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EAN : 9782492375057
262 pages
AMH Communication (24/01/2022)
3.66/5   22 notes
Résumé :
«Je m’ennuie depuis toujours. Une vie toute tracée avec des règles. Des conversations répétitives. Les semaines durent des siècles. Jamais je n’ai réussi à trouver la moindre issue à cette mort lente. J’ai pourtant essayé par la violence et la peinture, mais ça n’a rien donné. Un manque de volonté ? Ou le poids écrasant des conventions ? Je regarde les autres vivre et s’amuser... Je n’appartiens pas à leur monde. Je ne sais toujo... >Voir plus
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Avant d'aller plus avant dans mon compte rendu, et sans entrer dans des détails autobiographiques qui n'intéressent que moi, je dois confesser mon appréhension à l'idée de lire un roman français contemporain, dans lequel je ne trouve presque jamais la substance qui inonde les oeuvres De Balzac, Flaubert, Proust, Céline, Giono, etc.

Rares sont en effet les textes contemporains qui me transportent. Mais comme je ne veux pas passer pour ce que je suis en réalité – c'est-à-dire un nostalgique de l'Avant –, je m'impose de lire plus ou moins régulièrement des récits du temps présent. J'ai donc souhaité lire Un homme sans volonté, de Marc Desaubliaux. Tout ce qui va suivre n'est donc qu'un avis très subjectif…

« Après mon bac, la liberté. En fait la découverte du vide. Je mets enfin un nom dessus : l'ennui. » Telle est la précoce constatation du narrateur, Louis. L'ennui, « ce fruit de la morne incuriosité », écrivait Baudelaire. Pour poursuivre dans la veine baudelairienne, on trouve aussi cette phrase : « Il n'y a pas pire solitude qu'au milieu des gens heureux. » Constat sans appel et si évident…

Louis, jeune homme riche et de bonne famille, selon l'expression consacrée, tente de conjurer cet ennui dans des expériences destinées à éprouver un certain danger ; des expériences qu'il subit plutôt qu'il ne les commande, faute de volonté précisément. Parmi celles-ci, il développe une sexualité quelque peu morbide avec sa partenaire Carole-Anne, elle-même en quête d'extrêmes.

C'est ainsi une recherche angoissée et obsessionnelle d'un sens à son existence qui hante Louis, lequel se frotte de manière inconsciemment suicidaire aux limites du possible, jusque dans sa sexualité donc – évoquée de manière trop répétitive, ce qui est dommage. Existence dont on a peut-être tracé trop vite les grandes lignes au sein d'une famille où tout semble codifié. Et sa volonté se voit entravée par des contraintes insupportables, dont la maladie de sa soeur Eugénie n'est pas des moindres. Louis se trouve donc dans une impasse : « Refusant d'aller de l'avant, je me suis interdit de cicatriser mes blessures. »

Certains tenants de la lutte des classes verraient dans cette histoire une maladie de riches qui peuplent de frissons transgressifs leur confortable oisiveté. Mais se chercher n'est pas l'apanage des milieux aisés, Holden Caulfield – principal protagoniste de L'Attrape-coeurs, de J.D. Salinger – est là pour en témoigner.

Dès lors, tout ce qui est – ou lui paraît – exotique, est bon à prendre, notamment une amitié durable avec des membres de la famille impériale Romanov exilés à Paris, si éloignés de son propre modèle familial. Ce qui lui vaudra un apprentissage de langue russe et surtout un dangereux voyage en URSS à la fin des années 1970.

Son approche totalement libre de la peinture participe aussi pour Louis de cette recherche d'un ailleurs, autant qu'elle est un exutoire à ses états d'âme. Recherche qui sera l'occasion de rencontres avec des peintres, dont un certain Antoine de Brétilly, qui aura cette remarque très juste à propose de la peinture : « Un tableau n'est pas une vérité en soi : c'est surtout ce qu'en découvre le spectateur qui est une vérité. Et encore, le peintre peut avoir joué à dissimuler bien des choses que personne ne comprendra jamais. » À ce propos, les passages consacrés à la peinture et au processus de création sont les meilleurs à mon sens.

