AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Madame de Sévigné (61)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Lettres

Lu chez la Pléiade, cela va sans dire. Il fallait que l'extérieur soit digne du contenu. En tant que dix-septièmiste revendiquée je suis tout sauf impartiale, alors disons simplement que cette édition est comme toujours plus que parfaite, et que l'auteur, si elle n'était pas une mère plus que parfaite, fut une conteuse, une mémorialiste, une pipelette absolument délicieuse. Il faut prendre le temps de savourer la lecture, d’éplucher les notes, de rêver les costumes, les châteaux, les mets, les musiques, en essayant de reconstituer le langage étonnamment rocailleux et « terrouère » de l’époque. Vaut le voyage, vraiment.
Commenter  J’apprécie          102
Lettres choisies

À l'occasion de la sortie du film sur Mme de Sévigné, je ressors mon vieil exemplaire folio classique pour en lire la préface, que généralement j'ai tendance à ignorer.



J'attends de Roger Du chêne qu'il m'apporte quelques appréciations sur la rédaction des fameuses Lettres qui ont fait la gloire de la Marquise.

Cette noble et illustre épistolière, qui a vécu éloignée de la Cour, s'appliqua à faire une chronique à la fois juste et spirituelle de son siècle. Selon Mlle de Scudéry, la Marquise "écrit comme elle parle". "C'est à dire le plus agréablement et le plus galamment qu'il est possible. "

En effet, selon les témoignages, la conversation de Marie de Rabutin-Chantal était "aisée, divertissante et naturelle." Ses contemporains ne tarissent pas d'éloges sur sa vivacité d'esprit, ses remarques spirituelles et originales. Qualités qu'elle conserve en prenant la plume.

Ces qualités ne font pas d'elle une intellectuelle, au sens où on l'entend aujourd'hui. Elle écrit au gré de son inspiration, sans se relire, sans s'efforcer de se donner un style. Les émotions l'animent, elle s'adresse à des amis, à des proches. Ce qui rend ses lettres si vivantes et touchantes.



Ces précisions corroborent l'impression très décevante que j'ai éprouvée devant le film d'Isabelle Brocard, qui nous présente une mère névrosée, dépressive et solitaire.

Les dialogues sont d'une pauvreté affligeante, et les personnages sans nuance.

Le contexte historique est à peine évoqué, alors que nôtre héroïne a vécu intensément les événements de son époque. Ce film ne rend pas justice à cette grande femme de lettres, qui fut un bel esprit tout en conservant son indépendance en ces temps de monarchie absolue.
Commenter  J’apprécie          91
Lettres

Un grand classique de la littérature du XVIIe et un grand classique de la littérature française tout court. Grande dame de la bonne société fréquentant la cour, aux premières loges pour suivre les évènements de son siècle, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, n’était à priori pas un écrivain, mais a écrit beaucoup de lettres, ce qui n’avait rien d’exceptionnel à son époque. Une partie de cette correspondance a survécu, presque par hasard, car au XVIIe on ne gardait pas les manuscrits ni les lettres. Ainsi, sur les milliers de lettres écrites par Racine, seules 225 nous restent, grâce à ses fils, très dévoués à la mémoire de leur père. Dans le cas de Madame de Sévigné, c’est sa fille, Madame de Grignan, qui a gardé toute la correspondance envoyée par sa mère. La marquise a pourtant écrit toute sa vie à toute sorte de gens, mais peu de ces missives nous sont restées. Parmi elles, certaines des lettres adressées à son cousin, Bussy-Rabutin. C’est le premier à avoir publié sa cousine, il a inséré dans ses Mémoires quelques lettres de la marquise. Et ce sont ces dernières qui ont été remarquées, au point d’éveiller la curiosité et donner envie d’en éditer d'autres. Quelques éditions d’un nombre restreint de lettres paraissent, d’une manière quelque peu anarchique et sans l’accord de la famille. Pauline de Simiane, sa petite fille, charge donc un certain Perrin d’établir une édition « autorisée ». Un choix de 772 est établi, et les originaux sont brûlés. Perrin se permet des grandes libertés avec le matériel d’origine : il coupe, réécrit. Il faut être conscient que ce qui nous reste n’est qu’une sélection, et parfois infidèle à l’original. Il ne reste actuellement que 1120 lettres dont 764 à sa fille, 126 à Bussy-Rabutin et 220 à vingt-neuf autres destinataires. Pour seulement 15 % d’entre elles, le texte autographe a survécu.



