Citations de Lotte Hammer (46)
Ils étaient assis en tailleur sur la couchette de sa cellule, adossés au mur, en train de regarder Toy Story 3 sur le Mac de Louise. Elle l’avait loué dans les règles et non pas téléchargé illégalement sur le Net. Elle ne manqua pas d’insister sur son honnêteté.
Bref, j'ai passé l'heure suivante à essayer de lui faire décrire l'homme, mais j'ai fait un bide complet. Après un nombre incalculable de variations sur les cinq mêmes questions, j'ai pu conclure que son client avait entre vingt et quatre-vingts ans, n'était probablement ni nain ni en fauteuil roulant, et était à coup sûr un homme. A ce moment-là, j'ai commencé à croire qu'elle souffrait d'un syndrome professionnel inconnu genre friture crânienne. Par la suite ça s'est montré assez injuste, mais sur le moment malheureusement, je n'ai vu qu'une seule piste.
- Presque tous les tueurs en série ont connu dans leur enfance un environnement dysfonctonnel. Ils ont souvent été victimes d'abus sexuels, ont eu des parents qui avaient une cobsommation abusive de drogues ou d'alcool ou ont subi des punitions exagérément sévères pour des fautes minimes. Un des modes de réaction de l'enfant consiste à se réfugier dans les réves et ça peut ensuite l'amener à inventer un univers imaginaire permanent dans lequel il vivra une vie parallèle à son existence normale et qu'il cachera à son entourage.
C'était toujours comme ça avec les femmes. En l'absence de dialogue, il observait librement les fesses. C'était une alternative appréciable, et il la laissa prendre encore un peu d'avance.
Cette fois, ce fut au tour de Konrad Simonsen de regarder sa montre. Une audition concernant un double meurtre l'attendait, et il avait de toute façon du mal à trouver ça formidable.
Depuis le banc où il était assis, il pouvait apercevoir les mains du propriétaire quand celui-ci servait, et parfois le reflet de son visage sur une plaque d'inox. Blafard comme un abcès mûr, des yeux éteints, aussi attirant qu'un cadavre. Malheureusement, il allait devoir commencer par tuer le type, autrement ses chances de survie seraient trop grandes.
- J'aimerais vous revoir demain (...) Merci de venir sobre, dans le cas contraire je vous colle en cellule de dégrisement.
- Vous pouvez me le noter, que je n'oublie pas?
Ils s'accordèrent quelques secondes de silence. Puis elle sentit qu'il appuyait un objet dur et anguleux dans sa main. Elle lâcha son étreinte et regarda d'un air étonné. C'était une petite figure en os sculpté.
- Oh, un tupilak, il est joli.
- Il protège des mauvais esprits.
- Oui, c'est connu.
- Il vient du Groenland, c'est Trond Egede qui me l'a donné. Bon, c'est peut-être stupide, mais tu peux peut-être le prendre avec toi et le mettre dans ta poche.
Elle lui donna un baiser sur le front, heureuse du cadeau qu'il lui faisait, mais aussi un peu irritée. Il disait tout le temps qu'il n'était pas superstitieux , mais en réalité...
J’ai connu un homme intelligent, qui […] m’a demandé si je pensais que le monde pouvait être changé par une poignée de personnes se battant contre l’ordre établi. Et il m’a lui-même donné la réponse, une réponse aussi simple que vraie : le monde a toujours été changé de cette façon.
Il y avait quelque chose de blessant dans le fait de devoir ainsi mourir au milieu de nulle part, dans l'immensité de l'univers, en ces lieux où les êtres vivants n'avaient pas leur place. D'une certaine manière, son assassin l'avait tuée deux fois.
Quand j'étais petite, mon père m'appelait souvent mon ange. Et quand j'étais insolente, j'étais un ange avec de la merde sur les ailes. C'est pas poétique, ça?
Avant de partir, je pourrais prendre le temps de vous expliquer la procédure pour porter plainte contre la police. Il suffit de déposer une plainte au poste de police le plus proche. Au bout de quelques années, on vous adressera une fin de non-recevoir.
Dès qu'ils furent dans la salle de repos, Arne commença à se déshabiller méthodiquement, tout en disposant soigneusement chaque vêtement bien plié en un petit tas sur une table. Il plia jusqu'à ses chaussettes. Pauline se laissa tomber en arrière dans les coussins.
- Tu n'enlèves pas tes vêtements?
- Ca veut dire qu'on saute les préliminaires?
- (...) Carl Henning Thomsen réussit à affirmer son innocence. J'ignore la durée exacte de son audition, mais le nombre d'heures pendant lesquelles il a été interrogé est impressionnant, et pas un seul instant il ne montra le moindre signe permettant d'indiquer qu'il avait tué sa fille, et ce en dépit de toutes les preuves solides qui étaient en notre possession. Mon chef de l'époque, Kasper Planck, pensa longtemps que nous avions mis la main sur le faux coupable, ce dont je réussis finalement à le détromper. Il pensait juste mais j'avais les bons arguments, et ce fut ma ligne qui l'emporta. Voilà la vérité. Ces derniers jours, j'ai peu à peu réalisé que j'allais devoir vivre avec ce poids pour le restant de mes jours.
- Voilà presque une heure que nous parlons, et vous n'avez même pas encore demandé pourquoi la police est ici. Comment ça se fait?
- C'est pas moi qui pose les questions. C'est vous. (...)
- Ce matin, il y avait cinq cadavres dans le gymnase.
- Sans déconner. C'est pas comme ça d'habitude.
Putes... Qu'est-ce qu'elle pouvait détester ce mot. Putes, nègres, bougnoules, mongols - tous ces termes représentaient la même chose, le droit naturel des plus forts à dénigrer linguistiquement les plus faibles.
Le temps ne l'avait pas épargnée. Son visage était marqué, presque rabougri, et ses lèvres exprimaient la colère, comme si elle avait voulu dire au monde qu'elle n'était pas à plaindre. Ses cheveux lisses et ternes ressemblaient bien peu aux boucles folles blond cendré de sa jeunesse. Même son regard avait, avec l'âge, perdu de son charme. Ses yeux avaient vu ce qu'il y avait à voir et n'avaient plus envie d'y consacrer du temps.
Sur cette terre, nous devons tous savoir partager, partager avec les autres, pour que chacun d'entre nous puisse être tout à la fois perdant et gagnant. C'est la seule manière de trouver la paix intérieure.
Dans le train du retour, les pensées de Pauline Berg prirent une orientation plus dramatique. Elle se représenta la jeune fille, trempée, courbée dans le vent, qui avait couru à petit pas pour rejoindre la Saab (...). Son chemin vers la morgue avait été pavé d'amabilités (...).
Le jugement des hommes s'assouplit avec l'âge.