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Critiques de Malcolm Knox (20)
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Shangrila

Brassé, secoué, rincé, lessivé,… Punaise ! La virée sur le « tail » de Den Keith, quel pied !



Dennis Keith, 58 ans, 115 kg est une ancienne gloire du surf australien. Il vit avec sa mère dans un lotissement pour vieux, la tête brûlée par les excès de drogues dans les années 70. Une jeune journaliste s'intéresse au personnage et approche le monstre sacré pour écrire sa biographie.



Ainsi, en parallèle de sa vie de quasi reclus, nous suivons l'ascension du jeune surdoué qu'il fut. Dès son plus jeune âge, il est attiré par le surf et en compagnie de son « frère » Rod, il mettra tout en œuvre pour être constamment sur l'eau, jusqu'à devenir champion du monde.



Roman magnifique, à l'écriture très particulière, proche de l'oralité, pleine de poésie (mention spéciale pour la traduction) ; phrases courtes, hachées, comprimées … tout cela pour composer le portrait inoubliable, d'un type hors du commun, qui deviendra plus que l'ombre de lui-même, schizophrène et paranoïaque.



Dennis Keith est le jumeau romanesque de Michael Peterson, un australien fantasque, roi de la glisse durant les seventies qui est décédé il y a quelques semaines le 29/03/2012.



Dernier bon point, la jeune maison d'édition « Asphalte » a joint sur le rabat de la quatrième de couverture une playlist composée spécialement pour elle par l'auteur. Idée qui colle bien au bouquin.

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Wonder Lover

Des fois, on prend un livre par hasard et on tombe bien et puis des fois , pas ...

Des fois, la quatrième de couverture est prometteuse, vous vous pourléchez les babines face à un, futur et espéré , suspens de dingue et puis vous vous rendez compte qu'on vous a dupé à l'insu de votre plein gré ...

Wonder lover, c'est John Wonder dont le boulot consiste à valider tous les records du monde et donc il voyage beaucoup .

Il se marie à Sandy , médecin chercheur . Sur le tard , ils ont un garçon puis une fille qu'ils nommerons comme les parents de John, Adam et Evie.

Puis, John rencontre Paulina , écrivain, dans un autre pays , il se marie , a 2 enfants , Adam et Evie.

Puis il rencontre Kim (autre pays ...) flic à mi-temps , et il a 2 enfants Adam et Evie .

Oui , toujours les mêmes prénoms pour ne pas les confondre en cas de grosse panique .

Trois femmes dans trois pays, trois maisons, six enfants et trois vies .

Ça y est, vous avez compris , John est un "Sérial -Marieur" . Il alterne par roulement , une semaine avec chacune . Elles n 'ont aucun soupçon ...

Mais , ça se corse quand il tombe amoureux de celle qu'il surnomme : "La-plus-belle-femme-du- monde", dont le père détient le record de l'achat du viager le moins rentable ...[ Et là, on sent que l'auteur s'est fait plaisir ... genre Debbie Harry avec le corps de Kim K... }

Mais la fille va le faire tourner en bourrique et puis toutes ces femmes, ces enfants, ces pays différents, ces vies vont avoir raison de son mental ..



Ce livre est inclassable . Ce n'est pas un roman drôle même si le cynisme est à l'honneur .

Je m'attendais à plus de suspens mais on s'égare avec le quatrième personnage de femme dans une relation bizarre, et sans intérêt . J'ai trouvé ces passages très longs...

J'ai eu du mal à croire que cet homme ne se fasse pas démasquer , ses épouses , son employeur ne se posent aucune question . D'ailleurs les femmes de ce roman sont à la limite de la caricature, de la silhouette .

Ce n'est pas le roman le plus gai que j'ai pu lire , mais il est très rythmé et le procédé de narration intéressant . C'est les six enfants qui racontent , en tant que groupe et non pas en tant qu'individus distincts ... La façon de raconter est presque dénuée d'affect , assez sèche . Malcolm Knox ne nous invite pas à avoir de l'empathie pour les personnages, à nous attacher à eux . C'est cette distance qui m'a gênée .

Sur la quatrième de couverture l'auteur est qualifié " d'un des meilleurs écrivains contemporains au monde ", alors forcément ça met la barre très haut ...
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Shangrila

Du surf, je ne connaissais que les Beach Boys, "Point break" et "Les seigneurs de Dogtown". Ben ouais, mais nan. Tout ça, c'est du pipeau à côté de ce roman.

Soit Dennis Keith, aka DK, dit DeeKay, 58 ans, 115 kg, ses aviateurs sur le nez, ses grosses jambes (ses poteaux sans genoux), qui vit avec M'man dans un village de retraités sur la côte du Queensland, Australie. Et qui se fait interviewer par une Foutue Bi-Ographe. Pasque DK est une légende. Un mythe, un héros. le Grand Homme. le meilleur surfeur de tous les temps. Pur génie naturel. Insaisissable. Mais faut pas lui parler de la fille dans la fibre de verre. Nada.



Shangrila (avec un tiret et un "s" final) était pour moi un chouette groupe de pop-rock américain des 60's. Il s'avère que c'est aussi un lieu imaginaire où le temps est suspendu (dixit Wikipédi@), inventé par James Hilton dans son roman "Les horizons perdus". Ici, c'est le nom de la maison d'enfance de DK sur la Gold Coast, l'Eden des surfeurs avant que le surf devienne un truc commercial pollué par des mannequins pour maillot de bain. Du moins est-ce la vision de DK, né de l'océan, dieu vivant du surf, champion marginal et homme d'affaires à 18 ans, en plein flower power. Et Shangrila devient son Rosebud. Adios bye bye.