L’essentiel de ce qui reste sont donc les lettre à Madame de Grignan. Tout simplement parce qu’elle les a conservées, ce qui n’a pas été le cas de tous les correspondants de sa mère. Et puis, parce qu’écrire à sa fille a été la grande occupation de la marquise, à partir de la séparation, suite au mariage et au départ dans le sud de la jeune femme. Deux, puis trois services postaux par semaine, aucun sans une lettre. Et cela pendant 25 ans. Les lettres ne s’interrompent que lorsque les deux femmes sont réunis, soit à Paris, soit en Provence. On a beaucoup écrit sur cet amour fou de la mère pour sa fille, qui s’oppose tellement à l’attitude raisonnable de la marquise par ailleurs, qui semble prendre la vie comme elle vient, avec une forme d’optimisme et d’enjouement. Les lettres à son cousin révèlent beaucoup d’esprit, une sorte de coquetterie élégante, une mise à distance. C’est une fine observatrice, par exemple ses comptes rendus du procès de Fouquet sont remarquables d’intelligence et de finesse. L’air de rien, sa vision de la cour, des maîtresses royales, montre qu’elle n’est pas dupe, qu’elle juge, mais tout est en suggestion, dans le choix des mots, qui laisse entendre, n’assène pas. Évidemment, on imagine que si certaines ont été plus explicites ou plus féroces, elles n’auraient pas été publiées, mais cela ne semble pas être dans la manière de la marquise.



Celles qui restent, disent le grand amour qu’elle éprouve pour sa fille. Elles sont plus caustiques vis-à-vis de son fils, et d’autres personnes. Étonnement libres aussi : elle n’hésite pas à évoquer les maîtresses du jeune homme, les maladies vénériennes, à se moquer de son peu de succès dans ses amours. On suit son existence, l’âge qui avance, les difficultés de gestion, les soucis d’argent aussi, la vie quotidienne dans sa propriété de Bretagne, les potins parisiens. Les petites choses de la vie en somme, qui rendent le XVIIe siècle si concret, qui le rapprochent de nous.



A découvrir, peut-être dans une sélection, si on ne sent pas le courage d’une trop longue lecture.

Commenter  J’apprécie          358
Lettres choisies

Les "Lettres choisies" de Madame de Sévigné plongent le lecteur d'une drôle de façon dans l'ambiance de la glorieuse époque de Louis XIV; c'est-à-dire elles ont été écrites par une personne exclue du cour du Roi Soleil et envoyées à d'autres personnes surtout sa fille qui étaient elles aussi en exile parce qu'elles étaient liées aux Frondeurs qui s'étaient opposés à l'idée d'une monarchie absolue à la personne du Cardinal Mazarin le principal ministre d'état en France pendant la minorité de Louis XIV.

Les "Lettres choisies" sont un festin pour les amateurs de la culture française du dix-septième siècle. On trouve chez Mme de Sévigné le même style et la même vision du monde que ceux de sa grande amie Mme de la Fayette, l'auteure de "La princesse de Clèves". Sévigné raconte des anecdotes intéressants sur la Rochefoucauld qui était aussi très proche d'elle. Elle décrit des premières des pièces de théâtre de Racine et des opéras de Lully. Elle parle beaucoup de ses auteurs préférés (Tasse, Arioste, Virgile, et Corneille parmi d'autres.) On aime Mme de Sévigné pour son grand enthousiasme pour la littérature et les arts

On accepte généralement que les lettres de Mme de Sévigné ont donné un très grand souffle au roman épistolaire. Mme de Sévigné a démontré tout le potentiel de genre. Dans ses lettres elle présente des portraits très complexe d'elle-même et de sa fille. Encore on voit l'évolution des attitudes et des émotions des individus dans ses épitres.

Les lettres de Mme de Sévigné vont plaire très peu aux lecteurs qui ne connaissent pas les œuvres des grands écrivains de l'époque de Louis XIV. C'est à vous de décider si vous avez le bagage nécessaire pour profiter.

