AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marine Bramly (28)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Artemisia ou la passion de peindre

L'itinéraire d'une des premières artiste peintre féminine

Elle apprendra la peinture et ses secrets dans la clandestinité, à cette époque (1610), en Italie, c'était très mal vu.

Les modèles masculins lui étaient interdits.

Une conquérante d'un autre âge qui se bat farouchement pour avoir la liberté de peindre.

Passionnant!
Commenter  J’apprécie          221
Festin de miettes

Je ne sais plus comment ce livre est arrivé dans ma PAL, il y a longtemps, plusieurs années, mais je pense que c'est le sujet qui m'avait accrochée. Comment et pourquoi une forte amitié adolescente se rompt brutalement et peut-elle se renouer ?





Elles n'ont rien en commun : l'une blonde, mal dans son corps mais aussi dans sa vie, une vie imposée, non choisie, l'autre brune, jolie, indépendante et libre. Mais on sait que les opposés s'attirent et dès leur rencontre, Sophie va prendre Deya comme idéal allant jusqu'à s'immiscer dans son environnement familial en en faisant une sorte de "nouvelle famille". Alors quand Deya la chasse, la rupture fut brutale, incomprise et lorsque celle-ci lui demande de venir, 8 ans plus tard, elle n'hésite pas, abandonne mari et province pour la retrouver mais aussi comprendre pourquoi leur amitié s'est brisée.





Le sujet était alléchant et je comprends pourquoi je me suis laissée tenter mais j'en ressors un peu déçue et pourtant il y avait matière à traitement. Deux milieux sociaux opposés, deux personnalités aux antipodes l'une de l'autre et pourtant une amitié forte, exclusive, mais il s'agirait plus d'une fascination de l'une par rapport à l'autre. Deya représente la jeune femme que Sophie n'est pas. Que ce soit physiquement, socialement, mentalement et même si elle a perdu du faste d'antan, sa famille, est pour Sophie représentative de ce qu'elle aurait aimé avoir.





Sujet intéressant mais son traitement et son issue m'ont laissé un peu dubitative. J'ai trouvé certains événements improbables, peu crédibles et la fin, à la manière d'un thriller auquel je ne m'attendais pas, presque grotesques. A travers son histoire, l'auteure aborde de nombreux sujets : désamour familial, manque d'estime, sentiment de ratage de vie personnelle sans parler de grandeur et décadence d'une famille bourgeoise et amour maternel. Beaucoup de choses et à vouloir justement trop en mettre, à naviguer entre Paris puis au Sénégal pour des retrouvailles familiales ratées et ubuesques, l'histoire ne sait plus où donner de la tête. J'aurai aimé qu'elle soit plus nuancée, moins dispersée afin que je m'attache à l'une des protagonistes, alors qu'ici je les ai à la fois et tour à tour, aimées ou incomprises, qu'elle ne traite peut-être que d'une amitié qui se noue et se dénoue, sans y faire entrer tous les détails de la grandeur et la déchéance d'une famille, de personnages secondaires qui n'apportent rien au récit





On comprend, mais très lentement et assez brutalement à la fin, qu'un trouble envahit Sophie, que l'histoire s'oriente sur une autre voie, utilisant des ellipses qui parfois surprennent, comme si l'auteure n'avait pas trouvé d'autre manière de conclure qu'une action d'éclat.





Je l'ai lu jusqu'à la dernière page pour connaître la raison de la séparation des deux amies, qui ne tient qu'en quelques lignes mais je pense que je n'en garderai pas un souvenir impérissable; Je ne saurai dire s'il doit se classer dans la catégorie thriller car les 3/4 du roman n'en laisse rien augurer ou dans la catégorie roman psychologique et là le traitement souffre d'un manque d'approfondissement et de crédibilité.





