les noms des personnages sont constitués de leur nom en wolof (langue du Sénégal) et de leur nom en français: Leuk, par exemple, signifie "lièvre" en wolof. Pas bête, n'est-ce pas?
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Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malga..

Léopold Sédar Senghor, poète et Président du Sénégal durant vingt ans propose, à la fin des années quarante, une anthologie de la poésie francophone d’une quinzaine d’auteurs d’Afrique, des Antilles et de Madagascar.



« Ecoute dans le vent

le buisson des sanglots.

C’est le souffle des ancêtres. »

Bigaro Diop, Sénégal



Dans sa préface, Orphée Noire, Jean-Paul Sartre tente de définir le concept, forgé par Aimé Césaire, de « négritude » comme une certaine « attitude affective à l’égard du monde » ainsi elle est éminemment, faut-il le rappeler, culturelle.



« Trop vieille es-tu, trop vieille, Europe, pour renaître à ces choses-là » Jacques Rabémananjara, malgache. Prisonnière d’une langue occidentale, fruit d’une colonisation forcée, la poésie noire s’attache à défranciser le langage, il ne s’agit pas là d’une spécificité, nombre de poètes s’insurgent contre les associations coutumières du langage, les surréalistes en tête.

Pour défranciser le langage, Jean-Paul Sartre remarque que les poètes s’autorisent de nouvelles associations ou « accouplements » de mots. Ce n’est pas une poésie simple. On peut être dérouté par les agencements, par les allégories, par le traitement de la langue qui ne s’offre pas immédiatement à l’intelligible et au commun.



« Un jour je suis venu pour faire pousser de l’or

je ne me rappelle plus quand

et dès le pur matin sifflait le vol des fouets

et le soleil buvait la sueur de mon sang »

Guy Tirolien, Guadeloupe



« Nous ne leur pardonneront pas, car ils savent ce qu’ils font » Jacques Roumain, haïtien. Epoque oblige, le surréalisme, dandysme révolté et impertinent ainsi que le marxisme prolétarien se mêlent à la résistance au fascisme xénophobe du maître d’esclaves d’hier. Les luttes convergent.

L’art est au service d’un combat, une violence du déracinement, une volonté violente et sensuelle de reféconder la terre natale, d’offrir à nouveau une perspective à ce peuple qui jadis fut un meuble, sous le Code Noir.



« Pou si cyclonn levé pou-ï raché toutt pié-boi ? » Gilbert Gratiant, martiniquais. Si les auteurs rencontrés sont inégaux dans leur art poétique, de l’aveux même de Senghor qui n’hésite pas à donner son avis sur ses confrères, il y a derrière l’apparente linéarité du thème, une poésie ethnique, qui peut échapper aux néophytes, un malgache n’écrit pas comme un créole haïtien ou guadeloupéen (certains poèmes créoles sont en bilingue).



« rendez-les-moi mes poupées noires que je joue avec elles

les jeux naïfs de mon instinct

rester à l’ombre de ses lois

recouvrer mon courage

mon audace »

Léon-Gontran Damas, Guyane



Mes préférences ne sont finalement pas les deux grandes « têtes d’affiche » du recueil que sont Senghor et le martiniquais Aimé Césaire. Mais je pense qu’une seule lecture, linéaire, ne permet pas d’appréhender la profondeur de ces textes.

Néanmoins, j’ai réussi à apprécier d’emblée les rythmes saccadés et entêtants du guyanais Léon-G. Damas, sa « complainte du nègre » et ses « poupées noires », j’ai adoré la mythologie des contes poétiques « d’Amadou Koumba » du sénégalais Bigaro Diop.



Et vous, qu’en pensez-vous ?
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Oeuvre poétique

Arrivé du Sénégal en France en 1928, Léopold Sedar Senghor, va y menr un parcours exemplaire : étudiant brillant, puis agrégé de grammaire et enseignant, il sera successivement prisonnier de guerre, résistant, avant d'entrer en politique. Il sera ainsi en 1960 le premier Président du Sénégal. puis académicien en 1983, avant de s'éteindre auprès de sa femme normande en 2001.

