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EAN : 9782070186044
Gallimard (28/04/1980)
3.4/5   10 notes
Résumé :
Égée est un ensemble de poèmes groupés autour de la mer qui porte ce nom, de ses îles, ses oiseaux, son ciel, mais aussi son passé humain et son présent, y compris la continuité du souci de soigner, depuis le temps d'Hippocrate. Le métier de l'auteur, qui est chirurgien, se transpose alors curieusement dans l'art du poète. Les expériences intérieures de Lorand Gaspar donnent une âme vivante à des visions sereines et mettent un trouble au cœur de la beauté.
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Que lire après Egée ; JudéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Egée et Judée sont les deux points cardinaux de notre civilisation, entre la Grèce et Israël, Athènes et Jérusalem. le recueil de poèmes qui porte ces deux noms accolés saisit cette dualité en mettant en scène le poète allant d'un pôle à l'autre, en véritable émissaire de nos peuples et de nos mémoires. Egée est marquée par la présence du grand poète Georges Seferis, mais aussi par les idoles cycladiques et les îles ; Judée renvoie au désert, à la Bible et bien sûr à Dieu, dont le peuple se réinstalle sur sa terre après l'exil, au milieu des violences et des échos de guerre. On ne pourra reprocher à cette poésie contemporaine d'être éloignée du réel et de parler un langage ésotérique réservé aux seuls initiés.
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Il y a un truc avec la poésie, c'est qu'elle a parfois plus d'intérêt pour son auteur que pour d'éventuels lecteurs. Il n'y a rien de déshonorant à ça, peut-être même au contraire, c'est juste que la poésie, plus souvent que la prose, est la réponse à un besoin d'expression qui n'a parfois pas besoin d'être reçu. Voilà en tout cas l'impression que j'ai eue pour la plupart des textes de ce recueil, qui en général n'entraient pas vraiment en contact avec moi. Il n'empêche que j'ai trouvé là-dedans suffisamment d'élégance et un alliage subtil de précision et de légèreté, pour que j'aille au bout.
La première partie "Egée", m'a effectivement rappelé des séjours en Grèce, mais rien que j'aie vraiment oublié.
"Judée", en revanche, n'a pas pu me rappeler le voyage en Israël que je n'ai jamais fait, mais le propos y gagne une certaine épaisseur en faisant naviguer notre imaginaire des paysages de Jérusalem vers des évocations de la déportation, d'une part, et des conflits plus récents.
L'auteur m'a ensuite semblé revenir résolument au soliloque dans la partie intitulée "Feuilles d'observation", proche du brouillon, au mieux du fragment préparatoire, avant de m'intéresser à nouveau, d'une façon que je ne chercherai même pas à expliciter (en revenant peut-être vers la Grèce), dans la poignée de dernières pages intitulée "La maison près de la mer".
Mon exemplaire, par ailleurs, est parsemé de notes d'interprétation parfois abondantes mais jamais très lisibles, ainsi que de numéros, renvois, décomptes mystérieux, toujours au crayon de papier, et qui prouvent que quelqu'un, probablement un universitaire, a trouvé dans ces pages beaucoup plus de choses que je n'ai su le faire.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
    
Tu es venue comme certaines aubes soudaines de Judée, eau verte de hautaine pâleur qui écarte les lèvres roussies de tant de profération de malheurs. Dans la nuit qui s'épuise sur les rives calcaires, nageur nocturne, j'abordai au même instant que la pudeur. J'étendais la main pour toucher la pierre lisse du ventre où s'enflamme une eau de fécondation. Et il y avait toujours un désert de plus à traverser, les mêmes hamadas brûlantes où niche la Courvite isabelle, où le vent débite les fûts de midi. Et là-bas, là-bas pourtant, la halte bruissante du crépuscule, la demeure humide d'un jardin – tendresse peut-être – où tu n'habiteras qu'un soir.
    
- -
    
Le filet d'eau d'une langue nostalgique s'infiltre dans le plancher du désert. Il suit les flancs sinueux des abords de la plaine, depuis Djebel el Khalil et el-Asour, depuis Harrân, Sîn et Quadès, s'efface, resurgit, épouse, dans le raccord essoufflé d'un dôme et d'un fuselage, la chaleur du sol. Je peux toucher dans le noir la gorge rauque de son lit charnel. Toute cette terre n'est qu'un seul et même chant, dévasté, rejailli au hasard de sa course. Son eau est âpre, rencognée dans les pierres, fidèle à la lèvre assoiffée. Et nos corps révélant, annulant l'un l'autre, pris dans la trame de la mélodie.
    
JUDÉE (à Sarah)
pp. 119 / 128-9, extraits
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Îles
          
Dans nos îles il y avait toujours un sentier,
le même peut-être, qui tourne entre les rochers.
Il y a toujours un tournant, le même peut-être,
qui entre les bruns et les gris déboutonne une chose claire,
flamme blanche qui se dévêt –
le flanc doucement évasé
où tarde un désir inconnu.
Dedans : pénombre d'huile et d'encens
qui tient embrassé
un visage noirci par l'amour.