Premier roman de l'auteure, roman primé, qui se lit sans difficulté, écriture agréable mais c'est finalement plus le traitement de l'histoire qui me laisse un goût de regret.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
Commenter  J’apprécie          150
Mon petit bunker

Noah, la trentaine vit à Paris avec Fabien son mari et Louise sa fille ado. Pour répondre à une commande artistique importante elle s’aménage un petit bunker, un atelier rien que pour elle. Malgré cet environnement propice à la création Noah fait un blocage « artiste en panne d’inspiration, femme en panne de vie »

Son enfance, sa jeunesse africaine qu’elle a toujours voulu tenir à distance lui reviennent comme un boomerang et l’empêchent d’avancer sereinement dans sa vie professionnelle et personnelle : « Des images se combinaient, déplaisantes, dangereuses, et elle rejeta au loin le cocktail explosif de ses souvenirs comme s’il s’était agi d’une grenade dégoupillée. »

Noah est fille du Sénégal et le revisite dans le dédale de ses souvenirs. Elle n’y a pas vécu comme une « Toubab » privilégiée mais comme les autres enfants africains en parcourant l’île de Gorée puis la ville de Dakar avec les gosses des rues. "Au moins, les enfants qui habitent tout le temps dans la rue personne ne les tape, sauf la police quelquefois ou bien les dof et les saoulards. Sinon c'est la belle vie, pas d'école, rien, ils font encore plus que moi ce qu'ils veulent.

La seule chose compliquée, au centre ville, même pour moi, c'est de trouver à manger. Là ça fait au moins mille heures que je marche et il me faudrait des cacahuètes ou un truc."

Ses parents l'ont élevée dans l'oubli des règles éditées par les blancs et le rejet des réflexes et des moeurs européens. Noah a poussé toute seule en se frottant à la réalité Sénégalaise, au gré des rencontres elle a développé des principes de survie et des compétences diverses et pratiques. "Mon nouveau truc c'est le bricolage. Mes mains c'est comme si je venais de les découvrir, elles arrivent à faire des trucs dingues".

« J’ai presque 11 ans, il est temps que j’apprenne un métier non ? J’hésite encore entre charpentier, réparateur de machines en tous genres, fabricant de souvenir pour les touristes, chaudronnier, ou dessinateur chez Simpafric. »



Il y a une rupture profonde entre Noah, la gamine de Dakar, insouciante et indépendante, délurée et vive et Noah la maman fébrile et angoissée, l’artiste complexée, la "coquille vide". Ses parents l'ont élevée dans l'esprit de mai 68 en privilégiant l'autonomie et l'absence de contraintes. Noah paie aujourd'hui les dommages de cette éducation "Summerhillienne" qui entravent et fragilisent sa vie d'adulte.

Mon petit bunker m’a bouleversé car l’Afrique de Marine Bramly cogne et frappe fort. Ce n'est pas le Sénégal de Fram voyages mais celui de l'exode et de la famine qui jette les gosses dans la rue. La voix spontanée et joyeuse de cette petite Noah ne dissimule pas la faim et la soif, la saleté et le dénuement.

La détresse de Noah adulte m'a secouée car tellement prévisible et humaine. Elle n'a pas confiance en elle; elle doute de ses capacités à rendre sa fille et son mari heureux et sous-estime ses qualités de créatrice artistique.

Noah réussit à démanteler et à passer en force dans son bunker. Elle pratique des saignées salvatrices dans son éducation hippie, des coupes claires dans l'Afrique de sa jeunesse pour libérer et renouer avec le fil de sa vie.





Commenter  J’apprécie          92
Festin de miettes

A treize ans, Sophie pense n'avoir jamais été aimée : ses parents quinquagénaires ne se sont visiblement jamais intéressés à elle, ils l'ont placée dès que possible dans des internats pour handicapés, faute de trouver/chercher autre chose. Lorsqu'elle devient amie avec Deya au collège - la belle et excentrique Deya - tout change, sa vie s'illumine. Deya vit dans une grande maison, avec ses grands-parents nobles et désargentés, des oncles, mais la jeune fille voit (trop) rarement sa mère, toujours par monts et par vaux, à la recherche de l'Africain parfait, semble-t-il. Les deux adolescentes écorchées se rapprochent, Sophie est de plus en plus souvent invitée à dormir chez Deya, contre Deya, dans son lit... Jusqu'à la rupture, dont Sophie ignore la raison - raison qu'elle espère connaître une dizaine d'années plus tard, lorsqu'elle est invité par son ex-amie.



Un roman déconcertant, dérangeant. Une histoire d'amitié à sens unique, ou presque, dans laquelle la plus "mordue" devient tellement servile qu'elle en paraît pitoyable, voire méprisable. Elle est fascinée, envoûtée, dévorée de jalousie, d'envie, à l'égard de ce qu'est Deya et de ce qu'elle a. Le récit est plutôt agréable à lire, la plume est fluide, mais le malaise va crescendo, le lecteur est pris dans ce tourbillon pathologique, pervers, se demandant ce qui s'est passé entre les deux femmes, ce qui peut arriver, sentant une menace.



