AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marion Fayolle (116)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Du même bois

De Marion Fayolle, l’on connaissait jusqu’ici surtout les dessins, dans la presse et dans ses bandes dessinées récompensées au festival d’Angoulême. Son premier roman révèle un vrai bonheur de plume et un auteur aussi doué avec les mots qu’avec le crayon pour nous saisir de ses mémorables images.





Ce sont les souvenirs d’enfance, lorsque la jeune Marion n’avait de hâte que de quitter l’étroit logement familial de la vallée d’Eyrieux, en Ardèche, pour rejoindre, là-haut, la ferme et les « bêtes » de « pépé » et « mémé », qui nourrissent cette histoire, une ode à la ruralité et à une époque révolue, quand les générations cohabitaient dans une existence tout entière organisée autour des animaux. « Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s’occupe des bêtes à l’étable. » Certainement pas paradisiaque mais hérité du fond des âges, l’immuable quotidien est simple, souvent rude. Les tempéraments aussi, volontiers taiseux mais débordant d’une humanité généreuse et directe, à l’image de la mémé donnant à l’orphelin engagé sur la ferme, « en un seul repas, tout l'amour qu'il n'a jamais eu, comme pour corriger l'injustice. »





A sa façon simple et directe elle aussi, en une économie de traits si justement et joliment croqués qu’ils en dessinent des silhouettes saisissantes de vie et de vérité, la narration qui, centrée sur des noms génériques – la mémé, l’oncle, la gamine, le gosse, les anciens… – prend un caractère universel en semblant parler de tout le monde, raconte les liens entre les générations, le rapport au temps, au paysage et aux bêtes, tout un mode de vie rattrapé par la mort et la modernité jusqu’à disparaître progressivement. Déjà différente de ceux restés là-haut à demeure, l’enfant palote à l’appétit d’oiseau, à la constitution trop frêle et à l’imagination poétique a beau sentir ce terroir couler dans ses veines, elle n’en quittera pas moins ces lieux et ces racines, à la recherche d’un nouvel équilibre dont les ellipses du récit laissent mélancoliquement deviner les manques et les fêlures.





Une bien jolie révélation que cette nouvelle plume si naturellement chantournée qu’elle ne manquera pas de mener bien des lecteurs au coup de coeur.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          11426
Du même bois

Marion,

permettez-moi de vous écrire ces quelques lignes pour vous remercier des moments de bonheur que vous m’avez offerts. Votre roman ne comporte que peu de pages, c’est mon seul regret. Mais peut-être avez-vous raison, le beau se doit d’être rare. Votre écriture m’a transporté. J’imagine tout le temps que vous avez dû passer pour que chaque mot, chaque phrase touche à ce point votre lecteur. Hommes, bêtes, nature, tous se mélangent, s’entremêlent dans un récit d’une poésie rare. Vos personnages n’ont pas de nom, quelle importance ! Ils sont si vivants. Je n’évoquerai pas le sujet de votre livre, d’autres le feront mieux que moi et puis à trop en parler je craindrais de l’abîmer. Vous êtes mon premier coup de cœur de cette nouvelle année littéraire. Votre roman est à offrir aux gens qu’on aime.

Commenter  J’apprécie          8210
Du même bois

La porte de la maison claque, puis celle de la voiture, voiture qui s’éloigne de la ferme ardéchoise pour toujours. Aucun jeune n’a voulu la reprendre, la ferme, trop de travail, plus de vacances, des journées à rallonge. Alors, la mort dans l’âme, il a fallu se résoudre à vendre et se détacher de sa propre histoire.

Le pépé, la mémé sont morts, bientôt il n’y aura plus pour se souvenir que les photos Mais les photos sont incomplètes, elles sont trop lisses, sans odeurs, peinent à restituer les douleurs et les petites joies…

Marion Fayolle connue jusqu’à présent en tant que dessinatrice signe là son premier roman. Elle a besoin de mettre en mots ce qu’il lui semblait impossible, cette fois, de mettre en images.

