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Critiques de Marion Brunet (1208)
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Sans foi ni loi

Merci, Garett...



Qu'est-ce qui unit Ab Stenson, voleuse et, accessoirement, tueuse de grand chemin, avec ce jeune freluquet, fils de pasteur, qu'est Garett ?

Rien, si ce n'est l'assurance, pour Ab, de se sortir d'un énième guêpier en utilisant cet ado mal dégrossi comme otage.

L'on serait en droit de prier le p'tit Jésus en culotte de velours pour le salut de son âme alors qu'Ab fit, au final, office d'ange salvateur plutôt que de harpie fossoyeuse.



En voilà un roman ado qu'il est sympa.

Il fleure bon la poussière, la liberté et l'amitié virile mais correcte.



Un gamin sous le joug d'un père tyrannique appelé à renaître par le biais d'un modèle honni par son paternel, sur le papier, ça a de la gueule.

Ode à la liberté absolue, fût-elle conquise de haute lutte, non sans sacrifices, Ab Stenson vit comme elle l'entend, ne se laissant couler dans aucun moule.

Personnage emblématique de ce roman jeunesse, elle personnifie le vent indomptable qui fascine et contamine chaque être en mal de soi.

L'époque est rugueuse.

Les personnages tout autant.



Si l'amour darde bien quelques timides rayons, c'est bien sur une nuit sans étoiles que s'achèvera ce court roman initiatique bâtisseur de légendes et d'hommes nouveaux.
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Dans le désordre

Un livre percutant, émouvant, poignant.

Percutant oui, on prend des coups, aux côtés des sept personnages, Jeanne et Basile, Jules et Lucie, Marc, Tonio, Alison. Ces sept-là ne se connaissaient pas tous, mais vont former une bande très solidaire après une manif.

Jeanne et Basile ont le coup de foudre. Il y a aussi des coups de matraque, un certain réalisme dans les manifs, leur mode de vie qui refuse les évidences d'une société trop étouffante pour eux. Des coups de gueule, des révoltes de Marc et des autres, de Tonio au Pôle Emploi.

Il y a aussi des coups de cœur amicaux, amoureux.

Ce livre est réaliste, mais aussi plein d'émotions, de nuances, et les sept personnages sont bien différents, chacun a son parcours, sa personnalité.

A lire ! Coup de cœur !
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Ce qu'elles ne savaient pas (La gueule du l..

Cauchemar à Madagascar, pour deux petites françaises venues faire une coupure de rêve entre bac et fac!

Le paradis rêvé à son revers, et certaines rencontres peuvent s'avérer pleines d'un danger mortel... Et l'aventure prend un très sale tour.

L'auteur va embarquer, au propre comme au figuré, ses deux héroïnes tôt accompagnées d'une troisième, dans une fuite éperdue! on est entre Délivrance et La nuit du chasseur sous certains aspects d'effroi et de poésie... Avec comptines du monstre qui poursuit et joue avec ses proies.

Le nouveau titre de ce bouquin est judicieux, et le prix de ce savoir est démesuré! Petites petites, courez tant que vous le pouvez!

Alors, ce n'est pas L'été circulaire, mais Ce qu'elles ne savaient pas m'a tout de même bien remué. Je pense continuer à lire Marion Brunet!
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Vanda

Quand Vanda, un peu saoule, voire beaucoup, aperçoit son ex Simon dans ce bar, elle a un choc. Plus de six ans qu’ils se sont quittés et qu’elle ne l’a pas revu. Elle sait à ce moment que son monde risque de s’effondrer, Simon ne sait pas qu’il est le père de Noé, son fils. Elle préfère partir, en titubant rejoint sa voiture. Elle roule en direction de la plage, elle habite un cabanon. En arrivant elle ouvre le coffre et sort du duvet dépassant un petit garçon, son petit garçon endormi, Noé dit le Bulot.



Une pièce désordonnée, peu entretenue, une douche bricolée, un évier deux lits, une table basse encombrée d’assiettes sales, de mégots et autres déchets.



Vanda est une jeune femme qui vit dans la précarité sur une plage de Marseille. Elle a fui sa mère négligente avec une libido débordante, les moqueries des enfants du village de Bretagne où elle a grandi. Tatouée, aimant la fête, l’alcool et la fumette, agressive parfois, elle protège son petit comme une louve. Elle n’a peut être pas les bons gestes, s’énerve souvent mais elle aime Noé d’un amour inconditionnel. Sa vieille voiture lui a permis de trouver un boulot de femme de ménage dans un service de psychiatrie de l’hôpital au nord de Marseille. Elle est bienveillante avec les patients, ne s'attarde pas trop avec ses collègues qui, comme elle, enchaînent les contrats précaires.