J'ai parfois sursauté de stupeur, d'incrédulité devant certaines formulations - malhabiles ou condescendantes ? Caricaturales, en tout cas. Rennes "au centre de la Bretagne" - région sinistre où l'on travaille pour la filière porcine. Froncements de sourcils identiques lors de certaines descriptions de l'Afrique, de ses habitants (oh le vilain macho-gourou), ou de l'usurier malhonnête inévitablement israélite... Suis-je trop politiquement correcte ? Sujet à discuter avec les copines qui l'ont lu aussi...

Commenter  J’apprécie          80
Mon petit bunker

Mon petit bunker, Marine Bramly

Ecrit par Martine L. Petauton 12.05.11 dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman



Mon petit bunker, JC Lattes, 249 pages, 18 euros . Ecrivain(s): Marine Bramly





 

« Noah cherchait sa boîte noire, comme on enquête après un crash » …

Le livre de Marine Bramly sonne, frappe, cogne comme les percussions du djembé. Autobiographique, sûrement, ou, en tous cas, elle la connaît bien, Noah, cette Marine !

Livre d’enfance, mais pas la vôtre ou la  mienne ; l’enfance d’une petite – bien blanche – qui ne vit pas en Afrique comme les toubabs, mais au milieu des noirs : « ma petite négresse blanche », dans les rues ; comme un garçon aussi, surtout pas à la fille : « j’attaque, je cogne, je gagne » n’est-elle pas la première phrase du livre…

Livre au goût fort du Sénégal – Dakar, la magie crasseuse de Gorée, la Casamance, ses pulsions indépendantistes et ses marabouts – Pas le pays des touristes (ceux-là se réfugieront plutôt dans les hôtels – ghetto de La Petite Côte) mais le Sénégal des bas-fonds vus par l’œil des enfants, où l’on se partage un pain – thon en guise de repas, où l’on n’a pas de jouets, parce que là, c’est « la tradition de donner son truc préféré ». Voyage au pays des figures fortes et goûteuses de gamins, de prostituées qui rigolent : « boutique mon cul » … Humour épicé et joyeux à tous les coins de pages ; on croit croiser Zazie et parfois, le petit Gibus.

Mais, tout soudain, le ton change : le Sahel avance aux frontières du Mali ; chez les Peuls, la faim s’installe ; les petits – tous, sauf elle – succombent à quelque épidémie : palu, rougeole, on ne sait ; « une femme, une belle femme noire, droite, digne, porte son enfant mort sur la tête, comme on porterait un gros poisson… ». Quand je vous dis que ce n’est pas le guide Fram ! Goût particulier et costaud du Thié-bou-dienne, riz fondant, poisson épicé ; saveur un peu écœurante du poulet à la pâte d’arachide ; mélange sucré-salé, voilà aussi ce qui plaît dans ce livre…

Livre de l’enfance de Noah (Marine ?). Avec une icône, une image de divinité animiste qu’elle appelle Dieu : son père « Savignot oh, oh, oh ! A fakena om… même en costume cravate, mon père a l’air d’un guerrier à plumes ». S’en occupe bizarrement, de la petite, le père, ethnologue amoureux de son Afrique, la laisse pousser comme le manguier du coin de la ruelle… la mère – fausse écrivaine – image attachante, voit ça, de loin – très – de Paris. Le ménage, libertaire en diable s’est construit sur les barricades de Mai 68, et élève sa gamine en regard ; on retrouve là, ces témoignages, poignants de ces progénitures de militants, bâtis de bric et de broc, cassés, souvent.

Livre enfin de la grande Noah, artiste en devenir, coincée (pas encore née) dans sa vie d’adulte, entre un mari – substitut de père, une fille – projection impossible à naître d’elle-même. Femme qui comprend que la clef de son mystère est là-bas, dans cette Afrique-là, et c’est carrément plus compliqué que pour chacun d’entre nous…

L’écriture de Marine Bramly est comme ces sculptures dont finit par accoucher Noah : coupante comme le métal, sifflante comme les éclats du fer à souder, mais aussi onctueuse et enveloppante comme la terre du potier ou la latérite des pistes africaines…