Commenter  J’apprécie          00
Lettres

Marie de Rabutin-Chantal épouse Henri de Sévigné en 1644, le couple a deux enfants, une fille et un garçon. Mais la noblesse ne permet pas d'éviter la mort, c'est ce qui arrivera au Marquis lors d'un duel à l'épée. On comprend donc pourquoi sa femme est très attachée à ses enfants.

Le 4 février 1671 la fille de Madame de Sévigné qu'elle aime plus que tout est devenue comtesse de Grignan après son mariage et part vivre en Provence. Affligée par ce départ la marquise semble organiser sa vie autour de la correspondance qu'elle lui adresse.



Ces lettres du 17ème siècle ont l'intérêt d'être tout à la fois une chronique familiale, une gazette de la ville, de la province et de la Cour voire un journal intime.

On croise des personnes lettrées comme Madame de Lafayette ou La Rochefoucauld mais aussi des scènes dignes de Molière comme Madame de Sévigné l'écrit.



S'il s'agit du témoignage d'une époque et de ses moeurs, ces lettres montrent aussi une mère étouffante et possessive vis à vis de sa fille alors que ce n'est pas le cas pour son fils, sujet aux déconvenues. Elle répète qu'elle aime plus sa fille qu'elle-même et sa tendresse excessive devient affligeante d'autant plus que sa correspondance est rythmée de deux à trois lettres par semaine.

Je trouve aussi que la marquise De Sévigné semble plus préoccupée par la mode dépassée du chocolat que par les conditions de vie des nourrices de sa petite-fille, noblesse oblige. Pour autant, le langage tout en finesse et simplicité qu'elle utilise dans ses lettres traduit bien ses sentiments.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge Temps modernes 2023

Challenge Multi-défis 2024

Commenter  J’apprécie          100
Lettres inédites de Madame de Sévigné à Madame de..

C'est au premier abord une lecture assez fastidieuse, une relation épistolaire entre une mère à Paris et sa fille en Provence, pourtant, quelques anecdotes de cette époque, quelques envolées lyriques, d'innombrables richesses du français du 17ème siècle arrivent comme un présent et récompensent l'abnégation.



Ah, madame ! Vous lire est une leçon !
Commenter  J’apprécie          10
La Vie noble en province au XVIIe siècle (Cho..

Mon épistolière préférée que j'aime lire et relire pour sa verve et son esprit vif.

Dans ces correspondances, La Marquise se livre avec toute sa fraîcheur et son style précieux, une petite virée dans la Noblesse provinciale de Louis XIV.

Il y a de l'éclat en ses mots !!!
Commenter  J’apprécie          00
Lettres de l'année 1671

J'ai emprunté ce livre à la bibliothèque et ce fut une erreur. Je me suis assez vite lassée de la lecture quotidienne de long passages. Pour moi, c'est un livre à avoir sous la main et à lire sur une année, un peu au rythme des lettres, pour ne pas s'ennuyer des répétitions, de l'absence d'intrigue.

Parce que ceci dit, c'est plein d'entrain et d'allant dans ces lettres qui n'ont pourtant parfois que très peu de "matière". de plus, pour un livre écrit au XVIIe siècle, il y a une liberté de style tout à fait étonnante - et appréciable. Je suis persuadée que Mme de Sévigné respecte un certain nombre de règles de l'époque dans sa correspondance mais elle semble aussi s'en affranchir lorsque ça lui paraît nécessaire. On 'a jamais l'impression d'une intention rhétorique même si, bien sûr, elle en fait usage. .

Les lettres à sa fille constitue la grande majorité des lettres mais quelques autres correspondants se glissent dans le lot.

On pourrait penser qu'au XVIIe siècle, les relations parent-enfant seraient déséquilibrées mais j'ai été frappée par le fait que Mme de Sévigné considère sa fille comme une égale. Ca ne l'empêche pas de lui donner des conseils, mais jamais à partir d'une position d'autorité absolue. Peut-être pour conserver de bonnes relations avec son épistolière préférée ;)

Je reprendrai donc ce livre après l'avoir acheté, à un autre rythme, beaucoup plus lent, pour avoir une chance de l'apprécier pleinement, parce que c'est la nécessité de lire sur une courte période qui m'a gâché cette lecture.

Commenter  J’apprécie          114
Lettres choisies

Les lettres choisies de Madame de Sévigné ont un intérêt à la fois humain et historique. Elles forment une sorte de gazette de la cour et de la société, comme ont pu l’être les Historiettes de Tallemant des Réaux sur les règnes de Henri IV et Louis XIII.