Oscillant entre le « je » et le « il », le récit, qui cède trop au langage parlé, déroute par ces ruptures narratives, ce qui empêche la pleine fluidité de la lecture. Mais, au risque de me répéter, je crois être un lecteur d'un autre temps, et ce roman mérite d'être lu car il émane de lui cette sincérité du malheur qui se raconte non moins sincèrement…

(PS : je tiens à remercier l'auteur pour sa disponibilité ainsi que sa convivialité lors d'une rencontre très agréable organisée entre lui et ses lecteurs dans les locaux de Babelio, mercredi 26 janvier 2022)
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C'est une découverte pour moi puisque je ne connaissais pas cet auteur avant de lire ce roman.

J'ai trouvé intéressant les thèmes abordés, notamment le carcan social dans lequel chaque personne doit se fondre, notamment ici la haute société où par exemple il faut se marier entre soi, au détriment du bonheur. L'auteur nous parle aussi du profond mal-être de certaines personnes, cette violence et cette fureur en soi, puis le repenti et la honte. Il est également question de l'anorexie mentale, sujet terrible abordé en arrière fond.

J'ai été quelque peu décontenancée par la narration qui passe parfois soudainement de la première personne du singulier à la troisième, mais cela n'a pas été un obstacle à ma lecture. Je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages, peut-être trop éloignés de moi, mais ai néanmoins ressenti de l'empatie pour Louis et sa soeur, jeunes étouffés par leurs conditions, toujours régentés par le paraitre.

L'auteur nous a présenté de manière intéressante un personnage qui ne sait jamais ce qu'il veut et prenant difficilement sa vie en main. Celui-ci ne cesse d'hésiter, n'arrive pas à se décider et rate des occasions.

Les thèmes m'ont donc plus, même si je me suis parfois un tout petit peu ennuyée
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Retour SP sur: "Un homme sans volonté" de Marc Desaubliaux .

GENRE: littérature blanche

2018, lors d'une réception mondaine, Louis revoit pour la première fois depuis des années une connaissance qui lui était très proche.
Les souvenirs remontent, se font lancinants, lui font mal et c'est donc inéluctablement qu'il fait un malaise, son corps n'ayant pas surmonter cette escalade d'émotions..
Il nous raconte alors sa vie, sa famille, ses rêves..

De 1948 à 1982, une histoire nous est contée, celle de ses parents, leurs vies, leur rencontre , leur mariage..
Puis Louis nous parle de sa venue au monde ainsi que celle de sa soeur et de leurs enfance, leurs envies, leurs espoirs, leurs rêves mais surtout leur peine et désespoir..

Une vie de famille pas tout à faire ordinaire.
Ils font partis de la haute société, alors ici c'est des secrets, des devoirs et presque que la soumission..

La soeur de Louis étant malade, c'est sur elle que toute l'attention est portée par ses parents et surtout de leur mère..

Louis, réservé, timide avec une colère en lui, va devoir trouver sa place au sein de cette famille..
Son grand rêve est de devenir peintre mais ce n'est pas ce que veulent ses parents pour son avenir.
Lui, le renfermé va plongé dans l'extrême de tout: alcool, sexe et drogue..
Il tombe souvent amoureux, mais jamais de "celle qui faut"..
Il a l'impression d'avoir le monde entier contre lui.

Parviendra-t-il à faire se qu'il veut de sa vie ?

Un roman touchant, plein de rêve et de désespoir.
Des vies gâchées, abîmées, des amours interdits et des mariages de raison et non d'amour.
Ce roman nous en met plein les yeux et plein le coeur...

RÉSUMÉ: je m'ennuie depuis toujours. Une vie toute tracée avec des règles. Des conversations répétitives.
Les semaines durent des siècles.
Jamais je n'ai réussi à trouver la moindre issue à cette mort lente.
J'ai pourtant essayé par la violence et la peinture, mais ça n'a rien donné.
Un manque de volonté ? Ou le poids écrasant des conventions ?
Je regarde les autres vivre et s'amuser. .. je n'appartiens pas à leur monde.
Je ne sais toujours pas qui je suis. J'ai bien un nom, un corps. Mais qu'y a-il à l'intérieur ?
Des courants contraires m'entraînent dans un sens puis dans un autre.
Je ne suis même pas devenu vieux, car je n'ai jamais été jeune. Ma solitude augmente quand il y a du monde autour de moi. Je vis à côté d'eux. Des paroles sortent de ma bouche, ce ne sont pas les bonnes. Celles que je voudrais dire demeurent collées au fond de ma gorge. Alors je fais l'acteur et j'attends...la solitude. ..et le pire, celle qui sera toujours la même au moment de mourir...
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Un homme sans volonté est le septième livre de Marc Desaubliaux, un roman présenté par la quatrième de couverture comme « sombre et dérangeant ».