Oui, c’est le genre de livre dont on se souvient – il n’y en a pas tant – et qu’on relira, c’est sûr, quand il nous arrivera à nous aussi de chercher notre « boîte noire ». Du reste, voilà pour moi, le titre du livre …

 

Martine L. Petauton

Commenter  J’apprécie          80
Mon petit bunker

Librairie Le Goût des Mots



CATÉGORIES

Coordonnées

Essais

Evénements / Animations

Jeunesse

Lectures Ados

Littérature étrangère

Littérature française

Pochothèque

Polar / romans noirs

Sagesses

Vitrine

DERNIERS MESSAGES

Exposition et dédicace Hommes en tous genres

Mon petit bunker, Marine Bramly

Samedi 23 avril 2011

Promise, Ally Condie

Seuls dans la ville entre 9h et 10h30, Yves Grevet

Imprésario du 3e type, John Scalzi

La gifle, Christos Tsolkas

Je dois tout à ton oubli, Malika Mokeddem

La désirante, Malika Mokeddem

C'est quoi l'amour



Librairie Le Goût des Mots > Littérature française > Mon petit bunker, Marine Bramly

25 avril 2011



Mon petit bunker, Marine Bramly



Noah trentenaire est artiste, elle est mariée et maman d'une ado. Elle a eu une enfance atypique au Sénégal grandissant non pas comme une "toubab" tels que sont appelés les touristes privilégiés, mais évoluant avec ses copains, des gosses des rues. Elle garde pourtant maintenant l'Afrique à distance, tiraillée entre des sentiments contradictoires. Dans son atelier refuge, elle doit travailler pour une commande importante qui lui a été passée mais quelque chose semble bloquer, un mal-être, des hésitations... bientôt les souvenirs de son enfance et de son adolescence reviennent à la surface. Par des aller-retour entre passé et présent, entre Paris et Sénégal, Marine Bramly nous fait découvrir peu à peu l'histoire de Noah, une jeune femme très attachante.



Après Festin de miettes, livre qu'on avait aussi beaucoup aimé, Marine Bramly nous entraîne à nouveau en Afrique, sur des terres qu'elle connait bien. Comme son personnage Noah, née à Dakar elle est la fille d'un ethnologue et passe une partie de son enfance sur l'île de Gorée au Sénégal. On retrouve dans ce nouveau roman beaucoup d'émotion, une grande sensibilité et une écriture qui fait mouche. Voilà, on devient fan de Marine Bramly !



Mon petit bunker -Lattès - 18€



Festin de miettes - Livre de poche - 6,50€



Posté par goutdesmots

Commenter  J’apprécie          80
Festin de miettes

Leur rencontre a eu lieu le jour de la rentrée des classes, en 3ème.

Ce sont toutes leurs différences qui les ont rapprochées. Et leur accord en a surpris plus d’un. La branchouillarde et le cul-bénit, les surnommait-on au collège.

La branchouillarde, Deya, a fait maintes fois le tour du monde en compagnie de sa mère, qui travaillait pour une grande chaîne d’hôtels de luxe, et suivi une scolarité chaotique. Elle est belle, grande, libre, issue d’une grande famille bourgeoise, les Rausboerling.

Le cul-bénit, Sophie, est restée dans un institut catholique pour enfants déficients où ses parents l’avaient reléguée depuis la fin de la maternelle et jusqu’à l’entrée au collège. Sophie n’était atteinte d’aucune maladie, mais l’aumônier était un cousin de son père. Et de cette enfance entourée de « maboules », elle a tiré son art de vivre : être la plus lisse possible et jouer l’enfant parfait, de peur de tomber de l’autre côté.



Elles ont vécu ensemble dans la petite maison, nichée dans le jardin de l’hôtel particulier des Rausboerling à Paris, délaissées ou plutôt oubliées par leurs parents respectifs et livrées à elles-mêmes. L’une extravagante et insoucante, l’autre au dévouement sans faille. Mais un jour, tout ce que Sophie a aimé dans ce lieu s’est détruit. Elle a été rejetée, sans explication, de cet univers qu’elle avait apprivoisé et sa déception a été terrible, sa frustration immense.

Ce fut l’exil en province, mariée sans amour à un médecin.



Puis la résurrection arriva. Un simple appel téléphonique de Deya et Sophie est accourue rue des Grands-Augustins. Mais que s’est-il passé dans cet hôtel particulier ? Les oncles, tantes, cousins se sont volatilisés. Seuls, les grands-parents sont restés, mais ils semblent aussi décrépits que la maison. Où est la gloire d’antan de cette vaste demeure ?