La ferme est là dans sa tête, avec ces vaches auxquelles le pépé et la mémé ont tout sacrifié. Mais bon, qu’auraient-ils bien pu faire d’autre à la place ? Pas grand-chose, cette ferme c’était toute leur vie, mais aussi celle de leurs parents, grands-parents, arrière-grands-parents…

Un style brut, rugueux en accord avec le milieu dépeint, dur, les lapins qu’on dépèce, les hommes qui boivent bien plus qu’il ne faut. Les vieux taiseux qui ne savent pas y faire avec les sentiments. Alors on fait les choses ensemble, on équeute les haricots verts, plutôt que se dire je t’aime.

L’ensemble agréable est cependant décousu, manquant parfois de liant, un peu comme des cases de BD qu’on n’aurait pas pris le temps de bien enchainer les unes aux autres. L’absence de prénoms m’a comme d’habitude agacée, les personnages ne sont désignés que par la mère, le pépé, la mémé. La gamine (la narratrice) se retrouve ainsi toujours nommée, passé trente ans, même quand elle devient mère à son tour.

Un regard sur la ruralité qui se meurt intéressant, assez agréable à lire mais qui n’apporte rien de très nouveau non plus.

Je l’ai surtout ressenti comme un cri d’amour de Marion Fayolle à ses racines, sa famille, même si ses portraits parfois vachards ne feront pas sûrement pas plaisir à tout le monde.

Commenter  J’apprécie          599
Du même bois

Ils sont la somme de ceux qui les ont précédés, héritiers des traditions, des secrets et des non-dits qui se tissent au fil des générations. Ces "petitous" se mêlent au monde avec l'insouciance de ceux qui n'ont pas encore vécus, mais porteurs déjà de leurs racines et de tout ce qui les constituent. Parmi eux, il y a la “gamine”, celle qui doit apprendre à vivre avec les bêtes qui se déchaînent en elle, sous le regard irrité de la mère mais avec la bienveillance de la mémé. Petite fleur sauvage qui pousse entourée de garçons, partageant leurs jeux et leurs aventures jusqu’à ce que les formes se dessinent sur les corps et que les jeux changent…



Voici un bien joli roman, plein de poésie, de délicatesse mais aussi de rudesse pour dire le quotidien de la vie à la campagne et le travail à la ferme, rythmé par la répétition, l'entretien des bêtes, le dur labeur qui tasse et fait se courber l'échine. Récit d'une vie à l'ancienne, où l'on vit tous ensemble, sous le même toit, où l'on prend soin les uns des autres, accompagnant les plus vieux jusqu'à la mort, veillant sur les plus faibles, accomplissant ses obligations par devoir, sans jamais faillir. Une vie de sacrifices, de labeur et de don de soi trop ingrate pour attirer la jeune génération, qui aspire à davantage de liberté et de légèreté, fuyant peu à peu ces campagnes désolées au profit des villes.



Un roman qui tait les noms des lieux et des gens, pour favoriser l’universalité de cette voix qui s’ancre dans le milieu rural, où la vie est modelée autour des odeurs d’étable et du bruit des bêtes, des sons que l’on sait reconnaître et interpréter tant les liens sont forts. Un monde qui signe sa fin quand vient le silence et qu’alors ne reste plus que le chagrin et le souvenir de ce qui n’est plus… C'est beau, c'est juste, c'est touchant et le résultat offre un premier roman tout à fait réussi !

Commenter  J’apprécie          440
Du même bois

Une grande originalité de ton pour ce roman, qui met en lumière la vie simple d’une famille, trois générations sous le même toit. Pour une vie humble, un labeur difficile et sans relâche, avec les regrets que personne ne reprenne le flambeau.



Une famille unie dans l’adversité, un fils dont la différence s’intègre sans aucun obstacle dans la vie quotidienne de la ferme, une « môme » recueillie à la suite du décès de ses parents, et le sentiment de la fin d’un mode de vie. Le récit n’est pas daté et les lieux restent ignorés, mais le texte touche à l’universel, débarrassé de tout ce qui fait l’artifice de nos vies contemporaines.



A lire lentement, au rythme du quotidien que ne bouleversent que la naissance d’un veau ou les drames vécus comme autant de fatalités contre lesquelles il serait vain de se révolter.





