AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Lorand Gaspar (16)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Derrière le dos de Dieu

Merci sonatem pour ce délicieux cadeau.



Incapable de restituer avec mes propres mots la richesse de ce recueil pourtant assez métaphysique, je vous propose une sorte de « collage » de vers qui m’ont fait m’attarder sur cette lecture surprenante, où j’ai trouvé de l’universalité plus qu’une quelconque spécificité spatiale de la Transylvanie (annoncée en exergue, comme terre d’origine des grands-parents).



Face à l’enfer du quotidien, le paradis de la poésie, mais comment définir celle-ci ?



« Trouver des mots pour essayer de dire.

Écrire ce quelque chose qu’on appelle un poème,

sachant qu’on ne sait pas

ce que c’est »



Si même le poète avoue son ignorance, sommes-nous perdus d’avance ?



« Sorti de mon cerveau

je descends apaisé dans la rue

pas pressé, les poètes ça rêve

tout le monde court –

parlant à son portable

mais où diable ou ange vont-ils ?

« time is money », dit-on

mon cher arpenteur de déserts

de roches et de cerveaux

je marche doucement à la rencontre des neurones

grands ouverts face à moi »





Voyageons donc, sur les méandres de l’océan et du temps qui inexorablement passe :



« ô impatience du voyage sans rives qui croît

inexorable dans nos entrailles

solitude éternelle, voyage immobile

sans mémoire »



… à moins que ce ne soit dans notre propre cerveau avec les « neuropoèmes » dédiés à Jacques Fradin pour apprendre l’acceptation de soi :



« La mémoire sans langue et sans demeure

et tous les mots brisés, pulvérisés –

à l’ouvrage, oui, tout est à refaire

avec de l’eau, des herbes et fougères

dans la vase nocturne le souffle noué

dans les draps d’acier tendus sur la mer

et l’eau lavera ce peu d’écriture

l’été nomade, voleur de tombeaux

séchera ce sang ».
Commenter  J’apprécie          872
Patmos et autre poèmes

Étonnant voyage géographique et intérieur de ce métèque de grand talent, dont le destin fut marqué par les aléas de l'Histoire.



« Qu'y a-t-il d'autre dans nos langues qui s'usent,

se désagrègent si vite pour que nous apercevions

sous la dalle friable son acte infondé ?

Greffes, prolongements, échos défaits,

la nudité même érodée,

sentirons-nous sous nos muscles le clair

mutisme de l'os et le vif du fleuve ? »



Comme beaucoup d'autres encore, je dois cette lecture à Linda Lê, qui consacre un chapitre à Lorand Gaspar dans Par ailleurs, exils. Je fus doublement heureuse de découvrir cet auteur, car en plus d'être un fin poète, il avait des origines roumaines. Il fut également, souvent en collaboration avec d'autres auteurs, un traducteur assidu et talentueux vers le français, éprouvant probablement déjà ce besoin de voyage intérieur qu'est la transposition d'une langue vers l'autre.



Linda Lê propose une excellente présentation de l'auteur :



« Né en Transylvanie, ouvert à tout ce qui venait de la Roumanie, de la Hongrie, de l'Allemagne, puis du Proche-Orient et de la Grèce, Lorand Gaspar opta pour le français lorsqu'il décida, tout en étant médecin et en se passionnant pour les neurosciences, de se vouer à la littérature, qui est aussi un moyen de connaître les peuples d'ailleurs, car l'être-ici n'a de sens que s'il s'accompagne d'une recherche des lumières venues de ce qui est éloigné, dans le temps ou dans l'espace. »



Il importe également de rappeler, comme le fait la notice biographique du livre « [qu]'en octobre 1944, après l'échec de la tentative de paix séparée, suivie d'une occupation allemande et de la mise en place d'un gouvernement nazi en Hongrie », le poète est déporté dans un camp de travail en Souabe-Franconie, d'où il s'évade « en mars 1945 et se présente à une unité française près de Pfullendorf ».



L'édition originale de Patmos, accompagnée d'un lavis de T'ang, paraît chez Pierre-Alain Pingoud à Lausanne, en 1989. Ici, les éditions Gallimard prosent une anthologie bien plus vaste, puisque l'on dépasse le cadre de Patmos.



Une poésie qui se passe, pour moi, de commentaires et qui mérite d'être lue tout simplement, lue et même relue.



Je termine encore par les mots de celle qui me manque énormément, celle qui est disparue il y a un an déjà, l'incomparable Linda Lê :



« Il a choisi une langue [le français], une culture pour patrie, mais s'est fait une âme de nomade, allant et venant d'une rive à l'autre, désespérant et rusant avec ce qui l'abat afin de jouer avec le langage, « en le défaisant et en le remodelant ». Il n'en reste pas moins un étranger, conscient de ne pas correspondre à ce qui est catalogué, de donner le branle à un renversement des valeurs, d'être, par son « creusement silencieux », un trublion, « à jamais bégayant, boiteux / à jamais sans racines au-dehors / autres que l'eau, autre qu'aller dans le coeur ouvert du désir / au battement propre des choses / la part insondable en chacun » ».