Ce roman a un parfum de nostalgie rageuse. Il exalte la plénitude d'un monde sans règles, d'une époque innocente où tout était simple et possible. Mais il dégouline de niaque aussi, car DK est un tueur. Il ne supporte pas que l'on gâche les vagues, ni l'esprit du surf sauvage, même si "le surf était déjà pourri en 1960, alors imaginez en 73" ; un puriste obsessionnel et entier, qui parle de sa pratique avec un naturel et une passion qui le rendent terriblement proche et captivant. Et qui avoue sa propension à passer à côté de sa vie : "How could this so great turn so shitty ?" comme chantaient les Pixies. DK est un rebelle, un loser, et pourtant le meilleur. Zéro compromis.

J'ai adoré ce roman, sa célébration de la liberté et d'un style de vie inimaginable aujourd'hui, et sa valorisation d'une forme d'arrogance crâne qui fait un bien fou. Mais surtout, j'ai été épatée et impressionnée par le travail de Malcolm Knox sur le phrasé de DK. En se racontant, DK utilise de façon aléatoire le je, le tu, le il, et ça reste lisible et cohérent. L'auteur nous fait accéder à l'esprit angoissé de son champion sans jamais nous perdre, même en dépit des termes techniques propres au surf qui ponctuent le récit, tant celui-ci est vivant et crée des connexions "d'âme à âme" entre le lecteur et le narrateur. Ben ouais.



C'est donc un drôle de livre, à la fois cool et puissant, fascinant et tragique. Une garantie de dépaysement et de retrouvailles avec une part de soi-même. Chef d'oeuvre. Ouais, merci beaucoup Malcolm Knox. Et merci.
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Shangrila

Après L’heure des gentlemen, le dernier et assez décevant roman de Don Winslow paru en France, on continue à se diriger vers l’été avec du surf. Mais on joue là dans une autre catégorie. Oubliez les dialogues de Patrick Swayze et Keanu Reeves sur le karma, la vague métaphysique et autres réflexions ésotériques sur le surf, car Malcolm Knox vient pour casser le mythe du surfer ultracool défenseur des dauphins qui passe son temps à voyager d’une vague à l’autre et qui ramasse les déchets sur la plage pour protéger sa mère la Terre.



« L’autre truc que t’as appris : à l’eau, c’était la guerre.

[…]

À prendre des vagues déjà prises. À se donner des coups de pied dans les planches. Rod a poncé le rail des siennes, histoire de bien faire saigner quand il donnait une beigne à un autre surfeur à la cheville. Il est devenu tellement bon à ce p’tit jeu qu’il était capable d’aller à l’avant de sa planche et de donner un coup avec l’arrière, et aussi la dérive et tout le bazar, à quelqu’un qui était derrière lui sur la vague. Si y’avait eu des points à grappiller pour utilisation de la planche comme d’une arme, Rodney Keith Keith serait devenu champion du monde ».



C’est là la vision du surf que nous livre DK, Dennis Keith, héros de ce roman que l’on découvre à 58 ans, pesant 115 kilos, et vivant avec sa vieille maman dans un pavillon pour retraité. Dennis Keith qui, tout les matins, enfourche son vieux vélo, son chopper de gamin, pour aller manger une glace. Dennis Keith, paranoïaque, schizophrène, égocentrique, mutique. Dennis Keith, légende du surf australien, premier champion du monde, qu’une jeune journaliste pour une revue de surf vient de retrouver pour essayer de lui faire raconter sa vie.

La vie de DK va donc se dérouler sous nos yeux, des années 1960 aux années 1980. L’ascension d’un gamin de la Gold Coast adopté par une femme seule et pauvre qui, avec son frère, révolutionne le surf, poussé par une seule envie : déchirer, détruire les vagues, surtout quand d’autres veulent les prendre. L’histoire d’un homme chez qui la compétition permanente, les drogues, l’égocentrisme, vont réveiller les folies et rendre encore pire la chute jusqu’à la déchéance, jusqu’au drame.



Si le surf est au centre de la vie de Dennis Keith, s’il en est même pendant longtemps le seul moteur, Shangrila n’est pas qu’un roman sur le surf. Certes, on l’a dit, il vient briser l’image mythique du soul surfer, on n’est ni dans Point Break, ni dans Endless Summer et encore moins dans une chanson des Beach Boys, mais il est surtout l’autoportrait magnifique d’un homme qui se voudrait héros quand il sait n’être rien ni personne.

Trouvé sur une plage, jamais déclaré aux services de l’enfance, DK n’existe pas administrativement et apparaît littéralement comme un fantôme, surgissant sur le line up quand personne ne l’y attend, disparaissant derrière ses Ray Ban aviateur, finissant reclus et niant être lui-même.

Cette négation de l’identité aggravé par le souvenir d’une enfance extrêmement pauvre trouve un pendant dans l’affirmation par DK de son désir de reconnaissance à travers son seul talent, cette capacité géniale à prendre une vague et à la déchirer, morceau par morceau, avec son surf. Mais, dépassé par la légende qu’il se construit par le biais de son comportement erratique et de son caractère qui associe une timidité proche de l’autisme à une ambition démesurée, Dennis Keith ne peut que se préparer un destin tragique.

Accompagné d’une mère courageuse mais qui ne sait pas partager son amour entre l’enfant trouvé et adoré, Dennis, et l’enfant biologique et ignoré, et donc de ce frère mourant de jalousie qu’est Rodney, DK s’enferme à l’intérieur de lui-même. Sauf que, pour lui, il n’est rien. Rien de ce que voient les autres en lui. Et qu’il demeure l’enfant effrayé trouvé dans un trou au bord de la plage et qui passera sa vie à courir après la sensation fugace d’accomplissement éprouvée lors de ses premiers surfs adolescents.