Au jour le jour, nous apprenons comment on vivait à Paris, à la Cour, à la campagne ou à Marseille, quels étaient les sujets de conversation (la mode, les fontanges, la découverte de la douche, le chocolat), comment on jugeait les nouveaux livres et spectacles (la première représentation d’Esther), comment on voyageait et se déplaçait (le carrosse renversé, l’incident sur le Rhône, les difficultés de la poste).



Comment se préparait un mariage (le mariage de la Grande Mademoiselle et du duc de Lauzun), se perdait un procès (celui de Nicolas Fouquet), comment un cuisinier pouvait se suicider pour un problème de marée (Vatel), comment on exécutait une sorcière (la marquise de Brinvilliers), ce qu’était un salon…



Ces lettres complètent à merveille la grande et la petite histoire du XVIIè siècle : la marquise donne des détails précis sur le procès de son ami Fouquet, sur le mariage de la Grande Mademoiselle et du duc de Lauzun (ma lettre préférée, d’une grande virtuosité), sur la mort de Turenne, de Vatel, de la Brinvilliers et de la Voisin, sur la disgrâce de Pomponne (qui est l’un de ses correspondants préférés)…



La plume de la marquise a une verve, une acuité et une intelligence extraordinaires. Elle connait tout le monde, a un avis sur tout, dit une chose et son contraire et elle nous enchante par ses réflexions.



Mais la marquise ne peint le monde que pour le plaisir de ses proches, son cousin Bussy-Rabutin, auteur de La guerre des Gaules qui lui valut l’exil tant il s’y moquait du Roi et avant tout sa fille, la Marquise de Grignan, vivant en Provence depuis son mariage, ce dont elle ne se remet pas !



On recense à ce jour 1120 lettres de Madame de Sévigné dont 764 à sa fille, 126 à Bussy-Rabutin et 220 lettres destinées à vingt-neuf autres destinataires. Seules les lettres de la marquise ont été conservées, les réponses de sa famille ont été détruites par sa petite-fille, ce qui donne l’impression d’un monologue et nous prive de la dimension du dialogue, qui fait aussi l’intérêt d’une correspondance.



Lire la suite...
Lien : https://deslivresdeslivres.w..
Commenter  J’apprécie          30
Je vous écris tous les jours

Deuxième livre de lettres que je lis, après Mozart à Paris, et je dois dire que ce type de lecture apporte quelque chose qui restera toujours hors de portée des livres d’historiens. Ce sont des documents qui montrent la vie au jour le jour, qui rendent les êtres vivants, nous les font reconnaître comme tels, avec lesquels on peut se comparer. Ils offrent aussi un angle unique sur l’Histoire.



Ce petit Folio 2€ (bientôt 3) compile les lettres que la marquise de Sévigné écrit à sa fille récemment mariée, madame de Grignan, alors que cette dernière a quitté Paris pour s’en aller retrouver son mari en Provence.

C’est tout le petit monde des aristocrates de cour, qui butine autour du jeune Louis XIV, que l’on voit vivre ici. Madame de Sévigné est une personne avisée et érudite, qui fréquente des salons aussi bien que la reine, qui est amie de La Rochefoucauld et de Mme de Lafayette. Elle et ses pareils aiment aller au théâtre ou écouter avec ferveur les sermons du prêcheur Bourdaloue. Ils aiment aussi, plus communément, jouer aux cartes ou essayer la nouvelle coiffure à la mode. Une vie certes privilégiée par rapport à la moyenne française de l’époque, mais que je ne trouve pas si éloignée de la nôtre, dans le sens où les besoins essentiels sont satisfaits et que l’on peut se construire des problèmes avec du superflu et remplir sa vie de divertissements.



Très différent de notre époque en revanche, la succession de lettres permet de sentir la durée d’un voyage. Partie début février, Mme de Grignan n’arrive en Provence que fin mars. Les lettres de sa mère accompagnent le mouvement avec des décalages. Parfois elles partent par la poste, parfois avec untel qui descend sur Lyon ou Avignon et va tenter d’intercepter la voyageuse. Ce que nous mettons trois heures à parcourir en TGV devient ici une véritable aventure. Pour preuve, la traversée du Rhône de Mme de Grignan par mauvais temps, où la dame risque carrément sa peau, fait l’objet de plusieurs lettres affolées et d’un récit épique que Mme de Sévigné fera à la reine elle-même.



