AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Léopold von Sacher-Masoch (37)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Vénus à la fourrure

UN POISON NOMMÉ WANDA...

Je dois reconnaître que je ne m'attendais pas, en démarrant la lecture de ce livre, à vivre un aussi bon moment. En effet, l'ouvrage avait, a priori, tout pour me déplaire ; j'étais mue surtout par la curiosité et le désir de ne pas mourir complètement idiote, plutôt que de m'attendre à être positivement surprise par cette narration.



Et PAF !, voilà qu'au tournant, un souffle étrange, un courant d'air particulier me ravive les sangs et le plaisir de la lecture me fouette.

Quelque chose comme le brûlant d'une flamme qu'on n'attendait pas qui nous consume l'âme autant que la raison pour nous illuminer d'une réflexion nourrie et d'un sourire polisson.



Leopold von Sacher-Masoch n'est pas un marquis de Sade et, bien que son nom soit à l'origine du terme masochisme, La Vénus À La Fourrure est le seul ouvrage " équivoque " qu'on puisse lui attribuer. Pourtant, il ne fait absolument pas l'apologie du masochisme dans ce livre, mais essaie plutôt de nous convier à réfléchir sur cette tendance inscrite en nous et ne réclamant qu'à être activée pour prendre des proportions horribles.



L'auteur, par ailleurs universitaire brillant et plutôt féru d'histoire, dresse un portrait psychologique admirable de cette espèce de ... comment dire... d'aliénation morale, qui, dans certaines conditions, nous pousse à accepter des châtiments inimaginables, laquelle acceptation pouvant disparaître lorsque ces conditions particulières disparaissent.



Il choisit de prendre le cas d'une souffrance volontaire suscitée par l'amour d'une personne vis-à-vis d'une autre, mais je suis assez convaincue que l'on pourrait étendre cette notion à d'autres types de souffrances volontaires auxquelles celui qui s'y adonne peut éprouver une certaine forme de plaisir. Je pense notamment à l'anorexie ou encore à la pratique de certains sports poussés jusqu'à l'abomination.



Le côté extrêmement ambigu de la chose est qu'un tiers puisse éprouver du plaisir à voir l'autre souffrir. Si l'on réfléchit bien, est-ce si différent notre comportement quand on trépigne de plaisir devant un cycliste en train de souffrir et de laisser ses tripes sur une bicyclette à escalader un col dans un délai à peine humain ou un boxeur se faire démolir la face et se relever à chaque fois pour s'en reprendre plein la figure et re-souffrir encore, et re-tomber, et se re-lever et ainsi de suite. (Je ne parle même pas des images de héros de guerre...)



Appliqué à l'amour, la chose peut avoir un côté très choquant, mais, ce livre à le mérite de nous montrer que cela n'est sans doute pas fondamentalement différent. Ici, Séverin nous explique comment il s'est volontairement infligé des souffrances inqualifiables pour jouir de son amour avec la belle et sulfureuse Wanda.



Dans un château ou belle demeure campagnarde perdue quelque part dans les Carpates, le narrateur, plutôt solitaire et asocial, fait la connaissance d'une jeune veuve que dans une sorte de délire, il associe à la statue de Vénus. D'abord timides l'un et l'autre, les deux âmes solitaires vont vivre des épisodes troublants la nuit, dans le jardin, la femme revêtue de sa fourrure...



Séverin se sent incapable d'une déclaration ordinaire et prétend qu'il désire être son esclave. Wanda, quelque peu titillée mais pas franchement amoureuse prend cette déclaration au sens figuré mais Séverin insiste. Il veut être son esclave, s'enchaîner à elle pour lui signifier combien il l'aime, quitte même à subir des mauvais traitements.



Chemin faisant, il l'enjoint carrément à lui infliger des coups car, dit-il, une excitation particulière est alors créée. Wanda, pas trop chaude au départ (n'y voyez pas de jeu de mots) se laisse prendre au " jeu " puis administre avec prolixité des châtiments corporels à son amant en y puisant, manifestement un grand plaisir.



Ce couple à relations asymétriques se déplace ensuite à Florence où le masochisme prend alors des proportions extrêmes. Il n'est probablement pas convenable d'en dire davantage…



Un autre aspect est évoqué dans l'ouvrage ; celui de la relation de dominance qui s'instaure entre les partenaires, l'acceptation de sa position de dominé et l'acceptation des violence pour ne pas perdre l'être cher. Ceci est réellement captivant d'un point de vue psychologique et je puis dire que j'ai quasiment lu ce roman comme un essai sur la question.