Vanda est toujours en équilibre sur le fil de la normalité. La normalité de Simon, par exemple, qui la trouvait sensuelle et l’aimait comme un fou mais ne la présentait pas à sa mère, à sa famille.



Simon, lui, est revenu à Marseille car sa mère est décédée. Il a un bon métier et une compagne sur Paris. Il fréquente des gens élégants, instruits, qui font attention au regard des autres. Chloé ne veut pas d’enfant, alors quand il apprend qu’il est le père du Bulot, il tente de se rapprocher de lui et Vanda. Pas pour semer la pagaille, juste pour apprendre à connaître son enfant et pourquoi pas lui apporter un peu de confort.



Mais la vie dérape pour Vanda à ce moment-là. Sa voiture tombe en panne et elle a plus de deux heures de transport en commun pour aller travailler et revenir à l’école. Toujours en retard, l’institutrice la menace de prévenir les services sociaux. Puis les soignants de son service décident de faire grève et l'entraînent dans une manifestation. Prise en photo, elle apparaît faisant face aux forces de l’ordre, sur la première page du journal local. Elle perd sa place à l’hôpital, son contrat ne sera pas renouvelé.



Vanda n’est pas le personnage d’un roman, plutôt celui d’une évaluation faite par un travailleur social, le reflet de jeunes femmes de notre monde qui se battent seules avec leurs enfants pour survivre.



L’auteure, avec un style percutant, dresse un portrait sans complaisance de notre société actuelle entre les révoltes, les restrictions, les injustices, les violences policières, la précarité, la situation des femmes et des enfants pauvres.



Je me suis attachée à Vanda et son Bulot. Une bulle d’amour imparfaite dans un monde imparfait. Ils resteront longtemps dans mon cœur, Simon aussi qui ne voulait qu’une petite place dans leur vie.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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L'été circulaire

Voilà un roman agréable à lire et qui vaut bien un cours de sociologie pour les lycéens ou encore les jeunes étudiants.

Le regard de Marion Brunet sur la société est cruel et je dirais même déprimant de par sa justesse. Oui, il est bien difficile d'échapper à son destin social !

Johanna et Céline, deux soeurs de 15 et 16 ans sont proches tout en étant bien différentes. Elles seront toujours là l'une pour l'autre et ont une complicité touchante.

La grossesse de Céline va bouleverser leur quotidien, celui de leur parent (Manue et Séverine) et également celui du quartier qui va porter un regard jugeant sur cette grossesse.

Marion Brunet nous décrit avec une plume âpre, incisive les notions de reproduction sociale, de vengeance, d'adolescence, de séduction...

C'est un roman noir très bien mené qui nous emporte. Les thèmes abordés sont nombreux et il serait sans doute intéressant d'en faire une lecture partagée avec des adolescents.

Merci Zilliz, c'est grâce à toi que ce livre s'est retrouvé entre mes petites mains ! :-)
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Frangine

Joachim (17 ans) et Pauline (14 ans) ont deux mamans, mais pas de papa. Les mamans sont allées en Belgique quand elles ont voulu fonder une famille, la PMA n'étant pas autorisée en France pour les couples homosexuels.

Dire que Joachim et Pauline ont une vie facile serait mentir. A la maison, c'est chouette, la famille est unie : les mamans sont amoureuses, tendres avec leurs deux rejetons, très à l'écoute. Pas de problèmes. C'est plus délicat à l'extérieur. Joachim a vite su s'armer contre les quolibets, en imposer. Pauline en revanche se fait harceler depuis son entrée au lycée. Elle n'était pas préparée à ça, elle va mal, son frère assiste impuissant à sa dégringolade. Mais elle le supplie de n'en rien dire à leurs mères :

« J'ai peur, Joachim. J'ai peur et j'ai honte depuis deux longs mois, putain ! J'ai honte de ne pas arriver à réagir, honte de baisser la tête, et j'ai honte de ma mère ! Honte d'en avoir deux ! Tu sais ce que je pense, en fait ? Qu'elles auraient pas dû nous faire ça ! Qu'elles auraient pas dû nous faire du tout ! En tout cas, pas moi. »



Alors j'avoue, en tant que lectrice, face à la souffrance déchirante de cette jeune fille, j'ai pensé ça aussi, que ces deux femmes « n'auraient pas dû leur faire ça ». C'est dur, d'assumer une différence, pour les enfants. Ne pas avoir de père aussi, c'est dur, j'en connais qui claudiquent douloureusement à cause de ce trou béant... Bref, j'étais mal à l'aise à la lecture, gênée de penser que le mariage pour tous, ok, mais y a des limites (idem que pour la parentalité en solo)...

