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Citations de Marcia Burnier (86)


Tellement de temps perdu, de temps que les mecs utilisent à vivre, à s'élever socialement, à créer, pendant que nous, on se ramasse parmi, on tente d'endiguer l'hémorragie avec un salaire de 1000 balles par mois. Moi je passe ce temps à être calme, à sourire, à contenir, putain qu'est-ce que je contiens, je garde à l'intérieur, je veux pas faire de vagues, il paraît qu'en plus les mecs ont peur des filles qui parlent trop fort, et moi je veux pas en plus être seule tu vois, mais j'ai l'impression d'être trop abîmée, trop foutue, je les intéresse plus et je me déteste de vouloir encore les intéresser.
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Elles ne voulaient plus qu'on leur demande comment elles étaient habillées, si elles avaient eu beaucoup de partenaires, si elles étaient des personnes sensées, insérées dans la société. Elles avaient décidé de refuser qu'on les qualifie de folle, de mythomane, qu’on leur reproche de détourner la réalité, de la dramatiser. Ce qu'elles voulaient, c'était des réparations, c'était se sentir moins vides, moins laissées-pour-compte. Elles avaient besoin de faire du bruit, de faire des vagues, que leur douleur retentisse quelque part. Quand elles avaient décidé qu'elles n’étaient plus intéressées par le procès équitable qu'on leur refusait de toute façon, elles s'étaient demandé ce qui poussait ces hommes, quel que soit leur milieu, à vouloir les posséder. Qu'est-ce qui rendait cet acte universel, structurel, et défendu systématiquement par une solidarité masculine sans faille ?
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On les poussait entre elles, c'était le reste du monde qui préférait qu'elles restent ensemble, que leurs histoires circulent en circuit fermé, qu'elles ne soient surtout pas dites à voix hautes. Il fallait qu'elles prennent soin réciproquement d'elles-mêmes pour pouvoir être présentables en société, sans faire de vagues. Il ne fallait pas que le viol sorte de ce cercle, qu'il contamine les autres, on faisait semblant de les plaindre mais on les préférait recluses ou éloignées, on les suppliait silencieusement de ne pas en parler en public et elles avaient toutes intégré ça plus ou moins consciemment. Elles se censuraient la majeure partie du temps, renonçaient au mot, parlaient d'un truc qui avait mal tourné ou passaient l'évènement sous silence.
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Des filles à qui elle n'avait pas besoin de réexpliquer. Des filles à qui elle n'avait pas besoin de justifier la déprime, l'angoisse, la peur du noir, du cul, les sanglots le soir qui ne prévenaient pas, le sursaut au contact physique, la guérison qui n'arrivait jamais. Des violées, des fissurées, dans la rue ou chez elles, par un cousin, un copain, un inconnu.
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Mais depuis quelle avait revu Mia, l'histoire de vengeance, non, de « rendre justice », lui trottait dans la tête. On dit pas vengeance, lui avait dit Mia, c'est pas la même chose, là on se répare, on se rend justice parce que personne d'autre n'est disposé à le faire. Lucie n'avait pas été très convaincue par le choix de mot, mais ça ne changeait pas grand-chose. En écoutant ces récits dans son bureau, son cœur s'emballe, elle aurait envie de crier, de diffuser à toute heure dans le pays un message qui dirait On vous retrouvera. Chacun d'entre vous. On sonnera à vos portes, on viendra à votre travail, chez vos parents, même des années après, même lorsque vous nous aurez oubliées, on sera là et on vous détruira.