Il est vrai que, lorsque je l'ai commencé, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que cette lecture s'annonçait plutôt déprimante…

Louis s'ennuie dans sa vie, victime de sa paresse, du poids des conventions, incapable de donner corps à ses rêves ou à ses ambitions… Ce personnage, que nous allons suivre pendant cinquante ans, appartient à la grande bourgeoisie parisienne ; il évolue dans un milieu aisé, mondain…
Est-ce pour cela que je n'ai pas réussi à m'attacher à lui, que j'ai lu son parcours comme une plongée dans un monde inconnu dont les codes m'ont paru très surfaits, bien loin des préoccupations qui étaient les miennes aux mêmes âges de la vie, enfance dans les années 1960, adolescence et début de la vie adulte dans les années 1970-80… ? Certes, certaines thématiques et transgressions sont universelles mais le contexte et le cadre de ce roman leur donnent un écrin particulier, préservent un cocon où les difficultés et aléas de la vie prennent un écho feutré et esthétique ; tout y semble faussé par le souci des apparences, un certain décorum…

J'ai immédiatement pensé à Marcel Proust et à Huysmans en lisant ce livre ou encore à Baudelaire
Comme le narrateur de la Recherche, Louis a le temps de se regarder vivre… Comme Des Esseintes, dans À rebours, il est mélancolique, névrosé, seul au milieu des autres. Suffisamment libéré des soucis matériels, il a tout loisir pour cultiver sa différence et se nourrir de son propre fond, s'abandonnant au flux ininterrompu de ses souvenirs, de ses rêveries et de ses réflexions.
Louis est en proie à une forme de spleen, un dégout et un détachement de la vie ; sa neurasthénie passe inaperçue, personne n'y pose de véritable diagnostic alors que la maladie mentale de sa soeur aînée est précisément nommée.

Contre toute attente, je ne me suis pas ennuyée en lisant ce livre.
Marc Desaubliaux donne la priorité à l'analyse psychologique de l'état de malaise et de mal-être de son héros mais Un homme sans volonté a aussi des accents de roman d'apprentissage, de récit d'aventure, de roman de moeurs… L'auteur y mêle des réflexions très intéressantes sur l'art, la musique, la peinture, la photographie…
J'ai apprécié les retours en arrière, l'alternance entre la narration omnisciente et les passages à la première personne. L'écriture est soignée, travaillée, porteuse.

En conclusion : un univers littéraire que je vais continuer d'explorer !

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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C'est un roman, disons, récit d'une vie supposée ratée.

Les personnages, tous de l'aristocratie ou haute bourgeoisie. le personnage principal, Louis, est un, à la fois, introverti et timide. Ces deux caractéristiques ne vont pas toujours ensemble, mais quand c'est le cas, ça donne des choses comme dans ce roman.

Ce livre raconte des morceaux de l'enfance, jeunesse et adolescence de Louis, personnage avec plein d'envies mais incapable de prendre des décisions. Il rate des occasions, il rate un éventuel mariage avec une copine avec qui il a eu une aventure très intime, Carole-Anne.

Il se montre capable d'avoir des actions osées, comme les relations intimes qu'il a avec CarAnne ou son voyage en URSS. Mais c'est toujours à l'initiative de l'autre, jamais de lui-même.

Les coups de colère sont même typiques de ce type de personnalité : introverti et timide. Il reconnaît ses limitations, il voit passer les opportunités ratées - il encaisse, il encaisse et fini par avoir besoin de défouler.

Il se sent mal compris dans ce qu'il fait. Ceci apparaît bien dans ses tableaux, certes appréciés, mais dont imparfait aux yeux des autres. Avec du tact on pourrait le convaincre d'aller plus loin - M. de Brétilly a ce tact.