Commenter  J’apprécie          650
Carnet de Patmos

Lorand Gaspar découvre l'île de Patmos à la fin des années 1950. Il est séduit par le calme et la nudité de cette île où Saint Jean écrivit l'Apocalypse. Les paquebots ne peuvent alors pénétrer dans la rade, à cause des fonds incertains, et déverser leur flot de touristes. Cette île lui apparaît comme un lieu salutaire, à l'abri du bruit et de la modernité. Lorand Gaspar assistera ensuite à son inexorable transformation . C'est en poète que Lorand Gaspar évoque dans ce carnet ses séjours à Patmos.
Commenter  J’apprécie          490
Carnets de Jérusalem

Dans les années 1950 Lorand Gaspar s'installe avec sa femme et ses trois enfants dans une maison de fonction des hôpitaux français à Bethléem. Il est frappé par l'aspect minéral des paysages, leur extrême dépouillement. A Jérusalem il traverse 3000 ans d'histoire, d'édifications et de destructions. Il se rend sur les différents lieux saints de la ville, au Saint-Sépulcre en compagnie d'un maître maçon. La prose de Lorand Gaspar est très travaillée. Elle est façonnée par mille choses, une réflexion, un témoignage, une anecdote, etc.
Commenter  J’apprécie          440
Arabie heureuse

L' Arabie heureuse désignait pour les grecs et les romains l'actuel Yémen, dont les aromates faisaient la richesse. Cette édition rassemble plusieurs récits de voyages de Lorand Gaspar, lesquels ont pour fil conducteur le désert et ses civilisations, du Sahara à l'Asie centrale. En Algérie il suit les pas du préhistorien Henri Lhote, en découvrant des gravures rupestres du néolithique. Au Yémen il commence par évoquer le voyage fabuleux de la reine de Saba à Jérusalem où elle rencontra le roi Salomon. Il se rend au Kazakhstan, sur les rives de la mer Morte, à Sibi-bou-Saïd, un village pittoresque près de Tunis. A chaque fois le style est très dense, érudit et poétique. Il semble qu'il y ait plusieurs strates. Lorand Gaspar aime les digressions et les enchevêtrements. Il nous fait part de son expérience, de son quotidien, de façon prosaïque, observe un paysage ou un site archéologique, avec la minutie d'un géologue ou d'un historien.
Commenter  J’apprécie          422
Sol absolu et autres textes

Je relis ce recueil dont j'étais tombé amoureux dans ma petite vingtaine, un livre feuilleté vitement et acheté au petit bonheur la chance puis dévoré.



Je relis et comprends enfin la raison du coup de foudre : un langage nouveau, une concision d'une portée inimaginable, des métaphores tantôt aux symboles abyssaux et des rapprochements tantôt surréalistes mais d'une profondeur philosophique étonnante sans compter ces paysages rapportés du Moyen-Orient méditatif captés dans leur matérialité crue.



Peu de verbes, paysage cependant vivant qui reflète à lui seul les émotions et toute l'existence du poète :



"ces choses au dehors qui tombent lentement

le jasmin, la neige, l'enfance"



Parmi les thèmes récurrents : le sable, la poussière fragile, la lumière et sa chaleur, le passé et ses langues qui se superposent en couches archéologiques qui se répondent.



Cette vision de l’être et du verbe qui s'aèrent, s’étiolent pour se faire plus atemporel, solide à l'état microscopique, qui littéralement se réduit en grains de poussière et acquiert ainsi tel le sable sa permanence, sa forme d’éternité:



"Que dans une très douce syllabe

je puisse diluer toute violence et tout or

ce pur froment de moi-même tu.

L'effritement est à mes doigts -"



Émietté la force malléable de la vie se trace un chemin, tels ces mots dont la racine subsiste à travers les âges, les cultures et les religions.



C'est un dire lourd de sens, avare de mots mais riche de signification, métaphore des métaphores où l'idée comme un long torrent qui s'enrichit de toute la vie qu'il rencontre ne s'encombre pas du simplement nécessaire ni ne s'arrête au point final mais laisse le lecteur longtemps deviner le long chemin de vécu qu'il a parcouru:



"la cendre dormira de toutes nos insomnies"



C'est enfin une écriture calme, contenue, condensée mais aérée, où l'espace entre les mots, les métaphores nous laisse cette sensation, d'autant appréciable aujourd'hui, de paix intérieure, de paix entre les hommes dans ce Moyen-Orient chauffé à blanc par son soleil et son histoire.