« Le surf était déjà pourri en 1960, alors imaginez en 73. En ruine. Le seul surf pur qui restait, le surf innocent, le surf de l’âge d’or, il se trouvait en toi, à l’époque où t’étais trop jeune pour connaitre toutes ces conneries. L’âge d’or du surf, c’est quand t’as douze ans et que les journées durent cinquante heures d’affilée et que tous les jours tu surfes des vagues énormes sur une mer de rêve, et qu’y’a personne à l’eau et que tu prends cent vagues parfaites par session. C’est quand tu vois un autre gosse avec une planche sous le bras et que tu l’arrêtes pour lui demander à quel break il va, et que vous vous mettez à parler et du coup vous partez ensemble pour surfer ce break-là. Le truc, c’est que l’âge d’or ça arrivera toujours qu’à un gamin de douze ans, pasqu’après il se réveille et le surf est devenu ce truc commercial, l’eau est blindée de monde et voilà c’est tout foutu et il lui reste plus qu’à soupirer jusqu’à la fin de sa vie.

Et quand il voit un autre gars avec une planche sous le bras, maintenant, il espère juste qu’il va se faire écraser par une voiture avant d’atteindre la plage.

L’âge d’or, mon œil ».



Si l’écriture de Malcolm Knox apparaît déstabilisante au cours des premières pages, la mécanique se met rapidement en place et l’on a tôt fait de se laisser porter par se style faussement décontracté et empli d’une grande tension latente. À l’image de son héros.

Knox arrive donc à nous servir un roman féroce non pas sur la fin de l’innocence, mais sur l’absence d’innocence. C’est réussit et c’est même souvent magnifique. Que l’on aime le surf ou pas, que l’on connaisse le surf où que l’on soit totalement ignorant en la matière, il serait dommage de passer à côté de ce qui est avant tout un beau roman sur l’ambition, la fragilité du succès et la solitude.


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Shangrila

Un oiseau dans la vague



Line up

Tu aimes ce deal, recevoir un livre gratuitement contre la promesse d’une revue de lecture. Ca commence par un message, pour prévenir d’une météo exceptionnelle à venir. Aux premières lueurs de l’aube, te voilà déjà sur le web. Le site est déjà bien rempli. D’autres sont là comme toi à faire leur choix dans les stocks des éditeurs ravi de faire leur promo à peu de frais.

Toi, tu n’aimes pas réfléchir, lire tous ces résumés te fatigue déjà. Alors tu coches quelques ouvrages dans la grande liste et tu te laisse porter par la vague. Tu attends le facteur et sa surprise de papier.

Avec Shangrila de Malcom Knox, la masse critique ne t’as pas déçu.



Après avoir profité de quelques pages de rêve, tu ne sens toujours pas le couteau sous la gorge, la mafia ne t’attend pas devant la porte pour te rappeler ta dette. Personne ne t’oblige à faire cette revue de lecture finalement ?



Et pourtant tu es de retour sur le web le soir venu, pour apporter ta modeste contribution. Romantisme désuet d’un sens de l’honneur passé de mode ? Tu oses à peine te l’avouer mais ce n’est pas tant l’engagement moral qui te pousse à poser quelques lignes qu’une envie étrange de taquiner la plume. Il faut dire que ce livre t’a mis trop de rêves dans la tête. Il faut bien s’épancher quelque part.



Takeoff

Paradoxe de concilier le goût des belles choses et la collection des livres de poche par nécessité financière. Shangrila est un de ses livres qui donnent envie de le lire.

Pour les fétichistes de la chose écrite, l’emballage compte. Dans les rayonnages trop chargés des grandes surfaces dites culturelles (oxymore ou pléonasme ?) la seule chance de l’auteur méconnu est de se faire remarquer par son plumage.

De ce côté le travail de la jeune maison d’édition Asphalte est remarquable. Sélectionner des livres rares et décalés, des nouveaux auteurs plein de promesses, assurer une traduction brillante des textes est sûrement la partie du job la plus importante. Mais la jeune maison d’édition n’a pas oublié qu’il s’agit aussi de fabriquer un bel objet qui suscitera l’envie.

Tu imagines découvrir l’objet en tête de gondole. Une couverture blanche dont la sobriété est déflorée par un bandeau dans le tiers supérieur. Une photo comme un horizon lointain. Avant de plonger dans le texte, cette plage crépusculaire, ces surfeurs à la recherche du swell matinal nous invitent déjà au voyage. Déjà tu meurs d’envie de l’acheter, alors tu l’embarque. Sans lire le résumé au dos du livre, surtout pas, il te gâcherait le plaisir.

Tu découvres sur le rabat de la troisième de couverture une playlist. Quelques morceaux à écouter pour t’accompagner dans la lecture. Ca trainait dans l’air depuis quelques années cette idée de donner une bande son aux errances livresques. Alors tu as tenté l’expérience, et ça t’a bien botté. Surtout que malgré le thème du roman, la liste de lecture évite soigneusement le cliché des Beach Boys.



Bottom-turn

Asphalte, semble s’être spécialisée dans la traduction d’écrivains inconnus et décalé. Peu de Frenchies au catalogue, mais la liste des auteurs à de quoi rendre claustrophobe la moindre mappemonde. Il ressort peut être un goût prononcé pour l’Argentine. Sauf que le dernier roman de la jeune maison d’édition se consacre au pays des Kangourous.



Ile gigantesque ou continent minuscule, l’Australie fait rêver. Des déserts de l’Outback où les chercheurs d’Opale perdent la tête au luxe des bonnes familles qui paradent à l’opéra de Sydney. Les koalas attendrissants et les Kangourous comme compagnons de route sur les étendues sauvages. Décidément le rêve des aborigènes t’excite l’imagination. Dans les clichés qui se bousculent dans ta tête lorsque l’on évoque la terre australe, la légende du surf s’impose rapidement.

Par contre la littérature australienne, ça t’évoque rien, nada. Tu serais incapable de citer un seul auteur.

