Marion Zimmer Bradley

Pour moi, c'est plus facile de me battre contre des hommes ou des bêtes, que pour la vie d'une femme ou d'un bébé impuissants...

Ils la plaquèrent par terre, lui arrachant ses vêtements. Elle se sentait impuissante, simple pion dans une partie qui la dépassait. Tout lui était égal. mais quand une bouche puante se plaqua sur la sienne, elle se rebiffa. Non, ça ne lui était pas égal. Elle ne se soumettrait pas. Une violente colère fulgura dans tout son être. Tous les mouvements se ralentirent. Les visages n'étaient plus que des tâches floues. Les enseignements et l'entraînement de sa jeunesse reprirent le dessus. Elle n'était pas une femme des Domaines, faible et molle, et elle n'était plus la fillette aux grands yeux admiratifs aspirant à l'héroïsme et échouant dans toutes ses tentatives. Elle était Aleta, ni plus ni moins. Et elle ne se laisserait plus bousculer ni manipuler par personne.

Rien cependant ne devait, en ce jour, venir ternir le bonheur de Tamino et le sien. Unis pour la vie entière, ils allaient tous les deux, futurs prêtre-roi et reine d'Atlas-Alemesios, faire bientôt leur entrée triomphale dans le Temple de Sarastro, son père.

« Pamina agitait les clochettes magiques, lui jouait de la flûte, pour proclamer ensemble aux Halflings que dorénavant et pour toujours les sacrifices étaient bannis. »

"(...)cette foi chrétienne me semble bien naïve (...) Ne sommes nous pas les seuls responsables du mal que nous faisons? Il m'est impossible de concevoir qu'un seul homme, même sain, puisse racheter l'ensemble des péchés commis par toute l'humanitédepuis l'aube des temps jusqu'à la fin du monde. Non... Tout cela est invention fabriquée par les prêtres pour obliger les hommes à croire qu'ils détiennent les pouvoirs de Dieu et peuvent pardonner en son nom...Pourtant, j'aimerais que tout cela soit vrai"

"(les hommes) préfèrent croire en un seul dieu qui veille sur eux, qui ne leur demande pas de lutter pour la connaissance, qui les accete comme ils sont, avec leurs péchés qu'une banale confession suffit à effacer...Ils se forgent le dieu qu'ils désirent (...) qu'ils méritent! (...)Depuis que les prêtent enseignent que les anciennes divinités sont des créatures du diable, que la nature est mauvaise et hostile, celle-ci en effet risque de le devenir."

"-Le peuple d'Avalon, jeûne parfois(...). Pour apprendre au corps à obéir à la volonté de l'esprit. (...), méditer, entrer en communication avec les grandes forces de la nature, essayer de comprendre les mystères de l'univers, (pas) avec un corps esclave des nourritures terrestres.
Il faut lui apprendre à se taire, à respecter des exigences de l'esprit."

"L'amour n'est-il donc rien d'autre que ce brutal assouvissement suivi d'un inexprimable désenchantement? Ne peut-il de lien plus profond entre un homme et une femme? Existe-t-il un feu qui ne s'éteint jamais ?"

Le pays n’était plus sous l’emprise de la terreur ; Damon avait renvoyé ses hommes et rentrait chez lui loin de son domaine ancestral de Serrais : Damon n’était qu’un Cadet de famille et ne s’était jamais senti chez lui à Serrais. Il chevauchait vers Armida où devait avoir lieu son mariage.

- N'attachons-nous pas finalement trop d'importance à l'honneur et au devoir ? chuchota-t-il à son oreille. Hélène devait-elle après tout rester fidèle à Ménélas ? Qui, en la mariant, a donc songé à son bonheur ? Sommes-nous uniquement sur Terre pour assumer nos devoirs familiaux ? Les Dieux ne nous ont-ils pas aussi fait don de vie pour nous permettre d'atteindre aux plus hautes félicités, celles de l'âme et du corps ?

Pourquoi aurais-je honte de le regarder dans les yeux ? se dit-elle, je n'ai rien fait de mal. Si quelqu'un a commis une faute, c'est bien lui après tout.