Commenter  J’apprécie          344
Derrière le dos de Dieu

Là dans cette terre lointaine, là derrière le dos de Dieu, et pour faire à celui-ci comme un pied-de-nez, il y a de l'être, il y a l'être, bien vivant... Le paysage y est lui aussi, si peu mais tellement éloquent.

"tu sais bien que là-bas

dans l’infatigable déploiement

d’une étendue et pensée sans bornes"



C'est paradoxalement la vision, la pensée du désert (qu'il soit feuillu ou arride, sablonneux ou terreux) ce désert d'occupation humaine qui fait naître la pensée mais aussi l'incarnation de l'être.

Une roche et la lumnière qui se jette sur son arrête, le bruit du vent, la vie animale souterraine, l'être se cache partout et nous laisse libre de le débusquer ou de simplement passer.

"Mes idées lavées dans la lumière

étends-les dans l’espace grand ouvert

la joie fragile et l’horreur inapaisée

tout cela est encore de la musique –"



La musique qui se joue dans cet univers dépouillé de son écriture est un vent léger tout en moderato qui nous éveille à son silence.

"dans les moments où nous pouvons entendre

l’aérienne musique d’une poignée de corps

qui déplient d’immenses voûtes sans bruit

sans trace comme une neige qui monte

et qui fond dans l’étendue –"



Musique et lumière encore où brille notre identité appelée à s'éteindre :

"je n’ai que cette ouverture

intime, ressentie au soir

de ma vie finie, d’être une goutte

de clarté dans l’espace et le temps infinis"



Ne fait-on jamais que passer ? C'est une question tyoujours plus oppressante en fin de volume que se pose Lorand Gaspard dont la poésie se fait un peu plus (oh vraiment très peu) méditative avec des relents que l'on appellerait mystiques si elle n'était pas toute dédiée à la nature, à ce paysage derrière le dos de qui vous savez, à ce corps disséqué qu'est le désert qui grouille de vie comme nos synapses d'illuminations.



"mais peut-on apprendre à dire oui au néant ?

c’est vrai, il ne me demande pas mon avis

ni même ce que j’en pense"



Une leçon de sagesse, mais modeste, qui ne se veut pas sage mais émerveillée, méditative surtout, la voilà la poésie de ce dernier opus de Lorand Gaspard qui plus que tout autre s'avère apaisé et apaisant.



"le seul trait qui va

venu de nulle part"

Commenter  J’apprécie          332
Derrière le dos de Dieu

Décidément, au fil des rencontres, lectures et recherches, il semblerait que la Roumanie soit vraiment terre de poésie. Cet ouvrage en est un puissant reflet. Merci à Tandarica sans qui je serais passé à côté de ce beau livre. Le recueil est riche, dense et surtout fourmille de recherches au de la langue, du propos et de l'énergie poétique. Assez cérébrales, les images nous font passer par des tuyauteries insondables de l'âme, si ce n'était sans compter sur l'engagement poétique de l'auteur. La présence du diable est certes à noter, mais il met un téléphone portable dans la main des citoyens, tandis qu'un chameau très poli fait causette avec le poète. La piste neuronale offre un panorama d'images, de sensations et d'impressions oniriques, surréalistes et poétiques. On se perd, on se retrouve, on s'amuse, on se prend la tête, reste sans voix ou on passe au suivant... Le voyage vaut vraiment le détour ! Il est bon de se laisser aller à ce type de rêveries qui, au détour, remet bien les pendules à l'heure, sur certains thèmes. Il est clair que des filiations et des accointances sont visibles, mais l'authenticité de la parole demeure salvatrice, nécessaire et furieusement vivante. Alors, lisons, vivons et écrivons de la poésie !
Commenter  J’apprécie          182
Egée ; Judée

Egée et Judée sont les deux points cardinaux de notre civilisation, entre la Grèce et Israël, Athènes et Jérusalem. Le recueil de poèmes qui porte ces deux noms accolés saisit cette dualité en mettant en scène le poète allant d'un pôle à l'autre, en véritable émissaire de nos peuples et de nos mémoires. Egée est marquée par la présence du grand poète Georges Seferis, mais aussi par les idoles cycladiques et les îles ; Judée renvoie au désert, à la Bible et bien sûr à Dieu, dont le peuple se réinstalle sur sa terre après l'exil, au milieu des violences et des échos de guerre. On ne pourra reprocher à cette poésie contemporaine d'être éloignée du réel et de parler un langage ésotérique réservé aux seuls initiés.
Commenter  J’apprécie          120
Patmos et autre poèmes

N°250 – Juin 2004





PATMOS et autres poèmes – LORAND GASPAR – Collection Poésie Gallimard.