Mis-à-part Malcom Knox parce que tu l’as sous les yeux et que tu t’apprêtes à parler de son roman Shangrila.



Roller

Image de plage en couverture, l’Australie. Même ce titre planant de Shangrila t’évoque les horizons perdus de James Hilton. Tu n’avais jamais lu un roman de surf mais tu sens presque l’air iodé. Tu ne peux plus te retenir de plonger dans la grande bleue.



En ressortant de l’eau, tu découvres DK, Dennis Keith pour les rares intimes. Est-ce qu’il t’observe de son banc sur la plage ? Difficile à dire. Avec ses Ray Ban Aviator miroir soudées sur le nez, le quidam impressionne.

DK vit !

Un champion de surf, il parait. Alors, ça doit remonter à loin. Les sixties ou quelque chose comme ça. Depuis, l’athlète des vagues à embrassé la carrière de sportif des canapés, drogué à la malbouffe. Il vit seul avec sa M’man dans un village de retraité. Son corps fatigué n’est que le reflet de son âme ou s’exprime un catalogue imagé des troubles psychiques.

Schizophrène, paranoïaque, bipolaire, compulsif, DK semble inadapté à ce monde de terrien.



Premier acte de cette pièce nautique. Le rideau se lève sur le jour où sa monotone solitude est troublée par une jeune femme. Une Foutue Bi-Ographe qui rentre dans sa vie avec l’espoir masochiste d’en écrire les mémoires. La pauvre en sera pour ses frais, mais elle fera remonter à la mémoire de DK des bulles de souvenirs.

Souvenirs d’une enfance chaotique face à la mer. De la survie dans la misère de Shangrila ou sa mère célibataire et sans argent devait se battre pour élever ses deux garçons.

A l’époque, le surf n’est qu’un passe temps pratiqué en dilettante par monsieur tout le monde. Pour Rodney et Dennis Keith, ce sera une vocation. Les deux enfants découvriront la vie et devenant les pionniers de ce sport nouveau.



Dans le deuxième acte, DK deviendra ce prodige du surf. Les vieilles planches à papa de trois mètres se transformeront progressivement en cure-dents destinés à écrire les plus belles pages de l’âge d’or de la discipline.

La transition de sale gosse en champion, en légende, se fera dans la douleur et ouvrira le troisième acte. Le talent se conjuguera avec un caractère irascible, asocial et sauvage. La gloire à un prix. DK le paiera en s’éloignant du monde des hommes. Malgré la découverte de l’amour, la tragédie se jouera dans les deux derniers actes.



Le reste de l’histoire est saisissant, dramatique, mais tu te garderas d’en dire plus.



Le livre présente une conclusion intéressante. Il aborde la plupart des mystères qui se cachent derrière la légende. Des origines de Dennis Keith à sa déchéance. La houle de son passé qui continue d’alimenter les vagues du présent. Au final peu de révélations définitives, mieux que ça. Les creux et les malentendus de l’histoire lui confèrent une goutte d’immortalité. Sitôt la dernière page tournée, voilà que la légende commence à vivre dans la tête de son lecteur, dans TA tête.





Tube

Depuis que tu as tourné la dernière page, ta tête reste pleine d’images. L’écume, la pureté de l’océan, la magie de la cathédrale verte. Il faut cependant faire un effort. Prendre du recul face au contenu pour parler du contenant. De l’art et de la manière.



Les premières pages se sont révélées salées, frustrantes. DK est le narrateur de sa propre histoire, il faut réussir à rentrer dans sa tête et subir sa souffrance. La narration est hachée et schizophrène. Comme une barrière pour décourager les badauds. Les interruptions de la pensée sont fréquentes, Dennis Keith perd le fil pour mieux sauter du coq à l’âne. De temps à autre il se répète une suite de mots comme un mantra, comme les roues sémantiques d’une gigantesque machine à sous.



Alors ça agace au début de boire la tasse, mais il faut s’accrocher et remonter sur la planche. Les chapitres sont courts et alternent les séquences du passé de DK avec ses rencontres avec sa Foutue Bi-Ographe au présent. La technique est classique mais donne un sacré rythme au texte. On oublie rapidement les anomalies de la pensée du narrateur.

Pour mieux refléter les désordres mentaux du principal protagoniste, le choix du pronom personnel évolue en fonction de la circonstance. DK parle classiquement à la première personne dans le présent, mais il emploie également le « tu ». Au passé, c’est le « tu » mais aussi le « il », celui de la légende.



Pour résumer, malgré ses bizarreries, le texte est habilement écrit. Le compliment vaux aussi pour la traductrice, tant le job devait être complexe.



Cut-Back

Cela fait une semaine que tu as terminé le livre. Mais il traine encore sur ta table de chevet. Tu as commencé a en lire quelque chapitres. Puis au final tu l’as relu entièrement.

Tu ne sais pas si c’est la marque de fabrique d’un bon livre. En tout cas ça t’as bien botté.


Lien : http://oiseauchanteur.blogsp..
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Shangrila

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Babelio et Asphalte pour ce partenariat.

Une journaliste vient interroger une figure du surf des années 70 pour écrire un article biographique. Elle est confronté à un retraité vivant avec sa mère parlant toujours comme un adolescent. Se raconte dans ses pages la vie en Australie dans les années 60 et 70, au commencement de la culture mondiale du surf, avant sa médiatisation à outrance. Comment les jeunes et les moins jeunes de l'époque innovaient pour dompter les vagues. Comment un petit garçon abandonné, adopté, devient le meilleur. La vie de cet adolescent lié à l'eau pour toujours.

L'écriture est un peu difficile. Le narrateur écrit comme le personnage parle et pense. Les premières pages sont donc assez dures à la lecture, mais finalement, l'habitude permet par la suite de prendre plus d'aisance avec le style.