Comment ne pas admirer un tel homme, que la droiture et les valeurs ont porté partout aux plus hautes distinctions ? Et en même temps, comment ne pas être déboussolé face à un parcours de vie aussi riche ? Valéry Giscard d'Estaing lui-même , semble-t-il, confronté au puzzle senghorien, présenta un patchwork lors de son discours d'entrée à l'académie française,

C'est l'admiration qui m'invita à la lecture de son Oeuvre poétique, et ce fut l'étourdissement qui présida à ma lecture. En effet, ce livre de poésie retraçant chronologiquement la somme de ses écrits, il s'ouvre par des poèmes de "l'étudiant noir", autant dire que l'on y trouve mêlés à la fois une poésie scolaire, classique, fortement influencée par le symbolisme de son époque, des élans contestataires anti-esclavagistes, puis anti-colonialistes, et une revendication confiante, presque sage, de ce qu'on a appelé la négritude, que Senghor image avec force par une peau noire, différente, dans laquelle coule un sang rouge et palpitant, commun à tout homme.



Ensuite suivent d'autres textes, ceux de la maturité, où l'incantation, puisant ses racines dans la tradition culturelle africaine, s'en extrait pourtant dans le grand dessein d'une poésie plus universelle. Son projet poétique, contrairement à la première partie, se structure et s'éclaire. Il s'adresse clairement à la fois à "son peuple" et au peuple de France, dans une construction symphonique où la musicalité est construite savamment.



Personnellement, j'ai toutefois été surpris, et en partie décu par cette lecture : d'abord parce les poèmes de Senghor sont très élaborés, dans une langue française précise et exigeante. Ensuite parce que, comme l'ont commenté de nombreux critiques depuis, j'ai eu le sentiment que la poésie de Senghor, bien qu'ancrée dans les traditions africaines -et c'est ce que j'y recherchais-, est avant tout celle d'un grand intellectuel francophone. En résulte un côté désincarné, littéraire, coupé de la fange terrienne et de la chair humaine. Les références sénégalaises, faisant appel à une culture que je n'avais pas, ralentissent la lecture.

Pour autant, cette poésie symboliste est ciselée, remarquable de force et de vision, quoiqu'à mon goût trop peu intuitive.
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Oeuvre poétique

Un receuil magnifique ! Les mots, les sonorités sont une douceur aux oreilles. Vraiment un magicien des mots. Un très grand poète (que j'ai toujours adoré). Pour les amoureux et amateurs de poésie. Et si vous ne l'êtes pas, vous le deviendrez après avoir découvert ce chef d'œuvre !
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Oeuvre poétique

Des paroles pour le cœur, un plaisir à l'oreille, c'est ainsi que le poète signale son intention.

Une liste d'instruments suit le titre de chaque poème pour rappeler l'intention musicale : kôras, balafong, un solo de trompette, du tam-tam, un orchestre de jazz.

Maintenant les mots sont prêts à danser.

L'auteur expliquera plus tard ses affinités notamment avec ce qu'il appelle « la révolution de 1889 » qui correspond au livre de Henri Bergson « Les données immédiates de la conscience ». Mais si on retrouve des tonalités de Saint John Perse dans sa poésie, il faudrait plutôt chercher l'effet d'une proximité commune avec la culture africaine.

Pour Leopold Sedar Senghor, l'Afrique, c'est le sang qui coule dans ses veines. le cœur saigne lorsqu'il pense aux africains à l'état de servitude ou à la guerre comme les tirailleurs sénégalais. Alors les mots, les signes qu'il leur envoie, sont des encouragements dans les tonalités qui rappellent le pays.

De cette flore abondante, éclatent les flamboyants. De cette faune abondante, surgit le lamantin.

Dans cette nature bien ou mal intentionnée apparaissent les esprits, et au-dessus, la figure imposante de Dieu.

Il faut sortir du poto-poto (la boue). C'est l'appel suggéré à tous, blancs et noirs.
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Oeuvre poétique

Poésie de la parole, de l'écoute et de la transmission, l'écriture de Léopold Sédar Senghor est celle d'une conscience mise au grand jour, celle de la Négritude. Une conscience belle et vivifiante qui bat au coeur de tout, qui agit comme un ferment de la fraternité. Senghor possédait une conscience aiguë des origines, indissociables pour lui du temps présent. Pour autant, son esprit s'imprégnait des influences culturelles et littéraires venues de France, sa terre d'adoption.