J’ai toujours plaisir à célébrer l’anniversaire de cette modeste revue par la lecture d’un écrivain d’exception. Lorand Gaspar avait déjà accompagné le 23°, il sera donc le prétexte au 25°, et je ne peux que m’en réjouir.



Comment le dire ? J’ai abordé ce livre comme un objet tout d’abord posé sur ma table, en le regardant, le tournant, le prenant en mains avant de l’ouvrir parce le moment de goûter son message n’était probablement pas encore venu. Mais quand le temps de cette communion intime avec le recueil s’est manifesté, il m’a fallu pouvoir abandonner toutes choses et me lancer, porté par cette musique et ce mystère parce que c’était maintenant et que l’instant d’après ce serait trop tard !



Il faut peut-être entrer dans cet univers fait de fragrances, de sons, de couleurs par la porte des mots parce qu’il y a une douceur mystérieuse dans cette écriture, dans l’apaisant mouvement du langage qui berce l’âme, la subtile lueur d’une image simplement tissée dans la clarté de l’instant singulier qui est celui où le souffle de l’inspiration révèle sa force et la prête à celui qui est digne de la recevoir pour la transmettre à son tour par l’alchimie de notre si belle langue française aux autres êtres humains !



C’est le miracle de la vie qui à chaque vers est célébré dans ce livre, c’est l'appel à une lecture neuve, à l’image de cette écriture libérée des entraves, habile à décrypter les pulsations de la nature dont le poète retisse lentement la réalité. Fragilité est ici écrit en lettres majuscules parce que l’auteur de « Sol Absolu » sait et nous rappelle que tout ici-bas est transitoire mais que peu d’hommes en prennent conscience. Sous sa plume, chaque son est une musique et les ongles grattent la portée invisible des cordes instrumentales pour en tirer quelque chose, plainte ou douce lumière, qu’importe. Seul le message compte ! C’est la vie qui gagne parce qu’elle est permanence, parce qu’il sait regarder, écouter et sentir, s’arrêter et perdre son regard dans l’immensité de la mer et du ciel, qu’il sait tomber sous le charme de l’imprévu. !



L’auteur est bien un veilleur, un vigile attentif des lieux, sait les dire, les célébrer simplement qu’ils aient pour nom Patmos, Sidi Bou Saïd, Judée, Mer Rouge ou Saint Rémy du Val… C’est toujours le monde, celui de la Création dont il parle avec simplicité et respect. Face à lui, il sait être pudique, secret et assurément humble. Il sollicite les cinq sens avec en plus peut-être cet art des contrastes qui fait ressortir la vraie beauté des choses, l’usage de l’oxymore, l’opposition entre noir et blanc, froidure et chaleur, clarté et obscurité, le jour et la nuit l’occident et la Chine « à l’âme inoubliée ».



Cet attachement à une maison dont les fondations ( « les amarres » s’enfoncent dans le sable ou la pierre n’est pas moins important car elle est un refuge, un espace qui favorise le repli sur soi pour mieux renaître à cette permanence de la vie. Elle est aussi un jalon, une borne, une sorte d’auberge du silence où se manifeste, ici plus qu’ailleurs sans doute les vibrations qu’il convient de quérir. Ici on porte témoignage, un témoignage intime de sensations et de sentiments en prenant soin de dire les choses, mais aussi en gardant secrètement des parcelles de ces mêmes choses parce qu’elles doivent rester inavouées et temporairement retenues, peut-être aussi parce qu’elles sont indicibles, parce que les mots ne sont pas encore prêts qui les exprimeront complètement. Ce long mûrissement auquel se prête le poète ne peut qu’enfanter des textes qui s’inscrivent dans la durée, dans le temps et dans la mémoire.



Il y a une manière originale de nommer sobrement les choses, la lecture s’offrant simplement avec les nuances du poème en n’oubliant pas que la parole est délicate mais aussi source de vie, née entre deux néants, du silence d’avant et d’après les mots, simples vibrations dans l’air ou traces sur le papier, mais qui pourtant devient pérenne. Il compose son texte comme un peintre son tableau pointilliste, par petites touches, jouant sur les contraires, avec une prédilection peut-être pour le blanc aérien face au noir de l’encre mystérieux et inconnu. Les gris qui gardent la mémoire des formes sont revisités, éclaircis, imprimés fugacement sur les murs chaulés, empreints d’un silence chaud. Les différentes gammes de bleu se déclinent entre mer et ciel, jusqu’à la fumée vaporeuse et odorante de l’encens, du « bleu écaillé d’une barque » ou des « gris-bleus et des verts délavés » qui évoquent pour lui des variations musicales de Debussy.



