Quelques vers de Victor Hugo, une chanson de Bashung, voilà de quoi panser certaines plaies des héros de ces huit nouvelles de Ludovic Joce.
Souvent solitaires (abandonnés, sur le point de l'être, âgé, veuve...), obnubilés par la nourriture , leur carrière ou simplement par une paire de chaussures de marque, gens de peu ,comme les appelait avec tendresse Pierre Sansot, l'auteur fait entendre leur voix, tantôt mélancolique, gouailleuse ou oppressée, avec délicatesse et empathie. Le temps est suspendu et l'on n'oubliera pas de sitôt l'image de ce "gâteau au chocolat couronné de trois bougies blanchâtres aux mèches noircies" aperçu dans un réfrigérateur.
Ludovic Joce confirme tout le bien que je disais déjà de cet auteur.
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Qui mieux qu’un éducateur spécialisé pouvait décrire de l’intérieur le fonctionnement de cette profession ? L’auteur plante le personnage central de son premier roman au cœur d’une maison d’enfant à caractère social. Avec pour décor, le quotidien des douze enfants accueillis, se joue le sort de Loïc, un professionnel d’internat confronté à un véritable tourbillon mêlant tout en les articulant, étroitement et confusément, vie privée et vie publique, douleur de l’existence et opportunité pour s’en sortir, tragédie personnelle et destin des enfants placés.
Cet ouvrage ne retient pas seulement l’attention pour sa belle écriture et son rythme cadencé. Il va creuser au plus profond de ce qui motive et perturbe, anime et bouscule, stimule et dérange beaucoup de ces adultes payés pour se confronter à la détresse de ces mômes si jeunes et pourtant déjà si fracassés pas la vie. Bien sûr, il y a ceux qui se protègent, en assurant le minimum requis ou en ne pensant qu’à leur carrière. D’autres préfèrent se réfugier derrière des schémas théoriques. Loïc, ravagé par un drame personnel, va transgresser les limites imposées par la profession. Reviennent de façon récurrente des questions dont la résolution est traditionnellement considérée comme un pré requis, pour exercer ce métier : puis-je être meilleur parent pour cet enfant que sa propre mère ? Comment résister au transfert massif qui m’envahit ? Jusqu’où doit aller mon implication ? Que faire pour continuer à protéger un enfant, quand le dispositif légal s’arrête ? Comment réussir à gérer mon sentiment d’impuissance ? Notre profession a pris l’habitude de s’abriter derrière la fallacieuse « bonne distance ». Ludovic Joce dynamite avec bonheur cette préconisation. Certes, pour les plus orthodoxes, l’illustration extrême qu’il propose ne fera que les confirmer dans leur conviction. Pour les autres, la trame de cette fiction viendra ébranler les évidences qui n’en sont pas vraiment. Et, elle les incitera, un peu plus encore, à s’engager dans la quête d’une authentique rencontre qui a bien peu de chance de se réaliser, quand on se limite au rôle de technicien de l’éducation distancié, neutre et désaffectivé.
Le roman commence brutalement par la sortie de prison du personnage central. Tout au long des pages, on ne cesse de s’interroger sur ce qui a pu l’y amener. On ne le saura qu’à la fin du récit. Que le lecteur ne compte pas sur cette chronique pour le lui révéler. L’intrigue tisse sa toile avec talent et suscite une avidité de lecture qui ne s’apaise qu’une fois la dernière page tournée, laissant toutefois un sentiment de trop peu, tant on aurait voulu que le propos perdure. C’est avec regret que l’on quitte Loïc, l’avenir qui s’offre à lui s’ouvrant sur un ensemble des possibles que l’auteur se garde bien de limiter. Ludovic Joce laisse le lecteur libre de donner cours à son imaginaire pour concevoir la suite.
Jacques Trémintin
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Loïc a fait la connaissance d'Hélène qui l'a guidée vers le métier d'éducateur spécialisé. Ensemble, ils ont eu une petite fille, Manon.
Jusqu'au drame, une ceinture oubliée et c'est la descente aux enfers pour Loïc qui culpabilise et se noie dans l'alcool pour tenter d'oublier.
C'est difficile de ne pas trop dévoiler l'histoire, alors je m'arrête là. La suite, vous l'imaginez déjà, c'est un long travail de deuil que Loïc va devoir faire.
Ce roman très réel de par l'histoire, mais aussi les lieux choisis qui peuvent être familiers pour certains, ne m'a cependant pas captivé. Pourtant, le style et l'écriture employés par l'auteur sont remarquables. Mais, je pense tout simplement que je n'accroche pas toujours à ce genre, le récit de vie.