Découverte d'une autrice à la plume remarquable



105 pages Gallimard 4 janvier 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          361
Les coquins

Il m’arrive de faire des promenades matinales quand la dernière fraîcheur de l’air annonce la chaleur à venir, quand le soleil n’a pas encore incendié ces malheureuses touffes d’herbes jaunies, et quand les seules personnes que je croise sont ces mémés asthmatiques qui se font promener par des chiens blancs, toujours trop petits, toujours pareils.



Mais ne vous y méprenez pas, cette routine de vacancier — ou de vieillard, à vous de trancher — est avant tout un sport moteur de précision ! Il faut savoir sortir sur la piste des sentiers balisés au bon moment, ni trop tôt dans la pénombre, ni trop tard parmi la foule. Prendre de la vitesse, la calvitie fouettée par le vent. Effleurer les trottoirs du bout de la semelle et rétrograder à l’approche d’étrons ralentisseurs. Arrive enfin la périlleuse succession de trois virages sous forme de boîtes à livres. La première ne contient que des classiques à moitié déchirés, bof. La deuxième? Du Danielle Steel, pas mieux. La troisième, enfin, contient un petit OVNI livresque au dessin pour le moins interpellant. Je prend! Direction la ligne d’arrivée avec cet ouvrage irrévérencieux dénommé Les coquins de Marion Fayolle.



Qu’il est difficile de rester de marbre devant cette première de couverture où un homme au sexe d’escargot fait face à une femme arborant … sa généreuse salade. Non vous ne rêvez pas ! Que peut-il se cacher derrière ce coup de pinceau à l’allure enfantine mais chargé d’une symbolique limpide ?



En faisant l’économie des mots, la dessinatrice donne les pleins pouvoirs à notre force évocatrice. Il ne faut pas une fraction de seconde pour que notre cerveau comprennent que les personnages ne sont autres que nous-même rejouant une comédie qui perdure depuis la nuit des temps avec nos désirs, nos peurs, nos attentes et nos déterminismes. Les corps sont ici une matière à modeler qui permettent d’illustrer les relations de femmes et d’hommes de manière originale et percutante. A l’heure où nous sommes abreuvés — et donc habitués — d’images de corps hypersexualisés, ces dessins sortent du lot.



Les coquins évitent intelligemment l’écueil de la pornographie en désincarnant les personnages. Il suffit de prêter attention à la plastique corporelle dans chacune des illustrations pour se rendre compte que l’essentiel ne se situe pas dans la beauté esthétique mais dans le message véhiculé que chacun interprétera avec son propre vécu: comment un homme regarde une femme, comment une femme se sent-elle en présence d’un homme, comment un homme perçoit-t-il son corps? Comment une tierce personne chamboule une relation ? Etc.



Les deux sexes sont, au fur et à mesure des pages, mis à équidistance l’un de l’autre. La balance ne semble pas pencher plus en faveur de l’un que de l’autre. Et c’est sans doute cela aussi qui fait la force de ce recueil de dessins. Loin d’être une énième resucée féministe postmoderne qui n’aurait rien à dire si ce n’est s’engouffrer dans un effet de mode qui ne fait pas spécialement avancer la cause des femmes ; la dessinatrice a au moins le mérite de mettre en avant des sujets qui nous concernent toutes et tous, de près ou de loin … et cela sans piper mot. Chapeau l’artiste !



Il ne me reste plus qu’à déposer ce livre dans une des boîtes à livres du quartier lors de mes prochaines pérégrinations matinales. Je suis certain qu’il attirera l’œil de passants curieux ou de mémés en bout de souffle. 😉
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
Commenter  J’apprécie          343
Du même bois

Les hommes, les bêtes et la nature



Marion Fayolle réussit son entrée en littérature. Servie par une langue poétique, sa chronique de la vie dans une ferme de montagne résonne avec l’actualité la plus brûlante. En partageant le quotidien de cette famille, qui rassemble plusieurs générations sous un même toit, on comprend la difficulté de tenir le cap.



Une ferme familiale, comme il en existe de moins en moins, mais qui dessine nos campagnes. Celle-ci est perchée à quelques encablures de la source de la Loire. Autour du chef de famille et de son épouse, il y a les grands-parents, les enfants et un beau-frère différent. «Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s’occupe des bêtes à l’étable.»