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"Qu'est-ce qu'elle va chercher à vouloir toujours partager ce qu'elle voit ? [...] A la mort [de son chat], Janine lui a dit que personne ne pouvait partager sa douleur, qu'il fallait lâcher prise sur la rancœur. Erin a été piquée, mais en y réfléchissant, elle trouve ça de plus en plus vrai. Que cette quête amère et infinie des gens sur qui s'appuyer est vaine tant que ses jambes à elle ne sont pas solides. [...] avant de compter sur les autres, il fallait qu'elle puisse compter sur elle-même. Elle secoue la tête, éteint son téléphone et le range dans son sac." P. 141
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"Elle ne peut pas continuer comme ça, à ne rien faire d'autre que marcher, courir, pour se prouver qu'elle est forte, toujours plus forte. Mais elle a encore envie de repousser le moment où elle va devoir sortir d'ici, se montrer au monde, elle ne se sent pas encore tout à fait redressée." P. 111
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"Elle a passé tant de temps à examiner sa vie, à l'attendre, à se dire que ça ne pouvait pas être ça, juste ça. Qu'il y avait forcément quelque chose d'autre, quelque chose de plus brûlant, de plus vivant. Elle a attendu. Et puis Erin a monté des cols, escaladé des crêtes, vu la lumière dorée de la fin d'après-midi colorer les pins sylvestres d'une telle manière qu'elle s'est sentie réconciliée avec elle-même. Elle y est. C'est sa vie, elle a déjà commencé depuis longtemps, elle continue à filer et il suffirait qu'elle accepte de se laisser porter." P. 97
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"Est-ce que j'ai envie de faire ça ou bien est-ce que je suis juste convaincue que c'est la bonne chose à faire ? Qu'est-ce que j'aimerais réellement faire et au contraire, qu'est-ce que je fais en serrant les dents, parce que je pense que ça fera de moi quelqu'un de solide ?" P. 91
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– Tu connais le mythe de Sisyphe, Erin, non ? Le rocher qui dégringole de la montagne et qu'il faut remonter, encore et encore ? La vie c'est ça. C'est une suite de remontées et de dégringolades, de refuges au milieu qui redonnent de la force, de désespoir quand on voit la pierre rouler à toute vitesse vers le bas, qu'elle nous échappe des mains et qu'on ne peut rien faire. Des deuils il y en aura d'autres, beaucoup d'autres, et dans ta vie tu vas pousser cette pierre encore souvent. Des fois, sur le côté, il y aura des gens pour t'encourager, mais tu seras toujours seule à t'arcbouter dessus, remplie d'énergie pour la rapprocher du sommet, tu hurleras encore quand elle t'échappera des mains parce que tu auras glissé, mais tu finiras par t'habituer, par apprécier la montée, par la trouver belle, sans te préoccuper du sommet.
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Si elle devait choisir son phénomène météorologique préféré ça serait celui-là, le tonnerre qui fait vibrer les fenêtres, les orages d'été qui viennent déchirer un ciel trop brûlant, les orages de printemps qui détrempent les sols et les orages de montagne qui changent le paysage en quelques secondes, pour disparaître moins d'une heure après. Elle aime ce moment où la nature n'est plus uniquement un décor.
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Désormais elle doute : est-ce qu'on fuit pour éviter de souffrir ou pour se raccommoder en silence sans troubler personne ? Elle se demande si elle est partie parce qu'elle a honte d'avoir été endommagée, ou pour pouvoir enfin lâcher, enfin regarder dans les yeux cette tristesse qu'elle accueille comme une vieille amie, une couverture rassurante qui la borde les soirs où le monde semble trop glacial. Pour enfin faire l'inventaire des dégâts à la lumière crue des Pyrénées et comprendre comment tout ça pourrait être réparé. À Paris, elle avait eu peur de ne plus savoir être autrement, comme si l'endroit à l'intérieur d'elle-même qui semblait foutu pour toujours était finalement devenu un endroit familier auquel elle s'accrochait, comme si la douleur empêchait l'oubli, comme si aller mieux signifiait trahir celle qu'elle avait été, signifiait que rien de ce qu'elle avait traversé n'était grave.
Le mal-être était l'unique preuve visible qu'elle pouvait présenter aux autres, voyez comme il m’a abîmée, voyez comme je n’ai pas menti.
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Elle avait souvent peur de déplaire, peur qu'on l'aime pas, ou pas assez, qu'on la trouve ennuyante, insignifiante? Elle avait toujours eu quelques copines, surtout beaucoup de copains mais elle s'endormait tous les soirs incertaine de son entourage [...].