Cela nous questionne également et nous donne des éléments de compréhension de l'acceptation des violences subies par des enfants vis-à-vis de leurs parents. Aimant leurs parents et ayant peur de les perdre, ils acceptent tous types de violences, même les plus répugnantes et abjectes.



L'auteur, féru d'art et d'histoire, fait de nombres et diverses références soit au monde de la littérature (le Faust de Goethe, notamment), à la mythologie païenne grecque, à l'histoire des arts, sculpture ou peinture, en particulier la toile du Titien qui représente la Vénus à la fourrure. Sacher-Masoch s'appesantit, un peu comme un fil conducteur du livre, sur la symbolique de la fourrure, qui évoque à la fois la douceur, la chaleur, mais aussi et surtout la sauvagerie, les instincts primaires.



Bref, une lecture hyper intéressante, où Sacher-Masoch ne fait jamais dans le trivial, dans le gore ou dans la dépravation sexuelle, où tout ce qui est le plus insoutenable est traité sous le registre de l'évocation, de la suggestion, plutôt que de se complaire à décrire ces atrocités. Je le répète, l'auteur ne me semble pas un partisan du masochisme mais a pris le parti d'évoquer cette tendance comportementale si déroutante chez l'humain.



Une vraie découverte et un vrai coup de coeur pour moi, mais ce n'est bien sûr que mon avis, qu'il ne vous fasse pas de mal car il ne représente pas grand-chose, tout bien pesé.
Commenter  J’apprécie          9118
La Vénus à la fourrure

Se farcir "La Vénus à la fourrure" de Leopold von Sacher-Masoch, c'est pas de la tarte ! (Les initiés et les gourmets comprendront.)



Leo a donné son nom au masochisme, qui désigne le plaisir sexuel pris dans la souffrance et l'humiliation. Parue en 1870, on peut justement supposer que "La Vénus à la fourrure" a dû faire fureur et faire couler beaucoup d'encre et de sueur, bien que passer après Sade et Restif de la Bretonne fasse un peu "petit joueur" à mon goût mais bon. Il y est donc question de domination passionnelle et sexuelle, sujet sans doute détonnant pour l'époque et briseur de tabou mais pour ce qui est de mon misérable avis, cette lecture fut douloureusement déplaisante.



Parce que oui, je ne suis pas du tout portée sur le BDSM, les fouets et autres accessoires, très peu pour moi.

L'humiliation et l'asservissement du partenaire en esclave, très peu pour moi.

Le lyrisme littéraire qui exalte les sévices corporels au nom d'une passion qui n'est pas à mes yeux une justification suffisante, très peu pour moi.

La souffrance volontairement donnée et volontairement accueillie, ça me fait vomir et ça n'émeut pas mon petit coeur d'artichaut.



En somme, je suis passée à côté de cette oeuvre, et je vais passer pour une pisse-froid frigide, tant pis, tant mieux. J'aurais dû abandonner ma lecture en cours de route mais j'ai persévéré dans la souffrance, à la recherche illusoire du plaisir, en vain ; dans quelle guêpière m'étais-je fourrée !





Challenge MULTI-DEFIS 2022

Challenge des 50 objets 2021 - 2022

Challenge XIXème siècle 2022

Challenge RIQUIQUI 2022

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2022
Commenter  J’apprécie          434
La Vénus à la fourrure

Je ne prétends pas proposer une critique de ce classique de la littérature romantique, je n'ai pas un bagage culturel suffisant pour cela. Je vais me contenter de livrer succinctement mon ressenti.



J'ai été séduite par la beauté de la langue, à la fois simple et lyrique, subtile et passionnée. Il ne faut pas attendre des scènes crues, le récit est très pudique, presque cérébral, et joue plutôt sur les non-dits et la suggestion. Ce qui n'empêche pas de distiller un climat agréablement érotique et sensuel.

