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Critiques de Louis Owens (8)
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Le chant du loup

A la recherche de ses racines indiennes, Tom Joseph revient dans la vallée de ses ancêtres et de sa famille où coule la Stehemish. Il assiste à l’enterrement de son oncle Jim Joseph. Celui-ci est mort dans les bois. Dans un geste désespéré et symbolique, il tirait au fusil sur les engins de terrassement, bulldozers, pelleteuses, camions-bennes, niveleuses qui éventrent la terre pour construire une route devant desservir une mine de cuivre à ciel ouvert. Il a souhaité se faire inhumer dans le vieux cimetière indien délaissé par les autochtones qui sont partis dans les camps de bûcherons, les scieries et qui s’entassent maintenant dans les taudis de Seattle. Tom n’est pas nécessairement le bienvenu car son départ pour l’université californienne a laissé des vides et des rancœurs. Son retour suscite méfiance et jalousie. La femme qu’il aimait est maintenant enceinte du fils de l’entrepreneur qui ouvre les terres de la réserve indienne pour les exploiter sans vergogne. Tom parle peu et se remémore les enseignements de son oncle qu’il n’a pas su comprendre en son temps.

Lecture commencée il y a des années puis laissée en attente encore trop longtemps, Le chant du loup n’est pourtant pas un roman anecdotique. L’auteur d’origine indienne s’est immergé dans l’écriture afin de « résister ». C’est probablement la densité du propos et tout ce qui demeure sous-jacent mais prégnant qui m’a dérouté de prime abord. Je croyais me divertir avec un roman ethnologique mais j’abordais une œuvre littéraire ambitieuse, au tempo lent, aux résonances symboliques, à l’intrigue lâche mais à l’ensorcellement souterrain où l’évocation de la nature reflète les états d’âme et les incertitudes des hommes, ceci avec une discrétion remarquable qui évite les poses du romantisme. L’envoûtement est venu à partir de la page 66 à travers une phrase comme celle là : « Comment était-il possible de séparer l’esprit de la vie et d’en faire une religion ? ». La magie ne m’a plus quitté jusqu’à la fin. La quête spirituelle de Tom est le véritable fil conducteur du roman. Que signifie « être Indien » aujourd’hui ? Les valeurs indiennes du passé ont-elles encore leur place dans le monde rationalisé des Blancs ? Qu’est-ce que la foi ? Que reste-t-il de la richesse extraordinaire des coutumes et des cultures indiennes laminées en même temps que les tribus ? Un folklore, quelques clichés ? Quelle résonance donner à la nature quand les hommes ne savent plus la ressentir ? Il y a chez l’auteur un souci de réalisme dans la description précise d’une attitude ou d’un détail. Le mutisme de Tom est d’autant plus frappant que sa pensée s’exprime à travers un élément de la nature environnante, que ce soit une racine, l’éclaboussure d’un torrent, le vol d’un oiseau. Par un jeu permanent de correspondances, Louis Owens arrive à dilater une pensée qui se passe de mot pour atteindre une dimension spatiale et émotionnelle exceptionnelles. On peut passer à côté de ce souffle magistral sans rien en ressentir ou bien être soulevé comme un fétu et gagné par l’ivresse d’une écriture et d’un esprit profondément incarnés.
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Le joueur des ténèbres

Ce thriller assez étrange nous entraîne sur la piste du "joueur des ténèbres", un Indien au corps peint de noir et de blanc, qui a décidé de hanter les rêves d'un professeur de littérature aux origines Choctaw, Cole McCurtain (l'auteur était lui-même mi-Choctaw mi-Cherokee). L'action se déroule sur le campus d'une université californienne où rôde un serial killer qui tue et démembre des étudiantes.



Parallèlement, Cole fait des rêves terrifiants au cours desquels lui apparaissent le Padre Quintena, qui vécut au siècle dernier, et un Indien du nom de Venancio Asisara. Cet indien a fini par assassiner le prêtre espagnol, homme sadique et cruel aux méthodes révoltantes.



Le puzzle se met en place lentement, car bien évidemment tous ces événements apparemment sans logique sont liés.



Les personnages sont formidables : Cole bien sûr et sa fille Abby, Alex le professeur Navajo et meilleur ami de Cole (qui nous apprend un peu sur les rites Navajo), Grand-père Luther, homme-medecine aux pouvoirs étranges et grand-mère Onatima (des personnages que nous retrouverons d'ailleurs dans d'autres romans d'Owens). Et j'ai particulièrement aimé cette sombre histoire où le surnaturel a aussi sa place. J'y ai retrouvé des éléments familiers, ce qui est un peu normal quand on lit régulièrement de la littérature sur les Amérindiens.