Dans toute son écriture, pas d'usage de la métaphore ou de la comparaison, les choses sont nommées, désignées comme telles. C'est sous le signe qu'apparaît le sens et l'image. Chaque chose, chaque être, dans la matière, la forme, la couleur, l'odeur et le geste, le rythme et la danse, tout dans la couleur d'un pagne, les cordes d'une khôra, dans le dessin des paysages, de colliers en or portés,... Tout opère comme un afflux d'images qui mène le poème jusqu'à sa luminescence.

Une incandescence qui porte aussi en elle l'omniprésence des esprits, des morts du village, des ancêtres, de la nature toute proche et des nombreux animaux qui y vivent. Une évocation qui rend plus belle encore l'existence d'un monde quelque peu étrange mais toujours fascinant.

Incantatoire, très marquée par le rythme, la poésie de Leopold Sédar Senghor est aussi musicale. En préambule de beaucoup de ses poèmes sont indiqués les instruments de musique (la kôra, le balafong, le tam-tams,…) qui doivent accompagner la lecture du poème.



Si j'ai vraiment beaucoup aimé lire cette Oeuvre poétique, j'ai trouvé que tous les recueils qui y figurent (Chants d'ombre, Hosties noires, Éthiopiques, Nocturnes, Lettres d'hivernage, Élégies majeures ou Poèmes perdus) ne sont pas tous d'égale valeur, de même intérêt.

Les poèmes dédiés aux Tirailleurs sénégalais morts pour la France (dans Hosties noires) ou de nombreux autres comme dans Lettres d'hivernage sont magnifiques en soi. D'autres textes, moins nombreux, sont eux très marqués par une écriture très académique, très circonstanciée (n'oublions pas que Senghor, avant de siéger à l'Académie française, fut président de la République du Sénégal durant vingt ans.)



Oeuvre foisonnante, généreuse, fascinante, la poésie de Léopold Sédar Senghor est comme un fleuve au long cours qui longe les rives d'une terre somptueuse, celle de l'Afrique, et porte en lui l'histoire et la mémoire des hommes. Poésie accomplie pleine de reflets, de couleurs et de parfums. Poésie unique.
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Chants d'ombre

Beaucoup de pages
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Hosties noires

Senghor publie ce recueil de poèmes en 1948, mais beaucoup de poèmes ont été composés antérieurement, juste avant ou pendant la guerre, la Seconde Guerre Mondiale, et ils évoquent ce traumatisme.

Pour comprendre le titre et le recueil, l'hostie est, pour les catholiques, le corps du Christ consacré lors de l'Eucharistie par le prêtre. Elle évoque donc le sacrifice, mais aussi la résurrection. Les corps sacrifiés, ce sont ici les corps « noirs » du titre, les « Tirailleurs sénégalais », les « frères noirs » du poète. Ce sont toutes les troupes coloniales qui combattent pour la France, lors des deux guerres mondiales. le terme de troupes coloniales est à prendre au sens large, car, si Senghor insiste sur les soldats originaires d'Afrique – tous assimilés sous le terme « sénégalais », il évoque aussi tous ceux « réunis, divers de teint – Il y en a qui sont couleur de café grillé, d'autres bananes d'or et d'autres terres des rizières » : « le Cafre, le Kabyle, le Somali le Maure, le Fân, le Fôn le Bambara le Bobo le Mandiago ». Les « hosties » sont donc teintées du rouge du sang des martyrs pour la France.

Le recueil est donc un hommage à ces soldats morts, qui se sont sacrifiés et ont été sacrifiés par la puissance coloniale, et par là-même un moyen de leur offrir une forme de résurrection, ou en tout cas d'éternité, en les consacrant par l'écriture et l'écrivant en lettres majuscules : « MORTS POUR LA RÉPUBLIQUE » dans le poème lui-même intitulé « AUX TIRAILLEURS SENEGALAIS MORTS POUR LA FRANCE ». le recueil est donc un chant, un chant épique et religieux, où se mêlent prière et mémoire des morts. Plusieurs poèmes sont sous-titrés « Woï pour deux koras », un chant pour un instrument à cordes traditionnel, Senghor se place comme un griot ou un conteur traditionnel d'Afrique de l'Ouest qui fait revivre la mémoire des morts. Et les poèmes sont peuplés de noms, de voisins, de camarades, de soldats, pour faire revivre la fraternité entre combattants.