L'histoire de DK, un champion des années 70 de surf, l'inventeur même du surf moderne pour les puristes, est en réalité une rétrospective sur cette époque. Une immersion dans l'Australie, dans une famille pauvre, où un génie va redonner vie à un sport qui se meurt, par son ingéniosité, son intelligence et sa ferveur. Le personnage de DK, à près de soixante ans, raconte sa jeunesse, son amour pour sa famille, sa maman et son frère, le surf, et sa petite copine. C'est touchant, même si le personnage peut être parfois agaçant, il est tellement authentique, lorsqu'il se confie, dans sa pudeur, qu'il est réellement vivant. L'atout de ce roman passe par la vie de cet homme, décalé avec son temps, lorsqu'il était jeune, et maintenant qu'il vieillit. En avance lorsqu'il était adolescent, complétement largué aujourd'hui.

Ce roman est un réelle immersion dans les années 70 en Australie aux côtés d'un junkie, pur génie du surf, confronté à ses obsessions. Un bond dans le passé et dans un univers assez mal connu. Et malgré un début un peu laborieux, ce roman est un réel plaisir de lecture, une très belle découverte...

Je remercie Babelio et Asphalte pour ce partenariat.
Lien : http://skritt.over-blog.fr/a..
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Wonder Lover

Il n’y a pas plus transparent que John Wonder. Incolore, inodore, inaudible, l’homme ne semble avoir qu’une obsession, l’exactitude. Une recherche du chiffre juste, et de préférence inégalable qui l’a poussé à sillonner le monde en tant que certificateur pour divers ouvrages et sites traitant de records. Le plus grand nombre de partenaires sexuels, le château de cartes le plus haut, la plus longue carotte de glace, la femme la plus âgée du monde… autant de records certifiés par John Wonder.

Mais derrière le froid et fantomatique certificateur épris de statistiques et de précision se cache un autre homme. John Wonder a pas moins de trois femmes et six enfants dans le monde qu’il visite à tour de rôle, sans que les uns connaissent l’existence des autres. Une polygamie qui nécessite un emploi du temps millimétré, une hygiène de vie irréprochable, une discrétion à toute épreuve. Autant de qualités dont John Wonder est doté. Mais il a aussi un point faible. Le rêve fou de certifier un jour La Plus Belle Femme du Monde. Et quand il finit par la croiser, le monde ultra réglé qu’il a mis une vie à construire commence à lentement s’effriter.

Malcolm Knox nous avait déjà étonnés – doux euphémisme – en adoptant une narration hors des sentiers battus dans le génial Shangrila. Sans atteindre le niveau de folie de ce précédent roman, il trouve cependant de nouveau un angle de narration original avec Wonder Lover puisque le narrateur ici, est une étrange entité. Ce sont les enfants de John Wonders, les six, un garçon et une fille, invariablement prénommés Evie et Adam (c’est plus pratique si on veut éviter les confusions), qui nous parlent. Non pas l’un après l’autre, mais tous ensemble. Ils sont Adam et Evie, différents mais interchangeables et, dans ce récit ponctués de considérations sur les records les plus absurdes et la façon déconcertante dont John Wonder construit son monde, ils viennent contrebalancer par leur étrangeté vaguement inquiétante l’humour flegmatique de Malcolm Knox.

Ces Evie, ces Adam, nous content ainsi l’histoire, digne du Guiness Book, de la chute annoncée de leur père, cet homme sur lequel ils ne peuvent, malgré ce qu’il a fait ou n’a pas fait, se résigner à jeter trop brutalement la pierre. Parce qu’il est leur père, parce que, finalement, s’il n’avait pas été lui, eux ne seraient pas là, parce que, aussi, cette triple et bientôt quadruple vie, en le poussant dans ses retranchements lui confèrent l’humanité dont il pourrait apparaître dépourvu, plongé dans son monde d’exactitude, de mesures et autres comptes scrupuleux.

C’est peu dire qu’on attendait avec une impatience teintée d’un soupçon d’appréhension ce roman de Malcolm Knox. Parce qu’on se demandait bien comment il pourrait faire mieux, ou même tenir la barre au même niveau que Shangrila. Il a réglé le problème en choisissant de radicalement changer de monde et de style de récit, rendant les deux romans incomparables, même si quelques traits caractéristiques ressortent – les déstabilisantes crises de folies durant lesquelles John Wonder ne sait plus s’il rêve ou vit réellement le moment présent ne sont pas sans rappeler certaines échappées psychotiques de Dennis Keith, le héros de Shangrila. Une chose est sûre en tout : Malcolm Knox est un écrivain qui sait se renouveler, à l’image par exemple d’un William Kotzwinkle, et qui n’a pas son pareil pour cheminer sur le fil étroit qu’il tend entre le drame et la comédie et qu’il finit ici par faire céder dans le final à la fois poignant et piquant d’un roman original et séduisant.


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Shangrila

excellent!

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Wonder Lover

Extrait de ma chronique :

"Wonder Lover explore avec une ironie subtile le néant de la vie intérieure d’un antihéros, lâche spectateur de ses vies multiples. Jeté dans les feux de l’amour, lui qui certifie l’authenticité des faits et démonte les impostures se construit autant dans la crainte d’être confondu que dans le désir impossible d’authentifier avec certitude la Femme La Plus Belle du Monde. Le leitmotiv littéraire d’un homme humilié par la femme qu’il aime se double d’un questionnement sur la véracité et l’authenticité invérifiable de l’amour, sur fond d’hôtels de seconde zone, « summum du néant » aux bars fréquentés des femmes qui gâchent leur jeunesse et gaspillent leur beauté auprès de VRP alcoolisés tandis qu’une centenaire qui n’en finit plus de ne pas mourir rend fou son acheteur en viager." (...)

