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Critiques de Lucien Raphmaj (18)
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Capitale Songe

Dans la catégorie OLNI, version science-fiction, ascendant barré, voilà que débarque un ogre, un vrai.

Pour son premier roman, Lucien Raphmaj n’a pas vu les choses en grand, non. Il les a vu en rêve(s). Repéré par les éditions de l’Ogre, le français à la fois blogueur, essayiste et critique nous la joue hybride et allumé, avec quelques champignons en rab.

On espère que vous êtes prêts parce que ça tabasse sévère dans Capitale Songe, et que vos neurones ne risquent pas d’en sortir intacts.



Île à la dérive

On rentre dans Capitale Songe par une page noire avec des mots blancs…avant d’avaler des mots noirs sur des pages blanches.

Capitale Songe, c’est une île. Artificielle, naturelle, réelle, irréelle. Qui sait. Qui saura ?

Cette île au milieu d’un océan bouffé par les icebergs semble s’abîmer dans un avenir lointain où l’homme n’est plus vraiment homme.

Capitale Songe, c’est cinq quartiers : Asavara, son quartier central laid et vitrifié où se trouve Ananta, la banque des rêves ; Baie-Lune, décharge grossissante battue par la neige ou par le soleil ; Saï-Town et ses immeubles-serres pour nourrir ce qu’il reste des mortels ; TST-Est avec ses éoliennes mortes et son blanc manteau ; et Mõgulìnn, forêt de champignons géants sans cesse en extension et en extinction.

Capitale Songe, c’est le radeau à la dérive d’une société transhumaine, posthumaine, plusqu’humaine. Une société où les Intelligences Animales, les Intelligences Animales humaines et les Intelligences Artificielles cohabitent.

Les formes humaines qui restent n’ont, justement, plus formes humaines : le visage caché par des masques insectoïdes, recouvrant l’humanité-hybride d’une masse biopunk entre androïdes et humains, choses-insectes et choses-à-rêve.

Car vous l’aurez compris, à Capitale Songe, c’est le rêve qui importe.

Le capitalisme a atteint sa forme ultime, celle où les Intelligences Vectorielles (les véritables intelligences artificielles) ont transformé le rêve et le sommeil des autres en une monnaie d’échange, une denrée précieuse qui permet toutes les extravagances. Retirées dans le Hortex, sorte de réalité virtuelle absolue, les IV pompent les IA et les IAh tandis que les mystérieuses I², ces intelligences d’intelligence, trament et complotent dans leur coin.

Bienvenue dans un monde où le biologique et la machine se fondent et se dissolvent, un monde où la démocratie a laissé place à l’onarchie et au narcocapitalisme. Si vous pensiez échapper à la rapacité des puissants en dormant, c’est loupé.



Sommeil électrique

Dans ce noir au noir, rajoutons du noir.

Lucien Raphmaj nous guide donc avec des pages au noir (vous reprendrez bien un peu de noir ?) où un narrateur anonyme nous explique les mécanismes de Capitale Songe tandis que l’on bascule dans l’histoire avec des pages blanches et menaçantes.

Trois individus nous guident dans cette cité monstrueuse quelque part entre un Blade Runner sous LSD et une ville post-exotique 3.0.

D’abord, il y a Vera, humaine (enfin à peu près) et membre de la Dreamsquad, fanatiques d’une faction terroriste connue sous le nom de Vigilance qui n’aspire qu’à abolir le sommeil pour affamer les IV.

Ensuite, Kiel Phaj C Kaï Red, un Dissimulacre, c’est-à-dire un réceptacle de chair, de chitine et de métal conçu par et pour les IV, en l’occurrence ici Nova, intelligence mégalo et carnassière. Kiel Phaj C Kaï Red aime le bar d’Omega Terminus et le plasmodium, cocktail au goût de corps décomposé auquel on devient vite accroc.

Enfin, C-29, autre Dissimulacre dont l’IV a disparu et qui espère, en secret, libérer ses frères de la servitude des IV. Mais comment faire face à la puissance de ces intelligences vampiriques quasi-divines ?