C'est autour de la vie de celle qu'on appellera tout au long du livre la gamine que va se centrer cette chronique pleine de sensualité. Une gamine qui a eu du mal à arriver et qui a une enfance difficile, qui chouine et renâcle, qui ne fait pas honneur aux repas qu'on lui sert. En s'acharnant sur les morceaux de viande, «c’est toute sa famille qu’elle dissèque, qu’elle décortique dans l’assiette. Le travail de toute une vie qu’elle abîme, qu’elle recrache, qu’elle n’arrive pas à déglutir, tout cet amour qu’elle refuse d’avaler, c’est ça surtout qui fait mal au cœur.»

Car ici les hommes, les bêtes et la nature vivent en symbiose, avec leurs bruits et leurs odeurs, avec leur instinct et leurs peurs.

L'activité se concentre autour de l'élevage, de l'entretien des bêtes, des vaches qu'il faut aider à mettre bas, des poules qu'il faut nourrir, des repas qu'il faut préparer. Une vie qui ne permet pas de trop s'éloigner ou de prendre des vacances.

Alors la gamine s'évade par un imaginaire puissant qui déroute les siens. Quand elle regarde une vache, elle voit bien davantage que ses taches. Elle s'évade. «Il y a, vers ses hanches, des petites îles, un archipel de taches de rousseur. Personne ne voit que c’est beau, que cette vache, ce n’est pas un vieux torchon sale mais un tableau, une percée sur le monde, une promesse d’évasion.»

Construit autour des chapitres thématiques qui peuvent ressembler à des nouvelles qui disent la gamine, le beau-frère, les bêtes, l'orphelin ou encore la mort, le cimetière et l'héritage, ce roman à l'écriture poétique raconte toutefois avec force détails le quotidien de ces paysans de montagne au moment où leur fin approche, où le cycle de la vie, de la naissance à la mort, va laisser la place au vide. Car continuer à «résister à la solitude et au climat» est devenu impossible.

À l'heure où les agriculteurs reviennent au cœur de l'actualité, ce premier roman éclaire bien davantage la dure réalité de ce métier qui est d'abord un sacerdoce, que des colonnes de statistiques. Mais il dit aussi l'attachement à la terre et la peine que l'on peut éprouver quand il faut la quitter, se séparer du troupeau. Alors résonnent les paroles du pépé Il a souvent répété «que le jour où il n'y aura plus de bêtes, ça ne sera plus vivable.»

Si on peut inscrire ce roman dans la lignée des autres chroniqueurs de famille d’agriculteurs que sont Serge Joncour avec Nature humaine et Chaleur humaine et d’Éric Fottorino avec Mohican, on trouvera davantage de points communs avec Corinne Royer et Pleine Terre et surtout Marie-Hélène Lafon, à commencer par cette écriture qui trouve sa sève dans la poésie. Une référence qui prouve que Marion Fayolle a brillamment réussi son entrée en littérature !

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          320
Du même bois

Marion Fayolle est dessinatrice et autrice de romans graphiques. Jusqu'à maintenant le dessin est son expression. Pourtant le sujet qu'elle veut aborder lui semble ne pouvoir être exprimé par des dessins.

Marion Fayolle a donc écrit son premier roman Du même bois " et c'est une réussite totale.

J'ai eu la chance de rencontrer Marion Fayolle à La fête du livre de Bron en mars. sa dédicace dit tout :

" Belle promenade dans mes paysages"

et puis un dessin simple : Des nuages et une ligne de montagne pour horizon Une fois le dessin tourné à 90 degrés apparaît un visage.

Nous sommes en Ardèche , sur le plateau, aux confins des sources de la Loire.

Nature, hommes et animaux s'entremêlent dans un court récit magnifique au tour de trois générations d'ardéchois. Et chacun sur ce plateau ardéchois fait partie du cycle perpétuel de la vie, de la mort et de la transmission. La vie et la mort imprègnent les hommes, les femmes mais aussi la pierre, la montagne, les animaux de la ferme.