Les deux amies sont enfin réunies après sept ans de silence. Elles décident de partir au Sénégal pour retrouver la mère de Deya. Mais ce voyage ne sera pas uniquement une quête. Pour elles deux, il sera aussi le déclenchement de souvenirs d’amour et de haine. Et pour l’une d’elle le commencement d’une nouvelle vie.



Roman envoutant malgré quelques maladresses et longueurs. Mais le personnage de Sophie est d’une densité psychologique remarquable. Un vrai roman sur le cannibalisme féminin !

Commenter  J’apprécie          51
Festin de miettes

L’amitié, quand on est enfant ou adolescent, on la jure à la vie à la mort. Innocent et pas encore trop abimé par la vie et désillusionné, on est certain qu’elle durera toujours et que jamais les relations de confiance, de fusion totale, de compréhension mutuelle, de partage et d'entraide ne pourront changer. Nous qui sommes adultes savons malheureusement qu’il n’en n’est rien et qu’il est extrêmement rare de garder une amie d’enfance, sans que la vie et ses aléas nous séparent...



Sophie, quand elle a rencontré Deya, fût fascinée d’office et décida sur le champ de tout faire pour devenir son amie. Il faut dire que Deya était totalement fascinante aux yeux de la petite provinciale aussi mal-aimée que mal dans ses baskets : belle, libre, insolente, sans tabou, extravagante et sans gène puisqu’habituée depuis sa plus tendre enfance à un monde totalement différent, ayant déjà voyagé… Un monde les sépare mais les deux adolescentes vont devenir inséparables et bientôt même habiter ensemble, dans l’immense hôtel particulier de la famille de Deya, en plein Paris.



C’est avec émotion de Sophie revient sur les pas de son enfance huit ans plus tard, brisant ainsi son exil depuis sa rupture avec son amie. Elle la retrouvera cependant telle qu’autrefois, et n’aura de cesse de ne plus la quitter, délaissant sans regret son terne mari, sa maison de province et un métier qu’elle n’aime pas. Mais les caractères sont plus appuyés avec les années et les différences entre les deux femmes sont maintenant des gouffres, que peut-être il sera difficile de combler. Elles vont pourtant se décider à partir à la recherche de la mère de Deya au fin fond de l’Afrique, emmenant avec elle le bébé de Deya. Une aventure au bout du monde, et au bout d’elles-mêmes, qui révèlera bientôt leurs antagonismes…



J’ai eu un peu de mal à m’attacher aux personnages de cette histoire, qui pourtant m’a bien plu. Sophie est plutôt psychorigide et on sent que les blessures de la petite enfance ont laissé des traces indélébiles sur le caractère de cette femme et sur sa stabilité psychique. Celle de Deya ne paraît pas bien plus solide, puisqu’elle est une mère totalement irresponsable et semble d’ailleurs l’être dans tous les aspects de sa vie. On se laisse pourtant prendre par l’histoire car on aimerait bien comprendre pourquoi les deux amies inséparables se sont brouillées huit ans plus tôt, on voudrait deviner ce qui aurait pu les séparer. Par contre, elles sont si différentes, et avouons-le, bien fracassées de la cafetière toutes les deux qu’on a d’emblée du mal à croire que cette amitié-là puisse durer éternellement… Et on ne se trompe pas, même si je n’avais pas du tout imaginé la fin !



Un bon roman au final, avec une présentation délicate de la folie qui rode en sous-main, non identifiée et peut-être encore même plus dangereuse. Et surtout de très beaux portraits de doux dingues, comme les deux héroïnes ou la famille de Deya. Festin de miettes m’a fait penser à un film sur le même sujet, mais impossible de me souvenir lequel…


Lien : http://liliba.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          40
Mon petit bunker

Lu par Koryfée



1 2 3 4 5 6 7 8 9 suivant fin

Mardi 24 mai 2011

Mon petit bunker, Marine Bramly : Réconciliation avec 'soi-m'aime'.



 

Mon petit bunker, Marine Bramly

Éditions JC Lattès, mars 2011

 

Réconciliation avec « soi-m'aime »

 

      «  Artiste en panne d'inspiration, femme en panne de vie », Noah a érigé une forteresse mentale pour résister à l'assaut des souvenirs.