Lucien Raphmaj imagine alors la catastrophe : une substance terrible, à la fois virale et primale, la V, comme Victoire, comme Vigilance, comme Vengeance, comme Vampire. La V, une veille ininterrompue qui ôte les rêves et remet les compteurs à zéro.

Mais d’où vient-elle et comment l’empêcher d’emporter l’île entière avec elle ? Comment survivre sans sommeil dans une société où le rêve est devenu une monnaie, un idéal, un fruit hypnotique ?



Rêves capitaux

Avec Capitale Songe, Lucien Raphmaj prouve que la science-fiction française peut être aussi exigeante qu’inventive et déstabilisante.

Concédons-le, Capitale Songe n’est pas aisé. Cryptique souvent, logorrhéique parfois. Sous l’œil de Volodine pour la noirceur et pour la radicalité de son sentiment révolutionnaire, Lucien Raphmaj raconte un monde après l’homme où les frontières entre vivant et virtuel deviennent poreuses, lâches, suintantes. L’humanité par le prisme de l’intelligence devient ici une chose rampante, inquiétante, l’humain se fond avec l’insecte, se fond avec la machine, avec le végétal. Le genre n’a plus grande importance, Ille ou elle peu importe, les intelligences voient après, au-delà, dans les étoiles.

Au lecteur de suivre…ou pas.

Cette folie littéraire désarme par sa puissance évocatrice et par sa langue, riche, obsédante, faramineuse. Une écriture qui menace parfois d’asphixie tel un Blake Butler en pleine collision avec William Gibson.

Quand Raphmaj pénètre dans l’esprit d’une IV, c’est 300 Millions version machine-mégalomaniaque, c’est une entrée presque incompréhensible dans la tête virtuelle d’une chose qui nous butine comme un miel neuronique et addictif.

Difficile, le roman l’est assurément jusqu’à ce que l’on se laisse porter par cet univers totalement fou où l’emprise capitaliste emporte tout. L’emprise des forts, des riches devenus IV, habitant leur monde à eux et pompant le reste directement à la source, dans la substantifique moelle de l’homme : le rêve.

Mais la résistance est là. Elle n’est pas unique, bien sûr. D’un côté, la Vigilance et sa révolte électrisante, de l’autre la Désistance, qui rêve d’un sommeil sans fin, d’une lente agonie qui mettrait un terme à toutes les agonies. Deux facettes de la révolution qui, comme chez Volodine, peut mener à tout et surtout à rien.

Les IV rêvent-elles d’insectes électriques ?

Roman politique mais subtil, qui joue avec les mots comme un Damasio mais avec brio et pas pour épater la galerie, Capitale Songe sécrète une drogue littéraire insidieuse qui infuse dans l’esprit du lecteur. Ses héros sont confrontés à l’ultime frontière, celui de l’enveloppe, celui de la transformation, de l’hybridation. Ici se mêle l’insecte, l’homme, la machine, la pieuvre, l’androïde…. Ici commence une nouvelle chance qui finira peut-être en une graine d’univers.

Assez fou pour tenir en haleine, l’intrigue analyse l’intérêt de la révolte et de la destruction, renvoie le divin à l’individu et transmute la capitale en hallucination totale.

L’ambiance au noir fascine et l’inventivité sournoise de Raphmaj surprend plus d’une fois. Capitale Songe vaut aussi, et surtout, pour son esthétique organique qui offre mille visions saisissantes d’un futur totalement autre, à la fois cauchemar et rêve, chair et métal.

Au milieu, les « sans-rêves, les sans-oublis, les sans-sommeil », nous, sous la lumière des néons qui vrille et nous assomme pour mieux nous contrôler.

Il faudrait surement un nouveau mot pour cette aventure littéraire liquide et solide à la fois : cyberpunk ? biopunk ?… Oniropunk ? Pourquoi pas. Rêvons.