La grande force de l'auteur est de nous faire dépasser ce jugement, en douceur, subtilement...



Autres points très positifs : l'auteur montre le décalage entre garçon et fille amoureux pour « franchir le cap » (garçons, sachez "tenir le doberman en laisse", comme dit HFT). Elle évoque aussi le harcèlement entre adolescents, la difficulté à faire accepter l'homosexualité, l'obligation de faire des choix entre ceux qu'on aime, parfois, dans sa vie. Elle nous rappelle aussi que tous les enfants ont honte de leurs parents, pour une raison ou une autre :

« Ben moi, vous savez, mon père venait toujours me chercher au collège en bleu de travail. Un jour je lui ai demandé de se changer avant de venir, j'ai dit que ça craignait un peu qu'il se pointe comme ça devant mes amis... et ça l'a rendu fou. Il m'a parlé de la fierté des travailleurs. Il m'a dit que si j'avais honte d'avoir un père ouvrier, lui avait honte d'avoir une fille comme moi. Franchement, ça m'a calmée. »



Un excellent roman émouvant qui fait cogiter sur plein de sujets - à faire lire dès 14 ans.



• Merci, Manika, pour l'idée.
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Vanda

Une jeune maman rude et écorchée

*

Très bonne pioche pour le nouveau roman de Marion Brunet. J'ai tellement apprécié son précédent, L'été circulaire. Et encore une fois, un roman social réussi. Il y a même une pointe de drama à la fin (que je n'avais pas vu venir).

*

Ah je l'aime bien cette Vanda ! Rebelle, fougueuse, résignée, lucide, courageuse. Et comme une louve protégeant son petit. Maman d'un petit Noé, vivotant dans un cabanon près de la mer à Marseille. Ca c'est pour le CV.



Et pour le reste, c'est la vie avec ses grandes injustices. Vanda est ce qu'on pourrait appeler "une border line". Une marginale qui vit de débrouille et qui ne demande rien à personne. Sauf que son petit garçon réclame une grande attention. Une vie précaire dans un monde cruel, son lot de misère qui va avec. Et il y a le père de Noé qui brise ce microcosme rempli d'amour. Simon, le parisien aseptisé, qui voudrait reprendre le fils. Mais Vanda a des projets d'aventure, de fuite même. Tout plutôt que de rentrer dans un cadre bien défini.

*

J'ai aimé chaque phrase, chaque mot. Des dialogues certes brutaux, vulgaires parfois mais si saisissants. Vanda irradie et vibre d'une énergie folle. L'auteure a cette faculté de dévoiler et pointer du doigt le désespoir de chaque protagoniste. Tout en parlant d'amour dans chaque chapitre. C'est ça le talent !

*

Je me souviendrais longtemps de cette histoire de gens cabossés en-dedans et pourtant si lumineux. Comme le bleu de la mer et du ciel.
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L'été circulaire

Quand je pense au Vaucluse et au Luberon, à l’Isle sur la Sorgue, à Cavaillon, à Ménerbes, à Bonnieux, à Gordes, à Avignon, j’ai le cœur qui s’emballe. Je repense à ces étés caniculaires, à ces visites d’abbayes, aux promenades dans la garrigue, aux plongeons dans la piscine, à l’ambiance fantastique du festival de théâtre, aux cigales, aux apéros dans la douceur du soir…



Marion Brunet m’y a tout de suite emmenée, dans ce Sud si cher à mon cœur. Mais pour une tout autre ambiance : lotissement bon marché, vulgarité, violence, racisme, douleur de vieillir, alcoolisme,

dureté de vivre.

J’ai adoré !



La jeune Céline, âgée de 16 ans, est enceinte. C’est le début de l’été, et un tour de manège malencontreux a dévoilé son état à ses parents, catastrophés. Sa sœur Johanna, d’un an sa cadette, la soutiendra, l’épaulera dans ce village où tout se sait, où les garçons tournent autour des filles comme des grosses mouches, où les parents des autres jeunes médisent, où les collègues du père maçon essaient d’être discrets, où les grands-parents se font de plus en plus froids, où les autres mères se disent que Céline l’a bien cherché.