(suite sur le webzine Un dernier livre)
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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Shangrila

Shangrila est le premier roman traduit en français de l'australien Malcolm KNOX. La traduction est parfois un véritable parcours du combattant. Pour ce livre, le premier point qu'il est important de soulever est le travail extraordinaire de Patricia Barbe-Girault. De par DK, le personnage atypique, et ce flot d'événements, le roman traduit prend tout son sens, et le moment de lecture est un vrai plaisir. Par ailleurs, la quatrième de couverture, bien écrite, est un assez bon aperçu du roman :



Dennis Keith, alias DK, cinquante-huit ans, cent quinze kilos, vit camouflé derrière ses Ray-Ban et retiré dans un village de retraités avec sa vieille mère, ses troubles obsessionnels compulsifs et sa paranoïa. L’arrivée d’une jeune journaliste vient perturber sa routine : elle compte écrire sa biographie pour faire enfin le jour sur son passé et sa carrière mythique. Car DK, jeune prodige de la Gold Coast et premier champion du monde de surf, était une légende dans les années 1970. Bon gré, mal gré, il accepte de se replonger dans ses souvenirs : la succession de compétitions, sa dépendance aux drogues, la rivalité avec son frère, sa petite amie assassinée…

Shangrila est un roman sur la culture surf, sa médiatisation progressive, mais aussi un grand livre sur l’ambition et la célébrité.







L'écriture de Malcolm Knox est, dans ce livre, divertissante - au sens étymologique du terme - et on ne peut plus vivante. Cette écriture, semée d'embûche sémantiques et textuelles révèle ainsi un véritable talent de traducteur. En effet, le personnage principal du roman - qui est aussi le narrateur - a une écriture parlée. Ses phrases sont ponctuées de fautes d'orthographes, de mots tronqués, d'oubli de négation, etc. ce qui, ajouté à un univers au vocabulaire aussi technique que le surf. La complexité narrative vient s'ajouter à ce souci de compréhension. En effet, à certains moments, la voix de DK est floue - il parle parfois à la troisième personne - et le lecteur pourrait croire qu'il ne s'agit pas de lui.







Ce même personnage de Dennis Keith est une personnalité intéressante à lire. Il pourrait être rapproché de Lennie, dans Des souris et des hommes de John Steinbeck. Insaisissable, niant l'identité, renfermé dans son cocon, le lecteur ne parvient pas réellement à l'approcher au fil des 509 pages. De plus, un nouvel univers s'ouvre aux néophytes, celui du surf. Le lecteur suit DK dans ses compétitions, et suit en parallèle son évolution, découvre son cadre de vie, etc. Très riche thématiquement, brisant ainsi l'ennui, Shangrila s'identifie comme accessible au lecteur, quel qu'il soit.







Ce style, aux allures pataudes mais au final très maîtrisée, révèle un personnage et un roman qui pourrait être qualifier de bon roman. Le lecteur est emporté dans l'histoire et se laisse happer par DK, caractéristiques non négligeables pour que la lecture soit un plaisir.


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Shangrila

Y’a des romans, des fois, faut se pousser un peu au derrière pour les lire. On n’a pas vraiment envie parce qu’on a fait la bêtise de les feuilleter sans trop faire attention, qu’on a vu un style d’écriture dont on a pas l’habitude et du coup paf on referme et on se dit « ooooooh nooooon je veux pas lire ça ». Et puis on se dit, allez, quand même, faut essayer, ça s’fait pas… Sincèrement, faudrait arrêter tout ce truc autour des styles qu’on ne connaît pas. Parce que qu’est-ce que c’est d’autre, la lecture, que cette acceptation de l’inconnu et ce plaisir qu’on peut trouver à essayer des choses inédites. Pour moi Shangrila représente l’inconnu, l’inédit, l’inouï, l’un peu crapoteux… Bref, vous savez que je suis une lectrice snob qui aime les phrases à virgules, point-virgules et incises. Là, pour le coup, j’en suis pour mes frais. Des virgules, y’en a quasiment pas. Des points, pas des masses non plus. C’est rythmé comme des vagues, ça débarque sur la plage BOUM BOUM BOUM et en fait, ça te laisse à peu près aussi lessivé que les gros rouleaux de l’Atlantique.







Shangrila, ça parle d’un monde que je ne connais pas, avec un vocabulaire que je ne connaissais pas. Ça parle de surf. Et dans cet univers totalement inconnu, j’ai été prise, solidement attachée (comme un surfeur à sa planche?) et j’ai été incapable de me détacher du texte avant de l’avoir terminé, les larmes aux yeux. C’est superbe, c’est splendide, on va pas non plus faire la course aux épithètes mais pour le coup, par rapport à ce que j’ai lu ces derniers temps, ça se détache de très très loin. Au début, franchement, on se demande où est ce qu’on a atterri. DK, le surf, l’Australie… ça ne me parlait pas vraiment. Mais au bout de quelques pages, l’émotion sourd, on commence à s’attacher aux personnages, AU personnage pour tout dire, et là impossible de le lâcher. Nous aussi, on crie DK! DK! on veut le voir surfer, re-surfer, surfer toujours, on veut que Lisa soit là (on chante Sad Lisa dans sa tête depuis trois jours, ça n’est plus possible. d’ailleurs je vous la mets en fin d’article, comme ça vous pleurerez avec moi) et on veut que tout soit beau, mouillé et salé. Bon, ça foire un peu, faut le dire. Du coup on pleure pas mal, mais surtout on est incapable de lâcher ce gros machin de 500 pages. Chaque page est exceptionnelle.