Il y a l’eau, celle de la mer, celle de la pluie, élément liquide extraordinairement lustral, fluide et matinal qui lave même le regard, la rosée où se lavent les mots, l’eau de mer « où le silence aussi s’entend » sur laquelle le pêcheur, « danseur ébloui sur une nappe de frémissements translucides » semble marcher, à la fois transparente de près et bleue de loin qui accompagne le bruit sec et répété du ressac qui meurt et renaît dans un mouvement d’écume ; cette clarté m’évoque la page blanche, à la fois vide et invite à la création, l’eau de la rosée, celle du torrent dont les eaux «emportent les mots (qu’il) cherche », celle du baptême qui « jaillit des jardins nocturnes du corps », celle de la source dans ce qu’elle a de virginal et de frais, née de la terre elle va vers la mer après ses noces avec la terre et les pierres, eau durcie en cristaux de neige, eau des sanglots, celle qui « tremble dans l’œil » aussi…



L’art de l’hypotypose qui donne à voir une scène par la seule force évocatrice des écrits est présent chaque page avec aussi ce sens de l’image poétique. Il parle de « poignée d’écume » de « tout le rayonnement de midi moulu dans une poussière d’eau » d’ « une lame d’acier cru » ou de la « vendange du raisin de mer » « l’abîme muet du toucher », « la rugine du matin », les « Sons brodés par la nuit » ou des « grappes de pensées »… Il prête au lecteur attentif des visions fugaces, de brefs moments de vie, d’éphémères images d’un lieu avec juste ce qu’il faut de senteurs et de couleurs pour que la trame de la scène effleure l’imaginaire. C’est une sublimation de l’instant poétique dans ce qu’il a d’immédiat, d ‘unique et de bouleversant. Il y a dans ce moment tout chargé de mystères, malgré, ou peut-être à cause de son aspect quotidien et presque banal mais Ô combien précieux pour qui sait en discerner la richesse, une sorte de dimension à la fois bienvenue et impalpable un peu comme les calligrammes chinois tracés à mainlevée par Wang Mo. Il y a quelque chose d’intemporel aussi dans ces poèmes parce que la vie est unique et que les pierres du désert éclatés en sable par le gel, étaient, il y a bien longtemps, des montagnes. Dire les choses avec une grande économie de mots est bien l’apanage de notre auteur parce que les paysages prêtés au « regard » du lecteur possèdent aussi ce dépouillement !



Il célèbre en la nommant « la pure jouissance d’être », ce « mystère d’être là » devant « l’agrafe d’or d’un feu », percevoir « le pain très blanc d’un cri » profiter du « goût exquis du rouget grillé aux herbes sur braise », regarder « l’irruption des martinets ivres d’un festin joyeux absorbés totalement par l’exercice de vivre ». Il y a une sensualité de bon aloi dans cette écriture, cette « étrange saveur de chair nue », ce « geste qui touche un instant le sombre jardin du corps ». Cet amour de la vie est aussi puisé aux « pépites » de l’enfance insouciante et innocente mais aussi tourmentée par les embûches du parcours à venir. Ce monde est là, face à soi qui attend d’être conquis, qui s’offre à la marque unique qu’on voudra bien y imprimer.



Le livre refermé reste sertie dans l’âme du lecteur, et pour longtemps, cette marque poétique tissée de mer et de désert, de terre d’eau et d’air. Elle enchante par sa spontanéité, sa fraîcheur, sa claire densité, son humilité aussi.





©Hervé GAUTIER 
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          1110
Patmos et autre poèmes

Superbe recueil de poésies. A lire et à relire.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
Commenter  J’apprécie          81
Sol absolu et autres textes

Encore un poète dont j'ignorais le nom jusqu'ici. Né en Transylvanie en 1925, il s'est établi en France après la seconde guerre mondiale. Devenu médecin, il a exercé au Proche-Orient. Il a publié son premier recueil de poésie en 1966. En 1998, il a été couronné par le prix Goncourt de la poésie, pour l'ensemble de son oeuvre. Il est mort en 2019.

A vrai dire, "Sol absolu" contient des poésies que je trouve majoritairement assez peu limpides et difficiles à apprécier. Cependant, j'ai extrait deux textes que je choisis de mettre en citation dans Babelio.

Commenter  J’apprécie          70
Carnets de Jérusalem

Et pourtant, ce médecin né en Transylvanie orientale partira très tôt servir dans les hôpitaux français de Jérusalem et de Bethléem. Il deviendra amoureux de ce Proche -Orient et des peuples qui l’habitent, de leur histoire chaotique. Ce sera « carnets de Jérusalem » ! Que me reste-t-il, le livre refermé de la relation de cette mission humanitaire. Un mélange étonnant, fascinant même, de curiosité, de dépaysement face à la beauté de ces paysages évoqués avec des mots simples, la solitude, le désert, l’aventure humaine transitoire et merveilleuse surtout quand elle est animée par la passion ! Sous sa plume, c’est une leçon d’histoire, non pas celle donnée par un professeur du haut de sa chaire, mais celle d’un humaniste qui refait le parcours historique de cette « Terre Sainte » qui paradoxalement a toujours été le théâtre de conflits et, où, peut-être plus qu’ailleurs sans doute le sang des hommes n’a cessé de couler et coule encore de nos jours ! C’est un peu comme si cette terre d’Islam qui est aussi juive et chrétienne et où devrait régner la tolérance et la paix a été vouée de tout temps à la mort, au combat, à la haine et au refus de l’autre…