Merci à l'opération Masse critique et au partenariat avec les Éditions du Jasmin qui m'a permis de découvrir un auteur, Ludovic Joce, dont j'ai apprécié la plume.
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Une lecture qui chamboule, transporte, hypnotise.
Un recueil de nouvelles ciselées. Des tranches de vies cabossées auscultées par une plume envoûtante.
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Quand il apprend que la mère de son fils de deux ans va déménager à l'autre bout de la France, Dylan pète un câble. Et un câble, il en avait déjà pété un dans le bureau de la juge lors de son divorce. Ce qui lui avait valu d'être interné dans un hôpital psychiatrique.
Mais Dylan est porté par un amour fou, absolu, pour son gamin et , il faut bien l'avouer , n'a pas l'habitude de penser aux conséquences de ses actes. S'enclenche alors une fugue chaotique qui ne pourra mener qu'à la tragédie...
Avec beaucoup de sensibilité et en 137 petites pages, Ludovic Joce parvient à nous émouvoir et à rendre palpable ce qui anime ces êtres trop tôt malmenés par l'existence. Des êtres qui ne maitrisent ni leurs mots, ni leurs émotions , mais ont-il eu vraiment la possibilité de faire autrement ? Un très bon contrepoint masculin au roman de Véronique Olmi, Bord de mer.
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J'aime l'écriture de cet auteur pour son style brut et incisif: à la manière d'un Bukowski et d'un Miller, ce auteur écrit à la "cerpe": il pose le cadre des situations, des lieux, des psychologies de manière direct et sans fioritures m.
Il ne passe pas 30 lignes à décrire, il préfère suggérer. Et c'est a mon sens une force car en tant que lecteur on se projette plus facilement.
Ici est laissé une liberté pour se créer mentalement les lieux, les personnages et de fait s'approprier le propos.
L'exemple du passage sur l'hôpital psy est particulièrement éclairant : on sait où l'on est mais il est laissé assez de latitude aux lecteurs pour se représenter lui-même les choses.
Ce passage est particulierement bluffant dans la mesure où la psychologie du personnage colle vraiment à ce qu'on pense en ce genre de lieu.(bipolaire j'ai été hospitalisé plusieurs fois et me suis reconnu dans les pensées du personnage principal. Les propos sont dur mais l'auteur saisi bien cet entre deux monde où une sorte de tempête intérieure rend les situations et les pensées particulièrement violentes.
J'aime beaucoup ce que Ludovic Joce distille entre les lignes, ce que j'appelle les digressions...
L'air de rien, en quelques phrases, il peint le tableau de la réalité économique et sociale de l'hôpital avec le regard acéré de l'observateur attentif et pas dupe.
De même, le passage au juge est particulièrement acéré tant dans le propos que dans l'observation.
Oui les femmes juges se rangent quasi systématiquement du côté de la mère quelque soit ces antécédents...Ce passage m'a chamboulé car j'y revivais des heures sombres de ma vie personnelle où j'ai été confronté au même aléas que le héros.
L'écriture est nerveuse. C'est une observation au scalpel et on lit entre les lignes un désenchantement salvateur.
C'est dur, sans fard, et intense..Une chatte est une chatte et ce n'est pas gratuit.
C'est brut, violent, vrai.
Ludovic Joce ose, libéré un peu plus a chaque écrit de ce que les lecteurs vont pouvoir ressentir ou penser...(cf. l'excellent "point de gravité, son premier roman).
Plus libre peut-être. Plus vrai sûrement.
Je me demande ce que donnerai un livre sur l'hyper-violence écrit par cet auteur qui ne cesse de se bonifier au fil de ces écrits.
Clairement on est loin de l'écriture aseptisé du moment où les héros sont des bisounours.
Et çà fait du bien de lire un auteur qui ose mettre ses mains et ses mots dans la merde!!!
Dans le déroulé de l'intrigue, je suis marqué par le sentiment de l'inexorable, du climax: par bride, comme un peintre impressionniste, il sait faire naître des sentiments oppressant et l'on sent que çà ne peux pas bien se terminer.
Çà sent la tristesse, le désarroi, la puanteur des sentiments humains médiocres...
Les "béni de la crêche" qui veulent des bons sentiments partout n'aimeront pas ce livre.
Ceux qui comme moi ont mis leurs mains et leurs tripes dans cette même merde au risque de ne pas en revenir vont l'adorer.