D'un point de vue personnel, on sent toute la douleur de Senghor, qui s'est engagé volontairement en 1939 dans l'armée, et qui est relégué dans les troupes coloniales, comme un sujet et non comme un citoyen français – un statut qu'il a obtenu, qui lui a permis de passer l'agrégation, de devenir professeur. A cause du racisme des officiers, il n'est pas considéré comme un Français comme les autres : « Ah ! Ne me dîtes pas que je n'aime pas la France, je ne suis pas la France, je le sais » (« Poème liminaire »).

Faits prisonniers, les soldats noirs ne sont pas considérés comme les soldats blancs : « et nous voilà pris dans les rets, livrés à la barbarie des civilisés ». L'horreur des camps de prisonniers est donc renforcée par le racisme et les discriminations, qui ne sont pas dues qu'aux gardiens nazis, mais aussi aux autres prisonniers français : « des chefs, et ils étaient absents, des compagnons, ils ne nous reconnaissaient plus / Et nous ne reconnaissions plus la France ». Oui, c'est la véritable blessure du recueil, non la guerre et ses violences, non l'internement et ses privations, mais « ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France ».

Cependant, le dernier poème « Prière de la paix » est une prière de réconciliation et de pardon, un refus du « serpent de la haine ». L'Europe, et surtout la France, ont asservi l'Afrique, tué des millions d'hommes et de femmes, l'ont dépouillée de ses richesses. Mais Senghor a « une grande faiblesse pour la France », il l'aime, car c'est le peuple de la connaissance, le peuple de la liberté avec la Révolution, le peuple de l'égalité avec les Droits de l'Homme et l'abolition de l'esclavage, et le peuple qui permettra la fraternité universelle. Ce dernier poème est écrit en 1945, la guerre n'est peut-être même pas finie, et Senghor lance un appel à une fraternité universelle, une « nation arc-en-ciel » avant la lettre pour reprendre l'expression future de Nelson Mandela, avec une union de « tous les peuples d'Europe, tous les peuples d'Asie, tous le s peuples d'Afrique et tous les peuples d'Amérique […] DESSOUS L'ARC-EN-CIEL DE TA PAIX ».

Un très beau recueil aux images et aux mots marquants, d'autant plus saisissant en se disant que nombre de poèmes ont été écrits en captivité.
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Oeuvre poétique





Senghor, qui fut le premier président de la République du Sénégal en 1960, l’ami de Georges Pompidou avec lequel il avait fait ses études supérieures, l’un des chantres de la Négritude, a lui-même rassemblé la plupart de ses poèmes dans ce recueil Œuvre Poétique.

S’y ajoutent quelques textes qui visent à nous éclairer sur les caractères particuliers de la poésie africaine francophone, et sur sa place dans le flux poétique qui part de Hugo aux surréalistes et à Saint-John-Perse, en passant par Baudelaire et Rimbaud.



Une grande diversité de poèmes sont rassemblés, provenant, je crois, de différents recueils précédents.

Il y a entre autres des recueils contemporains de la seconde guerre mondiale rassemblés dans Chants d’Ombres et Hosties noires, des poèmes lyriques dénommés Élégies Majeures, en hommage à différents personnages contemporains, Martin Luther King, Georges Pompidou, ou mythiques, tels la Reine de Saba. Il y a des poèmes qui ont l’allure de chants destinés à être accompagnés par des instruments de musique africains. On les retrouve notamment dans Nocturnes. Il y a enfin dans Lettres d’Hivernage, des poèmes d’amour magnifiques dédiés à son épouse Colette, mes poèmes préférés.



Plusieurs traits caractérisent à mon sens cette poésie: son rythme, son lyrisme, son recours fréquent à la religion, son lyrisme, et bien entendu, sa référence aux images, aux mots de l’Afrique (explicités dans un lexique), voire enfin aux musiques africaines. Une poésie à lire à haute voix, absolument.