Roman total à l’ambition folle, Capitale Songe offre un voyage expérimental et unique en son genre. Radicalement clivant, le premier univers de Lucien Raphmaj ne laissera personne indifférent, cauchemar ou rêve, à vous de choisir votre plasmodium. Une entrée en scène fracassante (et fracassée) pour amateurs d’étrangetés science-fictives sous acide.
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Capitale Songe

Quelles fictions vitales subsistent de nos états de veille, que préserve - éclaire ou éclate - le basculement dans le rêve ? Univers halluciné, vortex du cauchemar, crépusculaire entropie d'un langage où s'accrochent les derniers éclats de conscience, embarquez vers Capitale Songe. Pour son premier roman, Lucien Raphmaj trace une voie où la dissémination, les états limites, le hors-soi, un langage mouvant et novateur dessinent un univers souverain, à l'ombre des mutations du Verbe.
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Une météorite nommée désir

Extrait de ma chronique :



" la narratrice anonyme d'Une météorite nommée désir va donc se retrouver à courir d'un bout à l'autre, non du monde, mais d'une ville tout aussi anonyme qu'elle, à collecter les indices qui lui permettront (ou non, nous sommes, comme dans Capitale Songe, dans un polar métaphysique, donc décevant par nature) d'élucider le mystérieux SMS que lui a expédié... une météorite.





Si j'indique que la signature de la météorite (05.47.45.38.-09.40 10:58, première apparition page 19) va se retrouver dans le numéro de série d'une borne d'arcade (0547453809, page 98), puis sous une forme légèrement déformée dans le code promotionnel d'une nouvelle boisson gazeuse (0547459309 page 124), vous comprendrez instantanément que les indices en question relèvent, comme souvent dans le polar métaphysique (voir Le Pendule de Foucault d'Eco ou encore Vente à la criée du lot 49), de ce que Joel Black appelle le "texte-clé fallacieux" – ils n'existent que dans la tête de l'héroïne, et leur déchiffrement ne risque pas de conduire à la découverte d'un "texte-prix", objet de l'enquête.





Ceci dit, et c'est là l'originalité (et la subtilité) d'Une météorite nommée désir, le texte-clé, si fallacieux soit-il, va bel et bien déboucher, au terme d'une errance hallucinée digne autant du Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda que du Feu Follet de Louis Malle, sur la découverte d'un texte-prix inattendu – et l'enquête va virer à la quête existentielle (du ciel perdu)"
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Contre-nuit

Contre-nuit : dire autrement, reprendre sans cesse reprendre, notre part de nuit, cette irréfragable obscurité dont Lucien Raphmaj fait délais cosmique, désidération collective, poétique politique d’un rapport au monde par le mythe et la fiction. Contre-nuit livre de nuits plurielles de ne se limiter à aucun objet, de déborder sans trêve toute définition établie dans une traversée du désastre, du Neutre. Dans une cohérence incantatoire, Lucien Raphmaj redessine une autre genèse de notre rapport stellaire à la nuit, de cet amalgame d’absence et d’animalité, d’ailleurs et de demain, qui enfin, collectivement, comme des constellations, être au monde.
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Capitale Songe

Extrait de ma chronique :



"Lucien Raphmaj est un blogueur, amateur de carcasses et de mondocame, mais c'est aussi (et avant tout) un (brillant) écrivain – ou plutôt un latérateur, comme il se définit lui-même, parce que son écriture emprunte (notamment) au cinéma certaines de ses atmosphères (on le verra).





Son premier roman, publié chez un éditeur qui accueille également Quentin Leclerc (Saccage) et Eric Richer (La Rouille, Tiger), est, comme Toxoplasma de Sabrina Calvo, une des rares réponses francophones (de qualité) au Neuromancien de William Gibson (une parenté soulignée avant moi par Nicolas Winter ou Hugues de la librairie Charybde).





Comme La Ballade de Gin & Bobby de Léo Henry, avec qui il partage une même passion pour les univers post-exotiques à la Antoine Volodine, mais aussi une inventivité stylistique certaine, c'est aussi, comme l'ont bien remarqué Viduité et Erwann Perchoc, un de ces livres qui réclament du lecteur ou de la lectrice un peu plus d'interactivité qu'un roman ordinaire, sur au moins deux plans, l'univers et l'intrigue."
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Capitale Songe

Une folle immersion poétique et policière dans un avenir bringuebalant où les rêves de capture et de puissance ont engendré leurs cauchemars logiques, hybrides et tout-puissants. Un réjouissant appel littéraire à la circonspection, à la résistance et à la lutte, tous azimuts.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/08/30/note-de-lecture-capitale-songe-lucien-raphmaj/
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Capitale Songe

Je ne suis pas une lectrice de SF mais je peux me plonger parfois dans différents univers, comme dans « le jardin statuaires ». Là, nous entrons sur les terres de "Capitale Songe », où vivent des IA : intelligences animales, des insectes mutants partout, des IV : intelligences animales vampiriques qui ont construit une banque rassemblant les rêves que ces IV ponctionnent sur les autres êtres et revendent, stockent, et en détruisent les traces. Et puis une mystérieuse substance V qui menace d’extinction tout ce monde grouillant et fantastique.