Mais j'ai surtout été emportée par la description du sentiment amoureux. L'auteur évoque cette passion amoureuse, proche de la folie, de façon admirable. L'intensité de cet amour absolu ne peut qu'émouvoir le lecteur, pour peu qu'il soit un peu sentimental.
Commenter  J’apprécie          433
La Vénus à la fourrure

Ce roman était tout récemment mis en évidence dans la bibliothèque de ma commune, à l’occasion d’un spectacle de lectures érotiques. Et je dois bien avouer que je ne comprends pas pourquoi. Je n’y ai personnellement rien trouvé d’érotique. Mais non, mais non, je ne suis pas déçue …



Non, point d’érotisme dans cette Vénus à la fourrure. Et ce malgré, je le reconnais, un titre très prometteur. D’ailleurs il n’y a aucune scène de sexe. Et au bout de compte, je ne sais même pas si les deux amants auront ou non consommé, s’ils auront goûté au fruit défendu. Au lieu d’érotisme, j’y verrai une once de romantisme, une belle histoire d’amour … Mais qu’est-ce qu’une belle histoire d’amour ? Vaste sujet.



En tout cas, je pense qu’il s’agit bien d’amour, car Wanda, cette chère Wanda, est prête à tout pour satisfaire les caprices masochistes de son amant, même si elle en éprouve d’abord un dégoût. Et si elle le fait, c’est uniquement pour le libérer de ce « travers », pour lui apprendre à rester « libre » et lui-même dans ses relations amoureuses, et à ne pas devenir l’esclave de l’autre. Cet amour d’ailleurs se transformera en haine quand elle se rendra compte qu’il est prêt à tout pour elle. Amour et haine, deux sentiments si proches…



L’amour, ce sentiment ambigu et déséquilibré, car l’un aime toujours plus que l’autre. L’un est toujours plus dépendant que l’autre. L’on ne peut véritablement aimer que ce qui nous est supérieur. Et donc, même s’il est flatté de l’intérêt que l’autre lui porte, il se sent plus petit, plus minable, pas à la hauteur. Dans ce roman, c’est la femme qui est en position de force, ce qui est assez révolutionnaire. Et tellement éloigné des sociétés patriarcales et paternalistes de 1870, où la femme est soumise à l’homme, inférieure à lui sociologiquement, économiquement et même politiquement. Alors forcément, voir un homme soumis à une femme, ça a dû faire jaser, heurter les bonnes mœurs à l’époque.



Le roman de Leopold von Sacher-Masoch est aussi résolument moderne. Pour preuve, l’auteur appelle à l’amour libre, opposé au mariage chrétien. Il convie les femmes, ces trésors que les hommes veulent voir enterrés, au bonheur, loin du respect hypocrite, du mensonge et du conformisme social. Il les encourage à écouter leurs pulsions, leurs désirs et à rechercher la jouissance là où il n’y a bien souvent, pour elles, que devoirs et don de soi sans plaisir. Et surtout il considère que « la femme ne pourra être la compagne de l’homme que lorsqu’elle sera son égale en droit, lorsqu’elle sera son égale par l’éducation et le travail ». Vibrant appel à l’égalité homme-femme.



Evidemment, c’est ma lecture, mon interprétation. Celle d’une femme du XXIème siècle, qui veut voir ici l’un des premiers romans féministes écrit par un homme …

Commenter  J’apprécie          302
La Vénus à la fourrure

Je devrais peut-être me retenir d'acheter des livres de manière compulsive. Celui-ci, il y avait longtemps que j'en entendais parler et pour 2 euros, bradé, je me suis jeté dessus. Sacher-Masoch ! Le fondement littéraire du masochisme. Il ne fallait pas rater ça. Bon ! Nous sommes en 1870, en Allemagne. Un homme se soumet aux caprices d'une femme en devenant son esclave. C'est une époque où beaucoup de normes sont remises en question. Les relations de soumission sexuelle, entre autres, s'exposent. Mais cette intrigue ne m'a absolument pas captivé. Leur fétichisme m'agace, les scènes de soumission aussi. C'est assez poussiéreux, redondant, poussif. Je suis allé jusqu'au bout, en diagonale. Une grande déception.
Commenter  J’apprécie          291
La Vénus à la fourrure

Moi qui aime vérifier par moi-même au-delà des apparences et des vérités reçues ce qu'il en est, me voici servie.



Car certes, j'ai bien lu que le comte de Sacher-Masoch avait été outré qu'on tire de ce livre l'expression masochisme, mais comment pourrait-il en être autrement, alors que Séverin se laisse piétiner et humilier par la belle Wanda. Et plus lui aime être à ses pieds, plus elle se lasse.



Il ne faut pas en tirer comme enseignement que les femmes aiment l'inverse, mais plutôt quelque chose d'égalitaire comparé à ce rapport de domination et de soumission.



Je suis sortie interloquée de cette lecture, mais guère plus. C'est bien écrit, une vraie plume du 19e, à mes yeux.