      Conçue derrière les barricades de mai 68, de parents à peine sortis de l'adolescence et expatriés en Afrique, elle grandira comme elle pourra, livrée à elle-même, dans les rues du Sénégal, entre Dakar et Gorée. Noah devra être son propre tuteur. Une liberté que d'aucuns, à commencer par la propre fille de Noah, jugent enviable. La fillette pouvait en effet agir à sa guise, gosse des rues, véritable mascotte des artisans ferblantiers, mécaniciens, peintres, auprès desquels elle apprendra beaucoup. Mais cette enfance où elle doit se prendre en charge, son père ethnologue trop préoccupé par ses recherches en Afrique, et sa mère absente, était-elle si magique qu'elle en avait l'air ? Car vivre dans la rue, c'est aussi être confronté trop jeune, trop vite, aux épreuves de l'existence comme la mort, la maladie, l'absence.

 

      Un roman écrit à deux voix, celle de Noah enfant des rues, et celle de cette même fillette devenue adulte. Entre les deux jusqu'alors, des murs étanches qu'aucun souvenir relatif à l'enfance n'avait le droit de franchir. Et pourtant. Pourtant, une remarque de son mari sur cette Afrique devenue sujet tabou, les reproches de sa fille lui enviant cette liberté qu'elle lui refuse, l'impossibilité de se réaliser en tant qu'artiste, vont abaisser le pont-levis de ses résistances. Cette enfance qu'elle avait jusqu'alors présentée comme idéale, mais qu'elle s'obstinait à garder noyée dans les douves du silence, refait surface avec force. Noah va se sentir peu à peu envahie par les souvenirs, devoir les revisiter et surtout... accepter qu'ils n'aient pas été aussi flamboyants qu'elle avait jusqu'alors voulu s'en convaincre.

 

      Il lui faut retrouver son souffle, se réconcilier avec elle-même, avec son passé de petite négresse blanche, pour pouvoir se reconstruire, construire, avancer. Pour se trouver légitime en tant que femme, en tant que mère, en tant qu'artiste.

      Pour exister.

 

      Un roman brillant, tant par le style très maitrisé, que par l'acuité de l'analyse. Un double voyage, en Afrique, et au pays de l'enfance, mené de haute plume par Marine Bramly.



Par Koryfee
Commenter  J’apprécie          40
Mon petit bunker

Noah, petite blanche élevée comme les petits Africains de Dakar. Elevée ou livrée à elle-même ? Des parents soixante-huitards qui tentent une expérience ?

Un père, ethnologue, qui regarde sa fille vivre, survivre comme certains enfants africains : misère, crasse, solitude des enfants abandonnés ou orphelins.

Et plus tard comment vivre une vie de femme et de mère européenne avec cette empreinte africaine si forte ?



Un beau roman malgré une fin escamotée.
Commenter  J’apprécie          30
Festin de miettes

Festin aux oubliettes

Encore un roman qui a fait parlé de lui dans les colonnes des journaux féminins. A telle point que je l'ai noté soigneusement sur mon petit carnet à idées de lecture et j'ai fait des pieds et des mains pour le récupérer à la bibliothèque...

Beaucoup de mal pour rien !

C'est décevant, déjà vu et revu. La psychologie des personnages est survolée, il manque des morceaux, des explications. On lit réellement des miettes. Je conçois que cela peut être un effet de style, mais là on ne se laisse pas du tout prendre à ses filets. On dirait que l'auteur a écrit sous la torture, chronométrée.

Je suis navrée d'être aussi dure, mais je n'ai rien de mieux à ajouter...



Faut-il le lire ? Passez votre chemin.
Commenter  J’apprécie          21
La Veuve de Saint Pierre

La Veuve de Saint-Pierre est aussi un film de Patrice Leconte ; scénario de Claude Faraldo ; d'après le roman de Marine Saglio-Bramly ; mus. de Pascal Estève.





A Saint-Pierre, Neel, coupable d'un meurtre, est condamné à la peine capitale. Mais il n'y a pas de guillotine sur l'île. En attendant l'arrivée d'une "veuve" par bateau, Neel est placé sous la garde du Capitaine. L'épouse de celui-ci le prend sous sa coupe. En exécutant des travaux pour les habitants, Neel se rend populaire et indispensable, alors quand la guillotine arrive la population s'oppose à son exécution...

Commenter  J’apprécie          20
Mon petit bunker

Chez Clarabel

22/02/12



Loin de moi le monde. Loin de moi mon monde.