Des révoltés, des insectes ou animaux incroyablement puissants comme C 29, la révoltée, mante religieuse aux lames acérées ou Kiel Phaj C Kai Red, être dégénéré fabriqué et habité par Nova, et puis Véra qui veut supprimer le sommeil pour échapper au vol des rêves… un monde halluciné, sombre plein des vibrations des néons et pourtant pas si loin du futur que l’on est en train malheureusement de nous préparer à coup de pollution destructrice qui menace la race humaine et la Nature.

Monde incroyablement bien décrit avec des mots inventés, une langue formidable (j’aime beaucoup la mortalgie entre autres), le glossaire inséré au centre du livre indispensable et décalé, bravo d’ailleurs à l’éditeur qui a réalisé un bel ouvrage avec une vrai chorégraphie de pages noires et blanches donnant un tempo musical à la lecture.

Donc embarquez pour Capitale Songe, laissez-vous porter par la belle écriture de l’auteur, poétique, inventive car nous sommes là dans un récit onirique au charme puissant que vous n’oublierez pas. Etonnant pour un premier roman et prometteur aussi.

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Blandine Volochot

Un redoutable moteur d’inférence politique et poétique, né de fureur et de mystère par la collision des particules Blanchot et Volodine dans un accélérateur secret.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/08/17/note-de-lecture-blandine-volochot-lucien-raphmaj/
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Blandine Volochot

Des mythes en mutations, des nuits de morts renaissantes et mutantes, de désidération, de création d'une autre poétique, pleine de vides, de troués de langage, d'interstice  où le lecteur est invité à prendre place dans cette expérience, subjuguante, de perte du sujet. Blandine Volochot n'écrit plus des nuits, des vertiges, au carrefour de la critique et de la poésie, de la fiction et de son impossibilité, Lucien Raphmaj invente une parole de l'errance de l'hyperrêve et de l'ultramorphose. Laissez-vous happer par la pieuvre, l'hydre d'un imaginaire en mouvement.
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Capitale Songe

« Capital Songe » de Lucien Raphmaj (2020, Editions de l’Ogre, 320 p.), premier roman, très réussi, de cet auteur qui travaille dans les livres (tout comme les vers ou les commerçants anglais). C’est d’abord un livre à trois niveaux de lectures (au moins), avec à chaque fois une police et typographie différentes. Le texte du narrateur en noir sur des pages blanches (rien de bien nouveau). De la publicité ou des affiches néon (« Transe Transe Transe/ Lunar Vortex ») en police ombrée. Une sorte de voix off pur des commentaires en blanc sur des pages noires, dont un Glossaire de 14 pages, au milieu du livre. Dans ce dernier, on y apprend ce qu’est la plasmodium, quoique la formule et composition soient secrètes (heureusement). On nous explique aussi les différences entre les intelligences (I2, IA, IAh et IV). Point d’intelligence de service ou de cerveau droit ou gauche, toute cette ménagerie est fondue en intelligence animale, avec ses variantes et ses déviances.



Il faut dire que le roman nous plonge dans un futur, eut être pas si lointain, et que ce qui reste d’humanité se protège avec des masques d’insectes. James Joyce aurait écrit des masques d’incestes, mais c’était il y a un siècle, et le futur que l’on nous promet est plutôt asexué et afantasmé. Car la grande bataille de cette néo-société, capitaliste dans l’âme, c’est celle du sommeil et des rêves. Il convient de réfléchir à l’utilisation optimale de nos neurones, temps de cerveau disponible en 24/7. Fin des trois 8 (métro-boulot-dodo) pour une occupation totale de notre neuronique (boulot-boulot-boulot). Que restera t’il alors de temps pour la lecture d’évasion (Marx, Lénine ?). Pas grand-chose « Depuis, on ne traîne plus dans les couloirs de nos rêves. […] Le sommeil s’est anarchiquement réparti entre les espèces. / Les blattes respirent lentement. / Les mites courent toujours ».