La littérature autrichienne est décidément bien intéressante.



Peut-être faut-il ajouter qu'il n'y a rien de graveleux dans cette histoire, pour ceux qui aimeraient ce piment-là.

Commenter  J’apprécie          245
La Vénus à la fourrure

Comme un tourbillon, une chute dans un délire sadomasochiste où le "encore pire" succède au pire jusqu'à...



Un livre à la noirceur gothique impressionnant de maîtrise et de construction.
Lien : https://www.noid.ch/la-venus..
Commenter  J’apprécie          130
La Vénus à la fourrure

Une violente douceur, une sensualité brute, "La Vénus à la fourrure" est un enivrement des sens, une plongée dans les fantasmes masochistes qui vous fera perdre pied.



J'avais l'impression d'entrer dans le rêve de quelqu'un d'autre tant par moment je me perdais un peu dans les songes de Séverin et dans la manière de raconter de son auteur.



Soyons clair, l'écriture est très belle et d'une poésie inouïe mais par moment j'ai eu l'impression que l'auteur se laissait emporter par la passion qui l'habitait et oubliait de nous donner quelques descriptions des lieux pour que l'on s'y retrouve.



Ce n'est pas un livre à analyser mais plutôt à ressentir, et ce fut une expérience assez étrange que cette plongée sensorielle dans les passions et les fantasmes d'un homme se complaisant dans le masochisme et l'asservissement.



J'ai eu l'impression de me retrouver devant "Les funérailles d'Atala" de Girodet durant toute ma lecture, parce que le côté très dérangeant et funeste de cette histoire est dépassé par la fascination presque malsaine qu'éprouve le lecteur devant cet homme qui préfère baiser les pieds de sa maîtresse pendant qu'elle le flagelle plutôt que d'en devenir l'époux.



Cette tristesse annonciatrice de douleur, et donc de plaisir pour Séverin, est d'autant plus belle que les descriptions qu'il fait de sa "Vénus à la fourrure" sont saisissantes de beauté et de passion.



Une chose assez frappante et particulière est l'absence de chapitres. Le texte est un flot ininterrompu de mots et de lubricité, qui nous amène, finalement comme notre héros, à un point de non-retour que j'ai trouvée assez tordu mais terriblement bien amené.



Une expérience déchirante mais admirable et captivante, une ode aux amours torturés, l'apologie de la servitude amoureuse et charnelle. Le livre qui marquera la vision que l'on peut avoir du masochisme.



Enfin bref...Une oeuvre sur le masochisme, oui mais pas seulement, une plongée dans la complexité de l'esprit humain et dans sa part la plus sombre et perverse. Un roman de débauche et d'impureté qui dépeint l'un des tableaux les plus malsains et fascinants de la littérature du XIXème siècle.
Lien : http://bookymary.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          130
La Vénus à la fourrure

Ce bouquin pouvait me faire un peu peur à priori, moi qui, il faut bien l'avouer, lit bien peu de classiques de la littérature. Il faut savoir en effet que son auteur Sacher-Masoch s'inscrit parfaitement dans le mouvement romantique allemand de la première moitié du XX ième siecle. "La Vénus à la fourrure", comme plusieurs autres de ses ouvrages, est en partie autobiographique, Sacher Masoch y relatant certains épisodes de son orageuse aventure avec une certaine Anna de Kottowitz.



Comme je l'ai dit dans ma chronique du film, c'est donc ce roman, par ailleurs le seul vraiment sulfureux de son auteur, qui ait contribué à ce que son nom soit à l'origine du terme masochisme.



Dans ce roman, un homme, Séverin, est amoureux d’une statue marmoréenne de Vénus, qui se trouve dans un jardin public. Dans ce jardin, il rencontre un jour une femme hors du commun, Wanda, qui ne s’est donné qu’une règle, celle de n’obéir qu’aux lois du plaisir. Séverin se lie et conclut avec Wanda un contrat par lequel il se soumet entièrement à elle : il sera son valet, son esclave, son jouet. Le masochisme ne vient-il pas de Masoch? En contrepartie, Wanda se vêtira d’une seule fourrure et sera alors pour lui d’une animalité divinement érotique.



Bref, une relation oh combien éprouvante, qui entraine personnage et lecteurs dans des affres que l'on devine tout autant cruelles que jouissives pour les deux protagonistes, comme on le ressent d'ailleurs tout aussi parfaitement dans le film de Polanski.



