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Citations de Marceline Loridan-Ivens (474)


J'ai quatre-vingt-six ans et le double de ton âge quand tu es mort. Je suis une vieille dame aujourd'hui. Je n'ai pas peur de mourir, je ne panique pas. Je ne crois pas en Dieu, ni à quoi que ce soit après la mort. Je suis l'une des 160 qui vivent encore sur les 2 500 qui sont revenus. Nous étions 76 500 juifs de France partis pour Auschwitz-Birkenau. Six millions sont morts dans les camps. Je dîne une fois par mois avec des amis survivants, nous savons rire ensemble et même du camp à notre façon. Et je retrouve aussi Simone. Je l'ai vue prendre des petites cuillères dans les cafés et les restaurants, les glisser dans son sac, elle a été ministre, une femme importante en France, une grande figure, mais elle stocke encore les petites cuillères sans valeur pour ne pas avoir à laper la mauvaise soupe de Birkenau. S'ils savaient, tous autant qu'ils sont, la permanence du camp en nous. Nous l'avons tous dans la tête et ce jusqu'à la mort.
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Marceline Loridan-Ivens
"Il n'y eut, après les camps, plus aucun donneur d'ordres dans ma vie"
#podcast #LheureBleue #franceinter
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Francis est mort il y a quelques années maintenant, sans avoir trouvé la paix. L'ai-je trouvée moi ? Non, je ne la cherche pas, elle ne viendra pas, elle m'est impossible. Seuls comptent la quête, le mouvement, le sens. Et j'ai su jalonner ma vie de gens et de combats qui m'apaisent.
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Je sais qu'on meurt seul. Et je n'ai jamais compris pourquoi les yeux restent ouverts.
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Il faut vieillir pour accéder aux pensées de ses parents.
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"Dans la vie, la vraie, on oublie aussi, on laisse glisser, on trie, on se fie aux sentiments. Là - bas, c'est le contraire, on perd d'abord les repères d'amour et de sensibilité. On gèle de l'intérieur pour ne pas mourir. Là-bas, tu sais bien, comme l'esprit se contracte, comme le futur dure cinq minutes, comme on perd conscience de soi- même."
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Si nous avions eu une tombe, un endroit où te pleurer, les choses auraient été plus simples. Si tu étais rentré, diminué, malade, pour mourir comme tant d'autres, car rentrer ne voulait pas dire survivre, nous t'aurions vu partir, nous aurions serré tes mains jusqu'à ce qu'elles soient sans force, nous t'aurions veillé nuit et jour, nous aurions écouté tes dernières pensées, tes murmures, tes adieux, ils auraient chassé à tout jamais la lettre qui me manque aujourd'hui. Et nous t'aurions fermé les yeux en récitant le kaddish. "
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Il y avait entre nous des champs, des blocs, des miradors, des barbelés, des crématoires, et par-dessus tout, l’insoutenable incertitude de ce que devenait l’autre. C’était comme des milliers de kilomètres. A peine trois, disent les livres.
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Je les voyais les enfants, depuis mon bloc, qui allaient sur le chemin des chambres à gaz. Je me souviens d'une petite fille, accrochée à sa poupée. Elle avait le regard perdu. Derrière elle, probablement des mois de terreur et de traque. On venait de la séparer de ses parents, on allait bientôt lui arracher ses vêtements. Elle ressemblait déjà à sa poupée inerte.
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Je me suis nourrie de toi, et d’autres, j’ai absorbé vos sourires, votre détachement, votre langage, vos connaissances, votre désir, sans toutefois pouvoir vous le rendre.
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... la mémoire, bien qu’elle se réfère au passé, se vit toujours au présent.

Annette Wievioka
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Aujourd'hui encore, quand j'entends dire Papa, je sursaute, même soixante-quinze ans après, même prononcé par quelqu'un que je ne connais pas.
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Je ne sais pas me détacher du monde extérieur, il m’a enlevée lorsque j’avais quinze ans. C’est une mosaïque hideuse de communautés et de religions poussées à l’extrême. Et plus il s’échauffe, plus l’obscurantisme avance, plus il est question de nous, les juifs. Je sais maintenant que l’antisémitisme est une donnée fixe, qui vient par vagues avec les tempêtes du monde, les mots, les monstres et les moyens de chaque époque. Les sionistes dont tu étais l’avaient prédit, il ne disparaîtra jamais, il est trop profondément ancré dans les sociétés
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J’ai fait un film, dix ans plus tard, de ces moments-là, je voulais traverser le miroir, percer un passage, atteindre l’imaginaire de ceux qui n’y sont pas allés. Je ne suis pas sûre d’y être arrivée. Comment transmettre ce que nous avons nous-mêmes tant de mal à nous expliquer ?
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En politique, nous* n'étions pas du même bord, mais qu'est-ce qu'un bord, sinon une rive d'où l'on écoute et interprète le bruit du monde? Nous étions du même transport, du même quai, du même camp. Nous étions des femmes dures.

*Nous: la narratrice et Simone Weil.
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Il n'y eut, après les camps, plus aucun donneur d'ordres dans ma vie.
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A tout ceux qui dans le hall consultaient les listes (...), je répétais, "Tout le monde est mort". S'ils insistaient, me montraient des photos d'une famille, je disais calmement : "Il y avait des enfants ? Pas un enfant ne reviendra." Je ne prenais pas de gants, je ne les ménageais pas, j'avais l'habitude de la mort. J'étais devenue dure comme ces anciens déportés qui nous virent arriver à Birkenau sans un mot de réconfort. Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer.
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Survivre vous rend insupportables les larmes des autres. On pourrait s'y noyer.
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Il faut vieillir pour accéder aux pensées de ses parents.
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Tu n'es pourtant pas mort pour la France. La France t'a envoyé vers la mort. Tu t'étais trompé sur elle.
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