Marion Fayolle nous raconte avec justesse, émotion et empathie l'histoire d'une ferme, de ces hommes ,de ces femmes et de ces enfants. Il n'y a pas nécessité à les nommer. Le pépé, la grand-mère, le gamin, l'oncle, le père, la fille suffisent pour nous dire :

"Les enfants, les bébés, il les appellent les "petitous". Et c'est vrai qu'ils sont des petits Touts. Qu'ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-, parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Tout ce qu'ils leur ont transmis, caché, inventé. Tout.

Du même bois.
Lien : https://auxventsdesmots.fr
Commenter  J’apprécie          291
Du même bois

J'ai adoré ! J'ai dévoré ce livre et les frissons ne m'ont pas quitté avant la fin du livre. J'ai aimé sa poésie et les thèmes abordés comme la famille, la ruralité, la transmission et nos rapports aux bêtes.

Je trouve que le passage de la bande dessinée à la littérature est réussi pour Marion Fayolle qui a su m'embarquer facilement dans ce roman.
Commenter  J’apprécie          240
Du même bois

Tout est à égalité, bêtes, murs, personnes, enfants, tous du même bois en quelque sorte. Tout se mélange et s’incorpore. Une même vie dans un même corps de ferme, avec les plus jeunes à gauche, les vieux à droite, et, au milieu, l’étable. Ils n’ont pas de noms, ni même de prénoms, ils sont seulement le Pépé, la Mémé, l’oncle, la fille, la gamine, l’orphelin, les enfants, le petitou, les vaches, les veaux, le chien, la poule faisane. Et aussi le frère du pépé et Papi, que l’alcool a emportés et qui reposent en paix.

Tout est lié, relié à la nature, aux saisons, à l’amour, tout a la même importance. En eux tout ”se chevauche, s’entremêle, se bagarre, se confond, les amours, les idées, les souvenirs”. Les choses et les objets s’animent, les bêtes se personnifient, les êtres s’animalisent. Car tout a une âme dans cette ferme, tout se vit et se transmet immuablement, jusqu’au jour où tout prend fin ou presque. "Le pépé disait toujours que, le jour où il n'y aurait plus de bêtes, ça ne serait plus vivable. Il a eu la chance de mourir avant. Et la mémé répète en boucle depuis que l’étable sent si bon : heureusement que le pépé n'est plus là pour voir ça". La crise du monde rural a eu le dessus et les crises de la gamine n’ont pas laissé de choix.

Marion Fayolle avec des mots simples, réalistes, merveilleusement poétiques, nous ouvrent les portes de cette ferme familiale, les portes de leur vie, de leurs cœurs, de leurs âmes. Du même bois, elle réchauffe en nous des aspirations, des regrets, des solidarités, des souvenirs peut-être.

Aucun dialogue ne vient troubler le récit écrit au rythme de la vie paysanne. Sans tirets ni guillemets les paroles s’insèrent à même le texte, elles font partie du tout. Il nous prend alors envie de lire à voix haute pour goûter la musicalité du texte, pour partager la rusticité des personnages, entrer dans leurs habitudes, ressentir leurs différences. C’est tout simplement beau, émouvant, tellement touchant.

Un grand coup de cœur pour le roman Du même bois, de Marion Fayolle, un bois brut d’une grande sensibilité et magnifiquement écrit. Un premier roman vraiment très réussi.

Commenter  J’apprécie          234
Les amours suspendues

Une BD musicale étonnante ! A moins que ce ne soit un folioscope avec ces corps toujours en mouvement. Un homme, qui pourtant aime sa femme, a besoin d'en séduire d'autres tout en évitant d'aller jusqu'au bout, simplement par envie d'être désiré. du texte, juste ce qu'il faut, mais, oh merveille, avec des dessins de corps parlants qui bougent tout le temps. Ce que l'on fait et ce que l'on aurait voulu faire est ici décrit avec l'originalité de Marion Fayolle. Une oeuvre prenante avec cette sensation d'une BD unique sur un sujet universel : la vie de couple et la peur de ses habitudes. Talent d'une jeune scénariste à découvrir. Fauve d’Angoulême 2018 Prix spécial du Jury.
Commenter  J’apprécie          230
Du même bois

Un très court roman qui se passe dans une grande ferme en Ardèche.