Bon, je sais, j’utilise souvent cette formule pour vous forcer à lire des titres que vous n’auriez pas forcément essayé. Mais honnêtement, là, il faut. C’est superbe, c’est puissant, ça vous remue… oui, en fait, c’est une bonne idée de terminer sur Cat Stevens. Donc voilà, c’est superbe, c’est puissant, ça vous remue comme une chanson de Cat Stevens un jour de pluie.
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Shangrila

Shangrila de Malcom Knox chez Asphalte.

Je viens de me prendre une déferlante en pleine gueule.un roman sur le surf, ouias l'autre il se prend pour Kelly Slater, soleil, crème solaire, jeune fille en bikini et les beach boys en fond. Euh alors là en fait pas du tout on serait plus en mode trainspoting aux pays des kangourous.

C'est l'histoire de DK qui nous est narré ici enfin c'est plutôt Dk qui nous narre son histoire, on est dans sa tête et dans sa tête c'est pas tout rose. Chapeau à la traduction l'effet est extraordinaire une fois qu'on assimile le truc on vit l histoire à fond. Donc DK c'est un ancien champion du Monde de surf dans les années 70. On le retrouve au début du bouquin bien amoché par la vie mais c'est une légende et une journaliste veut faire un article sur lui du coup il repart dans ses souvenirs et nous avec lui. Surfeur génial et associable il a toujours tout fait avec ses propres règles que ce soit dans sa boutique de surf ou lors de compétition. Parano, schizo, complètement timbré par moment, on aime le détester. un jour au sommet et le lendemain au fond du trou avec toujours sa mère et son frère pas très loin.

Un bon bol d'air Australien dans le creux de la vague.

Ça pique un peu par moment mais au fond ça fait du bien.

Un bol de müesli, les Ray Ban sur le nez et la planche sous le bras, c'est parti🤙 🏄.
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Wonder Lover

L’abîme hilarant et songeur des vies parallèles de John Wonder, certificateur en chef de records et de faits



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/02/07/note-de-lecture-wonder-lover-malcolm-knox/


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Shangrila

Itinéraire guerrier halluciné d’un enfant du surf glissant du psychédélique au monétisé.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/04/10/note-de-lecture-shangrila-malcolm-knox/


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Shangrila

Histoire d'un ange déchu du surf, star mondiale des années 70, ravagé par la maladie mentale et les drogues, aujourd'hui obèse et reclus avec sa mère dans un ghetto de vieux.



Une narration déroutante qui s'avère plaisante une fois apprivoisée, les 509 pages du roman, on les passe dans la tête du héros et c'est aussi bien rangé qu'une chambre d'ado là dedans, de son existence millimétrée, rompue par ses escapades nocturnes dans l'océan en compagnie de sa planche, dont il dit lui même qu'elle se demande ce qu'elle a bien pu faire pour mériter ça, à sa rencontre avec une journaliste, une de plus mais celle là s'accrochera comme une tique sur un chien, qui l'approche pour écrire sa biographie.



L'exercice est loin d'être facile, faut dire que le bonhomme a prononcé en 58 ans de vie moins de mots que je ne viens d'en écrire. S'il ne lui livre pas grand os à ronger, sa présence, ses questions, ravivent ses souvenirs (rappelez vous, on est dans sa tête).



De sa découverte du surf avec son frère Rod, de ces vagues qu'il sera le seul à tenter et dompter, de son titre de Champion du Monde, de son grand amour assassiné, de son grand amour qui tentera de l'assassiner: cette poudre blanche qui coule à flots des tuyaux des seventies, avec une prédilection pour les rock stars, les hippies et fait moins connu, pour les surfeurs. À l'instar du sex, drug and rock'n'roll, les années 70 furent celles du sex, drug and surf.



Les connaisseurs ne manqueront pas de faire le parallèle avec Michael PETERSON, selon Alain GARDINIER, le héros EST Michael PETERSON. Nul doute quoi qu'il en soit que KNOX s'en soit inspiré : mêmes lieux, mêmes dates, même génie, mêmes excès, même maladie psychiatrique.



Nul besoin d'aimer le surf, nul besoin d'y connaître quoi que ce soit pour apprécier ce roman,, s'attacher à ce héros qui délaisse l'auto-apitoiement au profit d'un regard caustique sur lui même, nous tirant même quelques éclats de rire.



Un très bon moment de lecture.



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Wonder Lover

Le pitch était prometteur et à bien des égards, la promesse a été relativement tenue. Mais, car il y a un "mais", il y a aussi beaucoup de longueurs, notamment dans le temps que John passe avec Cicada. J'ai trouvé infiniment intéressant que l'histoire soit racontée par l'entité "les enfants" ; ça donne un côté attachant à l'affaire, car ils en profitent pour disséquer les marottes et les failles de leur père. On se demande s'il faut admirer ou détester cet homme pour sa polygamie si bien organisée, s'il est très naïf, très pervers, ou complètement barré, lâche assurément ; on réfléchit sur ce qu'il peut bien rechercher, en plus de tous les records qu'il doit certifier. Bref, on se laisse porter, on sourit parfois et on arrive aux cinquante dernières pages qui sont celles que j'ai préféré. Je ne sais cependant pas ce qu'il me restera de ce roman d'ici quelques semaines.


