Lizzie F

Cela fait des années que je me force à ne rien ressentir pour personne. J’ai beaucoup trop souffert. Mes parents sont peut-être les seuls à être décédés, mais ce jour-là, j’ai perdu toutes les personnes que j’aimais. Cela m’a pris des mois pour reprendre le dessus. Depuis, les seules personnes pour lesquelles je me suis autorisée à avoir de l’affection sont Pete, Richard, Tony, Jeff et Sally. Cependant, pour eux, c’est différent : j’ai toujours gardé dans un coin de ma tête que je finirai par les perdre. Je m’y suis préparée. Aujourd’hui, Benji débarque dans ma vie, alors que j’étais persuadée que mes sentiments pour lui étaient morts. Mais lorsqu’il me regarde avec ce sourire si craquant, j’ai peur de m’être trompée. Je crois que mes sentiments ne se sont jamais vraiment éteints. Bien au contraire…

Donc, sous prétexte que je suis une femme, et jolie de surcroît, je vais forcement abandonner, car votre matière est trop compliquée pour moi ? Il ne manquerait plus que vous me disiez que parce que je suis blonde, je suis obligatoirement conne !! J’ai lu beaucoup de choses sur vous, mais pas que vous étiez un misogyne dans l’âme ! Et alors quoi, dans cinq minutes, vous allez me faire des avances et me proposer de mettre des bonnes notes à mes partiels si j’écarte les cuisses pour votre bon plaisir… ? Eh bien sachez, Professeur, que ce n’est pas le cas ! Je ne compte pas abandonner ce cours et vous pouvez toujours rêver, vous ne me toucherez jamais ! osé-je en contrôlant difficilement ma colère.

J’avais 15 ans lorsque maman et lui ont été assassinés. Petite, je voulais déjà suivre ses traces et entrer dans la police. Il était shérif dans notre petite ville de New Braunfels au Texas, mais depuis leur meurtre – qui n’a jamais été résolu –, mon rêve est devenu un objectif primordial à atteindre dans ma vie, et ce pour plusieurs raisons. La principale à mes yeux : trouver leurs assassins. C’est devenu ma priorité. Une fois que j’aurai acquis toutes les connaissances pour résoudre l’affaire dans les règles de l’art, je mènerai mon enquête, je débusquerai les coupables et je les traînerai devant les tribunaux. Et la deuxième : j’espère qu’ils seront fiers de moi.

Il y a quelques heures encore, je pensais que Lexi était morte de la pire des manières qui soit. Je pleure la disparition de la seule femme que j’aie jamais aimée et aujourd’hui, je découvre qu’en réalité, elle a toujours été vivante !
Bordel de merde !!! Je suis complètement perdu, là…
Je suis submergé par une quantité de sentiments contradictoires. D’un côté, je suis heureux et soulagé de la retrouver, mais de l’autre, je suis en colère contre tous ceux qui nous ont fait croire à sa mort, et contre elle aussi. Mais comment a-t-elle bien pu croire que nous l’avions abandonnée ? Des tonnes de questions me viennent en tête…

Ma vie depuis la mort de mes parents m’avait appris à ne pas faire confiance facilement. Pendant deux ans, j’avais été ballottée de foyers en familles d’accueil à travers les États-Unis. Plutôt mignonne dans mon genre, j’étais blonde aux yeux verts, avec en grandissant, des formes généreuses pour mes 1,75 m et soixante-dix kilos, autant dire que j’avais toujours eu la fâcheuse tendance à attirer le regard et les hommes qui n’avaient pas forcément de bonnes intentions. Mais en étudiant cet homme rondouillard, mon sixième sens m’avait dit que je pouvais lui faire confiance, et il ne m’avait jamais trompée de ce côté-là !

Ça a été plus difficile que je ne le pensais de parler du passé. Je croyais avoir tiré un trait sur toutes ces années de calvaire que j’ai vécues, mais raconter mon histoire à Benji m’a fait revivre toutes ces horreurs. J’ai conscience d’avoir eu beaucoup de chance. D’autres personnes que j’ai croisées ces dernières années n’en ont pas eue, malheureusement. Avec le recul, je commence à me poser des questions. Jusqu’ici, je m’étais toujours dit que j’avais joué de malchance, mais maintenant que je sais qu’Oncle Pat a tout fait pour que je rentre à la maison, je me demande si ce n’est pas autre chose…

Une vie faite d’aventure, de disputes, de passion, et surtout d’un bonheur inconditionnel, mais le destin en a décidé autrement, mon amour ! Sache que je ne t’oublierai jamais, je n’aimerai jamais une autre femme comme je t’ai aimée, toi. Tu es et tu seras toujours mon âme sœur, et dans quelques années, nous nous retrouverons. Enfin. Réunis pour l’éternité.
J’aimerais pouvoir continuer, mais ma voix se brise. Le cœur lourd et la gorge nouée, j’embrasse la rose avant de la jeter sur cette boîte en chêne.
Ce n’est qu’un au revoir, mon ange…

J’ai toujours eu un instinct protecteur envers elle. La simple idée qu’il puisse lui arriver quelque chose me rend malade. Je suis sûr que les cinq dernières années ont été plus que difficiles pour elle.
Je profite du silence pour l’observer à la dérobée. Elle est tout simplement magnifique dans cette robe. Je ne m’attendais pas à sa réaction lorsque je lui ai annoncé pour maman, mais d’un autre côté, je ne suis pas plus surpris que ça. Maman était sa marraine, toutes les deux ont toujours été proches.

Nous avions commencé par nous embrasser, puis une chose en entraînant une autre, nous avions fait l’amour. C’était notre première fois à tous les deux, plutôt maladroit et un peu douloureux, mais le regard bleu azur rempli d’amour qu’il m’avait donné avait effacé toute la souffrance pour laisser place à un sentiment de plénitude. À l’époque, il ne mesurait que 1,70 m et pesait soixante-dix kilos. Il était plutôt filiforme, mais absolument magnifique à mes yeux.

En plus d’être belle, elle est d’une intelligence incroyable et d’un sens de la déduction impressionnant. Je pense que c’est pour cela que son père, Oncle Dan, la poussait pour qu’elle passe sa vie dans les forces de l’ordre, comme lui !
Elle a aussi son petit caractère : elle ne se laisse jamais marcher sur les pieds et elle dit toujours ce qu’elle pense. D’ailleurs, à l’école, ça lui a joué plusieurs fois des tours, tant avec les professeurs que les élèves.