Enfin, last but not least, la nature est toujours omniprésente dans ses romans, et Owens en fait toujours un personnage à part entière.



L'histoire emboîtée du Padre Quintena évoquait pour moi l'atmosphère du très beau film de Roland Joffé, Mission, mais aussi l'oeuvre de Cabeza de Vaca. Le "joueur" quant à lui, est habité par l'ours, animal totem très présent dans les croyances amérindiennes, et je pensais à Tristan Ludlow, lui aussi relié à l'ours (Légendes d'automne de Jim Harrison). En plus d'une intrigue réussie et d'une atmosphère originale, ces références ont contribué à me faire aimer davantage le roman, qui plus est, fort bien écrit. L'un de mes coups de coeur, cela va sans dire...

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Même la vue la plus perçante

Un polar original, dans la veine des romans ethnologiques chers à Tony Hillerman.



En ouverture du récit, en Californie, l'adjoint au Sherif Ramon Morales, plus souvent appelé Mundo, aperçoit le corps de son ami Attis McCurtain qui dérive et disparaît dans la rivière Salinas.

Réalité ou hallucination, le lecteur ne peut que s'interroger, d'autant plus que ce n'est que le premier élément d'une suite de situations échappant au domaine du cartésien.



Attis et lui ont participé à une guerre du Vietnam toujours en cours, et le policier a dû procéder à l'arrestation de son ami pour le meurtre de Jenna, la fille de Dan Nemi le plus gros éleveur de la région.

Apprenant qu'Attis s'est échappé de l'hôpital psychiatrique, Ramon se donne pour mission de le retrouver, vivant ou mort, par respect pour son statut de représentant de la loi et par fidélité envers son pote. de son côté, Cole, le jeune frère du disparu, doit également se lancer à la recherche de son aîné avec pour mission de ramener ses ossements, afin que l'ombre extérieure d'Attis, « comparable à ce que les blancs appellent un fantôme », puisse trouver la paix.



Pour en savoir plus sur sa quête, Cole se réfugie un temps chez le vieux Luther, l'oncle de son père, sorte de sorcier qui vit au cœur d'un marécage du Mississipi avec Onatima Vieille Femme Bois Bleu, la dépositaire d'une impressionnante somme de connaissances. L'endroit est déjà « hanté » par l'ombre du frère qui attend ses os, et par une panthère noire dévoreuse d'âme qui rôde dans les environs.



Avec tout ce que je viens d'évoquer, il est facile de déduire que ce roman baigne en grande partie dans la culture et les croyances amérindiennes. La plupart des protagonistes se questionnent sur leur identité, appartenant à une population composée de « sang-mêlé », hispaniques comme Ramon ayant certainement quelque ancêtre indien, ou indiens, comme la famille McCurtain dont les origines Choctaw et Cherokee sont métissées de sang irlandais.



Le rapport aux anciens est très présent dans l'histoire. L'adjoint au shérif tient de grandes discussions avec son grand-père décédé, et parfois avec d'étranges soeurs Mondragon lorsqu'elles s'invitent dans ces échanges surréalistes.



L'intrigue policière n'est pas délaissée pour autant. Ramon Morales, persuadé qu'Attis a été assassiné, est bien décidé à faire la lumière sur cette affaire même si un membre du FBI semble vouloir lui mettre des bâtons dans les roues, et tente d'empêcher Hoey McCurtain de s'engager dans une vendetta contre Dan Nemi.



J'ai trouvé la lecture de ce roman quasi hypnotique par moments, avec des passages où l'auteur nous emmène loin dans la découverte d'une culture ancestrale, et nous enchante par ses descriptions d'une nature omniprésente.
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Le chant du loup



"Certains lieux sont plus accueillants que d’autres. Ce lac n’est jamais satisfait quand il y a des gens. Mais, de temps en temps, il faut que je revienne pour me souvenir que de tels endroits existent." (130)



Dans la série "Je relis les romans à tonalité amérindienne qui ont marqué ma jeunesse", je renoue des liens avec Louis Owens. Ce chant du loup m’avait laissé une forte impression, mais je me rends compte que j’ai complètement occulté l’histoire au profit d’un vague souvenir d’initiation chamanique. Cette dernière est loin d’être absente, mais une grande part du livre tient aussi dans un plaidoyer écologique pour la préservation des espaces naturels américains.



