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3.88/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1967
Biographie :

Ludmila Charles-Wurtz est maître de conférences en Langue et littérature françaises à l’Université de Tours.

Elle est l'auteure d'une thèse sur la poésie lyrique de Victor Hugo (Poétique du sujet lyrique, Champion, 1998) et a proposé un commentaire (Gallimard, " Foliothèque ", 2001) et une édition annotée des Contemplations (Le Livre de Poche, 2002).



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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait pris l’habitude de vivre pour les autres depuis si longtemps ! Ils avaient eu besoin d’elle ; mais Pavel était presque tout le temps en Angleterre, maintenant, et Petra grandissait. Une personne en moins de qui se soucier, c’était comme une perte d’équilibre, et elle éprouva le même vertige qu’après un faux pas, pendant la fraction de seconde où l’on se sent chuter sans plus pouvoir se rattraper à rien.
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Des câbles d’acier obliques, gros comme le bras, reliaient le pont à un pylône énorme. Un soleil de cuivre – disque rouge d’où irradiait une lumière froide – décrivait un cercle parfait dans le ciel sans couleur. Des mouettes immobiles étaient balancées par les remous du fleuve, les branches cassées charriées par le courant s’enchevêtraient contre les piles du pont en un nid monstrueux. Elena s’accouda au parapet. Sur la rive, des grues écrasaient le sol de tout leur poids de ferraille, comme pour résister à l’aspiration qui tirait vers le ciel les bouffées de fumée qui s’échappaient des cheminées d’usine, les nuées grises d’oiseaux. Il lui suffirait de relâcher ses muscles pour être balayée à son tour, comme ces papiers imprimés qui tournoyaient au ras du sol, s’élevaient brusquement dans les airs.
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La mère d’Elena mourut l’année où le pays se scinda en deux. Ce ne fut pas un bouleversement. Elle était vieille, et très malade depuis longtemps. Elena ne se souvenait pas d’elle autrement que fatiguée, le souffle court, en sueur au moindre effort. Mais elle se figea, comme un arbuste qui a subi une gelée au printemps ; ses feuilles sont vertes, il se dresse bien droit, mais il ne pousse plus. Puis ses feuilles dessèchent et jaunissent d’un coup. Cela ne se vit pas tout de suite, parce qu’elle eut beaucoup de choses à faire : il fallait s’occuper de l’enterrement.
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Au lieu de se mettre en colère, elle se dit, et voilà. Il lui semblait que la maladie était le prolongement logique de l'ennui, de ce désoeuvrement qui était désormais tout ce qu'elle avait à donner en partage. Elle ne se révolta pas. Elle essaya de guérir, bien sûr, et fit même un long séjour à l'hôpital.
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Elle sentait qu’elle aurait dû se redresser, ouvrir les yeux, mais il y avait une infinie douceur à se laisser glisser dans le vide, à se diluer hors de soi.
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Elle cédait par timidité, et pour ne pas dévoiler ses désirs. Il faut être réaliste, lui répondit sa mère lorsque Elena se plaignit des projets que sa soeur avait formés pour elle, ça ne sert à rien de t’entêter. La vieille femme avait l’inertie des roches éboulées : son corps était un bloc de pierre innocemment brutal, indifférent à lui-même comme à ce qu’il écrasait.
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Elena leur ressemblait, traversée d’émotions qui n’étaient pas les siennes, envahie, désertée. Je ne pleure pas, ce sont les choses. Un torrent grondait sous terre, cherchant l’issue, et jaillissait parfois à la surface d’un visage. C’étaient des larmes très anciennes ; elles n’irriguaient ni n’érodaient rien, elles ne tarissaient pas.
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L’ennui enveloppait chaque geste d’une épaisseur ouatée ; peut-être Elena ne quitterait-elle jamais la maison, prisonnière de cette torpeur qui rendait l’avenir moins désirable. Son corps prolongeait celui de sa mère ; des rêves amers, transmis de génération en génération, parvinrent jusqu’à elle.
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Bien sûr, Adam, quand il était là, était toujours un peu absent; il lisait beaucoup, ne participait pas aux conversations. Mais on le considérait comme un invité, il fallait lui faire honneur: pour lui complaire, on se mettait à regarder les choses de son point de vue, et l'univers se décentrait. Sans lui, la vie normale reprit son cours, et c'était comme si Magda n'était jamais partie.
Elle disait "nous" pour parler des gens de Nove Mesto, et Elena ressentait chaque fois une brève douleur, comme la piqûre d'un dard dans un repli de peau très tendre.
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Ludmila Charles-Wurtz
Bien sûr, Adam, quand il était là, était toujours un peu absent; il lisait beaucoup, ne participait pas aux conversations. Mais on le considérait comme un invité, il fallait lui faire honneur: pour lui complaire, on se mettait à regarder les choses de son point de vue, et l'univers se décentrait. Sans lui, la vie normale reprit son cours, et c'était comme si Magda n'était jamais partie. Elle disait "nous" pour parler des gens de Nove Mesto, et Elena ressentait chaque fois une brève douleur, comme la piqûre d'un dard dans un repli de peau très tendre.
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