On visualise très bien les bâtiments avec l'étable au milieu et la maison des paysans actuels a gauche, celle de l'ancienne génération à droite, le tout entouré de montagnes.

On voit les vaches au moment de la traite, les vêlages, le moment où on les sort dans les prairies. Il y a un chien, les hommes vont à la chasse. Les enfants ont un immense terrain de jeu et sont très libres.

Mais elle montre aussi la dureté de cette vie, le quasi esclavagisme des agriculteurs qui tous les jours doivent nourrir les bêtes et les traire. Pas de vacances possibles, pas d'ouverture sur le monde extérieur.

Témoignage d'un monde qui disparaît. Tristesse quand on vend les dernières vaches.

J'ai regretté cependant que les personnages n'aient pas de prénom, juste " la mère" la "mémé".

Touchant, juste, poétique. Une belle découverte. Le même univers que Marie-Hélène Lafon.
Commenter  J’apprécie          210
Du même bois

Dévoré, avalé, englouti, lu d'un trait.

Envoutée. Emue. Ensorcelée. Etreinte par tant de beauté, de poésie brute.

"Du même bois" est un coup de cœur et un coup de foudre tout en finesse et en esquisse, en bouffée de lumière. J'ai tellement aimé!

Ce texte est le premier roman de Marion Fayolle, dont je découvre qu'elle est illustratrice et auteure de bande dessinée et c'est peu dire que c'est une réussite. Quand j'y réfléchis me revient cette sensation de lecture qui me poussait à me dire "C'est étrange et beau, l'auteure écrit en images, comme des polaroïds qui se succèderaient". Voilà donc d'où viendrait cette écriture si picturale, si visuelle... De la maîtrise (magique) des mots et de l'écriture mais sans doute aussi de celle du crayon...

Ce qui m'a poussé à m'offrir "Du même bois", ce fut son résumé: l'Ardèche, une ferme familiale et la cohabitation entre ses murs de pierre de plusieurs générations, la présence des animaux qui m'a rappelé à sa manière l'œuvre et les romans de Marie-Hélène Lafon que j'adore. Et puis, moi je viens d'un coin qui n'est pas si loin de l'Ardèche, où les fermes étaient (sont encore) légion. C'est de ce monde que je viens, du monde de la Terre. Mes grands-parents et tous ceux d'avant étaient paysans, mes oncles le sont restés et mes parents ont grandi dans une bâtisse de pierre d'où on voyait l'étable et le verger depuis les fenêtres des chambres. J'en suis fière et quand j'y pense, je suis toujours prise d'un vertige, d'une nostalgie qui m'enserre un peu la cage thoracique, qui me noue le ventre. Je ne sais pas vraiment expliquer pourquoi... Pourquoi cette nostalgie d'une époque que je n'ai pas (vraiment) connu? Peut-être parce que j'ai vu mes grands-parents souffrir de l'évolution de leur monde, peut-être parce que mes plus beaux souvenirs, ce sont les grandes tablées d'été dressées sous le pommier du verger? Peut-être parce que je t'ai trop perçu la douleur et l'angoisse parfois de mes oncles qui n'ont rien des grands céréaliers de la Beauce avec leur petite exploitation, qui sont bien plus (mais vraiment bien plus!) "Conf'" que "fdseaé? Peut-être parce, tout simplement, ce monde là coule en moi, malgré tout et pour toujours? Quoiqu'il en soit, comme je suis toujours attirée par les ouvrages de Marie-Hélène Lafon qui sont par ailleurs toujours écrits d'une plume sublime, j'ai été attirée -papillon par la flamme- par celui de Mario Fayolle. J'en suis heureuse.