En conclusion, une poésie magnifique, sans doute moins novatrice que celle de Césaire, plus classique, plus construite, mais marquée, comme celle de Césaire, par la magie de cette musicalité si particulière des poèmes du monde de la « négritude ».
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Chants d'ombre

C'est le premier recueil de Senghor que je lis, je n'ai pas d'appareil critique dans mon édition, que l'on me pardonne si je fais une erreur de compréhension ou de jugement. Mais après tout, la poésie doit moins s'analyser que se ressentir, ce sera mon interprétation personnelle et non une étude scientifique.

Senghor publie ici son premier poème, en 1945, à la sortie de la guerre et de la Libération, lui qui a combattu pour la France et a été fait prisonnier. Il commence par décrire Paris : « je contemple toits et et collines dans la brume ». Mais ce n'est pas n'importe quel Paris, ce Paris lui évoque ses frères morts – le premier poème qui ouvre le recueil s'intitule ainsi de façon révélatrice « In Memoriam », des morts qui sont loin de lui, reposant loin, en terre africaine. Car ce Paris évoque la colonisation : le 2ème poème s'intitule « Porte dorée », là où, en 1931, s'est tenue la grande exposition coloniale au bois de Vincennes. Par une association d'idées et de sons, avec presque une assonance, la Seine lui fait alors penser au Sine, un royaume situé au Sénégal qui existait avant la colonisation dont Senghor est originaire. Le recueil de poème devient donc alors un autre « cahier d'un retour au pays natal » pour reprendre le titre de l'ouvrage d'Aimé Césaire – le quatrième poème est, lui, titré « Lettre à un poète » et dédicacé à Césaire. Il semble ainsi que ce soit Césaire qui le guide sur la voie de la poésie, d'une poésie qui doit justement être le chant de la négritude, concept qu'on pourrait définir comme un retour aux racines, à la culture noire : « Aurais-tu oublié ta noblesse, qui est de chanter / Les Ancêtres, les Princes et les Dieux, qui ne sont fleurs ni gouttes de rosée ? ».

Le poète-narrateur part donc en voyage sur la terre de ses ancêtres. Ce voyage fait appel aux sensations, le son des tamtams qui permettent de chanter et de danser, le goût des festins, l'odeur des arbres et de la terre sèche, et la douceur de la peau d'une femme, la vision de la beauté d'une femme nue – avec le poème très beau et très sensuel « Femme noire ».

Les poèmes changent ensuite il m'a semblé, ils reconstituent par les images tout un paysage, celui de la terre africaine ancestrale pour Senghor, avec ses lianes, ses brousses, sa végétation et ses animaux comme le lion et la gazelle. Mais l'Afrique a été atteinte dans sa chair par « les mains blanches » qui ont asservi les peuples en esclavage, fait s'écrouler des empires, abattu la forêt noire pour en faire des traverses de chemin de fer / [Abattu] les forêts d'Afrique pour sauver la Civilisation, parce qu'on manquait de matière première humaine » (« Neige sur Paris »). Senghor peint le portrait d'une Afrique de la mémoire et de la joie, insistant sur la danse et sur les chants des griots qui transmettent les épopées. Dans l'écriture même, il se rapproche des chants épiques et mémoriaux des griots.

Mais le poète a une identité complexe, partagée, mélangée. Il est « docteur en Sorbonne, bedonnant de diplômes », « pasteur de têtes blondes sur les plaines arides de vos livres ». Il aime Paris et ses toits, ses femmes aussi. Il a été nourri par la poésie classique, faisant référence aux Muses antiques tout comme aux Esprits et aux Ancêtres. Sa poésie semble donc unir, ou en tout cas mêler, ses deux cultures.

Encore une fois, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, d'avoir tout bien exprimé, plusieurs images m'ont semblée plutôt obscures, mais j'ai été frappée par la force de cette écriture.
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Chants d'ombre Hosties noires

La racine africaine est toujours vivante sous nos racines
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Oeuvre poétique

Anthologie de poèmes choisis par l'auteur lui-même.