L’atmosphère de la vallée de Forks est lourde et humide. La pluie tombe sans cesse. Quand ce ne sont pas la grêle ou la neige. Pourriture et moisissure. L’écriture est à l’image du travail des bûcherons, forçats méthodiques qui défrichent la forêt : épaisse, rude, méticuleuse, pragmatique. Les descriptions qui en découlent sont fournies, mais répétitives et sans grâce, bien qu’efficaces; le versant spirituel de l’histoire y gagne en solidité concrète. Louis Owens retranscrit bien l’expérience de la marche, du froid, de l’effort. Il est en phase avec la réalité amérindienne, sans romantisme. Mais il appuie aussi lourdement sur les symboles – la martre qui se ronge une patte, le faucon émerillon qui fond sur sa proie – et en fait beaucoup sur les conséquences écologiques de la déforestation et de l’exploitation des mines.



Un roman très américain, masculin, avec de la poigne, image d’un terroir menacé. J’ai trouvé dans ma propre réalité ce que j’y cherchais la première fois que je l’ai lu. Cailloux, chemins, faucons, me sont désormais familiers dans un contexte personnel, et le livre me parle moins.


Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Même la vue la plus perçante

Atmosphère de polar : meurtres et mystères dans une bourgade provinciale. Pas franchement ma tasse de thé, de base, je dois dire. Seulement voilà, dans les profondeurs de l’enquête policière, le fantastique tisse ses fils, le Rêve surveille et inspire l’histoire ; et quand les vieux, œuvrant dans l’ombre de marais où rôde une panthère dévoreuse d’âmes, estiment que le dénouement dépendra du retour des anciennes voies indiennes, que les morts et sorcières du Mexique enroulent encore à l’intrigue leurs brins de folklore, que le Vietnam, et le Mal en général, brasse ses propres maléfices dans les coeurs… alors le fantastique embrasse le mythe, et le cœur se laisse prendre à la trame.



[Impression de lecture extraite du post De Pages et d'Espaces sur Psychopompe : ]
Lien : http://psychopompe.wordpress..
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Même la vue la plus perçante

J'inaugure le challenge Red Power avec l'un de mes écrivains favoris : Louis Owens.



Dans ce roman, on retrouve pourtant une partie des personnages du « joueur des ténèbres » : la famille McCurtain, Hoey et ses deux fils, Attis l’aîné, qui est interné à l’hôpital depuis son retour du Viet-Nam, et Cole, le cadet, qui a filé se cacher chez l’oncle Luther, un Choctaw aux puissants pouvoirs, afin d’échapper à l’incorporation.



Un soir, le shériff Mundo Morales, qui est le meilleur ami d’Attis, a une vision. Il croit voir le corps d’Attis flotter sur la rivière ; Or justement Attis s’est évadé de l’hôpital et c’est Morales qui est chargé de le retrouver, bien qu’il soit persuadé de sa mort. Pendant ce temps, oncle Luther a affaire à un dévoreur d’âmes qui prend la forme d’une panthère, et qu’il doit donc garder à distance.



Morales lui, a de fréquentes conversations avec El Viejo, son grand-père décédé, qui apparaît toujours à point nommé et l’aide dans son enquête. A cette galerie de personnages, il faut ajouter le type du FBI, Lee Scott, ancien du Viet-Nam qui n’a pas toute sa tête, la famille Deni dont le meurtre de la fille aînée à été imputé à Attis, les mystérieuses sœurs Mondragon, vieilles dames étranges et liées au shérif Morales et enfin la crapule de service, Jessard, l’infâme propriétaire du bar où se rendent parfois les protagonistes de cette histoire.



Ce sombre récit est donc quasiment mené par des esprits et cela m’a rappelée l’atmosphère de « la rivière des âmes perdues » de James Doss.

Pour autant, l’analyse de Louis Owens est toujours intéressante, de même que la dénonciation de la destruction de la nature, et c’est l’engagement dont il fait preuve qui rend le roman intéressant, plus que l’intrigue pas toujours réussie, ou les comportements un peu stéréotypés de certains personnages.