"Du même bois" est court (trop!) et raconte la ferme familiale en Ardèche, les trois générations qui y cohabitent, les vaches et les génisses, la terre, les souvenirs d'enfance. Il raconte surtout la famille, les membres de la tribu qui ne sont jamais nommés mais contés, chapitre après chapitre, grâce à la place qu'ils occupent dans la lignée: le "pépé", la "mémé, "la petite"... Pas de récit à proprement parler mais des instantanés qui brossent subtilement le tableau d'une vie âpre, simple, difficile parfois mais belle à sa manière. C'est l'histoire d'un mode de vie un peu révolu aujourd'hui où l'on vivait tous sous le même toit, d'un mode de vie qui suivait le rythme des saisons et qu'on pensait immuable. C'est celle de toutes ces vies simples, souvent laborieuses, celle des taiseux toujours plus démonstratifs avec les animaux qu'avec leurs semblables, celle des généreux qui remplissent les assiettes avec tellement d'amour que parler en deviendrait superflu. C'est une ode nostalgique, un peu mélancolique même à la ruralité.

Et c'est beau, c'est beau parce que la langue, le style de Marion Fayolle sont à la fois poétiques et saisissant et parce qu'ils épousent incroyablement bien le caractère de ce qu'elle raconte: économie de moyen, pureté et rythme de la syntaxe, écriture qui chante tel un ruisseau et peut-être comme l'Eyrieux, croquis pris sur le vif... Aucune fioriture mais des mots en esquisses choisis qui peuvent se dire à voix haute et qui vont à l'essentiel, la grâce en plus.
Commenter  J’apprécie          214
Du même bois

Un roman qui raconte la vie à la campagne, la cohabitation heureuse avec les animaux, l’étable se trouvant située entre la maison des jeunes et celle des aînés avec un glissement progressif de l’une vers l’autre. Une continuité générationnelle sous le même toit où chacun a le souci de l’autre. Une vie pleine de labeur racontée avec poésie et délicatesse. Un vrai plaisir de lecture !
Commenter  J’apprécie          200
Du même bois

Du même bois, premier roman de l’écrivaine de roman graphique, Marion Fayolle, parle de la terre. En racontant la ferme de sa famille, sur la terre ardéchoise depuis de nombreuses générations, elle rend hommage à la fois à leur environnement, leur façon de vivre et les relations qui les lient.



Cette terre montagneuse est âpre, ouverte aux vents, au givre des matins froids. Les myrtilles y sont cueillies, du noir plein les doigts. Les châtaignes éclatent au feu des cheminées pour les déguster, plongées dans un bol de lait chaud.



Ce roman raconte une famille, avec ses animaux et ses hommes. Dans cette ferme, ils y vivent, travaillent et y meurent toujours ensemble, sans nom et sans prénom, juste désigner par son rang, dans son hérédité.



Alors, lorsqu’une gamine est disposée à se faire remarquer, elle ne peut qu’éclater toute cette construction, de si longue date établie, à la fois de l’intérieur et, prédestinée pour s’y propulser, à l’extérieur.



Marion Fayolle le révèle en interview : elle fait partie de la première génération d’une famille qui ne reprendra pas la terre. La maison devra être vendue pour poursuivre l’aventure des hommes avec leurs bêtes. Alors, ce sont les mots qui, ici, reprennent la terre pour les immortaliser dans une maison de papier.



La dessinatrice fait des contours de silhouettes et les anime dans son théâtre. Son premier roman graphique est sans mot. Ici deux dessins, un qui ouvre et le dernier qui ferme, ponctuent les chapitres courts. Les personnages rassemblent les anecdotes de plusieurs générations en une seule pour décrire une famille accrochée à sa terre.



Du même bois est un condensé poétique d’un hommage à sa famille à travers la terre et les vaches qu’ils élèvent. Marion Fayolle propose une sorte d’ovni littéraire, comme son dessin, où il faut sentir, voir, écouter et toucher cette terre ancestrale où j’ai retrouvé mes anciens, trop fiers pour se plaindre, trop secs pour pleurer, trop froids pour expliquer mais toujours là pour partager, pour accueillir et pour aimer.
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          190
Du même bois

Un retour en arrière, une présentation de souvenirs, à l'occasion de la fin d'une époque, celle de la vie à la ferme, de génération en génération, depuis très longtemps.

La langue est poétique et légère, pour raconter par petites touches, plus suggérées que détaillées, comme un souvenir qui s'efface !