Le père, surtout, n’en peut plus de haine pour « celui qui a fait ça à sa fille ». La mère, elle, se retire dans son indifférence, toute occupée à regretter sa jeunesse.

Mais l’étau se resserre, le drame s’annonce…



Marion Brunet m’a totalement bluffée par sa capacité à trousser une ambiance malsaine, opaque, pesante. Elle connait à fond l’adolescence et son mal-être, son désir de partir loin de « tout ça ». Elle explore le cœur des femmes qui se sentent vieillir, des hommes qui se veulent encore conquérants alors que la vie s’occupe à les briser.

Et puis elle sème des indices ça et là, mine de rien, qui mènent justement à l’explosion cataclysmique vers la fin du roman.



Marion Brunet est davantage qu’une bonne écrivaine, elle est sociologue et fine psychologue.

Quel été j’ai passé !

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Sans foi ni loi

Quand les auteures frenchies se mettent en tête de revisiter la littérature western à la mode US, c’est souvent réussi. Comme Céline Minard avant elle, Marion Brunet le prouve en cette rentrée littéraire avec Sans foi ni loi, sorti chez Pocket Jeunesse mais qui trouvera assurément un public plus large tant le livre est réussi et tant Marion Brunet a de fans. Dont moi.



Sans foi ni loi, c’est l’histoire de la maturité accélérée de Garett, kidnappé à l’issue d’une fusillade par Abigail Stenson cherchant à s’enfuir avec un otage après un braquage de banque. Du giron pesant de son père violent à la découverte des plaisirs et contraintes du monde adulte, Garett va approcher la vraie vie, celle de l’amitié avec Will, des premiers amours avec Jenny ou de la vengeance avec Jefferson.



Sans foi ni loi, c’est un véritable exercice de style dans lequel Marion Brunet convoque tous les codes du western, du colt à la winchester, du saloon au bordel, du shérif au chasseur de primes et j’en passe… sans réinventer le genre, mais avec une étonnante justesse qui ne tombe jamais dans l’excès, ni dans l’à-peu-près.



Sans foi ni loi enfin, c’est une atmosphère particulière, instaurée dès la première scène, magistrale autant que visuelle, qui installe une tension permanente qui va ensuite rythmer tout le reste du livre. Cette tension permet de dévoiler peu à peu les faces d’ombres du personnage d’Abigail, rebelle écorchée mais femme indomptable et libre, au pays des broncos, des cow-boys et des outlaws. Un portrait réussi grâce à l’écriture simple mais juste, d’une auteure qui transpire toujours autant la bienveillance.
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Dans le désordre

Dans 'La Belle de Fontenay', JB Pouy fait dire à Enric :

« Des jeunes qui [manifestent] même s'ils ne savent pas trop quoi défendre, s'ils ont de bonnes bouilles, des visages qui espèrent, c'est toujours dangereux, c'est toujours des esprits prêts à aller de l'avant. [...] J'espère toujours que potentiellement, ils peuvent foutre un bordel d'enfer. Ce qui, a priori, me ravit. »



Bien d'accord ! Et c'est sans doute pour ça que j'ai vite adopté cette petite bande de 7 rebelles des deux sexes - 6 jeunes et 1 moins jeune.



Jeanne et Alison rencontrent Basile et ses potes au cours d'une manif, ils sympathisent. Pourquoi ne pas rejoindre leur squat ? Les deux filles ont envie de sortir du rang, la perspective d'une vie tracée et rikiki à l'image de celles de leurs parents les débecte.



Un roman à découvrir dès le lycée. Rébellion, anarchisme, vie en squat, abandon d'études qui 'ne mènent à rien' (et un petit boulot où on est exploité, ça mène à quoi ?), histoire d'amour et d'amitiés... Voilà de quoi faire rêver les ados qui ont envie de tout n!quer, ils se défouleront par procuration. Mais pas seulement ! La force de cet ouvrage est de montrer également le point de vue parental, ainsi que les revers de la médaille d'une vie 'libre', sans adultes, apparemment idyllique - ceci sans ton moralisateur.



