Quand je le vis, je sus que ça n'avait pas de sens de lui demander ce que c'était.
Le phénomène ne fit que s'amplifier. Rares étaient ceux qui n'avaient pas entendu parler de ce garçon mal coiffé qui prétendait vivre dans la forêt...
qui expliquait comment estimer son empreinte carbone et vivre en économisant les ressources de la planète. Un garçon que les scientifiques qualifiaient de prodige... mais qui parlait aussi d'une extinction de masse sans précédent provoquée par l'Homme. De l'imminent écroulement de l'écosystème. De l'humain comme puissance géologique.
Une puissance dévastatrice qui n'épargnait même plus la réserve protégée où il avait installé son campement.
Une puissance capable de provoquer une crue soudaine qui ravageait tout sur son passage en une nuit, puis d'assécher un fleuve entier l'année suivante.
Dans le monde entier, des jeunes postèrent des photos de leurs mains fripées par l’eau avec le hashtag #futurhumide “pour protester contre ce monde qui avait laissé ses terres se faire engloutir par les océans… Au profit des générations précédentes qui voulaient manger de tout à n’importe quelle saison et parcourir le monde en avion.” selon les propos d’un journaliste qui avait eu la chance de rencontrer Eartboi.
Cette nuit-là, un voisin a vu quelqu'un marcher dans cette direction. Or Sho a toujours aimé les champs. Il y a sans doute passé toute la nuit. En tout cas, on peut dire qu'il n'en est plus revenu. Car celui que sa mère a retrouvé dans la rosée du matin n'était plus son fils.
Mais nous avions tous suivi un chemin similaire : nous étions restés des marginaux. Rien n’avait changé. Certains s’étaient rapprochés de la vie, d’autres de l’abîme.
Son amour avait à la fois ouvert et enfermé son esprit.