Futur proche si lointain ? qu’en est’il alors des recherches sur le bruant à gorge blanche (Zonotrichia alicolis) de la famille des Passerellidés et de l’ordre des Passéiformes ? Non point que ce soient des zozios des Ponts et Chaussées ou des temps anciens. Non ces bestioles ont été intégrées à l’armée américaine pour leur capacité à voler plusieurs jours sans dormir lors des grandes migrations (Paris – Ile de Ré) contrairement au moineau domestique (Passer Domesticus), qui ne fait que des courts trajets (Place Clichy- Asnières).



Vous en aviez rêvé, Lucien Raphmaj l’a conçu et écrit pour vous. Et tout cela à Capitale Songe, une sorte d’île, de havre de paix et de bonheur. La semaine complète, nuit, pension, distraction et karaoké (le jeudi soir) pour 20 € dans toute bonne librairie indépendante ou aux Editions de l’Ogre. Par

contre pour accéder au Hortex, il est prudent de réserver ses places. Et roulent l’onarchie et le narcocapitalisme.



Des restes de nos antiques sociétés ? Vera à formes quasi humaine. Kiel Phaj C Kaï Red, autre Dissimulacre, tout comme C-29. On voit que tout ce joli monde n’a pas trop de difficultés à se faire délivrer des cartes d’identité standard aux services d’état-civil. Tout autour les autres (vous), les « sans-rêves, les sans-oublis, les sans-sommeil », cela remplace les sans-dents. Bienvenue dans « la cryptonation flottante de Capitale S [qui] rejoint l’océan qui la dissout »

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Capitale Songe

Très compliqué de résumer ce livre.

Une île : Capitale songe. Où les rêves sont une ressource. Plusieurs intelligences : IV, IA, IAh, I2. Des apparences insectoïdes. Une lutte de pouvoir, une pour le sommeil constant, l'autre pour l'éveil.



Je ne pourrais pas vous en dire beaucoup plus parce que je n'ai pas du tout accroché à l'univers. On a un lexique au milieu du livre qui nous explique quelques mots sur ce monde ahurissant. Le problème c'est que quand je l'ai lu, je devais tout le temps aller au milieu du livre pour chercher les définitions. Pas très pratique.



C'était trop tiré par les cheveux pour ma part. La moitié du temps je ne comprenais pas ce qu'il se passait.

Un long moment d'incompréhension sans aucune empathie, voilà comment je pourrais résumer mon expérience...
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Une météorite nommée désir

Quand la métaphore météoritique de la destruction à venir, l’obsession potentiellement amoureuse, le crypté et le spectre si visible s’unissent pour tenter une véritable désidération. Attention : vous dérivez dans une zone de chef d’œuvre.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/27/note-de-lecture-une-meteorite-nommee-desir-lucien-raphmaj/



Dans un monde en perte de sens et de signes qui ne soient pas ceux d’une devise ou d’une religion révélée, se pourrait-il qu’il y ait soudainement trop de signifiant ? C’est peut-être bien ce à quoi est confrontée l’héroïne de ce roman flamboyant comme une comète maligne : alors qu’elle tend déjà à interpréter (qui a murmuré « sur-interpréter » ?) les dessins et tracés (qui n’auraient donc rien d’aléatoire) créés par certains jeux pourtant réputés simples voire antédiluviens (justement ?) sur l’écran de son ordinateur (le Serpent de toutes les tentations), voici qu’elle reçoit un, puis plusieurs, SMS d’un genre particulier, puisqu’adressés, à elle et à elle seule, par une météorite lancée, inexorable, vers la Terre, pour une extinction qui dès lors ne semble plus faire aucun doute, à terme (en vingt-trois ans, la foi de charbonnier anthropique qui habitait l’« Armageddon » de Michael Bay, où rutilaient, sous leurs barbes de travailleurs de luxe à la fois si sérieux et si désinvoltes, les regards pénétrés de Bruce Willis, de Ben Affleck, de Steve Buscemi ou de Peter Stormare, ou celle du « Deep Impact » de Mimi Leder, où le même motif convoquait Robert Duvall, Jon Favreau ou Mary McCormack, semble bien avoir cédé le pas – définitivement ? – à l’incrédulité généralisée et à l’ironie doublement post-moderne du « Don’t Look Up – Déni cosmique » d’Adam McKay, où les sourires de plus en plus désabusés de Leonardo DiCaprio et de Jennifer Lawrence tiennent seuls lieu de viatique).