Excellent ! Ma fille de quinze ans, qui lit à reculons depuis quelque temps, a autant aimé que moi. ♥
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Sans foi ni loi

J’adore les westerns ! En 3 secondes je retrouve mon âme d’enfant. Il n’y a pas à dire les cowboys et les pirates il n’y a rien de tel pour partir à l’aventure. Pourtant à chaque fois c’est pareil, je râle, je bougonne, je ronchonne, atterrée par les rôles de potiches sans cervelle ou de prostituées fades et sans intérêt réservé aux femmes dans ce genre de livre. Non d’un canasson ça me hérisse le poil ! Alors livre jeunesse ou pas je ne pouvais pas passer à côté de Sans foi ni loi.

Dans un western made in France qui n’a rien à envier à ceux des machouilleurs de chewing-gums Marion Brunet reprend les codes du genre. Saloons, colts, chevauchées, duels… tout y est, mais à la place du traditionnel lonesome cowboy on trouve une lonesome cowgirl qui a du chien ! Ab Stenson, de son vrai prénom Abigail, vient de braquer une banque, sale, seule et aux abois la voilà contrainte d’embarquer Garrett, un ado qui se cherche, dans son sillon. La cavale imposée va alors se transformer en parcours initiatique pour ce jeune homme aux ressources insoupçonnées, sous l’œil d’une Ab aussi taiseuse que mystérieuse.

Dans cette histoire rondement menée Marion Brunet en profite pour mettre en exergue la condition des femmes de l’époque et ses injustices sans pour autant transformer son récit en pamphlet féministe.



Ab Stenson n’est pas une femme qui se comporte en homme mais simplement une femme qui a choisi de vivre sa vie librement, sans entrave et surtout en ignorant les conventions sociales. Rien à foutre de ce qui se fait ou pas quand on est une femme, elle n’est guidée que pas une chose : la liberté. Garrett ne s’y trompera pas en la choisissant implicitement comme mentor.



Amour, amitié, émancipation, indépendance, autant de thèmes évoqués qui sont chers aux adolescents qui devraient sans doutes se laisser séduire par ce western qui sort des sentiers battus.

Autre bon point pour l’auteur, malgré le fait que les thèmes abordés pourraient s’y prêter, à aucun moment on ne tombe dans la niaiserie et la guimauve. L’histoire conserve sa cohérence jusqu’à la fin qui n’a d’ailleurs riens d’un conte de fée ou d’un roman à l’eau de rose et c’est tant mieux.



Un livre à offrir aux ados (à partir de 13/14 ans) pour pouvoir leur emprunter ensuite !
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Vanda

Deuxième rencontre avec cette auteure qui la première fois m’avait emmenée dans une chevauchée effrénée tout en abordant le thème du féminisme. Pas facile dans un roman ado. Je n’ai donc pas été surprise de constater que dans Vanda Marion Brunet lâchait les chevaux. Elle met sur le devant de la scène une femme forte au caractère bien trempé et son fils.

Vanda ce n’est pas la maman modèle, ce n’est pas la femme douce et aimante. Vanda c’est une louve malmenée par la vie et elle emmerde tout le monde : c’est Noé et elle contre le reste du monde. Parce qu’elle l’aime son fils, rageusement, furieusement, parfois mal mais toujours sans faille et sans fard. Noé c’est le point d’ancrage de cette âme à la dérive. Pour lui Vanda se bat, elle continue d’avancer sans renier ce qu’elle est, sans céder au politiquement correcte. La fierté : le seul luxe des petites gens qui refusent de courber l’échine quand on voudrait bien qu’ils se fassent oublier pour éviter de gâcher le paysage. Vanda en use et en abuse et parfois elle en paie le prix. Pourtant jamais elle n’abandonne.Quand on se bat si fort et si longtemps à un moment on devrait gagner non ? Mais la route est longue, tellement longue… une fois l’espoir à sec il ne reste que la colère, la haine, la niaque pour continuer le chemin.



Alors quand le géniteur de Noé montre le bout de son nez Vanda sort les griffes et montre les crocs : c’est SON fils. Ça fait 7 ans qu’elle morfle pour garder la tête hors de l’eau, qu’elle porte son fils à bout de bras alors personne ne va venir s’ingérer dans leur relation. Elle ne le permettra pas. Mais c’est dur, encore un choc à encaisser et les fondations de leur existence à Noé et à elle sont tellement fragiles. Et puis si ce n’était que leur univers à eux mais tout semble aller de travers.

