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3.28/5 (sur 47 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Chargée de production dans le spectacle vivant, Marie Maher avance du même pas sur le terrain de la création, de la musique à l’écriture.

"Pour la beauté du geste" (2020) est son premier roman.

Elle vit à Paris.

son site : http://www.mariemaher.fr/

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Pour la beauté du geste - Marie Maher Alma éditeur 2020 Lecture d'un extrait de "Pour la beauté du geste" par Marie Maher http://www.alma-editeur.fr/pour_la_beaute_du_geste.html Retourner dans le village pour vendre la maison. Ça devrait être facile, elle ne l'a jamais aimée cette maison plantée au bord d'une voie ferrée. C'est la dernière chose à faire, les parents sont morts. L'un après l'autre. Se sont suivis de peu, mais dans le désordre. C'est parti de là. Ou de la télé qui hurlait dans le salon. Elle n'y est jamais retournée depuis l'accident du père. L'accident qu'on avait classé sans suite, elle ne savait pas qu'on classait les accidents. Elle ne savait pas non plus qu'à dix ans, on ne redessine pas le monde avec du café sur une toile cirée. Ça devrait être facile, elle a une vie maintenant. Revenir, vendre, accueillir tout ce qui pourra la faire tenir debout. Et garder près d'elle le grand chien gris.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La maison était entourée d'une voie ferrée. On entendait les trains qui souvent ne marquaient pas l'arrêt dans la ville. Pas d'arrêt, rien que la vitesse, et le bruit de la vitesse. Le bruit de la vitesse des trains qui me secouait et m'empêchait de dormir. Les parents pensaient que la nuisance sonore allait être un problème pour vendre la maison un jour. Moi, je pensais que ces passages dans un fracas de bruit métallique étaient un plus, il fallait juste trouver où ils se prenaient ces trains qui ne s'arrêtaient pas chez nous. Ils passaient plusieurs fois par jour, parfois trois, parfois quatre, sans jamais s'arrêter.
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Alors j'ai décidé d'écrire sur cet instant, bref et violent qui change tout, qui modifie les perspectives, celui où pour la première fois on se retrouve face à face avec la beauté. Celle qu'on ne reconnaît pas tout de suite, qu'on n'imaginait pas si rugueuse, qu'on ne voit qu'une fois qu'on lui a tourné le dos. Elle ne ressemble pas du tout au portrait-robot qu'on en avait fait. Elle n'a pas de belles couleurs, elle n'est ni douce, ni soyeuse, elle n'a pas de longs bras qui enlacent et de longues mains qui caressent. Elle fait du bruit, écorche les tissus et ne veux pas être exposée.

Écrire. Revenir sur les plaies pour donner à voir les merveilles sur lesquelles elles ouvrent. Écrire pour ouvrir le champ, élargir les définitions et révéler les différences de terrain, refuser le nivellement.
Ce qui est le plus beau dans la beauté, c'est peut-être la cruauté qu'elle demande parfois pour être touchée du doigt. Tout se paie.
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L'année dernière à la même heure, j'avais les mains dans la merde, plongées dans le trou de la cour, l'odeur de la pomme de terre se mêlait à celle du liquide marron qui coulait entre mes doigts. C'était un bel anniversaire.
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La maison était entourée d’une voie ferrée. On entendait les trains qui souvent ne marquaient pas l’arrêt dans la ville. Pas d’arrêt, rien que la vitesse, et le bruit de la vitesse. Le bruit de la vitesse des trains qui me secouait et m’empêchait de dormir. Les parents pensaient que la nuisance sonore allait être un problème pour vendre la maison un jour. Moi, je pensais que ces passages dans un fracas de bruit métallique étaient un plus, il fallait juste trouver où ils se prenaient ces trains qui ne s’arrêtaient pas chez nous. Ils passaient plusieurs fois par jour, parfois trois, parfois quatre, sans jamais s’arrêter.
Il y a pourtant toujours une gare, ...
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Il s'était planté devant le plat, avait sorti les mains de son pantalon et déchiqueté la moitié du rôti avec les doigts. Il portait à la bouche des morceaux de viande et les recrachait dans son assiette. C'est dégueulasse ! Qu'es-ce que je vais bouffer, moi maintenant ? Il avait parlé. Il avait essuyé ses doigts sur son pyjama et était retourné devant la télévision. Avait encore monté le son.
Tout de suite après, il y avait eu les larmes de la mère. C'est pas grave maman, moi je le trouve bon ton rôti. Elle lui caressait la tête, ça va passer maman.

(p. 78)
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Je me gare devant la maison, baisse un peu le son de l'autoradio, pose le menton sur le volant et regarde le ruisseau qu'a formé la pluie sur la route en pente. J'ai pris l'habitude ces derniers jours de marquer des temps d'arrêt dans mes journées, pas la force de les vivre d'une traite. La pluie rend ici le paysage encore plus misérable qu'il ne l'est. Ici, la pluie n'a aucune poésie.
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Quand j'ai pensé aux courses, j'ai pensé au dîner, au moment du dîner qu'on allait devoir prendre ensemble, à nos places autour de la table de la cuisine. Tu n'en as jamais changé. Moi non plus. En face de toi. Comme ça, tu pouvais voir ce que j'avais dans mon assiette, me dire que c'était trop, que j'étais déjà assez grosse comme ça et cracher dedans pour ne pas que je la finisse.
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Le plus dur, c'est de ne pas regarder la pierre en face du trou, le marbre vieux rose et d'un cruel mauvais goût. Un autre nom y est gravé, en doré. Celui de ma mère morte. La vue de ce nom me ferait me fendiller de la tête aux pieds comme un vase chinois. Non seulement tu ne lui as pas donné la chance de connaître la vie sans toi mais en plus, tu vas la rejoindre pour l'éternité. La pauvre, c'est long l'éternité. Depuis combien d'années tu avais payé pour avoir ce trou ? C'est toi qui as tout organisé, bien sûr. Le seul voyage que tu lui auras offert.
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Je suis toujours une locomotive lancée à grande vitesse qui traverse une petite ville désertée mais qui ne s'arrête pas, avec au-dessus de la tête une maison démodée dont personne ne voudra et dans le bas du dos, un passage à niveau démoli, remplacé par un souterrain qui sent la pisse. Mon autoportrait.
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Regarde celui-là, c'était ton préféré. Il est là, il est venu dire au revoir à tonton. Il pose la main sur mon épaule en signe de réconfort et s'essuie les yeux qui ont l'air vraiment humides. Il a toujours été parfait. A débuté sa carrière de saint dès sa naissance. A tout de suite affiché la couleur. Né le jour de la fête des mères, dimanche 28 mai. Même le jeté de sa robe est superbe, un mouvement ample et délicat. On dirait qu'il a répété. Je pense que les autres se retiennent d'applaudir. Et celui-là, regarde, tu ne l'as jamais aimé. Il faut dire que s'il n'y avait eu que des gens que tu avais aimés, vous n'auriez pas été nombreux. Ça m'aurait évité un aller-retour an train.
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