L'auteur a le sens du récit et le rythme est indéniable. On a envie a chaque chapitre de connaître la suite....
Je n'arrête pas de me dire que Joce devrait travailler un scénario, une adaptation car il nous laisse a lire une écriture graphique, très cinématographique...
La désespérance s'exprime sans concession (je cite):
"Mais Dylan n'avait jamais vraiment su où se situaient les limites.
De la folie. de la normalité. de la légalité. de la morale. de l'acceptable. de la souffrance.
Il avait toujours été en marge. Ou sur le fil du rasoir. A la merci de ses excès. Et de ses emballements"
Ou comment en quelques phrases dresser un portrait des "autres", de ceux qui ne ressemble a personne.
Des "dingues et des paumés" comme le chante hubert felix thiefaine..
De ceux qui dérange et dérangeront toujours.
Quand on lit "point de gravité" et "rien n'y personne" il saute aux yeux que l'auteur aime les points de rupture.
Entre les lignes, on comprend qu'une situation, un événement peut amener un être ordinaire a se perdre et a tout perdre.
Mais les héros sont attachants et malgré leur mal-être on sent un profond désarroi mais aussi beaucoup d'humanité.
Il met en le lumière, sans l'ombre d'un jugement les "oublies"," les paumés" et démontre (entre les lignes) que dans des circonstances particulières chacun peut devenir loup.
C'est écrit au scalpel, de manière abrupte mais l'humanité y est totalement sous jacente...
Il n'excuse pas, ne juge pas.
Il expose l'histoire, les héros mais n'affirme rien laissant aux lecteurs la responsabilité de ses ressentis.
C'est là que c'est intéressant car si personnellement il ressent une tendresse particulière, une empathie pour les "fêlés", les paumés, il ne le dit jamais.
Au coeur de ce noir, on ressent beaucoup d'humanité.
Quand l'auteur raconte la descente aux enfers de l'héroïne, la drogue etc...il survole, ne se sent pas obligé de rentrer dans les détails.Comme si c'était tristement banal et que tout le monde connaissait çà.
Chacun se fait ses propres images, mais insidieusement l'auteur laisse entendre que la merde est tristement banale et qu'elle est partout.
Ce genre de non-dits dit beaucoup et installe la noirceur des personnages et de l'histoire.
Encore une fois, Ludovic Joce a l'art d'installer une ambiance en peu de phrases.
Le lecteur est balancé dans l'intrigue: là où certains auteurs prennent les lecteurs par la main pour les guider, ici est pris le partie de le jeter sans filet dans le fumier!
D'où mes références à Henry Miller ("sexus") qui raconte froidement et sans retenue aucune comment lui le paumé est devenu un écrivain. C'est abrupt, sans filtre, noir et çà chahute.
L'écriture se débarrasse du superflu pour n'aller qu'a l'essentiel. Même si ici, l'essentiel est entre les lignes!
La finesse et la subtilité s'invente dans de nombreux chapitres: ainsi Dylan sait que sa vie sombre, qu'elle est noir, triste. Mais c'est contrebalancé par l'amour ressenti pour son fils.
Ça ne peux que me toucher personnellement car au plus noir de mes défaites, cet amour filial me tenait. Vraiment l'auteur à le sens du non-dit: là où des écrivains auraient fait phrases sur phrases pour décrire cet amour, lui met en exergue la pudeur et installe une impression. Pas besoin de long discours, on comprend et surtout, on ressent.
Et on a envie que ça se termine bien pour ce paumé de Dylan diablement humain dans sa détresse...
Même si l'on sent inévitablement venir le drame.
Mais l'auteur à l'intelligence de donner aux lecteurs la liberté de penser ce qu'il veut des actes du personnage principal.
Victime, coupable, responsable rien n'est si simple et en creux demeure une critique lucide de nos sociétés qui se complaisent à ériger des statuts aux héros et des tombeaux aux salauds.
L'auteur a bien compris que le manichéisme est une fainéantise de l'esprit et que rien n'est jamais plus compliqué que de juger l'histoire et les actes d'un homme.
J'ai adoré ce livre sec, nerveux, violent...et pourtant si humain.
Adoré ces non dits qui veulent tellement dire...
Adoré cet écriture scalpel.
Pour moi, c'est une réussite même si je m'attend a des réactions mitigés de petits bobos frustrés qui ne connaissent rien de la douleur, de la violence des sentiments et au fond de la vie...
Il y a de la lumière et de la beauté même dans les égouts de la psyché humaine.
Sobre, direct, précis, froid et sans concession mais non dépourvu d'humanité, je me suis véritablement régalé, sans jamais m'ennuyer.