C’est vrai quoi ! Qu’est ce qu’il a ce monde à la fin ? Ça n’a jamais été glorieux mais là on dirait qu’il déraille complètement ! Les migrants qui meurent en pleine mer dans l’indifférence générale (si on excepte quelques bonnes âmes), le racisme ordinaire que personne ne voit plus, le système public qui s’effondre, les gagnes petits qui crèvent la fin, les manifestants qu’on tabasse, mêmes les glaciers vont mal ! Pourquoi il ne se passe rien ? Personne ne voit la catastrophe arriver ou quoi ?



Au delà de la question de la paternité et des difficultés d’être mère célibataire, ce livre est un cri de colère, une critique virulente de la société dans laquelle nous vivons, de cet ascenseur social qui a l’image de ceux des quartiers est toujours en panne. Je me dis parfois que celui qui a inventé cette expression faisait de l’ironie !



Dans ma tête une petite ritournelle s’est imposée à moi comme la bande son de ce livre, des paroles depuis longtemps oubliées. Des paroles que peut être vous avez croisé :



La vie est belle le destin s’en écarte

Personne ne joue avec les mêmes cartes

Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu’il dévoile

Tant pis on n’est pas nés sous la même étoile



Pourquoi ne puis-je vivre comme n'importe quel être humain ?

Pourquoi mon destin est-il de ne pouvoir cesser de me battre ?

[…]

Je peux rien faire… je peux rien faire… spectateur du désespoir.



(IAM, Nés sous la même étoile)
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Vanda

Après 7 années d'absence, Simon revient à Marseille pour s'occuper des affaires de sa mère, récemment décédée.



Il est venu seul, sans Chloé, avec qui il vit une vie parisienne, sans enfant, parce qu'elle n'en veut pas.



Vanda, elle, zone au bord de la plage, occupe un cabanon insalubre et fait le ménage en hôpital psychiatrique pour subvenir à ses besoins et nourrir son gosse, Noé.



Elle est "sans repères, une solitude prête à toutes les excentricités, une forme de liberté complètement flippante".

Sa situation est précaire, mais son caractère est trempé.



Simon et Vanda se croisent dans un bar, se reconnaissent et se souviennent de leur relation sept ans plus tôt. Il l'invite à boire un verre.



"J'imagine que tu veux voir Noé.

-Noé ? Qui ?

-Ton fils. C'est pour ça que t'es là, non ?".



Pourtant, elle n'est pas prête à laisser qui que se soit se mettre entre elle et son fils.



A mon avis :

Lorsqu'on est funambule, sur un fil, le moindre mouvement extérieur, volontaire ou non, risque de vous faire tomber.



C'est un peu le cas de ce personnage, Vanda. Elle vit dans la précarité, laisse son fils dans la voiture le soir lorsqu'elle sort, s'envoie en l'air sporadiquement avec qui elle veut, fume de l'herbe, squatte quasiment ce logement qui n'en est par réellement un et qu'elle doit abandonner pour laisser temporairement la place aux vacanciers... une vie sur le fil.

Et le coup de vent qui va déstabiliser cet équilibre, c'est Simon, alors que lui ne demandait rien, ou pas grand chose.



Il y a dans la description de cette vie cassée, à la marge, un réalisme absolu, qui permet au lecteur d’appréhender l'équilibre fragile qu'entretient cette femme, mais qui peut céder à tout moment... voire qui ne peut que céder à un moment.



Et lorsque cela se produit, on est alors en mesure de comprendre la détresse, la peur et l'angoisse de cette mère qui n'a que son enfant pour bouée de sauvetage.



Une belle analyse de situation donc, qui manque néanmoins de dynamisme, avec quelques pages au rythme lent et ennuyeux et peut-être aussi un manque d'analyse de la psychologie des autres personnages, notamment de Simon.



Contrairement à ce que j'ai lu parfois dans certains commentaires, il ne me semble pas que ce soit un roman noir. Plutôt le révélateur d'une situation qui peut basculer parce que déjà au bord de la rupture. Situation somme toute assez banale, malheureusement.



Retrouvez d’autres avis sur d’autres lectures, sur mon blog :

https://blogdeslivresalire.blogspot.com/
Lien : https://blogdeslivresalire.b..
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Plein gris

Avis de tempête ! Le dernier roman de Marion Brunet est de ceux qui vous happent, vous secouent et vous laissent rincé.e, mais galvanisé.e et plus vivant.e que jamais.