Pour qui a vu le film, d'ailleurs, il est assez passionnant de se plonger dans le livre originel puisqu'une grande partie du film nous dévoile des parties du livre et se permet même de l'analyser, alors que d'autres parties du roman ne sont pas traitées dans le film, donc il était assez passionnant de découvrir ce qui était ou n'était pas dans le film.



Certes, la lecture de ce livre, entre le roman et le poèsie, fut parfois un peu ardue, car d'une part, le style de l'auteur est parfois un peu datée (et que je n'ai plus trop l'habitude des classiques), et d'autre part certains passages m'ont parus un peu abscons, notamment lorsque l''auteur, bien plus que ne le fait Polanski, s'attarde longuement sur la symbolique de la fourrure, qui évoque à la fois (à mes yeux seulement?) la pilosité des organes génitaux, ainsi que moins prosaiquement, la chaleur et une certaine forme de sauvagerie dans les relations charnelles et les instincts primaires.



Mais ce texte qui incarne une certaine forme de romantisme (puisque le romantisme peut se représenter évidemment sous différentes formes), possède,à n'en pas douter, un souffle et une puissance de feu, en tant qu'il exalte les passions jusqu'aux tourments de l'amour fou, et de l'appartenance a l'autre en tant qu'être sublimé.



Et si Sacher-Masoch reste souvent dans l'évocation et dans la suggestion (on n'est pas dans "50 shades of grey", autres époques, autres moeurs) et ne tombe pas dans le glauque de la dépravation sexuelle, le SM est quand même abordé frontalement au détour de plusieurs situations ou dialogues non équivoques ( "Qui se laisse fouetter mérite d'être fouetté")..



Bref une oeuvre fondatrice, dont la lecture est certes peu "confortable" (en même temps, l'adjectif sied mal également au film de Polanski) mais incontestablement interessante et instructive, pour ce qu'elle dit des rapports hommes/ femmes, aussi bien de l'époque de l'ouvrage que celles des siècles à venir...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          120
La Vénus à la fourrure

Ma découverte de « La vénus à la fourrure » de Sacher Masoch s'est faite d'abord par le cinéma avec le film de Roman Polanski que j'ai vraiment adoré, puis j'ai emprunté la bande dessinée de Guido Crepax à la bibliothèque et dernièrement je suis allée voir la pièce mise en scène par Jérémy Lippmann au théâtre Tristan Bernard à Paris. Cette dernière, ainsi que le film de Polanski, est un excellent texte écrit par David Ives, inspiré du roman de Sacher Masoch mais il ne s'agit pas d'une adaptation au sens strict.



L'histoire d'origine, je l'ai téléchargé sur ma liseuse pour mieux saisir la grandeur d'un texte fondateur qui date de 1870. Et j'ai bien fait car le texte est beaucoup plus profond que je l'imaginais. Il est plus du ressort de Freud que de Sade.



L'histoire se situe dans une petite station thermale des Carpates puis nous mène de Vienne à Florence. le héros de la Vénus à la fourrure, Séverin von Kusiemski, raconte comment, aux termes d'un contrat conclu avec sa maîtresse, Wanda von Dunajew, il s'est engagé à être son esclave, contraint de subir toutes les humiliations qu'elle jugerait bon de lui infliger. le bonheur alterne sans fin avec la douleur, comme si l'un ne pouvait venir que de l'autre : « Si je ne peux jouir pleinement et parfaitement du bonheur de l'amour, je veux boire jusqu'à la lie la coupe de ses souffrances et de ses tourments ; je veux être maltraité et trahi par la femme que j'aime. Plus elle sera cruelle, mieux cela vaudra. C'est aussi une jouissance ! ».



Passion, don de soi sont les thèmes abordés plus que sexualité. L'univers romanesque de l'écrivain autrichien est aussi empreint de culpabilité, il évoque même une « guérison » lorsque qu'il y a rupture. Il précise aussi que « c'est le christianisme, dont le cruel emblème, la Croix, a pour moi quelque chose d'effroyable, qui le premier a introduit un élément étranger et hostile au sein de la nature et de ses innocents instincts. »

On comprend donc qu'au 19ème siècle, les romans de Sacher Masoch ont inspiré le psychiatre Krafft-Ebing pour créer le terme de "masochisme".