L’auteur se transforme en véritable guide, faisant découvrir à son lecteur attentif tout ce qu’un touriste nécessairement pressé ne voit pas, cherchant jusque dans l’étymologie les détail de la géographie. Il n’oublie pas non plus de parler des religions, de la faunes, de la flore, de l’architectures et des légendes… Et tout cela avec une poésie simple qui sourd des mots eux-mêmes et qui va si bien à ces régions où le temps ne compte pas, où les références du monde dit civilisé semblent se dissoudre dans ces paysages grandioses et arides. Ses mots sont les jalons d’un voyage initiatique, personnel et intérieur qui bouleverse le lecteur ! Moi qui n’ai jamais connu l’appel du désert, la beauté de ses paysages je dois avouer mon envoûtement « Il y a souvent sur ces pistes non tracées, dans cette navigation minérale à l’estime, un moment où de fil en aiguille les choses se compliquent, s’embrouillent. Une piste perdue non retrouvée, un puits pourri, un vent de sable tenace, les défaillances du véhicule quand on en est pourvu ; la moindre erreur, l’incident le plus anodin en apparence peut en entraîner d’autres. Sentiment d’être pris dans un enchaînement rigoureux, implacable. Le dépouillement, la désolation, la solitude découvrent la totalité de leur visage où le plus anodin de leur visage dont on ne percevait que la grandeur issue de notre imagination. L’immensité n’est plus de l’ordre de la beauté, elle n’est pas cette « grandeur » que l’on contemple. Tout devient terriblement concret, un réel auquel on ne peut plus se sentir extérieur et qui est l’élan même du mouvement, limité par d’autres, de notre vie »







Cette étrange alchimie de l’écriture qui sera toujours pour moi un mystère se double de photos en noir et blanc, malgré ou peut-être à cause de la lumière qui règne dans ces contrées, également signées de l’auteur. Elles sont à l’égal du texte, pleines de talent de simplicité, de spiritualité même ! L’auteur nous rappelle que la nature humaine est complexe. A à la fois ange et démon, l’homme est capable du pire comme du meilleur, capable de tuer comme de soigner ses semblables au péril de sa propre vie avec la même foi et la même énergie, capable à la fois de créer les choses les plus magnifiques et de perpétrer les plus cruels massacres. Celui qui était allé là-bas dans un but humanitaire devient un messager de paix, de tolérance, d’amour, comme si cette terre avait le pouvoir de transcender les hommes, de les rendre tout à la fois poètes, bons…
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          50
Derrière le dos de Dieu



N°527 – Juin 2011.

DERRIERE LE DOS DE DIEU – Lorand Gaspar – Gallimard.



Cela fait quelques années que cette chronique s'intéresse à la poésie de Lorand Gaspar (La Feuille Volante n° 241 – 250). Comme à chaque fois, j'ai retrouvé avec plaisir ce verbe fluide, cette musique des mots qui tire sa légèreté de sa simplicité même. C'est un hymne à la vie qui est un miracle renouvelé chaque matin au réveil, une vibration unique qui se transmet malgré la fuite du temps, un creuset où gîte la mémoire des choses et des gens, une imperceptible légèreté [« Tu ne veux être rien qu'une chose pensante et fluide, comme une musique qui passe entre les rochers »]. C'est la célébration d'un corps fragile qui vient de naître, beauté de l'instant immédiat et fugace [« la clarté lumineuse d'être là, de toucher l'infini où se déploient les choses qui meurent »).



La poésie de Gaspar est faite du plaisir de l'instant [« Bonheur de cette eau déliant les marbres dissolvant la figure lisible un instant dans la bruissante chapelle d'écume »] d'opposition qui se manifeste au simple niveau des mots. Ici, « braise » et « cendre » répondent à « semences », « l'eau » à « la pierre », deux éléments apparemment contradictoires, l'un symbolisant la fin et l'autre le commencement de quelque chose, la transmission de la vie, l'un usant l'autre du frottement de ses molécules, canalisant l'autre au rythme du froissement de ses plis. L'obscurité appelle la lumière[« Je ramasse un tas de pensées sombres pour allumer un feu » « Je vois toujours et encore que suis lumière et nuit les deux me disent l'absence totale de toute certitude de ma pensée. »], la chaleur s'oppose à la froidure, le connu à l'inconnu, le continu au fini, l'endormissement au réveil... Gaspar s'approprie les mots, précieux, rares, techniques et mélangés parfois pour tresser aux yeux du lecteur attentif une évocation fugace, touche sensible et délicate et qui lève pour lui un coin du voile sur ce monde extérieur qu'il oppose à celui, intérieur, de la connaissance et de la pensée ou celui plus secret qu'on trouve sous le scalpel du chirurgien, les roches répondant au corps [« Sahara, tissus de roches et de corps »].