Le suspense est à son comble dès les premières pages. Il faudrait même dire dès cette couverture plongée dans le noir d'encre des pires tornades dans lequel l'on distingue un voilier cerné par les éléments et d'inquiétants reflets rouges. En quelques mots se noue une intrigue implacable. En pleine mer, un groupe de copains découvre le corps de l'un des leurs flottant près de leur bateau. Aussitôt remontent les souvenirs d'un garçon charismatique, prince régnant sans partage sur la bande : comment en partant de là, en arrive-t-on au drame ? Nous n'avons pas le temps de nous remettre de nos surprises – et eux de leur choc – que la panique gagne le voilier : à l'horizon, une barre monumentale sépare déjà ciel et océan, annonçant une tempête cauchemardesque...



La double tourmente qui frappe le groupe, celle qui l'a précipité vers la mort de Clarence et celle qui submerge le voilier, place le récit sous haute tension. Mon fils l'a parcouru d'un seul trait, en apnée ; j'ai mis à peine plus de temps, très frustrée d'être parfois obligée d'interrompre ma lecture !



« Nous sommes entre deux murs de mer grise. J'ai l'image d'un étau, soudain, et du bateau noyé dans le ventre d'une lame immense, happé par deux mouvements contradictoires. »



En tournant la dernière page, il nous reste d'abord les frissons, le sentiment d'avoir réchappé à quelque chose de terrible. Marion Brunet nous fait vivre comme si nous y étions les tentatives désespérées et les spirales de pensée des navigateurs, avec en prime des clins d'oeil multiples où la mythologie grecque tutoie les films catastrophe. Il y a aussi quelque chose de fort dans la façon dont se révèlent, dans l'ouragan, les larmes muettes, les blessures cachées et le tumulte déchaîné sous la surface sciemment lissée tournée vers les autres. Les mots d'Emma disent très bien la férocité et la naïveté du regard adolescent sur le monde et les autres, l'ivresse de naviguer à la lisière du danger et les jeunes amitiés, intenses et troubles. Ils sondent surtout, avec une grande justesse, l'alchimie d'un groupe, la cristallisation des rôles et de certaines formes de complaisance.



Après son western féministe, Marion Brunet mène sa barque avec brio entre huis clos et nature incommensurable, entre roman catastrophe et thriller psychologique. Addictif et réussi !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Vanda

Vanda vit une relation exclusive avec son petit garçon Noé, 6 ans. Elle vit marginalement dans une sorte de grotte sur la plage dans un recoin de Marseille.

Elle fait la fête avec des autres sur la plage mais ce ne sont que des relations d'un soir.

Seule depuis longtemps, elle veut garder sa liberté d'agir, d'éduquer son fils , surtout quand Simon, le père, réapparaît après 7 ans d'absence.

Elle aime son enfant un peu à la façon d'un animal, surtout quand l'auteure nous parle de la façon qu'a Vanda de percevoir les odeurs, elle ne se maîtrise pas non plus et n'économise pas les gestes brutaux comme des gifles envers le petit Noé. Ensuite, elle s'en veut, se ravise et le prend dans ses bras.

Vanda, sans en être consciente, ne veut pas le bien de son fils surtout quand Simon, le père apprend l'existence du petit Noé et entend bien faire valoir ses droits.

On sent que la tension commence à monter . Un drame s'annonce.

Marion Brunet dépeint Vanda avec beaucoup d'humanité, elle pénètre à fond dans le fonctionnement du personnage.

Un livre d'une dureté assez intense à à l'ambiance oppressante.

Le drame d'une personne sans attache, seule au monde.

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Dans le désordre

Les sept personnages du roman se rencontrent dans une manif où Jeanne et Alison font leur première expérience des violences policières. Quoi de mieux pour la naissance d'une grande amitié? Ils partagent les mêmes idéaux, les mêmes colères, ils voudraient «une vie différente». Ils vont s'installer ensemble dans un squat.

Il y a des moments touchants, Marion Brunet nous fait bien comprendre la révolte de ses personnages, et leur vie communautaire ne manque pas d'intérêt.

Mais je reste un peu mitigée, pas complètement convaincue.

Peut-être qu'on suit trop de personnages, on a l'impression de les survoler, ils n'ont pas le temps de prendre en épaisseur et de devenir vraiment attachants malgré leurs qualités. La tournée des réveillons de Noël de chacun d'entre eux est assez révélatrice de ce défaut du livre - qui trop embrasse mal étreint - les rapports familiaux n'ayant pas le temps d'être approfondis sont assez caricaturaux, stéréotypés.