Mais est-ce vraiment du mystère improbable de la communication d’un anéantissement à venir dont il s’agit ici ? Rien n’est moins sûr.



En quelques textes flamboyants d’intelligence et de poésie subtilement concentrée, au premier chef son « Blandine Volochot » de 2020 (qui mixe intimement et logiquement le silence des espaces sidéraux qui serait celui de Maurice Blanchot et l’imprécation carcérale à géométrie si variable qui serait celle d’Antoine Volodine et des ses hétéronymes) et son « Capitale Songe » de 2020 également (qui explore, en détournant tous les codes du thriller, de l’espionnage et de l’exploration science-fictive, une nouvelle cohabitation complexe et ambiguë du machinique, de l’animal et de l’humain), Lucien Raphmaj a conçu un espace romanesque bien particulier, qui résonne subtilement de cette désidération qu’il construit sur d’autres terrains avec l’artiste Smith, l’astrophysicien Jean-Philippe Uzan et le studio Diplomates. « Une météorite nommée désir », publié chez L’Ogre en 2023, en offre une démonstration particulièrement éclatante.



En un ballet fiévreux et subtilement orienté où l’on retrouvera aussi bien le radiotéléscope d’Arecibo et la Jodie Foster de « Contact » (1997) que le Spoutnik et la papesse Kircher, Indiana Jones et ses adversaires nazis favoris que la chamane ombre de banlieue qui fut Kree, des flagelleurs mentaux d’époque (à moins qu’il ne s’agisse de ceux remis au goût du jour par « Stranger Things ») que la psychogéographie la plus subtilement métaphorique (car « la dérive est un art délicat »), ou encore « Die Hard » dans ses différentes incarnations musclées de la chute libre terminale (« Yippee-ki-yay, motherf*cker ») que les révoltes sur la Lune de Robert Heinlein ou de Ian McDonald, et tant d’autres signes à recevoir en pleine face ou à imaginer patiemment, Lucien Raphmaj dessine les contours rusés d’une poésie qui inverserait les postulats du si beau « Aniara » (1956) du prix Nobel de littérature Harry Martinson : non pas une poussée centrifuge et infinie en direction de l’espace profond, mais un appel centripète à prendre (enfin, avant qu’il ne soit vraiment trop tard) soin de cette planète-ci (on songera sûrement, en filigrane, au magnifique « Aurora » de Kim Stanley Robinson), au-delà des paradoxes apparents (car il y a bien ici, d’emblée, « une bête qui criait en moi au centre du monde », soeur jumelle et potentiellement maudite de celle « qui criait amour au cœur du monde » chez Harlan Ellison).



Loin, très loin du surplomb vaguement condescendant du récent ouvrage de Martin Hirsch (dont on vous parlera néanmoins prochainement sur ce blog), Lucien Raphmaj, au carrefour mouvant de la poésie expérimentale (mais ô combien accessible) et de la science-fiction la plus spéculativement pure, invente une solastalgie bien personnelle, avec un sens de l’obsession (amoureuse ou autre) digne de David Peace, et nous approche fort joliment de la zone du chef-d’œuvre à lire et relire.


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Une météorite nommée désir

Roman incroyablement envoutant qui se déguste. Les premières pages vous entrainent dans un jeu vidéo halluciné et puis vient le message. le message du portable de la narratrice, mystérieux, annonçant l'arrivée d'une météorite sur la terre. Et du réalisme de cette femme qui travaille en bibliothèque sans y trouver un réel intérêt, sans attache à ce monde, nous basculons dans ses peurs, ses doutes. La fin de la Terre ? est-ce que les messages qu'elle reçoit sont des virus ? et puis il y a Saïph, son phare dans cette vie qui lui fait peur et qui a disparu, mais qui sera le déclencheur de son incarnation.