Il y a des poèmes que j'ai adorés, d'autres qui m'ont émue, certains que j'ai simplement aimés, plusieurs qui m'ont laissée indifférente.



Partout, Senghor nous parle d'histoires de peaux, de la nature et de la vie. C'est sensuel, mais parfois en dehors de nos propres traces culturelles. Je ne peux pas le dire autrement.



Mais à découvrir, à avoir lu et savouré…. certainement !
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La belle histoire de Leuk-le-lièvre

Er
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La belle histoire de Leuk-le-lièvre

C’est tout mignon, tout joyeux et tout malin, c’est tout ce qu’il faut pour un livre qui s’adresse aux tout petits.

Le livre est fourni avec une version audio de qualité. Chaque personnage a sa voix, des musiques pour accompagner les ambiances. Également un livret pédagogique pour apprendre avec le texte, les petits pourront apprendre à dessiner des éléphants par exemple, à reconnaître les animaux de la savane, les cris mais aussi quelques recherches à faire et apprendre à synthétiser une histoire. Il y a un exercice où il faut imaginer une recette de cuisine ou en chercher une. Nous on a fait des samoussas au poulet (parce que c’est tout ce que je sais faire. Poulet, omelette et petit pois si jamais vous êtes à court d’imagination).



C’est un bon outil pédagogique pour continuer quelques cours à la maison, sans que ça en devienne une punition. Ça travail l’imagination, ça fait découvrir des plats d’autres pays (et apprendre la cuisine aux petits comme aux grands), apprendre à faire un résumé et donc à repérer les éléments importants d’une histoire, on a appris quelques instruments aussi et à faire une recherche sur internet et la maman et le grand frère ont bien voulu jouer dans notre petite pièce de théâtre improvisée.



Je le conseil si vous convoitez le diplôme très officiel de meilleur parrain du monde.
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Oeuvre poétique

Etudié il y a plus de 15 ans pour le bac français, j'avais, à l'époque, adoré me plonger dans l'univers de Léopold Sédar Senghor, qui représentait pour moi une totale découverte.

J'ai souhaité m'y replonger, pour voir si la magie opérait toujours... et oui, cent fois oui ! Quelle maîtrise de la langue française, dans toutes ses subtilités, la précision des termes employés, la beauté des images, la force du rythme !!!

Les nombreux termes faisant référence à la culture africaine, bien qu'un peu déroutants, ajoutent encore à l'ensorcellement des poèmes.

J'ai mis du temps à relire ce recueil, tant je savourais chaque poème, les prononçant à voix haute pour goûter avec plus de profondeur les jeux de rythme et de sonorités.

Merci à vous, Monsieur Sédar Senghor, d'avoir été !

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Chants d'ombre

Ce livre est tres beau

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Les fondements de l'africanité ou négritude et ..

Texte très étrange où l'africanité se cherche dans les squelettes excavés par les paléontologues et où l'identité n'est qu'une somme de caractères éternels, de principes vitaux, de cultures immuables et de traditions millénaires. La conclusion suggère la nécessité d'une "Afrique unie" sans que la légitimité de cette suggestion n'ait été seulement discutée. L'union serait obtenue par un échange entre les cultures du nord et celles du sud qui devraient absolument rester "elles-mêmes", c'est-à-dire figées dans leurs principes. Rien qui engage l'avenir dans ce texte (pour ne pas en dire plus...).
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Oeuvre poétique

J'ai interrompu ma lecture: j'ai trop de mal avec les rythmes et le vocabulaire utilisé. Il y a vraiment des passages magnifiques, mais je n'ai pas la culture nécessaire pour apprécier ces poèmes. Léopold Sédar Senghor était un homme très cultivé et sur deux cultures: Française et Sénégalaise. Concernant l'une des deux je suis totalement inculte et l'autre bien moins cultivée que lui, à cela s'ajoute les contextes historiques à côté desquels je passe parfois.

Je pense que c'est un livre qui mérite une étude plus approfondie pour pouvoir le savourer et je n'arrive pas à trouver cette énergie, je vais donc le déposer à l'arbre à livre pour qu'il puisse profiter à quelqu'un d'autre.
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