Nous avons fait confiance aux entrailles,
à l'obscure douleur de la terre.
Notre seule arme : cette chaux aveugle,
interlocuteur inexorable.
Plus tard, dans l'épaisseur nocturne,
le squelette igné d'un oursin.

Dévoilement – rougeur d'un alphabet.
Zéro heure quinze à Évanghelismos –
         
          
ÉGÉE
Extraits, pp. 64-65
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Soudain, le printemps sur le pays nu.
Je ne l'avais jamais vu aussi véhément, aussi barbare. Cavalerie d'Asie, le ventre des chevaux blanchi de sueur, harnachée de rouges, de bleus, de jaunes, les sabots résonnent derrière les volets clos de la mémoire. Comme ils nous labourent les muscles qui ne cillent !
Hier, en descendant par Quilt, j'ai vu le même lac d'anémones où tu avais couru comme désespérée de fraîcheur, l'âme essoufflée par tant de manque. Ton nom ? Mon nom ? Illettrée lumière.
Seulement cette chose que le matin déplie, rameau qui veille au toucher des eaux, gnose blanche des artères.
Et la terre, en nous, cherchant ses poumons, les paupières gonflées dans le bourdonnement du vert, tiré de la grappe d'une seule nuit !
    
JUDÉE, extrait (à Sarah)
p. 110
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Mystère des crépuscules de Judée. Comme si l'âme de la nuit chaque fois balbutiait sur le seuil, frissonnait. Être là, le visage poreux dans les pierres. Quelque chose comme le pollen de toutes les voix depuis toujours retombées sur la terre qui les rince et les évapore. Comme une chaleur, qui a longtemps aimé un corps, sait retrouver ses fenêtres.
    
*
    
Des poudres bougent dans le sol désert et c'est musique de rosée sur ta main.
    
pp. 121 & 135, extraits
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 Dans l’empierrement du nom
tu as recueilli cette matière ailée.

Tu as épelé tout haut, appelé du souffle
la lourde chaîne qui grince au sommeil
des ancres dans les ports inconnus-

Ton œil poisseux du petit matin
Essaie de comprendre, incisée par la rame
dans l’onctueux des gris cette autre clarté.

Ce que tu as vu fermenter dans la chair
quand se rompt soudain la voûte des eaux
sur le porteur de braises, le ravisseur nocturne,
tu l’as enfoui hâtivement sous les soirs
ou dans l’âpreté de midi quand le perron liquide
du feu se prend un corps inconnu et sombre en son ventre de buisson d’épines.

(Egée p. 16)
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Videos de Lorand Gaspar (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lorand Gaspar
INTRODUCTION : « […] Dans l'eau, dans l'air, dans la changeante humeur Du temps, du temps sans heure et sans visage, J'aurai vécu à profonde saveur, Cherchant un peu de terre sous mes pieds. J'aurai vécu à profondes gorgées, Buvant le temps, buvant tout l'air du temps Et tout le vin qui coule dans le temps. » (Norge, du temps, in La belle saison.)
« […] ce poète a un regard des plus aigus, capable de fouiller tous les recoins de l'âme humaine et des choses, prêt à montrer ce qui lui est apparu le plus éminent, comme le plus ordinaire, voire ce qui rebute. […] le premier et le plus constant mouvement de Norge (1898-1990) est d'aimer ce qui existe. […] […] Norge (pseudonyme de Georges Mogin) désire accueillir - il le dit dans un propos avant-coureur - toutes les voix du coeur, tous les chemins où il s'engage tour à tour : « du doute à la foi, de la ferveur à l'imprécation, de l'obéissance à la révolte, de l'ironie à la gravité, du renoncement à l'espérance, […] du rire aux larmes… » […]
En des temps où la littérature mue par le désir de tout dire sur nos angoisses et nos haines finit quelquefois par s'enfermer dans le ressentiment, dans le culte du négatif, du désespoir et de l'autodestruction, la parole de Norge est d'un bout à l'autre non seulement une affirmation de la vie mais aussi de sa confiance en cette vigueur dont la poésie se nourrit, que tout vie incarne.
[…] » (Lorand Gaspar.)
« […]
Moi, je veux la fleur sévère, Je veux la fleur inventée. J'invente la fleur qui dure Et s'appelle éternité. » (Norge, La rose qui dure, in Les coq-à-l'âne.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Liberté 0:56 - Réveil 1:45 - Souvenir de l'enchanté 3:01 - Piétons 3:52 - Dedans 4:41 - Les croassements 5:06 - Envolée 5:43 - le lombric 11:22 - Tout cela s'est passé si vite 12:48 - Chantez, sinon je demeure… 13:57 - Les écrevisses 14:16 - Dédicace 15:37 - Sur la pointe
16:18 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Norge, Poésies 1923-1988, Paris, Gallimard, 1990.
IMAGE D'ILLUSTRATION : http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/biographie/review/1954077-norge-pas-a-pas
BANDE SONORE ORIGINALE : Kris Keypovsky - Moonlight Moonlight by Kris Keypovsky is licensed under an Attribution 4.0 International License. https://freemusicarchive.org/music/kris-keypovsky/single/moonlight/
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#Norge #Poésies1923À1988 #Poésiebelge
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