Commenter  J’apprécie          100
La Vénus à la fourrure

Ayant écouté récemment l'émission Autant en emporte l'histoire de France Inter consacrée à la vie de Léopold Sacher-Masoch, j'ai voulu lire cet ouvrage où il met en scène la relation entre un homme et une femme fondée sur la domination et la souffrance.

Et je n'ai pas vraiment apprécié cette lecture. Déjà, ce n'est pas une œuvre érotique, ou si peu. Quelques évocations des seins, de la chevelure, mais c'est tout ; pas de description du corps de Wanda dans son ensemble, elle est réifiée, changée en pierre. Ce n'est pas un corps, mais une statue de marbre – la comparaison revient de façon très insistante. Ensuite, l'écriture est bavarde, très bavarde dans le premier tiers. Les personnages parlent, parlent. Ils dissertent sur l'amour, la mythologie et sur les relations entre les hommes et les femmes, ils « font l'amour » au sens classique, c'est-à-dire qu'ils en parlent ; l'acte amoureux, l'union des corps, n'est d'ailleurs jamais évoqué, il y a toujours une ellipse – ce qui me fait dire que ce n'est pas un roman érotique. Autre reproche que je fais à l’œuvre, c'est son écriture qui semble être datée, nous plongeant par moment en plein romantisme – voire pré-romantisme, avec des évocations lyriques de paysages de ruines sous la lumière de la lune, des cérémonies païennes dans les vieux temples abandonnés. Le Narrateur verse des torrents de larmes, comme Saint-Preux ou Werther, les grands héros pré-romantiques qui souffrent par et pour leur maîtresse. Le texte se prend donc au sérieux, il n'y a pas la moindre trace de l'ironie voire de l'humour qu'on peut trouver chez Sade. De même, le couple part en Italie, fréquentant l'opéra et les musées, comme George Sand et Musset, couple célèbre du romantisme. Le texte oppose ainsi régulièrement la sensualité du Sud et la froideur du Nord – d'où la nécessité de fourrures pour se réchauffer, ce qui semble moins utile à Florence...

Je ne commenterai pas les pratiques des personnages, ils y trouvent chacun une forme de jouissance et sont consentants. En revanche, je n'ai pas apprécié les descriptions misogynes du Narrateur sur les femmes, il n'y a pas d'autres mots. Il essentialise les femmes, ne parlant que de « la » femme au singulier, comme pour dites qu'elles sont toutes identiques – on croise d'autres figures féminines dans le roman, celles des « négresses » qui servent Wanda, muettes et non identifiées, mais toutes séductrices et manipulatrices. La femme est donc un diable, séductrice, menteuse, perverse, que l'homme doit dominer s'il ne veut pas être dominé par elle. Le texte se termine par une note d'espoir peut-être : les deux sexes ne pourront vivre harmonieusement ensemble, comme des compagnons et non dans une relation de domination, que lorsque la femme sera aussi éduquée que l'homme, et pourra donc devenir son égale.
Commenter  J’apprécie          80
La Vénus à la fourrure

Si on lit Sade, alors on ne peut faire l'impasse sur Sacher-Masoch, enfin c'est mon point de vue, puisque les deux ont donné naissance au "sadomasochisme".

J'imagine le tollé général que cette œuvre a du engendrer à son époque ! Aujourd'hui le récit nous semble pudique, innocent presque, bien que parfaitement explicite.

La plume est typique de son temps et bien sûr m'a enchantée. Exactement le style que j'adore.

L'intrigue est prenante et jusqu'au bout je me demandais bien comment l'épisode allait finir, bien que le narrateur nous aie averti du "drame" dès le départ.

J'ai trouvé pas mal de longueurs cependant, surtout au début, avant que le contrat ne soit signé, le couple hésite longtemps, un peu trop.

Et puis je n'ai pas bien compris le comportement de Séverin. De mon avis, il est de nature dominante, c'est pourquoi il a contraint sa fiancée à de telles pratiques sachant pertinament sa répulsion. Lui même aime garder le contrôle, on le voit tout du long, puisqu'il revient sans cesse sur ses décisions, quand il lui dit d'être volage et le lui reproche ensuite... Faudrait savoir...

Beaucoup de sensualité, un hymne amoureux au corps de la femme, divinisé dans la Métaphore de la statue (vénus ), la encore une preuve du caractère dominant de l'auteur :la femme doit être belle, muette, et incarner le fantasme de l'homme sans penser. Car oui, quand Wanda prend son rôle à cœur et ses propres decisions, Séverin en devient très malheureux. À méditer.
Commenter  J’apprécie          70
La Vénus à la fourrure

Un roman magnifique par celui dont le patronyme est à l’origine du terme masochisme, défini comme une perversion sexuelle par le docteur Richard Von Krafft-Ebing en 1886 dans sa célèbre « Psychopathia sexualis ».