Mme de Sévigné est érudite, je le disais plus haut. Et elle sait écrire. On a perdu ce talent de nos jours. Elle glisse sans difficulté des citations de Racine ou Boileau aussi bien que de l’antique dans sa rhétorique épistolaire. Ses lettres sont riches d’expressions que je ne connaissais pas comme « Je lui donnerai de quoi boire » pour « je le remercierai en lui donnant de l’argent », ou « je me fais des dragons » pour « je me fais du souci ». La construction des lettres, dont on a l’impression qu’elles sont écrites en permanence, m’a parfois surpris ; telle cette fin : « Je vous aime, mon enfant, et vous embrasse avec la dernière tendresse. M. Vallot est mort ce matin. »

Mais l’essentiel du texte est consacré à la déclaration de l’amour infini que la mère éprouve pour sa fille. Elle n’en finit pas de le consigner de mille façons, au point qu’il est difficile d’accepter l’hypothèse qu’il s’agit seulement d’un standard d’écriture. Mme de Sévigné présente aussi souvent les bons vœux et les embrassades de ses amis à sa fille. C’est un peu répétitif et fatigant à lire pour le lecteur que je suis, mais l’auteure des lettres n’écrivait pas pour moi, pas vrai ?



L’éditrice du livre a eu l’extrêmement bonne idée d’ajouter un petit lexique des personnages mentionnés dans les lettres. Il est indispensable à une lecture éclairée.

Un livre en appelant un autre, j’ai commandé un livre des maximes de La Rochefoucauld, histoire de retrouver bientôt ce petit monde.

Commenter  J’apprécie          344
Lettres choisies

Difficile, de nos jours, de mesurer la valeur littéraire des lettres de Madame de Sévigné, comme de goûter la saveur d'allusions à des personnes ou des événements totalement disparus dans les sables du temps. Les notes regroupées en fin d'ouvrage sont aussi nécessaires à la lecture que responsables de coupures incessantes. Demeure l'intérêt de lettres écrites à brûle-pourpoint, sans souci de la postérité, qui trempent les personnages statufiés des livres d'histoire dans le quotidien d'une vie réelle, Condé et Turenne évoqués pêle-mêle entre les coliques de la comtesse de Grignan et les rhumatismes de sa mère. Et c'est ainsi que l'on touche d'un peu plus près une France surplombée d'un monarque divin, échangeant quelques mots d'une amusante platitude avec l'épistolière, au terme d'une représentation d'Esther - du grand Racine - par les jeunes protégées de Madame de Maintenon ; une France où la guerre incessante se déroule aux frontières, balançant les grandes familles d'aristocrates entre la crainte d'une issue funeste et la félicité d'une blessure bénigne assurant un florilège de compliments empressés ; où le passage du Rhin de 1672 occasionne de glorieuses représentations picturales, hautes en couleurs, tout en plongeant Madame de Longueville et le duc de la Rochefoucauld dans une profonde affliction ; où les mariages comme les régiments sont affaires d'argent ; où la question de la prédestination est âprement disputée tandis qu'une femme sur deux meurt en couches, provoquant Madame de Sévigné à faire preuve de volontarisme en exhortant sa fille à éviter les grossesses, tout en restant fataliste en considérant le concours de circonstances qui valut à Turenne d'être fauché par un boulet ; une France, encore, où quelques menus bretons sont exposés publiquement au gibet pour ne pas consentir à toutes les impositions royales, mais où la petite vérole frappe sans distinction toutes les familles. Ainsi, de la disgrâce du surintendant Fouquet au couronnement du prince d'Orange, s'écoule une vie d'un tempérament léger, quoique cerné par la mort, qui eut l'amer privilège de survivre aux complices de son temps : le sulfureux Bussy-Rabutin, le sage La Rochefoucauld, ainsi qu'une autre dame de renom, la comtesse de La Fayette, morte "tristement". Pour illustrer sans fard que tout destin s'inscrit dans les mœurs du temps, mêle la trivialité et le drame, dans une éternelle fin.
Commenter  J’apprécie          20
Lettres choisies

Délectable. À lire lettre par lettre en prenant son temps.