Mon seul petit bémol vient du format du livre. On trouve ce genre de format pour les poèmes japonais et je ne suis pas certain que ce soit l'idéal pour une exposition en librairie ou pour mettre en valeur la qualité du texte.
Mais cela n'empêche rien la qualité de lecture, j'émets juste une impression personnelle.
Les livres de Joce tournent autour de problématiques très actuelles tel la perte de repères, la dépression, la place du père dans une séparation...
Ce texte et fort, et je ne peux que le conseiller vivement !
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Tout le monde a peur de "La Jungle", mais est-ce qu'au moins quelqu'un a osé s'en approcher ?
Arrivé depuis peu à Calais, Lucas décide d'explorer les alentours avec son skate et son chien Malabar. Un trou dans le goudron le fait lourdement chuter et il se retrouve blessé, devant le gigantesque camp de migrants appelé "la jungle". Un garçon nommé Seyoum va venir en aide à Lucas, l'amener dans sa cabane et s'occuper de sa blessure, avec son frère et son père. De retour chez lui, Lucas va peu à peu changer son regard sur les migrants, l'altérité et la vie en général.📗
Un livre court qui raconte l’essentiel pour dédramatiser tout en expliquant .
Les mots sont simples, accessibles et pourtant percutant .
Parceque l’inconnu fait peur , parceque les médias font peur , il y a des hommes et des histoires pour aider à comprendre .
Ce livre est touchant, j’ai travaillé avec de jeunes migrants, on ne sait jamais tout de leurs histoires, de leurs vies mais l’humain ne doit jamais s’oublier .
Un très bon livre pour les jeunes lecteurs qui veulent s’ouvrir au monde qui les entoure.
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L’incipit : »Dernier sas »est un miroir qui va se fissurer, trop vite, trop douloureusement. L’entrée est fracassante. Le lecteur marche à reculons, ne quitte pas des yeux Loïc, le narrateur et protagoniste principal, le borde de raison. C’est un récit qui vit, s’agite et foudroie. Le lecteur ne bouge plus, retient les gestes de Loïc, son désespoir en creux de vagues, sa déchéance, son pas de côté. Loïc tire les rideaux inaltérables, souffrances et batailles emmêlées, vacille sous le joug des évènements qui vont monter crescendo. Retenir le pourquoi, ne pas dire l’ultime. Ce récit est si prenant qu’il somme les faits divers de se taire. Un rai de lumière passe dans cette écriture subrepticement. Le lecteur ne perçoit rien encore, tout se passe en invisibilité. Délivre Loïc, tels des morceaux de puzzle qui vont s’assembler, en diapason d’une espérance qui va s’éveiller en aurore de gravitation. Le lecteur écarte les pans de ce tumulte intérieur. Admire l’écriture douée, rauque, d’un sanglot qui se retient, sur la majuscule de cette encre érudite. Loïc était, n’est plus, revient à la vie, frêle et titubant, emblématique de cette tendresse fraternelle. « Elle m’a demandé si j’avais une photo de ma fille. J’ai sorti mon portefeuille. –Là voilà, c’est elle. Elle l’a trouvée jolie. –On se ressemble un peu, tu ne trouves pas ? Je n’ai pas répondu. »Loïc pénètre dans le cercle d’une normalité, cabossée, il est néanmoins compatissant et protecteur et sera pour l’enfant attachante l’issue de secours à double sens. C’est si beau ici, dans ce point de gravité qui a trouvé son axe, tel l’outil spéculatif qui élève et consent. Ce récit n’a pas de point final. Il devient un horizon à réinventer. Du linge claquant au vent des certitudes à venir. C’est un joyau, une rédemption en robe lactée. Une histoire réaliste qui ne laisse pas indemne et qui ouvre la porte sur l’avenir. « Qui sait ce que nous allons faire de ce que la vie a fait de nous. »Ludovic Joce vient de mettre au monde une gamme majeure. Publié par Les Editions Du Jasmin, reçu grâce à l’opération Masse-Critique de Babelio « Point de Gravité » est une merveille à l’aube née. Merci !!!
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Comment évoquer pour les enfants le thème des migrants sans tomber dans la mièvrerie ou le voyeurisme ?
Ludovic Joce y parvient avec une grande délicatesse en relatant la rencontre fortuite (et brève) entre Lucas, arrivé depuis peu à Calais et Seyoum, un jeune africain qui habite La Jungle.