Noah, adulte, se retrouve dans son atelier d'artiste, complètement vide, mise au pied du mur. Sa vie est sinistre, son couple bat de l'aile, son travail ne la motive plus, la flamme s'est éteinte. Surgit alors Noah, enfant, avec son short de foot trop grand, sa coupe à la garçonne, son espièglerie, son effronterie...

Noah et son enfance flamboyante à Dakar et sur l'île de Gorée, avec Dieu, son père, ethnologue et professeur à l'université, et sa mère, fuyante et insaisissable, qui partait à Paris pour écrire son livre, et qui revenait écouter ses disques de Leonard Cohen et Paco Ibañez...

Noah, heureuse et insouciante, habile et redoutable, avide et insatiable, débrouillarde et farouche...

Un jour, il a fallu partir, oublier et se consacrer à une nouvelle vie. Une dizaine d'années après, c'est le retour du boomerang, avec l'amertume au bord des lèvres, la certitude d'avoir vécu quelque chose de trop fort et de ne plus l'assumer.

Parce que, "ses souvenirs d'enfance et d'adolescence refusaient de s'accorder à sa vie de femme."

Parce que, "une enfance flamboyante, cela peut aussi empoisonner ton existence d'adulte et réduire les chances du bonheur".

C'est de façon remarquable que Marine Bramly fait la lumière sur le parcours de Noah, toutes les parties consacrées à l'Afrique sont splendides, dépaysantes et fascinantes, et lorsque le malaise trouve enfin sa source, la révélation est d'autant plus forte et poignante.

Un très beau roman, admirablement écrit et construit.



Mon petit bunker, par Marine Bramly (JC Lattès, 2011)
Commenter  J’apprécie          20
Festin de miettes

Deya et Sophie sont deux ados écorchées par la vie. Des parents absents ou indifférents, voire les deux, leur ont fait prendre conscience de leur solitude dans le monde. Leur rencontre, un jour de rentrée scolaire dans un lycée parisien

va sceller une amitié profonde, exclusive. Presque en autarcie. Elles seront surnommées "le Bloc monolithique" par leurs professeurs. Mais, et on l'apprend dès les premières lignes de ce roman étonnant, une rupture sans appel mettra fin à cette idylle. Huit ans plus tard, Deya, fille de bourgeois parisiens un peu bizarres, décadents, rappellera Sophie issue quant à elle d'un milieu provincial catholique très rigide. Leurs retrouvailles seront à l'image de leur relation: faites de sous-entendus, d'ambiguïtés, jusqu'à la folie.

Comment vous parler de ce livre sans déflorer toute l'histoire? Difficile. J'espère pas impossible! Essayons donc.

Narratrice de roman, Sophie n'a jamais été aimée par ses parents, des êtres froids, indifférents à sa présence. Qui n'ont même pas la bonne idée de former un couple soudé par autre chose que le devoir catholique. Le jour où elle rencontre Deya, Sophie voit ce qu'elle n'a jamais été, et ce qu'elle n'a jamais eu: une personne remarquable et l'amitié/l'intérêt d'un autre être humain. Deya sera sa bouée, son bourreau, son rempart contre le monde. Son seul et unique intérêt dans la vie.

Nous découvrons petit à petit, par épisodes du passé et du présent intercalés, l'histoire de ce duo improbable, qui, après ces retrouvailles, partira en Afrique à la recherche d'Ariane mère instable de Deya, dont on est sans nouvelles depuis plus de 13 ans. Un voyage qui mènera les deux personnages de ce roman aux frontières de leur relation. A la vérité. Vérité de leur histoire, vérité sur elles-mêmes. Vérité que la narratrice refusera jusqu'au bout, ou presque, de reconnaître.

La plume de Marine Bramly est étonnante de justesse, malgré sa crudité parfois, qui peut surprendre mais dont on saisit vraiment tout le sens à la fin du roman. L'intrigue se tient diablement bien, le lecteur est porté, emporté, subjugué et horrifié à la fois par cette histoire. La frontière entre l'amour et la haine n'aura jamais été aussi floue. L'auteure nous emmène dans le dédale des émotions réprimées ou hurlées, dans la relation fondée sur le besoin viscéral d'appartenance et de reconnaissance. Une oeuvre prenante, captivante, pétrifiante. Comme disait Sartre, "l'enfer, c'est les autres". A juste titre ici.