J’ai été émerveillée par ce livre : par la beauté du style, les références à la peinture, l’analyse des rapports hommes/femmes (dans l’Autriche de 1870, époque où l’auteur écrit le livre) et aussi par la morale très féministe qui m’a beaucoup étonnée.



La suite sur le blog : http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.com/2011/10/la-venus-la-fourrure-de-leopold-von.html
Lien : http://lepandemoniumlitterai..
Commenter  J’apprécie          60
La Vénus à la fourrure

Quand Séverin Kusienski rencontre Wanda von Dunajew, elle lui fait penser à la Vénus qu'il affectionne tant. Il ne manquerait plus qu'elle porte une fourrure ! C'est ainsi qu'il tombe amoureux de la jeune veuve. Mais le héros a des lubies un peu déconcertantes, il demande à sa nouvelle amante de se montrer cruelle. Elle doit utiliser le fouet, le ligoter, le faire souffrir. Elle se prête au jeu et devient sa maîtresse, lui propose un contrat et réalise son fantasme. Mais jusqu'où sont capables d'aller ces deux amants pour l'amour de l'autre ?



Au vu du film, j'avais un peu peur d'ouvrir ce roman, et finalement l'adaptation en est assez éloignée. On est bien loin de l'oeuvre érotique, il n'y a aucune scène de sexe explicite, tout est dans le jeu psychologique. Tout au long du livre je me suis demandée qui mène et dirige l'autre. Même après lecture je n'ai pas cette réponse.



Les personnages ne sont pas particulièrement attachant mais ont une personnalité intéressante. L'auteur va de plus en plus loin dans ce que peut supporter chacun, joue avec leur sentiments, joue avec les codes, entre leurs envies et la moral.
Lien : https://lesmotschocolat.word..
Commenter  J’apprécie          50
La comtesse rouge (BD)

Au début du 17ème siècle, la comtesse Erzsebet Bathory se livrait à des atrocités dans sa forteresse : elle tortura et tua des centaines de jeunes paysannes. Elle pensait qu'en utilisant leur sang, elle préserverait sa jeunesse et sa beauté.

Pichard nous propose une interprétation de la vie de cette comtesse hongroise, jusqu'à sa chute.Emmerich, qui idolâtre la comtesse, est spectateur des atrocités qu’elle commet, lorsqu’elle punit sauvagement toute maladresse et tout acte qui lui déplaît. Son ultime secret, le bain de sang, ne lui est révélé qu’avant l’emprisonnement de la comtesse.
Commenter  J’apprécie          50
La Vénus à la fourrure

Shiny, shiny, shiny boots of leather

Whiplash girl child in the dark

Comes in bells, your servant, don't forsake him

Strike, dear mistress, and cure his heart

Downy sins of streetlight fancies

Chase the costumes she shall wear

Ermine furs adorn the imperious

Severin, Severin awaits you there

I am tired, I am weary

I could sleep for a thousand years

A thousand dreams that would awake me

Different colors made of tears

Kiss the boot of shiny, shiny leather

Shiny leather in the dark

Tongue of thongs, the belt that does await you

Strike, dear mistress, and cure his heart

Severin, Severin, speak so slightly

Severin, down on your bended knee

Taste the whip, in love not given lightly

Taste the whip, now plead for me

I am tired, I am weary

I could sleep for a thousand years

A thousand dreams that would awake me

Different colors made of tears

Shiny, shiny, shiny boots of leather

Whiplash girl child in the dark

Severin, your servant comes in bells, please don't forsake him

Strike, dear mistress, and cure his heart



Venus in Furs, The Velvet Underground
Commenter  J’apprécie          32
La Vénus à la fourrure

Considéré comme un classique à la lisière de l’érotisme, ce roman est tout sauf anodin ; après tout, n’a-t-il pas été écrit par celui qui a donné son nom au masochisme ? Séverin vénère profondément Vénus et les fourrures, et dédaigne les femmes ordinaires, jusqu’à sa rencontre avec Wanda von Dunajew. Cette flamboyante rousse au caractère bien particulier va le fasciner, et plus que son amant il veut devenir son esclave, allant jusqu’à signer un contrat par lequel il se soumet à toutes ses extravagances et se promet toutes les bassesses.