Et puis il y a un décalage entre le côté un peu trop sage et convenu de la narration, trop en ordre, et le sujet. Ça manque de rage, de tripe, de feu. On ne RESSENT pas assez je trouve la colère et l'espoir d'un monde meilleur.
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Vanda

Vanda ou l'amour un peu braque d'une mère pour son fils ; Noé son petit bulot.

Un roman social qui aborde la précarité, les troubles psychiatriques, la lutte des classes et le besoin de liberté.

Rien n'est blanc, rien n'est noir et chaque personnage est ambivalent avec ses failles, ses faiblesses mais aussi ses courages et ses générosités.

Il y a de l'amour, des enfances cabossées, de la pauvreté, des cicatrices et beaucoup de solitude.

La pression monte lentement ; les prémices d'un drame annoncé.

On assiste impuissant et c'est poignant.
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L'été circulaire

Et tournent les manèges!

Et tournent les vies qui reproduisent les mêmes désespérances, les mêmes frustrations, les identiques effets.

Certains, trop rares, briseront cette chaîne qui les retient au piquet central et les contraint à tourner en rond... Peut-être Jo (quinze ans)? Certainement pas Céline (seize ans) qui va mettre au monde un enfant. Et au suivant!

Et tournent les existences, dans ces mares putrides qui clapotent d'alcool et de racisme ordinaire. Qui remuent les idées reçues, simple et pré-mâchées.

Et tournent (mal), et tournent (court) certaines jeunesses victimes de la fatalité ou de la frustration d'un autre, Manuel, qui circuite, impuissant, puis court-circuite.

Et tourne la cuillère, dans cette marmite vauclusienne où cuit une tambouille insipide que relève à peine un célèbre festival offrant une étroite échappée à Jo.

Rien ne brille, sous ce soleil d'été... Hors chez ceux qui, bien nés et biens pourvus, profitent des charmes provençaux au gré de fêtes nocturnes dans des villas de rêve (avec piscine, le rêve...).

C'est le manège...désenchanté. Ce cercle vicieux et fermé qu'offre Marion Brunet que je découvre avec cet Été circulaire aux trop rares instants de grâce. Ce cirque des rêves effondrés à la musique tonitruante qui couvre une parole éteinte ou qui ne veut pas venir.

Assez peu "policier", ce livre, au final. Juste noir et sans joie. Plein de regret.

Plein de ce temps qui passe et emprisonne...



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Frangine

Excellent.

Des passages durs, d'autres plus légers, mais c'est un très bon roman, qui parle de sujets pas faciles, avec une écriture formidable.
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Vanda

Autant le dire d’entrée, je partais avec un énorme a priori positif en ouvrant Vanda de Marion Brunet, tellement j’apprécie cette auteure croisée à deux reprises en rencontres, et ses livres. Quelques heures de lecture plus tard, je confirme : c’est encore une fois superbement envoyé !



Tour à tour te voilà Vanda, femme forte élevant seule Noé dans un cabanon marseillais, travailleuse invisible pour survivre, s’évadant d’une canette, d’un joint ou via la tentation de Tanger… Puis te voilà Simon découvrant tardivement sa paternité, basculant dans une autre dimension où la notion de droits interroge tandis que le devoir et l’envie bouillonnent, désemparé devant une situation sans issue acceptable… et te voilà enfin petit lecteur -contempteur de cette société du XXIe siècle, qui se consume au petit feu de cette instabilité chronique qui gangrène les vies et les espoirs.



Vous l’aurez compris, Vanda est un livre noir, bien noir, où l’on sent monter en puissance le drame à venir, où l’espoir pointe régulièrement son nez, sans jamais arriver totalement à percer.



Dans le polar, le western, la young ou comme ici, le drame contemporain, Marion Brunet a l’art de t’attraper dès les premières lignes pour ne plus te lâcher. C’est un style bien sûr, mais c’est surtout un cri, une sincérité, une langue brute qui témoigne d’un parcours et d’un regard juste et révolté sur les drames, misères, petites et grandes injustices quotidiennes devenues silencieuses à défaut d’être invisibles.



Pas de misère ni de misérabilisme chez Brunet, juste des mots sur des réalités, et le rappel qu’il ne suffit pas de vouloir le sursaut et la deuxième chance pour que les conditions d’y parvenir se combinent par miracle. Heureusement, il reste l’amour qui transpire malgré tout des pages bien rudes de Vanda…
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