- Mais toi, belle Amazone, as-tu eu un amant dans les steppes ?
- Je suis une vierge d'Apollon, rétorqua vivement Cassandre, je te l'ai déjà dit.
- Dommage qu'une femme comme toi ne connaisse pas l'amour...
- Je t'en prie ! Ne t'inquiète nullement de mon sort, le coupa-t-elle sèchement. Je suis parfaitement heureuse ainsi.
- C'est bien cela qui est le plus navrant, insista Chrysès. Tu es princesse, tu es belle, généreuse – tu viens de le prouver à l'égard de ma fille – et pourtant tu vis seule, consacrant tout ton temps à de misérables quémandeurs, officiant comme une pauvre fille du peuple...

Les hommes ne détiennent aucun pouvoir divin, ne sont pas même capables de donner vie à un enfant, de le nourrir avec leur corps. Et ils prétendent jouir d'un droit privilégié sur le fruit des entrailles de leurs femmes, comme si le seul acte d'accouplement leur conférait sur elles un droit quelconque de propriété !

Morgane parle...

Jadis on m'a donné les noms les plus divers: ceux de sœur, d'amante, de prêtresse, de mage et de reine. aujourd'hui, le temps de la sagesse venu pour moi, je pense proche le jour où ces choses devront être connues. Mais à dire la vérité, la vérité toute simple, je pense que ce sont les chrétiens qui raconteront la fin de l'histoire; en effet, le monde des fées se sépare à jamais du monde où le Christ règne en maître. Je n'ai rien contre le Christ, mais seulement contre ses prêtres, qui appellent démon la Grande Déesse et lui dénient tout pouvoir ici-bas. A u mieux, disent-ils, sa puissance lui vient de Satan, ou bien encore la revêtent-ils de la robe bleue de la Dame de Nazareth, prétendant de surcroît qu'elle fut toujours vierge. Or que peut donc savoir une vierge des douleurs et des larmes de l'humanité?

Morgane parle...

"Tous les Dieux ne sont qu'un"

"Ainsi, la vérité elle-même oscille-t-elle entre la route de l'Île des Moines et celle d'Avalon, qui s'enfonce de plus en plus dans les brumes de la Mer d'Été."

"Telle est ma vérité, la vérité de Morgane, celle qu'on appelait, dans les temps qui s'éloignent irrémédiablement, la fée Morgane."

Un monde où les femmes fixent les priorités n'ira jamais très loin et n'accomplira jamais grand chose.

Ce jour là, j'ai appris que toutes les différences entre les femmes ne viennent pas de l'éducation et de l'entraînement, mais que certains dons sont innés, et que la compétition est inutile, que c'est un jeu juste bon pour les hommes.

Pourquoi aussi l'accouplement humain, acte essentiellement naturel entre un homme et une femme, devait-il ainsi donner lieu de la part des Chrétiens à une si triste et ennuyeuse cérémonie ?

L’esprit paresseux force tous les phénomènes à s’ajuster au moule du déjà-connu, du déjà-vu. L’esprit paresseux, en face de la situation apparemment impossible où un livre modifie de lui-même ses mots imprimés, se rassure en pensant à ces petits génies industrieux qui pédalent dans leur sous-sol, chez Microsoft. Du papier électronique : que vont-ils encore inventer ? […] Ce livre n’était pas un miracle de la technologie moderne. Ce livre avait accompli quelque chose qu’elle savait impossible et pourtant, puisque c’était arrivé, ce qu’elle savait être impossible ne l’était pas. Très improbable, mais improbable et impossible étaient des notions tout à fait différentes.
Elle caressa la couverture du livre. Pas l’argument sûr, connu, rassurant de la technologie. Plutôt quelque chose qui évoquait les tambours vaudous, les rituels nocturnes, la superstition, le fantasme, la peur et le tremblement, une merveille, étincelante, abasourdissante.
La magie.

A l'est, la brume se transformait en nuée brune, mais Tiriki le remarqua à peine. Juste devant elle, au sommet du Tor, se dressait un cercle de pierres levées.Comparé aux édifices gigantesques d'Atlantis, il n'était pas particulièrement impressionnant. Les pierres avaient conservé la forme que les dieux de la terre leur avaient donnée et la plus grande atteignait à peine sa poitrine. Mais le seul fait qu'une telle chose existât ici l'obligea à reconsidérer ce qu'elle savait des talents,ou peut-être de la volonté, du peuple qui l'avait érigée.