L'eau, source de vie, a dans sa démarche poétique, une importance essentielle. Qu'elle soit évoquée sous la forme boueuse de l'Euphrate, de la rosée perlée du matin, ou d'un torrent dévalant une pente, elle reste un élément vital et purificateur de la pensée mais aussi la source de la vie.



Sa poésie fait penser aux moments fugaces de la nuit qui s'habillent d'instants précieux et qu'il faut saisir de la main et du crayon, cadeau que fait l'inspiration dans la quiétude nocturne et l'endormissement [« Cuisson d'images et de mots, les mêmes bruits d'eau, de feuilles et de voix dans le silence absolu où s'enracinent mes pensées »], poésie lumineuse associée à la musique [« Comme s'il y avait un blé du souffle dans la meule des pierres »], à la peinture, au vol léger d'une hirondelle ou aux délicates volutes d'un pinceau chinois [« écriture d'herbe du pinceau chinois »], en opposition au monde extérieur fait de téléphones portables, d'agitations vaines et de colonnes de chiffres. Le séjour sur terre est fait de vitesse et de recherche du profit. Le poète est « un arpenteur de déserts, de roches et de cerveaux » et ce monde mercantile et superficiel, ce « maelström des coureurs » n'est pas le sien [« plus envie de cette vie terne, rigide, cousue d'avance, sérieuse... »]. Il lui oppose la solitude du désert, celle de l'écriture, de la pensée... Cette solitude est son lot face à lui-même, aux mots, au silence propice à la réflexion[« j'ai besoin du silence qu'ils(les mots) font pour entendre ma pensée »], à la création[« Je ne peux rien entreprendre sans risque au fond...]. Sa poésie est un hymne au présent, à l'instant [« mon seul avenir est l'instant présent »], pourtant, il a conscience des limites à la fois de la connaissance, de la vie et du monde [« je regarde longuement la nuit écoute ce qu'on appelle le silence »].



L'appel du voyage est fort, un voyage sans but, au hasard, mais le paysage qui fut longtemps le sien est désolé, désertique, sec et pauvre mais éblouissant de soleil et de clarté. Il est le reflet d'une âme solitaire face au monde qu'il veut célébrer [« vois, disait la voix, comme tout est mort, désolé-en moi-même je pensais: « j'entends creuser le silence »]



L'écriture est une étrange alchimie qui révèle et cache les replis de l'âme [«L'œil, le cerveau, les couleurs de l'âme, esprit et corps sans ligne de partage, jouent de tous leurs doigts, de toute leur chimie, d'idées et d'images sur les eaux ... »]. C'est une manière d'émerveillement devant la vie qui se décline en cellules nerveuses, en évocations... Le médecin n'est jamais très loin qui parle du cerveau, des neurones, des quasars et marie ainsi avec bonheur science et poésie. Il nomme d'ailleurs ces textes des « Neuropoèmes ». Dans « l'Approche de la Parole » (Gallimard 2004) Lorand Gaspar avait par ailleurs exprimé cela comme une évidence puisqu'il les rattache toutes les deux à la vie. La poésie la constate et la célèbre, la science l'explique et la maintient. De sorte qu'en parlant des neurones qui sont l'organe de la connaissance, de la mémoire, il parle aussi de la vie



C'est que ce monde est transitoire, l'homme finalement peu de chose face au destin, à l'amour [« encore et encore s'ouvrir chaque jour et chaque nuit à la pensée claire de l'amour »] et à la vie qui continue [« Un coquille de noix sur un torrent, voilà ce que je suis »]. Ces textes semblent être un monologue intérieur ou un dialogue avec un être sans visage, une femme peut-être,à qui il s'adresse sur le registre de la mémoire et des sentiments [« Essaye essaye encore d'aimer vraiment d'aimer assez... »]. Le temps s'écoule inexorablement et avec lui la vie dans son lent mais incontournable chemin vers la mort que, fataliste, il faut accepter [« Je suis juste un peu d'air qui passe... »] comme il faut aussi admettre une grande humilité face à l'écriture [« J'apprends à n'être qu'un peu d'air qui passe dans une forêt de couteaux » « Trouver les mots pour essayer de dire. Écrire quelque chose qu'on appelle un poème sachant qu'on ne sait pas ce que c'est » ], à la connaissance [« Il n'y a pas de plafond, il n'y a pas de fond... tout ce que nous croyons savoir... ce n'est pas grand chose »] , au monde [« Trois cailloux dans ma poche ramassés près de la mer...je pense en les touchant au désir d'aller dans l'inconnu »], au corps qui est promis à la destruction, à la mémoire qui s'envole sur les épaules du temps [« J 'oublie le passé et me concentre sur l'instant dénudé de connaissance et riche de sensations »]. C'est donc, et peut-être bizarrement s'agissant d'un poète majeur, une grande modestie qui transparaît dans son écriture autant que devant le spectacle de la vie.