Owens évoque la notion de culpabilité et le fardeau de préserver sa propre culture et sa dimension spirituelle. D'ailleurs, les rêves sont très présents, ils ont une fonction essentielle dans la culture Amérindienne, de même que la spiritualité, ce qu'il peut y avoir au-delà de la mort. Le problème des ossements qui est soulevé a souvent fait l'objet d'âpres disputes et revendications entre des tribus et l'Administration, les musées, etc. Je crois qu'il est difficile pour un non-Indien de comprendre réellement la place occupée par les morts dans cette culture.



Enfin, la culture Amérindienne si vaste n'a pas fini de livrer tous ses secrets, car c'est la première fois je crois, que j'entends parler des dévoreurs d'âmes. Un mythe qui m'a intéressée au plus haut point. Les passages relatifs aux dévoreurs d'âmes sans doute les plus réussis du roman.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Le chant du loup

Tom Joseph, un indien stehemish, a quitté sa terre natale pour entrer à l'université sous le chaud soleil de Californie, mais la mort de son oncle l'oblige à revenir à Forks, dans l'état de Washington. Un retour au bercail qui n'est pas au goût de tous et qui va raviver des plaies au sein de la communauté. Entre Karen, l'ex petite amie abandonnée qui a refait sa vie, les bûcherons de cru jaloux de l'opportunité qui a été offerte au jeune homme de poursuivre ses études et ce qui lui reste de famille, Tom se retrouve tirailler entre son désir de rester et de renouer avec la terre et la culture de ses ancêtres et la réalité économique qui modifie profondément la région.

Ode à la nature, aux arbres, aux oiseaux et aux montagnes, « Le Chant du loup » adopte le rythme des éléments, alternant le tapage musical de la pluie, l'engourdissement de l'humidité et du froid, la lenteur de la rivière qui coule et de la traque en forêt avec la brutalité du travail des bûcherons et la violence des hommes entre eux.

En décrivant en détails cette terre ancestrale indienne, Louis Owens lui donne la place de personnage principal, reléguant parfois Tom Joseph au second plan, et par la force de son évocation, il amène le lecteur à franchir les portes de l'imaginaire indien et brouille les frontières : où s'arrête la réalité et où commence le rêve ?

Ce roman porte en lui les thèmes d'un roman « écologique », mais pas que. Certes il y a une part de mélancolie dans les propos de l'auteur devant la disparition des traditions, d'un savoir ancestral et d'un lien avec l'environnement qui se perd. Mais il y a aussi le constat que les choses changent, doivent changer et qu'il faut savoir s'adapter et évoluer.

L'ensemble donne un très beau texte et une jolie lecture, apaisante et contemplative, loin d'être larmoyante.
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Le pays des ombres



Dans mon exploration des romans à tonalité amérindienne qui ont marqué ma jeunesse, ceux de Louis Owens ont décidément perdu de leur magie. L'écriture est ici encore plus balourde que dans le chant du loup. Les descriptions manquent toujours de charme. À trop vouloir en dire sur l'histoire des tribus, les dialogues traînent en longueur et sonnent faux. Les pistes entrevues ne manquaient pas de potentiel, mais le montage suinte la maladresse.



"Les anciens reçoivent parfois le don de connaître ce genre de choses, mais rares sont ceux qui reçoivent le don de modifier les choses." (132)



Se détache Grand-père Siquani, l'homme qui voit venir la menace de loin mais n'a pas le pouvoir de la disperser. Quelques scènes amusantes avec fantôme. L'histoire cherokee du vautour qui a créé le monde, que je ne connaissais pas. Des causes du dérèglement et de celles de son apaisement nous n'auront pas été convaincue. Par ces temps où les vautours fauves de mes contrées sont accusés de tous les maux contraires à leur biologie, j'aurai bien aimé profiter d'un développement plus approfondi de cet aspect des choses dans cette histoire où "les charognards […] jouent aux rapaces dans [la] basse-cour". "Ça doit être le résultat d'un croisement avec les buses qui s'attaquent aux poules" est une explication très amusante sur le moment mais n'est pas à la hauteur de l'importance qui leur est donnée.



"Les histoires, c'était ce que possédaient les Indiens, et chaque histoire connaissait une nouvelle naissance à chaque reprise du récit." (201)



Vais-je pour autant renoncer à lire les deux volumes de cet auteur dans lesquels je n'ai pas encore replongé mes lunettes ? Même pas sûr, tant l'obstination de la lectrice est aussi rétive à l'érosion que le marbre.




Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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