Citations de Marie de Hennezel (534)
Plus les conditions de la fin de vie sont incertaines, faute d'un vrai dialogue avec le médecin et l'équipe soignante, plus l'anxiété grandit, plus la tentation d'anticiper la mort naturelle apparaît comme la seule issue à cette intolérable angoisse.
Il y a dans notre société un certain mépris de l'humain, une valorisation excessive de la technique. Embaucher quelqu'un qui va simplement s'asseoir, écouter, permettre à un groupe de partager ses émotions, ce n'est ni rentable ni valorisant. C'est considéré comme un luxe inutile, alors qu'il s'agit d'une nécessité.
Méditer tôt sur sa finitude au lieu de se figer en tremblant dans le déni a deux avantages. D'abord apaiser les peurs en les verbalisant, ensuite inciter à aimer la vie et à la respecter.
Le spirituel appartient à tout homme, car tout homme a un esprit, un souffle, une capacité à se dépasser et à se transformer.
J'attends que leur parole tombe au fond de moi, que mon écoute se fasse calme et claire pour regarder et éventuellement parler.
Puisque l'individu représente l'unicité, l'imprévisible et l'ininterprétable absolu, le thérapeute en face de lui doit renoncer à tous ses présupposés et à toutes ses techniques et se borner à une attitude qui sait se dépouiller de toute méthode.
Le rêve est comme la terre, un lieu sacré.
L'inconscient et le conscient doivent s'accorder pour pouvoir partir.
Le désir inconscient n'équivaut pas au vouloir conscient, aussi faut-il aider les mourants et leurs proches, à prendre conscience de cette possible coexistence des contraires, de cette ambivalence.
Nous avons tous expérimenté dans nos existences ou à travers nos rêves, de troublantes coïncidences, que Jung appelle des "synchronicités". C'est-à-dire la rencontre fortuite de deux événements - un événement psychique et un événement extérieur qui n'ont pas de lien de causalité - qui font pourtant émerger un sens.
J'ai accompagné des mourants pendant dix ans. Et cela ne m'a pas semblé dur, ce qui pourrait sembler inconcevable à certains. J'ai énormément appris, tiré de mon métier beaucoup de fierté et, oui, de joie de vivre. Je ne suis pas la seule dans ce cas et je ne pense pas qu'il soit si difficile de recruter dans ce secteur, à partir du moment où vous formez les salariés, où vous les payez décemment et où vous donnez du sens à leur travail.
J'ai ce que j'appelle "ma bande d'invisibles", ces disparus bienveillants à qui je peux faire appel et qui m'aident. Je le sens. Je le sais.
Avant de mourir, on peut accoucher d'une parole, d'un geste, de quelque chose qui vient des profondeurs de soi et que l'on offre à quelqu'un.
Quand on a le sentiment de se tromper de voie, il ne faut jamais hésiter à tout remettre en question. Ensuite, c'est une affaire de courage, de travail et de volonté. Si la volonté farouche de changer est là, il existe toujours un chemin pour y arriver.
Il importe d'être en paix avec l'existence que l'on a menée, en travaillant tôt sur ses regrets, ses rancunes, sa culpabilité, au lieu de les refouler. Il faut sortir les fantômes du placard.
Je consacre mon énergie à ce qui procure de la joie, et tout cela me maintient vivante.
Dans ce service, j'ai tout de suite compris qu'il n'y a pas de discours type, d'attitude type, de mode d'emploi pour accompagner un mourant.La seule règle est de montrer sa disponibilité, sa capacité à recevoir ce que la personne veut exprimer. C'est le plus difficile à apprendre, à admettre. Se contenter d'être présent, en assumant son impuissance.
Nous ne sommes sans doute pas libres de cet argile ou de ce marbre dont nous sommes faits, mais nous sommes libres de la forme que nous lui donnerons.
J’ai toujours pensé que la vraie liberté était cet acquiescement intérieur au déroulement des choses.
La mort, celle que nous vivrons un jour, celle qui frappe nos proches ou nos amis, est peut-être ce qui nous pousse à ne pas nous contenter de vivre à la surface des choses et des êtres, ce qui nous pousse à entrer dans leur intimité et leur profondeur.