Un grand éclat de rire me fit sursauter sur ma chaise. Imprévu, énorme. Je ne m'attendais pas à un tel déchaînement, moi à qui on avait tant vanté la retenue et la discrétion des Anglais.
A moi de revenir au quai du départ et à monter dans le train du bonheur et de la sérénité.
Plus le temps passe, plus je réalise combien je suis malheureux dans ma vie sentimentale. Son essence, sa source , me son t confisquées depuis si longtemps ! Cette souffrance de presque chaque instant, nourrie par de faux bonheurs, ne fait qu'augmenter ma détresse . La solitude pour seule compagne, la censure permanente de mes faits, gestes, pensées. Un bonheur bien pauvre. Je suis obligé de vivre dans une prison construite avec mes mains. Comment ne suis-je pas encore devenu fou ? J'ai peur de vieillir non pas à causez du ravage des années, mais parce que cela m'éloigne de mon enfance. Je repense souvent à cette phrase de Freud :"Etre un peu maître de soi".
sans m’en rendre compte j’étais devenu un homme mais dont la passerelle avec l’enfance avait été détruite d’un coup, ce qui ne me permettait pas, quand c’était trop dur, de repasser l’eau pour me réfugier un moment sur l’autre rive et récupérer.
bien plus tard, j’ai compris que je n’avais pas un caractère faible mais qu’on exigeait de moi que je me batte pour des choses qui ne m’intéressaient pas alors qu’il m’était interdit de faire le maximum pour ce qui m’aurait plu.
"- Ne va pas t'éteindre dans un travail administratif sans intérêt. La création est la seule façon de survivre sur cette terre. Un tableau,un dessin pensent. Ne l'oublie jamais."
Marc Desaubliaux
Un homme sans volonté
(p. 162)
Elle repose sa tête sur l'oreiller du lit et fixa son regard sur celui du garçon.
- Le problème avec toi, Louis, c’est que toi aussi tu fuis mais sans prendre la même direction que moi. On n'arrive jamais à savoir ce que tu penses.
- Mais non, ce n'est pas ça...
- Alors c'est quoi ?
- Je n'en sais rien. C'est pas facile de répondre, c'est tout. Moi j'arrive pas à comprendre si c'est blanc ou noir, l'un ou l'autre, l'un et l'autre, l'un contre l'autre. J'arrive pas. Je dois être con. J'aime bien ce qu'on fait tous les deux mais pourtant, après, j'éprouve de la honte !
- Trop facile. Ose dire ce que tu penses, bon Dieux !
- Mais le problème c'est que je ne pense pas.
Carole-Anne se leva pour prendre un autre paquet de cigarettes et revint s'allonger pour fumer.
- T'en veux une autre ?
- Merci. Je n'ai plus envie.
Le bruit du briquet. La flamme, la première fumée, l'odeur forte. Le souffle de l'expiration, le petit nuage montant.
- Finalement, t'es un trouillard. T'as peur d'aimer, t'as peur de tout !
" Tu as volé trop près du soleil et tu t'es brûlé ; c'est toi qui as fait de moi une créature de cendres ".
Leslie Hartley.
En art, la solitude ne vaut rien, même si au moment de créer on se retrouve seul devant son chevalet ou devant sa feuille de papier. On doit parler, échanger des expériences, avoir le courage de se confronter à l'avis des autres, même si certains peuvent sembler stupides.
Refusant d’aller de l’avant, je me suis interdit de cicatriser mes blessures