©Hervé GAUTIER – Juin 2011. http://hervegautier.e-monsite.com




















































































































































































































Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          50
Journaux de voyages

Dans « Journaux de voyages », il redevient cet arpenteur vigilant de la terre, gourmand de ses couleurs, de ses bruits, comme fasciné par le spectacle qu’elle lui donne, que ce soit en Afrique, en Asie ou ailleurs, simplement parce qu’il choisit sa destination, ses haltes qu’il décrit pour son lecteur en un long et délicat poème. Il use d’une langue aussi recherchée que les paysage qu’il traverse sans oublier de lui rappeler que malgré toute cette beauté qu’il y a la mort au bout du chemin parce que telle est la condition de l’homme.







Quel genre d’être est-il, lui qui choisit des contrées où le temps ne compte pas, ne s’écoule pas a même rythme, où le nom des villes invitent à eux seuls au voyage, au dépaysement : Boukhara, Khîva, Samarcande où le passé se mêle au présent, où la poésie doucement chaude et intemporelle revendique sa place parce qu’il ne peut sans doute en être autrement. Il donne un autre univers à offrir en partage, une autre planète qui est pourtant la nôtre mais qui ne peut intéresser le voyageur pressé. Pour lui, c’est une autre image de ce monde qu’il veut évoquer, plus vraie peut-être et authentique, celle qui reprend possession de la pulsation de la vie, des choses simples, des gestes économes, des paroles rares mais pourtant riches de sens.







La route de la soie est revisitée au pas lent des chameaux quand les avions survolent le monde à des vitesses supersoniques, que l’argent est roi que seule la réussite compte. C’est aussi l’Afrique avec son désert envoûtant ses habitants sur qui la civilisation, comme on dit semble n’avoir aucune prise…







Dans ce livre, l’homme reprend presque subrepticement sa place qu’il n’aurait, au vrai, jamais dû quitter, mais ainsi va le monde, le progrès comme on dit ! Dans ces contrées, l’auteur lui redonne sa vraie dimension, le replace dans des paysages qui vivent au rythme du soleil et des prières, lui font retrouver la respect de l’autre, de son environnement, de Dieu peu-être si on veut le voir ainsi




Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          30
Egée ; Judée

Il y a un truc avec la poésie, c'est qu'elle a parfois plus d'intérêt pour son auteur que pour d'éventuels lecteurs. Il n'y a rien de déshonorant à ça, peut-être même au contraire, c'est juste que la poésie, plus souvent que la prose, est la réponse à un besoin d'expression qui n'a parfois pas besoin d'être reçu. Voilà en tout cas l'impression que j'ai eue pour la plupart des textes de ce recueil, qui en général n'entraient pas vraiment en contact avec moi. Il n'empêche que j'ai trouvé là-dedans suffisamment d'élégance et un alliage subtil de précision et de légèreté, pour que j'aille au bout.

La première partie "Egée", m'a effectivement rappelé des séjours en Grèce, mais rien que j'aie vraiment oublié.

"Judée", en revanche, n'a pas pu me rappeler le voyage en Israël que je n'ai jamais fait, mais le propos y gagne une certaine épaisseur en faisant naviguer notre imaginaire des paysages de Jérusalem vers des évocations de la déportation, d'une part, et des conflits plus récents.

L'auteur m'a ensuite semblé revenir résolument au soliloque dans la partie intitulée "Feuilles d'observation", proche du brouillon, au mieux du fragment préparatoire, avant de m'intéresser à nouveau, d'une façon que je ne chercherai même pas à expliciter (en revenant peut-être vers la Grèce), dans la poignée de dernières pages intitulée "La maison près de la mer".

Mon exemplaire, par ailleurs, est parsemé de notes d'interprétation parfois abondantes mais jamais très lisibles, ainsi que de numéros, renvois, décomptes mystérieux, toujours au crayon de papier, et qui prouvent que quelqu'un, probablement un universitaire, a trouvé dans ces pages beaucoup plus de choses que je n'ai su le faire.
Commenter  J’apprécie          10


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Lorand Gaspar (84)Voir plus

Quiz Voir plus

L'écume des jours (de Cécile )

Qui a écrit : "L'écume des jours" ?

Boris Vian
Emile Zola
Guy de Maupassant

20 questions
522 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}