Ce sont aussi les anecdotes qui font de la vie de "la gamine" sur ces hauteurs de l'Ardèche le bonheur dont on se souvient, malgré les accidents de la vie, l'isolement et la rigueur du climat.

Une jolie surprise.



Commenter  J’apprécie          170
Du même bois

C'est l'histoire d'un lieu, de ceux qui y vivent quelque temps, d'un mode de vie en train de disparaître. Une ferme familiale. C'est l'histoire d'une transmission qui peine à s'accomplir. D'un lieu qui pourtant se transmet dans les chairs même si les corps s'éloignent. Un lieu dont sont faits ceux qui en viennent. Un lieu raconté par celle qui vit loin mais y est attachée par chaque pore. Une façon de le faire revivre, de conjurer l'oubli, de combattre l'effacement. C'est aussi une histoire de famille, de gènes, de tablées, de silences, de secrets, de labeur, de jeux dans les bois, de premières fois, de destins tout tracés, à moins que. Une histoire toute simple, et pourtant si singulière pour celle qui porte en son sein l'empreinte de ce qui la constitue.



C'est un texte sobre, un peu rugueux à l'image de ceux qui l'habitent. Qui cherche à exprimer l'essentiel. Le texte d'une plume habituée aux images, et elle en parsème quelques-unes, habiles ; pourtant le naturel reprend le dessus, le dessin s'installe sur le bandeau qui vient enserrer la couverture, on ne se refait pas. Il y a dans ce texte court beaucoup de place pour les silences, pour l'invisible. Le temps qui passe, l'inéluctable et ce qui persiste. Un texte qui dit la nécessaire émancipation, l'éloignement pour cause d'accomplissement de celle qui désormais a le choix. Mais pas le reniement. Surtout pas. Mélancolique juste ce qu'il faut.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          160
Du même bois

Une très belle écriture sert cette histoire

d'une ferme ardèchoise isolée .

Des bâtiments en U, au milieu les bêtes,

à chaque extrémité les paysans actifs d'un côté

ceux à la retraite de l'autre.

C'est comme ça, les veaux naissent

comme les petits d'hommes,

font leur chemin jusqu'à l'abattoir ou le cimetière .

Le récit zoome avec apreté et finesse

sur certains portraits, les odeurs,

les envies, les peurs, les heurs et malheurs

de cette cohabitation immuable.

Il y a la gamine, l'orphelin et une poule faisane

qui vous aimanteront à coup sûr.

Pas de nostalgie mais,

des séquences qui collent à la peau.

Une découverte à partager.
Commenter  J’apprécie          160
Du même bois

Dans ce corps de ferme, tout le monde vit ensemble, les petitous, les jeunes, les vieux, avec les bêtes et la solidarité comme trait d'union pour tenir chaud à tout le monde. On change simplement de place avec le temps, aile gauche aile droite, avant de retourner à la terre. La vie et la mort se regardent en face, sans faux-semblants. On s'aime avec pudeur, parfois sans mots. Juste avec les gestes. Un bol de soupe vaut plus qu'une pluie de mots. Ici, on sait cette évidence. Personne ne reste sur le bord du chemin. Tout le monde a droit à ce grand tout, rude et simple. Même ceux qui ont des bêtes dans le cerveau.



Un roman terriblement généreux.



Une plume époustouflante.
Commenter  J’apprécie          150
Du même bois

Dans le genre, je préfère Joncour ou Marie-Hélène Lafon; c'est un premier roman d'une dessinatrice reconnue. La nature est bien présente et on "voit" la ferme avec le logement des vieux séparé de celui des jeunes par l'étable.

Je me suis intéressée à celui qui parait fou et alcoolique, quasiment amoureux d'une poule faisane et à la "gamine".

L'histoire se reproduit de génération en génération jusqu'au moment où plus personne ne veut prendre la relève.
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marion Fayolle (683)Voir plus

Quiz Voir plus

Jacques Chardonne

Quel est le vrai nom de Jacques Chardonne?

Jacques Laurent
Jacques Barnery
Jacques Dutourd
Jacques Boutelleau

10 questions
10 lecteurs ont répondu
Thème : Jacques ChardonneCréer un quiz sur cet auteur

{* *}