Sa vision change, se broie et pour s'en rapprocher, elle s'implante une météorite. Transformation du corps, transformation des perceptions, je l'ai suivi dans ses différentes étapes de mue, devenir autre, retrouver la perception de la nuit et des étoiles. L'auteur en a fait son crédo avec le concept de la « désidération », désir et désastre.

Très à fleur de peau, de mots et de maux, une écriture brûlante, violente et poétique qui vous marque et vous donne envie de regarder autrement cette nuit que l'on oublie trop, ce monde que l'on tue chaque jour, ce désastre annoncé et que rien n'arrêtera.

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Une météorite nommée désir

Cosmogonie(s) du désir, de son absence, de son imminence, de sa sidération, de son désastre aussi : désidération. L'invention du ciel comme on rêve, on théorise (on relie les points d'une constellation) d'une contre-nuit, d'un contre-ciel comme à l'écart des angoisses, de leurs technologies, de leurs images, contemporaines dont ce roman se fait, pour ainsi dire, techno-prophète. Sous ses allures de scénarios de film, sous ses dehors d'un monologue halluciné, au seuil du solipsisme, Une météorite nommée désir interroge la finalité (le sens et la possible révélation) de tout récit. Dans un dense réseau de métaphores, dans un parasitage parfois de la narration par le commentaire, Lucien Raphmaj donne à voir ce que serait l'espoir du ciel, nos inquiétudes de la fin du monde, pour mieux interroger nos coupures du cosmos dans un monde sans désirs.
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Capitale Songe

Capitale Songe est un roman de science-fiction de Lucien Raphmaj qui mêle Weird Fiction et Biopunk. L’auteur décrit une ville insulaire, Capitale Songe, où vivent des posthumains, des Intelligences Artificielles devenues Vectorielles ou Vampiriques, qui achètent et absorbent les rêves de ce qu’elles appellent les Intelligences Animales, qui se trouvent alors dépossédées de leurs expériences. Ce régime totalement déréglé est mis en danger par l’arrivée de la V, une drogue qui maintient les IA éveillées, sans aucune possibilité de dormir.

L’univers décrit par Lucien Raphmaj est organique, biomécanique, marqué par une altérité parfois radicale, et porté par un style qui peut l’être tout autant.

Je ne peux que vous le recommander.

Chronique complète et détaillée sur le blog.
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Contre-nuit

[....] Que vous soyez épris.e de fiction, de réflexion ou de poésie, que vous ayez les pieds sur Terre ou la tête dans les nuages, vous trouverez entre les pages de Lucien Raphmaj la promesse d’un voyage intersidéral singulier, ouvert et maîtrisé. Pro/p(r)ose Magazine ne peut donc que vous recommander chaleureusement l’exploration de cet ouvrage des plus singuliers. [...]



Retrouvez l'intégralité de notre chronique entre les pages de notre bimestriel littéraire et culturel en ligne le dernier dimanche tous les deux mois .
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Une météorite nommée désir

[...]C’est un roman foisonnant et cosmique que livre Lucien Raphmaj qui parvient à nous emporter dans sa constellation dès les premières pages et entend comme le décrit l’écrivain ausculter cette « sensation d’avoir perdu le ciel et le sens du monde qui va avec ». Un roman qui fourmille d’humour et de densité. Un roman, en somme, à la fois léger et intense. Usant d’un style souple et blanc, Lucien Raphmaj possède ici l’art et la manière, tordant la langue à sa guise pour forger en quelques coups des images vives et poétiques comme des comètes se détachant d’une voûte d’étoiles. [...]



Retrouvez l'intégralité de notre chronique entre nos pages numériques
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Blandine Volochot

[...]Dans une hypernuit prodigieuse, Blandine Volochot apparaît comme avatar interstellaire (re)posant à l’infini la question complexe et essentielle de l’absence et de la disparition. Par-delà, se projette une vision de la littérature possédant sa propre poétique et servie par une écriture en fusion, magma hybride décloisonnant les genres littéraires pour s’en créer un nouveau. [...]
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