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C'est fou cette obsession pour le sourire des meufs, ça les tue qu'on puisse faire la gueule de temps en temps [...].
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-Tu connais le mythe de Sisyphe, Erin, non ? Le rocher qui dégringole de la montagne et qu’il faut remonter, encore et encore ? La vie c’est ça. C’est une suite de remontées et de dégringolades, de refuges au milieu qui redonnent de la force, de désespoir quand on voit la pierre rouler à toute vitesse vers le bas, qu’elle nous échappe des mains et qu’on ne peut rien faire. Des deuils il y en aura d’autres, beaucoup d’autres, et dans ta vie tu vas pousser cette pierre encore souvent. Des fois, sur le côté, il y aura des gens pour t’encourager, mais tu seras toujours seule à t’arcbouter dessus, remplie d’énergie pour la rapprocher du sommet, tu hurleras encore quand elle t’échappera des mains parce que tu auras glissé, mais tu finiras par t’habituer, par apprécier la montée, par la trouver belle, sans te préoccuper du sommet.
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Quand elle l’avait quitté, elle était épuisée. Elle s’était retrouvée à devoir éprouver le quotidien avec personne d’autre qu’elle-même. Elle avait tâtonné, sans savoir si les décisions qu’elle prenait étaient les bonnes et chaque erreur la voyait s’effondrer, comme la preuve irréfutable qu’elle n’était pas capable de vivre par elle-même.
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Elle sent le nœud se former dans son cerveau. Aussi stupide que ça puisse paraître, Erin ne sait pas si elle doit aller chercher du pain maintenant puis passer à la poste chercher le paquet ou l’inverse. Elle revérifie les horaires d’ouverture de la poste et de la boulangerie qu’elle connaît déjà très bien. Elle demande à Google Maps le temps du trajet qu’elle a pourtant fait l’avant-veille. Elle est figée. Son incapacité à prendre une décision s’est aggravée au fil du temps. Prendre une douche, ne pas la prendre, se les laver les cheveux ou non, passer au supermarché avant la poste ou l’inverse, prendre le vélo ou le métro, tout est prétexte à l’indécision. […]
L’heure tourne, elle trouve qu’on se rapproche dangereusement de la fermeture de midi. Elle devrait y aller maintenant mais bouger lui semble impossible. Elle se parle, elle s’insulte, elle se cajole, allez lève-toi, bouge-toi, allez, prends tes clés, allez allez, tout va bien se passer. Briser ce cercle lui demande un effort mental considérable.
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Incipit :
- Tonnerre, t’es où ? »
Erin siffle tant bien que mal, avec ses deux doigts, comme sa mère le lui a appris. Elle est emmitouflée dans une doudoune foncée, son bonnet descendu jusqu’aux yeux aplatit sa frange, et elle espère que sa chienne va réapparaître vite, avant qu’elle crève de froid au milieu des bois.
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En sortant de chez Bilal, un peu étourdie par la lumière du jour, Mia remarque que son vélo est à plat, elle soupire, pas de rustine ni d'outils sur elle, elle n'a pas le choix si elle veut arriver à l'heure. Elle descend les escaliers de la ligne 4 à toute allure pour se donner une contenance, parce qu'elle déteste ça le métro, elle n'a jamais de ticket, et y'a toujours des mecs chiants, quoi qu'elle porte. Elle essaie tout le temps de convaincre son entourage de s'acheter un vélo, la dernière fois elle a passé une demi-heure à tenter de persuader Lucie d'investir dans un Peugeot d'occasion.
(P. 63)
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Pendant des semaines, chacune dans leur tête elles s'étaient demandé eh ben oui quoi, pourquoi on ne riposterait pas ? Pourquoi on garderait toute cette violence en nous, pourquoi est-ce qu'on dépenserait tant d'argent chez le psy pour « canaliser la colère » sans jamais obtenir justice ni réparations.
(P. 67)
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