On connaît tous Mme de Sévigné au moins de nom, souvenir lointain d'école. Renommée pour ses lettres qui ont traversées les siècles.

Réputée pour sa plume frivole parfois acerbe et souvent drôle. Et oui dans ses lettres, elle parle de la pluie, du beau temps et de sa fille. Mais à travers sa correspondance bien écrite et distrayante on découvre également une femme aguerrie à la politique de son temps. Qui gère ses domaines et son argent au mieux pour son intérêt et celui de ses enfants. Cancanière oui mais pas seulement.
Commenter  J’apprécie          20
Lettres choisies et pensées

Nous sommes ici sur une période d'écriture de 1664 à 1670. L'éditeur a pris le parti de choisir dans la correspondance de Mme de Sévigné envers sa fille des lettres en rapport avec des événements marquants de l'histoire (La mort de Turenne ou encore celle de Vatel ainsi que le procès de Fouquet qui a fait couler beaucoup d'encre a l'époque...

Quel bonheur de retrouver l'ancêtre d'un de mes auteurs préférés ; Jean d'Ormesson. L'oraison de son aïeul au procès de Fouquet a été (d'après Mme de Sévigné) d'une grande prestance et on sait maintenant que manier la plume avec autant de talent est de famille chez les d'Ormesson :-)

Pour le reste du livre, les écrits sont distrayants et agréables à lire. On entre dans les pensées d'une grande dame de l'histoire de France et même si certaines lettres peuvent être considérées comme "commérages" ou "potins" de l'époque, tout est toujours présenté avec une grande délicatesse.

Commenter  J’apprécie          00
Lettres

Lorsque je suis lasse de mes lectures en cours, lorsque je suis fatiguée et que j'ai envie de changer de sujet, je ressors cet ouvrage, que je relis un peu au hasard.

Et à chaque fois, je ressens la même joie à retrouver le style si vivant, si brillant, si "grand siècle" de Madame de Sévigné. Quel esprit !

Commenter  J’apprécie          30
Lettres

Après les avoir étudiées à la fac il y a... fort longtemps dirons-nous, je m'étais toujours promis de relire ces lettres si délicieuses et intemporelles.

A raison ! J'ai été ravie de retrouver cette plume alerte, qui mêle allègrement broutilles du quotidien et considérations plus sentimentales ou humaines, ce lien entre mère et fille, délicieusement désuet.

Une lecture en-dehors du temps et en même temps parfois très actuelle, certains situations n'ont pas vieilli !

Une vraie gourmandise...
Commenter  J’apprécie          70
Lettres de l'année 1671

Très beau recueil des lettres de Madame de Sévigné. J’ai vraiment apprécié découvrir ce livre, le monde de 1671, les coutumes et les mœurs.

Cependant, j’ai davantage apprécié le livre après ma visite du Château de Grignan. Sans cela je ne pense pas avoir autant apprécié ma lecture et redécouvrir ces lettres.
Commenter  J’apprécie          00
Correspondance, tome 1 : Mars 1646 - Juille..

un incontournable !La finesse des ses descriptions psy , sociales (celles de la Cour sont fameuses et pour cause)...et son cote possessif n'ont pas pris une ride (on peut comprendre que sa fille ait envie d'air)on a l'impression de rentrer dans le coeur et l'esprit d'une femme de la haute societe de l'epoque de Louis XIV . A comparer avec les memoires de St Simon et de la princesse palatine.....
Commenter  J’apprécie          10
Lettres



Je vois que cette chère femme n'a pas beaucoup de lecteurs, 256 sur babelio.



Une fois n'est pas coutume, ce passage que l'on m'a cité :



LETTRE de Mme de Sévigné à sa fille, le jeudi 30 Avril 1687.





« Surtout, ma chère enfant, ne venez point à Paris ! Plus personne ne sort de peur de voir ce fléau s'abattre sur nous, il se propage comme un feu de bois sec.

Le roi et Mazarin nous confinent tous dans nos appartements. Monsieur Vatel, qui reçoit ses charges de marée, pourvoie à nos repas qu'il nous fait livrer, Cela m'attriste.

Je me réjouissais d'aller assister aux prochaines représentations d'une comédie de Monsieur Corneille "Le Menteur", dont on dit le plus grand bien.