Finalement, il laisse tomber la peinture et suit le chemin prévu dans sa famille - la Charge de son père. Celui-ci reconnaissant la faiblesse de son fils, désigne son beau-fils comme directeur général et son fils comme son adjoint.

Son indécision fait que ce n'est pas lui qui mène une vie mais la vie que lui mène.

Sa vie fait est une des déclinaisons possibles de la vie des surdoués. L'auteur ne dit pas, ou a voulu laisser au lecteur de l'interpréter.

40 ans après, il rencontre CarAnne... un échange anodin, des souvenirs reviennent... puis s'en vont...

Je ne pouvais pas ne pas remarquer le style du narrateur par rapport à Louis. Assez souvent, il parle de Louis, en début de chapitre, à la troisième personne, puis il passe à la première personne dans le même chapitre. Dans les chapitres où il n'est question que de Louis, c'est parfois le chapitre entier à la première personne.

La mention à un "pseudo-attentat" commit par des russes ainsi que l'arrestation de la famille russe qu'il a visité n'ajoutent rien au contenu du livre, d'autant plus qu'il n'y a aucune suite. Je n'ai pas vu l'intérêt.

J'ai beaucoup aimé ce romain, mais je remarque au passage que la mise en forme aurait pu être un peu plus soignée. C'est juste une remarque de forme qui n'enlève en rien la qualité du contenu. Une probable caractéristique des petits éditeurs. Cette pinaille est peut-être même une qualité face à l'industrialisation de la littérature.
Lien : http://lecture.jose-marcio.o..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
(p. 162)
Elle repose sa tête sur l'oreiller du lit et fixa son regard sur celui du garçon.
- Le problème avec toi, Louis, c’est que toi aussi tu fuis mais sans prendre la même direction que moi. On n'arrive jamais à savoir ce que tu penses.
- Mais non, ce n'est pas ça...
- Alors c'est quoi ?
- Je n'en sais rien. C'est pas facile de répondre, c'est tout. Moi j'arrive pas à comprendre si c'est blanc ou noir, l'un ou l'autre, l'un et l'autre, l'un contre l'autre. J'arrive pas. Je dois être con. J'aime bien ce qu'on fait tous les deux mais pourtant, après, j'éprouve de la honte !
- Trop facile. Ose dire ce que tu penses, bon Dieux !
- Mais le problème c'est que je ne pense pas.
Carole-Anne se leva pour prendre un autre paquet de cigarettes et revint s'allonger pour fumer.
- T'en veux une autre ?
- Merci. Je n'ai plus envie.
Le bruit du briquet. La flamme, la première fumée, l'odeur forte. Le souffle de l'expiration, le petit nuage montant.
- Finalement, t'es un trouillard. T'as peur d'aimer, t'as peur de tout !
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"- Ne va pas t'éteindre dans un travail administratif sans intérêt. La création est la seule façon de survivre sur cette terre. Un tableau,un dessin pensent. Ne l'oublie jamais."

Marc Desaubliaux
Un homme sans volonté
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Louis revint rue de Prony, bien décidé à épouser CarAnne. Une heure après, sa certitude avait pâli, en fin de journée sa détermination gisait sur le parquet, morte. Le doute reprenait le dessus, son compagnon de tous les instants. L'ennui en avait profité pour réoccuper le terrain perdu. Le garçon peignit sa rage sa tristesse, sa lassitude. Une partition de Verdi, déplaisante, soutint son inspiration. le soir, l'oeuvre terminée reçut des coups de couteau de cuisine. Voulut la jeter mais n'en fit rien car ses plaies béantes, ses grandes traînées de jets aux couleurs mélangées l'intéressèrent.
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En art, la solitude ne vaut rien, même si au moment de créer on se retrouve seul devant son chevalet ou devant sa feuille de papier. On doit parler, échanger des expériences, avoir le courage de se confronter à l'avis des autres, même si certains peuvent sembler stupides.
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Dans le métro qui la ramène chez elle, Carole-Anne ne cessera pas de penser que tout n'est que duperie, tout le monde trompe tout le monde. Aucune sincérité. L'être humain atteint une complexité incroyable. Pas besoin des cours de psychologie pour le deviner. Chacun se cache, et d'abord à soi-même.
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