En quelques pages, illustrées avec beaucoup de douceur par Nathalie Lagacé, le jeune lecteur peut prendre contact avec une réalité dont la brutalité n'est pas gommée, mais évoquée par petites touches. Un héros qui évolue au fil du texte et des personnages qui resteront gravés dans la mémoire font de ce roman une réussite.
Éditions Alice 2022.
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Dans ce petit livre jeunesse, nous suivons Lucas qui vient de s'installer à Calais avec ses parents. Un jour qu'il se promène, il se blesse et se fait aider par un jeune garçon qui le ramène dans la Jungle de Calais. Peu à peu, Lucas va se questionner sur cette jungle et la condition des migrants.
C'est une petite histoire simple et accessible avec des mots de la vie de tous les jours qu'un enfant peu comprendre.
Lucas se questionne et évolue tout au long de l'histoire. Le lecteur, comme Lucas se questionne.
Ludovic Joce donne de nombreuses clés aux enfants pour se questionner et entamer le dialogue avec leur entourage, creuser la question. Chaque chapitre traite d'un point de vue différent quant aux migrants et aux problématique engendrées.
Le lecteur rentre dans le quotidien de Lucas auquel il peut s'identifier facilement.
Ce livre est accessible et permets d'ouvrir les enfants à cette problématique et sur la réalité des choses. Cet ouvrage est très réussi!
Et pour notre plus grand plaisir, des illustrations ont été disséminées dans le livre.
Un grand merci aux Editions Alice Deuzio de m’avoir envoyé ce livre dans le cadre d’une masse critique. Une très belle découverte !
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Une histoire hyperréaliste qui vous retourne les tripes (sans pathos), une écriture vive et imagée, un style qui claque... que demander de plus ?
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Loïc sort de prison. A la suite de quel problème a-t'il été incarcéré ? nous ne le saurons qu'à la fin du roman. Une jeune femme l'attend dehors et l'emmène directement au bord de la mer, tout au nord, là ils ont ils tous deux des souvenirs.
Loïc se remémore le passé, l'enfance pas très gaie, puis la rencontre avec Hélène, la naissance de sa petite fille, Manon, sa lumière. Un drame, dont il se sent responsable, va tout lui enlever. L'alcool achèvera d'en faire un quasi-zombie, avalant tout ce qu'il peut jusqu'à ne plus se rappeler de rien au petit matin.
Loïc a mis son métier d'éducateur entre parenthèses, incapable de l'exercer dans l'état où il se trouve, jusqu'au jour où une rencontre fortuite avec une collègue lui permet de revenir. Mais hanté par le souvenir de Manon, pourra-t'il tenir sa place auprès d'enfants diversement fracassés par la vie ?
Deux thèmes se dégagent de ce roman. Celui de la perte et du deuil impossible à faire pour Loïc et d'autre part, l'amour qu'il a de son métier et des gosses dont il s'occupe, aux réactions aussi imprévisibles que les siennes.
Le métier d'éducateur est rarement évoqué dans les romans et il est montré ici sans angélisme, dans sa réalité brute, avec ses hauts et ses bas. La fragilité de Loïc ne va pas faire bon ménage avec l'exigence du quotidien et on tremble en sentant venir les problèmes.
Une histoire que l'on suit avec une certaine anxiété, tant Loïc apparaît comme une marmite dont le couvercle est toujours sur le point de sauter, débordé par des sentiments contradictoires ..
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Roman jeunesse gagnée lors de la masse critique Babelio dédiée, je les en remercie pour cela.
J'étais très curieuse de voir comment serait abordé la question très délicate de la jungle des migrants de Calais dans un livre jeunesse et je dois dire que je suis agréablement surprise.
Non seulement cela permet aux plus jeunes d'appréhender la question de l'immigration et de la jungle de Calais, d'en prendre conscience, mais également de réaliser que finalement, le plus gros fossé entre ces migrants et les calaisiens n'est pas la différence de culture, de langues...mais leurs propres peurs respectives. Il était très intéressant d'alterner les points de vue : notre jeune héros, ses parents, les migrants...
Bien évidemment, nous sommes dans un livre jeunesse donc, de mon point de vue d'adulte, le sujet n'est que peu approfondi et présenté peut-être un peu naïvement (bien que la bagarre entre les migrants tend à démontrer que tout n'est pas idyllique et simple, même entre eux).
Je pense donc sincèrement que c'est un très bon livre jeunesse pour découvrir ce sujet. J'ai bien aimé les illustrations et l'objet livre est très agréable (d'une taille facile à tenir en mains et la police d'écriture est très confortable)
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