Commenter  J’apprécie          20
La Veuve de Saint Pierre

Un roman court et poignant qui se passe à Saint-Pierre-et-Miquelon, sur la base d'un vrai fait divers et atroce (et qui est évoqué dans "Dans Les Brumes de Capelans", que j'ai lu à la suite de celui-ci ! Incroyable ! J'adore ces coïncidences). J'ai aimé ce mélange de douceur et de brute chez le condamné, d'insouciance et de stratégie de la femme du capitaine, de confiance et de finesse du capitaine.
Commenter  J’apprécie          10
Festin de miettes

Voilà un roman d'amitié surprenant, voir dérangeant, et c'est ce qui moi, au final, m'a plu.



Au départ j'ai trouvé que l'auteur poussait le curseur un peu loin niveau cliché, mais le personnage de Sophie et ses retrouvailles avec sa meilleure amie après 7 ans de silence m'intriguaient. Le grand écart de classe entre les deux filles/femmes, là aussi assez extrême, titillait ma curiosité. Je n'ai pas été déçue !



L'intrigue est fine, et la fin surprenante. Un bon moment de lecture en ce qui me concerne.
Commenter  J’apprécie          10
La Veuve de Saint Pierre

J'ai vu le film il y a très longtemps. Et ce livre était dans ma pal depuis. J'ai enfin pris le temps de le lire. Très touchant et émouvant que ce récit d'un condamné à mort qui s'humanise et réussi à faire changer le regard qu'on porte sur lui. Avec la description de la vie âpre, à St Pierre et Miquelon en 1888, en toile de fond.
Commenter  J’apprécie          10
Festin de miettes

Un roman bien écrit dans lequel l'auteure semble connaître son sujet. Toutefois la narratrice (Sohie) est horripilante de soumission et Deya d'indifférence...quand à la fin de l'histoire, je l'ai trouvé pathétique...heureusement que la plume n'est pas désagréable
Lien : https://lecturesfamiliales.w..
Commenter  J’apprécie          10
Festin de miettes

Cette histoire aurait pu tourner au thriller, et y aurait certainement gagné. Histoire intéressante, belle écriture, mais tout cela aurait pu être plus poussé. Très habile : on se sent proche du personnage qui en fait est le plus négatif, mais le "truc" aurait pu être davantage exploré...
Commenter  J’apprécie          10
Festin de miettes

Deux ex-amies d’origines sociales opposées, Sophie et Deya, se retrouvent à l’initiative de Deya, plusieurs années après avoir coupé les ponts de façon brutale. Les jeunes filles avaient pour point commun d’avoir une famille qui les délaissait. Livrées à elles-mêmes, elles vivaient dans une annexe de la demeure bourgeoise de la famille de Deya. Quand plusieurs années après s’être quittées, Sophie débarque chez Deya, elle y trouve un enfant seul, sale et visiblement affamé. Son amie n’apparaît qu’au petit matin…







Ces retrouvailles m’ont laissée perplexe. Deya, qui laisse son enfant seul, comptant sur l’arrivée de sa copine pour prendre le relais (heureusement, cette dernière arrive à l'heure), n’a pas d’emblée gagné ma sympathie, pas plus que Sophie qui semble s’accrocher coûte que coûte à une copine qui visiblement n'en vaut pas la peine. J’étais curieuse d’en savoir plus, mais très vite la vie des habitants de cette propriété bourgeoise m’a semblée irréaliste. J’ai définitivement décroché quand les deux jeunes femmes ont décidé de partir en Afrique avec le jeune enfant, sur un coup de tête et sans préparation, dans le but de retrouver la mère de Deya. L’histoire prend alors une tournure totalement rocambolesque et perd le peu de crédibilité que je lui accordais encore. Je me suis un peu forcée à lire la seconde partie (en diagonale je l’avoue) pour connaître la chute, qui n’a fait que m’agacer davantage. J’ai quitté les deux filles et leurs aventures abracadabrantesques avec un certain soulagement.



Ce livre n’était pas pour moi, de toute évidence...


Lien : http://sylire.over-blog.com/..
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marine Bramly (67)Voir plus

Quiz Voir plus

Babar ou T'choupi ?

... va sur le pot.

Babar
T'choupi

10 questions
3 lecteurs ont répondu
Thèmes : babar , Livres illustrés pour enfantsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}