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Shangrila

Direction un vieux village de retraités au début du roman, un village dans lequel vivent Dennis Keith alias DK et sa mère. DK se cache derrière sa paire d'aviator et a bien du mal à trainer sa carcasse vieillissante de cent quinze kilos. le lecteur se rend compte rapidement que derrière ce personnage se cache une vieille légende du surf en bout de course. Une jeune journaliste spécialisée débarque et souhaite écrire sa biographie. L'idée ne réjouit pas plus que ça le surfer qui finit par se prêter au jeu petit à petit. Malcolm Knox à partir de là décide de remonter toute la carrière du surfer, de son don pour le surf et pour tout ce qui touche à l'eau à son ascension vers le succès en passant par les nombreuses galères qu'il a pu rencontrer. On découvre un personnage complexe qui a bien du mal à vivre avec son talent et tout ce qu'il charrie, mais qui en même temps prend un plaisir fou à communier avec les vagues. Malcom Knox écrit le roman d'une vie, celle d'un surfer hors normes rattraper par pas mal de démons. L'écriture particulière déstabilise un peu au début du roman mais une fois lancé on finit par apprécier le ton particulier de l'auteur.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Shangrila



Shangrila est une incursion dans le cerveau malade de Dennis Keith, star déchue du surf australien devenu obèse et impotent. Déroutant au début par sa forme qui, dans une langue très "parlée", emprunte les sentiers tortueux de la mémoire de DK, personnalité schizophrène, mégalomane et paranoïaque, le livre est une description quasi documentaire de l'essor du surf des années 60 à 80. DK, enfant trouvé exceptionnellement doué pour ce sport, retrace son enfance sauvage dans sa famille adoptive déglinguée, les bandes rivales, les compétitions, la célébrité, la défonce, les débuts de l'exploitation commerciale et la déchéance. Inspiré de la vie de Mickaël Peterson et d'évènement sportifs réels, le roman est vraiment au plus près de son sujet et destiné aux passionnés de surf comme aux néophytes.
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Wonder Lover

Avec Wonder lover, vous pouvez vous laisser attirer - comme moi et beaucoup d'autres, j'imagine - par le pitch, sacrément prometteur et terriblement roublard. Après, vous aimez, ou pas, c'est un peu en fonction de votre goût pour ce type de littérature très anglosaxonne où chaque personnage est une caricature, un paradoxe, un record, un symbole (ce n'est pas forcément ma tasse), ce que j’appellerais la littérature de l'excès.



Vous pouvez aussi vous laisser attirer par l'accroche qui figure - c'est assez rare pour le souligner - sur la première de couverture, en gros (presque aussi gros que le nom de l'auteur) : "Un humour dévastateur", signé Le point.



Et là, je ne peux que vous prévenir : ne cherchez pas l'humour dévastateur, il n'y en a pas ! Ce livre n'est pas drôle, mais alors pas drôle du tout ! C'est même souvent très glauque.



Avec une accroche et un pitch pareils associés, vous pouvez penser plonger dans une aimable pochade parfaite pour les vacances... c'est tout le contraire : Wonder lover est un des livres les plus sinistres que j'ai pu lire ces derniers temps.



Lire la suite de ma critique sur le site Le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Wonder Lover

John Wonder est la transparence incarnée. Un homme discret, organisé, méticuleux, qui prend à cœur son métier de Certificateur en chef de faits extraordinaires. En clair, il authentifie pour un genre Guinness des records les données qui lui sont soumises, des plus classiques aux plus illuminées, allant constater in-situ leur véracité. Un métier aux allures d’agent secret pour cet être énigmatique qui peut ainsi aller à son gré aux quatre coins du monde, et s’accomplir pleinement dans les diverses vies de famille qu’il a construites.



Car notre homme cultive l’art du secret dans toute sa splendeur. Derrière ses allures d’homme insaisissable et réservé qui passerait presque le vieux garçon de service, John Wonder a organisé sa vie au millimètre pour jongler avec ses trois casquettes, garnies de ses épouses Sandy, Pauline et Kim, autour desquelles se sont dessinées trois vies de famille avec leur trois paires d’enfants assortis, maisons, comptes en banques, téléphone, médecins de famille et consorts. A ce stade, même si sa profession permet suffisamment de largesse pour justifier sa présence auprès des siens seulement une semaine sur trois, autant dire que l’organisation tient de la haute voltige.



Tout cela nous est rapporté par ces six enfants, trois fois un garçon et une fille, tous prénommés subtilement et étrangement Adam et Evie. Leur position et leur regard donne lieu à une vision très riche du personnage, avec ses qualités et ses failles, et une version de l’histoire très sensible. On rencontre alors un homme profondément respectueux, humain bien qu’un chouïa asocial. Il y a de l’amour dans ses histoires, de la tendresse, de l’attention. La psychologie du personnage de John Wonder est très fine, car il ne s’agit ni d’un homme à femme aux allures de goujat macho qui tromperait sans vergogne sa femme avec la première venue, ni d’un pervers manipulateur en puissance s’accomplissant dans la tromperie. Ce serait même plutôt l’inverse d’ailleurs, notre antihéros semble surtout doté d’un genre de flegme déconcertant, poussé par l’instinct. Ce ne sont finalement que de multiples concours de circonstances qui ont imposé successivement trois femmes devant John comme une évidence, l’incitant à construire au fil des années trois vies bien distinctes et d’un parallélisme à frémir. Il y a bien de l’égoïsme dans tout ça, ne nous leurrons pas, avec une quête permanente de perfection, d’exactitude et du secret challenge d’authentifier un jour La Plus Belle Femme du Monde. Lorsqu’il la rencontre, c’est le caillou dans le moteur, la pyramide se délite laissant place à des méandres dignes d’une tragédie grecque.



Malcolm Knox tient son scénario à bras le corps et signe un roman abracadabrant très bien mené. Le tableau se dessine rapidement et nous nous laissons porter dans ces vies et cette situation absolument rocambolesque, avec en off les records tirés par les cheveux, un viager qui voit passer trois générations avec une doyenne qui n’en finit pas de battre son propre record… Il décortique les relations humaines, les interactions entre les individus, leurs actes, et plus largement leur place dans la société, dans le groupe.



Ça tient à la fois du drame et de la comédie, de la farce et de la fable, c’est à la fois effrayant et récréatif, revigorant, il y a de l’acrobatie, de l’humour pince-sans-rire… Franchement, foncez, faites-vous plaisir ! (mais c’est pas du feelgood hein… !)
Lien : http://casentlebook.fr/wonde..
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