Le roman de Sacher-Masoch est violent, profondément dérangeant. L’extase ultime que Séverin trouve dans la soumission est véritablement troublante. La dimension érotique de l’œuvre n’est cependant jamais explicite, elle se trouve dans l’acte même de la soumission à cette femme mise sur un piédestal, déifiée.

Je pourrais également vous recommander le film de Polanski qui en a été tiré, portant le même titre et qui présente un huis-clos avec une tension érotique permanente et très intense, porté par Matthieu Amalric et Mathilde Seigner, tous deux exceptionnels…
Commenter  J’apprécie          30
Les messieurs fessés

Nous avons ici une réédition de Les Batteuses d'hommes. La table des matières restent donc la même, en une succession de nouvelles plus ou moins longues et plus ou moins exotiques.

Très agréable à lire que le style de Monsieur Masoch et nous le retrouvons bien ici.



TABLE DES MATIÈRES.

Présentation, par Jean-Jacques Pauvert.

Souvenir d'enfance et réflexion sur le roman.

Les Batteuses d'Hommes.

La Dompteuse. Kasimira.

Krach en amour.

Un duel à l'américaine.

Martscha.

La Hyène de la Poussta.

Chapitre I: La Tentation.

Chapitre II: Une vieille histoire.

Chapitre III: Le Premier Pas.

Chapitre IV : Qui veut commander doit apprendre à obéir.

Chapitre V: La Vertueuse écuyère.

Chapitre VI : Un concours ecclésiastique.

Chapitre VII : La Sorcière de Parkany.

Chapitre VIII : La Hyène de la Poussta.

Chapitre IX : Dans le filet.

Chapitre X : Le Bain de sang.

Chapitre XI : Une Dalila du peuple.

Chapitre XII : Dans la fourmilière.

Chapitre XIII : Démasquée.

La Dame blanche de Machow.

Warwara Pagadine.
Commenter  J’apprécie          30
Contes juifs : recits de famille

Une vingtaine de nouvelles très courtes, des "contes bleus" pour la plupart d'entre elles, qui nous emmènent aux quatre coins de l'Europe de la fin du du XIXème siècle, à la rencontre de la diaspora juive.



On découvre dans ces récits de famille, les croyances (religieuses ou superstitieuses), les us et coutumes qui rythmaient la vie de l'époque.



Des nouvelles très chastes et fleur bleue, bien loin apparemment de ce qu'on retient de cet auteur à la réputation sulfureuse.



Une belle découverte et un vrai plaisir de lecture.
Commenter  J’apprécie          30
La comtesse rouge (BD)

Bof, pas fan de tortures à outrances dans une mise en scène qui flirt entre le grotesque et le gore. C'est un bien curieux mélange, mais entre les têtes des personnages et les tortures qu'il représente, on est à un mi-chemin entre le burlesque et l'horreur. Je n'ai vraiment pas aimé, d'autant que Pichard a un coup de crayon bien à lui, surtout dans les compositions de pages, et que ça fait ressortir les difficultés qu'il a à composer des images claires et lisibles. On se perd dans le sens de lecture, d'autant qu'il développe trop les pavés de textes entre les images.



L'histoire est l'adaptation de la vie de la comtesse Bathory, célèbre pour des crimes qu'elle aurait commis (point encore largement sujet à débat chez les historiens). Disons que je n'ai pas appris grand chose de plus que ce que la légende dit déjà, puisque tout le contexte politique autour de cette contexte et l'affaire du procès est largement passé à la trappe. J'accepte l'idée d'une adaptation de la légende sans souci, mais ce que je regrette c'est que l'histoire est assez brouillonne à mes yeux : on a des passages qui sont développés sur deux cases et à vous de vous débrouiller pour comprendre de quoi il en retourne (je pense ici au coup du braconnier qui m'a paru franchement obscur à la lecture). Pichard passe trop vite sur des moments importants et accumule les arrière-plans inutiles (souvent des gens se faisant torturer). C'est assez pénible à la lecture, et si vous n'êtes pas intéressé par l'esthétique ou l'aspect torture, il ne reste pas grand chose à retenir de la BD. Pour ma part je vais l'oublier directement.
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Léopold von Sacher-Masoch (381)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz "Les Enfants Sont Rois" de Delphine de Vigan

Quel était le nom de famille de Mélanie avant de se marier avec Bruno ?

Morgan
Claux
Diore

9 questions
8 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}