Nous nous ennuyons un peu et je ne peux plus vous narrer les dernières intrigues à la Cour, ni les dernières tenues à la mode. Heureusement, je vois discrètement ma chère amie, Marie-Madeleine de Lafayette, nous nous régalons avec les Fables de Monsieur de La Fontaine, dont celle, très à propos, « Les animaux malades de la peste » ! « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ».

Je vous envoie deux drôles de masques ; c'est la grand'mode. tout le monde en porte à Versailles. C'est un joli air de propreté, qui empêche de se contaminer. »

Je vous embrasse, ma bonne, ainsi que Pauline. »



C'était il y a 333 ans ...



Commenter  J’apprécie          131
Lettres

Un voyage au siècle de Louis XIV, cela vous tente ? Si oui, plongez dans la correspondance de la marquise de Sévigné, femme de lettres et célèbre Précieuse. J’ai plutôt passé un bon moment en compagnie de ce recueil de lettres (celles-ci nous permettent d’ailleurs de redécouvrir la beauté de la langue française). Si elles ne sont pas des plus accessibles, j’ai préféré prendre mon temps, les lire par petites touches afin d’éviter une possible indigestion. Reste qu’à l’intérêt du document historique se joint ici la valeur du document humain. La personnalité de la marquise, vive et attachante, transperce le papier. J’en ai été la première surprise, et je suis ravie d’avoir pu voyager à ses côtés le temps de quelques pages. J’ai déniché cette belle édition dans une boîte à livres. Si je n’ai malheureusement pas trouvé de date précise de publication, en furetant sur le net j’ai découvert que cette édition remonterait aux années 1930 !



Lorsque l’on évoque Mme de Sévigné, il est beaucoup question de sa relation fusionnelle avec sa fille, la comtesse de Grignan, installée en Provence. De ses Rochers (domaine situé en Bretagne), la marquise lui écrira beaucoup, quasiment tous les jours. Il y est question du manque, de leurs prochaines retrouvailles, du temps qui passe. L’amour maternel reste très présent. Mais ces lettres constituent un témoignage de premier ordre sur la société de l’époque, la vie à la cour du Roi Soleil. Certains passages relatent l’affaire Fouquet ou encore la déchéance de la marquise de Brinvilliers, rendue célèbre par l’affaire des poisons. Certaines lettres se font plus légères, puisqu’il y est question de culture ou encore de mode. La plume de Mme de Sévigné peut alors nous faire sourire, tant son regard sur son époque ne manque parfois pas de piquant.



Plonger dans ces lettres offre donc un regard sur des détails parfois insignifiants, mais qui font aussi tout le sel de la grande Histoire. Saviez-vous qu’au XVIIe siècle, le courrier pouvait (déjà) se perdre voire ne pas arriver à temps ? Ou que voyager d’une région à une autre relevait de toute une expédition ? (Mieux valait reporter son voyage s’il pleuvait trop ou que le temps était orageux).



Ces lettres balaient aussi tout un pan du vécu de Mme de Sévigné, puisque certaines ont été écrites quelques semaines seulement avant son décès. Si elles n’ont jamais été destinées à « entrer dans la littérature », elles furent conservées par sa famille avant d’être publiées. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir lire les réponses adressées à la marquise (les lettres de sa fille notamment). Mais si le XVIIe siècle vous intéresse, et si vous souhaitez le retrouver autrement que via un manuel d’Histoire, alors ces lettres pourraient grandement vous faire de l’œil.
Lien : https://labibliothequedebene..
Commenter  J’apprécie          20
Je vous écris tous les jours

Ce texte ne contient que quelques brides de la colossale correspondance qu’entretenait Madame de Sévigné notamment avec sa fille. Mais ce ne sont pas les meilleures à mon goût et j’ai été fortement déçue. Je me suis ennuyée et ai trouvé qu’elles étaient toutes identiques... dommage
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Madame de Sévigné (775)Voir plus

Quiz Voir plus

Madame de Sévigné

Madame de Sévigné est née ...

Françoise d'Aubigné
Marie de Rabutin-Chantal
Marie Mancini
Françoise de Mortemart

12 questions
24 lecteurs ont répondu
Thème : Madame de SévignéCréer un quiz sur cet auteur

{* *}